La suppression des postes d’enseignant qui a pour corollaire la diminution des heures de cours, la suppression d’options, constitue en soi une dégradation importante des conditions d’apprentissage et accentue les inégalités liées à l’origine familiale. De fait, l’échec scolaire est aujourd’hui massif. Du fait des inégalités sociales et culturelles, les conditions de l’égalité face à l’École ne sont pas réunies. Au lieu de réduire ces inégalités, l’École, en raison des choix politiques et budgétaires opérés, notamment ces dernières années, tend à les reproduire, voire à les aggraver. Les taux d’accès aux filières de formation dont les hiérarchies perdurent, sont inégalement distribués en termes sociaux et de genre. En ce sens, l’École ne répond pas aux attentes des milieux populaires, et est parfois même vécue comme un rouage de relégation. Les lois Fillon, Borloo, Villepin marquent une régression sans précédent de l’Ecole. Elles consacrent le renoncement à réduire ces inégalités. Pire, elles organisent leur aggravation par un tri social précoce.
Réduire les inégalités sociales et culturelles, construire une culture commune exigeante qui prenne en compte la diversité des élèves et de leurs cultures, et permette à chacun de se construire, offrir une formation initiale forte et le développement d’une formation tout au long de la vie débouchant sur des qualifications et des diplômes, tels sont aujourd’hui pour nous les défis de l’éducation. L’École doit aussi répondre à un défi culturel, celui de construire une culture commune exigeante qui prenne en compte la diversité des élèves et de leurs cultures, et permette à chacun de se construire. Une société en pleine mutation, ouverte sur le monde et de plus en plus complexe, et où l’École n’a plus le monopole de la diffusion du savoir, impose un niveau de culture toujours plus exigeant et des qualifications de plus en plus élevées. Une formation initiale forte et le développement d’une formation tout au long de la vie débouchant sur des qualifications et des diplômes sont des enjeux cruciaux qui justifient pleinement de porter à 18 ans l’âge de la scolarité obligatoire. En finir avec les sorties sans qualification qui concernent encore 60 000 jeunes chaque année, améliorer l’accès aux bacs, porter à 50 % la part des diplômés à bac +3 sont des objectifs incontournables. Le second degré qui a déjà montré ses capacités à élever le niveau de qualification du pays peut y contribuer de manière décisive. Encore faut-il qu’il en ait les moyens. L’investissement financier dans l’Ecole doit être porté à la hauteur de ces enjeux. Il faudra en même temps prendre appui sur des personnels recrutés en nombre, avec une conception exigeante de leurs métiers, qui doivent être rendus plus attractifs, par des conditions de travail améliorées et des salaires revalorisés, leur garantir une formation initiale et continue solide parce que leurs métiers se sont complexifiés et nécessitent un haut niveau de qualification et d’expertise. Les améliorations que nous revendiquons pour nos métiers supposent l’arrêt du recrutement de nouveaux précaires. Les problématiques de la politique scolaire doivent être également pensées dans notre académie dans le cadre d’une véritable politique d’aménagement des territoires que nous souhaitons harmonieuse et de nature à gommer les inégalités tant sociales qu’économiques ou culturelles. Zones rurales : elles ont subi de plein fouet les effets des transformations de l’économie et leurs habitants cumulent isolement géographique, isolement social et vieillissement de la population. L’apparition régulière, sur le devant de la scène, des difficultés urbaines ne doit pas cacher des difficultés tout aussi lourdes et importantes dans les zones rurales, dans lesquelles l’accès aux services publics, aux loisirs, à la culture, sont souvent plus difficile qu’en ville. Dans ces « zones rurales isolées », le maintien des services publics est indispensable même si le coût en est relativement élevé (pour le second degré, maintenir dans chaque établissement une réelle diversité de l’offre de formation). Seul cet effort permettra de préserver l’avenir. Zones urbaines : Toutes les politiques mises en œuvre depuis 20 ans, concernant les quartiers « sensibles », ont prétendu chercher à développer la mixité sociale. Mais elles n’ont pas amélioré la situation ni l’image des quartiers de relégation. Sous l’effet de la spéculation immobilière, l’homogénéité sociale des quartiers se renforce, les classes moyennes se retrouvent dans une périphérie de plus en plus éloignée, les couches populaires sont, elles, reléguées dans des quartiers, voire des villes entières de plus en plus déshérités, vécus comme de véritables ghettos. Le contournement de la carte scolaire, et notamment l’évitement de certains établissements scolaires que renforce le dualisme scolaire, illustrent bien l’échec de cette politique de la ville. Le lieu de résidence n’est pas le seul lieu du mélange social. Ainsi nous proposerons de développer et de promouvoir à nouveau les internats. L’école peut faire réussir tous les élèves. Il ne s’agit pas de s’en tenir à préparer « l’employabilité » de l’individu, mais bien de lui donner tous les moyens de son plein épanouissement professionnel, personnel, social et de citoyen, de le rendre acteur de son propre devenir et de celui de la société.
En effet n’oublions pas que la politique de décentralisation permet à la CTC de jouer un rôle important en matière de politique éducative. Nous exigerons dans ce cadre que l’Etat donne les moyens nécessaires pour exercer ces nouvelles compétences d’autant que nous jouons aujourd’hui un rôle majeur dans la formation. Ensemble nous changerons la donne en : - Demandant l’arrêt des suppressions de postes. - Demandant des dotations horaires globales (DHG) correspondant à des effectifs inférieurs à 24 élèves dans les collèges et 30 dans les lycées et permettant des dédoublements effectifs inscrits dans les circulaires nationales. - Tendant à une offre de formation identique dans tous les établissements de Corse - Pensant une formation initiale à moyen et à long terme favorisant un développement économique harmonieux de l’île et offrant des débouchés professionnels attractifs aux jeunes. - Abandonnant des projets de fusion des établissements guidés par la logique d’économie de moyens au détriment des personnels et des étudiants
La formation initiale et continue aussi bien dans le supérieur que dans le secondaire doit être un défi majeur pour la prochaine mandature. « Les décisions qui tombent d’en haut ça ne marche plus » Si nous partons du principe, que chacun d’entre nous détient une part de compétence, alors, les actions des élus et de la communauté éducative doivent être complémentaires et concertées, en s’appuyant sur les différentes capacités d’expertise et l’intelligence collective.
1. Constat et analyse :
1.1. Offre de formation dans le supérieur :
Dans l’enseignement supérieur (DUT, BTS, facultés, CPGE), l’offre de formation est surdimensionnée vis-à-vis de la demande. A titre d’exemple, chaque année, sur environ 600 bacheliers des filières scientifiques et technologiques (S et STI), 400 poursuivent leurs études en Corse pour 800 places offertes (soit 2 places pour 1 candidat), réparties essentiellement entre l’université de Corse (FST et IUT) et les lycées de Bastia et d’Ajaccio. Cette différence entre offre et demande entraîne des effets pervers qui consistent à mettre en œuvre dans chaque entité une politique de remplissage à tout prix, et donc à intégrer dans les filières des étudiants aux profils inadaptés, sans moyens spécifiques de mise à niveau, conduisant à un taux d’échec élevé. Par exemple, l’admission des bacs professionnels en BTS ou à l’IUT, ou des bacs STI à l’IUT ou en licence. Malgré tout, les taux de remplissage restent globalement faibles proche de 50% des capacités voire moins.
1.2. Orientation et passerelles
Un autre constat provient des problèmes liés aux choix des filières. L’orientation est malheureusement souvent faite par défaut au détriment notamment des voies technologiques, pourtant demandées sur le marché de l’emploi. Ce phénomène n’est pas spécifique à notre région mais y est amplifié du fait de la faiblesse du tissu économique industriel et technique ainsi que des mentalités propre à notre histoire. Ainsi, par exemple, il est très difficile actuellement de trouver en Corse des développeurs informatiques de bon niveau dans les activités liées au numérique. D’autre part il n’y a quasiment pas de passerelles organisées et efficaces entre l’enseignement professionnel et l’enseignement général et technologique au sein des EPLE d’une part, ainsi qu’entre l’Université et les EPLE d’autre part. De sorte que les choix d’orientations sont souvent sans retour possibles.
1.3. Infrastructures :
On notera également une très faible mobilité des étudiants entre les principaux pôles de formation probablement liée à des transports inadaptés et un manque flagrant de logement étudiant (Très peu d’étudiants Bastiais à Ajaccio, très peu d’étudiants Ajacciens à Bastia, les deux villes proposant des formations spécifiques et différentes). On constate également une mauvaise performance énergétique de nombreux établissements (isolation therm. Et phon ; systèmes de chauffage, etc….) Les réseaux informatiques souvent bricolés et sans personnels de maintenance. Il n’y a pas d’accès véritable au haut débit……..
1.4. insertion professionnelle
Un autre problème provient de la difficulté des entreprises locales à intégrer les jeunes diplômés (BAC+2 et au-delà), difficulté d’autant plus grande que le niveau de diplôme est élevé. Ce problème est du en partie à la petite taille des entreprises locales qui ne disposent pas d’un encadrement suffisant pour absorber les jeunes diplômés.
2. Propositions :
2.1. formation et orientation :
Si l’offre de formation doit s’adapter aux évolutions technologiques et économiques, et être en adéquation avec la politique régionale de développement, il ne faut pas en diminuer la quantité et la qualité sous peine de pénaliser les jeunes Corses et leurs familles (tant sur le plan de leur projet professionnel que sur le plan financier) et à terme appauvrir un peu plus notre territoire. Dès lors il ne faut pas espérer, au moins à court terme, des taux de remplissage élevé. En revanche il convient d’optimiser les ressources par des actions visant à : définir et coordonner des filières (éviter les doublons, et l’empilement des formations)
- Harmoniser les parcours (par exemple poursuite d’études post BTS ou post IUT)
- Développer les passerelles entre EPLE et Université
- Favoriser les voyages d’études (aller voir ce qui se fait ailleurs)
- Rendre plus lisible le paysage de la formation pour chacun et faire connaître nos structures de formation dans le but de favoriser l’accueil d’étudiants du pourtour méditerranéen. (optimaliser les investissements et favoriser les échanges)
- Mettre en œuvre une véritable politique d’orientation et de soutien pour l’ensemble des étudiants en fonction de leur origine scolaire (insertion dans le supérieur des élèves des bacs professionnels par exemple)
Ces actions pourraient être menées dans une cellule permanente au sein de la collectivité territoriale intégrant les représentants des différentes filières de formation
2.2. Ouverture sur l’Europe.
- Donner une chance supplémentaire de réussite par une expérience internationale, sous forme de bourses régionales :
- Destiné aux jeunes en cours de formation.
- Stage professionnel.
- Séjour d’études. (programme ERASMUS)
- Stage professionnel pour les apprentis. (entreprises européennes)
- Destiné aux jeunes demandeurs d’emploi.
- Bourse pour demandeur d’emploi jeune diplômé.
- Destiné aux établissements : soutien aux établissements pour la prospection et le suivi des stages à l’étranger.
2.3. Infrastructures
- Favoriser la mobilité des étudiants sur le territoire Corse par l’adaptation des transports et le développement de logements étudiants notamment à Bastia et Ajaccio.
- Raccorder les EPLE aux réseaux informatiques haut débit dans des conditions économiques acceptables, et développer les réseaux locaux des établissements
- Améliorer la maintenance des équipements informatiques des établissements (équipes spécialisées intégrées aux gros EPLE)
- Aider les élèves à acquérir dès l’entrée en seconde des ordinateurs portables (modalité à définir)
- Développer l’espace numérique de travail. (accès aux ressources pédag. et admin. Sur l’internet)
- Promouvoir une démarche qualité environnementale dans les lycées et collèges.
- Consommations énergétiques progressivement maîtrisées. (bâtiments et systèmes de chauffage)
- Recours aux énergies renouvelables. (installation ou remplacement de matériels)
- Sensibilisation des acteurs. (centre éco-construction et énergie)
2.4. Sécuriser les parcours professionnels. (Insertion professionnelle)
Construire les conditions qui permettront de sécuriser le parcours professionnels et d’offrir à chacun les moyens d’accéder à un métier.
L’alternance : consolider le CFA académique par l’apport de ressources en personnel dont le rôle serait d’établir un lien étroit et suivi entre les organismes publics de formation et le tissus économique local, et faire émerger ainsi les besoins en qualification de haut niveau pour les personnels présents ou futurs des entreprises, puis intégrer ces personnes dans les formations plein temps existantes ou spécifiques.
l’aide à l’insertion des jeunes diplômés dans les entreprises :
à l’instar de l’ancienne section « PROTO » du CRITT, malheureusement disparue, ou d’actions de formation continue associées aux GR-ETA (telles que par exemple formater les jeunes diplômés aux profils des entreprises qui souhaitent les recruter, mais qui ne disposent pas de ressources suffisantes pour les encadrer)
soutenir des initiatives
telles que la mise en place de la plateforme technologique régionale regroupant les lycées VINCENSINI, LAETITIA et l’IUT.
Droit individuel à la formation tout au long de la vie.
Dans le cadre du schéma régional des formations, offrir à chacun et notamment les plus fragiles, les moins qualifiés, les plus éloignés de l’emploi, le chemin d’une insertion durable.
- Le droit à l’information, au conseil et à l’accompagnement.
- Le droit « aux clés du savoir » (maitrise des TIC ; connaissance de l’entreprise)
- Le droit à l’expérience. (Se confronter au réel)
- Le droit à la qualification et à l’accès aux métiers.
