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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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16 novembre 2008 7 16 /11 /novembre /2008 14:20

                                                                                            

Un film palestinien lauréat du festival du cinéma méditerranéen de Rome.

Le film "L’anniversaire de Leïla" du Palestinien Rashid Masharawi a remporté vendredi le prix "Amour et Psyché", principale récompense de la XIVe édition du "Medfilm Festival" de Rome consacré au jeune cinéma des pays du pourtour de la Méditerranée.
Le prix a été décerné à l’unanimité du jury.
"L’anniversaire de Leïla" raconte les tribulations d’un chauffeur de taxi palestinien dans les territoires occupés, tentant de rentrer à temps chez lui pour l’anniversaire de sa fille.
"Sonbahar" (Automne) premier film du réalisateur turc Ozcan Alper a reçu une mention spéciale tandis que le prix de la meilleure expression artistique est allé à "Mar Nero" (Mer noire) de l’Italien Federico Bondi.
Dans la section "Nouvelle Europe" la principale récompense a été décernée à "Yumurta" (l’oeuf) de Semith Kaplanoglu (Turquie/Grèce).
Plus de deux cents films (longs-métrages, courts-métrages et documentaires), la plupart en avant-première, ont été projetés du 5 au 16 novembre durant ce festival dont les hôtes d’honneur étaient cette année la Turquie et l’Allemagne.
Au total 41 pays étaient représentés dans les diverses catégories du festival qui a rendu un hommage spécial au réalisateur égyptien Youssef Chahine récemment disparu.

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14 novembre 2008 5 14 /11 /novembre /2008 10:17





Silence des media sur un rapport accusateur

Israel : les enfants délibérément pris pour cibles

MEDIALENS

 

                                        photo : Rajaa Abu Shaiban, 4 ans, tué par des soldats israeliens à Gaza, 9 aout 2006.

Dans l’après-midi du 28 fvrier 2008, un groupe de garçons palestiniens jouaient au foot sur un terrain prés de chez eux dans la bande de Gaza. Vers 15h30, un avion israélien a tiré un missile vers les enfants. Quatre ont été tués sur le coup et trois autres ont été grièvement blessés. Les quatre garçons morts s’appelaient Omar Hussein Dardouna, 14 ans, Dardouna Deib Dardouna, 12 ans, Mohammed Na’im Hammouda, 9 ans, et Ali Munir Dardouna qui avait tout juste 8 ans.

Une enquête menée sur le terrain par des militants des droits de l’homme palestiniens a conclu qu’il n’y avait aucune présence de résistance palestinienne dans les environs au moment tu tir et que les enfants « devaient être clairement visibles pour l’avion (israelien) qui a tiré le missile ».

De tels cas sont nombreux. Une nouvelle étude du Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme (PCHR) indique que 68 enfants ont été tués à Gaza entre juin 2007 et juin 2008 (1). Au cours de la même période, 12 enfants furent tués par les forces israéliennes en Cisjordanie. Le rapport souligne « le ciblage délibéré de civils, y compris d’enfants » (2).

Depuis la deuxième Intifada, qui fut déclenchée en septembre 2000, les forces israéliennes ont tué 859 enfants dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. Le nombre d’enfants tués a brutalement augmenté au cours du premier semestre de 2008, principalement à cause d’une opération militaire israélienne de grande envergure dans la bande de Gaza. L’assaut, baptisé « opération chaleur d’hiver », fut lancée en février 2007. Les israéliens ont tué plus d’enfants (47) dans la bande de Gaza au cours des quatre premiers mois de 2008 qu’au cours de toute l’année 2007 (32 enfants). Un total de 110 civils firent tués durant l’opération en février-mars 2008. (3)

Le site internet « Remember These Children » signale que depuis le 29 Septembre 2000, 123 enfants israéliens ont été tués par des Palestiniens et 1.050 enfants Palestiniens ont été tués par les Israéliens. (4)

La plupart des enfants tués au cours des dernières années dans la bande de Gaza l’ont été par des bombardements, des missiles sol-sol, ou des missiles air-sol. L’enquête palestinienne souligne qu’Israël a « systématiquement bombardé soit à l’intérieur des zones résidentielles soit dans leur proximité immédiate, y compris des écoles et des zones proches des écoles. » Israël recourt à « une force disproportionnée et excessive dans les Territoires Palestiniennes Occupées, sans égard pour les civiles, y compris les enfants. »

Mais le rapport révèle encore pire. Il conclut que les forces Israéliennes « visent délibérément les civils désarmés, y compris les enfants, dans le cadre de leur politique de punition collective infligée à l’ensemble de la population civile palestinienne ».

Le rapport du groupe de défense des droits de l’homme se conclut par :

« Il existe un faisceau convergent d’éléments qui indiquent que les forces Israéliennes tuent délibérément des enfants en représailles de morts israéliens, civils ou membres des forces israéliennes, ce qui constitue un crime de guerre ». (5)

Selon le droit international, les enfants sont particulièrement protégés pendant les conflits armés. Ceci inclut une occupation militaire comme celle des territoires palestiniens par Israël. Une protection légale est garantie par le 4eme Convention de Genève de 1949 ainsi que la Convention des Nations Unies sur le Droit des Enfants, signé par Israël en 1991.

Cette protection fut renforcée par le Protocole sur les Enfants dans les Conflits Armés. Le protocole stipule que « les droits des enfants doivent être particulièrement protégés » et condamne « le ciblage des enfants lors de conflits armés et l’attaque directe contre des objets protégés par le droit international, dont les lieux habituellement fréquentés par les enfants, tels que les écoles et les hôpitaux ». Israël a signé le protocole le 14 novembre 2001 (6) mais ne cesse d’en violer les termes.

Et enfin, le rapport souligne qu’Israel n’a jamais mené d’enquête sur l’assassinat de civils désarmés, y compris d’enfants. Dans les rares cas où une enquête a été menée, elle l’a été par les forces armées israéliennes elles-mêmes. Ces enquêtes se concluent systématiquement par un non-lieu et un simulacre de justice.

Tandis qu’Israël continue de tuer des civils désarmés en toute impunité, la communauté internationale s’abstient d’exercer des pressions suffisantes sur Israël pour mettre un terme à l’assassinat de civils en enfants palestiniens. Ces assassinats devraient être dénoncés par ceux de la communauté internationale qui, en tant que signataires de la 4eme Convention de Genève, sont dans l’obligation de prendre des mesures afin de protéger les civils désarmés des attaques israéliennes.

Comme le fait remarquer le PCHR : « la vie d’un enfant palestinien est aussi sacrée que celle d’un enfant israélien, européen ou de n’importe quel autre enfant dans le monde ».

Réaction minimum de la part des média complaisants

Le rapport du PCHR est choquant. Guy Gabriel, conseiller auprès de Arab Media Watch, basée à Londres, nous a dit que le groupe était « une organisation crédible avec une bonne réputation, et mieux placée que beaucoup – en termes d’emplacement géographique, de ressources et de soutien – pour nous informer sur la situation à Gaza. » (7) Le journaliste John Pilger a répondu que « le PCHR, selon mon expérience, est une organisation dont les chiffres sont très fiables. » (8)

Ce groupe de défense des droits de l’homme, d’une réputation fiable, a fournit des éléments incontestables qui démontrent une stratégie délibérée de l’armée israélienne qui consiste à cibler les civils palestiniens, « y compris les enfants ». Dans d’autres circonstances, une telle nouvelle aurait fait la une des journaux. Ce n’est malheureusement pas le cas. Dans toute la presse Britannique (et autres, évidemment – NDT), ce qu’est qu’un grand, un énorme, silence.

La seule exception que nous avons trouvée a été un article de 400 mots publié dans The Guardian le jour de parution du rapport. Selon Rory McCarthy, « une organisation palestinienne déclare qu’Israel a tué 68 enfants à Gaza cette année » (9)

Comme l’a souligné McCarthy, « Un éminent groupe palestinien de défense des droits de l’homme déclare détenir des preuves que l’assassinat de 68 enfants dans la bande de Gaza au cours du premier semestre de cette année est le résultat d’un recours à une « force disproportionnée et excessivement létale » par l’armée israélienne. »

Cet article n’était pas de trop. Malheureusement, il ne fait pas mention d’un élément crucial, à savoir qu’il s’agit d’une politique délibérée de la part de l’armée israélienne qui consiste à viser des civils, y compris des enfants. Dans son article, McCarthy dit qu’il n’a pas pu obtenir la réaction d’un officiel israélien (c’était un jour de fête religieuse juive). Il se contenta alors d’insérer la dénégation Israélienne standard : « Dans le passé, Israël a constamment défendu ses actions militaires à Gaza, en affirmant que les civils ne sont pas intentionnellement ciblés et en faisant remarquer que souvent les militants palestiniens ouvrent le feu à partir de zones civiles. »

Le 27 Octobre 2008 nous avons écrit à McCarthy pour le féliciter pour son article. Nous avons souligné l’idée centrale du rapport, sans cesse répétée – confirmée par de multiples témoins oculaires – qu’Israël cible délibérément des civils et des enfants. Nous lui avons demandé pourquoi son article ne faisait pas mention de cette conclusion du rapport. McCarthy n’a pas répondu à notre courrier, ni à un deuxième courrier envoyé le 29 Octobre.

Pour ce qui concerne la BBC, « objective » et « impartiale », elle semble avoir joué son rôle habituel, à savoir protéger les puissants. Au vu de l’absence de toute mention du rapport dans les titres de ses journaux et sur son site Internet, on ne peut que conclure que la BBC a décidé d’enterrer les conclusions de ce rapport. Pour ce que nous avons pu voir, le même silence honteux règne chez ITN et Channel 4 (chaines TV britanniques – NDT).

Par contraste, Al Jazeera diffusa un reportage de 3 minutes, dont le témoignange poignant d’une mère. Il y avait aussi des images émouvantes d’enfants blessés et traumatisés, dont un qui a vu son père se faire tuer par un missile israélien. (10) Dans ce reportage, Hamdi Shokri, du Centre Palestinien pour les Droits de l’Homme, souligna : « Nous avons suffisamment d’éléments pour pouvoir affirmer qu’il y a eu un plan délibéré pour cibler et tuer des enfants. »

Nous avons écrit à Jeremy Bowen, le correspondant de la BBC au Moyen-Orient, le 26 octobre 2008. Nous lui avons demandé pourquoi la BBC n’avait rien fait pour publier ce rapport explosif. Pourquoi la BBC n’a-t-elle pas révélé la pratique délibérée d’Israël de viser les enfants ? En clair, pourquoi la BBC ne fait pas mieux son travail pour couvrir les événements dans les territoires occupés ? Bowen n’a pas répondu.

Greg Philo, du Glasgow Media Group de renommée mondiale, a récemment chargé (l’agence de recherche) YouGov de sonder 2068 adultes britanniques pour leur demander s’ils pensaient qu’il fallait donner plus de temps de parole dans les média à la version palestinienne, plus à la version Israélienne, ou le même pour les deux. 72% ont répondu que le temps devait être également réparti, et ceux qui pensaient que le point de vue palestinien devait être plus avantagé étaient deux fois plus nombreux que ceux qui pensaient qu’il fallait favoriser Israël. Le chiffre incroyable de 95% se déclaraient insatisfaits du traitement de l’information par les média.

Les silences et les omissions persistantes dans la couverture des événements au Moyen-Orient sont les symptômes d’un profond parti-pris qui empêche l’opinion publique de connaitre la véritable gravité des atteintes aux droits de l’homme commises par Israël. On n’entend pour ainsi dire jamais parler des « tabassages indiscriminées, de gaz lacrymogène, et les tirs contre les enfants », comme indiqué dans une étude de mille pages de Save The Children. L’age moyen des victimes est de 10 ans ; la majorité d’entre eux ne lançaient même pas de cailloux. Dans 80% des cas où les enfants ont été touchés par balles, l’armée Israelienne a empéché les victimes de recevoir des soins médicaux. Le rapport conclut que plus de 50.000 enfants nécessitent des soins médicaux pour blessures, dont des blessures par balles, inhalation de gaz lacrymogène et multiples fractures.

En 1989, un bulletin de la Ligue Israélienne pour les Droits Humains et Civiques, intitulé « Meurtre délibéré », signala le ciblage des enfants palestiniens meneurs. L’armée israélienne et des tireurs d’élite des « unités spéciales » avaient « soigneusement choisi » les enfants sur lesquels ils allaient tirer en visant la tête ou le cœur. D’autres éléments, provenant des groupes de défense des droits de l’homme israéliens et la presse israélienne, soulignent le recours intensif à la torture, comme le tabassage brutal ou les chocs électriques, contre des détenus, y compris des enfants. (12)

Amnesty International a aussi signalé que des groupes de civils palestiniens, dont des enfants, ont été « à de nombreuses occasions, délibérément l’objet de cibles ». Des soldats israéliens eux-mêmes ont avoué qu’ils avaient délibérément tiré et tué des civils désarmés, parmi eux des enfants. (13) Pendant de nombreuses années, Amnesty International a publié et condamné les atteintes aux droits de l’homme par Israël contre les Palestiniens des territoires occupés. La majorité de ces atteintes constituent des violations graves de la Quatrième Convention de Genève et par conséquence sont des crimes de guerre. (14)

Si c’est Israel, ce n’est pas du terrorisme.

Dans un documentaire de 2002, « Palestine Is Still The Issue », John Pilger interviewa Dori Gold, qui était à l’époque un haut conseilleur auprès du Premier Ministre Israélien. Pilger lui demanda pourquoi Israël ne condamnait jamais ses propres responsables pour leurs actes terroristes comme il condamnait les actes terroristes contre Israël.

John Pilger : Lorsque ces désormais célèbres Israéliens (Menachem Begin, Yitzak Shamir and Ariel Sharon) commettaient des actes de terrorisme, juste avant la naissance de l’état d’Israël, vous auriez pu leur dire « rien peut justifier vos actes et toutes ces vies perdues ». Et eux vous auraient répondu que si, leurs actes étaient justifiés. Quelle est la différence ?

Dori Gold : Pour ce qui concerne la communauté internationale, je crois que nous sommes arrivés à un point d’accord global. Je crois qu’après le 11 Septembre le monde s’est réveillé brutalement. Parce que le terrorisme d’aujourd’hui n’est plus celui du terroriste fou, de l’anarchiste qui lance une bombe au milieu de la foule pour faire valoir son point de vue. Le terrorisme va se transformer pour passer du terrorisme actuel, sous la forme non-conventionnelle, vers un terrorisme nucléaire. Et il nous faut éliminer cette menace avant qu’il ne soit trop tard. Donc, que l’on parle de la lutte ici entre Israeliens et Palestiniens, de l’Irlande du Nord, du Sri Lanka ou de toute autre endroit du monde où le terrorisme s’exprime, toutes les démocraties doivent s’engager globalement pour éliminer cette menace. Point final.

JP : Est-ce que cela concerne le terrorisme d’état ?

DG : Aucun pays n’a le droit de s’en prendre délibérément à des civils, pas plus qu’une organisation quelconque.

JP : Qu’en est-il du terrorisme Israélien ?

DG : Il faut faire très attention avec le terme de terrorisme. Le terrorisme signifie que l’on cible délibérément des civils, que l’on mène une sorte de guerre contre eux. C’est cela le terrorisme contre les écoles, les cafés, les centres commerciaux israéliens. Israël cible, dans la mesure de ses capacités, les organisations terroristes palestiniennes.

JP : D’accord, mais lorsqu’un sniper israélien tire sur une vieille dame qui marche avec une canne et qui tente de se rendre à l’hôpital pour sa chimiothérapie, cela s’est produit dans un cas sous les yeux de la presse internationale - et franchement je pourrais passer la journée à vous énumérer des cas semblables – n’est-ce pas du terrorisme ?

DG : Je ne connais pas le cas dont vous parlez, mais je suis convaincu d’une chose. Un Israélien qui vise – y compris un sniper – vise celui qui est engagé dans une activité terroriste. Malheureusement, comme dans toute guerre, il arrive que des civils soient tués par accident. Le terrorisme signifie placer délibérément un civil dans la ligne de mire.

JP : C’est justement ce que je viens de vous décrire.

DG : C’est ce que … Non. Je vous assure que ce n’est pas comme ça que ça s’est passé.

JP : Si, c’est comme ça que ça s’est passé. Et je crois que c’est là le problème, on a du mal à croire que le terrorisme puisse s’exercer des deux côtés. Votre définition du terrorisme est correcte, concernant les civils. Et les kamikazes sont des terroristes.

DG : si vous mélangez le terrorisme et le contre-terrorisme, si vous créez une sorte d’équivalence morale entre les deux, ça va poser un problème non seulement pour Israël mais pour l’ensemble de l’alliance occidentale. Parce que nous sommes tous menacés.

John Pilger conclut : « Il est difficile de distinguer le « contre-terrorisme » d’Israël du terrorisme tout court. Quelle que soit leurs cibles, ce sont les innocents qui sont visés. (15) »

(…)

Traduction VD pour le Grand Soir http://www.legrandsoir.info

ARTICLE ORIGINAL
http://www.medialens.org/alerts/11/...

http://www.medialens.org/


(1) http://www.pchrgaza.org/files/ Pres...

(2) http://www.electronicintifada.net/ ...

(3) http://www.medialens.org/alerts/ 08... et http://www.medialens.org/alerts/ 08...

(4) http://rememberthesechildren.org/about.html

(5) PCHR, op. cit., p. 46

(6) PCHR, op. cit., p. 14

(7) Courrier électronique, 31 Octobre, 2008

(8) courrier électronique, 27 Octobre, 2008

(9) http://www.guardian.co.uk/world/200...

(10) Al-Jazeera, 22 Octobre, 2008 ; http://au.youtube.com/watch?v=PTzQO...

(11) Philo, ’More News, Less Views’, 30 septembre, 2008 ; http://www.gla.ac.uk/centres/mediag...

(12) Mike Berry and Greg Philo, ’Israel and Palestine - Competing Histories’, Pluto Press, London, 2006, pp. 86-87

(13) Ibid., p. 116.

(14) Ibid., pp. 60-61

(15) John Pilger, ’Israeli Terror’, http://www.johnpilger.com/ page.asp... ; ’Palestine Is Still The Issue’ documentaire : http://video.google.co.uk/ videopla... ; l’interview de Dori Gold commence à 34 mins 32 secs

 

 

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14 novembre 2008 5 14 /11 /novembre /2008 10:04






Italie : quand la dictature est à nos portes.                              

FAVIER Olivier

 

Un rapide balayage de la presse francophone suffirait à nous l’apprendre. La situation politique italienne est devenue plus qu’inquiétante -elle l’est déjà depuis plusieurs années. Les mouvements sociaux de ces dernières semaines, qui ont vu défiler plusieurs centaines de milliers de personnes, disent pourtant combien la résistance est potentiellement forte, dans un pays où les agressions et les crimes racistes se sont multipliés depuis septembre , où les déclarations officielles se suivent pour réhabiliter le fascisme . Pour autant, devant une gauche désorganisée ou qui a renoncé à dire son nom , face à un monde syndical très largement impuissant, la péninsule se retrouve une fois de plus confrontée au risque de rebellions autonomes, fragiles et manipulables, promptes à faire le jeu d’un pouvoir qui sait jouer sur les peurs. Dans un tel contexte, qui pourrait bien servir de modèle à la France -dont les évolutions récentes ressemblent sous de nombreux aspects aux premières années du berlusconisme, avec l’efficacité accrue d’une recette éprouvée-, la solidarité internationale a son rôle à jouer. Elle est, parmi d’autres, un rempart nécessaire contre une fascisation du régime qu’on peut désormais évoquer comme une menace réelle. En octobre dernier, le juge di Pietro a ainsi déclaré : "Quand la dictature est à nos portes, on doit résister immédiatement, pas quand il est trop tard."

Le 23 octobre dernier, Francesco Cossiga, figure historique de la démocratie chrétienne, ex-président de la république italienne, sénateur à vie, a tenu sur trois journaux des propos qui sur plusieurs points contreviennent aux lois d’un pays démocratique. Devant les manifestations de masse des étudiants, il a appelé à renouer avec la stratégie de la tension, dont les méthodes sont enfin reconnues par ceux qui les ont mises en œuvre : “Laisser faire (les étudiants). Retirer les forces de police des rues et des universités, infiltrer le mouvement avec des agents provocateurs prêts à tout, et laisser pendant une dizaine de jours les manifestants dévaster les magasins, brûler les voitures et mettre la ville à feu et à sang. (...) Ensuite, assuré du consensus populaire, le bruit des sirènes des ambulances devra dominer celui des voitures de police et des carabiniers. (...) Dans le sens où les forces de l’ordre devront massacrer les manifestants sans pitié et les envoyer tous à l’hôpital. Ne pas les arrêter, parce que de toute façon les magistrats les remettraient aussitôt en liberté, mais les frapper, et frapper aussi ces professeurs qui les agitent.”

Plusieurs plaintes ont été déposées contre lui. Nous les soutenons toutes, mais nous avons décidé de nous associer à la première d’entre elles, rédigée à Rome par un simple citoyen italien, monsieur Piero Leone. Une pétition a été lancée qu’on pourra retrouver en page d’accueil du site : www.dormirajamais.org. La pétition peut être aussi relayée directement avec le lien suivant : http://www.easy-petition.com/cossiga/

Olivier Favier


(1) Le 14 septembre, un jeune d’origine burkinabée est tué à coups de barres de fer par les gérants d’un snack-bar milanais. « Sale nègre », entendent les témoins. Le 18 septembre, à Castel Volturno, dans les environs de Naples, sept personnes, dont six Africains, sont massacrés par les tueurs de la Camorra. Le 29 à Parme, un autre jeune d’origine ghanéenne ressort du commissariat avec un œil poché et une jambe en compote. Faute d’avoir compris son nom de famille, les policiers ont écrit sur ses papiers : « Emanuele Negro ». Le 2 octobre à Rome, un homme d’origine chinoise est roué de coups par cinq adolescents devant un arrêt de bus. Que dire enfin des mesures de ségrégation prises à l’encontre des Roms en juillet dernier, qui ont rappelé à certains les lois raciales de 1938 ?

(2) Exemple parmi tant d’autres, le ministre de la défense Ignazio La Russa a déclaré, lors des cérémonies commémoratives du 8 septembre dernier : « Ce serait ne pas écouter la voix de ma conscience que de ne pas commémorer les soldats de la république sociale de Salò qui, de leur point de vue, se sont battus pour les valeurs de la patrie et ont résisté à l’avancée des troupes anglo-américaines en Italie. Ils méritent aussi le respect de tous ceux qui considèrent l’histoire de l’Italie avec objectivité. »

(3) Walter Veltroni, rival malheureux de Silvio Berlusconi aux dernières élections, a affirmé sur El pais le 1er mars dernier : « Nous sommes réformistes et non de gauche ». Ce qui n’a pas empêché le nouveau président du conseil de le décrire quelques mois plus tard comme un « nouveau Staline ».

Site : le grand soir _info



   Ajoutons à cet article, les info. suivantes qui donnent  bien une image du climat délétère qui règne dans ce pays frère:


    Il n'a pas qu'e, France que l'Education est l'objet d'attaques... En Italie, on connaît aussi la   restrictions des crédits, et l'accélération du processus de privatisation de l’Université...

Berlusconi et son gouvernement ont décidé de détruire l’université publique italienne, par le biais du décret Gelmini et de la loi dite "133".

Par le slogan "nous ne payerons pas votre crise",les étudiant-e-s italien-ne-s ont décidé de combattre ces réformes.

Actuellement, plusieurs dizaines d’universités sont en grève et occupées par les étudiant-es en lutte. Le mouvement est menacé par une répression féroce de Berlusconi et a déjà été attaqué par les fascistes lors d’une manifestation à Rome.

Un an après la lutte contre la LRU, ce sont maintenant les étudiant-e-s italien-ne-s qui sont confrontés au processus de Bologne et à ses effets destructeurs sur le service public d’enseignement supérieur.

Les étudiant-e-s, chercheurs/euses et enseignant-e-s ont choisi de répondre à ces attaques par la lutte. Nous devons donc les soutenir et rejoindre dans ce mouvement. En effet, il y a aujourd’hui nécessité à lutter au niveau européen pour contrer les réformes libérales de privatisation de l’enseignement supérieur engendrées par le processus de Bologne.

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13 novembre 2008 4 13 /11 /novembre /2008 13:43

Qui connaît « Noble ardent » de Solenzara ?

Les chefs militaires ont toujours eu le chic pour baptiser de noms de jeunes filles ou de fleurs leurs plus terrifiants entraînements guerriers. Celui-ci mérite d’autant plus d’être annoncé qu’il est un des plus importants en Europe depuis des années, et que seule la presse régionale (« Corse-Matin » et « FR3 Corse ») l’a signalé[sans oublier bandera rossa le 20/10 .NDLR]
Au sud-est de la Corse, la base aérienne française de Solenzara a accueilli durant dix jours, du 6 au 16 octobre 2008, le JFACC (« joint force air component command »), centre de commandement aérien de l’OTAN. Y ont participé jusqu’à 800 hommes selon le Général Desclaux, responsable français de l’opération avec son homologue italien Ottone. Les unités aériennes concernées étaient de France, de Grèce, Italie, Portugal, Turquie, Allemagne, Royaume-Uni, et bien sûr des USA. Interviewé à FR3 Corse, le Général Desclaux a affirmé que si les manœuvres conjointes démontraient le bien fondé du projet, Solenzara deviendrait dès 2010-2012 le centre névralgique de la « Force d’action rapide » de l’OTAN : c’est la parfaite démonstration de l’implication de la France par Sarkozy dans la stratégie impérialiste au service des USA.
On peut aussi se demander quels sont les objectifs de cette force d’intervention de l’OTAN. Il suffit de lire le thème des manœuvres, rapporté par le quotidien « Corse-Matin » du 15-10-2008 :
« Selon un scénario dénommé Frasia, la France a été coupée en deux selon une frontière fictive. Deux pays sont en conflit, Tytan et Kamon. Tytan est victime de la politique d’agression de Kamon qui cherche à exercer une domination sur le groupe ethnique Klorid dans la région. Par ailleurs, Tytan a échoué dans sa tentative d’instaurer une démocratie pluriculturelle stable. La Force de Réaction Rapide 12 (NRF12) s’est déployée à l’intérieur de Tytan afin de contre-attaquer l’agression de Kamon »… Cela grâce à une centaine d’avions (F16, Mirage 2000, Rafale) plus des hélicoptères et avions de guet AWACS, batteries anti-aériennes, etc…
Faut-il le souligner, ce scénario est la copie de l’intervention contre la Russie que certains stratèges de l’OTAN avaient programmée au service de la Géorgie cet été, et qu’ils ont dû annuler à l’issue de la débandade des troupes de Tbilissi. Ce qui signifie que dans l’esprit de nos docteurs Folamour de Washington, Paris et ailleurs, ce projet de l’OTAN n’est que partie remise. Demain ce peut être à nouveau la Géorgie, la Moldavie ou l’Ukraine, à l’occasion des tensions entre pro-russes et pro-occidentaux, pourquoi pas, plus tard, au service des séparatistes tibétains, ou du Sin Kiang contre la Chine.
L’OTAN, c’est bien évidemment l’engrenage guerrier, comme si le bourbier sanglant d’Afghanistan ne suffisait pas à la France.
Un dernier point enfin : pourquoi cette implantation à Solenzara en Corse du centre névralgique de l’interventionnisme de l’OTAN, en même temps que l’implantation projetée en Pologne, en Tchéquie, de missiles nucléaires encadrant la Russie ? Les bases aériennes de l’OTAN en Italie ont, ces dernières années, souvent été la cible de grandes manifestations anti-guerre : la Corse est-elle, de ce fait, jugée plus sûre par l’OTAN, car d’accès plus difficile aux opposants continentaux, et sans grands mouvements pacifistes pour l’instant ?

                                                                               Francis Arzalier

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13 novembre 2008 4 13 /11 /novembre /2008 10:09



                                                        
               CRISE FINANCIERE MONDIALE

                   REFORMER    OU CHANGER LE SYSTEME ?

                                           
                    
                 avec
ALAIN BOCQUET, député du Nord

                             le 25 Novembre à 18 H.

                               Cinéma Le STUDIO, à      BASTIA 






                                                                                                      

                                                                                  

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12 novembre 2008 3 12 /11 /novembre /2008 09:02

                                                   

                    RETRAITE A 70 ANS


                               Une provocation de l'UMP

 

                                                                                        

Les futurs retraités sont victimes de maltraitance budgétaire. Le projet de budget 2009 leur promet l'allongement à 41 ans de la durée de cotisation, le refus d'augmenter de 25% le minimum vieillesse aux personnes âgées vivant en couple et la perspective d'une retraite à 70 ans.

Belle société celle où l'on aurait le choix entre les difficultés de fin de mois ou travailler jusqu'à 70 ans!

 

Malgré la tourmente mondiale qui relègue les dogmes libéraux aux poubelles de l'histoire, l'UMP continue son travail de destruction de notre système de solidarités nationales.

Mauvais coup en douce

Dans l'exercice consistant à monter de mauvais coups en douce, loin des projecteurs, l'UMP s'est surpassée lors de l'adoption du budget 2009 de la Sécurité sociale. L'amendement repoussant l'âge limite de départ à la retraite à 70 ans, voté la nuit, dans un hémicycle déserté, est vécu comme une provocation.

Pour le porte-parole du parti sarkozyste, il s'agit « tout simplement » de donner « plus de liberté aux Français qui veulent travailler plus ». A l'heure actuelle, les employeurs peuvent mettre leurs salariés à la retraite d'office à partir de 65 ans. L'amendement dit que les travailleurs « qui le souhaitent » pourront prolonger leur activité au delà de 65 ans « sous réserve d'en avoir préalablement manifesté l'intention » auprès du patron. « Nous voulons inciter les Français à prolonger leur activité, leur donner envie de le faire... Il y avait un côté absurde de forcer quelqu'un à partir alors qu'il voulait travailler » justifie de son côté le ministre du travail.

Cumuler retraite et emploi

L'argument de la liberté de choix n'est contesté par personne; encore faut-il que les conditions très concrètes en soient créées. La plus évidente touche à l'emploi. Aujourd'hui deux salariés sur trois sont à 57 ans évincés des effectifs des entreprises. Le patronat continue d'user massivement de l'emploi comme première variable d'ajustement au maintien du taux de rentabilité recherché. L'autre condition fondamentale concerne le niveau de revenu. Rançon des précédentes « réformes » de la Retraite, le niveau des pensions baisse et à défaut d'une autre réforme mobilisant de nouveaux financements, la tendance va s'accentuer dans les prochaines années. Dans ces conditions, pour s'assurer un revenu suffisant, de plus en plus de salariés vont se trouver contraints de chercher à prolonger leur activité professionnelle, voire à cumuler retraite et emploi.

Dégradation des pensions

La vérité est donc qu'en « permettant » de travailler jusqu'à 70 ans, l'UMP anticipe les conséquences de la dégradation des pensions. « Au lieu d'allonger indéfiniment la période d'activité, la priorité, selon la CGT,  est d'assurer aux salariés des carrières complètes et d'intégrer périodes d'apprentissage, de recherche d'un premier emploi et d'études dans la durée de cotisation exigée. »

Ce qui permettrait de rendre effectif le droit au départ à 60 ans avec une pension à taux plein. Priorité devrait aussi aller, pour les syndicats, à la reconnaissance du droit au départ anticipé pour travaux pénibles – un dossier bloqué par le MEDEF et que le gouvernement ne manifeste aucune volonté faire aboutir. Encore faudrait-il pour cela s'attaquer à une réforme du financement de la retraite permettant d'améliorer les droits des assurés. L'UMP préfère faire des économies en réduisant ces droits.

Examiner toutes les alternatives

Que penser d'un gouvernement qui en 24 heures est capable de trouver plus de 300 milliards d'euros pour sauver les marchés financiers et bancaires et n'est pas capable de sauver notre système de retraite ? Et puis de quelle liberté parle-t-on ? Celle de choisir entre partir avec une retraite de misère ou s'épuiser à la tâche après 60 ans ? On ne peut oublier la situation de millions de salariés astreints à des travaux pénibles qui aspirent, eux, non à retarder leur départ mais à prendre une retraite anticipée. S'il est vrai que l'on vit plus longtemps en bonne santé, l'espérance de vie des ouvriers reste inférieure de sept ans à celle des cadres. Le gouvernement s'est avéré jusqu'alors incapable d'ouvrir la perspective d'un nouveau droit au départ anticipé pour travaux pénibles pourtant prévue par la réforme Fillon de ...2003.

Les élus communistes, qui se sont opposés à ce mauvais coup,  ont réclamé l'ouverture d'un débat pour examiner «  toutes les propositions alternatives » permettant de financer la retraite sans porter atteinte aux droits des assurés mais au contraire en les améliorant.

 

 


                             FAIRE VIVRE ET RENFORCER LE PCF, UNE EXIGENCE DE NOTRE TREMPS
                                Je décide d'être membre du Parti communiste français
 
                
Prénom et nom :                                         Adresse            :                                             

Téléphone     :                                         Courrier électronique :                                            

Renvoyer à : Parti communiste français – Fédération de Haute-Corse, Bd Campinchi BASTIA  :
pcf2B@wanadoo.fr – ou   pcfcapcorse@orange.fr

                            
                          Recopiez ce bulletin et renvoyez- le à l'une des adresses indiquées

                                                                                           

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11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 13:07


Pour que vive et se ragaillardisse le Parti communiste français. (deuxième partie)



C’est d’ailleurs bien ce que signifie le mot d’ordre de « démocratie participative ». « Participer » n’est pas « diriger ». La « démocratie participative » veut dire qu’on laisse une place à la base pour prendre une part, mais seulement une part.

Le fonctionnement interne lui-même en est marqué : le prétendu démocratisme qui consiste à inviter les communistes à donner leur avis par référendum interne, ou en répondant à des questionnaires est une officialisation de la délégation de pouvoir puisqu’elle réduit le militant à répondre aux questions que la direction décide de lui poser pour ensuite en tenir compte ou non dans son action.

Les masses populaires sont « mutées » en clientèle potentielle et les militants comme des instruments de ce clientélisme. Il est normal que dans ces conditions le corps dépérisse et que peu à peu ne reste que la tête, pour qui l’étiquette n’est plus que la marque de référence dans les compétitions politiciennes de sommet.

Il est également normal que puisse se poser alors la question de la raison de maintenir l’existence d’un Parti dépouillé de toutes ses justifications spécifiques

La logique de la dynamique liquidatrice

Cette analyse n’implique pas nécessairement une perversion des acteurs de cette dérive. Sans aucun doute, il y a des cas individuels pour lesquels elle a favorisé tous les carriérismes propres aux partis bourgeois, mais jusque là étrangers au Parti. Mais de façon générale, il faut faire à ces acteurs le crédit de la bonne foi et de la bonne volonté.

Sans aucun doute veulent-ils et croient-ils être utiles. C’est là encore une des caractéristiques de l’opportunisme.

Il est vrai que l’autre caractéristique est que, depuis près de 20 ans que la dérive a fait ses ravages, bon nombre de ceux-là n’ont rien connu de ce passé qu’ils vilipendent à l’aulne de ce qui leur en est raconté par ceux qu’il leur est plus commode d’écouter.

Et aussi que depuis 20 ans, ils ont complètement oublié (quand jamais ils les ont connus) les repères fondamentaux de la culture politique que tout un héritage enrichi de 70 ans d’expérience avait valu au Parti, et qu’on s’est mis en devoir d’oublier au prétexte de faire peau neuve. Pourtant les résultats devraient les inciter à réfléchir, car, bonne foi ou non, bonne volonté ou non, il leur fait bien faire le constat que ce qu’ils croyaient être utile a été nuisible, que ce qui est en échec n’est pas le Parti mais ce qu’ils en ont fait.

Il est donc vrai que le moment est venu de tout remettre à plat pour faire le bilan et en tirer les conséquences.

Mais le choix n’est pas alors entre liquider le Parti ou le garder tel qu’il est, mais entre liquider le Parti, ce qui ne serait jamais que finaliser le processus engagé depuis 20 ans, ou en finir avec la dérive, et refaire du Parti ce qu’il doit être.

Pour le Peuple de France et ceux du monde, rendre vie et vigueur au Parti Communiste Français. Si le Parti n’existait pas il faudrait l’inventer.

Dire que la nécessité d’un Parti Communiste est dépassée, c’est dire que la Révolution est un objectif obsolète et que la société n’est plus obérée par la contradiction de classes.

L’argument des nécessaires rassemblements ne doit pas se fourvoyer dans de fausses alternatives : c’est aux heures de sa plus grande force et de sa plus grande vitalité de parti que le PCF a été l’artisan des plus grands rassemblements

Encore faut-il retrouver dans la culture jetée aux oripeaux quelle en était la philosophie, demeurée fondamentale : on rassemble d’autant plus large que l’on en réduit les objectifs à ce que le plus grand nombre a en commun. Cela peut même conduire à des rassemblements en cercles successifs : On peut rassembler à la fois 50 sur a + b, et 100 sur a seulement.et 100 autres sur b seulement. Et pendant ce temps, le Parti lui-même garde sa liberté d’agir sur a+b+c+d.

Donc, vouloir supprimer le parti pour y substituer un rassemblement, c’est seulement supprimer le parti, puisque sa suppression n’est pas une condition du rassemblement.

De plus, il est clair que si le Parti peut avoir la liberté d’agir sur a+b+c+d et qu’on y substitue un rassemblement celui-ci sera inévitablement limité à a ou b ou a+ b ou a+b+c, car autrement si c’était pour assurer tous les objectifs du Parti,, il n’y aurait pas besoin d’une autre base de rassemblement, cela signifie qu’on abandonne ce qui du a, du b, du c, et du d n’est pas repris par le rassemblement.

Donc oui au rassemblement (et même aux rassemblements), mais certainement pas à la place du Parti, mais au contraire non seulement cela ne doit pas être exclusif du rôle propre du Parti mais en dépend nécessairement.

Ce que signifie revitaliser le Parti

1) Conjuguer au présent une dialectique du futur et du passé Au cours des années et des luttes, le Parti avait accumulé une expérience qui faisait qu’au lendemain de 1968, à la double épreuve de la lutte sur deux fronts en mai, et du coup de force soviétique à Prague, la maturité des militants avait atteint un niveau de qualité sans précédent. Cela permet de mesurer le gâchis ultérieur.

A la base, si les aspects effectivement positifs de l’expérience soviétique ont pu y avoir leur place, y voir la composante principale de cette culture des communistes participe de l’entreprise de l’adversaire de classe. Cette culture des communistes a principalement fleuri sur le terreau d’un double héritage, celui des philosophes des lumières et des combats du mouvement ouvrier français des origines communales à l’évènement communard, enrichi par un marxisme seulement parfois trop dogmatisé.

Il n’y a donc rien ni de « stalinien », ni de passéiste, d’archaïsme, de nostalgique, ou d’immobilisme à en redécouvrir les sources et les richesses. Elles sont un facteur indispensable de fertilisation de la projection dans l’avenir.

Elles le sont d’autant plus qu’elles-mêmes se sont constituées dans un constant mouvement de mise à jour, à l’épreuve des luttes, des échecs, des modifications du contexte et du comportement de l’adversaire. Ce sont des sources constamment ouvertes à la découverte et à l’enrichissement, les rejeter est se désertifier, avec la prétention puérile d’avoir à tout réinventer comme si rien n’avait jusqu’ici existé ou si a priori tout en était à rejeter parce qu’ayant dépassé la date de consommation !

Pour le vérifier, il suffit de faire un bref inventaire, évidemment non exhaustif, de ces repères :  1) Ce sont les peuples qui font l’Histoire.  2) Les peuples sont enseignés plus par l’expérience (leurs déboires, leurs luttes, leurs succès) que par les discours.  3) Définir le communisme autrement que par une sorte d’humanisme vague dont tous les autres font à bon compte leur panneau publicitaire. Revenir aux fondamentaux, mettre au centre la dénonciation de l’exploitation de l’Homme par l’Homme, et donc la lutte de classes.

Remettre en honneur des formules ambitieuses comme : le communisme est la substitution de l’administration des choses au gouvernement des hommes, ou encore, c’est la maîtrise des êtres humains sur leurs rapports sociaux et sur la nature. Reprendre avec vigueur les drapeaux du matérialisme historique, et les donner non pas seulement à voir mais à partager.

2) Simplement mettre à jour l’application de cette boussole au moment de l’Histoire où nous sommes

Le stade du capitalisme mondialisé est en proie avec la crise tenant à la contradiction fondamentale qui peut, dans la course aux marchés, conduire aux pires catastrophes pour l’Humanité.

Cela rend plus actuelle que jamais la nécessité d’une conscience de classe, mais en déplace le front, qui, avec toujours évidemment la classe ouvrière comme moteur, une opposition entre peuples et capital mondial. Nous sommes à une époque où dans tous les domaines l’alternative fondamentale est entre pouvoir sur les peuples et pouvoir des peuples.

Cela pose en termes nouveaux, enrichis, la notion d’internationalisme. Toute l’Histoire du Parti a été imprégnée de la solidarité entre classe et nation. Il serait coupable de penser que cela puisse être périmé, quand, en acquis des luttes passée, le Préambule de la Charte des Nations Unies, en proclamant « Nous Peuples des Nations Unies, avons décidé d’unir nos efforts » a donné à la notion de souveraineté populaire une dimension mondiale, consacrant que les Peuples étaient pluriels, et devaient être égaux, souverains, mutuellement respectueux et solidaires.

3) Ne pas hésiter à remettre au centre en la mettant à jour la question du pouvoir Cette question du pouvoir est centrale. Encore faut-il la poser de façon adéquate.

On a l’impression que cette question du pouvoir est taboue, qu’on tremble de paraître prôner la prise du pouvoir un jour J, comme si la notion de pouvoir était irrémédiablement compromise par le précédent soviétique de « Parti au pouvoir » et d’autoritarisme de parti.

C’est faire bon marché de ce que dans toute formation sociale, il faut que soient prises des décisions, et que la question de savoir qui les prend et comment, est incontournable. Et la question de savoir qui a le pouvoir sur quoi est un enjeu central.

Et qu’on le veuille ou non, la Révolution est une inversion de pouvoir ; on ne peut pas se dire révolutionnaire et en faire l’économie. C’est d’ailleurs la différence d’avec le réformisme qui ne brigue qu’à se différencier dans des choix purement gestionnaires sans inversion du pouvoir.

Et la démocratie n’est pas une inversion de pouvoir si elle se limite à garantir des libertés. Mais elle l’est si on lui restitue son origine étymologique de « pouvoir du peuple ». Marx ne disait-il pas que la liberté ne voudra plus rien dire quand il n’y aura plus d’oppression, et qu’elle aura fait place à la maîtrise ?

Alors les luttes sont mises en perspective : l’alternative étant pouvoir sur le peuple ou pouvoir du peuple, on renoue avec toutes les batailles de notre peuple pour la souveraineté populaire. On évite le piège libéral du "trop d’Etat" ou de "l’Etat-providence" pour viser à cette ambition que Krouchtchev avait proclamée pour l’URSS mais dont les conditions et l’héritage historiques n’ont pas permis de faire passer dans la vie : l’Etat du peuple entier dont la fonction répressive dans une société de classes fait place à un Etat de service public dans une société libérée de la domination de classe. Il ne s’agit plus alors d’un pouvoir de parti, mais d’un pouvoir du peuple.

Il est évident que, ainsi résumé, cela s’offre à tous les lazzis anti-populistes. Mais le populisme est l’utilisation par des oligarques d’un soutien populaire démagogiquement fourvoyé, alors que le pouvoir du peuple est simplement l’exercice d’une véritable souveraineté populaire.

Et dès lors que la question du pouvoir est posée en ces termes, elle se retrouve dans tous les combats, car c’est dans tous les domaines, et pied à pied, que à tout moment cette question du pouvoir est posée : elle l’est dans la bataille contre les privatisations, dans la défense du service public, s’agissant des attributions des comités d’entreprise, des prérogatives municipales, du mode d’élection, des pouvoirs des élus et de leur responsabilité devant leurs mandants, de la transparence de leurs délibérations, des possibilités d’intervention populaire, de la démocratisation des médias, etc…

A cet égard, la véritable mutation du PCF a été opérée dans les années 60, quand d’abord Maurice Thorez proclamait à la dernière conférence mondiale des Partis Communistes le droit à la différence, puis quand, préfaçant l’abandon de la dictature du prolétariat, était lancée en 1966 la stratégie de la démocratie avancée menant au socialisme, c’est-à-dire le combat pour la démocratie jusqu’au bout, à la condition qu’elle intègre à la fois le politique et l’économique, et ne soit pas cette caricature de démocratie réduite à l’élection et à la délégation de pouvoir.

D’abord et d’urgence rendre à notre peuple colère, ambition et confiance en lui

Dans sa pièce Nekrassov, Sartre fait dire par un de ses héros « ils veulent désespérer Billancourt ». Le drame est qu’ils y ont réussi, et que, l’effondrement de l’URSS y ayant aidé, le parti lui-même y a contribué, en acceptant de se culpabiliser comme si c’était le moyen de faire peau neuve, et en ne sachant plus ou n’osant plus, une fois privé de la référence à l’exemple soviétique, offrir de perspectives alternatives (alors que les révolutionnaires du 19è siècle n’en étaient pas incapables ni avares, en un temps où il n’était pas question de modèle soviétique).

Il ne s’agit pas, comme c’est un peu partout la mode, de présenter un projet de prêt-à-porter, mais de montrer à notre peuple, à la fois par le discours, par l’exemple, et par l’entraînement, qu’une véritable alternative est nécessaire et possible, et de lui rendre la chaleur et l’enthousiasme d’une véritable perspective de libération humaine.

Sans doute un tel combat doit compter aujourd’hui avec les nouvelles formes de la domination de classe, que ce soit le nouvel opium du peuple que représentent les dévoiements et les diversions de la société de consommation, ou les moyens médiatiques.

Mais cela ne fait qu’exiger le passage à un niveau supérieur de qualité et de vigueur dans le combat de classe et non à le réviser à la baisse et au compromis.

Plus que jamais précisément, cette situation rend nécessaire un parti de classe, ayant une boussole, la donnant à voir et à partager, et qu’il n’ait pas pour souci dominant de rassurer mais de motiver et d’impulser.

Il ne faut pas être grand clerc pour penser qu’en se revendiquant avec fierté de son passé, de son héritage, de son identité, de sa boussole, de son internationalisme, le parti redeviendrait ce phare qui aujourd’hui fait si terriblement défaut à notre peuple.

Un manque et un gâchis

Il est clair en effet que l’un des traits les plus dramatiques de la situation actuelle est que l’adversaire n’a rien de vraiment opposé en face de lui. Les différences et oppositions nourries ou non de phrase anti-libérale, ne disputent que la manière de gérer le capital en plus ou moins social. Il y a certes aussi des discours révolutionnaires, mais ils n’ouvrent pas cette ambition communiste d’une complète libération humaine.

La question de l’Europe en est exemplaire : la seule alternative offerte a été celle d’un « non de gauche », strictement focalisé sur les orientations sociales de l’Europe, alors qu’un non communiste devait, comme en 1954 contre la CED être fondé sur la revendication de ne pas toucher au pouvoir de chaque peuple sur ses affaires et sur le choix entre une Europe de concertation entre des Peuples libres et une Europe d’asservissement supranational. Il n’est pas excessif de constater qu’en cette circonstance le Parti a déserté son combat.

Plus généralement, la caractéristique actuelle est que la politique du pouvoir nourrit les mécontentements, mais qu’aucune force politique ne s’offre, comme le ferait un Parti Communiste digne de ce nom, à les faire passer ensemble des protestations catégorielles à un combat commun pour un changement de logique.

Et le gâchis est considérable, car il est évident 1) qu’il y a, notamment dans la jeunesse, une demande considérable,

et 2) que seraient comblés ceux qui retrouveraient des repérages pleurés ou découvriraient alors des horizons insoupçonnés.

Tous sont orphelins de ces enthousiasmes et de ces perspectives qu’on leur a déniés et demandeurs de pugnacité.

Il n’y a rien de passéiste ou de nostalgique à en retrouver la dynamique dans les conditions nouvelles, plus difficiles sous certains aspects, mais plus faciles sous d’autres, de la société d’aujourd’hui.

A l’approche d’un congrès où son existence est posée, les communistes ne doivent pas oublier que leur Parti n’est pas leur propriété mais celle de leur peuple, et par son internationalisme celui de tous les autres peuples, qu’il n’est pas un but en soi mais un moyen historiquement indispensable, et qu’ils n’ont pas le droit d’en disposer à leur guise, que sa vitalisation n’est pas un droit mais un devoir. Le Parti Communiste Français peut de nouveau constituer une force en procédant a la correction de ses fautes et en retrouvant dans son passé, sa culture et sa forme, sa pugnacité, ses couleurs et sa fierté, sans préjudice d’une créativité féconde pour construire le futur.

 

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11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 12:56
                            34° Congrès du Parti: 11,12,13,14 décembre 2008

                                    
Contribution de Roland Weyl:
Pour que vive et se ragaillardisse le Parti communiste français. (première partie)

par Roland Weyl

 

CE PARTI POUR CONSTRUIRE LE FUTUR !

Les raisons d’un choix :

J’ai adhéré voici plus de 60 ans. A déjà près de 30 ans, et, Docteur en Droit, ce n’était pas un coup de tête de jeunesse. Au sortir d’épreuves marquées par ce qu’on appelait « la trahison des trusts » et enseigné par les compromissions social-démocrates, le PCF m’apparaissait comme le seul outil d’action pour un changement de société. C’était un choix de civilisation, fondé sur la prise de conscience que celle-ci passait par un choix de classe.

C’était ce choix qui faisait dire par un Langevin « plus j’apprends, plus je deviens communiste », d’un Joliot « je ne me suis jamais senti aussi libre que depuis que je suis communiste », et par un Picasso « je vais au communisme comme on va à le fontaine ».

Même si elle s’y est ajoutée, la référence à l’URSS ne fut qu’un plus mais pour rien dans l’option fondamentale.

Toujours à l’école :

Langevin disait aussi « Plus je suis communiste et plus j’apprends ». Je n’ai pas arrêté d’apprendre, de découvrir, de mettre à jour, à la faveur de l’évolution des évènements, et de l’apport permanent de la réflexion de « l’intellectuel collectif » qu’était le Parti dans la diversité de ses composantes et de leur expérience de la vie et des luttes.

J’ai d’abord appris à me dépouiller de tout ce que j’avais reçu de l’idéologie dominante, à être en garde contre ses retours incessants, à découvrir les nouveaux horizons du matérialisme dialectique, puis peu à peu à les déschématiser, à tout désidéaliser, à tout mettre en perspective, à intégrer les contradictions. Grâce à quoi, sans jamais changer le choix fondamental, je n’ai pas arrêté d’en changer la vision et la mise en pratique.

C’est une des raisons pour lesquelles je refuse l’anathème d’archaïsme ou de nostalgie : on disait que « le communisme est la jeunesse du monde ». Je persiste à le penser, et à penser que ne pas en démordre est une démarche tournée vers l’avenir donc une démarche de jeunesse.

 

Essai d’analyse matérialiste de la crise actuelle

D’abord, je récuse le terme de « déclin », qui accréditerait une idée de dépérissement d’un être en fin de vie. Le terme d’« effondrement » traduit mieux comment une construction s’écroule pour une cause qui peut ne pas lui être substantielle, et laisse ouverte la possibilité de reconstruction.

Plus exact encore est le terme de « perte de crédit », qui rend compte à la fois de l’effondrement des effectifs et de celui des suffrages électoraux.

C’est cette perte de crédit dont il faut rechercher les explications.

Et il ne faut surtout pas voir dans les résultats municipaux et cantonaux un démenti et une raison de se rassurer et de penser que le temps des interrogations serait périmé.

Ces résultats sont en effet divers et contradictoires, et tendraient au contraire à vérifier ce qui suit : les bons résultats ont été là où n’a pas été pratiquée la délégation de pouvoir mais une relation politique vivante avec la population. Et là où il y a eu échec, que ce soit par des pertes ou des non-gains, les candidats locaux ont manifestement pâti de l’absence d’image nationale. Plus particulièrement 1) il est permis de penser que les abstentionnistes sont en grande partie ceux que nous ne mobilisons pas, 2) les primaires en Seine St Denis n’auraient jamais permis la victoire des socialistes si le Parti n’apparaissait pas avec une différenciation si faible qu’elle est ressentie comme une affaire de boutique.

Les mauvaises explications :

La malédiction du passé : le « stalinisme » du Parti, la solitude sectaire, le rapport à l’URSS.

La pratique du Parti a certes connu des défauts, mais n’a jamais été ce que veulent bien en dire des oracles qui ne l’ont pas vécue et sont simplement sur la défensive devant les campagnes habituelles des adversaires de classe.

Le Parti était beaucoup plus solitaire dans les années 30 et c’est le moment où il s’est développé, précisément sur la basse de sa différence. C’est pour les élections présidentielles de 1969 qu’il a obtenu son meilleur score électoral.

Pourtant,  1. on connaissait tout du stalinisme en URSS,  2. le Parti ayant seul voté d’abord contre la constitution de 1958, puis contre l’élection du Président de la République au suffrage universel,  3. il était plus seul que jamais, s’était retrouvé en 1968 à lutter sur deux fronts contre la droite et contre le gauchisme (et y compris en son sein contre Garaudy sur sa droite et J. Vermeersch sur sa gauche), et venant d’être exclu des tractations du PS et de Mendès-France  4. en fait de discrédit pour « stalinisme » interne, le candidat était celui qui avait fait applaudir Staline à Wagram après le 20è congrès du PCUS.

Une obsolescence exigerait de faire autre chose correspondant aux nécessités nouvelles.

La mystique de la modernité est un produit de l’idéologie dominante : combinée de technicisme et se développant sur le terrain favorable dé la révolution scientifique et technique et du développement de forces productives, elle prend le relais des diversions religieuses ou réformistes pour occulter l’enjeu dominant des rapports de classe (avant-hier, la religion au-dessus des classes, hier l’Etat au-dessus des classes, et aujourd’hui la technique et la modernité au-dessus des classes).

Pourtant plus que jamais l’essentiel demeure l’exploitation de l’Homme par l’Homme, donc l’antagonisme entre exploitants et exploités. Ce qui change est 1) la ligne de front qui n’est plus seulement entre prolétariat et bourgeoisie de masse, mais entre peuples et capital mondialisé, 2) le mode d’exploitation (révolution informatique et médiatique). Cela peut conduire un parti communiste à réfléchir sur ses moyens d’action et sur son champ d’écoute et d’organisation, mais ne change rien à la nécessité de son existence originale comme parti de lutte de classe, et plus que jamais sur sa base spécifique unissant classe, nation et internationalisme.

Donc ni la malédiction du passé ni l’obsolescence ne sont des explications valides, et il faut en chercher d‘autres.

Quelques pistes d’explications :

La compromission avec les socialistes. Force est de constater que c’est avec les élections de 1981 que l’érosion a commencé à se manifester dans l’électorat, entraînant en spirale l’érosion dans les effectifs par perte de confiance. D’où une propension à inculper principalement la compromission avec le PS.

L’érosion a d’abord fonctionné au profit du « vote utile » : dès lors que le programme était le même, aucune raison de voter plutôt pour le parti. Il s’est aggravé d’une prétendue nécessité de solidarité gouvernementale qui exigeait de mettre une sourdine aux actions pour ne pas gêner nos ministres.

Pourtant on aurait pu participer au gouvernement et ne pas pour autant relâcher l’action.

Il y a eu là la première amorce d’une autre dérive : la délégation de pouvoir.

La dérive de la délégation de pouvoir

C’est elle qui se manifeste déjà à l’occasion du programme commun. L’idée en avait été lancée déjà par Waldeck Rochet, et elle pouvait prospérer si ce programme avait été une référence de luttes populaires. Mais c’était sous-estimer les méfaits qu’avait déjà causé dans la conscience populaire (et chez les militants) la délégation de pouvoir, produit combiné des institutions de la 5è et de l’influence idéologique de la révolution scientifique et technique.

De façon constante et notamment dans son discours du Congrès d’Ivry en 1945, Maurice Thorez avait dénoncé la tendance habituelle du Parti à pratiquer l’union à la tête au préjudice de l’union à la base, en lançant notamment cette phrase célèbre : « L’union à la base toujours, l’union à la base et à la tête quelque fois, l’union à la tête seulement jamais ». Or le programme commun a fonctionné comme un accord dont l’application était déléguée aux états-majors politiques.

Cependant, le mal n’était encore pas structurel, et n’affectait que le niveau tactique et non le niveau stratégique, et pouvait donc être redressé.

Vint alors la mutation

Avec la mutation, on passe de l’erreur tactique possiblement passagère à la remise en cause stratégique et structurelle, qui va marquer non plus seulement une aggravation quantitative du glissement mais un « bond en arrière » de nature qualitative et substantielle.

On ne peut pas s’étonner de la chute vertigineuse de crédit du Parti, quand c’est sa direction elle-même qui la nourrit.

En effet, elle se caractérise par une répudiation de tout le passé, au nom des mêmes arguments qui ont toujours rassemblé contre lui l’adversaire de classe de la droite et les collaborateurs de classe de la social-démocratie (au point de les trouver ensemble à la tête des incendiaires des sièges en 1956).

Pour tout rénover, on va commencer par démanteler ses structures et supprimer les écoles. Et la dominante est de refaire à l’envers un congrès de Tours, que l’on caricature en allégeance à Moscou, alors qu’il est d’abord celui d’un Parti Socialiste de l’époque qui sous l’impulsion de « la génération du feu », purge la trahison de ses dirigeants compromis dans « l’Union Sacrée ».

Pourquoi ce virage à 180 degrés ?

En tant que marxistes, il faut essayer d’en faire une analyse matérialiste et d’en dégager des raisons objectives, où plusieurs ingrédients vont s’alimenter mutuellement :

D’abord une évidence chronologique :

La « mutation » est contemporaine de l’effondrement de l’URSS, et tout se passe comme si c’était un soulagement. En tout cas il va falloir faire avec (ou « sans »).

Enfin on est débarrassé de cette compromission et on va même peut-être pouvoir redevenir fréquentable, à condition de bien marquer qu’on a soi-même tourné la page, et qu’on a pris la mesure de sa propre culpabilité. Ainsi espère-t-on avoir l’absolution.

Déjà au lendemain de 1968, des esprits distingués d’une certaine gauche ne nous invitaient-ils pas à être « crédibles », en étant moins propagandistes et dogmatiques ?

Et pour être crédibles, tant qu’à faire, faisons amende honorable sur notre propre passé, en le marquant le plus spectaculairement possible, avec l’abandon des références théoriques, grevées de l’anathème de « dogmatisme », et la structure des cellules, grevée de « militarisme ».

Tout cela est facilité par la pénétration de l’idéologie dominante.

Il a toujours été de l’éducation du Parti de se rappeler que l’idéologie dominante est en éternel retour et que le Parti ne peut pas y être imperméable.

L’idéologie de la modernité dont on a déjà noté qu’elle est objectivement secrétée par le développement des forces productives va favoriser l’idée que le Parti tel qu’il est une vieillerie dépassée, et offrir un alibi rêvé pour se débarrasser de cet encombrant passé et se montrer différents et blancs comme neige.

Cette idéologie générant des déviances technicistes par spécialités et une nouvelle division du travail, qui est une division des compétences, va reprendre, actualisée, la vieille idéologie bourgeoise « laissez faire la politique à ceux qui savent », va secréter une professionnalisation de la politique (avec dichotomie entre classe politique et « société civile »). A partir de quoi, tous les repères étant mis au musée des antiquités, va demeurer, lancinante, la perception immédiate des problèmes tels qu’ils s’expriment en surface avec les reculs électoraux.

Et la gestion de la crise va se polariser sur les critères électoraux et les recettes électoralistes.

La même image électoraliste et politicienne que tous les autres

Le raisonnement va être simple : pour avoir des voix, il faut plaire aux électeurs, donc penser comme eux.

Déjà dans « le Défi démocratique », rompant avec la tradition d’affirmer la fierté de notre différence, Georges Marchais s’emploie à rassurer en protestant que nous sommes un parti comme les autres.

Mais cette fois on va plus loin : Si la priorité est dans les enjeux électoraux, il ne faut pas choquer les électeurs en tenant un discours à contre-courant.

En parfaite cohérence, la tactique va prévaloir sur la stratégie. Et on va apparaître comme, s’orientant au coup par coup non en fonction d’une boussole que l’on peut donner à voir, mais en fonction de ce que l’on pense pouvoir attendre d’habiletés circonstancielles. C’est la définition même de l’opportunisme.

La même délégation de pouvoir démobilisatrice

Enfin, par nature, une telle option est en dépendance exclusive de manœuvres d’état-major, comportant tous les marchandages au sommet, et l’accréditation de l’entrée dans le club de la politique politicienne, avec donc un renvoi à une aggravation constante du discrédit, à partir de cette idée simple que si le Parti Communiste est et fait comme les autres, on peut se demander quelle est sa raison d’être et quelles raisons peut-on avoir de lui faire confiance.

Il en résulte que, alors qu’autrefois le Parti était identifiable par le fait qu’il ne pensait pas comme les autres, qu’il apparaissait souvent comme ayant le seul tort d’avoir eu raison trop tôt, mais permettant de faire à l’épreuve des faits la vérification qu’il avait raison, que l’on était en quête de ses analyses parce qu’elles étaient différentes, son insertion dans une sorte de pensée unique de la « gauche » lui retire toute raison d’exister.

De plus, cet électoralisme délégataire qui ne s’investit plus dans les luttes fait perdre au Parti le crédit que lui valait d’être d’abord un animateur de mouvement populaire. Et en corollaire il a perdu une de ses vertus essentielles, l’élément passionnel, tout ce que contenait « le mot camarade ». En croyant devoir se plier à l’ultimatum d’être « raisonnable », on est dépouillé de la dimension affective qui était un indispensable ferment d’intense humanité et d’engagement dans les luttes. On a remplacé la confiance en l’avenir en une inquiétude permanente.

Du révolutionnaire au gestionnaire :

De cette débâcle doctrinale a découlé tout normalement une débâcle de la relation aux masses populaires et se caractérise globalement et sous tous ses aspects par la délégation de pouvoir et la réduction à des différenciations gestionnaires.

La dernière campagne des présidentielles en aura été une illustration typique :

Alors qu’autrefois, les dirigeants communistes disaient toujours « Nous », ils disent aujourd’hui « Je ». Les propositions ne sont plus celles « du PCF » mais de Robert Hue puis de Marie-George Buffet. Au surplus la méthode consistant à présenter des listes de propositions de réformes pont par point, et souvent de réformettes ne donne pas à voir et à choisir de grands axes de lutte, et les « propositions » se présentent comme la collection que propose un représentant de commerce.

Par leur nature et leur contenu elles dépassent rarement un niveau gestionnaire : « ce que je ferais si j’étais au gouvernement ».

Extériorisation du rapport à la population et aux militants eux-mêmes

Enfin, les campagnes, de façon générale ne consistent plus à organiser des luttes et à les alimenter, mais à s’adresser aux gens en leur disant « voilà ce que nous vous offrons de faire pour vous », ce qui dans le meilleur des cas constitue un appel à la délégation de pouvoir au Parti.

Au demeurant, tout le rapport aux forces populaires est marqué de cette démarche : quand on fait des assemblées et des forums, ce n’est pas pour organiser l’action, mais pour « consulter » la population sur ce qu’on doit faire.[...]
                                                                                         à suivre
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11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 10:11

34° Congrès du Parti: 11,12,13,14 décembre 2008 



                                                       

                           Un cheval de Troie dans le Parti


 

« ... l’histoire du cheval qu’Épéios, assisté d’Athéna, construisit, et traquenard qu’Ulysse conduisit à l’acropole surchargé de soldats qui allaient piller Troie. »


                                                                                                                      
Homère, L’Odyssée

  

   Des camarades viennent de publier un texte appelant à une « métamorphose » du Parti allant, jusqu’à sa disparition en tant que tel,  avec « celles et ceux qui s’engagent en mettant le communisme au cœur de leurs références, et bien d’autres [avec] d’autres références ou d’autres chemins ».
Ces camarades sont des dirigeants du Parti et/ ou/ des élus, ce qui souligne l’importance de la démarche. et on peut considérer,  sans être des bolcho-maniaques,  que celle-ci n'est pas sans risque pour l'avenir du communisme en France.
Il faut rappeler  que le mandat que se sont donnés les adhérents lors de l’Assemblée Nationale Extraordinaire de décembre 2007 était de faire vivre et renforcer le PCF , pas de le liquider. C’est-à -dire de lever toute htpothèque d’une nouvelle force politique et nous engager sans ambiguité à continuer le Parti  dans les conditions présentes et le renforcer


                
                   
       
                                                                                                            U cursinu rossu 

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11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 09:44

  

  Dimanche soir, la télévision nous a montré des scènes de pugilat dans l’église du Saint Sépulcre, à  Jérusalem,  entre  des religieux, grecs orthodoxes d’un côté,   arméniens (1) de l’autre."
La police israélienne est intervenue pour séparer les deux camps. Certains des prêtres ont utilisé des cierges comme gourdins tandis que d’autres tentaient d’arracher les soutanes de leurs rivaux ( !!!)
De très anciennes rivalités opposent les représentants des  confessions  chrétiennes de diverses obédiences,  qui se partagent le contrôle du Saint-Sépulcre, où, selon la légende chrétienne, Jésus-Christ a été crucifié et enterré.
  Les règles de cohabitation  ont été établies en 1852 par les Ottomans et régissent depuis très strictement le Saint-Sépulcre. Toute modification du statu quo est impossible, telles les heures des messes et des processions.
Afin d’éviter tout conflit, les clés de l’église sont depuis sept siècles entre les mains de deux familles musulmanes"
 Ce que  la télévision ne nous pas montré par contre, c’est une autre scène de violence, beaucoup moins folklorique,  et qui s’est déroulée à Jérusalem aussi... à quelques mètres du Saint-Sépulcre : des policiers israéliens  expulsant, avec une brutalité extrême les membres de la famille Al Kurd de leur domicile, quartier de Cheikh Jarrah, où ils  vivent dans  depuis 52 ans.  Dans la maison,  les policiers  ont installé des colons qui ont fait la fête le reste de la nuit. Les expulsés, eux, sont à la rue!

(1) L’église arménienne est monophysite .On désigne sous ce terme les Églises qui refusent  les termes, ou la réalité, de la définition du concile œcuménique de Chalcédoine a propos de la question de  l'unité de personne et la dualité des natures dans le Christ. Selon ce concile, le Christ, à la fois vrai Dieu et homme véritable, est néanmoins « une seule personne en deux natures » unies sans mélange et sans confusion. Pour les églises monophysites, il ne peut y avoir qu’une nature dans le Christ. Elles groupent aujourd'hui les Églises arménienne, copte, éthiopienne, syrienne occidentale et malankare (de l'Inde du Sud).

 

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