Décidemment l’Espagne n’en finit pas de sortir les cadavres du placard, et non seulement en Espagne mais dans les ex-possessions d’Espagne en Amérique latine, où il s’agit d’entretenir les liens avec l’oligarchie et la CIA. Pourtant ce nouveau scandale n’est pas aussi isolé que ce qu’il paraît de celui concernant le juge Garzon, menacé d’être radié pour avoir prétendu ouvrir l’enquête sur les crimes franquistes. En effet, comme dans l’affaire Garzon, nous découvrons, ce qu’a été réellement la transition “dite démocratique” mais surtout monarchique et permettant de maintenir en place tout l’appareil franquiste, un appareil répressif mais aussi hégémonique, par les tribunaux, le sabre et le goupillon, l’hypocrisie et le vice, le cadavre décomposé de Franco empuantit l’Espagne. Il, continue à mener la lutte contre le communisme, l’athéisme, toutes les formes de progrès pour le plus grand profit de la classe dominante. Et quand on découvre qui était en réalité le fondateur de la légion du christ, une véritable secte bénéficiant de toute la bienveillance du PPE et d’Aznar, on a l’impression d’être dans un film de Bunuel.
Malgré Guernica, la légion Azul, Franco sut faire reconnaître ses mérites de rempart contre le communisme aux alliés qui se reconvertissaient dans la guerre froide. Il offrit l’Espagne aux bases américaines et put continuer à garotter en paix. Mieux, et on le voit avec le fondateur de la légion du Christ, comme les Etats-Unis installaient des Barbie le nazi pour “tenir” la turbulente Amérique latine, la CIA sut faire appel à l’appareil hégémonique franquiste, à ses congrégations comme appareil hégémonique de soumission des masses. Ce n’est donc pas un hasard si en 1941, un prêtre mexicain Marcial Maciel a fondé la légion du Christ, une congrégation sur le modèle des jésuites et sur ses buts proche de l’opus dei. Cette organisation, étonnez-vous en, eut bientôt tous les appuis nécessaires pour connaitre une réussite fulgurante. Souvenez vous que le pape de l’époque eut lui même quelque complaisance pour le nazisme, et qu’il sut surnager à l’heure des épurations, toujours en rendant les mêmes services au capitalisme et à l’impérialisme qui avait pris le leadership, les Etats-Unis: la lutte anti-communiste.
Est-ce que la transition “démocratique” allait mettre en question ce bel échaffaudage,, point du tout. Certes l’Etat espagnol était déclaré non confessionnel mais la Constitution citait tout de même l’Eglise d’une façon ambiguë : «Les pouvoirs publics maintiendront des relations de coopération avec l’Eglise catholique… et les autres confessions.» Deux mois après l’adoption de la Constitution, le pouvoir politique de l’époque annonce la signature d’accords avec le Saint-Siège. En fait il a s’agi avec l’appui de puissantes congrégations liées à Rome de tenir le système éducatif en particulier celui destiné à former l’élite de la nation, mais aussi d’entretenir des liens étroits avec l’Amérique latine.
Le système Aznar fut l’expression la plus parfaite de toutes ces alliances nauséabondes qui manifestèrent leur nuisance en entraînant dans l’expédition irakienne non seulement les peuples d’Espagne mais un certain nombre d’Amérique latine. Il fut l’allié indéfectible des Etats-Unis dans leur croisade contre Cuba, qu’il porta au coeur de l’Europe et qui se poursuit aujourd’hui comme en témoigne le vote récent du Parlement sous présidence espagnole contre Cuba. Car par parenthèse jamais les socialistes n’osèrent réellement affronter l’appareil franquiste, ni au moment de la transition, ni aujourd’hui. Ils agirent comme leur organe de presse El Païs fondé par un franquiste, ils continuèrent à préserver l’unité nationale à travers l’anti-communisme, la chasse aux basques et la haine contre Cuba et contre les rebelles d’Amérique latine. Ils se soumirent à l’extrême-droite et leur accordèrent toute latitude, ne dénonçant jamais par exemple la participation d’Aznar au coup d’Etat contre Chavez, pas plus qu’aujourd’hui ils ne dénoncent le Honduras, ou la Colombie. Il ne faut jamais oublier que l’élection d’Aznar fut financée par la mafia de Miami, c’est-à-dire la CIA. Qu’encore aujourd’hui dans différentes universités des Etats-Unis, mais aussi de france, par exemple à Aix en provence (l’université paul Cézanne), la fondation d’Aznar joue un rôle occulte. Nous avons parlé de ces faits en analysant la dite fondation dans un article de ce blog.
Ne croyez pas que parce comme on va le voir on découvre que le fondateur de la légion du Christ avait des moeurs dissolues cela remette en cause les bases du pouvoir. Le système perdure parce qu’il appartient à un jeu qui dépasse toutes les révélations qui peuvent paraître le mettre en cause un instant.
Donc l’impact du franquisme est aussi celui d’un système éducatif fondée sur l’excellence du privée. Un tiers des établissements scolaires espagnols sont privés, la quasi-totalité catholiques. Des centres financés en partie par l’Etat, qui paie notamment les salaires des professeurs. Et c’est le champ ouvert aux influences occultes et à la constitution de véritables réseaux de pouvoir. A Pampelune, la très célèbre université de Navarre, est sous tutelle de l’opus deï , à Bilbao ce sont les jésuites, ce que j’ai toujours tendance à considérer comme un moindre mal, mais à saint francisco de Salamanque, c’est la légion du christ. Le fin du fin en matière de pratique religieuse mais le diplome est côté, les entrepreneurs lui ont fait une réputation, on n’est jamais si bien servi que par soi-même. Les entrepreneurs qui ont propspéré durant le franquisme, la presse encore dans leurs mains vantent sans retenue l’excellence d’une formation pieuse et qui endoctrine de bonne manière, aux frais de l’Etat, les futurs cadres de la nation. Si l’on détruit par ailleurs le système d’éducation public, met en cause le caractère scientifique de ses formations, l’asphyxie faute de moyens, on aide encore la création de ces pôles d’excellence. cela participe d’une reconquista plus large, celle de l’assaut par les monopoles financiarisés des 2000 millions de dollars qui sont sur la planète consacrés à l’enseignement essentiellement par les Etats et que ces monopoles cherchent à s’attribuer, affaire de gros sous que la dépossession des missions de l’Etat qu’il s’agisse de l’école ou de l’armée, mais aussi constitution d’appareils mercenaires prêts à la croisade.
L’espagne qui se croit sortie du franquisme s’éloigne du catholicisme mais le pouvoir, le PPE, en particulier le franquiste Aznar soutiennent les congrégations ultraconservatrices comme l’opus dei et les légionnaires du Christ. Aznar a été même jusqu’à imposer l’enseignement religieux à tous les élèves.En Espagne, les Légionnaires et les membres de Regnum Christi son pendant laîc seraient plus de 40 000. «Les Légionnaires du Christ, comme d’autres congrégations semblables, véritables “Eglises parallèles”, tels Communion et Libération ou le Chemin néocatéchuménal cherchent surtout de l’influence dans le monde politique, celui de l’entreprise, notamment pour leurs financements, ou celui de l’éducation. L’éducation, parce qu’ils veulent former les leaders de demain.» Comme d’autres, les Légionnaires du Christ étendent peu à peu leur influence dans les écoles et collèges privés ou les universités.
Ce qui m’a toujours étonné c’est que ceux qui sont si prompts à dénoncer les dangers d’islamisation en Europe n’aient jamais contesté l’influence européenne de ces mouvements sectaires. Il s’agit en effet de secte cultivant le secret et l’endoctrinement, alors ce qui se découvre aujourd’hui n’a rien de surprenant. Si au lieu de chasse la burqa, ou même tout en la chassant, nos vertueux députés s’intéressaient à ces gens qui par le biais de l’Europe étendent leurs réseaux d’influence, s’ils considéraient la manière dont le gouvernement Sarkozy installe des “fondations” pour circonvenir les universités, ils feraient d’étranges découvertes et mesureraient ce qu’est réellement l’Europe chrétienne.
Donc la légion du Christ a été fondée au Mexique en 1941 par le prêtre Marcial Maciel, il a eu jusqu’à sa mort la faveur de Jean-Paul II. Le fondateur s’était même installé auprès du Saint Père à Rome et vivait à ses côtés une amitié exaltée, par la conscience de leur mission commune, en finir avec l’athéisme, le matérialisme le communisme corrupteur. Jean Paul II voyait dans la légion du Christ l’instrument d’une “nouvelle évangélisation” apte à lutter contre l’influence préoccupante en Amérique latine des évangélistes, et aussi de la théologie de la libération ou du moins ce qu’il en reste. La Légion du Christ et son bras séculier, Regnum Christi, sont très puissants au Mexique, évidemment, avec notamment l’université Anáhuac de Mexico, la plus prestigieuse du pays ; dans les autres pays d’Amérique latine, terre de «reconquista» religieuse pour Jean Paul II ; et aussi, plus récemment en Europe, particulièrement en Espagne. «L’Espagne est à Dieu, l’Espagne est pour le Christ, ne laissez pas l’ennemi voler cette belle Espagne que Dieu a prise avec lui», s’exclamait Marcial Maciel en 2001 lors d’un congrès des familles de Regnum Christi à Francisco de Vitoria. «L’ennemi», ce sont «les athées, les maçons», en général tous ceux qui «veulent détruire la famille, corrompre la femme, corrompre l’enfance».
On s’interroge sur celui qui prononce ces mots et qui par ailleurs mène ce que le catholiscisme considère comme une vie dissolue. Non seulement, il avait femme et enfants de différentes femmes, mais aussi violait à ses moments perdus les jeunes séminaristes. Les plaintes se multipliaient mais Jean paul II, littéralement obsédé par son projet politique de reconquête spirituelle sur le communisme athée aimait cet homme qui avait si bien réussi au Mexique et qui avait les faveurs d’un pouvoir espagnol qui le recommandait à toutes les oligarchies fascisantes d’Amérique latine.
La congréagation qu’il avait fondée reposait non seulement sur une discipline de fer mais sur la totale soumission et admiration, vénération du dit fondateur. Et voici que l’on apprend que Rome s’apprête à mettre sous tutelle la congrégation religieuse «le» modèle de réussite pastorale dans l’Église catholique.
Tout en dirigeant et développant cet ordre religieux dont l’ambition était de devenir l’équivalent des jésuites du XXIe siècle (formation longue, discipline et obéissance absolue aux supérieurs, vénération du fondateur), le père Maciel a utilisé son autorité pour abuser sexuellement de jeunes séminaristes à côté d’un goût pour les femmes qui lui fit avoir plusieurs enfants de différentes mères, et l’une d’entre elle étant à demeure . On lui reproche aussi d’avoir usé de stupéfiants et d’avoir plagié son ouvrage spirituel de référence sur un auteur espagnol inconnu. Il est difficile de faire mieux en matière de violation de la loi sacerdotale, on ne peut en lisant ce palmares s’interroger sur la foi de celui qui agit ainsi, sur sa double morale, et imaginer quelque conceptions sadiennes où l’exercice du pouvoir sur les faibles remplace tout autre considération. Imaginez ce drogué,, anticommuniste violant un jeune séminariste avant d’aller converser avec son ami Jean paul II sur la manière obsessionnelle d’installer ses pions contre le communisme athée. Oui il faudrait la plume d’un Sade ou la caméra d’un Pasolini pour décrire ces jours de Sodome.
Que de tels gens aient présidé après la deuxième guerre mondiale au maintien d’un système qui étale son caractère mortifère destructeur des hommes et de la planète, qu’il châtient impitoyablement ceux qui leurs résistent, les transforment en criminels, massacrent, pillent, au nom de Dieu, a une logique qui dépasse les turpitudes du fondateur.
Longtemps la congrégation des Légionnaires a nié ce qu’elle considérait comme des rumeurs diffamatoires contre la réussite de l’œuvre du père Maciel, effectivement sans équivalent récent dans l’Église catholique. Mais des plaintes pour abus sexuels sur des séminaristes parvenues en 1995 sur le bureau du cardinal Ratzinger ont donné lieu à une enquête secrète de la congrégation pour la Doctrine de la foi, dont les conclusions ont amené Benoît XVI – une fois élu pape en 2005 – à exiger du père Maciel la pénitence et une vie retirée du monde, à 85 ans on peut se faire une raison. Depuis sa mort en 2008, il avait 88 ans, les rumeurs n’ont cessé d’être vérifiées par le Vatican et finalement reconnues par la congrégation qu’il avait fondée.
Aujourd’hui le fait est avéré et la légion du Christ est sous tutelle pas pour avoir été le relais des crimes franquistes non seulement pour avoir eu à sa tête un prêtre qui violait les jeunes séminaristes et faisait des enfants à des femmes, prenait des stupéfiants. Rien sur les activités occultes, elles continuent à être approuvées, rien sur l’hypocrisie de celui qui au nom de la vertu proclamait sa haine des communistes, maçons, athée bref la racaille dont franco avait si opportunément débarrasé l’Espagne.
Le Pape va nommer prochainement un « délégué » pour diriger cette congrégation et «redéfinir le charisme de la congrégation des Légionnaires du Christ». Selon un «chemin de profonde révision», assure le Vatican. Gageons que la réforme n’atteindra pas en profondeur la “mission” de formation d’élites franquistes pour l’Espagne et l’Amérique latine , et pourquoi pas toute l’Europe..
Ce sont ces gens là qui mènent la bataille contre Cuba, le Venezuela et imposent leur ligne ultraconservatrice à l’Europe… Quand est-ce qu’on comprendra de quoi et avec qui a été construite cette Europe là…
Danielle Bleitrach