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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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3 octobre 2008 5 03 /10 /octobre /2008 14:51


                                                                      

Ils ont dit : il n'y a "pas de récession" en France…

Récession au second semestre réduisant la croissance à seulement 0,9% en 2008, pouvoir d’achat rongé par l’inflation et la faiblesse du marché du travail, crise immobilière : l’Insee vient de rendre des résultats qui confirment le net recul. L’Etat a pris des mesures pour soutenir la finance et les banques, mais toujours rien pour la croissance, les salaires et l’emploi !

Dans la foulée du gouvernement, qui a revu en nette baisse ses prévisions pour 2008, l’Institut national de la statistique (INSEE) prend acte dans son dernier point de conjoncture du fait que "la croissance cale en zone euro" et que la France n’est pas épargnée par la crise.

Croissance de 0,9% en 2008 contre 2,1% en 2007

Même si l’Insee juge pour l’instant prématuré d’employer le terme de "récession", le PIB de la France devrait continuer à diminuer, perdant 0,1 point aux troisième et quatrième trimestres après une baisse de 0,3 point au deuxième trimestre. La récession est définie par au moins deux trimestres consécutifs de recul du PIB. Alors récession ou pas ?

La croissance ne parviendrait pas à atteindre un point avec 0,9% cette année, contre 2,4% en 2006 et 2,1% en 2007.

Une diminution du PIB pendant trois trimestres consécutifs serait du jamais vu en France depuis la récession de 1993.

Le principal responsable est le pouvoir d’achat des ménages, qui accuserait encore une baisse de 0,4% au deuxième semestre. Au total, il ne progresserait que de 0,7% cette année, contre 3,3% l’an dernier. Selon un autre mode de calcul, non plus par ménage mais par "unité de consommation", il diminuerait même de 0,2% en 2008.

Le pouvoir d’achat serait "notamment pénalisé par la faiblesse du marché du travail", avec 52.000 destructions d’emplois (tous secteurs confondus) au second semestre et un taux de chômage en hausse à 7,4% (France métropolitaine) à la fin de l’année.

"En outre, il serait moins soutenu en 2008 qu’en 2007 par les mesures fiscales nouvelles", estime l’Insee.

Le recul du pouvoir d’achat s’ajoutant au durcissement des conditions de crédit lié à la crise financière internationale et aux difficultés sur le marché immobilier, l’investissement des ménages en logements neufs accuserait aussi une nette baisse : -2,5% en 2008 après +3,0% en 2007 et +7,1% en 2006.

L’investissement des entreprises résisterait mieux, mais souffrirait tout de même de la baisse de la demande, tant française qu’étrangère. Sur l’année, il ne progresserait que de 2,4%, contre 7,3% en 2007.

Quant au commerce extérieur de la France, déjà moribond avec un déficit volant de record en record (près de 50 milliards d’euros attendus cette année), il devrait lui aussi pâtir du ralentissement de l’économie mondiale et de la demande étrangère.

Récession "technique", "croissance négative" pour le gouvernement

Après s’être refusé à parler de "récession", le gouvernement a finalement admis vendredi par la voix du ministre du Budget Eric Woerth, "une récession technique" après deux trimestres de "croissance négative", tout en soulignant que sur l’ensemble de l’année 2008, la croissance serait de 1%.

Auparavant, les membres du gouvernement présents aux journées parlementaires de l’UMP avaient minimisé les chiffres de l’Insee prévoyant un deuxième trimestre consécutif de croissance négative, synonyme de récession.

Refusant d’employer le mot "récession", Christine Lagarde, ministre de l’Economie, avait déclaré à la presse que "ce n’était pas cela le plus important".

"On est dans une situation économique difficile en raison des chocs qu’on a subis, de la crise financière qu’on traverse. Il faut mettre en place des mesures de soutien au développement de l’activité, c’est ça qu’on est en train de faire", avait-t-elle martelé.

Luc Chatel, porte-parole du gouvernement, avait lui aussi refusé de prononcer le mot "récession" et estimé qu’il fallait juger la croissance sur l’ensemble de l’année 2008.

"Sur l’année 2008, la France ne sera pas en récession puisque, globalement, nous devrons être aux alentours d’un pour cent de croissance", a-t-il dit.

Pour Xavier Bertrand, ministre du Travail, les Français ne s’intéressent pas aux mots. "Il faut tenir un discours de réalisme. Cette crise est grave, elle a des conséquences sur la croissance et sur le chômage. Mais un discours de réalisme, ce n’est pas un discours de catastrophisme." Jérôme Chartier, député UMP du Val d’Oise, résume la pensée commune des ministres et parlementaires UMP. "Je n’aime pas parler de récession, je préfère parler de croissance négative."

Un "plan Marshall" plutôt qu’un plan Paulson

Devant ces mauvais chiffres de la croissance, le gouvernement fait mine de ne pas mesurer ce que cela signifie pour des dizaines de millions de Français en terme de nouvelles difficultés pour vivre, se soigner, se loger et simplement se nourrir. Emploi, salaires : pas de récession mais une croissance ralentie, disent-ils…

En revanche, Nicolas Sarkozy, François Fillon et Christine Largarde évoquent les risques majeurs de la crise pour la finance. Ils semblent alors plus prompts à venir en aide aux banques et aux marchés financiers en débloquant des milliards d’euros. Ce discours visant à faire accroire que la finance est seule touchée par la crise capitaliste va-t-il tenir longtemps devant les réalités sociales et économiques ? L’exigence de relancer l’emploi et les salaires par un véritable "plan Marshall" de soutien à l’économie réelle voire un nouveau "New-Deal" - et non un plan Paulson pour recapitaliser les banques et la finance - est aujourd’hui à l’ordre du jour.

Pierre Chaillan pour humanite.fr

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