Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CHANTS REVOLUTIONNAIRES

Archives

7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 21:50

                                                                drapeau-cuba-anim-.gif     

 

Le 11 février prochain, l'ambassadeur de la  République de Cuba en France, son Excellence Orlando REQUEIJO GUAL sera reçu, à 15h.30  au siège de la fédération de Haute-Corse du PCF,rue César Campinchi, à Bastia.

 

                                       CUBA-50JPG.jpg

Partager cet article
Repost0
7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 12:42

                                                                    MARE NOSTRUM-copie-1

                                                                       PC-ISRAELjpg-copie-1.jpg      

                                                                                

 

Soulèvement pour le pain et la liberté

Communiqué du Bureau Politique du Parti Communiste d’Israël.

Soulèvement pour le pain et la liberté



Communiqué du Bureau Politique du Parti Communiste d’Israël.

La protestation de masse en très grand nombre des personnes sans travail, des personnes appauvries, des personnes en quête de démocratie et de liberté contre les dirigeants despotiques pro-américains des pays arabes, qui a commencé à Tunis et qui s’est étendue à l’Egypte, la Jordanie, le Yémen, l’Algérie, tout comme à d’autres états  -est un tournant décisif dans le développement de la région tout comme dans l’arène internationale. En dépit des dures mesures prises pour réprimer la révolte, comprenant des tirs à balles réelles,les protestataires contre la misère et la tyrannie continuent leur manifestation et exigent le droit de vivre dans la dignité.

Après des décennies au cours desquelles les droits des travailleurs et des chômeurs ont été foulés aux pieds, au cours desquelles les critiques et les opposants ont été réduits au silence, les nations arabes prennent conscience de leur pouvoir pour ébranler et changer la réalité en direction du progrès. Les manifestations spontanées, auxquelles participent principalement les jeunes, ne sont pas organisées de façon centralisée. Nous sommes témoins d’un mouvement populaire représentant un regroupement de partis et de courants politiques qui formulent leurs messages au coeur de l’action.

Le bureau politique du Parti Communiste d’Israël croit que la position avancée depuis plusieurs années par les institutions du monde capitaliste dominant, selon laquelle qu le monde arabe n’est fait que pour la tyrannie et l’oppression ou le fondamentalisme islamique, a été discréditée. Le mouvement populaire de masse dans les pays arabes, qui tire sa force de la fureur des masses contre la hausse du prix des aliments et de la raréfaction des possibilités d’emploi, tout comme du manque des droits civiques de base, surgit comme une alternative concrète.

Il est difficile d’estimer au moment présent où le mouvement populaire de protestation dans les états arabes s’achèvera. Va-t-il mener dans tous les cas à l’évincement des tyrans, comme cela s’est produit à Tunis ? Ou conduira-t-il aussi à des changements substantiels dans la nature du régime et de ses politiques ? Quelles forces politiques seront capables de retirer de nouvelles énergies du soulèvement ? Mais même maintenant il est possible d’estimer que nous sommes témoins d’une nouvelle phase dans le développement social et politique du Moyen-Orient, conduisant à l’affaiblissement des régimes dictatoriaux pro-Américains, qui ont mené une politique de privatisation au service des sociétés multinationales et fourni un appui à l’agression des Etats-Unis en Irak et en Afghanistan.

Le Parti Communiste d’Israël, comme le font tous ceux qui dans le monde  sont en quête de démocratie et de droits de l’homme, est solidaire du combat des nations arabes pour une vie décente et pour la liberté. Le soulèvement de ces peuples est une source d’encouragement dans notre lutte pour défendre les travailleurs et la démocratie en Israël et pour combattre le racisme tout en exigeant des droits politiques et sociaux égaux pour tous.  

31 janvier 2011

Partager cet article
Repost0
7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 12:13

                                                                MARE NOSTRUM-copie-1

 

 Bon résultat pour le candidat communiste au Portugal, avec 7,2% des voix,

alors que le candidat PS soutenu par le « Bloc de gauche » essuie un revers historique
mercredi 2 février 2011

Le dimanche 23 janvier, près de 10 millions d’électeurs portugais étaient appelés à élire le président de la République en pleine crise capitaliste et alors que le pays est soumis par le gouvernement socialiste à une cure d’hyper-austérité soutenue par le président de droite sortant Cavaco Silva et dictée par l’Union européenne de José Manuel Barroso.

Contrairement à ce que les médias portugais tendaient à faire croire ce dimanche soir, le grand gagnant du scrutin n’est pas le candidat de la droite, le président sortant Anibal Cavaco Silva.

C’est l’abstention qui sort vainqueur de ce scrutin avec un chiffre record de 53%. Du jamais vu depuis les premières élections consécutives au rétablissement de la démocratie en 1976.

Le consensus Parti social-démocrate (PSD/droite)-Parti Socialiste (PS/centre-gauche) autour du plan d’austérité, soutenu au-delà des joutes verbales par les deux autres chouchous médiatiques que sont la CSD (droite nationaliste) et le Bloc de gauche (gauche pseudo radicale), a achevé de discréditer l’ensemble de la classe politique auprès de la masse des électeurs portugais, subissant de plein fouet les conséquences de la rigueur.

Dans ce désaveu général, certes, le candidat du Parti social-démocrate Anibal Cavaco Silva brigue donc un second mandat, avec 53% des suffrages exprimés. Mais avec un aussi faible taux de participation, le leadercharismatique du parti de José Manuel Barroso ne sera le président que d’1 portugais sur 4.

Effrayés devant les conséquences que pouvait engendrer le dégoût général des portugais envers leur classe politique, les médias avaient créé leurs propres candidats de diversion. Parmi eux se distinguait Fernando Nobre intronisé « troisième homme » officiel.

Le troisième homme officiel : l’opportuniste Fernando Nobre, de MSF à la droite, du PS au Bloc de gauche...

Le consensuel responsable portugais de Médecins sans frontières,régulièrement placé parmi les personnalités politiques des portugais, est aussi un remarquable opportuniste politique, exprimant ses sympathies ces dernières années tantôt pour le PSD, tantôt pour le PS (soutien au candidat du PS Soares aux présidentielles de 2006)... tantôt pour le Bloc de Gauche (candidature Bloc de gauche aux européennes de 2009).

Au final, Nobre a su canaliser dans une impasse les voix (14% au final) d’une partie non-négligeable des portugais dégoûtés de la vie politique traditionnelle, sans voir que ce dernier était à la fois l’incarnation et l’instrument de cette classe politique déclinante.

A gauche, le scrutin est riche d’enseignements quant au duel qui opposait le candidat soutenu par les « Pères la rigueur » socialistes et le « Bloc de gauche » soi-disant de gauche alternative, Manuel Alegre, et le candidat présenté par le Parti communiste Francisco Lopes.

Fiasco historique pour la candidature socialiste soutenue par le Bloc de gauche avec moins de 20% des voix

La direction du Parti socialiste avait tenté de créer la confusion en présentant le « socialiste dissident » Manuel Alegre, qui avait créé la sensation en devançant en 2006 le candidat officiel et dirigeant historique du PS Mario Soares.

Mettant en évidence à cette occasion sa vocation de voiture-balai de la social-démocratie, le « Bloc de gauche » (coalition de gauche radicale anti-communiste composée d’éléments trotskistes, maoistes, communistes liquidateurs, socialistes etc.) a apporté son soutien au candidat présenté par le Parti socialiste.

Pourfendeur en paroles du plan d’austérité du Parti socialiste, le Bloc de gauche rejoint, au moment des actes, la maison-mère socialiste.

Mais la ficelle était trop grosse. Le fiasco est historique puisque Manuel Alegre, le candidat de la « gauche unie », avec 19,7%%, ne parvient même pas à dépasser la barre symbolique des 20%.

A titre de comparaison, en 2006, le socialiste Manuel Alegre avait obtenu seul sans investiture 20,74% des voix, tandis que le candidat du PS Mario Soares obtenait 14,31% et le candidat du Bloc de Gauche Francisco Louça 5,34%.

Le résultat du candidat communiste, avec 7,2%, confirme les bons scores précédents et contraste avec l’effondrement de la « gauche unie »

Seul face à la propagande médiatique sur le déclin du communisme portugais, seul face au rouleau-compresseur de la « gauche unie » PS/Bloc de Gauche, mais fort des derniers scores excellents et en progression obtenus par le PCP et qui démentent la thèse du déclin (8,64% aux présidentielles de 2006 ; 7,86% aux législatives de 2008 ; 10,64% aux européennes de 2009), le candidat présenté par le Parti communiste portugais, Francisco Lopes, réalise un score encourageant, dépassant les 7%, avec 7,2% exactement.

Certes en recul par rapport au score historique de Jeronimo de Sousa en 2006, il convient de rappeler que le score de Lopes dépasse celui réalisé par Abreu aux élections de 2001 (5,16%) et, fait remarquable, il égale presque celui du premier candidat communiste aux présidentielles. En 1976, Octavio Pato avait réalisé 7,59% des voix.

Le candidat communiste réalise ses meilleurs scores dans les bastions historiques du communisme portugais, en particulier dans l’Alentejo où Fransisco Lopes s’empare de la seconde place dans le district de Beja (26,44%), dépasse la barre des 20% dans le district d’Evora (21,67%) et réalise encore un excellent score dans le district de la capitale, Setubal (18,14%).

Le candidat du PCP a déclaré à l’issue du scrutin que : « les centaines de milliers de voix portées sur cette candidature signifient des centaines de milliers de voix qui aujourd’hui se lèvent pour dire que cela suffit, pour exiger le changement, une nouvelle politique, un avenir meilleur (…) Comptez sur notre conviction, notre détermination, notre projet, notre confiance dans les travailleurs, dans le peuple et dans le Pays. Nous avons déjà rendez-vous demain et dans les tous les jours qui suivent dans la lutte qui continue et va s’intensifier pour triompher du déclin national et des injustices sociales, pour construire un avenir pour le Portugal, une société plus juste ».

Au Portugal comme en Grèce, le choix des candidatures présentées par le Parti communiste, sans aucune ambiguïté, paye ! La performance du candidat communiste au Portugal prouve qu’une candidature présentée par le Parti communiste, dans une conception juste du rapport de subordination des des élections par rapport aux luttes, face à la « gauche unie » composée des sociaux-libéraux Parti socialiste et des pseudo-radicaux du « Bloc de gauche » peut faire mieux que résister !


Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

Partager cet article
Repost0
7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 12:08
Les communistes, la nation et l’internationalisme
Article de Jean Lévy sur le site du Comité Valmy

Dans le débat permanent, qui se poursuit au sein du mouvement ouvrier, le lien ou l’opposition entre les concepts de nation et d’internationalisme, sont récurrents. Il y a un siècle, Jean Jaurès, dans une formule fameuse en établit les rapports étroits. Depuis lors la polémique n’a pas cessé.

JPEG - 38.7 ko

Pour nombre de camarades, évoquer « la nation », déployer le drapeau tricolore, c’est sombrer dans l’idéologie bourgeoise, c’est trahir la notion de classe, c’est se placer dans le camp de l’ennemi. Or, quand il s’agit d’assumer la solidarité avec des peuples en lutte pour leur indépendance, ces mêmes camarades défendent bec et ongles le droit de ces peuples à combattre pour leur « libération nationale » et brandissent hardiment leur drapeau, qu’il ait été vietnamien, cubain, ou algérien, hier, ou palestinien aujourd’hui.

Seul, le drapeau français fait exception…

Or, l’indépendance de notre pays n’est-elle pas aliénée de par son intégration forcée dans l’Union européenne ? Les hommes liges de celle-ci se font gloire d’avoir limité la souveraineté de la France et multiplient leurs efforts pour poursuivre plus avant dans cette voie. Leur horizon, c’est l’abandon complète de l’indépendance nationale de chacun des Etats qui composent l’UE, au profit du grand capital européen. Celui-ci a pour perspective la suppression pure et simple des lois et dispositions nationales, acquises par la lutte de chaque peuple. Elles protégent encore trop les travailleurs aux yeux des oligarchies financières et des politiciens à leur service. Les législations sociales sont autant d’obstacles à supprimer, telles les frontières des Etats au sein de l’Europe.

Dans la mesure où cette analyse est partagée, chacun devrait en tirer la conclusion que la reconquête des droits sociaux, et mieux encore la lutte pour une autre société, vont de pair avec le combat pour recouvrer la pleine souveraineté de chaque nation.

Si Cuba, le Venezuela, la Bolivie, peuvent suivre aujourd’hui une voie de développement propre aux intérêts de chacun de leur peuple, c’est que ceux-ci ont rompu les liens d’aliénation avec l’impérialisme US, c’est qu’ils ont d’abord reconquis leur souveraineté.

Pour eux comme pour nous, la libération sociale est inséparable de la libération nationale.

Jean LEVY

 

PNG - 92.5 ko Faut-il rappeler, à ce sujet, ce que notait Georges Dimitrov, dans son journal, le 12 mai 1941, un mois avant l’agression nazie contre l’Union soviétique, donc propos non de circonstance :

« Il faut développer l’idée d’un mariage entre un nationalisme sain et bien compris et l’internationalisme prolétarien. Celui-ci doit reposer sur ce nationalisme dans les divers pays (…) entre le nationalisme bien compris et l’internationalisme prolétarien, il n’y a pas et ne peut y avoir de contradiction. Le cosmopolitisme sans patrie, refusant tout sentiment national et l’idée de patrie, n’a rien à voir avec l’internationalisme prolétarien ».

Domenico Losurdo : « Staline, histoire et critique d’une légende noire » (page 34)

Editions aden


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
7 février 2011 1 07 /02 /février /2011 11:58

La vie du Parti    PCF-OUTILS.jpg       FVER-PCF

Retrouver un état d’esprit subversif...
Réflexions pour des perspectives communistes
dimanche 30 janvier 2011
par  Aimé Couquet, Paul Barbazange

Il est temps de retrouver un état d’esprit subversif. Réflexions pour des perspectives communistes

Point d’appui pour nos candidats aux cantonales, à la présidentielle, aux législatives, point d’appui pour chacun des militants dans l’ensemble des luttes revendicatives et politiques.

En ce début d’année 2011, nous constatons un fait incontournable : une majorité de Français veut une autre politique. Chaque sondage d’opinion le confirme. Une volonté d’autant plus forte que l’automne revendicatif que nous venons de vivre a servi entr’autre à démontrer d’une manière éclatante la collusion de ce pouvoir avec les puissances d’argent. L’affaire Woerth-Bettencourt est sans doute celle qui fait le plus de dégâts pour la droite dans l’opinion publique. Cette affaire a exposé au grand jour la réalité d’un certain nombre de mesures comme le bouclier fiscal à 50 %.

Alors que les français sont sommés de se serrer la ceinture, d’accepter des sacrifices en matière de salaire, des régressions sur le plan des conditions de travail, ils ont découvert qu’une des premières des fortunes de France qui se goinfre déjà de quelques 280 millions d’euros par an sans avoir à lever le petit doigt, avait reçu de l’État au titre du bouclier fiscal près de 100 millions d’euros en trois ans. On comprend mieux pourquoi cette dame n’a pas hésité à mettre la main à la poche pour financer l’UMP.

Pour peu qu’ils y soient aidés par des militants agissant sur des positions de classe, les français font le rapprochement entre la réalité du vécu du plus grand nombre : le train de hausse du premier janvier sur les besoins de première nécessité (Assurances, mutuelles, gaz et électricité, déremboursements de médicaments, forfait hospitalier...etc) et le fait que les actionnaires du CAC 40 vont se partager pour 2010, 43 milliards d’euros, soit 13% de plus qu’en 2009 !

Le vécu de la crise n’est pas le même pour exploiteurs et exploités. Nous ne serons jamais assez nombreux à le souligner.

Si bien que, le chef de l’État, Nicolas Sarkozy, concentre sur sa personne le rejet des français comme aucun Président de la République avant lui. Dans ce domaine aussi chaque sondage d’opinion confirme le précédent. Et pourtant, il continue car « c’est la crise de rentabilité du capital qui contraint le pouvoir à aller vite, très vite dans les sacrifices, quitte à hypothéquer l’avenir de Sarkozy ». Nous connaissons le même scénario dans les autres pays européens qu’ils soient dirigés par des gouvernements de droite ou socialistes.

Populisme de droite ou de gauche, récupération par l’extrême droite sont des risques dans l’actualité. Ce n’est jamais spontanément que naîtront et grandiront les perspectives et le chemin de la rupture nécessaire avec le mode de production capitaliste. En matière de politique comme dans celui de l’idéologie nous avons besoin de constructeurs communistes.

Colère et exaspération sont les sentiments qui dominent, la résignation semble reculer. Pourtant rien n’est certain quant à la traduction politique de cet état d’esprit. Car au delà des grandes campagnes unitaires que nous devons mener contre les différents types de projets mortifères : retraites, éducation nationale, collectivités territoriales, institutions, santé... etc, il n’y a pas un secteur qui ne soit pas touché. Les institutions républicaines pourtant plus que centenaires dans leurs fondements sont aujourd’hui profondément perverties, elles constituent un obstacle majeur, elles doivent être modifiées dans une perspective révolutionnaire.

Nous devons intervenir politiquement.

En 2007, la section de Béziers avait adopté un texte intitulé (peut-être sans modestie) : « Le communisme est l’avenir de l’homme ». Manque de modestie, car nous ne considérons pas avoir le monopole de la lutte pour la transformation de la société. Nous entendons y contribuer avec tous ceux qui y ont intérêt, à égalité de devoir et de droit, et en tirant les leçons des erreurs commises.

Ce texte contenait plusieurs idées à développer, les principales ont gardé trois ans plus tard en pleine résistance populaire à une crise majeure du capitalisme toute leur actualité :

- La concentration capitaliste supranationale et le gigantisme des fortunes privées portent toute la responsabilité de la fracture sociale, en France et dans tous les pays de la planète. Ce sont les sociétés supranationales et leurs valets gouvernementaux qui sont responsables de la mise en cause du salaire et des retraites, de la destruction de la sécurité sociale et de la couverture de santé, des coups portés à l’éducation nationale et à la recherche, de la catastrophe des banlieues et de la désertification de la ruralité. Dénoncer sans relâche les méfaits et l’impasse capitaliste est la première des tâches des communistes,

- Au delà de la droite, il y a aussi le naufrage de la pensée sociale-démocrate qui depuis un siècle n’a cessé de prédire que la paix sociale descendrait sur terre grâce à la concentration capitaliste, et que le « socialisme » surviendrait de lui-même par le développement spontané et mécanique du capitalisme. C’est le contraire qui s’est produit. La voie de la libération de l’exploitation capitaliste n’est donc pas là. Elle n’est pas non plus dans une solution qui écarterait les travailleurs et la grande majorité du peuple de la souveraineté sur l’outil de travail et de toutes les activités dont ils ont besoin. C’est ce qui ressort des expériences de l’ex-Union Soviétique et de l’Union de la Gauche en France. Dénoncer toutes les impasses social démocrates et revenir sans cesse sur la conquête d’une participation toujours plus active des salariés aux affaires est la deuxième des tâches déterminante des communistes,

- Nous avons confiance en l’avenir, et dans les capacités combatives que recèlent les forces unies des travailleurs et des peuples. La solution est là. Elle est dans le mouvement de classe et de masse qui se révélera dès lors que la vérité éclatera sur ce qu’est devenu le mouvement interne, meurtrier et destructeur du capitalisme. C’est cela qui rendra possible le rassemblement de toutes les victimes qui sont l’immense majorité du peuple. C’est cela qui engendrera la mobilisation autour d’objectifs conduisant à la libération de la servitude capitaliste, et à son remplacement par la société autogestionnaire qui seule apportera l’épanouissement social de l’homme vers le communisme. La construction d’un processus continu de rupture avec le capitalisme est la troisième tâche communiste.

Les travaux pratiques dans les luttes et les élections tiennent aux réflexions théoriques des paragraphes précédents. Sur les retraites par exemple, seule la démarche permettant d’associer l’action à la réflexion sur la question du travail et de la production, du capital, a permis d’éviter d’être endormis par l’allongement de l’espérance de vie. A voir la misère se répandre sur les trottoirs de nos villes et au fin fond des banlieues dans les nouveaux bidonvilles, on peut malheureusement craindre un renversement de tendance. Nous vivons un modèle de société à bout de course. Et si le capitalisme avait fait son temps ?

Pour redonner des perspectives communistes, il faut prendre des décisions de caractère révolutionnaire, retrouver l’esprit de la nuit du 4 août et de l’abolition des privilèges. Il faut abolir les privilèges de la finance et retrouver le sens de l’intérêt général, le sens du travail vivant. Dès lors, il faut bien se poser la question de la mise en cause de la propriété privée des moyens de production, des secteurs de la banque et de la finance, du commercial et de la communication.

Notre pays peut d’autant plus retrouver le chemin qui valorise le travail, sans attendre et sans s’abriter derrière le parapluie européen, que l’Allemagne a pris le parti du défi industriel. Cette question de l’activité productive seule créatrice de valeur grâce au travail humain est centrale.

Notre pays ne restera une grande nation qu’au travers de la reconstruction de ses capacités productives. Il ne s’agit pas de moraliser le capitalisme mais de mettre le capital au travail. Au début de ce XXIème siècle, il est plus que jamais d’actualité de renverser la dialectique capital/travail en faveur du second. C’est la seule façon économiquement pertinente de mettre un terme aux agissements antisociaux, antinationaux, inhumains des spéculateurs. Il est bien temps de retrouver un état d’esprit subversif.

L’enjeu politique, idéologique, philosophique, c’est de construire une société nouvelle basée sur la coopération, l’entraide, l’intérêt mutuel : le communisme. De la nation à l’internationalisme : « Peuples de tous les pays unissez-vous ! » Le prolétariat, les peuples du monde doivent aller à la conquête des pouvoirs, jusqu’au pouvoir politique pour porter les communautés d’intérêt, l’intérêt général, l’écologie planétaire, la justice sociale, le promotion de l’homme et la protection de son intégrité de personne.

Plus encore qu’au siècle précédent avec l’accélération de la mondialisation capitaliste, les communistes et les progressistes du monde entier ont besoin d’une Internationale. Communistes et progressistes agissant pour l’éradication du capitalisme pourront y apporter leurs expériences et y puiser énergie. Sa reconstruction est une tâche indispensable.

« Prolétaires de tous les pays unissez-vous ! », le slogan n’a pas pris une ride. C’est le mot d’ordre final du manifeste de Marx et Engels, écrit en 1848. Ce fut le mot d’ordre du congrès de Tours qui donna naissance au Parti Communiste Français, il y a 90 ans.

La pensée et la subversion communistes sont plus actuelles que jamais.

Avec tous les communistes, dans leur grande diversité, organisés ou à réorganiser dans leur parti de classe, avec les candidats communistes à toutes les élections, avec le parti communiste dans la préparation de son 36ème congrès, avec le peuple français dans ses luttes de résistance et de conquêtes

Que vive la lutte des classes

Que vive l’union des exploités pour en finir avec l’exploitation.

Aimé Couquet,

Paul Barbazange,

sur la base du travail collectif de la section de Béziers.


Partager cet article
Repost0
6 février 2011 7 06 /02 /février /2011 13:07

                                                                     MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

 



 
Égypte : une armée formée et armée par le Pentagone


Le 4 fevrier 2011

Photo: AFP/Marco Longari, http://magzweb.info/mgzinfo_06/?p=18769



L'’image des chars d’assaut qui surveillent les centres névralgiques du Caire, entourés par la marée de manifestants, est emblématique. Ce sont des M1A1 Abrams, les terribles tanks états-uniens de dernière génération, qui sont fabriqués en Egypte sur la base d’un accord de coproduction. Ils symbolisent à quel point les Etats-Unis se sont engagés dans la construction des forces armées égyptiennes et l’ampleur de la confiance qu’ils ont accordée au régime de Moubarak. En trente ans, Washington lui a fourni des aides militaires pour une valeur d’environ 60 milliards de dollars, selon les chiffres officiels, à quoi se sont ajoutés d’autres financements secrets.

Actuellement le régime de Moubarak reçoit des USA environ 2 milliards de dollars annuels, se plaçant ainsi parmi les principaux bénéficiaires après Israël. La majeure partie de cette somme est dépensée dans l’achat d’armes états-uniennes. Comme leur valeur  dépasse la disponibilité financière du gouvernement égyptien, celui-ci a accumulé une dette envers les Etats-Unis. Mais Washington a été généreuse : en 1990, pour récompenser l’Egypte de sa participation à l’imminente guerre contre l’Irak, elle lui a accordé une remise de dette militaire de 7 milliards de dollars. Dix ans après, elle lui a concédé un crédit extraordinaire de 3,2 milliards de dollars pour la modernisation des forces armées : celles-ci ont ainsi pu acquérir 24 chasseurs-bombardiers F-16 de dernière génération, 3 batteries de missiles Patriot et d’autres systèmes d’armes avancés. Le Pentagone a en outre fourni aux forces armées égyptiennes des armes qu’il a en excédent, ou qui sont remplacées par d’autres de nouvelle génération, pour une valeur annuelle de centaines de millions de dollars. En même temps il a entraîné des officiers et des soldats égyptiens, surtout des forces spéciales, en organisant l’opération « Bright Star », une grande manœuvre biennale qui se déroule en Egypte avec la participation d’environ 25 mille militaires états-uniens.

De façon significative, dans les commandements établis par le Pentagone à l’échelle mondiale, l’Egypte de Moubarak n’entre pas dans le Commandement Africa mais a été détaché du continent pour être annexé au Commandement Central (CentCom), dont l’aire de responsabilité comprend le Moyen-Orient. L’Egypte, explique le CentCom,  « joue un rôle clé dans l’exercice d’une influence stabilisatrice au Moyen-Orient », en particulier pour « faire face à l’instabilité croissante de Gaza ». Le CentCom continue donc à opérer en contact étroit avec les forces égyptiennes pour « bloquer les envois illicites d’armes aux extrémistes à Gaza, et pour empêcher que l’instabilité de Gaza ne se propage en Egypte et au-delà ». Le gouvernement égyptien, de fait, doit « faire face à une menace extrémiste interne ». L’aide extérieure états-unienne est donc « fondamentale pour renforcer le gouvernement égyptien ».

Dans ce tableau, le thème de la dernière manœuvre « Bright Star » est significatif : « Des opérations militaires en terrain urbain ». Dans la manœuvre, conduite en octobre 2009 sous la direction du Pentagone et avec la participation de forces spéciales états-uniennes, des forces égyptiennes ont été entraînées à combattre une guerre non pas dans le désert mais à l’intérieur d’une grande métropole. La « Bright Star » s’est déroulée dans la « Moubarak Military City », le camp militaire construit exprès pour cette manœuvre, à quoi on a donné évidemment le nom du dictateur.

Tout est prévu, donc, pour affronter la « menace extrémiste intérieure ». Sauf le fait que celle-ci a pris les dimensions d’une insurrection populaire. Sauf le fait qu’on ne sait pas comment vont se comporter ces militaires, en grande partie conscrits, qui à bord des chars d’assaut états-uniens made in Egypt, devraient assurer que l’Egypte, une fois Moubarak déchu, reste dans la sphère d’influence états-unienne.



Militaires étasuniens et égyptiens s'entraînant sur une plage dans la région d'Alexandrie.(2009)
Source : http://www.flickr.com/photos/usnavynvns/4014462578/



Il manifesto, 3 février 2011-02-03

Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Manlio Dinucci est géographe.

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
6 février 2011 7 06 /02 /février /2011 12:59

PierreStambul-leJourdAlgerie.250.jpg

 

Par Pierre Stambul (Bureau National de l’Ujfp)


Intervention à Vannes (29 janvier 2011)


Dans une guerre qui dure en fait depuis près d’un siècle, une issue ou un compromis auraient dû intervenir depuis longtemps. Pourquoi n’est-ce pas le cas ?

 

Le sionisme et la théorie du «  transfert ».


La colonisation sioniste et la création de l’Etat d’Israël se sont accompagnées d’un négationnisme total (j’emploie intentionnellement ce mot qui est très chargé symboliquement dans l’Histoire juive) vis-à-vis des Palestiniens. Dès le départ, pour les futurs Israéliens, la Palestine n’existe pas. Dans les livres scolaires israéliens, on nie l’existence d’un peuple palestinien. On explique que les Ottomans ont installé dans la région des populations venues de diverses régions de l’empire et peu importantes numériquement. Il s’agit de justifier a posteriori un des mensonges fondateurs, l’idée (proférée par Zangwill) de la « une terre sans peuple pour un peuple sans terre ». On y ajoute contre toute vraisemblance quelques énormités comme l’idée que les Juifs auraient toujours vécu en «  Eretz Israël » ou qu’ils sont majoritaires à Jérusalem depuis les années 1800.

Bien sûr, les dirigeants sionistes avaient bien conscience à leur arrivée que les Palestiniens représenteraient un obstacle à leur projet. Les futurs dirigeants Ben Gourion et Ben Zvi pensaient (ils l’ont écrit en 1918) que ces «  fellahs » qui vivaient en Palestine étaient probablement descendants des Hébreux (ils n’avaient pas tort) et que donc, ils accepteraient le projet sioniste (là bien sûr, ils se trompaient). À l’époque, même dans la gauche européenne, le colonialisme est considéré comme un phénomène positif, le monde européen apportant la civilisation à des peuples moins développés. Mais dès l’arrivée des premiers colons sionistes, ce qui est mis en place, c’est une dépossession progressive des Palestiniens de leur propre pays. Le KKL (Fonds National Juif) s’approprie par tous les moyens des terres pour les Juifs. L’Agence Juive crée les embryons d’un futur Etat Juif dans lequel les Non-juifs n’ont aucun droit. Le syndicat Histadrout défend dans ses statuts le « travail juif ». Quand les Palestiniens réalisent ce qui est à l’œuvre, c’est la première grande révolte (Hébron 1929). Dès cette époque, le courant « révisionniste » du sionisme dont le dirigeant est Vladimir Jabotinsky élabore la théorie du transfert. Puisque les Palestiniens sont décidés à résister, il faut élever entre les Juifs et eux une muraille infranchissable. Le concept de ce qui deviendra 70 ans plus tard le Mur (de l’apartheid) est né. Il propose de déporter les « Arabes » au-delà du Jourdain.

Le sionisme a gommé les différences idéologiques. Dire «  gauche sioniste », c’est un oxymore. La droite sioniste a toujours dit et fait. La prétendue gauche sioniste a utilisé la novlangue. Elle a fait et elle continue de faire ce que la droite dit. Dans l’idée de transférer les Palestiniens, les dirigeants sionistes ont reçu une aide précieuse de la part du colonisateur britannique quand celui-ci a réprimé la révolte palestinienne de 1936 (plus de 12000 morts et toute «  l’élite » palestinienne exilée). En 1948, le transfert (l’expulsion des Palestiniens) était programmé avec le plan Dalet. La préméditation de cette entreprise, constamment proclamée par les Palestiniens a été confirmée par les historiens israéliens (entre autres Ilan Pappé) au moment de l’ouverture des archives. Une petite minorité de Palestiniens a échappé à la Naqba (la catastrophe) et a pu rester. 50 ans plus tard, l’historien sioniste Benny Lévy qui a pourtant reconnu les crimes de guerre de la guerre de 48 estime qu’il aurait fallu tous les expulser. Pour gagner les élections de 2001, Ariel Sharon a fait campagne sur le mot d’ordre «  achever la guerre de 48 » et donc expulser tous les Palestiniens, y compris ceux qui ont la nationalité israélienne. En 1967, la conquête et la colonisation étaient programmées. En 1993, signer les accords d’Oslo sans une remise en cause prévue des centaines de milliers de colons établis à Jérusalem et en Cisjordanie n’avait aucun sens.

Aujourd’hui en Israël et c’est tragique, une majorité de l’opinion pense que, tout comme les Amérindiens des Etats-Unis ou les Aborigènes d’Australie, les Palestiniens deviendront à terme totalement marginalisés et incapables de réclamer leurs droits. Les seules nuances portent sur la façon d’en finir (déportation, encerclement dans des bantoustans, Etat palestinien croupion, institutionnalisation de l’Apartheid …). Pour cette opinion, la « légitimité » d’un Etat juif allant de la Méditerranée au Jourdain est indiscutable et les Palestiniens sont des intrus et des terroristes. Les mots d’ordre mille fois répétés (« Arafat est un nouvel Hitler », « les Palestiniens veulent continuer l’œuvre des Nazis ») deviennent des évidences à force d’être martelés.

Une manipulation de l’Histoire et de la Mémoire juives

Il faut lire les sites sionistes pour mesurer l’étendue de la névrose collective actuelle. Des résistants juifs comme Stéphane Hessel ou Edgar Morin sont accusés d’antisémitisme. D’authentiques néonazis regroupés dans une délégation de 35 parlementaires européens d’extrême droite visitent Israël et sont reçus à la Knesset sans aucune protestation. Jean-Marie Le Pen arrive en troisième position aux élections présidentielles dans le vote des Français vivant en Israël. Des crimes évidents et avérés sont niés : le jeune Mohamed tué dans les bras de son père devant la colonie de Netzarim à Gaza, les Turcs du Mavi Marmara accusés d’avoir agressé les soldats israéliens, la mort — après avoir reçu une grenade— d’une Palestinienne de Bil’in présentée comme une manipulation ... Comment en est-on arrivé là ? Sans le sionisme, c’est incompréhensible.

Le sionisme est une réponse, fausse, à l’antisémitisme. Il repose dès le départ sur une «  théorie de la séparation », l’idée que l’antisémitisme est inéluctable, que Juifs et Non-juifs ne peuvent pas vivre ensemble. Les sionistes n’ont joué qu’un rôle négligeable dans la lutte contre l’antisémitisme et dans la lutte contre les pogromistes. Au contraire dès le début, ils ont utilisé l’antisémitisme pour inciter les Juifs à partir.

Pour un tel projet, il a fallu récrire l’histoire. D’abord à qui s’adresser ? Il existait de nombreuses communautés juives ayant une communauté de destin liée à la religion. Ces communautés avaient des langues différentes (ladino, judéo-arabe, yiddish …), des coutumes et des rites différents. Les sionistes ont présenté la diaspora comme une parenthèse inintéressante faite de souffrances à laquelle le « retour » mettrait fin. Alors que la majorité des fondateurs du sionisme n’étaient pas croyants, ils ont utilisé la Bible comme un livre de conquête justifiant un projet colonial.

Les plus grands archéologues israéliens (Finkelstein et Silberman) ont écrit dans « La Bible dévoilée » que le discours biblique est légendaire. La thèse de ce livre fait, sauf sur des détails, très largement consensus parmi les historiens et les archéologues. La conquête sanglante de Canaan par Josué n’a pas existé. Et pourtant, quand on traverse la Cisjordanie, on rencontre plein de colonies aux jolis noms bibliques (Efrat, Shilo, Eli, Kiryat Arba …) dont les habitants sont persuadés qu’ils reviennent sur la terre de leurs ancêtres et reproduisent l’acte de Josué. À l’époque du prétendu royaume unifié de David et Salomon, Jérusalem était un petit village de l’Age de Fer. Et pourtant dans le quartier de Silwan à Jérusalem-Est, on exproprie des Palestiniens pour faire visiter la «  maison de David », le « Parc de David » …La migration des Hébreux depuis la Mésopotamie n’a pas eu lieu. Mais à Hébron, pour que les Israéliens aient seuls la possession du prétendu tombeau d’Abraham (le caveau des Patriarches), un colon extrémiste a tué 29 Palestiniens. Dans son livre «  Comment le peuple juif fut inventé », Shlomo Sand met à bas les mythes fondateurs du sionisme : il n’y a eu ni exil, ni retour. La religion juive, qui a été longtemps prosélyte, s’est dispersée mais pas le peuple. Autrement dit les Juifs d’aujourd’hui sont majoritairement descendants de convertis et les Palestiniens sont majoritairement descendants … des Hébreux. Les sionistes qui entreprennent de réfuter ces deux livres utilisent des arguments invraisemblables, comme l’idée que la «  Terre Sainte » aurait eu trois millions d’habitants au moment de la destruction du Temple.

Aujourd’hui en Israël, le « mal absolu », c’est l’Arabe, c’est l’Islam. Le pays partage avec les dirigeants américains la même conception du monde. On trouve en Israël de plus en plus de textes décrivant la vie qu’ont menée les Juifs du monde arabe comme un enfer. Là encore, l’histoire est manipulée. Le statut de « dhimmi » accordé à toutes les religions du livre dans les pays musulmans n’a certes rien à voir avec la citoyenneté, mais c’était une forme de protection et cela n’a rien à voir avec le traitement des minorités dans le monde chrétien. Avant le sionisme, il n’y a eu en pays musulman rien de comparable aux pogroms qui se sont multipliés en Europe. Il existe plusieurs périodes dans ce qu’on appelle l’antisémitisme. Pendant 15 siècles en Europe, il y a eu l’antijudaïsme chrétien. Judaïsme et Christianisme ont été longtemps en concurrence. Quand le christianisme a triomphé, il a imposé toute une série d’interdits dont la possession de la terre, il a enfermé les Juifs dans des quartiers confinés, il a propagé des stéréotypes racistes et a été à l’origine de nombreux pogroms ou expulsions collectives. C’est paradoxalement la sortie du ghetto et l’émancipation des Juifs en Europe qui a provoqué le passage de l’antijudaïsme chrétien à l’antisémitisme racial, le juif personnifiant l’obstacle à tous les nationalismes européens qui rêvaient d’Etats ethniquement purs.

Là aussi, les sionistes réécrivent l’histoire. Ils essaient de faire croire que pendant ces longs siècles d’oppression, les Juifs rêvaient d’un «  retour à Jérusalem ». C’est bien sûr faux. Quand l’empire ottoman a offert asile aux Juifs chassés d’Espagne, ceux-ci sont allés à Salonique ou Smyrne et pas en Palestine. Les sionistes passent sous silence le fait que toutes les personnalités juives ou d’origine juive devenues célèbres, de Spinoza à Freud en passant par Marx ou Einstein n’ont rien à voir avec le sionisme. Ils oublient le rôle fondamental des femmes et des hommes d’origine juive dans les mouvements progressistes. Un parti comme le Bund, parti révolutionnaire juif dans l’empire tsariste était profondément antisioniste. Jusqu’à la deuxième guerre mondiale, le projet sioniste était très minoritaire chez les Juifs et moins de 5% des Juifs du monde entier avaient immigré.

Les sionistes ont inventé l’idée que les communautés juives du monde entier, des Polonais aux Falachas, des Marocains aux Baltes formaient un même peuple. Ils se sont acharnés à effacer les langues, les cultures et les traditions pour imposer une identité unique, une langue unique, un « homme nouveau » avec les clichés colonialistes du pionnier se battant et défrichant son pays. Ils ont utilisé la religion et une idée de race pour définir qui était juif et avait donc tous les droits dans le futur Etat juif et qui ne l’était pas. Ils ont cultivé le « complexe de Massada » selon lequel les Juifs ont été, sont et seront toujours des victimes. Au nom de ce complexe, la souffrance et l’identité de «  l’autre » n’existent plus. D’ailleurs, le deuxième pays après la Turquie à nier le génocide arménien est Israël, comme si le seul génocide existant était celui des Juifs.

D’où vient l’impunité d’Israël ?

Face à l’opinion publique mondiale, la légitimité d’Israël vient de deux idées. Le sionisme serait un mouvement de libération national et l’idée d’un Etat Juif en Palestine serait indiscutable après le génocide nazi.

Examinons cela. Le sionisme a curieusement puisé dans un terreau idéologique commun à tous les nationalismes européens de la fin du XIXème siècle. À l’époque de la chute des empires multinationaux, l’équation un peuple = un Etat s’est imposée avec le rêve fou d’Etats ethniquement purs. Cette idée meurtrière a été la cause de nombreuses guerres et elle a contribué à la montée du nazisme. Le sionisme a été un nationalisme très particulier puisqu’il a dû inventer le peuple et choisir artificiellement un territoire. Cette affinité idéologique avec les pires nationalismes explique l’admiration que Jabotinsky avait pour Mussolini.

La déclaration Balfour (1917) éclaire les rapports des sionistes avec les dirigeants européens. Les antisémites qui deviennent idéologiquement hégémoniques à cette époque considèrent les Juifs comme des étrangers «  asiatiques » inassimilables. Balfour était, comme la plupart des politiciens de l’époque, un antisémite. Faire de la Palestine un foyer juif avait un double but. D’un côté se débarrasser des Juifs européens et de l’autre coloniser le Proche-Orient. Bref les Juifs qui étaient des parias en Europe devenaient des Européens s’ils partaient en Palestine.

Les sionistes ont-ils joué un rôle dans la résistance juive au nazisme ? Un faible rôle, cette résistance a été essentiellement communiste et bundiste. Pire, certains sionistes ont été aveugles ou complices. Ainsi Ben Gourion en 1933 a brisé le boycott de l’Allemagne nazi décrété par les Juifs américains. Et le futur Premier Ministre Itzhak Shamir, un des dirigeants du groupe Stern, a fait assassiner des soldats britanniques jusqu’en 1943 alors que le génocide avait déjà provoqué des millions de morts en Europe.

Après la guerre, il y a un consensus mondial pour la création de l’Etat d’Israël. Pour les Soviétiques, c’est l’espoir d’affaiblir l’empire britannique. Les armes tchèques livrées à la Haganah joueront un rôle important dans la guerre de 48. Pour l’Europe, il y a l’idée de la «  fin du problème juif », puisqu’ils auront désormais un pays.

Après 1945, il y a dans des camps en Europe des centaines de milliers de survivants du génocide. Le Yiddishland a disparu, ils demandent des visas pour différents pays. Contraints ou forcés, ils finissent par partir en Palestine. L’Europe s’est débarrassée de son crime sur le dos du peuple palestinien qui n’avait pas la moindre responsabilité dans le génocide. La propagande sioniste affirme l’inverse en pointant du doigt le seul dirigeant palestinien pronazi, le mufti Amine El Husseini. Dans son livre « Les Arabes et la Shoah », Gilbert Achkar montre que le mufti était totalement isolé.

Il n’y a donc pas sentiment de culpabilité des Européens sur l’antisémitisme mais soulagement. Réparer la persécution aurait été dire « vous avez été des parias, vous connaîtrez désormais égalité et fin des discriminations ». On leur a dit : « maintenant vous avez un pays, vous partez quand vous voulez ». Bref les Européens qui soutiennent inconditionnellement Israël ne sont pas franchement philosémites.

Le jeune Etat israélien a très mal accueilli les rescapés du génocide accusés par les religieux de s’être mal conduits et par les sionistes d’avoir été déportés et exterminés passivement au lieu de se battre pour «  leur » pays. Ces rescapés sont toujours maltraités puisque la moitié des survivants vivant en Israël sont sous le seuil de pauvreté, faute de retraites décentes. Dès la fin des années 50, l’Etat d’Israël voit le profit à tirer d’une récupération complète de la question du génocide. C’est l’époque de la création du musée Yad Vashem (sur le territoire du village martyr Deir Yassine) et du procès Eichmann. Israël se présente comme un havre de paix pour les Juifs du monde entier. Il est vrai que beaucoup de Juifs ne savaient pas où aller ou que la résurgence d’un puissant antisémitisme en Europe de l’Est détachait les Juifs de ces pays du communisme et les poussait à vouloir émigrer. Mais en même temps, le sionisme a mis en danger les Juifs du monde arabe où ils vivaient depuis très longtemps et a provoqué leur exode. Aujourd’hui, s’il y a bien un pays où les Juifs sont en insécurité, c’est Israël et il en sera ainsi tant que durera la destruction de la Palestine. L’assimilation systématique de toute critique d’Israël à l’antisémitisme est grotesque. Israël n’a aucun droit de propriété sur l’antisémitisme ou le génocide. Au contraire, les ressemblances idéologiques entre ce qui a mené au fascisme et ce que font les dirigeants israéliens (la négation de « l’autre ») mériteraient d’être davantage examinées. À l’antisémitisme traditionnel s’ajoute aujourd’hui un « antiisraélisme » que les sionistes veulent assimiler à l’antisémitisme.

Israël est devenu, ce qui n’était pas inéluctable, une tête de pont occidentale au Proche-Orient. C’est aujourd’hui la raison principale du fait que, quelques soient les crimes commis, il n’y a jamais de sanctions. L’Etat d’Israël surarmé, dépensant l’essentiel de son budget dans l’armement et les technologies de pointe, c’est l’Etat rêvé par les dirigeants occidentaux. Penser qu’ils souhaitent un Etat d’Israël vivant en paix et sur un pied d’égalité avec les Palestiniens est une illusion. Dans leurs rapports avec les Etats-Unis, les dirigeants israéliens savent que tout leur est permis vis-à-vis des Palestiniens et que jamais les Etats-Unis ne les en empêcheront. Obama vient d’en faire la preuve.

La destruction de la Palestine

Il n’y a pas de génocide en Palestine. Pendant le massacre de Gaza (l’opération « plomb durci »), il y a eu 1400 morts et de nombreux crimes de guerre. Cela représente 0,1% de la population de Gaza. Il est plus exact de parler de «  sociocide », de destruction du lien social, de l’économie, de l’unité territoriale. L’occupation a fait éclater la Palestine en 5 entités distinctes.

* Il y a avant tout les réfugiés. Les Palestiniens sont un peuple de réfugiés. La première violation flagrante et impunie de l’Etat d’Israël a été de ne pas appliquer la résolution 194 de l’ONU (décembre 1948) qui reconnaît le droit au retour des réfugiés. Non seulement ce retour des 800000 expulsés a été immédiatement interdit, mais la quasi-totalité de la terre palestinienne a été confisquée par l’Etat ou le KKL. Des centaines de villages palestiniens ont été rayés de la carte et dynamités. Parmi les associations anticolonialistes israéliennes, il y en a une, Zochrot, qui recherche tous les anciens villages palestiniens et les fait visiter aux descendants des expulsés. Il y a aujourd’hui plus de 4 millions de Palestiniens qui dépendent de l’UNRWA, sans compter ceux qui ont émigré hors du Proche-Orient. Pour les Israéliens, ce sont des «  Arabes » et les pays arabes n’ont qu’à les intégrer. C’est du négationnisme. Nier le droit au retour des réfugiés, c’est nier le crime fondateur, le nettoyage ethnique de 1948-49.

* Il y a les « Palestiniens de 48 » qui ont théoriquement la nationalité israélienne. Dans un Etat qui se dit Juif, ils sont des étrangers dans leur propre pays. Ils subissent de très nombreuses discriminations à la possession de la terre, au logement, à l’éducation et au travail. De très nombreux métiers leur sont interdits. Les taux de chômage ou de pauvreté chez eux sont très supérieurs à ceux des Israéliens juifs. Il existe de nombreux villages palestiniens non reconnus sans eau, sans électricité, sans route, sans école. La situation des Bédouins du Néguev est particulièrement scandaleuse. Plus de 100000 d’entre eux vivent dans des bidonvilles en plein désert. Dès qu’ils construisent un village, celui-ci est détruit à l’image du village d’Al-Araqib déjà détruit 9 fois. Les Palestiniens de 48 votent pour 3 partis : le parti communiste (Hadash), le Balad et le Ta’al. La répression contre eux est féroce. Le fondateur du Balad, Azmi Bishara, s’est exilé pour éviter la prison. Autre députée du Balad présente sur le Mavi Marmara, Haneen Zoabi a été agressée en pleine Knesset. Et Ameer Makhoul, le principal animateur d’Ittidjah, l’ONG qui défend les droits civiques des Palestiniens de 48, est en prison pour de nombreuses années, accusé «  d’espionnage ».

* Il y a Gaza, devenu un laboratoire à ciel ouvert. Une région surpeuplée (4000 habitants au kilomètre carré) dans laquelle 8000 colons ont longtemps occupé 40% de l’espace. Les Palestiniens ont eu des élections législatives parfaitement démocratiques et ils ont été cruellement punis d’avoir «  mal » voté. Le blocus qui prive les Gazaouis de nourriture, d’électricité, d’eau, de ciment, de matériel scolaire en quantité suffisante et qui leur interdit de sortir ou de pêcher est un crime de guerre. Briser ce blocus est urgent et la prochaine flottille qui partira en mai a une grande importance. La division des Palestiniens qui n’ont pas d’Etat mais qui ont deux gouvernements rivaux est une grande victoire de l’occupant. Pour les Israéliens, l’essentiel est de «  ne pas avoir de partenaires pour la paix ». Quand les Palestiniens étaient majoritairement laïques, les Israéliens ont pourchassé et assassiné leurs militants en favorisant la montée des religieux. Quand le Hamas est devenu puissant, ses dirigeants (le Cheikh Yassine, Ahmed Rantissi) ont été assassinés sans jugement. En Israël, la population de Gaza a été « déshumanisée » dans l’opinion, assimilée à une bande de terroristes, ce qui explique l’absence quasi totale de réaction d’indignation lors de «  Plomb durci ». L’évacuation de Gaza par Sharon a été un trait de génie. Les Palestiniens sont en train de devenir majoritaires entre Méditerranée et Jourdain. Sans Gaza, les Juifs israéliens seront encore majoritaires pendant longtemps.

* Jérusalem est devenu un point central de la guerre. Quand les Israéliens ont conquis Jérusalem-Est en 1967, il y avait la vieille ville et quelques quartiers autour. Jérusalem-Est s’étend aujourd’hui de Ramallah à Bethléem sur 4% de la Cisjordanie. Dans cette ville, il y a 300000 Juifs Israéliens à l’Ouest, 270000 Palestiniens à l’Est et 250000 colons. La judaïsation de Jérusalem-Est se fait à marche forcée. Les colonies périphériques comme Pisgat Zeev sont progressivement intégrées à l’espace urbain grâce notamment au tramway construit par Alstom et Véolia. Tout est prétexte pour construire de nouvelles colonies. Ainsi la forêt qui existait entre Jérusalem et Bethléem a brûlé le premier jour des négociations Barak-Arafat. C’est aujourd’hui la colonie de Har Homa qui arrive aux fenêtres de la mairie de Bethléem. La judaïsation frappe à présent les quartiers palestiniens. Déjà un quart de la vieille ville a été confisqué et ses habitants expropriés. Ce sont aujourd’hui les quartiers de Sheikh Jarrah et Silwan qui sont attaqués. On est clairement à Jérusalem dans une guerre de conquête où tout est permis.

*Enfin la Cisjordanie. Les Palestiniens y sont beaucoup plus nombreux que les colons, mais ces derniers les encerclent et les asphyxient. On assiste à une colonisation spatiale. Les Israéliens installent partout des stations- service, des zones industrielles, des décharges et la terre palestinienne est inexorablement réduite. Les colonies existantes disposent d’énormes espaces pour s’agrandir. Certaines sont devenues de véritables villes. Les Chrétiens sionistes américains, qui sont accessoirement des antisémites, ont largement financé la colonisation. La frontière internationalement reconnue n’existe plus et il faut une carte française pour s’apercevoir que l’autoroute Tel-Aviv/Jérusalem traverse les territoires occupés ou que l’usine de cosmétiques Ahava est en Cisjordanie. Toutes les grandes villes palestiniennes sont encerclées par les colonies et le mur. Celui-ci prive la Cisjordanie d’une large partie de son territoire. La vallée du Jourdain est quasiment totalement annexée. La Cisjordanie est morcelée avec trois statuts différents (zones A, B et C) et des centaines de check-points. L’annexion n’est plus rampante, elle est omniprésente. Quand on traverse la Cisjordanie par les routes de contournement, on ne voit plus la Palestine. Pour aller de Ramallah à Bethléem, les Palestiniens doivent faire un large détour et utiliser des routes chaotiques. L’économie réelle est réduite à peu de choses faute de possibilité d’investir et de commercer. Les Palestiniens en sont réduits à devoir acheter leur eau aux Israéliens. Bref, comme l’a écrit Zyad Clot, « il n’y aura pas d’Etat palestinien » car l’occupant a détruit la possibilité d’en faire un.

Quelle paix ?

Les Palestiniens ont fait une concession majeure en 1988 à Alger en acceptant de limiter le futur Etat palestinien à 22% de la Palestine historique. C’est sur cette base qu’ont été signés les accords d’Oslo et cela a été un gigantesque fiasco et un marché de dupes. Les Palestiniens ont reconnu Israël et Israël n’a fait que reconnaître l’OLP. Il n’a jamais été question pour les dirigeants sionistes d’accepter de rendre les territoires occupés et, soit d’évacuer les colons, soit de les pousser à accepter la nationalité palestinienne. Il n’a jamais été question de reconnaître le droit au retour des réfugiés. Entre la signature des accords d’Oslo et son assassinat, en un an et demi, Rabin a installé 60000 nouveaux colons. Pourquoi ?

À aucun moment, les négociations ne sont parties du droit international ou de l’égalité des droits entre deux peuples numériquement de même importance. La négociation a porté sur la « sécurité de l’occupant » et les accords ont attribué à l’Autorité Palestinienne un rôle de collabo avec l’occupant qui est aujourd’hui très critiqué par les Palestiniens. Même à Gaza, le Hamas subit le même phénomène. Gouverner sans souveraineté ne mène nulle part.

Une vraie négociation devrait partir de la reconnaissance du crime fondateur (le nettoyage ethnique de 1948) et des moyens de «  réparer ». Commencer par là, c’est dire que le projet sioniste est illégitime. Les Blancs sud-africains ont pu dire que l’Apartheid était un crime pour faire la paix, les sionistes ne peuvent pas reconnaître la Naqba. Avec le sionisme, les Palestiniens seront toujours des intrus, les plus modérés cherchant à atténuer leur malheur.

La paix passe donc par un dépassement du sionisme ou une rupture avec le sionisme. L’existence d’un Etat Juif est illégitime. Rappelons que le seul « Etat Français » a été le régime de Vichy. Le droit international ne reconnaît que des sociétés où toutes les personnes, quelles que soient leurs origines ou leur religion, ont les mêmes droits. L’Etat Juif tel qu’il existe ne laissera jamais de place aux Palestiniens et ne peut pas accepter l’égalité des droits. La paix supposerait la fin de l’occupation, de la colonisation, le partage du territoire et des richesses, l’égalité des droits. Avec le sionisme, c’est impossible.

Le peuple israélien existe même s’il y a beaucoup à dire sur la façon dont il s’est formé. Shlomo Sand dit à ce propos qu’un enfant né d’un viol a droit aussi à l’existence. Même lui qui est partisan de deux Etats dit qu’un Etat Juif ne peut pas être démocratique. Si la paix passe par deux Etats, il n’y a aucune raison que ce soit sur la base 78%-22%.

La politique sioniste est aujourd’hui à la fois criminelle contre les Palestiniens et suicidaire pour les Israéliens. En détruisant la possibilité de deux Etats, les Israéliens vont se retrouver avec une lutte citoyenne pour les droits civiques dans ce qui ressemble de plus en plus à un Etat unique. Ils sont prêts à écraser les Palestiniens jusqu’au bout.

Nous n’avons pas le choix. Pour arrêter cette fuite en avant criminelle, vue l’absence durable de sanctions de la part des Etats, les citoyens doivent répondre à l’appel de 172 associations palestiniennes qui date de 2005 : BDS (boycott, désinvestissement, sanctions). Boycott total : commercial, économique, politique, scientifique, culturel, sportif … de l’Etat d’Israël tant que durera l’occupation. Il faut atteindre l’image d’Israël. Face à Michèle Alliot-Marie qui prétend que boycotter est un acte antisémite, il faut opposer ce que dit un anticolonialiste israélien, l’universitaire Neve Gordon : «  je suis pour le boycott, c’est la seule façon de sauver mon pays ».

Pierre Stambul

Partager cet article
Repost0
6 février 2011 7 06 /02 /février /2011 12:53
cachan1.jpg
Avant d’être débattu et voté en séance publique, chaque projet ou proposition de loi est examiné par l’une des six commissions permanentes du Sénat : Lois, Finances, Affaires économiques, Affaires étrangères et Défense, Affaires culturelles, Affaires sociales. Classées par commissions, retrouvez ici les interventions générales, les motions de procédure et les explications de vote des sénateurs du groupe CRC-SPG.

 

Immigration, intégration et nationalité


Par Eliane Assassi Sénatrice communiste / 2 février 2011


Monsieur le président, monsieur le ministre, mes chers collègues, sauf oubli de ma part, ce projet de loi est le septième texte relatif aux étrangers présenté par la droite depuis 2003, soit sept réformes en sept ans !


Permettez-moi de vous les rappeler : en 2003, loi relative à la maîtrise de l’immigration, au séjour des étrangers en France et à la nationalité et loi relative au droit d’asile ; en 2004, loi élargissant les conditions d’expulsion du territoire ; en 2006, loi relative à l’immigration et à l’intégration et loi relative au contrôle de la validité des mariages ; en 2007, loi relative à la maîtrise de l’immigration, à l’intégration et à l’asile ; cette année, enfin, présent projet de loi.

C’est dire votre acharnement, votre obsession, mes chers collègues de la majorité, à procéder au démantèlement du statut des étrangers, en n’omettant jamais au passage de stigmatiser et de criminaliser les populations étrangères, voire celles qui sont issues de l’immigration.

Je tiens à rappeler en cet instant les très nombreuses régressions qui ont été adoptées en matière de regroupement familial et d’asile, au nom de l’immigration choisie.

La transposition de directives européennes, monsieur le ministre, n’est en l’occurrence qu’un prétexte qui vous sert à justifier votre réforme et vous permet de faire de la surenchère en allant bien au-delà des recommandations européennes.

Il est utile de souligner que le texte déposé par votre prédécesseur intervient aujourd’hui dans une période électorale qui est l’occasion pour vous de flatter à la fois l’électorat du Front national, afin de récupérer des voix nouvelles, et la frange de votre électorat la plus extrême, qui pourrait être tentée par les sirènes du Front national. (Protestations sur les travées de l’UMP.- Approbations sur les travées du groupe CRC-SPG.) Son examen va occuper le terrain politique pendant la campagne des élections cantonales puis, en raison de la navette, pendant celle des élections présidentielles.

Le projet de loi intervient également dans le contexte aggravé encore et toujours par vos orientations politiques de crise économique et sociale que connaît notre pays. Cette crise vous permet de désigner à l’envi des boucs émissaires responsables de tous nos maux : les étrangers, bien évidemment !

Ce texte intervient enfin après le débat nauséabond sur l’identité nationale, dont le principal effet a été de libérer la parole raciste dans le pays.

Mme Bariza Khiari. C’est vrai !

Mme Éliane Assassi. Le décor est planté !

Avec cette nouvelle réforme, vous traitez, comme à votre habitude, la question migratoire essentiellement sous l’angle sécuritaire et répressif. Vous n’hésitez pas à faire, une fois n’est pas coutume, des amalgames douteux entre immigration et délinquance, terrorisme compris, comme si l’une se nourrissait de l’autre et réciproquement. Je pense à l’assignation à domicile avec surveillance électronique réservée jusqu’à présent aux délinquants, à la création du délit de mariage gris, à l’abus de droit au séjour ou à la déchéance de la nationalité. L’étranger est sans cesse perçu comme un délinquant, voire un ennemi.

Le récent examen du projet de loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure, dit « LOPPSI 2 », confirme, si besoin en était encore, cette tendance à assimiler l’étranger à un délinquant, à moins que ce ne soit l’inverse. J’en veux pour preuve le fait que certaines des dispositions du texte précité télescopent, en quelque sorte, celles du présent texte !

Qui plus est, la LOPPSI 2 issue des travaux de la commission mixte paritaire va être examinée le 8 février, soit en plein cœur du débat sur l’immigration.

Vous n’hésitez pas non plus à remettre en cause au passage les grands principes contenus dans la Constitution, la Déclaration universelle des droits de l’homme, des textes internationaux ratifiés par la France, comme l’évoquera tout à l’heure mon amie et collègue Josiane Mathon-Poinat, à l’occasion de la présentation de la motion tendant à opposer la question préalable.

Le projet de loi est donc un ramassis de dispositions plus choquantes les unes que les autres, et le vocabulaire utilisé est insupportable.

Mme Catherine Troendle. C’est inadmissible !

Mme Éliane Assassi. J’assume tout à fait mes propos, ma chère collègue !

Ainsi, après les termes « immigration subie », « immigration choisie », vous employez à présent des expressions telles que « charge déraisonnable pour le système d’assistance sociale »,…

M. Louis Nègre. Mais qui paie ?

M. Guy Fischer. Les immigrés sont tous des fraudeurs !

Mme Éliane Assassi. … « bannissement », « assimilation », terme qui fait explicitement référence à l’époque coloniale ! Mais comment s’en étonner de la part de ceux qui prônent le rôle positif de la colonisation ?

Ce projet de loi – comme tous ceux qui l’ont précédé – est inutile, inefficace, inconstitutionnel, idéologiquement dangereux et pervers.

C’est un texte de circonstance qui fait suite à plusieurs faits divers : je pense, notamment, à l’arrivée de plus d’une centaine de Kurdes sur les côtes corses, arrêtés puis libérés par le juge des libertés et de la détention en raison d’irrégularités de procédure, et à la destruction de camps occupés par des ressortissants roumains et bulgares, dont l’expulsion collective a défrayé la chronique et valu à la France, ne vous en déplaise, une condamnation à l’échelon européen.

M. Brice Hortefeux, ministre. Laquelle ?

Mme Éliane Assassi. N’oublions pas non plus le discours très dur de Nicolas Sarkozy, prononcé à Grenoble et dans lequel il a évoqué, notamment, la réévaluation des motifs donnant lieu à la déchéance de nationalité, propos que n’ont pas manqué de reprendre, sous forme d’amendements, les députés UMP.

Le Gouvernement, aidé en cela par sa majorité parlementaire, a ainsi développé tout un catalogue de mesures pour supprimer ce qu’il estime être des obstacles à sa politique d’enfermement et d’expulsion du territoire des étrangers, à savoir l’intervention du juge des libertés et de la détention jugée trop laxiste, des possibilités de recours pour irrégularité contre des décisions de placement en rétention et d’expulsion bien trop nombreuses, à la différence des obstacles à la délivrance de titres de séjour, à l’intégration des étrangers.

Vous avez même profité de ce texte pour étendre et pérenniser en outre-mer le régime dérogatoire au droit commun applicable aux étrangers, comme s’il s’agissait d’une terre d’exception.

Tout y est, ou presque ! Ne manque plus, dans le présent projet de loi, que la remise en cause du droit du sol au profit du droit du sang, et l’édification de murs à nos frontières !

Je le dis d’emblée, ce ne sont pas les modifications adoptées en commission des lois qui vont nous faire changer d’avis, tant elles constituent un mini-dépoussiérage, de la poudre aux yeux. Nous ne sommes pas dupes !

Ce projet de loi a pour objet la maîtrise autoritaire de l’immigration, avec, d’une part, le renforcement du concept de l’immigration choisie symbolisé par la fameuse carte bleue européenne, et, d’autre part, la multiplication des dispositions restrictives et répressives à l’encontre de tout étranger depuis son arrivée en France jusqu’à son expulsion.

En effet, premièrement, vous voulez empêcher à tout prix les étrangers d’entrer en France. Pour ce faire, vous avez créé, en particulier, ce que l’on appelle des zones d’attente « sac à dos » : l’étranger arrivant en France apporte avec lui, en quelque sorte, sa zone d’attente. Cette zone d’attente virtuelle, même remaniée en commission, a pour objet essentiel de faciliter le refoulement, en catimini et loin de tout regard extérieur, de tout groupe d’étrangers arrivant en tout point du territoire.

M. Guy Fischer. Voilà la vérité !

Mme Éliane Assassi. Cette mesure est grave, car elle empêchera les intéressés de faire valoir leur éventuelle qualité de réfugiés, assouplira considérablement les règles en matière de notification des droits de ces derniers, et restreindra les pouvoirs du juge des libertés et de la détention.

Par ailleurs, les possibilités de recourir à la procédure prioritaire en matière d’asile sont facilitées, ce qui est inquiétant, cette procédure constituant un frein à la reconnaissance du statut de réfugié.

Une fois encore, l’amalgame entre immigration irrégulière et demandeurs d’asile, notions qui, pourtant, n’ont rien à voir, est fait !

Deuxièmement, pour ceux qui auraient tout de même réussi à entrer en France,…

M. Brice Hortefeux, ministre. Il y en a !

Mme Éliane Assassi. … vous avez prévu des mesures les empêchant de se maintenir sur le territoire national, qu’il s’agisse des mariages gris, blancs – appelez-les comme vous le souhaitez –, de la stigmatisation des populations roumaines et bulgares, pourtant parties intégrantes de l’Union européenne, par le biais de l’abus de droit au séjour.

Les obstacles sont également multipliés : remise en cause du droit au séjour pour les étrangers gravement malades, contrôle de l’assimilation…

Mme Catherine Troendle. C’est très important !

Mme Éliane Assassi. … par le biais de la signature de la charte des droits et devoirs, aux contours très flous, de la maîtrise de la langue française, ou bien encore durcissement des conditions lors du renouvellement de la carte de séjour.

La question de fond n’est pourtant pas celle de l’intégration ou de l’assimilation,…

M. Guy Fischer. Les colonies, c’est terminé !

Mme Éliane Assassi. … concepts utilisés à des fins idéologiques pour masquer les échecs patents des politiques de ceux qui nous gouvernent en complicité totale avec le MEDEF. (M. Louis Nègre s’exclame.) Nous parlerons des patrons voyous au cours du débat, mon cher collègue.

La question de fond est celle des inégalités qui ne permettent pas aux populations, singulièrement celles qui demeurent dans les quartiers populaires, de vivre bien dans notre société.

Est-on intégré quand on pointe à Pôle emploi, quand on ne peut plus se soigner, quand on est mal logé, quand on vit de petits boulots, sous le seuil de pauvreté ? Non ! Faut-il rappeler dans cette enceinte que des millions de nos concitoyens subissent cette situation, comme en témoigne le dernier rapport de la fondation Abbé Pierre ?

M. Guy Fischer. Et que n’avons-nous entendu !

Mme Éliane Assassi. Je ne vois pas comment les travailleurs sans papiers pourraient s’intégrer, eux qui subissent une quadruple peine : ne pas pouvoir obtenir de titre de séjour, être exploités par des patrons voyous – le présent texte les protège toujours –, être mal logés, enfin ne pas pouvoir se soigner en raison de la récente remise en cause de l’aide médicale de l’État, l’AME. À ce sujet, il s’en est fallu de peu de voir réapparaître l’article 17 ter dans le projet de loi. En effet, l’un de nos collègues UMP avait déposé en ce sens un amendement, fort heureusement rejeté par la commission des lois ce matin. La vigilance s’impose donc.

Ces attaques représentent une aberration en termes de santé publique, et une atteinte à la dignité humaine.

Troisièmement, pour ceux qui auraient réussi à entrer en France, passé tous les obstacles, même s’ils ont été naturalisés, l’épée de Damoclès planera toujours au-dessus leur tête, la suspicion sera toujours présente. Ce ne seront jamais de bons Français à vos yeux. C’est pourquoi vous avez prévu la déchéance de nationalité au cas où ils tueraient un magistrat ou des représentants des forces de l’ordre !

M. Louis Nègre. C’est grave !

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Ce n’est pas grave quand c’est un Français ?

Mme Éliane Assassi. Mon cher collègue, tout assassinat est grave, quelle que soit la situation ou la fonction de l’auteur de cet acte !

L’Assemblée nationale a également souhaité étendre le délai durant lequel un décret de naturalisation ou de réintégration de la nationalité française peut être rapporté en cas d’erreur ou de fraude.

Les conditions d’accès à la nationalité française sont, elles aussi, durcies.

Quatrièmement, eu égard aux mesures restrictives contenues dans ce texte qui vont avoir pour effet de multiplier le nombre de sans-papiers, vous allez devoir faciliter et rendre effective l’expulsion de ceux-ci.

C’est ce que vous vous appliquez à faire en « rognant » les droits des étrangers placés en centre de rétention : augmentation de la durée d’enfermement pouvant aller jusqu’à quarante-cinq jours – mesure disproportionnée et inutile par rapport à la finalité visée –, tentative de reporter l’intervention du juge des libertés et de la détention, limitation des pouvoirs de celui-ci en cas d’irrégularités, renforcement des pouvoirs accordés à l’administration au détriment du pouvoir de contrôle du juge judiciaire, pourtant garant de la liberté individuelle, absence de caractère suspensif en cas de recours, remplacement de l’arrêté préfectoral de reconduite à la frontière par l’obligation de quitter le territoire français, etc.

Bref, tout est bon pour accélérer la machine à expulser, afin d’atteindre les quotas annuels d’expulsions que le Gouvernement se fixe à lui-même, en dehors de tout cadre législatif.

M. Guy Fischer. Et afin de les dépasser !

Mme Éliane Assassi. Cinquièmement, et la boucle sera bouclée, une fois expulsés du territoire, il ne faut surtout pas que les étrangers puissent revenir.

Mme Catherine Troendle. Mais oui !

Mme Éliane Assassi. Aussi avez-vous créé la possibilité, pour l’administration, d’assortir presque systématiquement une mesure d’éloignement d’une interdiction de retour d’une durée allant de deux à cinq ans. Véritable peine de bannissement, ce mécanisme sera, de surcroît, applicable sur l’ensemble du territoire européen, via l’inscription systématique au fichier système d’information Schengen, ou fichier SIS.

M. Guy Fischer. C’est la double peine !

Mme Éliane Assassi. Les bannis d’un État membre de l’Union européenne se verront également interdire l’accès des vingt-six autres États membres !

Toutes ces mesures sont contraires à nos valeurs humanistes, à nos principes d’égalité, de liberté, de fraternité, de dignité, de solidarité, que vous n’avez du reste de cesse de fouler aux pieds avec vos réformes libérales imposant un modèle de société que nous rejetons.

Vous le savez, nous défendons, quant à nous, une tout autre politique de l’immigration : plus juste, plus humaine, fondée sur de nouveaux rapports Nord-Sud, sur l’égalité des droits, sur une intégration synonyme d’octroi et de respect des droits des migrants, sur la liberté de circulation des hommes et des femmes.

D’autres choix sont possibles et nécessaires. Nous détaillerons nos propositions en la matière à l’occasion de la présentation des amendements que nous avons déposés.

Mes chers collègues, faisons preuve de courage, n’ayons pas peur d’octroyer certains droits fondamentaux, comme le droit de vote, aux résidents étrangers sous certaines conditions que les communistes réclament en vain depuis des années ; mettons en place un vrai droit de formation à la langue du pays d’accueil ; redonnons du sens aux mots « accueil », « intégration », en stabilisant et en sécurisant le droit au séjour ; respectons le droit de vivre en famille, les droits de l’enfant, les engagements nationaux et internationaux pris par la France ; promouvons un nouveau type de développement ; ratifions la convention du 18 décembre 1990 sur les droits des migrants. Votre texte, aggravé par l’Assemblée nationale, ne prévoit évidemment pas de telles mesures.

Nombre de dispositions aussi stigmatisantes que perverses, dont nous demanderons la suppression, ont en effet été insérées par les députés.

Je l’ai déjà indiqué à plusieurs reprises dans cet hémicycle, mais je tiens à le rappeler : on ne change pas les trajectoires migratoires à coup d’articles de loi !

Dans ces conditions, vous l’aurez compris, les sénateurs du groupe CRC-SPG voteront contre le présent projet de loi, qui aura comme conséquence non pas la maîtrise des flux migratoires, mais l’enfermement, la mise à l’écart, la stigmatisation de ressortissants communautaires et extracommunautaires, l’industrialisation des expulsions associée à l’impossibilité pour les étrangers de faire valoir leurs droits, faute de garanties procédurales suffisantes, la complexification des procédures d’expulsion, la remise en cause du droit d’asile, et j’en passe…


Partager cet article
Repost0
6 février 2011 7 06 /02 /février /2011 12:49

amedi 5 février 2011       

1286528689_ogm_2-3.jpg

 

Le « gadget » de l'initiative citoyenne européenne (ICE): une duperie éhontée pour masquer la remise en cause par l'Union européenne de la souveraineté populaire et nationale

 

Par Steve McGiffen pour le Morning Star, quotidien du PC de Grande-Bretagne



Traduction JC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



cf l'article sur le jeu de dupes de l'ICE joué par le PGE: Proposition d’« Initiative citoyenne européenne » : le PGE fait la promotion de l’UE de Lisbonne ! Inacceptable pour le PCF !



Pour ses partisans, le Traité de Lisbonne aurait étendu la démocratie au sein de l'Union européenne, aidé à réduire le déficit démocratique et redonné aux peuples d'Europe leur pouvoir.



Un des éléments sur lequel repose leur affirmation est la soi-disant Initiative citoyenne européenne(ICE), selon quoi une pétition rassemblant un million de signatures représente un appel lancé à la Commission européenne, officiellement reconnu, avançant de nouvelles propositions politiques.



Ce qui m'inquiète, ce n'est pas tant que la Commission exagère la contribution que l'ICE pourrait apporter à la démocratisation de l'Union européenne, mais le fait que, encore une fois, elle démontre que les décideurs européens, tout comme leurs homologues au plan national, n'ont pas la moindre idée de ce qu'est la démocratie.



Pire encore, ils sont loin d'être les seuls dans ce cas, ce qui explique pourquoi ils peuvent s'en tirer tout de même.



Même ceux qui sont d'ordinaires critiques envers l'UE ont accueilli l'ICE comme un pas dans la bonne direction.



En fait, c'est précisément le contraire.



L'article 11 paragraphe 4 du traité stipule: « Des citoyens de l'Union, au nombre d'un million au moins, ressortissants d'un nombre significatif d'États membres, peuvent prendre l'initiative d'inviter la Commission européenne, dans le cadre de ses attributions, à soumettre une proposition appropriée sur des questions pour lesquelles ces citoyens considèrent qu'un acte juridique de l'Union est nécessaire aux fins de l'application des traités. »



Le « nombre significatif » a désormais été défini comme le quart du total, ce qui signifie, si les choses restent en l'état, sept Etats membres.



Un certain nombre d'autres détails ont également été fixés.



Le droit de présenter une pétition ne devrait pas entrer en vigueur avant 2012.



Les organisateurs doivent être un « comité citoyen » consistant en un minimum de sept citoyens résidant dans sept Etats-membres différents et ils doivent collecter leurs signatures en une seule année.



Ces signatures doivent également venir d'au moins sept Etats-membres, avec un seuil minimum pour chacun d'entre eux de 750 fois le nombre de députés attribués à ce pays.



Pour le Royaume-Uni, cela reviendrait à 5 400 personnes.



La commission a ensuite trois mois pour décider comment répondre.



Les seuls motifs justifiant une ICE, cependant, sont ceux où une nouvelle loi est nécessaire « aux fins de l'application des traités ».



Pas question donc de changer ces traités.



Seules les questions sur lesquelles la Commission est en capacité d'agir – « compétence » dans le jargon de l'UE – peuvent être traitées.



Ainsi, par exemple, les grotesques gaspillages d'argent qu'implique le déplacement de l'ensemble du Parlement européen de Bruxelles à Strasbourg une fois par mois ne peuvent pas faire l'objet d'une ICE.



Tout comme le fait que les employés de nombreuses institutions de l'UE reçoivent des salaires et des avantages sociaux qui, s'ils s'appliquaient à toute autre personne, seraient perçus comme des « atteintes à la compétitivité ».



Vous pouvez imaginer monter une ICE sur, disons, la discrimination envers les travailleurs immigrés venant de pays non-adhérents de l'UE mais aucun des bénéficiaires potentiels de votre initiative ne serait capable de la signer puisqu'aucune signature venant de quelqu'un n'étant pas ressortissant d'un Etat-membre n'est valide



La Commission a, de plus, aucune obligation de faire une quelconque proposition en réponse à une ICE.



Officiellement, elle s'engage seulement à examiner le texte pour voir si une nouvelle proposition politique serait appropriée.



Toute pétition estimée par la commission « pas sérieuse, abusive ou vexatoire » sera jugée non-recevable.



La Commission aura le droit, également, de rejeter toute ICE jugée comme étant « contre les valeurs de l'Union ».



Bien que cela exclut les racistes, on ne dit pas qui encore pourrait être sous le coup de la définition de la Commission d' « extrémiste », terme utilisé dans ce contexte dans les notes explicitant le nouveau système.



Admettons que, malgré de tout cela, quelqu'un lisant cela décide qu'avec tous ces défauts, cela pourrait valoir le coup d'essayer de monter une ICE sur, disons, certaines formes de discrimination de genre à l'emploi.



Pour une grande partie, les initiatives dans ce domaine pourraient vraisemblablement rentrer dans les termes du Traité puisque Lisbonne parle d' « assurer l'égalité pleine en pratique entre hommes et femmes dans la vie professionnelle » et la Commission a la responsabilité de faire respecter les traités.



Néanmoins, des obstacles demeurent sur la voie de votre ICE.



Votre pétition n'ira pas directement à la commission mais à vos autorités nationales qui pourront déterminer si, oui ou non, vos signatures sont valides.



Si vous voulez obtenir des soutiens dans les sept pays requis, vous aurez à traduire votre texte dans les langues de ces pays.



Bien sûr, certains militants pourraient être disposés à faire cela gratuitement, mais il sera d'une importance vitale de s'assurer que les sept textes voire plus correspondent précisément.



La Commission, vous pouvez en être sûr, sera à la recherche de n'importe quelle excuse pour mettre à la poubelle votre ICE.



Une fois que vous êtes passé à travers tous ces cerceaux, la Commission aura trois mois pour vous répondre.



Elle invitera les organisateurs à discuter de la question et une audience publique sera organisée au Parlement européen bien que l'on ait pas encore décidé si elle accordera un remboursement des dépenses.



Comme je l'ai dit au début, c'est un processus consultatif et qui n'a donc rien à voir avec la démocratie, qui est un système où le peuple a le droit de déterminer comment il est gouverné, et non d'être consulté à ce sujet.



Dans les temps pré-démocratiques, ceux qui n'avaient pas de droits politiques, généralement, les pauvres, les femmes, les Juifs et autres minorités ethniques, avaient normalement le droit de pétition au Roi en vue d'une réparation des torts.



Occasionnellement, dans sa grande sagesse et générosité, le Roi accédait à leur requête.



La véritable démocratie implique la création de puissantes institutions défendant la volonté populaire.



L'Union européenne a sapé les pouvoirs des institutions élues les transférant à des corps non-élus tels que la Commission et la Banque centrale européenne.



Le Traité de Lisbonne même a été imposé aux peuples d'Europe



Loin d'être démocratique, il accroît le pouvoir des technocrates, des bureaucrates et des grandes entreprises au détriment des parlements et des gouvernements élus.



Le gadget de l'Initiative citoyenne européenne ne fait absolument rien pour réparer cela.

Par valenton rouge
Partager cet article
Repost0
6 février 2011 7 06 /02 /février /2011 12:14

 



Le mouvement de protestation en Égypte : Les « dictateurs » ne dictent pas, ils obéissent aux ordres


Le 4 fevrier 2011

Face à un mouvement de protestation national, le régime de Moubarak pourrait s’effondrer. Quelles sont les perspectives d’avenir pour l’Égypte et le monde arabe?

 

Les « dictateurs » ne dictent pas, ils obéissent aux ordres. Cela est vrai en Égypte, en Tunisie et en Algérie.

 

Les dictateurs sont invariablement des pantins politiques. Les dictateurs ne décident pas.

 

Le président Hosni Moubarak était un fidèle serviteur des intérêts économiques occidentaux, comme l’était Ben Ali.

 

L’objet du mouvement de protestation est le gouvernement national.

L’objectif consiste à déloger le pantin plutôt que celui qui tire les ficelles.

En Égypte, les slogans sont « À bas Moubarak » « À bas le régime » et l’on ne rapporte aucune affiche anti-américaine… L’influence prédominante et destructrice des États-Unis en Égypte et à travers le Moyen-Orient n’est pas soulignée.

 

Les puissances étrangères qui opèrent dans les coulisses sont protégées de ce mouvement de protestations.

 

Il n’y aura pas de changement politique significatif sauf si le mouvement de protestation aborde sincèrement la question de l’interférence étrangère 

 

L’ambassade des États-Unis au Caire est une entité politique importante, faisant continuellement ombrage au gouvernement national. Celle-ci n’est pas une cible des manifestations.

 



Un programme dévastateur du Fonds monétaire international (FMI) a été imposé à l’Égypte en 1991, au plus fort de la guerre du Golfe. Il a été négocié en échange de l’annulation de la dette militaire de plusieurs milliards de dollars envers les États-Unis et la participation de l’Égypte à la guerre. La déréglementation du prix des aliments, la privatisation radicale et les mesures d’austérité massives qu’a entraînées ce programme ont mené à l’appauvrissement de la population égyptienne et à la déstabilisation de son économie. Le gouvernement Moubarak a été louangé comme un « élève modèle du FMI ».

 

Le rôle du gouvernement Ben Ali en Tunisie était d’appliquer la médecine économique fatale du FMI, laquelle a servi à déstabiliser l’économie nationale et à appauvrir la population tunisienne pendant une période de plus de vingt ans. Au cours des 23 dernières années, les politiques économiques et sociales en Tunisie ont été dictées par le consensus de Washington.

 

Hosni Moubarak et Ben Ali sont demeurés au pouvoir car leurs gouvernements ont obéi aux dictats du FMI et les ont appliqués.

 

De Pinochet et Videla à Bébé Doc, Ben Ali et Moubarak, les dictateurs ont été installés par Washington. Historiquement, en Amérique latine, les dictateurs ont été installés par une série de coups militaires financés par Washington. Dans le monde d’aujourd’hui, ils le sont par des « élections libres et justes » sous la supervision de la « communauté internationale ».

 

Notre message au mouvement de protestation :

 

Les véritables décisions sont prises à Washington DC, au département d’État, au Pentagone, à Langley, le quartier général de la CIA et à H Street NW, le quartier général de la Banque mondiale et du FMI.

 

La relation entre le « dictateur » et les intérêts étrangers doit être évoquée. Délogez les pantins politiques, mais n’oubliez pas de cibler les « vrais dictateurs ».

 

Le mouvement de protestation devrait se concentrer sur le véritable siège de l’autorité politique. Il devrait cibler (pacifiquement et calmement) l’ambassade des États-Unis, la délégation de l’Union européenne, les missions nationales du FMI et de la Banque mondiale.

 

Un changement politique significatif ne peut être assuré que si le programme de politiques économiques néolibérales est rejeté.

 

Changement de régime

 

Si le mouvement protestataire n’aborde pas le rôle des puissances étrangères, incluant la pression exercée par les « investisseurs », les créanciers extérieurs et les institutions financières internationales, l’objectif de souveraineté nationale ne sera pas atteint. Dans ce cas, il se produira un processus restreint de « changemement de régime » assurant la continuité politique.

 

Les « dictateurs » sont logés et délogés. Lorsqu’ils sont discrédités politiquement et ne servent plus les intérêts de leurs bailleurs de fonds étasuniens, ils sont remplacés par de nouveaux dirigeants, souvent recrutés dans les rangs de l’opposition politique.

 

En Tunisie l’administration Obama s’est déjà positionnée. Elle a l’intention de jouer un rôle clé dans le « programme de démocratisation » (par exemple, la tenue d’élections soi-disant libres). Elle a l’intention d’utiliser la crise politique comme moyen d’affaiblir le rôle de la France et de consolider sa position en Afrique du Nord.

 

Les États-Unis, qui ont rapidement mesuré l’effervescence des manifestations dans les rues tunisiennes, tentent de faire valoir leur point de vue et de faire pression pour que des réformes démocratiques aient lieu au pays et ailleurs.

 

L’envoyé le plus haut placé des États-Unis au Moyen-Orient, Jeffrey Feltman, a été le premier représentant étranger à arriver au pays après l’éviction du président Zine El Abidine Ben Ali le 14 janvier et a rapidement réclamé des réformes. Il a dit mardi que seules des élections libres et justes donneraient de la force et de la crédibilité au leadership assiégé de l’État nord-africain.

 

«Je m’attends certainement à ce que nous utilisions l’exemple tunisien » dans des pourparlers avec d’autres gouvernements arabes, a ajouté le secrétaire adjoint Feltman.

 

Il a été envoyé dans le pays nord-africain pour offrir l’aide des États-Unis dans la turbulente transition du pouvoir et a rencontré des ministres tunisiens et des personnalités de la société civile.

 

Feltman se rendra à Paris mercredi pour discuter de la crise avec des dirigeants français, amplifiant l’impression que les États-Unis mènent l’appui international pour une nouvelle Tunisie, au détriment de son ancien pouvoir colonial, la France [...]

 

Les pays occidentaux ont longtemps appuyé le leadership tunisien évincé, le voyant comme un rempart contre les militants islamiques de la région nord-africaine.

 

En 2006, le secrétaire à la Défense de l’époque Donald Rumsfeld a louangé à Tunis l’évolution du pays.

 

La secrétaire d’État étasunienne Hillary Clinton est intervenue hâtivement avec un discours à Doha le 13 janvier, où elle sommait les dirigeants arabes de donner davantage de liberté à leurs citoyens, sinon ils risquaient que les extrémistes exploitent la situation.

 

« Il ne fait aucun doute que les États-Unis tentent de se positionner rapidement du bon côté […] » (AFP: US helping shape outcome of Tunisian uprising. C’est l’auteur qui souligne)

 

Washington réussira-t-il à installer un nouveau régime fantoche?

 

Cela dépend grandement de la capacité du mouvement de protestation à aborder le rôle insidieux des États-Unis dans les affaires internes du pays.

 

Les pouvoirs prédominants de l’empire ne sont pas mentionnés. Ironie amère du sort, le président Obama a donné son appui au mouvement protestataire.

 

Bien des gens au sein de ce mouvement sont portés à croire que le président Obama se consacre à la démocratie et aux droits humains, et qu’il appuie la détermination de l’opposition à déloger un dictateur qui a été placé, en premier lieu, par les États-Unis.

 

La cooptation des dirigeants de l’opposition

 

En prévision de la chute d’un gouvernement fantoche autoritaire, la cooptation des dirigeants des principaux partis de l’opposition et des organisations de la société civile fait partie du plan de Washington, un plan appliqué dans différentes régions du monde.

Le processus de cooptation est implanté et financé par des fondations d’origine étasunienne, dont National Endowment for Democracy (NED) et  Freedom House (FH). FH et le NED ont tous deux des liens avec le Congrès étasunien, le Council on Foreign Relations (CFR) et le milieu des affaires. Ils sont également connus pour leurs liens avec la CIA.

 

Le NED est impliqué activement en Tunisie, en Égypte et en Algérie. Freedom House appuie pour sa part plusieurs organisations de la société civile en Égypte.

 

« Le NED a été créé par l’administration Reagan après le dévoilement du rôle de la CIA dans le financement clandestin des activités visant à renverser des gouvernements étrangers, ce qui a mené au discrédit des partis, des mouvements, des revues, des livres, des journaux et des individus qui recevaient du financement de la CIA […] En tant que fondation bipartisane, avec la participation des deux principaux partis, ainsi que celle de l’AFL-CIO et de la Chambre de commerce, le NED a pris le contrôle du financement des renversements à l’étranger, mais ouvertement et sous la rubrique de la « promotion de la démocratie ». (Stephen Gowans, "What's left", janvier 2011")

 

Alors que les États-Unis ont appuyé le gouvernement Moubarak au cours des trente dernières années, les fondations étasuniennes ayant des liens avec le département d’État et le Pentagone ont soutenu activement l’opposition politique, incluant le mouvement de la société civile. Selon FH : « La société civile égyptienne est à la fois vivante et restreinte. Il existe des centaines d’organisations non gouvernementales dévouées à l’essor des droits politiques et des droits de la personne dans le pays et qui fonctionnent dans un milieu hautement réglementé. (Freedom House Press Releases).

 

Ironie amère du sort, Washington appuie la dictature de Moubarak, incluant ses atrocités, tout en soutenant et en finançant ses détracteurs par les activités de FH et de NED, entre autres.

Sous les auspices de FH, les dissidents égyptiens et les opposants d’Hosni Moubarak ont été reçus en mai 2008 par Condoleezza Rice au département d’État et au Congrès des États-Unis. Ils ont également rencontré le conseiller national pour la sécurité de la Maison-Blanche Stephen Hadley, lequel était « le principal conseiller en politique étrangère de la Maison-Blanche » durant le second mandat de George W. Bush.

 

Les efforts de Freedom House visant à donner du pouvoir à une nouvelle génération de partisans ont donné des résultats tangibles et le programme New Generation en Égytpe a acquis de l’importance localement et internationalement. Lors d’une visite [en mai 2008], les membres de tous les groupes de la société civile égyptienne ont reçu une attention et une reconnaissance sans précédent, incluant des rencontres à Washington avec la secrétaire d’État, le conseiller national pour la sécurité et des membres éminents du Congrès. Pour reprendre ce que disait Condoleezza Rice, les associés représentent « de l’espoir pour l’avenir de l’Égypte ». (Freedom House, http://www.freedomhouse.org/template.cfm?page=66&program=84, c’est l’auteur qui souligne.)

 

Double langage politique : bavarder avec des « dictateurs » et socialiser avec des « dissidents »

 

Condoleezza Rice a décrit la délégation égyptienne en faveur de la démocratie en visite au département d’État comme « de l’espoir pour l’avenir de l’Égypte ».

 

En mai 2009, Hillary Clinton a rencontré une délégation de dissidents égyptiens, parmi lesquels plusieurs avaient rencontré Condoleezza Rice un an auparavant. Ces rencontres de haut niveau se sont tenues une semaine avant la visite d’Obama en Égypte :

 

La secrétaire d’État Hillary Clinton a encensé le travail d’un groupe d’activistes égyptiens de la société civile qu’elle a rencontré aujourd’hui et a déclaré qu’il était dans l’intérêt de l’Égypte de cheminer vers la démocratie et de manifester davantage de respect pour les droits de la personne.

 

À Washington, les seize activistes ont rencontré Mme Clinton et le secrétaire d’État adjoint par intérim responsable des affaires au Proche-Orient Jeffrey Feltman, au terme d’un stage de deux mois organisée par le programme New Generation de FH.

 

Les stagiaires ont exprimé des préoccupations à propos de leur perception que les États-Unis se distancient de la société civile égyptienne et ont appelé le président Obama à rencontrer de jeunes activistes de la société civile indépendants lors de sa visite au Caire la semaine prochaine. Ils ont également vivement conseillé à l’administration Obama de continuer à fournir un soutien politique et financier à la société civile égyptienne et d’aider à ouvrir la voie aux organisations non gouvernementales dans l’espace très limité par la loi d’urgence égyptienne en vigueur depuis longtemps.

 

Ils ont par ailleurs déclaré à Mme Clinton qu’un engouement pour les droits de la personne était déjà en train de prendre naissance en Égypte et que l’appui des États-Unis constituait en ce moment un besoin urgent. Les activistes ont insisté sur le fait que la société civile représente en Égypte une « troisième voie » modérée et pacifique, une alternative aux éléments autoritaires au sein du gouvernement et à ceux qui soutiennent un gouvernement théocratique. (Freedom House, mai 2009)

 

Au cours de leur programme, les stagiaires ont passé une semaine à Washington. Ils ont été formés pour défendre des intérêts et ont pu observer la façon dont la démocratie étasunienne fonctionne. Après leur formation, ils ont été associés à des organisations de la société civile à travers le pays, où ils ont partagé leurs expériences avec leurs homologues étasuniens. Les activistes concluront leur programme […] par des rencontres avec des représentants du gouvernement des États-Unis, des membres du Congrès, des médias et des cercles de réflexion. (Freedom House, mai 2009, c’est l’auteur qui souligne)

 

Ces groupes d’opposition de la société civile, lesquels jouent actuellement un rôle important dans le mouvement de protestation, sont soutenus et financés par les États-Unis. Ils servent continuellement les intérêts étasuniens. 

L’invitation de dissidents égyptiens au département d’État et au Congrès étasunien est également censée inculquer une impression d’allégeance aux valeurs démocratiques étasuniennes et d’engagement envers elles. Les États-Unis sont présentés comme un modèle de liberté et de justice, et Obama est considéré comme un « exemple ».

 












 


Dissidents égyptiens, stagiaires de Freedom House à Washington DC (2008)

 

US Secretary of State Hillary Clinton speaks with Egyptian activists promoting freedom and democracy, visiting through the Freedom House organization, prior to meetings at the State Department in Washington, DC, May 28, 2009.

 

La secrétaire d’État étasunienne Hillary Clinton parle avec des « activistes égyptiens promouvant la liberté et la démocratie » avant des réunions avec le département d’État à Washington, DC, le 28 mai 2009.

Comparez la photo de la délégation de 2008, reçue par Condoleezza Rice, à celle de la délégation de 2009, rencontrant par Hillary Clinton en mai de la même année.

 

 

Hillary Clinton et Hosni Moubarak à Charm el-Cheikh, en septembre 2010

 

 

 

Condoleezza Rice discute avec Hosni Moubarak?  « De l’espoir pour l’avenir de l’Égypte. »

 

 

Condoleezza Rice (quatrième à gauche) s’adresse aux membres de  Freedom House.

 

 

 


Ceux qui tirent les ficelles appuient le mouvement de protestation contre leurs propres pantins

 

Ceux qui tirent les ficelles appuient la dissidence contre leurs propres pantins?

 

Cela s’appelle « exploitation politique » ou « dissidence fabriquée ». Appuyer les dictateurs ainsi que leurs opposants comme moyen de contrôler l’opposition politique.

 

Ces actions de FH et du NED pour le compte des administrations Bush et Obama garantissent que l’opposition dans la société civile, financée par les États-Unis, ne dirigera pas ses énergies contre celui qui tire les ficelles du régime de Moubarak, à savoir, le gouvernement étasunien.

 

Ces organisations civiles financées par les États-Unis agissent à titre de « cheval de Troie », lequel s’intègre au mouvement protestataire. Elles protègent les intérêts des tireurs de ficelles et constituent une garantie que les manifestations populaires n’aborderont pas la question de l’interférence étrangère dans les affaires des États souverains.

 

Les blogueurs de Facebook et Twitter soutenus et financés par Washington

 

En ce qui concerne le mouvement de protestation en Égypte, plusieurs groupes de la société civile financés par des fondations d’origine étasunienne ont mené les manifestations sur Twitter et Facebook :

 

Les activistes du mouvement égyptien Kifaya (Assez), une coalition d’opposants du gouvernement, et le Mouvement jeunesse du 6 avril ont organisé des manifestations sur les réseaux sociaux Facebook et Twitter. Les reportages occidentaux ont dit que Twitter semblait bloqué en Égypte en fin de journée mardi. (Voir Voice of America, Egypt Rocked by Deadly Anti-Government Protests)

 




Kifaya (Assez)

Le mouvement Kifaya, qui a organisé une des premières manifestations contre le régime Moubarak à la fin 2004, est soutenu par l’organisation d’origine étasunienne International Center for Non-Violent Conflict. Kifaya est un mouvement à grande échelle ayant également pris position sur la Palestine et l’interventionnisme des États-Unis dans la région.

FH a été pour sa part impliqué dans la promotion et la formation de blogs sur Facebook et Twitter au Moyen-Orient et en Afrique du Nord :

 

Les stagiaires de Freedom House ont acquis des compétences dans la mobilisation de la société civile, en leadership et en planification stratégique, et profitent des opportunités de réseautage par leur interaction avec des donateurs situés à Washington, des organisations internationales et les médias. De retour en Égypte, les stagiaires ont reçu de petites subventions pour implanter des initiatives innovatrices comme la revendication de réformes politiques par Facebook et la messagerie texte. (http://www.freedomhouse.org/template.cfm?page=66&program=84, c’est l’auteur qui souligne)

 

Du 27 février au 13 mars [2010], Freedom House a reçu 11 blogueurs du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord [affiliés à différentes organisations de la société civile] pour une Visite pédagogique des nouveaux médias de pointe à Washington D.C. Cette visite pédagogique a offert aux blogueurs une formation en sécurité numérique, en production de vidéos numériques, en conception de message et en cartographie numérique. Lors de leur passage dans le district de Columbia, les stagiaires ont aussi participé à un breffage du Sénat et ont rencontré des représentants de haut rang d’USAID, du département d’État, du Congrès et des médias internationaux comme Al-Jazeera et le Washington Post. (http://www.freedomhouse.org/template.cfm?page=115&program=84&item=87, c’est l’auteur qui souligne)

 

L’on peut facilement redouter l’importance qu’attache l’administration étasunienne à ces « programmes de formation » de blogueurs, combinés à des rencontres de haut niveau au Sénat, au Congrès et au département d’État des États-Unis, etc.

 

Le rôle des médias sociaux Facebook et Twitter comme moyen d’expression de la dissidence doit être soigneusement évalué : les blogueurs de la société civile sont appuyés par FH, le NED et le département d’État étasunien.

Citant un message diffusé sur Internet, BBC News World (diffusé au Moyen-Orient) a rapporté que « les États-Unis envoient de l’argent aux groupes en faveur de la démocratie ». (BBC News World, 29 janvier 2010). Le Mouvement jeunesse du 6 avril est soutenu clandestinement par Washington. Selon un reportage du Daily Telegraph citant un document secret de l’ambassade étasunienne (29 janvier 2011) :

 

Les manifestations en Égypte sont menées par le Mouvement jeunesse du 6 avril, un groupe Facebook ayant attiré principalement de jeunes gens éduqués opposés au régime de Moubarak. Le groupe comprend environ 70 000 membres et utilise les sites de réseautage pour orchestrer leurs manifestations et informer sur leurs activités.

 

Les documents publiés par WikiLeaks révèlent que des représentants étasuniens au Caire ont été régulièrement en contact avec l’activiste tout au long de 2008 et 2009, le considérant comme l’une de leurs sources d’information les plus fiables sur les violations des droits de la personne » (C’est l’auteur qui souligne)

 

Les Frères musulmans

 

En Égypte, les Frères musulmans constituent le segment le plus important de l’opposition au président Moubarak et, selon les reportages, ils dominent le mouvement de protestation.

 

Alors que la Constitution interdit les partis politiques religieux, les membres des Frères musulmans élus au Parlement égyptien comme « indépendants » forment le plus grand bloc parlementaire.

 

Cependant, les Frères musulmans ne représentent pas une menace directe pour les intérêts économiques et stratégiques de Washington dans la région. Les agences de renseignement occidentales ont une longue histoire de collaboration avec les Frères musulmans. L’appui de la Grande-Bretagne aux Frères musulmans, instrumentalisés par les services secrets britanniques, remonte à 1940. Selon l’ancien représentant du renseignement William Baer, à partir des années 1950, « [l]a CIA [a acheminé] du soutien aux Frères musulmans en raison de leur admirable capacité à renverser Nasser ». (1954-1970: CIA and the Muslim Brotherhood Ally to Oppose Egyptian President Nasser) Ces liens clandestins avec la CIA ont été maintenus dans l’ère post-Nasser.

 

Conclusions

 

La déposition d’Hosni Moubarak figure depuis plusieurs années sur la planche à dessin de la politique étrangère étasunienne.

 

Le changement de régime sert à assurer la continuité, tout en donnant l’illusion qu’un changement politique significatif a eu lieu.

 

Le programme de Washington pour l’Égypte a été de « détourner le mouvement de protestation » et de remplacer le président Hosni Moubarak par un nouveau chef d’État, un pantin obéissant. L’objectif de Washington est de soutenir les intérêts des puissances étrangères et de maintenir le programme économique néolibéral ayant servi à appauvrir la population égyptienne.


Du point de vue de Washington, le changement de régime ne nécessite plus l’installation d’un régime militaire autoritaire comme à l’âge d’or de l’impérialisme étasunien. Ce changement peut être implanté en cooptant des partis politiques, incluant la gauche, en finançant des groupes de la société civile, en infiltrant des mouvements protestataires et en manipulant les élections nationales.

En faisant référence au mouvement de protestation en Égypte, le président Obama a déclaré dans une vidéo diffusée sur You Tube le 28 janvier : « Le gouvernement ne devrait pas recourir à la violence. » La question plus fondamentale est : quelle est la source de cette violence? L’Égypte est le plus important bénéficiaire de l’aide militaire des États-Unis après Israël et l’Armée égyptienne est considérée comme le fondement du pouvoir du régime Moubarak :

« Les forces militaires et policières du pays sont armées jusqu’aux dents grâce à plus d’un milliard de dollars d’aide militaire de Washington annuellement […] Lorsque les États-Unis décrivent officiellement l’Égypte comme « un allié important », ils font référence par inadvertance au rôle de Moubarak comme garnison pour les opérations militaires et les tactiques de guerre sale des États-Unis au Moyen-Orient et au-delà. Des groupes de défense des droits de la personne détiennent des preuves évidentes que d’innombrables « suspects  » livrés par les forces étasuniennes dans les divers territoires où ils poursuivent leurs activités (criminelles) sont secrètement largués en Égypte pour des « interrogatoires en profondeur ». Le pays sert de gigantesque Guantanamo du Moyen-Orient, occulté commodément de l’intérêt public étasunien et exempté des subtilités légales concernant les droits de la personne » (Finian Cunningham, Egypt: US-Backed Repression is Insight for American Public, Global Research, 28 janvier 2010).

 

Les États-Unis ne sont pas un « exemple » de démocratisation pour le Moyen-Orient. La présence militaire étasunienne imposée à l’Égypte et au monde arabe depuis plus de 20 ans, combinée à des réformes de « libre-marché » sont la cause profonde de la violence étatique.

Les États-Unis ont l’intention d’utiliser le mouvement de protestation pour installer un nouveau régime.

 

Le mouvement populaire devrait rediriger ses énergies en identifiant la relation entre les États-Unis et « le dictateur » et en délogeant le pantin politique des États-Unis, sans oublier de cibler les « vrais dictateurs ».

 

Le mouvement populaire devrait :

 

Dévier le processus de changement de régime.

 

Démanteler les réformes néolibérales.

 

Fermer les bases militaires étasuniennes dans le monde arabe.

 

Instaurer un gouvernement véritablement souverain.



Article original en anglais : The Protest Movement in Egypt: "Dictators" do not Dictate, They Obey Orders, publié le 29 janvier 2011.

Traduit par Julie Lévesque pour Mondialisation.ca.

 


Michel Chossudovsky
 est directeur du Centre de recherche sur la mondialisation et professeur émérite de sciences économiques à l'Université d'Ottawa. Il est l'auteur de Guerre et mondialisation, La vérité derrière le 11 septembre et de la Mondialisation de la pauvreté et nouvel ordre mondial (best-seller international publié en 12 langues).
    

 



Guerre et mondialisation

 





Partager cet article
Repost0