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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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8 novembre 2014 6 08 /11 /novembre /2014 14:48

 

                                                                      MARE-NOSTRUM-copie-1

 

 

Parti communiste d'Israël: « Il faut reconnaître la Palestine! »

 
600 personnalités israéliennes lancent un appel au Parlement espagnol

    Six cent personnalités israéliennes ont publié cette semaine un appel au Parlement espagnol pour la reconnaissance de l’État palestinien.  Le 14 octobre, le Parlement britannique a approuvé une motion priant instamment le gouvernement britannique de reconnaître l’État palestinien.  La motion parlementaire a été approuvée par 274 voix pour, et 12 contre. Le texte recommande que le gouvernement reconnaisse l’État de Palestine aux côtés de l'Etat d'Israël. Plus de 130 pays ont déjà reconnu la Palestine en tant  qu’État.
    Tout dernièrement, le nouveau Premier ministre suédois, le social-démocrate Stefan Löfven a annoncé son appui à l’État palestinien. Cette semaine, la Russie s’est déclarée disposée à soutenir au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies une résolution fixant une date limite pour résoudre la question des "deux États".
Parmi les personnalités israéliennes qui ont lancé l'appel, d’anciens ministres (ou Premier), d'anciens députés de différents partis, des centaines d'universitaires, de diplomates et de militants pacifistes, dont plusieurs prix Nobel.
Texte de la pétition
Nous, citoyens d’Israël, qui aspirons à voir notre pays connaître la sécurité et la prospérité, nous sommes préoccupés par la permanente paralysie politique, l’occupation, la création de nouvelles colonies qui conduisent à de nouveaux affrontements avec les Palestiniens et compromettent les possibilités de parvenir à un accord. Il est clair que la sécurité d’Israël et son existence même dépendent de l’existence d’un État palestinien aux côtés d’Israël. Notre pays devrait reconnaître l’existence d’un État palestinien et la Palestine devrait reconnaître Israël, conformément aux frontières définies le 4 juin 1967. Votre appui à la reconnaissance de l’État palestinien représentera un progrès dans la voie de la paix et encouragera Israéliens et Palestiniens à mettre un terme à leur conflit ».

 

      

 

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8 novembre 2014 6 08 /11 /novembre /2014 14:34

  Clio

Clio,la muse de l'Histoire

 

 

source:  www.reperes-antiracistes.org

 

memorial98b.jpgIl y a 76 ans, le 9 novembre 1938, débutait dans toute l’Allemagne et en Autriche la « Nuit de Cristal ». Durant cette attaque antisémite décidée par les chefs du parti nazi et perpétrée par leurs milices, entre 2000 et 2500 personnes allaient être assassinées, soit durant le pogrom lui-même,  soit par la suite dans les camps de concentration où furent envoyés des milliers de Juifs arrêtés. Des dizaines de synagogues furent profanées et incendiées.

Dimanche 9 novembre 2014, Memorial 98 vous invite à commémorer à Paris ce massacre planifié par les dirigeants nazis au plus haut sommet de l'Etat.Un massacre que les autorités françaises refusèrent  alors de condamner, au nom de leurs négociations avec l’Allemagne hitlérienne. La France fut ainsi  la seule grande démocratie à ne pas dénoncer à l'époque cette barbarie, malgré le rapport accablant de son ambassadeur à Berlin.

                                                  [...]

 

Pourtant, si nous abandonnons nos mémoires, alors, il ne faudra pas nous étonner que les héritiers des assassins puissent refaire l’Histoire, la nier et la travestir. On ne peut pas se contenter d’être horrifié devant les croix gammées qui sont tracées sur des synagogues ou des mosquées. On ne peut pas se contenter d’espérer que l’Etat réprime les fascistes, les racistes et les antisémites. La  démocratie ne se confond pas avec l’Etat ; elle est l’œuvre de ceux et celles qui sont mobilisées. On ne peut pas se contenter  d’en appeler à la République parce que celle-ci n’a jamais constitué à elle seule un barrage infaillible contre les idéologies de la haine.

 

                                                                           [...]

Nous ne sommes pas dans les années 1930.

Mais la banalisation du Front National, le succès des tribuns racistes et antisémites, et surtout l’indifférence et la démobilisation devant ces phénomènes sont aussi liés à l’oubli et à la minimisation de ce que furent les fascismes originels.

Aujourd’hui, de nouveau, des femmes musulmanes, des Juifs sont attaqués dans nos rues. Aujourd’hui de nouveau, des commerces juifs ou arabes sont incendiés.  L’extrême-droite légale, les Marine Le Pen et les Soral parlent. Leurs troupes répondent à l’appel en répandant la violence partout. Il n’y a qu’un seul fascisme.

Les violences racistes, antisémites ou homophobes loin de se résumer à des faits divers constituent des faits politiques constitutifs de ce fascisme.

La mémoire du nazisme et de ses crimes ne représente pas un « devoir », dont on pourrait alors se décharger sur l’Etat ou sur des associations dédiées.

 

La mémoire est une arme notamment en ce qui concerne l’antisémitisme. Celui-ci ne constitue pas seulement un racisme spécifique dirigé contre les Juifs. Il est présent et  enraciné au cœur des idéologies européennes de la haine, un laboratoire plusieurs fois centenaire d’élaboration des discours et des logiques de stigmatisation et d’oppression. Ces idéologies sont aujourd’hui recyclées pour frapper toutes les minorités et désarmer les progressistes, en développant les peurs et l’irrationnel.

 

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8 novembre 2014 6 08 /11 /novembre /2014 14:00

                                                                     cerveau animé

 

 

 

                                        L’appel de Lourdes

Mardi, 4 Novembre, 2014

chronique de Jean Rouaud

 HUMA.fr

 

Il se raconte – et les témoignages abondent – qu’au seuil de la mort, certains agonisants, et parmi les plus durs, ce qui ne manque pas d’étonner ceux qui les assistent, appellent leur mère. Sur ce seul critère, qui en vaut bien d’autres, échappant au règne de la raison, de la volonté et de la maîtrise de soi (d’ordinaire on n’accorde qu’aux enfants de réclamer leur maman), autant dire qu’il révèle une peur inconsciente, enfantine, devant la dissolution finale, amorçant une fuite en arrière, un retournement vers la source de vie au moment de se jeter dans le vide de la mort, cette invocation à la mère étant à prendre comme une volte-face, une tentative désespérée d’inverser le cours du temps – sur ce seul critère de l’appel à la mère, il nous faut dès lors bien reconnaître que l’Infâme, la religion catholique qui, au XIXe siècle, voit des Vierges partout, en appelle à la mère de Dieu pour son salut en lui élevant des statues de bronze et de pierre sur tout le territoire, est à l’agonie. Appeler la mère de Dieu, ce qui est déjà une prouesse théologique, si Dieu est au commencement de tout et cause de soi, il ne peut être engendré, sauf en considérant que le Fils de Dieu (dit le petit Jésus) a bien une mère (Marie, une fille de Galilée, celle qui débarque métamorphosée en longue liane nordique aussitôt qu’elle repère une niche dans une grotte) et que Dieu et son Fils étant de même nature, si la Vierge (oui, on sait, vierge et mère, ça fait un peu oxymore) est la mère de l’un, elle est du même coup la mère de l’autre, mère de son fils (jusque-là tout va bien) elle devient ainsi mère de son père (le créateur de toute chose), mais pour plus de compréhension, on peut se renseigner auprès des conciles de Nicée et autres, appeler la mère de Dieu revient donc à admettre que celui ou celle qui l’invoque a le sentiment que rien ne va plus, que les carottes sont cuites. Et quelles carottes sinon celles qui faisaient avancer avec la promesse d’un avenir meilleur dans un autre monde, savoir les carottes de la foi ? Autrement dit, celles qu’on agite sous le nez des croyants pour les tirer vers un Au-delà mirifique qui les rembourserait au centuple des malheurs terrestres. Quand on ne veut plus aller de l’avant, on se retourne vers la mère. Il fallait vraiment que l’Église, c’est-à-dire la communauté des fidèles, ne crût plus en son catalogue de promesses pour s’en remettre à une petite Lourdaise de quatorze ans, analphabète et misérable, déclarant à son curé qu’elle a vu, oui ? quoi ? « Aquero », dit-elle, ce qui veut dire « cela » en béarnais. On y revient.

Il fallait vraiment que l’Église ne crût plus en son catalogue de promesses pour s’en remettre à une petite Lourdaise de quatorze ans.

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8 novembre 2014 6 08 /11 /novembre /2014 13:38

                                                                       HUMA.fr

 

 

                              Chanson à ne pas exporter en Ukraine

 

 

 

  Maxime Vivas Écrivain

Cette chanson populaire espagnole, où une jeune fille brune et matinale va boire de l’eau à une source réputée très bonne, a connu de multiples adaptations en plusieurs langues. Pendant la guerre civile, les républicains s’en sont emparés et la jeune « morena » allait voir en prison les anarchistes, ou les pacifistes, ou les camarades, ou les communistes emprisonnés par les fascistes, ou ces canailles de fascistes, ou ces hijos de puta de fascistas… À quatre-vingt-dix ans passés, ma  mère me chantait (d’une voix qui lui interdisait tout espoir d’essayer Star Academy) cette version apprise dans son village qu’elle avait dû fuir à dix-huit ans. 

 

    « Dimé dondé vas, morena,

    Dimé dondé vas, salada,

   dime donde vas, morena,

   a las tres de la mañana.

   Voy a la Carcel Modelo

   a ver a los comunistas

   que los tienen prisioneros

    Gil Robles y los fascistas. »

(Dis-moi où tu vas, brune, dis-moi où tu vas, espiègle, à trois heures du matin ? Je vais à la prison Modèle  pour voir les communistes emprisonnés par Gil Robles et les fascistes).

 

Gil Robles avait dit : « Nous voulons une patrie totalitaire. Peu nous importe s’il faut verser du sang. La démocratie n’est pas pour nous une fin, mais un moyen pour aller à la conquête du nouvel État. » À méditer, en suivant mon regard vers un manoir de Montretout e t p e u t - ê t r e  ve r s  l’Ukraine où la répression s’est abattue sur le Parti communiste (le PKU, menacé d’interdiction) dont les députés ont été exclus du Parlement, les militants frappés dans la rue. Arsen Avakov, ministre des Affaires intérieures, a  déclaré que sa « main cherche tout de suite le revolver » quand il entend parler la députée d’opposition Elena Bondarenko.      Cette bande « proeuropéenne » prétend se battre pour  la démocratie en brandissant la muselière et défendre la liberté en martelant les fers sur une enclume oubliée par Hitler. Elle reçoit avec les honneurs John Kerry et des chefs de la CIA, nomme des néonazis au gouvernement, mais veut étouffer la voix d’un courant de pensée qui a tant fait pour  b r i s e r  l e s re i n s  d u IIIe Reich.

 

Dans ces conditions, aux législatives du 27 octobre 2014, la gauche et le  PU ont été laminés. Le  président Porochenko (le milliardaire « roi du chocolat  ») dont le rôle serait de faciliter le « vivre-ensemble », a déclaré : « Pour la première fois depuis quatre vingt seize ans, il n’y a pas de communistes au Parlement ukrainien. Je vous en félicite ! Les Ukrainiens ont porté un coup décisif à la cinquième colonne politique. » La cinquième colonne ! Communistes pas Ukrainiens… Fasse la mémoire des peuples que la chaîne de la conscience politique ne soit pas rompue et que, presque quarante ans après la mort de Franco, « Dimé dondé vas, morena » n’ait pas besoin d’une version nouvelle : « Dismoi  où tu vas, blondinette… »

 

Dernier livre paru : Marine Le Pen amène le pire, Maxime et Frédéric Vivas,

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8 novembre 2014 6 08 /11 /novembre /2014 13:19

  Clio

Clio,la muse de l'Histoire

 

 

 

“les poilus d’ailleurs”, de Mehdi Lallaoui


 

                   Lorsque l’on évoque la "Grande guerre" on rappelle souvent les boucheries de la guerre des tranchées ou l’infamie des fusillés pour l’exemple. Avec le film Les poilus d’ailleurs et le livre du même nom [1], Mehdi Lallaoui revient, en cette année du centenaire de la première guerre mondiale, sur ces centaines de milliers de « tirailleurs sénégalais » issus en réalité de plus de cinquante ethnies et arrivés de tout l’empire colonial français. Car près de 700.000 colonisés sont venus combattre auprès de 4.700.000 soldats métropolitains.

Mehdi Lallaoui présente son travail ci-dessous.


Nos combattants oubliés

En août 1914, les premiers contingents de troupes coloniales arrivèrent massivement en France. Ils participèrent à toutes les batailles et offensives décisives, comme celle de la Marne en 1914, en Artois et en Champagne en 1915, sur la Somme en 1916, dans l’Aisne en 1917, dans la prise du fort de Douaumont, qui marqua un tournant dans la bataille de Verdun, ainsi que dans la défense de Reims en mai-juin 1918. Dans cette énumération, on oublie souvent l’armée d’Orient, majoritairement constituée de coloniaux qui combattirent entre 1915 et 1918 aux Dardanelles et à Gallipoli. Dans ce premier conflit mondial, l’Afrique du Nord fournira 300 000 soldats, dont la moitié d’Algériens. Leurs régiments feront l’objet du plus grand nombre de citations militaires durant les quatre années de guerre. On lèvera d’Afrique noire, de cette Afrique équatoriale et occidentale française (appellation de l’époque) qui s’étendait du Sénégal au Soudan, quelque 200 000 tirailleurs.

Ils sont connus sous le terme générique de Tirailleurs sénégalais, mais pas moins de cinquante ethnies les composent. Ils parlent ouolof, solinké, bambara, malinké ou peuhl. On retrouvera également des combattants de Martinique et de Guadeloupe, de la Nouvelle-Calédonie, de la Réunion, des Comores, de Madagascar, sans oublier quelques milliers de Somalis ainsi que 50 000 Indochinois. Au total, c’est donc près de 600 000 à 700 000 hommes des colonies que l’on fit venir des quatre coins de l’empire. À partir de 2014 et quatre années durant, la France va vivre au rythme de centaines d’événements autour de la célébration du centenaire de la guerre de 1914-1918. Au cours de cette période, de nombreux thèmes, plus passionnants les uns que les autres, seront déclinés sous forme d’expositions, de conférences, d’ouvrages éclairant les multiples aspects de ce premier conflit mondial aussi dévastateur que traumatisant. À cette occasion, on ne manquera pas de ressortir les témoignages émouvants des derniers poilus français centenaires – par une de ces facéties dont elle a le secret, l’histoire nous apprendra que le tout dernier poilu français, Lazare Ponticelli (disparu en 2007), fut un Italien (un sans-papiers de l’époque) combattant avec les volontaires garibaldiens.

Cent ans après la fin de la Grande Guerre, que reste-il dans notre mémoire collective de ces centaines de milliers d’hommes d’au-delà des mers, soumis pour la plupart au joug du Code de l’indigénat qui en faisait des sujets et non des citoyens venus contribuer à la libération de la Patrie ? Que reste-t-il dans les manuels scolaires de l’histoire de ces hommes que le général Mangin, « l’inventeur » de la Force noire (mais aussi plus tard « le broyeur des noirs »), évoquait ainsi : « En Europe, 60 millions d’Allemands restent groupés devant 39 millions de Français, mais sous le drapeau français, 15 millions d’Arabes et de Berbères peuplent l’Afrique du Nord et 22 millions de noirs l’Ouest africain. Ajoutez à ces populations 20 millions d’Indochinois, 3 millions de Malgaches et quelques centaines de milliers de Somalis et Canaques et voilà que la France, par l’annexion militaire de ses colonies, devient une nation de cent millions d’habitants. »

En 2014, les initiatives significatives mettant à l’honneur les combattants des anciennes colonies (nous parlons des ex-colonisés) se comptent sur les doigts d’une main... De plus, pour nombre de ces rétrospectives mémorielles, hormis quelques exceptions remarquées telles l’inauguration d’une plaque aux musulmans de la Grande Guerre morts pour la France par le président de la République, le 18 février 2014, à la Grande Mosquée de Paris, ou encore le défilé du 14 juillet, les « Poilus d’ailleurs » ne seront que le décor de cette tragédie humaine qui ouvrit le vingtième siècle.

Dans tirailleurs il y a ailleurs, ferait remarquer le psychanalyste Jacques Lacan. Une façon subliminale de différenciation, sans briser le mythe de l’égalité de traitement des combattants face au sacrifice suprême des soit disant « frères d’armes »... Dans le récit national, les poilus (les métropolitains) sont donc devenus des héros, les tirailleurs (les colonisés) des soldats de passage que l’on honora certes de leur temps puis qu’on oubliera très vite. Le parti pris qui sous-tend le titre Les Poilus d’ailleurs, est aussi de remettre symboliquement à égalité tous les combattants de cette terrible guerre.

Mais des cendres encore chaudes de l’oubli surgissent parfois de petites braises qui remettent en lumière ce que l’on croyait éteint. Étonnamment, il faudra attendre le début du XXIe siècle pour que des municipalités réactivent dans l’espace public des stèles ou des monuments en souvenir des Poilus d’ailleurs. C’est le cas de la Ville de Reims avec l’inauguration en novembre 2008 d’une sculpture en hommage aux soldats de l’Armée noire. Ainsi, on se souvenait du sacrifice de ces milliers d’hommes des bataillons africains dans la défense de la capitale champenoise en juin-juillet 1918. En effet, la dernière grande offensive allemande, l’offensive Friedensturm qui attaqua les lignes françaises, se brisa sur le rempart de chair et de sang de ces bataillons coloniaux. Le monument d’origine (dont la réplique existe à Bamako) fut érigé en 1924 et démonté par les Allemands lors de leur entrée dans la ville en 1940. C’est le cas de la ville de Nogent-sur-Marne, où la kouba érigée en 1919 fut réhabilitée et reconstruite pour y être inaugurée en avril 2011. Ou encore de Menton et de Fréjus dans les Alpes-Maritimes. Fréjus, passée dans l’escarcelle de l’extrême droite xénophobe aux élections municipales de mars 2014, où un magnifique bronze composé de tirailleurs africains et inauguré en 1994 rappelle sur la promenade du bord de mer les mots de Léopold Sédar Senghor : « Passant, ils sont tombés fraternellement unis pour que tu restes français. »

Le cas du monument aux morts de Nouméa en Nouvelle-Calédonie est quant à lui édifiant. Durant quatre-vingts ans, seuls les noms des Calédoniens morts pour la France étaient gravés dans la pierre à l’avant du monument dressé en contrebas de la caserne Gally-Passebosc. Les Kanaks, eux, étaient relégués à l’arrière du monument, celui que l’on ne fleurit jamais, seulement représentés par le nombre de morts suivi du nom de leurs communes ou de leurs îles d’origine (l’inscription est encore visible de nos jours). C’est dans l’urgence et à la demande impérative des ministres FLNKS du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie que le maire Jean Lèque fit ajouter en 1998 des plaques de marbre (sur les côtés gauche et droit à l’avant du monument) où les Kanaks de la Grande Guerre morts pour la France sont enfin nommés. Il en fut de même en Guyane sur le monument aux morts de Cayenne inauguré en novembre 1922. Il fallut attendre 2009 pour que les noms des soldats cayennais y soient gravés dans le marbre.

A travers le livre Les Poilus d’ailleurs, nous réaffirmons l’importance pour tous ceux qui vivent dans notre pays d’être à égalité de mémoire car les descendants de colonisés réclament pour leurs anciens combattants oubliés, non pas des médailles et des citations posthumes, mais le respect. Simplement le respect.

Mehdi Lallaoui

 

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Manutentionnaires chinois à l’arrière du front, en 1917. (© Au nom de la mémoire.)
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8 novembre 2014 6 08 /11 /novembre /2014 07:52

 

 

 

 

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8 novembre 2014 6 08 /11 /novembre /2014 07:42

                                                                                CERVEAU

 

 

Des murs contre l’immigration :
de la Méditerranée à Calais

 

            3300 migrantes et migrants morts en Méditerranée depuis le début de l’année (le double de 2011). Par ailleurs, après la fermeture du Centre de Sangatte en 2002 et la destruction des « jungles » en 2009, ce sont à nouveau près de 2500 migrants qui attendent à Calais une occasion de passer en Angleterre, dans des conditions de précarité extrême et d’indigne insalubrité. Pour résoudre le problèmeBernard Cazeneuve a passé avec son homologue anglaise un accord pour ériger autour du port de Calais une palissade sécurisée, infranchissable.
            Quels sont les enjeux d’une politique de l’immigration consistant à élever des murs aux frontières méridionales de l’Europe ? Du mur sur l’Evros en Grèce du Nord jusqu’aux barrières barbelées de Ceuta et Melilla en face de Gibraltar.
                   
     source:"CVUH" <cvuh.diffusion@ml.free.fr>
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8 novembre 2014 6 08 /11 /novembre /2014 07:29

                                                                       EUROFRANKENSTEINpg.jpg

 

 

Le Luxembourg, plaque tournante de l’évasion fiscale
source: Le Monde.fr
 
Le ministre des finances du Luxembourg, Pierre Gramegna, considère que "la pratique des tax rulings fait partie de notre patrimoine" et doit être "perpétuée dans le respect des règles".
Des milliards d'euros de recettes fiscales évaporées grâce à des accords fiscaux secrets entre le Luxembourg et plus de 300 multinationales. Des marques qui sont aussi des stars de l'économie : Apple, Amazon, Verizon, AIG, Heinz, Pepsi et IKEA. Dans une enquête réalisée en partenariat avec le consortium de journalisme d'investigation ICIJ et quarante medias étrangers (The Guardian au Royaume-Uni, le Süddeutsche Zeitung en Allemagne, la télévision publique canadienne Canadian Broadcasting Corporation, l' Asahi Shimbun au Japon, etc.), Le Monde révèle les dessous du système fiscal luxembourgeois.
Depuis plusieurs mois, le Luxembourg est, avec l'Irlande et les Pays-Bas, au cœur de la polémique sur les avantages fiscaux accordés aux grandes entreprises. L'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) fait pression sur cet Etat fondateur de l'Union européenne, pour qu'il renonce à ses dispositifs fiscaux les plus controversés, légaux mais nocifs. De son côté, la Commission européenne enquête, depuis juin, sur les pratiques d'un pays qui a bâti un régime fiscal sur mesure pour ces grands groupes, dérogatoire du droit commun. Mais le Grand-Duché résiste et ne veut rien lâcher.
Grâce à ICIJ, nous avons eu accès à des accords fiscaux secrets datés de 2002 à 2010, signés entre le Grand-Duché du Luxembourg et 340 grandes entreprises. Des documents appelés « tax rulings » (littéralement, rescrits fiscaux), dont nous avons pris connaissance afin d'en analyser les enjeux et l'impact économique.
PRATIQUES AGRESSIVES D'OPTIMISATION
Ces accords sont tout aussi intéressants pour ce qu'ils révèlent des pratiques agressives d'optimisation des multinationales, que pour ce qu'ils disent de la politique fiscale du Luxembourg – qui, sur le papier, n'est pas un paradis fiscal – et des failles des règles internationales. Ils montrent comment ces géants du Net, des télécoms, de la finance ou de la grande consommation s'appuient sur le Luxembourg et ses règles fiscales souples, mais aussi sur les déficiences de la réglementation internationale, pour y transférer des profits afin qu'ils n'y soient pas taxés, ou très faiblement.
Ces groupes réalisent des milliards d'euros d'économie chaque année grâce à la création d'une holding ou d'une filiale au Luxembourg avec très peu d'activités et de salariés, privant les Etats où ces profits sont effectivement réalisés des impôts qui leur sont dûs. Qui plus est sans que jamais ces pays ne soient au courant.
Le Luxembourg garde ces accords fiscaux secrets. Il ne les notifie pas à ses partenaires européens, comme il le pourrait pourtant, étant mis au courant, de fait, par ces multinationales, de leur stratégie d'évitement de l'impôt.
 LE RÔLE CENTRAL DE PRICEWATERHOUSECOOPERS
Les documents obtenus par ICIJ, dont une petite partie avait déjà été révélée en 2012 par la BBC et le journaliste Edouard Perrin du magazine Cash investigation sur France 2, datent dans leur grande majorité des années 2008-2010. Ils émanent tous du même cabinet d'audit et de conseil PricewaterhouseCoopers (PwC), qui les a rédigés et en a négocié les termes avec l'administration luxembourgeoise.
Ce sont les mêmes types de contrats que Bruxelles, soupçonnant des aides d'Etats illégales à l'egard de certaines entreprises, a réclamés au Luxembourg et que ce dernier refuse de lui communiquer. Le contentieux est devant la Cour de justice de l'Union européenne.
PwC a dénoncé auprès d'ICIJ l'origine frauduleuse de ces documents, qui, avant de parvenir à la fondation américaine, lui auraient été volés. Sur le fond, le cabinet justifie son activité, en arguant de la légalité de toutes ces opérations.
Si la présence au Luxembourg de nombreuses multinationales américaines était déjà connue, les documents montrent que l'optimisation fiscale dite agressive par les experts de l'OCDE est un « sport » auquel la plupart des grandes entreprises semblent s'adonner.
De grands groupes européens sont pris dans les mailles du filet de ces révélations, allemands (Deutsche Bank), néerlandais, suédois (IKEA), belges... Des groupes français, dont Axa et le Crédit agricole, sont aussi concernés, profitant d'un environnement favorable à la gestion de fonds d'investissement.
DES OPÉRATIONS D'AMPLEUR ET DE NATURE DIFFÉRENTES
Ces accords fiscaux recouvrent des opérations d'ampleur et de nature très différentes. Celles-ci vont du déplacement d'un siège social au Luxembourg à la création d'entités adhoc destinées à porter des actifs ou à réaliser des acquisitions, en passant par la création, également dotée d'importantes exonérations, de fonds d'investissement. Toujours stratégiques, ces opérations visent un but unique : acquitter l'impôt le plus faible possible.
Le taux élevé d'impôt sur les sociétés officiellement affiché par le Luxembourg (29,22 %) ne doit pas tromper. Pas plus que l'impôt sur la fortune auquel sont également assujetties, en théorie, les entreprises au 1er janvier de chaque année (0,5 % sur la valeur nette des actifs de la société). D'importants avantages ou exonérations existent, qui correspondent à autant de techniques et de niches fiscales, toutes légales, dont les entreprises usent et abusent. Parmi ceux-ci, un régime de holdings avantageux (les Soparfi qui permettent de ne payer aucun impôt sur les revenus provenant des filiales à l'étranger, sous certaines conditions), un régime très favorable également pour l'utilisation des brevets et des marques ; un taux de TVA réduit pour certains secteurs (qui changera toutefois en 2015); ou encore, des exigences faibles en matière de capital et d'endettement. Les multinationales qui frappent à la porte de l'Administration des contributions du Luxembourg (l'administration fiscale) obtiennent un taux d'imposition effectif très bas, de quelques pour cent, voire nul. Lésant d'autant en recettes fiscales les autres Etats dans lesquels ils sont implantés.
C'est une véritable boîte à outils fiscale qu'offre le Luxembourg aux multinationales. Ni les mises en garde de Bruxelles, ni celles des chefs d'Etat désireux de récupérer des recettes fiscales manquantes, tel Barack Obama, Angela Merkel ou Francois Hollande, n'ont à ce jour produit de véritable effet sur la stratégie du Grand-Duché.
 UNE PRATIQUE QUI « FAIT PARTIE DE NOTRE PATRIMOINE »
Des changements dans les règles d'octroi des tax rulings viennent certes d'être annoncés par le gouvernement pour 2015. Mais ils s'effectueront à la marge, afin de rendre les critères d'éligibilité un peu plus transparents et surtout de les harmoniser – donc d'affaiblir la critique de Bruxelles sur les aides d'Etat potentielles. Mais c'est surtout la décision du ministre des finances luxembourgeois, Pierre Gramegna, d'inscrire ces rescrits, pour l'heure dépourvus de base légale, dans le marbre de la loi qu'il faut retenir.
Dans un entretien accordé au Monde le 29 octobre, M.Gramena s'est montré clair : « la pratique des tax rulings fait partie de notre patrimoine et nous voulons la perpétuer dans le respect des règles, déclare-t-il. (...) Le maintien d'une certaine compétitivité, loyale, entre les Etats dans le domaine fiscal est indispensable. » Ancien centre sidérurgique reconverti, à marche forcée depuis trente ans dans la finance et le « business fiscal » (avocats, sociétés d'audit, de domiciliation d'entreprises etc.), le Luxembourg est très dépendant de ces activités financières. Une reconversion radicale serait compliquée.
De plus, après s'être engagé à lever son secret bancaire pour les particuliers dès 2017, dans le cadre de l'accord international sur l'échange automatique d'informations fiscales scellé fin octobre, le Grand-Duché a le sentiment d'avoir déjà cédé beaucoup. Et fait d'importants efforts pour lutter contre l'argent issu d'activités criminelles - dont le blanchiment de fraude fiscale. Il aimerait pouvoir garder intact son régime fiscal pour les entreprises.

Anne Michel
Journaliste au Monde

LuxLeaks : Le Grand-Duché, très prisé des banques
LE MONDE | 06.11.2014 à 12h07 • Mis à jour le 06.11.2014 à 15h09 | Par Anne Michel
 
 
A Issy-les-Moulineaux, dans les bureaux de la BNP
Combien de milliards d’euros perdus par la France chaque année à cause de l’optimisation fiscale au Luxembourg ?
Les pratiques des géants du Net, tels Amazon et Google – dont les revenus sont difficiles à appréhender et à taxer –, et plus généralement celles des grandes multinationales américaines comme Starbucks – qui ont installé leur siège européen au Luxembourg, mais aussi en Irlande ou aux Pays-Bas –, sont actuellement dans le viseur du fisc français.
Celles des champions du CAC 40 et plus généralement des grandes entreprises aussi. Encouragée par le gouvernement, qui mise, pour 2015, sur 500 millions d’euros de recettes liés à la lutte contre l’optimisation fiscale des entreprises, et prépare un nouveau durcissement de son arsenal juridique de mesures antifraude, l’administration française regarde de près les montages financiers complexes conçus par les grands noms de l’industrie, des services et du luxe. Notamment au Luxembourg.
Moins nombreuses que les groupes américains, britanniques ou allemands dans les données issues du seul cabinet d’audit et de conseil PricewaterhouseCoopers – avec tout de même 58 accords sur 548, conclus avec des sociétés françaises –, les entreprises françaises y sont néanmoins présentes, notamment dans le secteur de la finance.
Certains montages ont déjà été révélés par France 2 et le journaliste Edouard Perrin, le premier à avoir eu accès à une partie de ces données dès 2012. A commencer par ceux mis en place par le groupe Wendel, l’ex-géant de la sidérurgie converti en fonds de placement, doté d’une filiale luxembourgeoise avec très peu de présence et de substance économique réelle dans le Grand-Duché, Winvest.
VÉRITABLE SAVOIR-FAIRE
Les plus saillants concernent les banques françaises Crédit agricole et BNP Paribas ainsi que l’assureur Axa. Mais, dans ces documents fiscaux confidentiels, les avantages qu’ils tirent de leur présence au Luxembourg, et surtout l’usage qu’ils en font, sont sans rapport avec ceux des multinationales américaines ou britanniques.
Les accords fiscaux conclus avec le Grand-Duché par ces champions de la banque et de l’assurance concernent tous le métier de la gestion d’actifs et des fonds d’investissement, une activité dont le Luxembourg s’est fait une spécialité, au point de devenir la deuxième place mondiale après les Etats-Unis, avec 3 000 milliards d’euros d’actifs gérés.
Les atouts du Grand-Duché combinent un véritable savoir-faire en termes de conception des fonds d’investissement selon les normes internationales – en clair, un fonds enregistré au Luxembourg est immédiatement vendable dans tous les pays, ce qui représente un véritable atout commercial – et aussi une fiscalité très attractive.
Ces fonds d’investissement n’acquittent généralement au Luxembourg qu’une taxe très faible de 0,01 % sur les actifs qu’ils gèrent. Les fonds spéculatifs (hedge funds) jouissent eux aussi d’une défiscalisation quasi totale, y compris lorsqu’ils sont démantelés. Chaque actionnaire peut engranger ses plus-values en toute sérénité…
Une telle « neutralité fiscale » est forcément très appréciée des gestionnaires de fonds, dont les grandes banques internationales, qui peuvent ainsi réduire leurs coûts de gestion – l’impôt en étant un – et proposer de meilleurs tarifs à leurs clients… Surtout, les banques savent que leurs plus-values seront défiscalisées à court ou à moyen terme.
DOCUMENTS TRÈS TECHNIQUES
Les documents, très techniques, montrent ainsi, en substance, comment certaines grandes banques et groupes d’assurances français obtiennent au Luxembourg d’importantes réductions de leur taux d’imposition effectif sur les revenus de prestations de service de leurs sociétés de gestion de fonds (BNP Paribas et le Crédit agricole). Certains de leurs fonds ne paient de l’impôt au Luxembourg que sur une marge très réduite, de moins de 10 %. Le reste n’est pas imposable.
Dans un autre tax ruling validé par le Grand-Duché, Axa, de son côté, parvient à réduire la base imposable de ses revenus liés à des prestations de service rendues par une société de gestion.
Interrogés, ces établissements financiers ont affirmé qu’ils n’intervenaient pas au Luxembourg pour des raisons fiscales, mais pour bénéficier du passeport international dont bénéficient les fonds d’investissement luxembourgeois. « Etre au Luxembourg est indispensable. Toutes les grandes banques du monde et les gestionnaires d’actifs le sont. C’est un impératif si l’on veut commercialiser des fonds d’investissement dans plusieurs pays », souligne-t-on notamment au Crédit agricole.
Au total, selon de récentes statistiques, 70 % des fonds distribués dans le monde sont domiciliés au Luxembourg, soit 3 800 fonds qui abritent plus de 2 400 milliards d’euros.
Lire aussi (en édition abonnés) : Le Luxembourg, plaque tournante de l’évasion fiscale
 

Anne Michel

Journaliste au Monde

 
LuxLeaks : 28 000 pages de documents secrets, 548 accords confidentiels
LE MONDE ECONOMIE | 06.11.2014 à 11h43 • Mis à jour le 06.11.2014 à 15h16 | Par Serge Michel
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La fuite émanant de PwC n’offre qu’une vision parcellaire des multinationales pratiquant l’évasion fiscale grâce au Luxembourg.
Comme à chaque fois dans une affaire de fuite massive de documents secrets, l’origine reste floue. C’est sans doute l’un des 2 300 employés au Luxembourg de la société d’audit PricewaterhouseCoopers (PwC), un lanceur d’alerte comme on les appelle désormais, qui a sorti des archives 548 accords confidentiels entre les autorités fiscales du Grand-Duché et plus de 340 multinationales.
Certains de ces documents ont en tout cas atterri dans les mains de reporters de la BBC et du journaliste français Edouard Perrin, lequel en a tiré deux documentaires pour France 2 en mai 2012 puis en juin 2013 dans le magazine « Cash Investigation ». L’année suivante, la liasse complète, épaisse de 28 000 pages, arrive à Washington dans les bureaux de l’International Consortium of Investigative journalists (ICIJ). Y sont détaillés 230 accords secrets avec des groupes américains, 197 avec des britanniques, 86 allemands, 67 suisses, 58 français et ainsi de suite pour 82 pays jusqu’au Liberia et… à la Mongolie.
Comme pour la précédente grande enquête sur les paradis fiscaux, OffshoreLeaks, publiée en avril 2013, ICIJ partage ces documents avec une quarantaine de médias du moned entier, dont Le Monde. Après une première réunion à Bruxelles en juin 2014, le consortium met en ligne la base de données ainsi qu’un forum sécurisé, véritable rédaction virtuelle dans laquelle 80 journalistes de toutes nationalités font part de leurs difficultés à se faire ouvrir des portes dans ce monde habitué au plus grand secret. Et partagent leurs découvertes.
Les Brésiliens de la Folha de Sao Paolo calculent ainsi que trois grandes banques sud-américaines ont utilisé le Luxembourg pour soustraire 70 millions d’euros au fisc brésilien. Les Allemands de la Süddeutsche Zeitung se concentrent sur la Deutsche Bank et le géant de l’énergie E.ON. Les Britanniques du Guardian creusent le dossier Accenture. Et tout le monde s’arrête sur les cas Ikea et Amazon, dont l’évasion fiscale est tellement sophistiquée qu’elle approche les limites de la légalité.

Vision parcellaire

Reste que ces documents sont à la fois arides et d’une grande complexité. Le Monde, comme plusieurs de ses partenaires, a fait appel à des experts pour en extraire la substance. Avec parfois de bonnes surprises, ainsi la découverte, au bas d’une des 28 000 pages, d’une société créée à Chypre par Ikea, inconnue jusqu’ici et d’une valeur de plus de 3 milliards d’euros, soit autant que son implantation néerlandaise.
Ces accords fiscaux, l’Union européenne les a en vain demandés au Luxembourg, jusqu’à ouvrir cette année deux enquêtes approfondies pour les cas de Fiat et d’Amazon, soupçonnés d’avoir bénéficié d’une aide d’Etat illégale. Les enquêteurs de Bruxelles pourront désormais les télécharger sur le site de l’ICIJ.
PwC est la première société d’audit au Luxembourg et l’un des plus gros employeurs du pays, avec 2 300 employés fin 2013. Dans une vidéo disponible sur YouTube, son patron, Didier Mouget, annonce que 600 embauches sont prévues en 2014. Il se félicite des résultats de son entreprise : un chiffre d’affaires de 288 millions d’euros en 2013, qui a triplé en dix ans, et une croissance des « activités fiscales » de 15 %. Or, PwC n’est pas, de loin, le seul à proposer aux multinationales des tax rulings légalisés par l’administration. KPMG, Ernst & Young, Deloitte ainsi qu’une myriade de cabinets d’avocats ont, eux aussi, accès au fameux « bureau sociétés 6 » de l’Administration des contributions, dont le tampon consacre les accords fiscaux.
Si bien que la fuite émanant de PwC n’offre qu’une vision parcellaire des multinationales pratiquant l’évasion fiscale grâce au Luxembourg. Les sociétés françaises, par exemple, semblent assez peu nombreuses parmi les clients de PwC : on y trouve Axa, BNP Paribas, le Crédit agricole, Wendel et quelques autres. Et encore, leur présence s’explique plutôt par leurs activités de fonds d’investissement que leur volonté d’optimisation fiscale. Les champions du CAC 40 sont pourtant très présents dans le Grand-Duché, et notamment les grands du luxe. Pour découvrir ces secrets-là, il faudra d’autres fuites ou alors que le Luxembourg, sur lequel la pression ne cesse de monter, ne se résolve enfin à collaborer avec ses pairs de l’Union européenne sur la fiscalité des entreprises.
La réaction de PwC
Par l’intermédiaire de son avocat américain, Thomas A. Clare, le cabinet d’audit PricewaterhouseCoopers (PwC) a fait savoir lundi 3 novembre à l’ICIJ et à ses partenaires que les documents qui ont fondé cette enquête internationale, « s’ils sont authentiques, ont été pris de façon illégale par un ancien employé au Luxembourg ». Et de poursuivre : « Il n’est pas surprenant que sans (…) une compréhension complète des structures dont il est question, certains, dans les médias, vont utiliser ces documents anciens pour tirer de fausses conclusions sur leur objet et leur impact ». PwC nie avoir commis quoi que ce soit d’incorrect. L’avocat, lui, menace de poursuites les médias qui utiliseraient ou publieraient ces documents et confirme qu’une procédure est en cours au Luxembourg contre l’ancien employé.
Lire aussi (en édition abonnés) : Le Luxembourg, plaque tournante de l’évasion fiscale
 

 

 

Grand reporter

« Vite mettre fin aux déficiences des règles de la fiscalité internationale »
Le Monde.fr | 06.11.2014 à 15h36 • Mis à jour le 06.11.2014 à 19h19 | Propos recueillis par Anne Michel
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Pascal Saint-Amans, le directeur du centre de politique et d’administration fiscales de l’OCDE.
Si elles ne constituent « pas une grande surprise » à ses yeux, les révélations sur les accords fiscaux secrets conclus entre le Luxembourg et les multinationales, à travers lesquels celles-ci réduisent considérablement leurs impôts, montrent qu’il y a urgence à changer les règles internationales, selon Pascal Saint-Amans, le « Monsieur anti fraude fiscale » au sein de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
« Il n’est pas acceptable que les grandes entreprises puissent profiter des défaillances des règles actuelles pour réduire leur charge fiscale quand d’autres contribuables font face à une pression fiscale accrue sur laquelle eux ne peuvent pas agir », indique, dans un entretien au Monde, le directeur du centre de politique et d’administration fiscales de l’OCDE
La lutte contre l’évasion et la fraude fiscales pratiquées par les entreprises est un enjeu majeur pour l’OCDE. À Brisbane (Australie), lors du prochain sommet du G20, les 15 et 16 novembre, « les grandes puissances confirmeront qu’il s’agit d’une priorité », souligne M. Saint-Amans.
« L’objectif est clair et admis par tous, ajoute-t-il, il faut vite mettre fin aux déficiences des règles de la fiscalité internationale, qui ont été conçues pour éviter la double imposition [une entreprise imposée deux fois dans deux pays différents pour les mêmes activités], mais qui facilitent la double non-imposition [l’entreprise n’est imposée nulle part]. »

Quinze mesures

L’OCDE a élaboré un plan d’action contre l’optimisation fiscale agressive des entreprises, dénommé BEPS (Base erosion and profit shifting, soit érosion de la base d’imposition et transfert des bénéfices). La mise en œuvre de ce plan, qui propose quinze mesures adoptables en 2014 et 2015, « sera discutée au G20 », précise M. Saint-Amans.
L’une des mesures consiste à obliger les pays qui, comme le Luxembourg, délivrent des tax rulings, de « les notifier à leurs partenaires », afin de « neutraliser le caractère potentiellement nocif de ces régimes fiscaux ».
Le Luxembourg « participe de manière constructive » aux travaux, assure M. Saint-Amans, selon qui « si BEPS réussit, on va inverser la tendance de la planification fiscale », cette quête de la double non-imposition « qui est devenue le cœur du réacteur des entreprises » pour réduire la facture fiscale.
« Et dans ce contexte nouveau, on assistera sans doute à un mouvement général de baisse des taux d’imposition sur les sociétés », veut croire M. Saint-Amans.

Anne Michel
Journaliste au Monde

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7 novembre 2014 5 07 /11 /novembre /2014 16:11

 

 

 

            source:     CAPJPO - Europalestine

 

Le gouvernement français décide de ne pas libérer Georges Ibrahim Abdallah

jeudi 6 novembre 2014

Le tribunal d’application des peines de Paris a rejeté mercredi la demande de libération que Georges Ibrahim Abdallah avait formulée en mars dernier, après un simulacre de procès.


Communiqué du Collectif de soutien à Georges Ibrahima Abdallah

"La demande de Georges Abdallah a été déclarée "irrecevable" au motif qu’il n’a pas fait préalablement l’objet d’un arrêté d’expulsion. Le tribunal a également rejeté la demande d’effectuer une année probatoire, préalable à une libération, dans un établissement pénitentiaire plutôt qu’en régime de semi-liberté ou sous surveillance électronique, sous prétexte que Georges Abdallah n’a pas présenté de "projet" à l’appui de sa demande.

Ce simulacre de justice confirme une fois de plus le régime d’exception appliqué à Georges Abdallah depuis 30 ans ; il confirme que le maintien en prison de Georges Abdallah est une décision politique de l’État français.

L’acharnement contre Georges Abdallah, libérable depuis 1999, s’était déjà manifesté à deux reprises, lorsque des décisions de justice favorables à sa libération avaient été annulées sur appel du parquet, aux ordres du gouvernement. En 2012, M. Valls, alors ministre de l’intérieur, avait refusé de signer l’arrêté d’expulsion permettant à notre camarade de rentrer dans son pays, le Liban. Les autorités de ce pays s’étaient pourtant engagées à le rapatrier dès sa sortie de prison. Aujourd’hui, c’est le nouveau ministre de l’intérieur, B. Cazeneuve, qui refuse d’ordonner la mesure d’éloignement qui aurait rendu recevable la demande de libération de Georges Abdallah.

F. Hollande et le gouvernement Valls ont proclamé l’été dernier leur soutien à l’État d’Israël lors des massacres de la population de Gaza. On ne peut donc s’étonner que la complicité de l’impérialisme français avec le sionisme et les États-Unis se traduise par l’opposition à toute libération de Georges Abdallah.

Georges Abdallah reste un militant communiste, anti-impérialiste et antisioniste. Il demeure un résistant qui n’a ni regrets ni remords à exprimer pour le combat qu’il a toujours mené et continuera de mener pour la justice et la liberté, aux côtés des peuples opprimés, particulièrement le peuple palestinien.

Comme de plus en plus de voix qui s’élèvent dans notre pays et dans le monde entier, nous sommes fiers de soutenir la cause de Georges Ibrahim Abdallah et nous resterons mobilisés pour lui exprimer notre solidarité, jusqu’à sa libération et son retour au Liban.

Le Collectif pour la libération de Georges Ibrahim Abdallah (CLGIA)

http://liberonsgeorges.over-blog.com liberonsgeorges@no-log.org

COMMUNIQUÉ DÉGOÛTANT DU CRIF LEME JOUR :

Le CRIF contre la libération de Georges Ibrahim Abdallah

En prison depuis 1984, Georges Ibrahim Abdallah a formulé une neuvième demande de libération. Ce terroriste libanais a été condamné à la perpétuité pour avoir pris part à l’assassinat de deux diplomates. Les Etats-Unis ne sont pas les seuls à se battre pour qu’il reste derrière les barreaux.

Le CRIF mène le même combat depuis dix ans. « C’est l’aspect pédagogique qui motive notre campagne », a expliqué à 20 Minutes, Roger Cukierman, son Président. « Dans une période où de très jeunes sont tentés par le terrorisme en Syrie ou en Irak, il faut veiller à ne pas glorifier ce genre de personnage. »

Et le président d’ajouter qu’il faudrait déjà qu’Abdallah exprime « des regrets ou des remords ». Ce qui n’est malheureusement pas au programme.


"Même des médias, pourtant peu sympathisants de notre cause, dévoilent la mascarade de justice, ainsi le titre d’un article hier sur le site de france info : Georges Abdallah prisonnier d’une "vengeance" d’États...OUI c’est bien une décision politique pris au sommet de l’État français avec la complicité, les pressions répétés des États criminels États unis et Israël", souligne Stéphan, du comité de soutien à Georges Ibrahim Abdallah dans la région Nord Pas de Calais, qui a organisé un rassemblement de protestation hier soir à Lille.

"Nous le savons, le répétons Georges s’est toujours exprimé fermement sur son refus de "tout repentir", Georges malgré son enfermement depuis plus de 30 ans n’a jamais cessé de suivre "les désordres" du monde du dehors et les résistances des peuples faces à ces désordres provoqués par les Etats criminels impérialistes et leurs alliées.

Bien sûr le combat, la résistance de Georges dans les années 80 avaient des aspects spécifiques de cette époque, pourtant ce que déclarait Georges lors de son procès en févier 1987 reste d’uns actualité, d’une pertinence absolue, c’est pourquoi hier j’ai fait le choix, lors de mon intervention, de relire certains extraits de sa déclaration face aux juges, déjà aux ordres.

Camarades et amis de la solidarité avec Georges, je vous demande de relire cette déclaration, et comme moi,, j’en suis certain, votre sentiment sera d’être heureux, oui, fiers, d’être au coté de ce camarade résistant, et de continuer demain pour poursuivre avec détermination le combat pour sa libération.

Autant le dire, hier en apprenant, sans surprise toutefois, la décision du tribunal j’étais emporté par un profond sentiment de colère, de rage, ce matin je suis aussi emporté par de la tristesse en pensant à notre camarade, mais je sais que lui reste debout et nous demande de poursuivre notre combat, notre engagement pour lui mais aussi nos engagements au coté de tous ceux qui résistent de part ce monde, tout particulièrement le Peuple de Palestine.

Et comme le dit Georges :

Camarades, encore une fois, ensemble nous vaincrons et ce n’est qu’ensemble que nous vaincrons !

Merci à tous et toutes qui étaient présents à Lille ce mercredi et à bientôt donc.

Stephan Lille le 6 novembre 2014 - solidaritegeorgeslille@aol.fr

Georges Ibrahim Abdallah – Déclaration au procès du 26 février 1987


Madame, Monsieur.

Qu’un combattant arabe soit jugé par une Cour Spéciale en Occident, rien de plus normal. Qu’il soit traité de criminel et de malfaiteur, rien de vraiment nouveau, déjà les “bandits de l’Aurès”(1), les “terroristes” de Palestine, ainsi que les “fanatiques lépreux” d’Ansar et Khiam (2) ont été l’objet de ces honorables qualificatifs. Ils rappellent à tous ceux qui ont la mémoire courte le patrimoine de votre justice occidentale ainsi que votre civilisation judéo-chrétienne.

Mais que le criminel yankee (3), bourreau de tous les déshérités de la terre, soit, en plus, le représentant des prétendues victimes devant vous, il y bien de quoi alors s’abstenir de tout commentaire sur la nature de votre Cour ainsi que sur la tâche qui lui est assignée.

Si, de prime abord, le représentant de l’entité sioniste semble manquer à la scène, bien évidemment, ce n’est ni par pudeur ni par discrétion de votre part ; c’est pour la simple raison que cette entité n’est qu’une tête de pont occidentale, c’est une base opérationnelle des chiens de garde impérialistes, c’est un modèle miniaturisé de ce que nous réservent vos patrons à travers leur stratégie d’anéantissement et de balkanisation (4). Il va de soi que devant votre Cour, cette entité est déjà représentée : si ce n’est par son patron yankee, ce sera par son homologue l’avocat général.
Ne pas commenter la nature de votre Cour ne veut nullement dire cautionner son illégitimité, sans occulter non plus sa parfaite légalité qui illustre à juste titre le gouffre qui sépare votre monde légal de notre monde réel ; représentation authentique de la paix instaurée par votre système, maintenue par l’anéantissement de millions d’hommes dans nos régions des périphéries.

En dépit des souffrances de tous les peuples de la terre, vos patrons imposent la paix et la légalité de leur système criminel dont la guerre fait partie intégrante ; mais vous vous trompez si vous espérez que la guerre ne dépassera jamais plus les régions des périphéries.

Quarante ans après la libération de Paris, on voit persister dans votre pays une référence quasi obligée de tous vos patrons aux années d’occupation, référence mystifiante, larmoyante et vantarde ; elle occulte d’une part la lâcheté de tous ceux qui se foutaient des porteurs de l’étoile jaune, et qui n’ont découvert leur virilité qu’en soutenant les escrocs qui exploitent les terribles souvenirs d’Auschwitz et d’autres crimes de votre système ; et d’autre part, elle occulte aussi les raisons des actions illégales de ces “terroristes lépreux” de l’Affiche Rouge (5) et de leurs camarades qui sauvaient l’honneur de votre pays en se battant héroïquement contre l’ordre des criminels et de leurs fantoches. Ils se sont battus ici en France et ailleurs. Ils attaquaient là où ils pouvaient, foulant aux pieds toute légalité qui entravait leur légitime combat. Quatre ans d’occupation de votre hexagone ont mis en lumière la criminelle légalité de votre système impérialiste et ont comblé d’honneur tous ceux qui s’étaient attachés à la légitimité de le combattre. Certes, ces “lépreux terroristes” n’étaient pas très nombreux et les généraux “Massu” (6) ne figuraient pas à titre d’exception dans leur mouvement, mais cela ne nous empêche pas d’espérer voir ressurgir de “nouveaux lépreux”, beaucoup plus nombreux, dont le mouvement soit dépourvu des “Massu” et qui s’engagent dans le même combat des “pestiférés” du Moyen et Proche-Orient, de l’Asie, de l’Afrique et de l’Amérique centrale pour mettre un terme à la légalité de votre paix garantie par la stratégie d’anéantissement de vos patrons dans nos régions périphériques. Heureusement, l’actualité ne dément pas nos espoirs.

Bien sûr, vous n’êtes pas ici pour parler politique, c’est clair, vous êtes ici simplement pour juger des actions qui ont perturbé la paix de votre ordre ; pour connaître le sens de cette paix “apolitique”, rien de mieux que de se référer à un de vos sages patrons, un des garants de vos institutions [Mitterrand]. À la veille d’une de vos agressions contre notre peuple, ne déclarait-il pas : « Cette paix est mieux défendue par la guerre que nous faisons que si nous laissions aller les choses, elle est mieux préservée par notre action que par notre inaction ».

C’est cette paix, Messieurs, la paix des cimetières, que menacent les actions que vous prétendez juger. C’est la continuité de la guerre d’extermination perpétrée par Reagan, le leader de votre ordre, qui est menacée. C’est à la guerre impérialiste que votre Cour se donne le droit de faire un procès.

Non, Messieurs, votre Cour est loin d’être apolitique. Non, Messieurs, votre procès loin d’être légitime s’inscrit sur le drapeau légal de la guerre impérialiste menée contre notre peuple, balayant par là même les bonnes intentions de ceux qui jouent les bons offices auprès de vos patrons, ainsi que les illusions de ceux qui ont cru hypocritement que la vipère change de nature en changeant de peau.

Avec quelle sérénité et quelle indépendance prétendez-vous juger des actes de guerre en les isolant du processus général de l’agression impérialiste perpétrée contre notre peuple ? Dans quelle mesure, vous, représentants de l’impérialisme français, n’êtes-vous pas impliqués dans cette guerre ? De quel cynisme doit être doté le représentant du criminel Reagan pour se présenter en victime et partie civile à Paris au moment où l’US Navy (7) prépare l’assaut de Beyrouth et autres cités arabes ? Il faut avoir une certaine parenté avec Goebbels pour pouvoir faire avaler cette scène et qui d’autre que les instances impérialistes occidentales a droit à cette ordure de l’histoire et son infâme parenté !

Depuis bientôt plus de quarante ans, notre peuple subit les agressions de tout poil. Aucune arme ne fait défaut au champ d’expérimentation où notre peuple sert de cobaye. Du début du siècle jusqu’à nos jours, rien ne nous fut épargné par vos patrons, des plus infâmes conspirations aux plus criminels massacres.

Anéantissement et balkanisation se conjuguent sous le drapeau mystificateur des droits de l’homme occidental. Anéantissement, les Américains et leurs chiens de garde sionistes se chargent actuellement de le perpétrer le plus cruellement possible. Balkanisation, vous occidentaux, Européens en l’occurrence, vous en êtes les architectes, les anges gardiens de sa continuité.

Notre pays, Messieurs, est occupé, notre peuple est déraciné. Les occupants, les agresseurs, sont des occidentaux blonds aux yeux clairs.

Ce ne sont pas des slogans de propagande, ce sont des femmes et des hommes en chair et en os éventrés, ce sont des gosses par centaines décapités. Chaque jour, il y a des morts, chaque jour il y a des avions qui bombardent et tuent, et des navires de guerre sèment la mort et la destruction. Chaque jour, vos colons ramassent de nouveaux otages, notre peuple des territoires occupés est otage et le reste est otage potentiel ou victime en puissance.Certes, ni à Ansar ni à Ashkelon il n’y a de chambres à gaz, les bombes à dépression et autres fleurons de votre industrie en font la relève, et vos colons en sont parfaitement satisfaits, au moins jusqu’à maintenant. Tout se joue en fonction de la proportion des nouveaux colons que vous pouvez leur fournir ; mais tout se joue aussi en fonction de l’attachement de notre peuple à la légitimité de combattre l’ordre fournisseur de colons, votre criminel ordre. Bien sûr, à votre grande satisfaction, l’édifice de balkanisation remplit toujours ses fonctions ; aussi longtemps que les prostitués-marionnettes de vos proxénètes sont en place, ils y resteront, rassurez-vous, à court terme.

Messieurs, je ne suis pas ici pour attirer votre attention sur la cruauté des massacres perpétrés contre notre peuple ; vous n’êtes pas, d’ailleurs, tellement étrangers à ces massacres. Je ne suis pas ici non plus pour solliciter une condamnation du bourreau ; déjà les plus hautes instances internationales nous en ont fournies assez, mais hélas, ces paperasses ne nous ont pas servi à grand chose, ni en 1982, ni avant ni après, face aux fleurons de votre industrie meurtrière.

Je suis ici, Messieurs, pour vous demander simplement de bien vouloir laver vos mains maculées de notre sang et du sang de nos mômes, avant de prétendre nous juger, car celui qui accepte de fouler aux pieds le sang de vingt-cinq mille morts tombés au Liban lors de l’invasion impérialo-sioniste de 1982 ne peut qu’être le complice direct de Reagan et de Begin dans leur guerre d’extermination contre notre peuple. Vingt-cinq mille morts en trois mois à l’honneur de votre paix, quarante-cinq mille blessés à l’honneur de votre justice. Quatre-vingt dix jours et Beyrouth tenue en champ d’expérimentation des armes américano-israéliennes et pourtant l’administration Reagan est victime et partie civile à vos yeux ! Bien sûr, rien d’anormal dans tout cela, en dépit de l’illusion débile de ceux qui prétendent déceler une possible impartialité de la France impérialiste et de sa justice.

C’est ça, l’ABC de votre justice, le fond de ce procès et de ces accusations qui, par ailleurs, ne me sont que des honneurs que je n’ai pas mérités. Si notre peuple ne m’a pas confié l’honneur de participer à ces actions anti-impérialistes que vous m’attribuez, au moins j’ai l’honneur d’en être accusé par votre Cour et de défendre leur légitimité face à la criminelle légalité des bourreaux, et je crie haut et fort : Foulons aux pieds toute entrave à la légitimité de notre combat. Foulons aux pieds la paix de tout ordre qui se manifeste chez nous en termes de “Paix en Galilée”.

Je sais très bien que c’est cette position qui est à criminaliser, et c’est en fonction de cette tâche que votre justice est rappelée à l’ordre par l’administration Reagan. En toute “indépendance” et “impartialité” vous avez obéi à l’appel, et en toute sérénité je vous réponds au nom de ce que je représente ici : ou bien il y aura la paix pour notre peuple arabe, et sur toute la terre arabe, ou bien il n’y aura la paix pour personne et nulle part.

Bien sûr, les criminels yankees et leurs homologues socio-démocrates vont crier haro sur les “terroristes fanatiques”, ils enfreindraient les lois de la paix impérialiste et les règles élémentaires de la “tolérance” occidentale orchestrée à la cadence des obus du [cuirassé] New Jersey et des F-16 quand ce n’est pas à la cadence de ceux des Super-Étendard et des Jaguar.

Bien sûr, les esprits “tolérants” et “démocrates” ont bien de quoi s’indigner devant la montée du “fanatisme” et du “terrorisme international”, ils n’oublient jamais d’afficher leur “solidarité humanitaire” avec la résistance contre l’occupant à la seule condition que les victimes obéissent aux lois des bourreaux, à savoir que la guerre ne devra jamais plus dépasser les régions des périphéries et ne devra plus jamais perturber leur criminelle paix.

Tout aussi compréhensibles, les préoccupations et la fureur des “civilisés” chevaliers de l’Occident des “droits de l’homme” et de la “liberté” face à ces “barbares pestiférés” du Proche et Moyen-Orient. Comment ne pas comprendre leur inquiétude et leur déception : alors que tous les chefs-d’œuvre de leur civilisation sont exposés sous l’œil bienveillant de leurs “droits de l’homme” et de leur statue de la “liberté”, partout sur la terre arabe – que ce soit à Maaraké ou à Zrarié, à Bir el Abd (8) ou à Sabra et Chatila(9), à Benghazi ou à Tripoli (10), pour ne pas en citer d’autres — toujours la même obstination chez ces “barbares”, déception qui rappelle, par ailleurs, celle de vos ancêtres quand, pour la même mission “civilisatrice”, ils étaient allés pour des prunes aux abords de Damas.

Cet Occident impérialiste judéo-chrétien que vous représentez, Messieurs, n’a pas à se plaindre beaucoup de “l’incompréhension” de ses valeurs par notre Orient périphérique et musulman —accusé et criminalisé, agressé et dominé. Certes, on n’est pas encore arrivés à concevoir des statues de la liberté à l’égal du New Jersey et de ses canons, ou des F-16 et de leurs bombes, mais ne faut-il pas reconnaître qu’on est arrivés à les recevoir comme il se doit !!! (11)

Certes, on n’a pas encore érigé dans vos villes des statuettes de la “liberté” comme celle érigée à Bir el Abed (à titre d’exemple) et signée de la main de Reagan, ayant pour matériel le modique chiffre des quatre-vingt corps carbonisés et déchiquetés, mais là-dessus, je peux vous assurer qu’on saurait bien vous imiter.

Bien sûr, votre indignation est bien claire à l’égard de notre “intolérance” d’orientaux arabes et musulmans, mais faut-il signaler qu’on a bien compris votre “tolérance” exprimée par excellence par Sharon et ses hordes à Sabra et à Ansar, par Begin et Shamir à Kfar Kassem et Deir Yassin (12) ; et nous sommes bien convaincus qu’elle ne se limite pas à l’aire arabe et musulmane. Elle se manifeste aussi cruellement tout au long des périphéries de votre système : de la Grenade à l’Afrique du Sud, des frontières nicaraguayennes à celles de l’Angola, du Salvador et du Chili à la Corée du Sud et de la Malaisie, là où il y a yankee, patron de votre ordre, ou ses laquais, il y a la mort et la destruction.

Et pourtant il est partie civile et victime à Paris, ou plutôt c’est pourquoi il peut se présenter en partie civile à Paris au lieu d’être accusé à Nuremberg (13).
Bien sûr, il n’y a pas de raison pour que le bourreau soit accusé, ses victimes ne sont en fin de compte que des Arabes, des Africains, des Asiatiques et des Latino-Américains ; et leur extermination n’est ni un délit ni un crime pour la justice occidentale.

C’est dans cet état d’esprit que la chambre d’accusation a établi ses prétendues charges irréfutables contre moi.

Il est déjà bien clair votre Cour que je n’ai nullement l’intention de commenter ces prétendues charges, vous signalant simplement que comparativement appliquées, telles qu’elles vous sont présentées par la chambre d’accusation, elles sont aussi irréfutables contre “Monsieur tout le monde” en France.

Je tiens simplement à signaler, à vous qui avez le droit légal de me juger ainsi qu’à tous ceux qui ont la légitimité d’en faire autant, le fait suivant : je suis accusé d’assassinat et de complicité pour avoir été en France avant ou après des attentats. Que dire alors de Monsieur Jean-Christophe Mitterrand qui était en Palestine occupée à Kfar Hanassi quand la soldatesque sioniste se livrait aux pires excès ? Que dire de celui qui se rendait à Beyrouth sur les chars de Sharon en 1982 lors de l’invasion du Liban pour exprimer son soutien aux avant-gardes de votre monde “libre” [Léotard(14)] ? Que dire de tous ceux qui livraient et livrent encore les fleurons de leurs arsenaux aux agresseurs de notre peuple, des Jericho 2 à tête thermonucléaire aux F-16 ? Bien sûr, pour vous la comparaison ne tient pas debout, ils ne sont en fin de compte que des occidentaux, blonds aux yeux clairs, et surtout au service de la paix impérialiste. Mais faut-il vous rappeler que votre argumentation ne saura être qu’une charge en plus devant ceux qui ont la légitimité de les juger.

Sachant bien que la lutte des peuples n’avance pas en fonction de la longueur des déclarations de ses combattants prisonniers, je remercie mes ravisseurs pour m’avoir laissé exprimer ce que j’ai à dire en dépit du régime d’isolement carcéral qui m’est appliqué.

M’adressant à vous ainsi qu’à mon père, de qui je n’ai plus de nouvelles, je vous répète la parole d’un combattant africain : « wotta sitta », ce qui veut dire en français : « le temps est juste » ou plutôt « c’est juste le temps de… », et je me retire de cette Cour, vous laissant le plaisir d’écouter le représentant du bourreau et sa défense vomir leur haine contre les déshérités de la terre.

A bas l’impérialisme et ses laquais !

La Victoire et la Gloire pour tous les peuples en lutte !

Georges Ibrahim Abdallah

Paris, le 23 février 1987.

- Notes
(1) Allusion aux combattants du FLN pendant la guerre d’Algérie, qualifiés ainsi dans la presse française de l’époque.

(2) Ansar est un camp de concentration israélien, Khiam un camp de concentration et de torture de la milice fasciste libanaise “Armée du Liban Sud” qui était organisée, armée et financée par Israël.

(3) Rappelons que les USA était partie civile au procès de Georges Ibrahim Abdallah.

(4) La balkanisation est une politique impérialiste typique qui vise à “diviser pour régner”, en fractionnant un pays ou une région en de multiples “États” indépendants et rivaux.

(5) Allusion à un groupe de résistants communistes de l’organisation FTP-MOI composée de travailleurs immigrés en France. Responsables de nombreux attentats contre les nazis et les collaborateurs, ils furent arrêtés, torturés et fusillés.

(6) Le général Massu allait tristement se distinguer pendant la guerre d’Algérie, à la tête de la division parachutiste.

(7) A l’époque du second procès de Georges Ibrahim Abdallah, la marine américaine bombardait les environs de Beyrouth, et l’arrière-pays, dans le cadre du conflit entre la résistance libanaise et la “Force internationale de maintien de la paix” déployée par les puissances impérialistes à Beyrouth après le retrait israélien. Les chasseurs-bombardiers de l’aéronavale et les canons du cuirassé New Jersey firent des dizaines de victimes. Les bombardiers Super-Étendard de l’aéronavale française participèrent aussi à ces bombardements.

(8) Localités libanaises où les bombardements américains provoquèrent un massacre de civils.

(9) Camp de réfugiés palestiniens où les fascistes libanais des Phalanges massacrèrent des centaines de civils libanais et palestiniens. Rappelons que les impérialistes imposèrent en août 1982 comme président au Liban le chef des phalangistes, Bechir Gemayel.

(10) L’aéronavale américaine venait de bombarder ces deux villes libyennes.

(11) La “Force internationale de maintien de la paix” avait subi une défaite écrasante au Liban ; des attentats avaient notamment anéanti les quartiers généraux des contingents américain et français, tuant des dizaines de militaires, et provoquant un retrait qui s’apparenta à une débâcle.

(12) Villages de Palestine dont la population fut massacrée par les sionistes.

(13) C’est à Nuremberg qui furent jugés les criminels de guerre nazis.

(14) Alors ministre de la défense du gouvernement français

CAPJPO-EuroPalestine

 

 

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7 novembre 2014 5 07 /11 /novembre /2014 16:01

 

 

 

source: La Marseillaise

              SNCM : garantir l’intérêt général
Frédéric Alpozzo, le secrétaire général du syndicat CGT des marins. photo stéphane clad  
Frédéric Alpozzo, le secrétaire général du syndicat CGT des marins.  Copyright Journal La Marseillaise

Si pour l’État, réformer c’est casser le service public, alors le combat des salariés de la compagnie maritime pour sauver le droit du travail français et la continuité territoriale est exemplaire.

Aller au tribunal, puisque l’actionnaire en a ainsi décidé. Mais pas sans garanties, puisqu’il existe encore des règles et des procédures à respecter. Notamment, le respect par l’État, les actionnaires et la direction, de la médiation dont la réunion du 18 novembre est la prolongation. Par ailleurs, le caractère « technique » de l’utilité d’un dépôt de bilan permettant d’échapper aux amendes européennes reste contestable. Une intervention de l’État au nom du bien public serait plus sûrement salvatrice.

Déposer le bilan au tribunal du commerce, les actionnaires et la direction de la SNCM y ont travaillé. Hier c’était fait. Reste au tribunal d’étudier si la requête est recevable. Ce choix « ne peut être favorable à la poursuite de l’activité de la compagnie et du service public de continuité territoriale » assure Michel Stefani, dans une question orale à l’Assemblée de Corse au nom des élus communistes et citoyens du Front de gauche, l’expérience permet en effet de penser que la commission européenne ne se contentera pas d’une pirouette technique ». Bien au contraire, l’élu corse reste convaincu que cette option laisse planer le spectre d’une liquidation.

Les élus Communistes interpellent le gouvernement

La liquidation judiciaire pourrait intervenir alors que la compagnie dispose de la garantie de 600 millions d’euros de compensation sur la DSP et qu’une réduction de 500 postes a préalablement été acceptée par les syndicats ? La mise en cession de paiement, anticipée, est artificielle et les conditions ne sont pas réunies. Ce qu’a démontré le CE lundi où les syndicats ont déposé une motion de défiance à l’encontre de leur direction et actionnaires, dont l’État. En effet, les 4 volets qui ont clairement défini en juillet dernier les objectifs de la médiation n’ont pas été étudiés.

« L’heure du dialogue a largement sonné », jauge Jean-Marc Simmarano, pour la CGT sédentaires, devant la préfecture dans le mouvement commun du secteur des Transports. « Le 18, nous ferons en sorte que les objectifs soient tenus, cette fois. » Pour Frédéric Alpozzo, secrétaire général du syndicat CGT des marins de Marseille : « Le gouvernement travaille avec les actionnaires à la casse du service public et à la mise en concurrence des salariés : c’est là tout le projet. Voilà un an qu’on demande la saisie de la Caisse des dépôts et consignations, il y a 15 jours, en commission des finances nous n’avons pas entendu Emmanuelli ni aucun député, sinon Gaby Charroux, interroger le rôle de la CDC dans notre dossier ».

Dans un communiqué commun, les élus communistes Charroux, Coppola, Bucchini, Stéfani, Dharréville et Charrier interpellent le gouvernement pour qu’il agisse « pour empêcher la vente à la découpe de la SNCM et s’assure du bon usage des 600 millions d’euros ». Ils invitent à la mobilisation via un comité de soutien pour que « Vive la SNCM et le service public ».

Myriam Guillaume

Dernière modification le mercredi, 05 novembre 2014 14:56

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