Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CHANTS REVOLUTIONNAIRES

Archives

23 avril 2010 5 23 /04 /avril /2010 13:30

Interview de l’ancien patriMARE-NOSTRUM.jpgache de Jérusalem

mardi 20 avril 2010



Michel Sabbah : "Le Hamas nous protège"



par Laurent Grzybowski





 

Tranchant sur le pessimisme ambiant, l’ancien patriarche latin de Jérusalem, 77 ans, veut toujours croire à la cohabitation harmonieuse avec l’islam.

 Quelle est la situation des chrétiens de Palestine ? Elle est la même que pour tous les Arabes de Palestine. Chrétiens ou musulmans, nous faisons partie d’un même peuple, d’une même culture, d’une même histoire. Un peuple qui est en conflit avec un autre peuple. Un peuple occupé militairement qui n’a pas besoin de compassion, mais de justice. Dans un contexte politique très tendu, nous essayons de faire face au même défi. Qu’est-ce qu’être chrétien ? C’est être envoyé à une société, à un monde que nous n’avons pas choisi parce qu’il nous est donné. Notre vocation est donc d’être chrétien dans une société arabe et majoritairement musulmane. C’est une expérience que nous connaissons bien, nous avons plusieurs siècles d’histoire commune derrière nous.

Pourtant, aujourd’hui, on parle de persécutions antichrétiennes... Des incidents individuels entre musulmans et chrétiens peuvent parfois prendre une dimension communautaire. Dans ce cas, il existe des médiateurs, des familles reconnues pour leur sagesse et leur autorité, capables de régler les conflits. Mais, je peux en témoigner, en Palestine, cela n’est jamais allé plus loin. Aucun massacre, aucun attentat contre les églises, aucune persécution ouvertement antichrétienne. Même à Gaza, les chrétiens sont protégés par le Hamas, souvent présenté comme une organisation terroriste.

Est-ce la même chose en Irak ? Non, là-bas les chrétiens sont victimes de la violence et sont tués parce qu’ils sont chrétiens. Mais il s’agit de motivations politiques, non religieuses. Les extrémistes espèrent ainsi déstabiliser le pays. Beaucoup de sunnites ou de chiites sont tués pour les mêmes raisons. Il ne sert à rien d’accuser l’islam de tous les maux. Travailler à la paix et à la justice, en Irak comme ailleurs, est le meilleur moyen d’éviter un exode massif des chrétiens d’Orient. Un problème politique doit trouver une solution politique.

Que répondez-vous à ceux qui défendent l’idée d’un choc des civilisations ? Il y a un choc, mais il n’est ni religieux, ni culturel. Il est politique. L’Occident traite l’Orient, et ceux qui y habitent, qu’ils soient chrétiens ou musulmans, comme des mineurs. Tant qu’il y aura ce rapport de dominant à dominé, on ne sortira pas de la spirale de la violence. Les racines du terrorisme mondial sont là. L’Orient n’est pas libre de son destin, il est soumis à la domination occidentale. Le problème, ce n’est pas l’islam, c’est la confrontation entre l’Orient et l’Occident. Le colonialisme historique a cédé la place à un autre colonialisme, plus larvé, mais non moins réel.

Vous n’avez donc pas peur de l’expansion de l’islam ? C’est un fantasme alimenté par ceux qui ne comprennent pas l’Orient, en général, et l’islam, en particulier. Tant que les Palestiniens se sentiront opprimés, tous les musulmans du monde se sentiront solidaires avec eux et pourront causer des perturbations à l’intérieur des sociétés où ils vivent. Il faut mettre fin à ce rapport du fort au faible entre l’Occident et le monde musulman et mener des actions d’éducation à la citoyenneté, au respect de l’autre. Développons une culture de coexistence active, apprenons à nous connaître, à vivre et à agir ensemble.

Interview par Laurent Grzybowski

SOURCE : La Vie

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
Partager cet article
Repost0
23 avril 2010 5 23 /04 /avril /2010 08:38

200808030638_h192.jpg

 

MÉMOIRE.

 

C'est le secrétaire du Parti communiste espagnol, José Luis Centella qui le lui a glissé à l'oreille, ce 21 avril: «nous ne nous sentons plus tenus par le pacte de transition». Jean Ortiz rentre ce matin de Madrid fourbu et bouleversé.

Si la société outre-pyrénéenne se considère mûre au point de sortir du post-franquisme, ce fils de guérillero maître de conférence à l'université de Pau et des Pays de l'Adour l'aura au moins aidée à ouvrir les yeux. La pétition de soutien au juge Garzon (voir à LibéToulouse-pétition) qu'il a lancée la semaine dernière et amenée hier à Madrid, tend à mettre en évidence que, l'apaisement démocratique maintenant consolidé, il ne peut plus être question d'enfouir l'histoire dans l'oubli.

Le juge Baltazar Garzon connaîtra aujourd'hui son sort pour avoir commencé à détricoter la loi d'amnistie votée en 1977 par la parlement madrilène. La mobilisation internationale et les plus de mille signatures d'universitaires français font que c'est sous les yeux du monde que l'Espagne, ce jeudi, va aussi juger son passé:

 

«Dans le forum permanent des élus, des artistes, des syndicalistes ouvriers et des intellectuels qui s'est mis en place sur le sujet à l'université Complutense de Madrid, raconte Jean Ortiz, une vielle dame est venue me dire en pleurant que ses deux parents avaient été fusillés quand elle avait neuf mois». Elle ne supporte plus de ne pas pouvoir s'en plaindre.

Soixante et onze ans après le renversement de la République et la prise du pouvoir par le Caudillo, le devoir de mémoire semble l'emporter sur l'obligation légale d'oublier imposée par cette amnistie de 1977.

Le juge Garzon a eu l'audace d'ouvrir une enquête sur les crimes du franquisme et ses 150.000 disparus. Ce que ne lui pardonne apparemment pas la justice de son pays, par ailleurs actionnée par quelques organisations phalangistes.

Le Sud Ouest français où se concentrent les enfants de républicains espagnols exilés a été le premier et le plus vif à réagir. Son émotion a fait tâche d'huile jusqu'au Royaume Uni ou en Belgique. Et enfin jusqu'à Madrid où une grande manifestation devrait être organisée ce samedi 24 «contre l'impunité du franquisme».

 

GLv.

 

http://www.libetoulouse.fr/2007/2010/04/m%C3%A9moire-cest-le-secr%C3%A9taire-du-parti-communiste-espagnol-jos%C3%A9-luis-centella-qui-le-lui-a-gliss%C3%A9-%C3%A0-loreille-ce-21-avril.html

Partager cet article
Repost0
23 avril 2010 5 23 /04 /avril /2010 08:04

 

logo.png

 

L'idée risque de faire polémique. Pour rééquilibrer le système des retraites, Olivier Ferrand, le président de la fondation Terra Nova, a suggéré dans une interview à l'Express.fr de faire payer... les retraités. Son argument : le niveau de vie de ces derniers est désormais plus élevé que celui des actifs. A leur tour donc de faire preuve de solidarité, explique-t-il en substance.

Le patron de ce "think tank" proche du Parti Socialiste (PS) explique que le revenu moyen d'un retraité est de 1.288 euros, contre 1.416 euros pour un salarié. En ajoutant la valeur des biens patrimoniaux, leur niveau de vie est de 4% supérieur à celui des actifs, et même 40% plus élevé que celui des moins de 55 ans. Il souligne aussi que les retraités bénéficient de nombreux avantages, tant en matière fiscale (taux de CSG plus accommodant) qu'au niveau des transports ou des loisirs.

Olivier Ferrand propose donc de taxer les retraités les plus aisés et d'augmenter la CSG sur les revenus du capital.

Reste à savoir si ces idées seront reprises par le PS, dont le bureau national se réunit ce soir pour une réunion de "cadrage" sur la réforme des retraites. Martine Aubry devra faire le tri entre les nombreuses pistes lancées ces dernières semaines par certains membres du parti. François Hollande et Manuel Valls se sont notamment prononcés en faveur d'un relèvement de la durée de cotisation. Une hypothèse écartée par les autres ténors du PS.


http://www.capital.fr/retraite/actualites/un-think-tank-de-gauche-veut-mettre-a-contribution-les-retraites-495167

Partager cet article
Repost0
22 avril 2010 4 22 /04 /avril /2010 15:17

visage.jpg

 

Leïla Marouane, écrivaine algérienne, a fait de ses livres une lutte contre l’obscurantisme. Contrainte de se réfugier en France, elle garde une vision partagée de son pays natal, entre crainte et amour. Combattante, elle n’a jamais baissé les bras. Portrait d’une femme sans compromis.

Une littérature du combat

 


C’est à Djerba qu’est née Leïla Zineb Mechentel qui se fera appeler plus tard Leïla Marouane. Pourtant, c’est en Algérie qu’elle passe son enfance et son adolescence au milieu des troubles qui secouent le pays après l’indépendance en 1962. Son père est un homme de lettre éduqué et marxiste, membre du parti communiste français. Sa mère mène aussi un combat : féministe et anticolonialiste, elle est surnommée « la Jeanne d’Arc des Djebels ».

 

A 6 ans, la jeune Leïla écrit déjà. Entourée des livres qui remplissent le bureau de son père, elle se lance rapidement à la découverte de Sartre, son père lui ayant interdit d’ouvrir la comtesse de Ségur : « Trop bourgeoise » disait-il. Très vite, ses instituteurs remarquent son goût ainsi qu’un certain talent pour l’écriture : à 12 ans, on lui propose de publier un premier recueil, mais il faudra attendre vingt ans de plus avant qu’elle ne se décide à faire partager ses écrits.

 

A 25 ans, après des études de lettres à l’Université d’Alger, elle devient journaliste à Horizons, quotidien algérien. Après une série d’articles et de tribunes touchant les interdits de la société algérienne, elle reçoit des lettres d’insultes et de menace. Son combat a commencé : elle le paiera lourdement.

 

Cinq ans après être rentrée à Horizons, des hommes l’attaquent, la frappent et la laissent pour morte, en sang, sur un trottoir de Bou Ismaïl, le long de la côte algérienne.

Elle sera sauvée, mais décide de quitter pour de bon son pays et s’installe à Paris « le temps que les choses se calment ». Un an plus tard, sa mère décède. Leïla est à Paris, les menaces qui pèsent sur elle l’empêchent de retourner en Algérie assister aux obsèques. La jeune fille le vit très mal : c’est à partir de cette année qu’elle décide de publier ses écrits, ressentant un « besoin de partager, comme certains ressentent, après la mort d’un proche, un besoin d’enfanter ». Depuis, huit ouvrages sont parus dans un style qu’elle définit elle-même comme celui d’une « littérature de combat ».

 

Entre un père communiste antireligieux et une mère féministe anticolonialiste, tout prédisposait la jeune Leïla Mechentel à entrer elle aussi dans la lutte. Du côté paternel, elle a gardé une méfiance vis-à-vis de la religion et un regard noir sur la politisation d’un islam rigoureux aux interdits foisonnants. Côté maternel, le combat est resté celui de l’affranchissement des femmes : celui qui s’oppose au port du voile, à la répudiation, à la polygamie, à l’excision … la liste est longue et les sujets ne manquent pas pour sa « littérature du combat ».

 

Si Leïla Marouane s’est toujours placée du côté des femmes, son dernier livre, La Vie sexuelle d’un islamiste à Paris, est une immersion dans la peau d’un homme, de ses complexes et de ses fantasmes. Derrière un titre provocateur, c’est un monde loin des clichés habituels sur les « extrémistes de banlieues » qui se dévoile au lecteur. Si l’auteur avoue le « peu d’empathie pour son personnage, avec lequel elle prenait soin de garder une certaine distance », l’immersion fut cependant totale dans la tête de Mohammed, personnage à la limite de la schizophrénie, partagé entre religion, sexe et famille. « Sans personne pour m’informer sur la vie masculine, il ne m’était pas facile d’entrer dans l’intimité sexuelle de mon héros », avoue-t-elle.

 

Le résultat donne une analyse tant psychologique que sociétale, évitant la haine et préférant l’humour à la colère. Mais le travail semble avoir été pénible. « Ce roman m’a fatiguée, poursuit l’auteur, j’avais hâte de me débarrasser d’un personnage qui ne m’était pas sympathique », ajoute-t-elle. Entre une féministe active qu’est Leïla Marouane et un islamiste — son héros — au regard naïf et sournois sur les femmes, le fossé est important. Chercher à comprendre, « à viser juste », mais sans dépasser les frontières menant à une certaine estime de son héros signifiait, pour l’auteur, un jeu avec son ennemi. Un ennemi dont il faut s’approcher pour mieux le contrer et le combattre.

 

Simple mais affirmée, Leïla Marouane est une femme entière croyant en ses combats et à l’écriture pour y parvenir. Même s’il faut parfois en payer le prix. Grande gueule, elle l’a toujours été et ne s’est jamais refusée de dénoncer ce qu’elle jugeait scandaleux, de grandes questions sociales au fait divers de « viande avariée ». La censure ? Elle la connaît bien depuis avoir travaillé dans le journalisme algérien. A cette époque, le ministère la convoquait pour lui signifier de changer son article, de modifier telle ou telle information. « Ils m’envoyaient un chauffeur qui me conduisait au ministère où l’on me dictait la mise au point », se souvient-elle.

Elle la connaît aussi de la France où règne « une censure non dite » et « où me faisait jouer le rôle d’arabe de service », poursuit-elle. Femme de caractère, elle ne s’est jamais laissée intimider malgré les menaces, les insultes et les coups. Mais elle reste aujourd’hui plus prudente qu’à l’époque où elle « fonçait tête baissée » dans les tabous et les interdits d’une Algérie malade.

 

De l’Algérie, elle garde des souvenirs brûlants de sa jeunesse et de ses débuts dans le journalisme. Des souvenirs d’une enfance heureuse passée plongée dans les livres de la bibliothèque paternelle ou dans l’écriture de ses textes de jeune fille griffonnés sur sa table d’études du pensionnat Ben Bouali. Des souvenirs douloureux aussi, mais qui ne l’empêchent pas de vouloir retourner à Bou Ismaïl, là ou elle passa une partie de son enfance. Pour autant, Leïla Marouane continue d’avoir peur de retourner chez elle. Crainte de l’extrémisme, de la folie, de la terreur. Crainte du politique ou de la censure, les raisons pour ne pas y retourner tout de suite font légion. Le temps est désormais son meilleur allié.

 

Leïla Marouane fait partie de cette génération d’écrivains maghrébins en lutte contre les maux qui touchent leurs pays. Souvent d’expression française, ces auteurs, qu’ils écrivent de Paris, de Rabat ou d’Alger, ont fait de leur littérature un moyen de résistance. Que la dénonciation des normes sociales soit évoquée en toile de fond ou s’impose comme l’objet du livre, beaucoup considèrent l’écriture comme le meilleur moyen d’opposition aux dérives sociales, religieuses ou politiques qui touchent les milieux qu’ils côtoient, de près ou de loin. De Tahar Ben Jelloun à Assia Djebar, rares sont ceux dont les regards ne se font pas critiques lorsqu’ils évoquent leurs sociétés.

Entre ces auteurs, Leïla Marouane est peut-être un des plus virulents, si ce n’est par les mots mais par l’implication dont elle fait preuve depuis toujours. Un combat d’une vie qui n’utilise que la force de l’imagination pour dénoncer des vérités bien réelles. Inventer pour finalement décrire ce qui existe. « La littérature doit mentir pour être vraie », avoue l’auteur.

 

Réveiller les consciences en accentuant la réalité pour la rendre plus vraie est un des buts de l’écrivain pour qui le journalisme a pourtant marqué une partie de sa vie. Jeune Afrique, Politis ou encore des hebdomadaires allemands, Leïla Marouane mène son combat par les mots, qu’ils soient ceux de la presse ou du roman. Celle qui, dans ses derniers ouvrages, « a mis à nu les femmes », comme elle aime le dire, ne rechigne pas à changer de casquette pour défendre ses objectifs. Des objectifs de changement prônés par une féministe se disant « consciente de la condition des femmes » dans les pays arabes en particulier et dans le monde en général.

 

Celle qui a décidé de vouer sa vie à l’écriture, non pas seulement pour la beauté des mots, mais aussi pour leur pouvoir de faire changer les choses, n’aspire qu’à une chose : continuer son action qu’elle a commencée il y a trente ans en Algérie. La route est encore longue, mais Leïla Marouane, comme d’habitude, ne baissera pas les bras.

 

Alban de Ménonville

 

http://hebdo.ahram.org.eg/arab/ahram/2010/4/21/visa0.htm

 

 

Jalons

1960 : Naissance à Djerba (Tunisie) mais passe son enfance en Algérie.
1980 :
Etudiante à la faculté des lettres d’Alger.
1991 :
S’installe à Paris après avoir été victime d’une agression suite à la publication d’une série d’articles.
1996 :
Publication de La Fille de la Casbah (Juillard), son premier roman.
2007 :
Publication de La Vie sexuelle d’un islamiste à Paris (Albin Michel).

Partager cet article
Repost0
22 avril 2010 4 22 /04 /avril /2010 12:44

Logo_nice_matin.jpg

Les salariés du groupe Nice-Matin se sont à nouveau mis en grève pour 24 heures mardi, après avoir eu confirmation par la direction de leur maison-mère, le Groupe Hersant Media (GHM), de son projet de céder le siège de la société à Nice, a-t-on appris de source syndicale.

Le directeur général de GHM, Dominique Bernard, est de nouveau venu à Nice et a confirmé aux organisations syndicales le projet de cession, a affirmé à l'AFP Jean-François Roubaud, délégué SNJ, s'exprimant au nom de l'intersyndicale.

Une assemblée générale réunissant quelque 400 salariés a donné à l'unanimité mandat à l'intersyndicale pour "entreprendre toute action qu'elle jugerait nécessaire" pour faire barrage à la vente.

Les salariés ont décidé d'occuper leurs locaux et de sortir un "journal de grève" de 8 pages qui sera distribué mercredi à la place des éditions habituelles de Nice-Matin, Corse-Matin et Var-Matin.

"Un projet de lease-back (cession-bail) comme celui de la direction nous obligerait à payer 3 à 5 millions d'euros de loyer" et compromettrait gravement l'équilibre des comptes de Nice-Matin, selon M. Roubaud.

Les salariés s'étaient déjà mis en grève les 1er et 6 avril.

La direction de GHM n'était pas joignable mardi soir.

Selon "Les Echos" du 7 avril, GHM, endetté de quelque 200 millions d'euros, serait depuis plusieurs mois soumis à une pression de ses banques en raison de difficultés à respecter ses engagements.

Le ministre de l'Industrie et maire de Nice, Christian Estrosi, avait déclaré le 2 avril qu'il ne pouvait concevoir que GHM "sacrifie" le journal à des préoccupations financières.

Le groupe Nice-Matin comprend, avec ses filiales, 1.200 salariés entre le Var, la Corse et les Alpes-Maritimes. Selon l'OJD, Nice-Matin diffuse à 107.920 exemplaires, Var-Matin à 72.155 et Corse-Matin à 41.621

                                             site: blog antilibéral.

Partager cet article
Repost0
22 avril 2010 4 22 /04 /avril /2010 12:33

                                             MARE-NOSTRUM.jpg

 

 

Des entreprises françaises à la recherche de main-d’oeuvre tunisienne

 

 Seul pays d’Afrique du Nord à avoir signé avec la France un accord sur la gestion concertée des flux migratoires, la Tunisie a abrité mercredi un forum franco-tunisien sur l’emploi. Sur un contingent annuel de 9.000 Tunisiens pouvant travailler légalement dans plus de 70 métiers dans l’Hexagone, en vertu de cet accord signé en 2009 et ratifié en juillet dernier, seulement 2.500 placements ont été opérés en 2009. Aussi, selon l’ambassadeur de France à Tunis, Pierre Menat, le forum tend-il à favoriser une "bonne application" de l’accord. Pour le diplomate français, les pays méditerranéens font face aux mêmes défis et "c’est en les relevant ensemble que la région peut créer des emplois". Il a rappelé, dans ce contexte, l’enveloppe de 23 millions d’euros accordée récemment par l’Union européenne à la Tunisie pour l’aider à promouvoir l’emploi et la formation. Quelque 50 entreprises et organismes français étaient présents à ce forum, le premier du genre, à la recherche de profils de diplômés tunisiens à même de satisfaire leurs besoins en personnels. Les secteurs ciblés étaient notamment l’informatique, les télécommunications, la plasturgie, le management, le bâtiment, le textile et le tourisme. Considéré comme "la priorité des priorités" des programmes gouvernementaux, le chômage frappe de plein fouet les promus des universités tunisiennes qui injectent chaque année plus de 70.000 jeunes sur le marché de l’emploi. L’idée centrale qui s’est dégagée des interventions est que la question de la migration et de la mobilité professionnelle doit être gérée de manière concertée en vue d’aboutir à des solutions pratiques qui prennent en compte les intérêts de toutes les parties en matière d’emploi et de lutte contre l’émigration clandestine. Des études de la Banque mondiale citées dans une communication, prévoient que l’Europe connaîtra des déficits de main-d’oeuvre estimés à 66 millions d’actifs à l’horizon 2050, alors que dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) la croissance de la population active dépassera les 40 millions. (Avec les agences de presse - Mercredi 21 avril 2010

Partager cet article
Repost0
22 avril 2010 4 22 /04 /avril /2010 12:14

 

Allons-nous tous finir emmurés ?

                                                MUR-PALESTO-copie-1.jpg

                                                  mur en Palestine

 

 

par Catherine Portevin

Vingt ans après la chute du mur de Berlin, 18 000 kilomètres de nouveaux remparts vont bétonner les frontières partout sur la planète. Mesure de protection ou dangereux désir d’exclusion ? En lien ci-dessous, un entretien que nous avons publié récemment avec l’anthropologue Michel Agier, spécialiste des questions de migration.

Une nuit d’automne, le 9 novembre 1989, un mur est tombé dans la liesse. LE Mur. Erigé au centre de Berlin une nuit d’été, le 12 août 1961, par le gouvernement prosoviétique de la République démocratique allemande pour empêcher le passage à l’Ouest de la population, ce « mur de la honte » n’était pas seulement berlinois : il figurait aussi la division de l’Allemagne et de l’Europe décidée par les Alliés à la sortie de la guerre et, surtout, il incarnait violemment, concrètement - en béton armé, barbelés, miradors, vopos, kalachnikovs, morts et fusillés - le « rideau de fer » qui séparait le monde en deux blocs étanches.

La chute du Mur fut donc filmée, commentée, vécue comme la victoire sans partage du « monde libre » sur le communisme soviétique, bien que celui-ci ne se soit disloqué que deux ans plus tard : le 25 décembre 1991, Mikhaïl Gorbatchev démissionnait de la tête de l’URSS, qui cessait officiellement d’exister. Voici l’événement décisif qui a bouleversé l’histoire.

Il restera malgré tout par l’image de ce mur ouvert, annonçant une ère radicalement nouvelle. On croyait alors à l’avènement d’un monde pacifié et sans frontières : économie globalisée, libre circulation des biens et des personnes, extension d’une Union européenne sublimant les Etats-nations. Vingt ans plus tard, la planète n’a jamais été hérissée d’autant de barrières infranchissables. Partout, d’autres murs se sont dressés pour non seulement signifier des limites - identitaires, territoriales, sociales, politiques -, mais encore et toujours séparer le monde en deux, entre « eux » et « nous ».

Dans un livre de 2007 (éd. Perrin, 252 p., 19 €), le géographe et diplomate Michel Foucher (1) analysait déjà cette « obsession des frontières » qui est devenue l’apanage du monde post-guerre froide : « Depuis 1991, écrivait-il alors, plus de 26 000 kilomètres de nouvelles frontières internationales ont été institués, 24 000 autres ont fait l’objet d’accords de délimitation et de démarcation, et si les programmes annoncés de murs, clôtures et barrières métalliques ou électroniques étaient menés à terme ils s’étireraient sur plus de 18 000 kilomètres. Jamais il n’a été autant négocié, délimité, démarqué, caractérisé, équipé, surveillé, patrouillé. » « Je soutiens que le monde, pour être viable, a besoin de frontières », ajoute-t-il. Mais pourquoi faut-il des remparts fortifiés, destinés à « rendre l’autre invisible » ? « On ne veut pas se voir, on ne veut plus les voir chez nous. »

Entre les Etats-Unis et le Mexique, Israël et la Cisjordanie, la Chine et la Corée du Nord, le Botswana et le Zimbabwe, l’Afrique du Sud et le Zimbabwe, l’Arabie saoudite et le Yémen, l’Inde et le Pakistan, le Bangladesh et la Birmanie, englobant le Cachemire d’une solide ligne de contrôle, l’Ouzbékistan et le Kirghizistan, l’Union européenne et l’Afrique du Nord dans les enclaves espagnoles de Ceuta et de Melilla sur la côte marocaine... partout, des murs bétonnent les frontières. Le marché est d’ailleurs prodigieusement juteux pour les entreprises qui se partagent construction, électrification, équipement technologique de ces barrières (notamment Elbit, l’entreprise israélienne chargée du mur de Cisjordanie, qui a décroché avec Boeing le contrat pour celui du Mexique). A cette liste, non close, il faudrait ajouter, souligne la politologue américaine Wendy Brown, les « murs dans les murs » qui fleurissent dans les villes des Etats-Unis, d’Afrique du Sud et d’ailleurs, cloisons étanches entre quartiers riches et pauvres, nationaux et immigrés. Fait remarquable : beaucoup de ces frontières murées résultent d’une décision unilatérale et non négociée, prise avec le soutien de leurs électeurs par des Etats démocratiques et développés à l’encontre de voisins indésirables (immigrants, terroristes, réfugiés politiques, pauvres, ou seulement étrangers, à mon identité nationale, à ma religion, à ma culture). Ces remparts de protection interdisent d’entrer, alors que celui de Berlin empêchait de sortir.

“Les murs ne sont pas construits
pour protéger, mais pour projeter
une image de protection.”

C’est ce que Wendy Brown appelle « la démocratie emmurée » dans un ouvrage qui fera date (Murs, Les murs-frontières et le déclin de la souveraineté des Etats, éd. Les Prairies ordinaires, en librairie le 15 novembre). Interrogée pour notre hors-série Télérama horizons : Le mur de Berlin, 20 ans après (en kiosques jusqu’au 2 décembre), elle voit dans cette « vogue des murs » le signe paradoxal du déclin de la souveraineté des Etats, qui concerne tous les Etats-nations de la planète, riches ou pauvres : « [Les murs] renvoient aux qualités des remparts médiévaux [...]. Tout cela au moment où la globalisation et les menaces miniaturisées érodent la puissance souveraine. Les murs ne sont donc pas construits pour protéger, mais pour projeter une image de protection. » Ce « désir de murs » serait, en d’autres termes, la maladie de l’individu perdu dans la globalisation, à la recherche d’horizons, de limites et de sécurité. Recherche bien légitime mais qui peut être vite récupérée, comme l’est la peur, pour désigner le coupable. La montée de la xénophobie est ainsi, selon Wendy Brown, le pendant du brassage des cultures et des populations qui se développe de fait, grâce notamment à Internet, à l’échelle planétaire. De la chute du Mur au désir de murs, c’est dire si les aspirations d’il y a vingt ans sont loin...

Ne contrôlant en réalité plus grand-chose dans une économie mondialisée, les chefs d’Etat sont tentés d’afficher leur efficacité par ces murs antimigratoires. Et pourtant, ils sa­vent que jamais un mur n’a empêché les mouvements. Les armes biochimiques ou les épidémies, dangers réels qui menacent les Etats, ignorent les frontières, fussent-elles de béton armé. Quant aux flux des hommes, les barrières fermées les rendent seulement plus violents, plus dangereux, plus criminogènes. L’on sait déjà que l’existence de la palissade Mexique/Etats-Unis a intensifié le trafic des drogues et des migrants, alors que sa construction (comme en Israël) continue de coûter des sommes astronomiques.

“85 % des demandes d’asile
étaient acceptées en 1990,
85 % sont refusées depuis
le milieu des années 2000.”

« L’Europe de l’après-guerre froide, diagnostique l’anthropologue Michel Agier, trace ses limites en créant de la violence sur ses marges. » Depuis plusieurs années, il s’intéresse aux réfugiés (2), ce qui l’a d’abord mené loin, en Afrique, en Amérique du Sud, au Moyen-Orient... et aujour­d’hui à nos portes, à Patras en Grèce, l’un des points d’entrée dans l’espace Schengen, à Rome, à Paris, à Calais. Pour les 12 millions de personnes que la misère, la guerre, les dictatures condamnent aujour­d’hui à l’exil, les murs ont d’abord l’aspect des clôtures du camp, refuge provisoire, administré par les organisations humanitaires, qui devient permanent. Aux portes de l’Europe, ce sont encore 250 centres de rétention, d’hébergement, zones d’attente qui les maintiennent « aux bords du monde ». « En quelques années, le droit d’asile, grande et belle idée du droit international d’après guerre, est, de fait, petit à petit enterré en Europe, constate Michel Agier, 85 % des demandes d’asile étaient acceptées en 1990, 85 % sont refusées depuis le milieu des années 2000. »

Lorsque la convention de Genève, sous l’égide de l’ONU, formalise le droit d’asile en 1951, c’est en pensant aux exilés juifs persécutés par le nazisme et aux dissidents des régimes communistes d’Europe de l’Est. La fin de l’asile est le mur au­quel se heurtent maintenant ceux qui, Rwandais, Afghans, Algériens..., ayant connu des persécutions en raison de leur appartenance ethnique, religieuse, politique, sexuelle, auraient toute légitimité à l’obtenir aux termes de la convention de Genève. Partout, les politiques « antimigrants » se sont durcies, menées par des partis de droite comme de gauche au nom de la raison ou de l’impuissance - le fameux « on ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Face à eux, Michel Agier plaide pour un autre réalisme : « La mobilité des hommes est un mouvement irrépressible et mieux vaudrait l’accompagner que chercher à le réprimer. Tout humain veut rendre son séjour sur la terre vivable. En maintenant des millions de migrants hors de notre monde commun, on crée le désordre en voulant la mise en ordre. Il est réaliste d’affirmer que l’obstination à s’enfermer dans ses frontières, à cultiver l’entre-soi, ne tiendra pas. »

Et Wendy Brown conclut : « Un jour, les murs qu’on érige aujourd’hui pour nous protéger d’éléments dangereux ou étrangers deviendront inévitablement, eux aussi, des prisons. ».

Catherine Portevin
Télérama n° 3120

(1) Michel Foucher est le directeur scientifique de « Des frontières et des hommes », un nouveau festival interdisciplinaire. www.desfrontieresetdeshommes.eu

(2) Lire notamment Gérer les indésirables, Des camps de réfugiés au gouvernement humanitaire (éd. Flammarion, 352 p., 23 €). Michel Agier est l’un des auteurs de l’Atlas des migrants en Europe, dir. Olivier Clochard, réseau Migreurop (éd. Armand Colin, 144 p., 19,50 €).

 

Partager cet article
Repost0
21 avril 2010 3 21 /04 /avril /2010 07:13

 

federazionesinistra Reconstruire le parti communiste italien, c'est maintenant ou jamais

 

Par Andrea Catone, membre de la direction du PRC, directeur de l'Ernesto

 

Revoir aussi notre analyse du scrutin régional et du bilan de 20 ans de liquidation communiste en Italie: L’Italie après les élections régionales: droitisation du pays, une opposition qui ne s’oppose pas, les communistes marginalisés… Le bilan de 20 ans de liquidation communiste s’approfondit



Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



Les moments électoraux d'une part expriment – bien que déformées par la fausse conscience – les positions politiques du pays (y compris celles de ceux qui s'abstiennent): ce sont un « thermomètre » que les communistes ne peuvent ignorer. D'autre part, ils constituent un changement dans les rapports de force entre classes sociales – même si, comme nous le savons, ils n'expriment pas tous les véritables rapports sociaux qui se trouvent dans la structure socio-économique – parce qu'ils remettent à telle ou telle autre force politique.


Les élections régionales 2010 se sont tenues en plein cœur de la plus importante crise capitaliste de l'après-guerre, qui a déjà causé une grave détérioration des conditions socio-économiques du prolétariat et de larges couches de la petite et moyenne bourgeoisie (avec des suicides qui n'ont rien de métaphoriques de plusieurs petits patrons du Nord-Est) et qui est bien loin d'être résolue, en dépit des messages rassurants de propagande. De plus, aux contradictions générales du capitalisme, s'ajoute en Italie l'anomalie du berlusconisme: les différentes fractions des classes propriétaires (avec le poids important en leur sein du nano-capitalisme, qui différencie fortement notre pays des autres grands capitalismes de l'UE) n'ont pas encore trouvé la formule politico-institutionnelle la plus adéquate pour gérer, dans la phase actuelle, les rapports internes aux dominants d'une part, et ceux avec les classes subalternes, d'autre part. Le berluscnonisme a été la formule qui pendant plus de 15 ans a répondu, bien que non sans contradictions, à la phase de transition de l'histoire italienne après 1989, avec la démolition de la République née de la Résistance. Mais ses pulsions subversives, le conflit permanent avec un des pouvoirs de l'Etat, la magistrature, et une politique étrangère qui n'est pas toujours alignée sur les Etats-Unis et l'UE (les rapports avec la Russie, la Biélorussie, la Libye... même si c'est pour des raisons tout sauf limpides) font qu'il n'est pas nécessairement le bienvenu au sein de la grande bourgeoisie européenne et des pouvoirs outre-Atlantique, qui préféreraient aujourd'hui une Italie gouvernée, pour paraphraser d'Alema, par une « droite normale » (option Fini).



Maintenant, dans une situation qui devrait marquer un fort affaiblissement de l'hégémonie des dominants à cause de la double crise (économique, qui révèle les contradictions structurelles du capital; politique, via les frictions entre les diverses fractions bourgeoises), le résultat électoral d'une part, tout en changeant les rapports internes aux forces politiques dominantes à l'avantage de la Ligue, consolide le gouvernement, d'autre part il confirme, accentue même, les rapports de subordination des dominés.



Après ces régionales, le prolétariat est plus pauvre en représentation politico-institutionnelle, plus marginalisé, plus aphone.



Dans le camp des forces de gouvernement – au vu de leur résistance et de la faiblesse des oppositions – on ouvre la voie au pacte d'acier Bossi-Berlusconi avec l'appariement létal du fédéralisme et du présidentialisme, qui pourrait donner le coup de grâce à la Constitution avec une nouvelle forme d'Etat et de gouvernement. Nous ne savons pas si ils réussiront à mettre en œuvre effectivement la formule adaptée à la phase actuelle capitaliste, s'ils réussiront à construire une domination durable de type « droite normale ». Sur la manière d'arriver à cela, ils sont encore divisés: l'aile Berlusconienne parlait de réformes constitutionnelles à mettre en oeuvre par la majorité seule, celle de Fini de « réformes partagées », avec l'aval du président Napolitano et les ouvertures au PD (avec le « projet Violante » de réforme constitutionnelle comme cheval de troie).



C'est une partie – mais cela n'est pas rassurant du tout – qui se joue essentiellement sur le terrain des classes propriétaires et de leurs formations politiques.



Aux camarades qui se sont battus généreusement dans la campagne électorale, avec aucun moyen si ce n'est quelques tracts, et dans un obscurantisme médiatique qui n'est évidemment pas fortuit, va toute la gratitude des communistes. Leur militantisme a évité – comme cela était dans les desseins du patronat – que le PRC et le PdCI soient anéantis, qu'ils subissent le coup de grâce. Cela aurait facilité et accéléré les processus d'érosion et de désagrégation, et rendu beaucoup plus difficile le travail de reconstruction d'un parti communiste adapté aux défis difficiles de notre temps. Nous sommes fermement opposés à la politique du pire, ni, depuis deux ans que L'Ernesto s'est fait le promoteur du processus d'unité des communistes, nous n'avons jamais cru que la reconstruction du parti puisse être le fruit d'une sorte de « nouveau début », faisant table rase des groupes dirigeants et des structures. Sur la désagrégation, on ne construit pas. La résistance relative des forces communistes qui sont l'épine dorsale et la force dominante, et de loin – dans la plupart des cas, la seule – de la Fédération de la Gauche (FdS), bien que réduites à leur minimum, est un élément positif qui doit être souligné, contre les pessimistes de nature et les défaitistes: nous n'avons pas été balayés.



Mais, si on ne regarde pas les pourcentages, qui se réfèrent aux nombres de votants – étant donné la forte abstention, ils déforment les données réelles – mais le nombre effectif de votes dans les 13 régions où on a voté, les deux partis communistes PRC et PdCI perdent – et pas sur quelques années, mais en l'espace seulement de 10 mois et à l'intérieur du même contexte politico-social (crise économique, gouvernement Berlusconi) – presque 1/3 des voix qu'ils avaient obtenu aux européennes: ils passent de 910 472 voix de Juin 2009 à 620 021 de mars 2010 (sans tenir compte du fait que dans certaines régions comme les Pouilles ou la Toscane la Fédération de la Gauche s'est présentée avec les Verts). Avec toute la différence que l'on peut faire entre un vote régional (où peuvent valoir aussi des intérêts locaux particuliers) et un vote politique européen, les données sont quand même alarmantes et ne doivent absolument pas être sous-estimées. Car le vote aux européennes était déjà dans une large mesure un vote militant, de communistes, de ce « noyau dur » qui ne s'était pas laissé ensorcelé par le chant des sirènes de Vendola et n'acceptait pas l'effacement de la faucille et du marteau. En quelques mois, près de 300 000 camarades ont décidé de ne pas voter pour nous (et probablement de ne pas voter du tout). Nous ne pouvons pas ne pas voir que la résistance relative porte la marque d'une résistance résiduelle, non de la relance d'un fort projet politique et organisationnel. Ce serait absurde – et aussi politiquement coupable –de se retrancher derrière la maigre consolation que, tout compte fait, on survit encore.



Face au résultat électoral, plusieurs voix se lèvent désormais pour proposer un élargissement d'alliances pour la construction d'un front de « gauche alternative » contre les droites de Berlusconi et de la Ligue, contre la dénaturation totale de la Constitution. On propose le renforcement de la Fédération de Gauche et une forme d'alliance avec Gauche Ecologie et Liberté (SEL). Cela en soi, dans la situation donnée, n'est certainement pas erroné: la politique des alliances est dans la tradition communiste. Mais, il y a un mais.



Toute proposition d'alliance, sous la forme de pacte fédératif ou de simple bloc électoral (ce qui évidemment n'est pas du tout la même chose) nécessite, si on ne veut pas finir phagocyté par l'allié, un parti communiste fort et structuré. La question de l'unité des communistes pour la reconstruction d'un parti communiste adapté aux problèmes de notre époque est plus que jamais à l'ordre du jour.



La question fut posée avec clarté il y a deux ans, au lendemain de la débâcle de « l'Arcobaleno ». Le congrès du PdCI (2008) la fit sienne, celui, très difficile, du PRC, tout en sauvant le parti du projet liquidateur de Bertinotti et Vendola, non, sauf des composantes minoritaires, comme celle de l'Ernesto. La liste PRC-PdCI aux européennes de 2009 a ouvert de nouvelles formes de collaboration, qui n'ont pas débouché toutefois sur un processus authentiquement unitaire, qui est resté au contraire au milieu du gué, bloqué par les hésitations de la majorité du PRC (certains au sein de la direction du PRC disent explicitement que le PdCI a « du plomb dans l'aile »). La FdS est née en juillet 2009 comme un compromis possible entre les exigences divergentes, de l'unité communiste d'un côté, et de conceptions ancrées dans des cultures non-communistes, lointaines et étrangères à l'expérience historique du communisme du XX ème siècle et aux mouvements anti-impérialistes (voir par exemple l'article de veine anti-palestinienne de Lidia Menapace, du 25 mars, dans Liberazione). La vie même de la FdS a été affectée par ces éléments divergents (à partir du nom, qui a effacé même le mot « communiste », alors que la FdS est composée à 95% du PRC et du PdCI), et le projet politique en découlant est resté flou, faisant perdre un temps précieux. Et le temps ne travaille pas pour nous.



Quand nous parlons de reconstruction communiste, nous n'entendons pas la seule fusion organisationnelle des deux partis – qui représenterait quand même un pas en avant. Il faut construire un parti qui sache récupérer et réactualiser la meilleure partie du patrimoine d'idées, politique, organisationnel des communistes. Nous ne le disons pas par une pulsion passéiste-identaire, mais parce que nous croyons qu'il est indispensable aujourd'hui dans la lutte anti-capitaliste. Un parti qui ait une élaboration politique et programmatique insérée dans une vision stratégique, qui sache remplir une fonction dirigeante des luttes sur le terrain économique et sociale (et donc aussi capable de peser sur la ligne syndicale), politique, culturel, qui sache s'enraciner sur le territoire. Ce n'est pas un modèle du passé.



La boutade circule selon laquelle la Ligue, la formation politique qui a aujourd'hui le vent en poupe, est le seul parti organisé sur le territoire sur le modèle du PCI (avec une ligne politique et idéologique férocement anti-communiste). Elle croît électoralement même si sa présence dans les médias est faible, mais elle est enracinée sur le territoire, elle fait de la politique au quotidien.



On discute pour savoir si les résultats électoraux sont plus ou mins favorables si on se présente en coalition avec le PD, ou seul, ou avec SEL (Gauche Ecologie et Liberté) en opposition par rapport au PD, comme dans les Marches. Et, avec des résultats aussi différents, chacun peut emmener de l'eau à son moulin, soutenant la nécessité d'alliances plus organiques avec SEL ou avec le PD. Mais en réalité les communistes récoltent des voix là où ils ont essaimé, là où ils travaillent sur les territoires et se présentent avec une ligne politique claire, « de classe », là où ils se présentent comme une force utile, parce qu'elle a un poids. La question des alliances possibles vient après (et pas en termes temporels): on ne peut s'allier avec quelqu'un si on est quelqu'un, si on a sa propre force et son propre projet.



Ce dont nous avons besoin avant tout, ce ne sont pas des raccourcis en dehors du processus conscient de reconstruction communiste. Les communistes grecs du KKE (que cependant nous n'indiquons pas comme « modèle »: nous évitions les caricatures banales dans le débat): ils ont démontré dans les dernières semaines qu'un parti structuré et organisé comme le leur sait être le force protagoniste et directrice d'importantes luttes ouvrières et populaires contre les politiques dictées par l'UE et le FMI qui entendent faire porter le poids de la crise de la dette public du pays par les masses populaires.



Notre tâche prioritaire est de reconstruire le parti communiste, ouvert au reste de la gauche. Ce qui aujourd'hui, n'est pas seulement très difficile à faire, mais n'est pas non plus facile à dire, car la question est refoulée, éludée, occultée derrière le débat sur les « alliances ». Comment on reconstruit le parti? Cela ne se fait pas en laboratoire, c'est un processus qui vit dans les rapports sociaux, dans les luttes sociales, politiques, culturelles, idéologiques. Le parti communiste se construit en travaillant dans la société. Mais il se construit s'il y a une volonté consciente de le faire, si on dépasse une mentalité et une pratique opportunistes qui tendent à ajourner la question, à se mouvoir dans la contingence du jour le jour sans indiquer d'objectif.



Et, c'est maintenant ou jamais.

Partager cet article
Repost0
20 avril 2010 2 20 /04 /avril /2010 12:18

AchcarGilbert.jpg

 

 

Dans Les Arabes et la Shoah, Gilbert Achcar, universitaire libanais, analyse avec rigueur l’histoire de la perception des persécutions juives par le monde arabe, du nazisme à nos jours. Intellectuel libanais de 58 ans, Gilbert Achcar est professeur à la School of Oriental and African Studies (Soas) de l’université de Londres. Il vient de publier Les Arabes et la Shoah: la guerre israélo-arabe des récits (Sindbad Actes Sud). Cet ouvrage, très complet, étudie les perceptions des persécutions juives par le monde arabe, avant, pendant et après la Shoah. Cette exhaustivité permet de sortir des clichés, à commencer par celui du mufti de Jérusalem, Amin al-Husseini, convié à assister à Berlin au défilé des SS en pleine Seconde Guerre mondiale. D’autres voix sont données à entendre dans cet ouvrage, d’autres positions y sont relatées, expliquées. On apprend notamment que l’Egyptien Anouar al-Sadate et le Palestinien Mahmoud Abbas, présentés comme des chantres de la paix, ont été dans leur jeunesse nettement plus antisémites que Nasser et Arafat, injustement décriés sur ce thème. Achcar, d’une rigueur intellectuelle et morale impeccables, décrit aussi la complexité et l’ambiguïté des relations entre Shoah et nakba, la dépossession des Palestiniens chassés de leurs terres en 1948 (les deux mots, s’ils ne désignent pas la même chose, ont, en français la même traduction: la «catastrophe»).

Par le passé, Gilbert Achcar a déjà publié le Choc des barbaries (2002), l’Orient incandescent (2003), la Guerre des 33 jours (2006) et, avec Noam Chomsky, la Poudrière du Moyen-Orient (2007).

 

 

En exergue, vous avez choisi une phrase de l’Evangile selon Saint Matthieu: «Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l’œil de ton frère, et n’aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton œil  ?»

 

C’est une excellente règle de vie que de reconnaître ses propres défauts avant de chercher ceux des autres. Je me la suis appliquée à moi-même en tant qu’originaire du monde arabe, afin de dire les choses sans concession. Elle devrait aussi s’appliquer à ceux qui font des reproches aux Arabes et qui ne voient pas l’injustice qu’ils font subir aux autres…

 

Votre livre est-il le premier travail exhaustif sur ce sujet par un universitaire arabe ?

 

 

Oui, certainement. Il n’y a pas eu d’ouvrage systématique sur cette question. Il y a des classiques sur les relations entre l’Allemagne nazie et le monde arabe [1], mais ils relèvent plus de l’histoire diplomatique que d’une étude précise de la perception dans le monde arabe du nazisme, des persécutions antijuives et de la Shoah. Il y a aussi un ouvrage récent d’auteurs israéliens [2], que je critique beaucoup parce que c’est un catalogue qui met sur le même plan d’odieux inconnus et des personnalités plus importantes. On y passe totalement sous silence la visite d’Arafat à la maison d’Anne Frank à Amsterdam, qui était un acte symbolique fort destiné à compenser sa visite avortée au mémorial de l’Holocauste à Washington.

 

Quelles attitudes dominent dans le monde arabe au moment de la Shoah ?

 

D’abord, les Arabes, ça n’existe pas. Parler d’un discours arabe au singulier est une aberration. Le monde arabe est traversé par une multitude de points de vue. A l’époque, on pouvait distinguer quatre grands courants idéologiques, qui vont de l’occidentalisme libéral à l’intégrisme islamique en passant par le marxisme et le nationalisme. Sur ces quatre courants, deux rejetaient clairement le nazisme: l’occidentalisme libéral et le marxisme, en partie pour des raisons communes (l’héritage des lumières, la dénonciation du nazisme comme racisme), et en partie à cause de leurs affiliations géopolitiques. Le nationalisme arabe est contradictoire sur cette question. Mais si on regarde de près, le nombre de groupes nationalistes qui se sont identifiés à la propagande nazie est finalement très réduit. Il y a un seul clone du nazisme dans le monde arabe, c’est le Parti social nationaliste syrien, fondé par un chrétien libanais, Antoun Saadé. Le mouvement égyptien Jeune Egypte a flirté un temps avec le nazisme, mais c’était un parti girouette. Quant aux accusations selon lesquelles le parti Baas était d’inspiration nazie à sa naissance dans les années 40, elles sont complètement fausses. Je suis loin d’être un admirateur du Baas, surtout du Baas d’aujourd’hui qui est dictatorial, mais Michel Aflak [intellectuel chrétien syrien, fondateur du Baas, ndlr] était de gauche.

 

Qu’en est-il des islamistes ?

 

 

Le panislamisme intégriste, lui, n’a aucune réserve vis-à-vis du nazisme. Ce choix remonte au tout début des années 30, il a été inspiré par Rachid Rida [intellectuel réformateur musulman égyptien mort en 1935]. Au départ, Rida est plutôt pro juif, par rejet de l’Occident. Par exemple, au moment de l’affaire Dreyfus, il condamne la persécution des Juifs par l’Europe chrétienne. Rida essaye même de prendre langue avec les dirigeants du mouvement sioniste, sans succès. Avec l’exacerbation des tensions en Palestine, il opère un tournant après 1929 et va reprendre et islamiser le discours antisémite européen en appliquant un vernis religieux sur le Protocoles des sages de Sion [3] et la propagande nazie. D’une manière générale, il y a des affinités électives entre islamisme et nazisme: les deux «essentialisent» l’ennemi, l’un sous la forme religieuse, l’autre sous celle, pire encore, d’un racisme biologique. Attention, je parle bien de l’intégrisme islamique et non de l’islam. Au final, deux figures de proue de la mouvance intégriste vont collaborer étroitement avec Berlin: le cheikh Chakib Arslan [une des deux grandes familles féodales druzes libanaises avec les Joumblatt, ndlr] et le moufti de Jérusalem, Amin al-Husseini. Les deux avaient noué des liens étroits avec l’Arabie Saoudite, qui, elle-même, avait approché les nazis. Par prudence et par peur de la Grande-Bretagne, le royaume saoudien va interrompre ces contacts dès qu’ils ont commencé à être connus.

 

 

Quelle était la représentativité d’Amin al-Husseini ? Son ralliement a-t-il durablement terni la cause palestinienne ?

 

 

Dans l’Encyclopédie de l’Holocauste, l’article consacré à Amin al-Husseini n’est dépassé, en longueur, que par celui sur Hitler: c’est une absurdité totale parce que ce personnage n’a été qu’un petit rouage dans la galaxie nazie et qu’il n’a pas participé à l’exécution du génocide. Je ne veux pas l’exonérer de l’abjection de ses positions, mais c’est démesuré. Quant aux entreprises qu’il a menées pour le compte des nazis, c’est un fiasco absolu. Ses exhortations sont restées sans écho dans le monde arabe. Si on compte le nombre d’Arabo-Berbères ayant combattu aux côtés de l’Axe, il est infime comparé à ceux ayant combattu avec les Alliés, y compris parmi les Palestiniens. D’ailleurs quand Husseini se réfugie à Berlin (en 1942), il est déjà discrédité car il a cumulé les défaites, que ce soit en Palestine avec la Grande Révolte de 1936-39 ou en Irak en 1941. Il faut noter au passage que les mémoires d’Amin al-Husseini sont un antidote contre le négationnisme: il savait que le génocide avait lieu et se vantait d’avoir été parfaitement au courant dès 1943. Pour moi, il est un artisan de la nakba (la défaite de 1948 et le départ de centaines de milliers de Palestiniens chassés de leurs terres), au sens où il porte une responsabilité dans ce qui est arrivé au peuple palestinien.

 

 

Au Moyen-Orient, les Palestiniens sont les premiers à avoir subi les conséquences de la Shoah. Sont-ils plus enclins que d’autres à la nier ou, au contraire, à la reconnaître ?

 

 

On trouve, parmi les Palestiniens, deux attitudes symétriques. Une partie d’entre eux a compris que les leçons de la Shoah sont universelles et que la nier est non seulement faux, mais contre-productif.

Mais sait-on qu’un Palestinien a créé un musée de l’Holocauste ?

Sait-on que le village de Nilin (en Cisjordanie), connu pour sa lutte contre le mur de séparation, a organisé une exposition sur la Shoah ?

Les médias occidentaux montrent beaucoup moins ce type d’attitudes que le contraire…

A l’inverse, il y a, de manière croissante, une attitude négationniste chez les Palestiniens. Prenez les citoyens arabes d’Israël, qui parlent hébreu et qui, dans le cadre de leur cursus scolaire, ont été surinformés sur la Shoah: on constate chez eux un taux de négationnisme qui est passé de 28 % en 2004 à 40 % en 2007. Ce phénomène montre bien qu’il ne s’agit pas d’un négationnisme réfléchi, comme en Europe, mais d’une forme de défi. C’est une manière - la plus mauvaise possible - d’exprimer son ressentiment par rapport à l’escalade systématique de la violence depuis 2001 et au glissement à droite de la société israélienne. C’est une façon de dire: ils utilisent la Shoah pour justifier ce qu’ils nous font, donc la Shoah est une invention. C’est un raisonnement primaire, combattu par une minorité éclairée. Pour lutter contre cela, il faut prendre conscience que les leçons de la Shoah sont universelles et que tout peuple opprimé peut les mettre en avant, y compris les Palestiniens. Au lieu de nier la Shoah, les Palestiniens ont beaucoup plus intérêt à nier à Israël le droit d’exploiter la Shoah pour justifier ses actes et refuser toute critique. C’est ce que disent aujourd’hui plusieurs auteurs israéliens, dont Avraham Burg [responsable travailliste, ex-président de la Knesset, ndlr].

 


 

Les provocations de Mahmoud Ahmadinejad sur la Shoah sont-elles révélatrices d’une tendance générale ?

 

 

La bêtise est une chose, l’abjection une autre. Malheureusement, ce genre d’obscénités s’est multiplié dans le monde arabe, ce qui fait la joie de sites spécialisés pro israéliens qui les collectionnent. Quant à Ahmadinejad, qui n’est pas arabe mais qui fait partie du paysage régional, son discours est pétri de contradictions. D’une part, il dit: la Shoah est un mensonge, un mythe. De l’autre, il explique que c’est le problème des Allemands et des Autrichiens, qui n’ont qu’à faire un Etat juif chez eux.

 

 

Où le discours antisémite est-il le plus répandu dans le monde arabe ?

 

 

En Arabie Saoudite, où le wahhabisme - une forme d’intégrisme ultra-archaïque - est une idéologie d’Etat. Sous la pression américaine, le pouvoir saoudien a tempéré son attitude, mais au niveau de l’institution religieuse wahhabite, il demeure un fort sentiment antijuif. Sinon, il n’y a pas un pays en particulier où se cristallise l’antisémitisme. On en trouve surtout là où prospèrent les intégristes: les Frères musulmans égyptiens, le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais, même si Hassan Nasrallah n’utilise plus ce discours depuis trois ans. Certains nationalistes, comme ceux qui considèrent Saddam Hussein comme un héros, véhiculent aussi ce genre d’idées.

 

 

Le panarabisme, qui a dominé le monde arabe idéologiquement dans les années 50-60, était-il moins antijuif que le panislamisme ?

 

 

Que ce soit Nasser ou le Baas des origines, il n’y a pas d’antijudaïsme. Le panarabisme de gauche met en avant le fait national culturel contre l’appartenance religieuse. C’est allé jusqu’à considérer les Juifs comme des Arabes culturels, dans la mesure où ils n’agissaient pas contre la nation arabe.

Une des campagnes les plus violemment antijuives de cette époque a été le fait d’un Irakien pro britannique, Nouri Saïd, alors que les juifs irakiens étaient plus qu’enracinés dans le pays.

Plusieurs historiens israéliens ont revisité leur histoire à la lumière de la nakba. Les historiens palestiniens prennent-ils en compte la Shoah dans leurs analyses ?

Si l’on parle de l’histoire du mouvement sioniste, beaucoup de Palestiniens et d’Arabes l’ont fait et le font, même si l’accès aux archives n’est pas toujours facile. Mais si vous parlez de l’histoire de la Shoah elle-même, ils ne se sentent pas concernés. Le rapport d’Israël à la nakba, ce n’est pas le rapport des Palestiniens à la Shoah. L’attitude dominante dans le monde arabe, ce n’est pas tant de dire «ça n’a pas existé», mais plutôt: «Le nazisme c’est abject, mais il ne faut pas répondre à une injustice par une autre injustice en développant la colonisation de la Palestine. Pourquoi devrions nous payer le prix de ce qu’ont fait les Allemands ?»

 


 

* Cet entretien a été publié dans le quotidien français Libération dans son supplément – Le Mag – en date du samedi 27 mars 2010.

1. «The Third Reich And The Arab East», Lucas Hirszowicz (1966).

2. «From Empathy To Denial: Arab Responses To The Holocaust», Meir Litvak et Esther Webman (2009).

3. Ce faux document a été produit par la police tsariste à la fin du XIXe siècle. Il prétendait mettre à jour l’entreprise de domination du monde par les Juifs et la franc-maçonnerie.

(29 mars 2010)

Partager cet article
Repost0
20 avril 2010 2 20 /04 /avril /2010 11:46
Social-démocratie et collaboration de classes
Mohamed BELAALI
« Dans tous ces écrits, je ne me qualifie jamais de social-démocrate, mais de communiste. Pour Marx, comme pour moi, il est absolument impossible d’employer une expression aussi élastique pour désigner notre conception propre » *
F. Engels

Didier Migaud et Michel Charasse ont été nommés par Sarkozy, l’un premier président de la Cour des comptes, l’autre au Conseil constitutionnel. L’un est député socialiste, l’autre est un ancien ministre et ami de Mitterrand. Mais Sarkozy a recruté également Michel Rocard pour effectuer plusieurs missions, entre autres, pour réfléchir au grand emprunt national et servir d’ambassadeur de France chargé des négociations internationales relatives aux pôles Arctique et Antarctique. Jack Lang, lui, a été envoyé à Cuba comme émissaire spécial du président et en Corée du Nord pour « mission d’information ». Eric Besson, qui a quitté Ségolène Royal et le PS juste après les résultats du premier tour des présidentielles de 2007, est nommé d’abord Secrétaire d’État avant de devenir Ministre de l’immigration. Martin Hirsch était confortablement installé dans son fauteuil de Haut Commissaire aux Solidarités Actives et à la Jeunesse avant de quitter le gouvernement le 22 mars 2010. Jean-Marie Bockel occupe le poste de secrétaire d’État auprès de la ministre de la Justice et des libertés. Bernard Kouchner, ministre des gouvernements socialistes de Michel Rocard à Lionel Jospin, travaille aujourd’hui pour Sarkozy en tant que ministre des Affaires étrangères et européennes. Le cas de Dominique Strauss-kahn est plus délicat et moins flagrant. Sarkozy n’avait, si l’on peut dire, que soutenu activement sa candidature à la présidence du Fonds Monétaire International (FMI). Il ne s’agit là que de la personnification d’une collaboration de classes d’un courant politique ancien, celui de la social-démocratie.

Ces hommes qui se déclarent toujours de « gauche » occupent des postes de ministres, de secrétaires d’État, de présidents ou membres d’institutions importantes pour aider Sarkozy à appliquer une politique entièrement au service des classes dominantes. Répudier et renier ses propres principes politiques est devenu une habitude chez les socio-démocrates. Et ce renoncement se fait naturellement sans état d’âme et sans scrupule. Il est difficile de distinguer sérieusement aujourd’hui un dirigeant social-démocrate d’un dirigeant de droite, tellement leurs idées et leurs pratiques politiques se confondent. Privatisations, destruction des services publics, précarisation et « flexibilisation » de l’emploi, baisse des charges pour les entreprises, cadeaux fiscaux accordés aux plus riches, réduction des dépenses publiques, mépris des couches populaires et soumission au patronat sont quelques aspects de leur gestion commune du libéralisme. Leur vénération du marché et du profit les rend insensibles et indifférents aux injustices, aux inégalités et à l’irrationalité du capitalisme qui produit en même temps richesses pour une minorité et misère pour la majorité de la population. La guerre reste pour eux , comme pour la bourgeoisie, l’un des moyens qu’ils utilisent au niveau international pour régler les conflits.

Les socio-démocrates ont depuis longtemps renoncé à vouloir changer le monde. Ils se sentent plus à l’aise, tellement le mot révolution leur fait peur, dans la gestion de la brutalité et de la barbarie du capitalisme qu’ils considèrent comme un système naturel et donc inéluctable.

Déjà en 1891, après la chute de Bismarck, les socio-démocrates allemands ont abandonné leur programme révolutionnaire contre un programme de réformes démocratiques. Depuis, les socio-démocrates au pouvoir en Europe, avec des différences de degré et non d’essence, n’ont cessé de mener des politiques de collaboration de classes.

En 1914 ils ont voté, au Reichstag, les crédits de la guerre impérialiste avec ces termes : « Nous n’abandonnerons pas la patrie à l’heure du danger ». Avec ce vote, les dirigeants socio-démocrates allemands ont contribué à déclencher l’une des plus meurtrières guerre de l’histoire : 9 millions de morts ! La Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO) se rallie, elle aussi, à l’effort de guerre et à « l’Union sacrée » juste après l’assassinat de Jean Jaurès en juillet 1914 ! Socio-démocrates et classes dominantes sont ainsi unis pour mener ensemble cette terrible guerre.

Rosa Luxemburg et Karl Liebknecht, figures emblématiques de la classe ouvrière allemande, sont assassinés en 1919 sur ordre de la social-démocratie.

Ces évolutions ont brisé l’unité du mouvement socialiste. En France, le congrès de Tours de 1920 a consacré la rupture entre les révolutionnaires et les réformateurs (socio-démocrates) qui ont gardé le nom de la SFIO jusqu’à la fin des années soixante avec la création du parti socialiste. Et on va taire par pudeur les positions honteuses de la social-démocratie concernant la colonisation.

Aujourd’hui, cette collaboration de classe est encore plus flagrante ; elle est même revendiquée et assumée : « Les différences entre la droite et la gauche sont obsolètes » disait T. Blair (1). La « troisième voie » n’a t-elle pas été présentée justement comme le dépassement de la gauche et de la droite ?

Subjugués par le marché et la mondialisation capitaliste, les socio-démocrates anglais vont jusqu’à emprunter à M Thatcher ses convictions politiques et économiques. Le Labour party est devenu le New Labour pour mieux marquer leur adhésion au néolibéralisme. Cette thatcherisation du parti travailliste a été facilitée, entre autres, par la défaite des mineurs anglais qui avaient mené un combat héroïque contre Thatcher et l’État britannique en déclenchant l’une des plus dures et des plus longues grèves (1984/1985) de l’histoire de la classe ouvrière anglaise. Les lois conservatrices anti-syndicales n’ont pas été remises en cause par Blair lorsqu’il est arrivé au pouvoir en 1997. L’Employment Act de 2002 ne cherchait, au contraire, qu’à étouffer les revendications des salariés et développer le partenariat (partnership) c’est-à-dire la paix sociale entre travailleurs et patrons.

La politique étrangère menée par la social-démocratie anglaise et son avatar la troisième voie, est surtout marquée par l’alignement inconditionnel sur les États-Unis. La guerre en Irak, qui a fait près de deux millions de morts, est un exemple éloquent de cette coopération étroite entre les républicains américains et les socio-démocrates anglais. Blair n’était-il pas d’ailleurs le meilleur soutien de Bush dans cette boucherie irakienne ? L’autre allié de T. Blair n’est que le social-démocrate allemand Gerhard Schröder. La collaboration de classes passe cette fois non pas par la troisième voie, mais par « le nouveau centre » !

De 1998 à 2005, Schröder a mené des politiques économiques et sociales en faveur du patronat que même le gouvernement Kohl ne pouvait réaliser. Le marché du travail a été flexibilisé et précarisé par les réformes de l’Agenda 2010 et les lois Hartz (2003/2005). Les indemnités chômage ne sont versées que sur 12 mois seulement au lieu de 32 auparavant. Les chômeurs de longue durée, qui sont tenus d’accepter n’importe quelle offre d’emploi, ne reçoivent qu’une allocation minimale de 350 euros mensuel. Les pensions de retraite ont été diminuées etc. Schröder a ainsi précarisé et paupérisé l’ouvrier allemand. Par contre, il a fortement baissé les impôts pour les plus riches. Ainsi le taux marginal d’imposition est passé de 53 à 42 %.

En 2005, la collaboration de classe s’est concrétisée par la formation de la « grande coalition » formée du SPD et de l’Union chrétienne-démocrate CDU-CSU. Là encore, il est difficile de distinguer le SPD des partis bourgeois avec lesquels il gouverne. Il est devenu au fil du temps, par sa politique antisociale, un instrument efficace au service de la bourgeoisie allemande.

Le SPD, comme les Verts d’ailleurs, a engagé la Bundeswehr (l’armée allemande) dans la guerre au Kosovo et en Afghanistan. C’est cette même armée qui est responsable du massacre de Kunduz en 2009 qui a coûté la vie à 142 personnes dont de nombreux civils. En France, le Parti socialiste (PS) ne fait pas exception à cette complicité de classes chère aux socio-démocrates européens. Si des politiques en faveur des classes dominantes ont été menées dès 1983, c’est surtout le gouvernement Jospin (1997-2002) qui s’est le plus éloigné des classes populaires. Jospin ne disait-il pas lui-même « mon programme n’est pas socialiste » ? Son gouvernement s’est illustré effectivement par un nombre impressionnant de privatisations et d’ouvertures de capital d’entreprises publiques : France Télécom, Air France, EADS, Crédit lyonnais, Thomson Multimédia, GAN, CIC, Crédit Foncier de France (CFF), Caisse nationale de prévoyance (CNP) etc. etc. En terme de recettes liées à ces privatisations, Jospin a fait mieux que ses deux prédécesseurs de droite Juppé et Balladur réunis ! Les conséquences de cette vente massive au privé sont désastreuses pour les salariés et les citoyens usagers des services publics : suppressions de postes par milliers, restructuration et dégradation de la qualité du service rendu. Le « new management », introduit dans ces entreprises privatisées notamment à France Télécom, a poussé nombre de salariés au suicide.

Dominique Strauss Kahn et Laurent Fabius, deux ministres du gouvernement Jospin, ont adopté des mesures fiscales très avantageuses en faveur des stocks options. Laurent Fabius a également mené une politique fiscale très favorable pour les entreprises et les classes aisées. Par contre lorsqu’il s’agit des intérêts des ouvriers, le gouvernement Jospin semble indifférent. Son dynamisme et son volontarisme à servir le patronat n’a d’égal que son impuissance à défendre les ouvriers :« l’État ne peut pas tout » déclarait Jospin lorsque Michelin avait annoncé le licenciement de 7500 salariés !

Sarkozy prépare en ce moment un plan pour venir à bout de ce qui reste encore du régime de retraite par répartition. Pour lui faciliter la tâche, François Hollande expliquait le 28 mars 2010 « qu’il faut sans doute allonger la durée des cotisations ». Martine Aubry disait-elle autre chose lorsqu’elle a déclaré, avant de se rétracter, « je pense qu’on doit aller, qu’on va aller très certainement, vers 61 ou 62 ans » ?

Cette collaboration interne de classe, se prolonge également sur le plan externe. La guerre impérialiste en Yougoslavie était menée, main dans la main, par Chirac et Jospin derrière l’OTAN.

Dans un communiqué conjoint du 24 mars 1999, on apprend que « le président de la République, en accord avec le gouvernement, a décidé la participation des forces françaises aux actions militaires, devenues inévitables, qui vont être engagées dans le cadre de l’Alliance atlantique » (2). Le 23 mars c’est à dire le jour même où les attaques aériennes contre la Yougoslavie furent décidées, Jospin déclarait à l’ Assemblée nationale « la France est déterminée à prendre toute sa part à l’action militaire devenue inévitable ». Même détermination, même collaboration de classe et même soumission à l’impérialisme américain !

« Les armes vont parler » disait François Mitterrand pour annoncer la première guerre du Golfe en 1991. Lorsqu’il s’agit de défendre ses intérêts, la bourgeoisie ne recule devant aucun moyen y compris le plus abject, la guerre. Et elle n’éprouve aucune difficulté à entraîner dans son sillage la social-démocratie.

Au sud de l’Europe, les socio-démocrates se distinguent, eux, par un zèle particulier à servir les classes dominantes. Ainsi le Pasok (parti socialiste grec) et le Parti socialiste portugais, tous les deux au pouvoir, ont décidé avec la complicité de leurs parlements et contre leurs populations, des plans d’austérité dirigés contre les classes populaires : gèle des salaires et des retraites, hausse de la TVA payée essentiellement par les pauvres, privatisations massives (au Portugal), suppressions ou réductions de certains acquis sociaux, réductions des dépenses publiques etc. (3). Au moment où le capitalisme connaît une crise profonde, ces partis socialistes au pouvoir tentent par tous les moyens de le sauver ! Étrange socialisme que celui de la social-démocratie !

En Espagne l’âge de départ à la retraite a été repoussé. José Luis Zapatero, socialiste lui aussi, a condamné ainsi les salariés espagnols à travailler jusqu’à l’âge de 67 ans ! Le premier ministre espagnol a également apporté son soutien(avec d’autres socialistes européens) à la candidature de José Manuel Barroso à la présidence de la Commission européenne. Non seulement l’ancien premier ministre portugais est à la tête de l’une des institutions les plus libérales, qui a détruit tout ce que des générations entières ont construit comme progrès social en Europe, mais il est aussi l’organisateur du sommet (aux Açores portugaises avecGeorge W. Bush, Tony Blair et José Maria Aznar), où fut décidée la guerre en Irak.

Aujourd’hui, plus qu’hier encore, la social-démocratie est très éloignée des intérêts des classes populaires. Au pouvoir, elle déploie un zèle singulier pour servir les riches et les puissants. S’il lui arrive de jeter quelques miettes aux dominés, c’est pour mieux cacher sa vraie nature et se présenter comme une alternative aux représentants des dominants. Elle a une lourde responsabilité dans l’étouffement des mouvements sociaux et elle est toujours prompte à participer aux guerres impérialistes. En un mot, elle est, à l’intérieur comme à l’extérieur, au service de la classe dominante. Il est peut-être temps de songer à construire une alternative en dehors de ce courant politique qui constitue un véritable obstacle au changement et au dépassement du capitalisme.

Mohamed Belaali

* F. Engels, préface à la brochure du Volksstaat de 1871-1875. Marx, Engels « La social-démocratie allemande ». 10/18, 1975, page 7.

(1) Cité par Philippe Marlière :http://www.cahiersdusocialisme.org/...

(2) Communiqué des autorités françaises, le 24 mars 1999, Documents d’actualité internationale, 1999, no 9, p 342 http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IM...

(3) http://www.lemonde.fr/europe/articl.... Pour le Portugal voir Le Monde du 27 mars 2010

Partager cet article
Repost0