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Blog de la section du Cap Corse du PCF

Gîtes ruraux: l'affaire corse

Gîtes ruraux: l'affaire corse Par Hélène Constanty (L'EXPRESS)

GIACOBBI
GIACOBBI
par BANDERA ROSSA

Paul Giacobbi, ancien président du Conseil général de Haute-Corse. AFP/ PASCAL POCHARD-CASABIANCA Une information judiciaire vient d'être ouverte à Bastia: des subventions départementales pour la promotion de logements touristiques auraient été détournées et utilisées à des fins privées. En première ligne: Paul Giacobbi, l'ex-président du conseil général de Haute-Corse. Créer des gîtes ruraux dans les villages de montagne et faire découvrir aux touristes la "Corse de l'intérieur": l'idée était séduisante. Le conseil général de Haute-Corse l'a soutenue avec enthousiasme. Et sans regarder à la dépense... Il s'est même doté,ces dernières années, d'un budget spécial destiné à aider les familles désireuses d'ouvrir de tels logements. Entre 2008 et 2010, 480 000 euros de subventions ont ainsi été votés. Le problème, c'est que 90% de cette aide n'auraient pas servi à créer des gîtes, mais à financer des travaux dans des résidences privées, appartenant le plus souvent à des proches d'élus du conseil. Cette affaire, révélée par L'Express, devrait faire grand bruit sur l'île. Elle repose sur une enquête menée en 2011 par la police judiciaire de Bastia (Haute-Corse) et transmise au parquet à la fin de la même année. Ces investigations, qui viennent d'entraîner l'ouverture d'une information judiciaire, jettent une lumière crue sur le conseil général du département, soupçonné de pratiques clientélistes. Sur les 32 dossiers de gîtes examinés par la police, seuls deux, soit 30 000 euros de subventions, semblent justifiés. Au final, seulement 390 000 euros ont été débloqués, les crédits ayant été gelés dès le début de l'enquête policière. Les bénéficiaires sont susceptibles, d'après les enquêteurs, d'être poursuivis pour détournement de fonds publics. Les fonctionnaires départementaux ayant instruit ces demandes pourraient, quant à eux, être poursuivis pour complicité de détournement de fonds publics. Quant aux élus suspectés d'avoir couvert ces agissements, ils se verraient reprocher une prise illégale d'intérêt. Paul Giacobbi, l'actuel président (Parti radical de gauche) de l'exécutif de la collectivité territoriale de Corse, n'a pas été entendu par les enquêteurs. Mais, au moment des faits, il présidait le conseil général de Haute-Corse. A ce titre, il était donc responsable de l'attribution des subventions. Alors qu'il est aujourd'hui candidat à sa réélection comme député, en juin prochain, cette affaire risque de peser sur sa campagne. Les policiers bastiais ont été alertés par Tracfin L'enquête a démarré en avril 2011, après l'assassinat de Dominique Domarchi, proche conseiller de Paul Giacobbi au conseil général (voir l'encadré). Les policiers bastiais ont alors été alertés par Tracfin, la cellule anti-blanchiment du ministère de l'Economie, qui a épluché les comptes bancaires des deux fils de la victime. Les enquêteurs ont ensuite déroulé la pelote et mis au jour ce qui pourrait être une technique de captation de fonds publics. La subvention, destinée à couvrir 30 % des travaux, est plafonnée à 15 000 euros par gîte. Une même personne peut solliciter au maximum trois aides. Ainsi le fils aîné des Domarchi, Jean-Marc, a bénéficié de 45 000 euros, en août 2010, pour la création d'un gîte de trois appartements dans sa maison de Sant'Andrea-di-Cotone. Un gîte qui n'avait toujours pas vu le jour au moment où l'enquête préliminaire a été bouclée, en novembre 2011. En réalité, le chèque aurait servi à construire un garage et une chambre d'amis. Signalons que l'épouse et le frère de Jean-Marc Domarchi sont employés au conseil général, mais en congé maladie depuis des mois. L'Express n'a pas réussi à joindre Jean-Marc Domarchi avant le bouclage de cet article, lundi 6 février. La famille Domarchi est loin d'être la seule a avoir reçu un soutien financier. Ce qui frappe, dans la liste des bénéficiaires, c'est qu'ils sont concentrés géographiquement autour de Venaco, le fief de Paul Giacobbi, au coeur de l'île: Prunelli di Fiumorbo, Castifao, Muracciole, Cervione... Autre point commun: ils gravitent dans un cercle de familiers du conseil général. On y trouve ainsi plusieurs retraités dont les enfants sont salariés du département, un ingénieur de la collectivité territoriale, un employé de la mairie de Venaco... Une aide a même été accordée à un ancien braqueur et une autre, à la compagne d'un homme fiché au grand banditisme. Rien ne correspond au cahier des charges des gîtes Ces bénéficiaires semblent tout ignorer des critères d'attribution: certains ont utilisé l'argent pour rénover leurs maisons, d'autres pour créer des studios destinés à la location touristique meublée, qui ne répondent pas au cahier des charges des gîtes, très exigeant en termes de qualité des prestations. Malgré tout, les dossiers ont été validés par des fonctionnaires et approuvés par des élus. Comme Jacques Costa, maire de Moltifao, élu en 2007 conseiller général du canton de Castifao Morosaglia sur la liste de Paul Giacobbi et président de la commission du monde rural. Lors de sa garde à vue, Jacques Costa a eu du mal à expliquer aux enquêteurs pourquoi cette commission avait donné si facilement son feu vert à des dossiers litigieux, dont celui de la compagne de son frère. Jacques Costa explique à L'Express que "les élus faisaient confiance aux fonctionnaires chargés du contrôle". Il dit ne pas connaître la compagne de son frère, qui a "une vie sentimentale mouvementée" et minimise la portée de l'affaire: "Des gens mieux renseignés que d'autres ont profité de l'aubaine, mais les sommes en jeu ne sont pas énormes." "Paul Emploi" Giacobbi connaît tous les rouages Paul Giacobbi était-il au courant de ces pratiques? Le député, sollicité à plusieurs reprises, n'a pas donné suite à nos demandes d'entretien. L'affaire, en tout cas, ne surprend pas outre mesure ceux qui connaissaient le fonctionnement du conseil général sous son contrôle. "J'ai passé l'âge de me faire des ennemis", répondait Paul Giacobbi, en novembre 2010, à L'Express, qui évoquait son "style". Une façon, pour lui, de dire comment il avait assis son pouvoir dans ce département que son père avait présidé pendant trente-trois ans. Surnommé "Paul Emploi", Giacobbi connaît mieux que personne les rouages des aides aux communes, des crédits routiers et des embauches, si importants dans les relations avec les maires et avec leurs électeurs, dans ces villages à l'économie exsangue. site:J.J GIL
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