Les communistes de Vénissieux s’adressent à tous les communistes de France pour tirer les leçons des échecs successifs des stratégies suivies par le PCF depuis des années, échecs dramatiques pour le mouvement populaire. Un PCF institutionnel, adossé sur un système politique obsolète centré sur les élections n’a aucune utilité pour le peuple et donc aucun avenir. Notre seule issue est de redevenir un parti représentatif des couches sociales les plus écrasées par ce système, des travailleurs exploités dans les formes actuelles de l’organisation de la production matérielle et immatérielle. Nous sommes à un moment de vérité.
Notre parti sort gravement affaibli des dernières périodes électorales. Nous avons perdu 5 députés en 2012 (s’ajoutant aux 12 perdu depuis 2002), 56 villes de plus de 9000 habitants en 2014, 1 député européen sur les 2 restants. Certains avaient espéré un sursaut après le résultat de Jean-Luc Mélenchon aux présidentielles. D’autres avaient alerté sur un score qui ne faisait qu’absorber les voix d’extrême-gauche et révélait un nouvel affaiblissement dans les régions ouvrières historiques du PCF.
La victoire remportée en mars 2014 à Vénissieux contre la droite, le parti socialiste et l’extrême-droite dans une bataille haineuse, anti-communiste et populiste que beaucoup de nos villes ont connu, ne compense pas la perte de trois villes dans le Rhône, affaiblissement qui explique la hargne de la droite et la rancoeur du parti socialiste pour tenter de prendre leur revanche de mars 2014 suite à l’annulation par le tribunal administratif de l’élection de Vénissieux. Le meeting de soutien avec plus de 300 personnes ce 24 octobre autour des anciens élus et de Michèle Picard est la démonstration que nous sommes en capacité de battre la droite et l’extrême-droite sur la base du rassemblement populaire animé par le PCF.
Mais nous savons que la rupture entre le gouvernement et le peuple, entre les partis politiques et le monde du travail, avec l’affaiblissement du parti communiste et du mouvement social, sont un terreau pour la droite et l’extrême-droite, pour les pires dérives fascisantes.
Car le capitalisme mondialisé se révèle toujours plus violemment pour ce qu’il est , un système de domination d’une classe sociale dont un représentant, le spéculateur Warren Buffet, disait il y a peu « la lutte des classes existe et c’est la mienne, celle des riches, qui est en train de la gagner », un système d’inégalités croissantes, un système toujours en crise, incapable de répondre aux besoin de l’humanité, aux défis de la planète, un système qui « porte en lui la guerre comme la nuée l’orage »
Depuis les années 70, le PCF cherche à construire une « voie pacifique au socialisme », devenue une une voie électorale, une recherche permanente d’alliances capables de devenir majoritaires dans les institutions. Après l’échec de l’union de la gauche, de la gauche plurielle, des collectifs anti-libéraux, les difficultés du Front de Gauche conduisent la direction nationale à chercher dans la gauche du parti socialiste une nouvelle formule électorale pour 2017. Pourtant la transformation du PCI en parti démocrate a conduit quelques années plus tard à la disparition totale de la gauche du parlement italien ! L’avenir du parti communiste ne dépend pas de la gauche, c’est l’inverse !
La conséquence de cette stratégie électorale a été l’éloignement, puis la coupure avec la classe ouvrière, avec le monde du travail. Les dirigeants du PCF sont pour la plupart salariés d’institutions publiques dirigées avec le parti socialiste. Cette fracture avec le peuple est dramatique.
Dans un tel contexte, continuer à expliquer qu’une nouvelle alliance électorale pourrait apporter une réponse politique aux exigences sociales, c’est mentir aux communistes, mentir au peuple. Celui-ci a bien compris qu’il ne pouvait pas attendre de transformation sociale des élections dans le système actuel. L’abstention massive comme le vote FN en est le révélateur.
Face à cette vérité douloureuse, le peuple n’a devant lui que les peurs, les rancœurs, la concurrence de tous contre tous. Des luttes sociales courageuses mais isolées ne renversent pas un rapport de forces dont les grandes journées de manifestation nationale démontrent toujours plus la dégradation pour le monde du travail. La droite et son extrême sont à l’œuvre dans le débat d’idées et sur le terrain pour en tirer profit, avec toutes ses variantes selon les situations, la droite institutionnelle, la droite populiste, l’extrême-droite devenue présentable, le fascisme qui a repris forme, à Kiev comme à Vénissieux.
Aujourd’hui l’heure est au changement de société. Il faut rompre avec le système capitalisme cynique et sans pitié qui gangrène toute la société. Le PCF doit être a la pointe du combat pour la transformation sociale, vers la construction du socialisme, vers le communisme.
Les communistes doivent ensemble mettre tout sur la table autour de quelques idées de références qui sont issues de leur histoire :
rien ne peut se faire sans l’action collective de résistance contre les injustices, les mauvais coups. L’unité du peuple ne peut se construire dans les alliances électorales. L’action collective doit être l’objectif premier et prioritaire du travail de terrain
l’effort d’organisation en bas doit être prioritaire. Le premier rôle des directions est d’aider à l’organisation des cellules, à leur reconstruction, notamment en entreprises, de redonner des responsabilités réelles aux communistes (politiques, de trésorerie, de propagande, de formation...)
rien ne peut se faire dans le compromis idéologique avec le pouvoir dominant. Se mettre au goût du jour, reprendre les mots et les rumeurs à la mode, reprendre sans critique des communiqués de presse, rompre avec l’intelligence historique du marxisme-léninisme, est mortifère pour les communistes et pour leur journal.
Nous appelons les communistes de France à reprendre en main leur parti en se dégageant de l’impasse dans laquelle les enferment la direction nationale. Dans la fraternité et dans la vérité, le bilan des stratégies suivies doit être effectué avec tous les communistes, d’abord sur le terrain des cellules et sections, pour créer les conditions d’un renouveau réel du parti communiste, et cela ne peut que conduire à des bouleversements de direction.
Nous mènerons avec détermination la bataille contre la droite et l’extrême-droite à Vénissieux, en tenant compte de l’expérience vécue par les communistes de Villejuif ou Bobigny et de tant d’autres villes ou nous avons pris des coups, mais ou nous avons aussi appris. Nous avons besoin pour cela que notre parti redonne la parole aux communistes, aux sections qui organisent sur le terrain la résistance et la construction, loin des discussions d’appareil.