Les présidentielles au Liban
Les raisons et les objectifs du désaccord entre les forces confessionnelles
par Marie NASSIF-DEBS (PARTI COMMUNISTE LIBANAIS)
Aujourd’hui, le Liban est passé, tant sur le plan politique que sur le plan économique, au centre du cercle de feu.
Sur le plan politique, l’escalade est presque arrivée au point de non-retour, à l’approche des présidentielles, considérées, par l’alliance politique libanaise au pouvoir et aussi par l’opposition traditionnelle, comme déterminantes : la première pense que l’élection d’un nouveau président les aidera, sans aucun doute, à mettre la main sur toutes les instances du pouvoir et, par suite, à en finir avec la période transitoire qui fut ouverte à la suite de l’assassinat de Rafic Hariri, ex Président due Conseil ; quant à la seconde, elle pense qu’elle pourra réaliser le slogan du « partenariat » lancé en décembre 2006 et entretenu par le sit-in qui se poursuit, depuis, au centre-ville de Beyrouth.
Par contre, sur le plan économique, il est difficile de trouver des différences notoires entre les loyalistes et les opposants. Personne n’y porte un intérêt quelconque, à partir du principe très libanais : parons au plus pressé. Et, le plus pressé est considéré par tous les politiciens traditionnels, amis des Etats-Unis ou de la Syrie et de l’Iran, comme étant la mainmise, partielle ou généralisée, sur le pouvoir politique, ce qui permettra à telle ou telle famille d’avoir des avantages et des profits qui leur ouvre toute grande la porte leur permettant de « se reproduire » et de pérenniser la présence de l’alliance politique ou, du moins, le régime confessionnel. Ce régime qui, à peine ébréché, se reconstruit rapidement grâce aux ententes internationales ou régionales dominantes pour réapparaître sous des manteaux bicolores ou tricolores : druze-maronite, sunnite-chrétien, sunnite-chiite-druze ou, enfin, sunnite-druze-maronite...etc.
Le Liban est, donc, passé dans l’œil du cyclone. A cause des présidentielles, mais aussi des liens entre cet événement et les agendas internationaux ou régionaux liés à la politique étasunienne dans la région, à la suite de l’occupation de l’Irak et des réactions, politiques et économiques, que cette occupation soulève parmi l’Alliance créée par Washington, tant sur le plan arabe qu’européen, que dans les milieux gouvernementaux russes et chinois.
Les interférences et les manifestations les plus importantes
Ce passage, qualitatif, a produit différentes ramifications que nous pouvons voir clairement dans des interférences militaires, politiques et économiques qui ont laissé leur empreinte sur la structure même du Liban qui avait déjà reçu un coup très dur à la suite de l’agression israélienne de l’été 2006. Le résultat ? Une scission verticale très accentuée entre les loyalistes et l’opposition (les groupes appelés « 14 mars » et « 8 mars ») qui constituent des prolongements de la lutte qui se déroule entre les tenants du projet étasunien « Le Nouveau Moyen Orient » (« grand » ou « élargi ») et ceux qui défendent un autre projet exprimé par l’alliance syro iranienne ; mais, aussi, une scission, plus profonde encore, entre les deux grandes confessions musulmanes, les Chiites et les Sunnites, et au sein des Chrétiens maronites...
Les principales manifestations de ces scissions peuvent se résumer ainsi :
Premièrement, le déclanchement d’une guerre « terroriste » au Liban Nord, à travers le groupe dit « Fath Al-Islam », et ce que cette guerre a dévoilé comme plans qui se recoupent, à commencer par l’institution d’un « Emirat islamique » dans la région nord du pays, mais aussi le transfert du camp des réfugiés palestiniens de Nahr Al-Bared le plus loin possible de la côte libanaise, afin d’enlever toute difficulté pouvant s’opposer à la construction d’une base étasunienne pour le commandement des forces héliportées dans la région, surtout que le camp de Nahr Al-Bared est sis à l’aéroport militaire de Qlaïaat, ce qui élargirait la surface utilisable par la « base » prévue. Sans oublier le facteur primordial : la présence d’un grand lac de pétrole sous les eaux territoriales libanaises et s’étendant des frontières nord du pays et jusqu’à la région de Batroun.
Deuxièmement, la parution du rapport du juge international Serge Bramertz, chargé de l’enquête sur l’assassinat de l’ex Président du conseil libanais Rafic Hariri, et les répercussions contradictoire, mais violentes, qu’il a soulevées dans le but d’expliquer certains de ses paragraphes concernant la voiture piégée, une « Mitsubishi venant des Emirats », et les exécutants, « des jeunes ayant habité pendant les dix premières années de leur vie une région très sèche », désertique, en somme...
Troisièmement, l’escalade de la violence politique, à travers des discours de feu qui montraient que certains hommes politiques, et certaines forces extérieures se cachant derrière eux, veulent aller dans le sens d’une voie de non-retour. Pour cela, ils avaient multiplié les propositions anti-constitutionnelles, « expliqué » les dires de certains chefs religieux influents. Ce qui ne peut mener qu’à exacerber les différends confessionnels, surtout que les discours précités étaient accompagnés, par certains, d’un retour aux projets relevant d’une fédération (ou une confédération) libanaise déjà tentés, il y a de cela 25 ans, ou encore au projet de la création de deux gouvernements, au cas où les élections présidentielles ne pourront pas avoir lieu.
Quatrièmement, la recrudescence des déclarations sur « les armes détenues par le Hezbollah », mais aussi sur les zones dites « de sécurité », en liaison avec les manœuvres militaires israéliennes près des frontières sud du Liban et du Golan occupé qui visent, selon les déclarations des responsables israéliens, à « prévenir une guerre possible avec la Syrie ou le Hezbollah ». Pendant ce temps, les bombardiers israéliens ont repris leurs violations sans que les nations Unies y trouvent à redire ; bien au contraire : la résolution internationale sur le prolongement de la mission de la FINUL renforcée au Liban n’a pas contenu un petit signe dans ce sens, ce qui a poussé l’ambassadeur israélien à New York à présenter ses remerciements aux instances internationales « amies ».
Les présidentielles... selon Les Etats-Unis
Tout cela se fait selon une tentative visant, de la part de Washington, à choisir un président de la République au Liban qui lui permettrait une mainmise complète d sur le pays ; ce qui compenserait l’échec de sa politique et celle du gouvernement présidé par Nouri Al-Maliki en Irak et équilibrerait, en quelque sorte, la balance avant la parution du rapport Petrous-Kroker et, surtout, la tenue de la « Conférence de paix au Moyen Orient » auquel George Bush avait appelé. Surtout que le but de cette conférence est doublement important : D’abord, redonner un nouvel élan à la « paix » israélienne dans la région, à travers la remise en question (comme le demande le gouvernement d’Ehoud Olmert) de la conception même de l’Etat palestinien à la lumière de la division très grave entre le Hamas et Mahmoud Abbas ; ensuite, faciliter la reconnaissance d’Israël par certains régimes arabes dits « tempérés » (l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis), et ce afin d’accélérer la normalisation des relations entre eux et d’ouvrir toute grande la voie devant les produits « made in Israël », comme nouveau pas menant à la construction du Nouveau Moyen Orient et à la liquidation définitive du conflit arabo-israélien dans le sens contraire aux intérêts arabes dont, notamment, le retrait israélien des territoires occupés en 1967. N’est-ce pas, là, l’explication claire des appels d’Olmert et des responsables israéliens à la « création d’un Etat palestinien temporaire » ou, encore, au « transfert » des familles palestiniennes vivant toujours dans les régions occupées en 1948 ou, enfin, à la « transformation » démographique d’Al-Qods ?
Ces plans rendent plus clairs les agissements de la diplomatie étasunienne au Liban, à commencer par les déclarations de la ministre des affaires étrangères, Condoleeza Rice, et son conseiller David Walsh, mais aussi l’ambassadeur de Washington à Beyrouth, Jeffry Fieltman à propos de « la nécessité » d’élire rapidement un nouveau président de la République, même si cela nécessite pour se réaliser la violation de la Constitution, en passant outre le quorum demandé (le vote des deux tiers des députés), et les dissensions qui peuvent en résulter... L’essentiel, pour la diplomatie étasunienne, est que le président de la République libanaise soit « un ami » des Etats-Unis.
Ainsi s’explique l’insistance sur le fait que le président soit l’un des leaders du « Mouvement de 14 mars » et, même, un des ultras de ce mouvement dont l’avant-dernière réunion à Meerab n’a pas manqué de rappeler aux Libanais la proclamation du « Front libanais »[1], au tout début de la dernière guerre civile en 1975, les tragédies et les divisions confessionnelles qui en ont découlé... Sans oublier les agressions israéliennes qui avaient accompagné tous ces changements dont, en particulier, celle de 1982 qui devança et prépara l’élection de Bachir Gemayel à la présidence de la République.
Les « nombreuses initiatives »
Nous n’allons pas nous étendre sur le rappel de l’Histoire des guerres civiles libanaises. Nous ne voulons pas non plus faire trop de comparaisons entre une période et une autre, même si nous avions fait, durant la dernière guerre israélienne contre le Liban, en juillet août 2006, un rapprochement entre cette guerre et celle de 1982, tant sur le plan des préparatifs que sur celui du timing, des objectifs et du rôle des Etats-Unis... Nous nous contenterons d’emprunter ce qu’un ex conseiller de Georges Bush père, Brent Scowcroft, vient de dire, il y a peu de temps, dans une conférence à l’université de Georgetown : « La situation au Moyen Orient est très précaire à tel point qu’il suffit d’une seule erreur tactique pour aboutir au déséquilibre du statu quo établi ».
Cet emprunt vise à pousser les responsables internationaux à laisser aux Libanais, et à eux seuls, le soin de chercher une solution empêchant le Liban d’aller à la dérive d’une nouvelle guerre civile qui se profile et qui pourrait, si elle a lieu, embraser la situation dans la région et ailleurs, surtout avec tout ce qui se découvre, actuellement, aux yeux des Libanais et du monde entier dans les événements de Nahr Al-Bared comme nouveau champ de bataille entre Bush et Ben Laden...
Certains disent que le Liban se trouve, aujourd’hui, devant deux alternatives : ou bien un consensus, à travers les initiatives arabes et internationales (résumées par celles du président du parlement libanais Nabih Berri, celle d’Amro Moussa, secrétaire général de la « Ligue arabe », et Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères de la France) ou ce sont l’impasse et le chaos (par la création de deux gouvernements ou par deux élections présidentielles anticonstitutionnelles).
Cela est vrai en partie, surtout la deuxième alternative. Par contre, nous devrions dire que les initiatives désignées ne constituent pas des solutions réelles ; elles peuvent, tout au plus, retarder l’éclatement de la crise.
En effet, l’initiative de Bernard Kouchner, est tombée à deux reprises : la première, lorsque la ministre étasunienne Condoleeza Rice avait apposé son veto contre elle, ce qui a poussé l’Arabie Saoudite à se rétracter. La seconde, quand le ministre français s’est immiscé (avant et à la suite du président Nicolas Sarkozy) dans des propositions portant une tentative de compromis avec la Syrie, dans le cas où « elle faciliterait » les élections présidentielles au Liban, après un discours tout aussi étrange dans lequel il avait déclaré être aux côtés des alliés du « Mouvement du 14 mars » dont il adopta les slogans politiques.
Quant aux deux autres initiatives, elles ne sont pas très claires et demandent des ratifications et des agendas plus précis[2].
Pour nous, le peuple de la gauche au Liban, nous pensons que toute solution doit partir d’une base qui met en valeur le rôle du peuple libanais dans la prévention de toute rechute. Ce qui veut dire la remise en cause, rapidement, du système électoral et de la loi électorale adoptés. Le but : appeler à des élections anticipées au début du mois d’octobre prochain sur la base de la proportionnelle et de la suppression du confessionnalisme (tel que cela est prévu dans l’Accord de Taëf, voté en 1989 et devenu, depuis 1990, partie intégrante de la Constitution libanaise[3]. Cela aboutira, sans aucun doute, à doter le Liban d’un parlement représentant mieux le peuple libanais et exprimant mieux ses aspirations profondes, tout en empêchant une nouvelle guerre civile confessionnelle que nous avons déjà expérimentée et que le peuple irakien expérimente aujourd’hui. Une guerre sans merci qui ne laisse derrière elle que pagaille, mort et destruction.
Quant à l’exécution du point concernant la présidence de la République et l’élection d’un nouveau président, elle se fera à partir du nouveau parlement élu et sur les bases d’un président qui pourra exprimer les deux conceptions de la souveraineté et de l’indépendance du pays, sans oublier pour autant l’appui à la Résistance nationale contre toute occupation. Viendra, ensuite, la constitution d’un nouveau gouvernement d’unité nationale. Un gouvernement mettant dans sa priorité, et sur le même plan, la recherche de solutions adéquates sur les deux plans politique et économique et rédigeant les nécessités de la réforme voulue sur le plan du pouvoir politique et sur celui de l’économie nationale. Ce qui aura le meilleur effet sur la paix nationale, actuellement perdue.
Voilà pourquoi nous voyons dans les mouvements populaires revendicatifs que le Parti Communiste libanais a déclanchés, à la fin du mois d’août passé, dans presque toutes les régions libanaises la clé qui ouvrira la porte du salut, parce que de tels mouvements auront pour conséquences de sortir le Liban hors du cercle de peur des projets mis au point par les émirs de la guerre civile et les émirs des confessions, mais aussi de mieux enraciner le peuple libanais dans sa terre où il pourra vivre son unité retrouvée qu’il ne manqua pas d’exprimer durant l’agression israélienne de l’été dernier.
Disons, enfin, que les initiatives dites « de transition », à savoir l’élection d’un nouveau président pour deux ou trois ans (comme cela s’est déjà passé en 2004 et à la suite du vote par le Conseil de sécurité de la résolution 1559 dont nous vivons les répercussions néfastes jusqu’à ce jour) afin, dit-on, de laisser passer la tempête que soulève déjà l’approche de la campagne présidentielle aux Etats-Unis, nous ne savons pas si le Liban est capable de la supporter sans des pertes radicales qui relèveront de l’unité de son peuple et de l’intégrité de son territoire...
Marie NASSIF-DEBS
Article paru, le samedi 1er septembre, dans le bimensuel « An-Nidaa ».
Notes
[1] Le « Front libanais » fut formé sous l’égide des partis suivants : le Parti phalangiste de Pierre Gemayel, , les Nationalistes libéraux de Camille Chamoun, président de la République entre 1952 et 1958 et dont la présidence a connu deux événements meurtriers (la signature de l’Alliance de Baghdad, faite par les Etats-Unis, et la guerre civile de 1958), le Bloc national de Raymond Eddé ainsi que de plusieurs personnalités chrétiennes, dont le président Amine Gemayel, le président élu Bachir Gemayel, allié d’Israël et chef des Forces libanaises qui vinrent remplacer ce Front et qui sont présidées, actuellement, par Samir Geagea chez qui s’est tenue la réunion de Meerab.
[2] D’ailleurs, le même jour de la parution de cet article dans « An-Nidaa », Monsieur Nabih Berri a présenté une nouvelle initiative lors d’un meeting commémorant le jour de la disparition de l’Imam Moussa Sadr, disparu en Libye, il y a trente ans. Dans ce discours, il se dit prêt à retirer la revendication de l’opposition qu’il représente concernant la formation d’un gouvernement d’unité nationale, si les loyalistes acceptent des élections présidentielles sur la base du quorum des 2/3 des députés. De plus, Berri s’engage à ouvrir une nouvelle phase de dialogue pour aboutir à une entente sur le nom du futur président.
Cette initiative a soulevé et soulève encore des réactions mitigées.
[3] Surtout la partie II, articles 6 et 7, et la partie III, chapitre C
Les présidentielles au Liban : Les raisons et les objectifs du désaccord entre les forces confessionnelles
dimanche 2 septembre 2007.
Marie NASSIF-DEBS (Parti Communiste Libanais)
Aujourd’hui, le Liban est passé, tant sur le plan politique que sur le plan économique, au centre du cercle de feu.
Sur le plan politique, l’escalade est presque arrivée au point de non-retour, à l’approche des présidentielles, considérées, par l’alliance politique libanaise au pouvoir et aussi par l’opposition traditionnelle, comme déterminantes : la première pense que l’élection d’un nouveau président les aidera, sans aucun doute, à mettre la main sur toutes les instances du pouvoir et, par suite, à en finir avec la période transitoire qui fut ouverte à la suite de l’assassinat de Rafic Hariri, ex Président due Conseil ; quant à la seconde, elle pense qu’elle pourra réaliser le slogan du « partenariat » lancé en décembre 2006 et entretenu par le sit-in qui se poursuit, depuis, au centre-ville de Beyrouth.
Par contre, sur le plan économique, il est difficile de trouver des différences notoires entre les loyalistes et les opposants. Personne n’y porte un intérêt quelconque, à partir du principe très libanais : parons au plus pressé. Et, le plus pressé est considéré par tous les politiciens traditionnels, amis des Etats-Unis ou de la Syrie et de l’Iran, comme étant la mainmise, partielle ou généralisée, sur le pouvoir politique, ce qui permettra à telle ou telle famille d’avoir des avantages et des profits qui leur ouvre toute grande la porte leur permettant de « se reproduire » et de pérenniser la présence de l’alliance politique ou, du moins, le régime confessionnel. Ce régime qui, à peine ébréché, se reconstruit rapidement grâce aux ententes internationales ou régionales dominantes pour réapparaître sous des manteaux bicolores ou tricolores : druze-maronite, sunnite-chrétien, sunnite-chiite-druze ou, enfin, sunnite-druze-maronite...etc.
Le Liban est, donc, passé dans l’œil du cyclone. A cause des présidentielles, mais aussi des liens entre cet événement et les agendas internationaux ou régionaux liés à la politique étasunienne dans la région, à la suite de l’occupation de l’Irak et des réactions, politiques et économiques, que cette occupation soulève parmi l’Alliance créée par Washington, tant sur le plan arabe qu’européen, que dans les milieux gouvernementaux russes et chinois.
Les interférences et les manifestations les plus importantes
Ce passage, qualitatif, a produit différentes ramifications que nous pouvons voir clairement dans des interférences militaires, politiques et économiques qui ont laissé leur empreinte sur la structure même du Liban qui avait déjà reçu un coup très dur à la suite de l’agression israélienne de l’été 2006. Le résultat ? Une scission verticale très accentuée entre les loyalistes et l’opposition (les groupes appelés « 14 mars » et « 8 mars ») qui constituent des prolongements de la lutte qui se déroule entre les tenants du projet étasunien « Le Nouveau Moyen Orient » (« grand » ou « élargi ») et ceux qui défendent un autre projet exprimé par l’alliance syro iranienne ; mais, aussi, une scission, plus profonde encore, entre les deux grandes confessions musulmanes, les Chiites et les Sunnites, et au sein des Chrétiens maronites...
Les principales manifestations de ces scissions peuvent se résumer ainsi :
Premièrement, le déclanchement d’une guerre « terroriste » au Liban Nord, à travers le groupe dit « Fath Al-Islam », et ce que cette guerre a dévoilé comme plans qui se recoupent, à commencer par l’institution d’un « Emirat islamique » dans la région nord du pays, mais aussi le transfert du camp des réfugiés palestiniens de Nahr Al-Bared le plus loin possible de la côte libanaise, afin d’enlever toute difficulté pouvant s’opposer à la construction d’une base étasunienne pour le commandement des forces héliportées dans la région, surtout que le camp de Nahr Al-Bared est sis à l’aéroport militaire de Qlaïaat, ce qui élargirait la surface utilisable par la « base » prévue. Sans oublier le facteur primordial : la présence d’un grand lac de pétrole sous les eaux territoriales libanaises et s’étendant des frontières nord du pays et jusqu’à la région de Batroun.
Deuxièmement, la parution du rapport du juge international Serge Bramertz, chargé de l’enquête sur l’assassinat de l’ex Président du conseil libanais Rafic Hariri, et les répercussions contradictoire, mais violentes, qu’il a soulevées dans le but d’expliquer certains de ses paragraphes concernant la voiture piégée, une « Mitsubishi venant des Emirats », et les exécutants, « des jeunes ayant habité pendant les dix premières années de leur vie une région très sèche », désertique, en somme...
Troisièmement, l’escalade de la violence politique, à travers des discours de feu qui montraient que certains hommes politiques, et certaines forces extérieures se cachant derrière eux, veulent aller dans le sens d’une voie de non-retour. Pour cela, ils avaient multiplié les propositions anti-constitutionnelles, « expliqué » les dires de certains chefs religieux influents. Ce qui ne peut mener qu’à exacerber les différends confessionnels, surtout que les discours précités étaient accompagnés, par certains, d’un retour aux projets relevant d’une fédération (ou une confédération) libanaise déjà tentés, il y a de cela 25 ans, ou encore au projet de la création de deux gouvernements, au cas où les élections présidentielles ne pourront pas avoir lieu.
Quatrièmement, la recrudescence des déclarations sur « les armes détenues par le Hezbollah », mais aussi sur les zones dites « de sécurité », en liaison avec les manœuvres militaires israéliennes près des frontières sud du Liban et du Golan occupé qui visent, selon les déclarations des responsables israéliens, à « prévenir une guerre possible avec la Syrie ou le Hezbollah ». Pendant ce temps, les bombardiers israéliens ont repris leurs violations sans que les nations Unies y trouvent à redire ; bien au contraire : la résolution internationale sur le prolongement de la mission de la FINUL renforcée au Liban n’a pas contenu un petit signe dans ce sens, ce qui a poussé l’ambassadeur israélien à New York à présenter ses remerciements aux instances internationales « amies ».
Les présidentielles... selon Les Etats-Unis
Tout cela se fait selon une tentative visant, de la part de Washington, à choisir un président de la République au Liban qui lui permettrait une mainmise complète d sur le pays ; ce qui compenserait l’échec de sa politique et celle du gouvernement présidé par Nouri Al-Maliki en Irak et équilibrerait, en quelque sorte, la balance avant la parution du rapport Petrous-Kroker et, surtout, la tenue de la « Conférence de paix au Moyen Orient » auquel George Bush avait appelé. Surtout que le but de cette conférence est doublement important : D’abord, redonner un nouvel élan à la « paix » israélienne dans la région, à travers la remise en question (comme le demande le gouvernement d’Ehoud Olmert) de la conception même de l’Etat palestinien à la lumière de la division très grave entre le Hamas et Mahmoud Abbas ; ensuite, faciliter la reconnaissance d’Israël par certains régimes arabes dits « tempérés » (l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis), et ce afin d’accélérer la normalisation des relations entre eux et d’ouvrir toute grande la voie devant les produits « made in Israël », comme nouveau pas menant à la construction du Nouveau Moyen Orient et à la liquidation définitive du conflit arabo-israélien dans le sens contraire aux intérêts arabes dont, notamment, le retrait israélien des territoires occupés en 1967. N’est-ce pas, là, l’explication claire des appels d’Olmert et des responsables israéliens à la « création d’un Etat palestinien temporaire » ou, encore, au « transfert » des familles palestiniennes vivant toujours dans les régions occupées en 1948 ou, enfin, à la « transformation » démographique d’Al-Qods ?
Ces plans rendent plus clairs les agissements de la diplomatie étasunienne au Liban, à commencer par les déclarations de la ministre des affaires étrangères, Condoleeza Rice, et son conseiller David Walsh, mais aussi l’ambassadeur de Washington à Beyrouth, Jeffry Fieltman à propos de « la nécessité » d’élire rapidement un nouveau président de la République, même si cela nécessite pour se réaliser la violation de la Constitution, en passant outre le quorum demandé (le vote des deux tiers des députés), et les dissensions qui peuvent en résulter... L’essentiel, pour la diplomatie étasunienne, est que le président de la République libanaise soit « un ami » des Etats-Unis.
Ainsi s’explique l’insistance sur le fait que le président soit l’un des leaders du « Mouvement de 14 mars » et, même, un des ultras de ce mouvement dont l’avant-dernière réunion à Meerab n’a pas manqué de rappeler aux Libanais la proclamation du « Front libanais »[1], au tout début de la dernière guerre civile en 1975, les tragédies et les divisions confessionnelles qui en ont découlé... Sans oublier les agressions israéliennes qui avaient accompagné tous ces changements dont, en particulier, celle de 1982 qui devança et prépara l’élection de Bachir Gemayel à la présidence de la République.
Les « nombreuses initiatives »
Nous n’allons pas nous étendre sur le rappel de l’Histoire des guerres civiles libanaises. Nous ne voulons pas non plus faire trop de comparaisons entre une période et une autre, même si nous avions fait, durant la dernière guerre israélienne contre le Liban, en juillet août 2006, un rapprochement entre cette guerre et celle de 1982, tant sur le plan des préparatifs que sur celui du timing, des objectifs et du rôle des Etats-Unis... Nous nous contenterons d’emprunter ce qu’un ex conseiller de Georges Bush père, Brent Scowcroft, vient de dire, il y a peu de temps, dans une conférence à l’université de Georgetown : « La situation au Moyen Orient est très précaire à tel point qu’il suffit d’une seule erreur tactique pour aboutir au déséquilibre du statu quo établi ».
Cet emprunt vise à pousser les responsables internationaux à laisser aux Libanais, et à eux seuls, le soin de chercher une solution empêchant le Liban d’aller à la dérive d’une nouvelle guerre civile qui se profile et qui pourrait, si elle a lieu, embraser la situation dans la région et ailleurs, surtout avec tout ce qui se découvre, actuellement, aux yeux des Libanais et du monde entier dans les événements de Nahr Al-Bared comme nouveau champ de bataille entre Bush et Ben Laden...
Certains disent que le Liban se trouve, aujourd’hui, devant deux alternatives : ou bien un consensus, à travers les initiatives arabes et internationales (résumées par celles du président du parlement libanais Nabih Berri, celle d’Amro Moussa, secrétaire général de la « Ligue arabe », et Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères de la France) ou ce sont l’impasse et le chaos (par la création de deux gouvernements ou par deux élections présidentielles anticonstitutionnelles).
Cela est vrai en partie, surtout la deuxième alternative. Par contre, nous devrions dire que les initiatives désignées ne constituent pas des solutions réelles ; elles peuvent, tout au plus, retarder l’éclatement de la crise.
En effet, l’initiative de Bernard Kouchner, est tombée à deux reprises : la première, lorsque la ministre étasunienne Condoleeza Rice avait apposé son veto contre elle, ce qui a poussé l’Arabie Saoudite à se rétracter. La seconde, quand le ministre français s’est immiscé (avant et à la suite du président Nicolas Sarkozy) dans des propositions portant une tentative de compromis avec la Syrie, dans le cas où « elle faciliterait » les élections présidentielles au Liban, après un discours tout aussi étrange dans lequel il avait déclaré être aux côtés des alliés du « Mouvement du 14 mars » dont il adopta les slogans politiques.
Quant aux deux autres initiatives, elles ne sont pas très claires et demandent des ratifications et des agendas plus précis[2].
Pour nous, le peuple de la gauche au Liban, nous pensons que toute solution doit partir d’une base qui met en valeur le rôle du peuple libanais dans la prévention de toute rechute. Ce qui veut dire la remise en cause, rapidement, du système électoral et de la loi électorale adoptés. Le but : appeler à des élections anticipées au début du mois d’octobre prochain sur la base de la proportionnelle et de la suppression du confessionnalisme (tel que cela est prévu dans l’Accord de Taëf, voté en 1989 et devenu, depuis 1990, partie intégrante de la Constitution libanaise[3]. Cela aboutira, sans aucun doute, à doter le Liban d’un parlement représentant mieux le peuple libanais et exprimant mieux ses aspirations profondes, tout en empêchant une nouvelle guerre civile confessionnelle que nous avons déjà expérimentée et que le peuple irakien expérimente aujourd’hui. Une guerre sans merci qui ne laisse derrière elle que pagaille, mort et destruction.
Quant à l’exécution du point concernant la présidence de la République et l’élection d’un nouveau président, elle se fera à partir du nouveau parlement élu et sur les bases d’un président qui pourra exprimer les deux conceptions de la souveraineté et de l’indépendance du pays, sans oublier pour autant l’appui à la Résistance nationale contre toute occupation. Viendra, ensuite, la constitution d’un nouveau gouvernement d’unité nationale. Un gouvernement mettant dans sa priorité, et sur le même plan, la recherche de solutions adéquates sur les deux plans politique et économique et rédigeant les nécessités de la réforme voulue sur le plan du pouvoir politique et sur celui de l’économie nationale. Ce qui aura le meilleur effet sur la paix nationale, actuellement perdue.
Voilà pourquoi nous voyons dans les mouvements populaires revendicatifs que le Parti Communiste libanais a déclanchés, à la fin du mois d’août passé, dans presque toutes les régions libanaises la clé qui ouvrira la porte du salut, parce que de tels mouvements auront pour conséquences de sortir le Liban hors du cercle de peur des projets mis au point par les émirs de la guerre civile et les émirs des confessions, mais aussi de mieux enraciner le peuple libanais dans sa terre où il pourra vivre son unité retrouvée qu’il ne manqua pas d’exprimer durant l’agression israélienne de l’été dernier.
Disons, enfin, que les initiatives dites « de transition », à savoir l’élection d’un nouveau président pour deux ou trois ans (comme cela s’est déjà passé en 2004 et à la suite du vote par le Conseil de sécurité de la résolution 1559 dont nous vivons les répercussions néfastes jusqu’à ce jour) afin, dit-on, de laisser passer la tempête que soulève déjà l’approche de la campagne présidentielle aux Etats-Unis, nous ne savons pas si le Liban est capable de la supporter sans des pertes radicales qui relèveront de l’unité de son peuple et de l’intégrité de son territoire...
Marie NASSIF-DEBS
Article paru, le samedi 1er septembre, dans le bimensuel « An-Nidaa ».
Notes
[1] Le « Front libanais » fut formé sous l’égide des partis suivants : le Parti phalangiste de Pierre Gemayel, , les Nationalistes libéraux de Camille Chamoun, président de la République entre 1952 et 1958 et dont la présidence a connu deux événements meurtriers (la signature de l’Alliance de Baghdad, faite par les Etats-Unis, et la guerre civile de 1958), le Bloc national de Raymond Eddé ainsi que de plusieurs personnalités chrétiennes, dont le président Amine Gemayel, le président élu Bachir Gemayel, allié d’Israël et chef des Forces libanaises qui vinrent remplacer ce Front et qui sont présidées, actuellement, par Samir Geagea chez qui s’est tenue la réunion de Meerab.
[2] D’ailleurs, le même jour de la parution de cet article dans « An-Nidaa », Monsieur Nabih Berri a présenté une nouvelle initiative lors d’un meeting commémorant le jour de la disparition de l’Imam Moussa Sadr, disparu en Libye, il y a trente ans. Dans ce discours, il se dit prêt à retirer la revendication de l’opposition qu’il représente concernant la formation d’un gouvernement d’unité nationale, si les loyalistes acceptent des élections présidentielles sur la base du quorum des 2/3 des députés. De plus, Berri s’engage à ouvrir une nouvelle phase de dialogue pour aboutir à une entente sur le nom du futur président.
Cette initiative a soulevé et soulève encore des réactions mitigées.
[3] Surtout la partie II, articles 6 et 7, et la partie III, chapitre C
Rencontre communiste de Vénissieux, 31 août et 1er septembre 2007 :
Une étape encourageante dans la riposte à la liquidation du PCF
Avec d’autres camarades connus pour leur opposition à la stratégie de Mutation-démolition du PCF mise en œuvre par sa direction, nous avions décidé en juin d’organiser une rencontre nationale à la rentrée pour faire le point.
Nos attentes étaient très fortes d’échanger avec nos camarades, de connaître l’état d’esprit des communistes ailleurs dans le pays, de passer à un autre niveau de coordination. La situation politique le rend en effet encore nécessaire. Une nouvelle étape est franchie avec la mise à l’ordre du jour explicitement de la disparition du Parti (voir CN des 22 et 23 juin) et la convocation de deux congrès en décembre 2007 et fin 2008. Dans le même temps, le besoin de moyens politiques pour faire vivre nos organisations du PCF sur une base de lutte est encore plus grand devant la politique de Sarkozy.
Par rapport à ces attentes, nous revenons de la réunion de Vénissieux avec le sentiment que nous avons participé à une étape encourageante.
La réunion est un succès de participation : 146 camarades de 26 départements. Etaient notamment présents des responsables de deux fédérations (Pas-de-Calais et Haute-Saône), de plusieurs sections (dont Vénissieux, Saint-Fons, Paris 15ème, Illkirch-Grafenstaden - Béziers, Ouest-Var étaient excusés pour cause de fêtes locales du Parti), de cellules d’un peu partout, de réseaux de communistes (Rhône, Charente-Maritime, Fontenay-sous-Bois, Amiens…). On comptait aussi 8 membres du Conseil national, des membres de CD… Des représentants de groupes qui ont quitté le Parti participaient aussi à la réunion (dont Rouges Vifs Midi).
La qualité de l’organisation par nos hôtes de la section de Vénissieux et du Rhône, leur présence nombreuse, leur riche participation aux débats sur la base de leurs expériences de lutte font partie des éléments encourageants.
L’échange sur les questions internationales a apporté beaucoup d’informations et d’éléments d’analyse.
Sur le PCF, les participants se sont tous accordés pour identifier la nouvelle étape du processus de démolition, dans la continuité de la « Mutation », du démantèlement des organisations communistes de base, de l’abandon des positions de lutte, de la stratégie d’effacement de l’identité communiste qui a conduit au désastre électoral de MG Buffet aux présidentielles.
Il ressort que l’on n’a plus à hésiter pour la caractériser ouvertement comme une « liquidation ».
A l’exception de membres des groupes extérieurs, la quasi-totalité des camarades estiment qu’il est nécessaire d’intervenir à l’occasion du congrès extraordinaire de décembre. Cette question a fait débat dans les sections, notamment devant l’organisation délibérément brouillée de ce congrès. Mais il paraît indispensable de ne pas banaliser la fatalité entretenue insidieusement de l’hypothèque sur l’avenir du parti. Les procédés utilisés par la direction révèlent aussi une réalité : une majorité de communistes refuse leurs scénarios de recomposition politique et d’effacement du PCF. Des camarades isolés, entre autres, ont fait état des difficultés rencontrées et du courage qu’il faut pour contrer certaines pratiques de direction.
D’autres, de plusieurs fédérations, ont fait état d’expérience de revitalisation, de recréation de cellules voire de sections. Des camarades ont réadhèré pour militer, pour peser et rassembler des communistes.
L’exigence d’une visibilité accrue du caractère national de notre opposition a été largement soulignée, de même que l’exigence d’animer des campagnes de lutte sur les questions cruciales du moment, compte tenu des défaillances de la direction, contre la casse de la sécurité sociale (des retraites avec les régimes spéciaux), contre la casse de l’université, pour le rejet du nouveau traité européen…
La volonté s’est exprimée d’aboutir à une meilleure forme d’organisation, de coordination entre nous, « dépassant le bricolage passé ».
Un texte a été discuté et adopté en fin de réunion. Son existence est importante. Nous le mettrons en ligne quand il nous arrivera avec les corrections adoptées. Il traduit la conviction partagée par tous les participants de la validité, de la nécessité pour l’avenir de l’existence du Parti communiste, « ancré dans la lutte des classes et le combat révolutionnaire », pour combattre le capitalisme mondialisé.
Voilà les principaux éléments que nous avons retenus eu égard à nos attentes et à nos analyses. Nous avons exprimé notre désaccord avec l’idée défendue principalement par les représentants des organisations constituées hors PCF que la bataille du PCF n’est pas primordiale, qu’il serait temps de construire une autre organisation, de se coordonner avec « tous les anticapitalistes ». Les expériences dans ce sens sont peu concluantes. Le risque d’éclatement, le risque de rupture avec le fil historique qui a fait du PCF le parti de masse et de classe, outil efficace du monde du travail pour combattre le capitalisme est beaucoup trop grand, dans le contexte actuel d’affaiblissement, sans parler des appels du pied de « l’extrême gauche ».
Le texte final, consensuel, tient compte de cette « diversité ». Pour nous quand le texte s’intitule « la France a besoin d’un parti communiste », c’est du parti communiste français.
Le principe a été retenu d’une nouvelle réunion du même type en Région Parisienne en octobre. Nous nous sommes proposés pour participer à son organisation.
D’ici là, la Fête de l’Huma, et les stands des organisations présentes à Vénissieux seront des lieux pour poursuivre le débat et sa concrétisation.
Emmanuel DANG TRAN (secrétaire PCF Paris 15, membre du CN et du CD75), Claude FAINZANG (Paris 19ème, membre du CN et du CD75), Josette GAWSEWITCH (Paris 15ème , CD75), Joran JAMELOT (Paris 14ème)
Non aux franchises médicales, oui à la gratuité des soins.
Nicolas Sarkozy justifie la mise en place d’une franchise médicale pour financer son plan cancer et Alzheimer. Entretien avec Isabelle Lorand, co-animatrice du collectif santé à la direction du PCF.
Le gouvernement veut instaurer une franchise médicale sur les soins et les médicaments. Pour le PCF il s’agit d’une mesure injuste et inefficace.
De réformes en réformes, les dépenses de santé non remboursées n’ont cessé d’augmenter. On les estime à 240 euros en moyenne par personne et par an. Et jusqu’à 1 000 euros pour 900 000 d’entre nous (1). Le montant de la franchise - 50 euros par an et par foyer - peut paraître modeste. Chacun sait que ça, c’est au début… Mais si le choix a été de créer des franchises, plutôt que d’augmenter les forfaits, c’est que l’esprit même de la franchise est une rupture idéologique et politique. Jusqu’à présent il était admis que les dépenses de santé étaient prises en charge par la solidarité. Les forfaits étaient présentés comme des réponses transitoires au déficit de la sécu. Les franchises introduisent une dimension nouvelle par la création d’un « véritable octroi pour la santé ». Comment qualifier autrement cette mesure qui pose en principe de base le fait de payer, de ne pas être remboursé, pour accéder aux soins. Il s’agit d’une remise en cause du principe fondateur de la Sécurité sociale « Tous cotisent en fonction de leurs moyens. Et chacun en profite quelques soient ses besoins ». Et comme seules les assurances privées pourront rembourser les franchises, en filigrane, c’est ce marché qui se dessine.
Le financement des dépenses de santé reste cependant en débat ?
Les dépenses de santé augmenteront. Simplement parce que l’espérance de vie augmente, les moyens de soigner se développent…. C’est pourquoi les mesures qui visent à les réduire en « responsabilisant » les malades ne peuvent pas marcher. D’abord il y a les recettes. Elles dépendent de la répartition des richesses de notre pays. Si on augmente les salaires, on relance l’emploi… si on taxait le capital financier… alors le trou de la sécu deviendrait un mauvais souvenir. Et puis, il y a ce qui fait l’état de santé d’une population : la prévention. Les conditions de vie, de travail, l’environnement, l’alimentation… sont les enjeux colossaux pour diminuer la fréquence du cancer, du diabète, de l’obésité et peut-être même de la maladie d’Alzheimer. Ce n’est évidemment pas la logique de la société actuelle. J’en suis sûre : le marché c’est ringard. La modernité c’est la gratuité dans la santé. Parce que l’évolution de la civilisation passe par l’investissement solidaire dans les activités indispensables à l’homme : école, culture, santé….
Avec de nombreuses organisations, le PCF est engagé dans l’action contre l’instauration de la franchise médicale. Quelles initiatives pour les semaines à venir ?
C’est grave, il faut tout faire pour mettre ce projet en échec. Pour réussir un rassemblement large est indispensable. Cela passe par tous les moyens qui permettent d’informer, de prendre la mesure de ce qui ce joue. Le PCF pour sa part est à l’initiative de nombreuses rencontres-débats. Cela passe aussi par l’unité de toutes les organisations, associations, syndicats… C’est le sens de la création d’un collectif national - constitué d’environ 40 organisations - qui appelle le 29 septembre à une journée contre les franchises. Ce collectif invite à une rencontre lors de la fête de l’Huma (2). Enfin, des personnalités ont lancé une pétition nationale (3) qui rassemble déjà plusieurs dizaines de milliers de signatures. Le PCF appelle tous ses adhérents à la signer. Les franchises médicales ne sont vraiment pas populaires. Ce combat peut être l’occasion de mettre un sérieux bâton dans les roues de Sarkozy et de sa politique.
Propos recueillis par Patrice Falguier
Communistes N° 273 - 22 août 2007
La France conspire-t-elle pour assassiner Hassan Nasrallah ?
Des négociations informelles sur l’avenir du Liban se sont tenues sur la Riviera française et monégasque pendant la seconde semaine d’août.
En marge de ces tractations, une réunion secrète a été organisée dans la résidence du prince Bandar ben Sultan à Juan-les-Pins. Le conseiller national de sécurité saoudien y a notamment reçu le leader de la coalition du 14-Mars, Saad Hariri, et un hôte mystérieux qui n’était autre que le Premier ministre israélien Ehud Olmert. L’ambassadeur d’Arabie saoudite à Beyrouth, Abdel Aziz Khoja, représentait le roi Abdallah.
Bien que le Quai d’Orsay refuse de confirmer ou d’infirmer la présence d’officiels français représentant le président Sarkozy, celle-ci est attestée par nos sources. Au demeurant, il est peu probable que l’Élysée n’ait pas été convié et représenté alors qu’il a organisé le déplacement discret de M. Olmert sur la Riviera.
Il est par contre plus difficile de savoir avec certitude le contenu exact de cette réunion. Cependant, de source diplomatique, on assure que Saad Hariri a demandé à Ehud Olmert de le débarrasser du Hezbollah et que le Premier ministre israélien lui a répondu que Tsahal ne pouvait faire le travail seul. Après cette entrée en matière, les conjurés seraient convenus qu’il revient à Saad Hariri de faire assassiner Hassan Nasrallah, puis, une fois le Hezbollah décapité, que Tsahal écraserait la Résistance libanaise.
L’ambassadeur Abdel Aziz Khoja aurait mis en garde les autres participants en soulignant que quelque soient les développements possibles d’un tel scénario, ils aboutiraient à une implosion du pays du Cèdre. Ses réserves n’ont pas été appréciées de certains conjurés. De retour à Beyrouth, l’ambassadeur s’est déclaré menacé et a soudainement quitté le Liban [1].
Dans les milieux dirigeants libanais, on s’interroge sur la nouvelle politique de Nicolas Sarkozy et sur la duplicité des autorités françaises qui, un jour, invitent tous les protagonistes à débattre à La Celle Saint-Cloud et, quelques semaines plus tard, participent à la planification de l’assassinat du leader de la Résistance libanaise.
[1] Voir notre Bulletin quotidien de veille politique proche-oriental du 27 août 2007.
Voltaire.net
Il faut donner la parole à la base militante du Parti
Le conseil national vient de convoquer un congrès extraordinaire, qui doit servir à s'interroger sur les questions à mettre à l'ordre du jour du congrès ordinaire prévu fin 2008.
Ce congrès sera tellement extraordinaire, qu'il n'y aura aucun texte alternatif permettant à la base militante de ce faire une opinion et de se prononcer sur les différents courants qui traversent actuellement notre parti. En conséquence dans ce congrès, on ne modifiera pas les orientations politiques, ni les directions. On se parlera, on invitera des amis, puis on se quittera, en se disant qu'on se reverra fin 2008 pour décider.
Bref, un vrai congrès « salon de thé »
Or, il ne se passe pas une semaine où des dirigeants du parti font savoir qu'ils ne croient plus à la forme parti et annoncent la création ou leur participation à de nouvelles organisations. Les communistes dits unitaires avec Roger Martelli, les refondateurs, les collectifs alternatif 2007, les communistes dits 21, avec Fabienne Pourre du courant Robert Hue, l'appel de "gauche avenir", pour redéfinir en dehors du parti de nouvelles aspirations, avec Francis Wurtz, Jean-Claude Gayssot, Claude Cabanes, Marie-Noëlle Lienemann, Paul Quilès, Ivan Levaï etc...
Le conseil national en convoquant un congrès extraordinaire sans aucune possibilité pour les adhérents de base de se prononcer sur les orientations idéologiques et politiques de leur parti, favorise ces nouvelles organisations et collectifs qui préconisent des débats hors du parti. Toutes les forces de gauche prévoient une recomposition du paysage politique pour la rentrée 2007 . La plupart des dirigeants de notre parti ont l'intention de participer à cette recomposition à travers leurs organisations et collectifs et prônent ouvertement la mutation du parti communiste en parti de la gauche antilibérale et pendant ce temps-là les adhérents du parti feraient un congrès salon de thé, sans texte de fond, donc sans intérêt.
Il y a urgence, nous ne pouvons laisser notre parti se décomposer, sans rien dire, sans rien décider, En effet, chacun sait par expérience que dans le type de congrès que le CN a programmé, les adhérents de la base militante, ont peu de chance de se faire entendre.
Ces débats informels fractionnés par thèmes sont sous le règne des docteurs honoris causa du parti et du "cause toujours", aucun vote n'intervenant, la synthèse des discussions appartient aux dirigeants à chaque échelon, section, fédération etc..Ainsi, une idée majoritaire à la base peu devenir minoritaire au sommet.
La situation est trop grave pour que les adhérents se laissent déposséder de leur seul moyen d'expression, le vote sur un texte.
Le parti doit affronter ses contradictions, ce n'est pas en mettant le couvercle sur la marmite et en remettant à plus tard les décisions importantes, comme le fait le CN, que le parti affrontera au mieux les élections municipales.
Par conséquent, il faut que tous les courants puissent s'exprimer a travers des textes, a l'intérieur plutôt qu'à l'extérieur du parti. Les adhérents doivent pouvoir voter sur ces textes. Il faut que cette consultation soit démocratique ( temps nécessaire aux débats , vote dans les sections , un jour donné et sous le contrôle de tous ) . Il faut qu'il en découle une représentation proportionnelle dans toutes les instances du parti y compris à la direction, c'est le seul moyen pour préserver l'unité du parti. Il ne faut pas que l'on revive la situation d'aujourd'hui, où on a un CN et des dirigeants qui ne sont pas représentatifs de l'ensemble du parti.
Ne nous laissons pas enfermer dans ce congrès "salon de thé", produisons dès à présent des textes de fond, qu'ils faudra imposer à la discussion et au vote des adhérents, lors du congrès extraordinaire. Les communistes ne peuvent pas rester les bras croisés, quant il y a le feu à leur maison.
Notre parti a démontré dans le passé qu'il pouvait débattre et se battre en même temps, nous sommes condamnés à faire les deux dès à présent , l'histoire ne nous attendra pas jusqu'à fin 2008.
Réseau communiste de Fontenay-sous-bois (Val de Marne) juin 2007
Algérie
Les grands incendies éteints, quelques foyers encore actifs
( Samedi, 1er septembre 2007 )
Tous les grands foyers d'incendies enregistrés depuis mercredi en Algérie ont été éteints, à l'exception de huit de moindre importance, et les pompiers continuaient surveiller tout nouveau départ de feu.
Selon le lieutenant Yassine Bernaoui de la Protection civile algérienne, tous les grands foyers d'incendies qui ont ravagé les forêts du nord de l'Algérie depuis mercredi sont éteints.
Il a précisé, citant un bilan établi à 15H00 (14H00 GMT), qu'il ne restait plus que huit foyers de "moindre importance". Dans la matinée, le directeur de la communication de la Protection civile, Mohamed Amokrane Medjkane, avait indiqué que dix foyers étaient encore actifs.
Le bilan de cet embrasement exceptionnel des forêts du nord algérien établi jeudi est de huit morts.
Six personnes, dont une femme et deux enfants, ont péri, calcinées, à Tizi Ouzou (Kabylie). Deux adolescents d'une même famille, Nadir et Khaled, âgés de 11 et 16 ans, sont morts happés par les flammes près de Jijel (est) aux abords d'un oued où ils se rendaient pour se baigner.
Les services algériens de la météorologie ont annoncé une chute de dix degrés de la température sur les villes côtières amorcé jeudi à l'ouest et qui devrait se poursuivre vendredi et les jours suivant vers l'est.
Selon la protection civile, 204 incendies ont affecté 23 départements du nord algérien durant les dernières 48 heures. Le brasier s'étendait de Chlef (ouest) à Skikda (est), en passant par Aïn Defla, Blida, Tipaza, Alger, Boumerdès, Béjaïa, Tizi Ouzou et Bouira. Le feu a également détruit la forêt de Ténira à Sidi Bel Abbès (Oranie) et ravagé un bois à Meurad près de Tipaza, sur la côte ouest.
Les incendies, attisés par les vents brûlants du Sahara, ont été favorisés par la canicule et la sécheresse. Malgré la mobilisation générale des pompiers, soutenus par l'armée et les services forestiers, le feu a parcouru plus de 20.000 hectares de broussaille et détruit des milliers d'arbres: chênes liège, chênes verts, cèdres, pins, ifs, merisiers et eucalyptus.
Plus de 6.000 soldats du feu et des dizaines de véhicules spécialisés ont été dépêchés face aux brasiers. L'Algérie ne dispose pas de moyens aériens de lutte contre les incendies de forêts.
La population a participé avec les moyens de bord aux opérations rendues pénibles par la configuration difficile du terrain et le mauvais état des pistes de montagne. Une dizaines de villages ont été évacués par mesure de précaution.
Selon la protection civile, 29 maisons ont été brûlées à Jijel et cinq à Blida, au pied du massif de Chréa, à une cinquantaine de kilomètres au sud d'Alger.
Le massif de Chréa, qui surplombe Blida, semble le plus touché par ces incendies qualifiés d'"exceptionnels" par le directeur des forêts du département, Mohammed Seghir Noual.
Fatah Tatah, responsable de la protection civile, a indiqué que selon un bilan partiel pour ce seul massif établi vendredi, quelque 3.000 hectares d'arbres ont été ravagés par le feu, qui a en outre détruit 600 ha de maquis et 1.000 ha de broussailles.
Jeudi soir, les tâches cendrées dessinées par le feu dans la verdure donnaient l'aspect d'une peau de léopard au massif, d'où montait une odeur âcre. Des coulées de cendres dévalant des versants et des centaines de troncs d'arbres calcinés, tordus, ainsi que des cadavres d'animaux sauvages, domestiques ou d'élevage, gisant à flanc de montagne témoignaient de l'ampleur de la catastrophe.
http://www.aloufok.net/article.php3?id_article=4116