Dernier Conseil municipal de la mandature Marcangeli
Lundi 27 octobre 2014
Paul Antoine Luciani, au nom des élus de l’opposition présents en séance,
Monsieur le Maire,
C’est aujourd’hui la dernière séance de votre mandature. Nous aurions pu prendre la posture qui avait été la vôtre, le 6 mars dernier, à l’occasion de la dernière séance de la mandature précédente, et refuser de siéger aujourd’hui… mais, ce n’est pas une surprise, nos choix ne sont pas les vôtres !
Nous avons tenu, en premier lieu, à marquer, par notre présence, le point final du parcours majoritaire que vous aviez amorcé le 30 mars. Un point final anticipé qui vous est imposé par une décision de justice ; une justice dont nous voulons saluer le service éminent qu’elle a rendu au suffrage universel.
Nous avons également souhaité relayer, au sein d’une assemblée qui représente toute la communauté ajaccienne, un sentiment très largement partagé dans la population. Cette dernière séance, intervenant après sept mois de mandat, pourra peut-être susciter chez vous et chez les 12 301 électeurs qui ont voté pour vous, un sentiment confus, mêlé de nostalgie et d’amertume. Mais, pour nous, et certainement aussi pour les 13 812 électeurs qui n’ont pas voté pour vous, cette dernière séance sera ressentie comme un commencement, un nouveau départ, une nouvelle chance…Nous avons voulu exprimer, ici et maintenant, cette confiance dans l’avenir d’Ajaccio.
Nous avons voulu, enfin, achever notre travail d’opposants constructifs. De votre côté, vous avez annoncé, urbi et orbi, votre démission et celle de votre majorité à l’issue de cette réunion. Cette annonce donne un relief très particulier à cette ultime session. Elle pourrait même occulter les conséquences préjudiciables des décisions que vous allez prendre avant de partir. Nous souhaitons donc donner, sommairement mais précisément, notre avis sur certains points essentiels.
Le budget supplémentaire : il est particulièrement éloquent. On ne peut plus dire que vous êtes contraints par les effets de la gestion précédente. Vous avez dénoncé durant treize ans le poids « exorbitant » des frais de personnels dans le budget communal. Et vous avez, à longueur de séances, depuis sept mois, dénoncé l’impossibilité où vous vous trouviez de faire face aux obligations financières de la commune. On constate, page 7 du rapport de présentation, que, précisément dans les 7 petits mois de votre mandature, et sous votre responsabilité exclusive, les frais de personnels font un bond spectaculaire de 873 745 euros, soit 1,51 % de la masse globale du chapitre 012 ! Mais en année pleine, cette dépense s’élèvera sans doute à 1 400 000 euros et à près de 3 % de cette masse! Dans les caisses d’une ville ruinée par vos prédécesseurs, il y avait encore, apparemment, quelques fonds de tiroirs suffisamment garnis pour réaliser ce que vous appelez, sans autres précisions (je vous cite) « un certain nombre de recrutements »…
S’agissant de l’indemnisation des 15 commerçants lésés par la construction du parking (une indemnisation que nous avions prévue en installant une commission spéciale à cet effet) nous constatons que vous n’avez eu aucune peine à trouver les crédits nécessaires : ils figurent dans le budget supplémentaire du stationnement. Car, contrairement à ce que vous avez occulté, en dénonçant les choix financiers de notre équipe, le budget du stationnement est bien équilibré en recettes et dépenses ; que ses recettes proviennent des usagers (et non des contribuables) et qu’elles permettent de régler globalement, dans l’immédiat, plus de 450 000 euros aux commerçants impactés ! Dans ce cas encore, la ville ruinée que vous aviez dépeinte et décriée vous permet de faire face à d’importantes et nécessaires obligations…
S’agissant du budget supplémentaire du Port de plaisance, nous constatons que les dénonciations virulentes et inacceptables ont fait place à un discours plus raisonnable. Nos protestations et nos répliques n’y sont pour rien, naturellement !
La création d’une société publique locale ne suscitera pas de débat particulier, car la délibération que vous proposez n’aura sans doute pas d’effet concret dans le calendrier que vous annoncez, la CAPA étant, pour le moment, dans l’incertitude quant à sa capacité de délibérer valablement, après votre démission… On remarquera que la commission des finances a rectifié, grâce à l’intervention de Charly Cervetti, l’imputation comptable qui interdisait de financer cet outil. Un outil, utile sans doute, mais dont on peut craindre qu’il génère, dès sa création, plus de dépenses que de recettes… En tout état de cause, vous avez tout de même trouvé, dans les caisses vides de la ville, les premiers 260 000 euros nécessaires pour le financer.
S’agissant du patrimoine foncier communal, nous refusons catégoriquement qu’un particulier, quel qu’il soit, exige à des fins d’acquisition privée, le déclassement d’une parcelle, si petite soit-elle, du domaine public communal. Je me suis largement exprimé sur ce point en commission ; mais même si vous ne retirez pas ce projet de délibération de l’ordre du jour, comme je vous l’ai demandé, votre décision ne sera pas suivie d’effet.
Cette observation vaut également pour le projet de protocole avec l’Etat concernant la Citadelle où, manifestement vous avez accepté de vous engager dans la voie sans issue de l’acquisition, à titre onéreux, de ce joyau, en oubliant que le Préfet Erignac avait demandé et obtenu que la Citadelle de Bonifacio soit cédée à la Collectivité Territoriale de Corse au franc symbolique.
Ces observations très concises suffisent à vous indiquer notre rejet du budget supplémentaire, nos réserves sur les autres budgets, et notre accord pour une indemnisation équilibrée des commerçants, d’autant qu’ils peuvent s’attendre à des difficultés supplémentaires du fait de l’abandon unilatéral, irréfléchi et coûteux, du parking Campinchi.
Voilà, monsieur le maire, en quelques mots, ce que nous souhaitions vous dire au sujet de l’ordre du jour de ce dernier conseil. Nous allons vous laisser conclure, entre vous, cette mandature que la justice a, fort heureusement, interrompue. Car, selon nous, si votre passage à l’exécutif municipal a été bref, il a aussi été négatif pour Ajaccio.
Désormais ce sera aux Ajacciens d’en juger. Nous ne sommes que leurs représentants.
Je vous remercie de votre attention.