Attentats de Moscou: Analyse du PC russe

  Attentats à Moscou : Tchétchènes, Otan ou Poutine ? Analyse du PC russe

Publié 29 mars 2010

       Comme on peut s’en douter, les réactions aux attentats dans le métro de Moscou sont très nombreuses : pas moins de 10 articles ce matin sur le site du PCFR. Voici un extrait d’une analyse « à chaud » reprenant des déclarations faites en Italie en 2002 (après l’attentat de Nord-Ost) par Guennadi Ziouganov, qui établit un parallèle avec la stratégie de la tension (« strategia della tensione ») utilisée en Italie dans les années 70.

Traduit par Marianne Dunlop pour changement de société

« Derrière la diversité des questions posées par l’opinion occidentale, on risque de ne pas voir le tableau complet de ce qui se passe aujourd’hui en Russie et dans le monde.

Car le drame des 800 otages n’est qu’un épisode dans une chaîne d’événements terribles. Ces cinq derniers jours, la Russie a subi le choc d’événements de plus en plus tragiques. Tout d’abord l’assassinat d’une audace inouïe du gouverneur de la région de Magadan sur une voie officielle près du Kremlin, endroit contrôlé par le service de sécurité de Poutine. Puis explosion près d’un restaurant au sud-ouest de Moscou, qui aurait pu provoquer des centaines de morts. Simultanément le crash en une journée de trois hélicoptères militaires. Et enfin ce terrible attentat au théâtre de la Doubrouvka (1) avec les lourdes conséquences que l’on sait.

Nous considérons ces événements comme une attaque ciblée contre la Russie de la part des forces qui ont misé sur la chute et la destruction de notre pays.

Nous voyons clairement la mise en oeuvre en fédération de Russie de la stratégie de la tension. Elle est dirigée par des forces situées tant à l’extérieur qu’à l’intérieur de la Russie. D’une part, il est évident pour tous que le balancier des opinions politiques  est reparti vers la gauche (2) et qu’il ne s’arrêtera pas au centre. Dans ces conditions, la stratégie de la tension a pour objectif de détourner la société de la nécessité vitale de changer de cap et de se débarrasser de la domination des dizaines de clans oligarchiques.

D’autre part, la position instable du pouvoir exécutif actuel le rend de plus en plus vulnérables devant la pression des USA qui cherchent à tout prix que la Russie, allant contre ses propres intérêts nationaux, soutienne la guerre en Irak(3), entrant ainsi en confrontation avec le monde islamique.

Quand on pose la question de la menace de nouveaux actes terroristes, l’opinion publique occidentale doit reconnaître très honnêtement qu’en Russie un autre terrorisme non moins terrible est encouragé, ou en tout cas non contrarié par le pouvoir en place, c’est le terrorisme énergétique.

Le groupe de Tchoubaïs détruit dans notre grand pays nordique le système énergétique unifié, coupe le chauffage de villes entières, condamnant les gens à mourir de froid. C’est un terrorisme criminel. La criminalité et le banditisme ont frappé nos villes et nos villages, le droit à la vie aujourd’hui n’est garanti à personne.

C’est un terrorisme social. Le pouvoir, interdisant la tenue d’un référendum sur la question des garanties du minimum vital, de la réforme du logement et des services communaux, a refusé de changer sa ligne socio-économique, condamnant chaque année à mort 1 million de ses concitoyens.

Quand M. Poutine cherche Al-Qaeda à Moscou, il doit plutôt regarder autour de lui. Il est entouré par sa propre Al-Qaeda représentée par Tchoubaïs, les oligarques, son administration, dont les agissements entraînent des conséquences encore plus graves que celles de l’agent de la CIA numéro un Ben Laden. »

Nous rappelons que les cataclysmes politiques et les opérations spéciales à Moscou et en Russie dans les années 2002-2003 se sont conclues par un reformatage du champ politique, la formation du parti unique du pouvoir Russie unie, l’organisation d’une scission à l’intérieur du parti communiste, l’affaiblissement du puissant front de gauche dirigée par le parti communiste par la défection du mouvement Rodina (Patrie).

(1) Plus de 900 personnes, spectateurs et artistes de la comédie musicale Nord-Ouest, ont été pris en otages en plein spectacle le 23 octobre 2002. Une quarantaine de terroristes ont retenu leurs otages, dont des femmes et des enfants, pendant trois jours dans la salle de spectacle. Lors d’une opération spéciale lancée le 26 octobre, les terroristes ont été tués et la plupart des otages libérés. (Source RIA-Novosti ; il y a eu quand même 130 morts ; NdT)

(2) Encore plus vrai aujourd’hui : le PC russe recueille 21% des voix aux dernières élections locales (14 mars 2010), dont la mairie d’Irkoutsk, ville de 500 000 habitants, et réunit des dizaines de milliers de manifestants dans des meetings où le mot d’ordre est «

pas de capitalisme, pas de crise »

(3) Ou Afghanistan, Iran…