Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CHANTS REVOLUTIONNAIRES

Archives

11 novembre 2008 2 11 /11 /novembre /2008 13:07


Pour que vive et se ragaillardisse le Parti communiste français. (deuxième partie)



C’est d’ailleurs bien ce que signifie le mot d’ordre de « démocratie participative ». « Participer » n’est pas « diriger ». La « démocratie participative » veut dire qu’on laisse une place à la base pour prendre une part, mais seulement une part.

Le fonctionnement interne lui-même en est marqué : le prétendu démocratisme qui consiste à inviter les communistes à donner leur avis par référendum interne, ou en répondant à des questionnaires est une officialisation de la délégation de pouvoir puisqu’elle réduit le militant à répondre aux questions que la direction décide de lui poser pour ensuite en tenir compte ou non dans son action.

Les masses populaires sont « mutées » en clientèle potentielle et les militants comme des instruments de ce clientélisme. Il est normal que dans ces conditions le corps dépérisse et que peu à peu ne reste que la tête, pour qui l’étiquette n’est plus que la marque de référence dans les compétitions politiciennes de sommet.

Il est également normal que puisse se poser alors la question de la raison de maintenir l’existence d’un Parti dépouillé de toutes ses justifications spécifiques

La logique de la dynamique liquidatrice

Cette analyse n’implique pas nécessairement une perversion des acteurs de cette dérive. Sans aucun doute, il y a des cas individuels pour lesquels elle a favorisé tous les carriérismes propres aux partis bourgeois, mais jusque là étrangers au Parti. Mais de façon générale, il faut faire à ces acteurs le crédit de la bonne foi et de la bonne volonté.

Sans aucun doute veulent-ils et croient-ils être utiles. C’est là encore une des caractéristiques de l’opportunisme.

Il est vrai que l’autre caractéristique est que, depuis près de 20 ans que la dérive a fait ses ravages, bon nombre de ceux-là n’ont rien connu de ce passé qu’ils vilipendent à l’aulne de ce qui leur en est raconté par ceux qu’il leur est plus commode d’écouter.

Et aussi que depuis 20 ans, ils ont complètement oublié (quand jamais ils les ont connus) les repères fondamentaux de la culture politique que tout un héritage enrichi de 70 ans d’expérience avait valu au Parti, et qu’on s’est mis en devoir d’oublier au prétexte de faire peau neuve. Pourtant les résultats devraient les inciter à réfléchir, car, bonne foi ou non, bonne volonté ou non, il leur fait bien faire le constat que ce qu’ils croyaient être utile a été nuisible, que ce qui est en échec n’est pas le Parti mais ce qu’ils en ont fait.

Il est donc vrai que le moment est venu de tout remettre à plat pour faire le bilan et en tirer les conséquences.

Mais le choix n’est pas alors entre liquider le Parti ou le garder tel qu’il est, mais entre liquider le Parti, ce qui ne serait jamais que finaliser le processus engagé depuis 20 ans, ou en finir avec la dérive, et refaire du Parti ce qu’il doit être.

Pour le Peuple de France et ceux du monde, rendre vie et vigueur au Parti Communiste Français. Si le Parti n’existait pas il faudrait l’inventer.

Dire que la nécessité d’un Parti Communiste est dépassée, c’est dire que la Révolution est un objectif obsolète et que la société n’est plus obérée par la contradiction de classes.

L’argument des nécessaires rassemblements ne doit pas se fourvoyer dans de fausses alternatives : c’est aux heures de sa plus grande force et de sa plus grande vitalité de parti que le PCF a été l’artisan des plus grands rassemblements

Encore faut-il retrouver dans la culture jetée aux oripeaux quelle en était la philosophie, demeurée fondamentale : on rassemble d’autant plus large que l’on en réduit les objectifs à ce que le plus grand nombre a en commun. Cela peut même conduire à des rassemblements en cercles successifs : On peut rassembler à la fois 50 sur a + b, et 100 sur a seulement.et 100 autres sur b seulement. Et pendant ce temps, le Parti lui-même garde sa liberté d’agir sur a+b+c+d.

Donc, vouloir supprimer le parti pour y substituer un rassemblement, c’est seulement supprimer le parti, puisque sa suppression n’est pas une condition du rassemblement.

De plus, il est clair que si le Parti peut avoir la liberté d’agir sur a+b+c+d et qu’on y substitue un rassemblement celui-ci sera inévitablement limité à a ou b ou a+ b ou a+b+c, car autrement si c’était pour assurer tous les objectifs du Parti,, il n’y aurait pas besoin d’une autre base de rassemblement, cela signifie qu’on abandonne ce qui du a, du b, du c, et du d n’est pas repris par le rassemblement.

Donc oui au rassemblement (et même aux rassemblements), mais certainement pas à la place du Parti, mais au contraire non seulement cela ne doit pas être exclusif du rôle propre du Parti mais en dépend nécessairement.

Ce que signifie revitaliser le Parti

1) Conjuguer au présent une dialectique du futur et du passé Au cours des années et des luttes, le Parti avait accumulé une expérience qui faisait qu’au lendemain de 1968, à la double épreuve de la lutte sur deux fronts en mai, et du coup de force soviétique à Prague, la maturité des militants avait atteint un niveau de qualité sans précédent. Cela permet de mesurer le gâchis ultérieur.

A la base, si les aspects effectivement positifs de l’expérience soviétique ont pu y avoir leur place, y voir la composante principale de cette culture des communistes participe de l’entreprise de l’adversaire de classe. Cette culture des communistes a principalement fleuri sur le terreau d’un double héritage, celui des philosophes des lumières et des combats du mouvement ouvrier français des origines communales à l’évènement communard, enrichi par un marxisme seulement parfois trop dogmatisé.

Il n’y a donc rien ni de « stalinien », ni de passéiste, d’archaïsme, de nostalgique, ou d’immobilisme à en redécouvrir les sources et les richesses. Elles sont un facteur indispensable de fertilisation de la projection dans l’avenir.

Elles le sont d’autant plus qu’elles-mêmes se sont constituées dans un constant mouvement de mise à jour, à l’épreuve des luttes, des échecs, des modifications du contexte et du comportement de l’adversaire. Ce sont des sources constamment ouvertes à la découverte et à l’enrichissement, les rejeter est se désertifier, avec la prétention puérile d’avoir à tout réinventer comme si rien n’avait jusqu’ici existé ou si a priori tout en était à rejeter parce qu’ayant dépassé la date de consommation !

Pour le vérifier, il suffit de faire un bref inventaire, évidemment non exhaustif, de ces repères :  1) Ce sont les peuples qui font l’Histoire.  2) Les peuples sont enseignés plus par l’expérience (leurs déboires, leurs luttes, leurs succès) que par les discours.  3) Définir le communisme autrement que par une sorte d’humanisme vague dont tous les autres font à bon compte leur panneau publicitaire. Revenir aux fondamentaux, mettre au centre la dénonciation de l’exploitation de l’Homme par l’Homme, et donc la lutte de classes.

Remettre en honneur des formules ambitieuses comme : le communisme est la substitution de l’administration des choses au gouvernement des hommes, ou encore, c’est la maîtrise des êtres humains sur leurs rapports sociaux et sur la nature. Reprendre avec vigueur les drapeaux du matérialisme historique, et les donner non pas seulement à voir mais à partager.

2) Simplement mettre à jour l’application de cette boussole au moment de l’Histoire où nous sommes

Le stade du capitalisme mondialisé est en proie avec la crise tenant à la contradiction fondamentale qui peut, dans la course aux marchés, conduire aux pires catastrophes pour l’Humanité.

Cela rend plus actuelle que jamais la nécessité d’une conscience de classe, mais en déplace le front, qui, avec toujours évidemment la classe ouvrière comme moteur, une opposition entre peuples et capital mondial. Nous sommes à une époque où dans tous les domaines l’alternative fondamentale est entre pouvoir sur les peuples et pouvoir des peuples.

Cela pose en termes nouveaux, enrichis, la notion d’internationalisme. Toute l’Histoire du Parti a été imprégnée de la solidarité entre classe et nation. Il serait coupable de penser que cela puisse être périmé, quand, en acquis des luttes passée, le Préambule de la Charte des Nations Unies, en proclamant « Nous Peuples des Nations Unies, avons décidé d’unir nos efforts » a donné à la notion de souveraineté populaire une dimension mondiale, consacrant que les Peuples étaient pluriels, et devaient être égaux, souverains, mutuellement respectueux et solidaires.

3) Ne pas hésiter à remettre au centre en la mettant à jour la question du pouvoir Cette question du pouvoir est centrale. Encore faut-il la poser de façon adéquate.

On a l’impression que cette question du pouvoir est taboue, qu’on tremble de paraître prôner la prise du pouvoir un jour J, comme si la notion de pouvoir était irrémédiablement compromise par le précédent soviétique de « Parti au pouvoir » et d’autoritarisme de parti.

C’est faire bon marché de ce que dans toute formation sociale, il faut que soient prises des décisions, et que la question de savoir qui les prend et comment, est incontournable. Et la question de savoir qui a le pouvoir sur quoi est un enjeu central.

Et qu’on le veuille ou non, la Révolution est une inversion de pouvoir ; on ne peut pas se dire révolutionnaire et en faire l’économie. C’est d’ailleurs la différence d’avec le réformisme qui ne brigue qu’à se différencier dans des choix purement gestionnaires sans inversion du pouvoir.

Et la démocratie n’est pas une inversion de pouvoir si elle se limite à garantir des libertés. Mais elle l’est si on lui restitue son origine étymologique de « pouvoir du peuple ». Marx ne disait-il pas que la liberté ne voudra plus rien dire quand il n’y aura plus d’oppression, et qu’elle aura fait place à la maîtrise ?

Alors les luttes sont mises en perspective : l’alternative étant pouvoir sur le peuple ou pouvoir du peuple, on renoue avec toutes les batailles de notre peuple pour la souveraineté populaire. On évite le piège libéral du "trop d’Etat" ou de "l’Etat-providence" pour viser à cette ambition que Krouchtchev avait proclamée pour l’URSS mais dont les conditions et l’héritage historiques n’ont pas permis de faire passer dans la vie : l’Etat du peuple entier dont la fonction répressive dans une société de classes fait place à un Etat de service public dans une société libérée de la domination de classe. Il ne s’agit plus alors d’un pouvoir de parti, mais d’un pouvoir du peuple.

Il est évident que, ainsi résumé, cela s’offre à tous les lazzis anti-populistes. Mais le populisme est l’utilisation par des oligarques d’un soutien populaire démagogiquement fourvoyé, alors que le pouvoir du peuple est simplement l’exercice d’une véritable souveraineté populaire.

Et dès lors que la question du pouvoir est posée en ces termes, elle se retrouve dans tous les combats, car c’est dans tous les domaines, et pied à pied, que à tout moment cette question du pouvoir est posée : elle l’est dans la bataille contre les privatisations, dans la défense du service public, s’agissant des attributions des comités d’entreprise, des prérogatives municipales, du mode d’élection, des pouvoirs des élus et de leur responsabilité devant leurs mandants, de la transparence de leurs délibérations, des possibilités d’intervention populaire, de la démocratisation des médias, etc…

A cet égard, la véritable mutation du PCF a été opérée dans les années 60, quand d’abord Maurice Thorez proclamait à la dernière conférence mondiale des Partis Communistes le droit à la différence, puis quand, préfaçant l’abandon de la dictature du prolétariat, était lancée en 1966 la stratégie de la démocratie avancée menant au socialisme, c’est-à-dire le combat pour la démocratie jusqu’au bout, à la condition qu’elle intègre à la fois le politique et l’économique, et ne soit pas cette caricature de démocratie réduite à l’élection et à la délégation de pouvoir.

D’abord et d’urgence rendre à notre peuple colère, ambition et confiance en lui

Dans sa pièce Nekrassov, Sartre fait dire par un de ses héros « ils veulent désespérer Billancourt ». Le drame est qu’ils y ont réussi, et que, l’effondrement de l’URSS y ayant aidé, le parti lui-même y a contribué, en acceptant de se culpabiliser comme si c’était le moyen de faire peau neuve, et en ne sachant plus ou n’osant plus, une fois privé de la référence à l’exemple soviétique, offrir de perspectives alternatives (alors que les révolutionnaires du 19è siècle n’en étaient pas incapables ni avares, en un temps où il n’était pas question de modèle soviétique).

Il ne s’agit pas, comme c’est un peu partout la mode, de présenter un projet de prêt-à-porter, mais de montrer à notre peuple, à la fois par le discours, par l’exemple, et par l’entraînement, qu’une véritable alternative est nécessaire et possible, et de lui rendre la chaleur et l’enthousiasme d’une véritable perspective de libération humaine.

Sans doute un tel combat doit compter aujourd’hui avec les nouvelles formes de la domination de classe, que ce soit le nouvel opium du peuple que représentent les dévoiements et les diversions de la société de consommation, ou les moyens médiatiques.

Mais cela ne fait qu’exiger le passage à un niveau supérieur de qualité et de vigueur dans le combat de classe et non à le réviser à la baisse et au compromis.

Plus que jamais précisément, cette situation rend nécessaire un parti de classe, ayant une boussole, la donnant à voir et à partager, et qu’il n’ait pas pour souci dominant de rassurer mais de motiver et d’impulser.

Il ne faut pas être grand clerc pour penser qu’en se revendiquant avec fierté de son passé, de son héritage, de son identité, de sa boussole, de son internationalisme, le parti redeviendrait ce phare qui aujourd’hui fait si terriblement défaut à notre peuple.

Un manque et un gâchis

Il est clair en effet que l’un des traits les plus dramatiques de la situation actuelle est que l’adversaire n’a rien de vraiment opposé en face de lui. Les différences et oppositions nourries ou non de phrase anti-libérale, ne disputent que la manière de gérer le capital en plus ou moins social. Il y a certes aussi des discours révolutionnaires, mais ils n’ouvrent pas cette ambition communiste d’une complète libération humaine.

La question de l’Europe en est exemplaire : la seule alternative offerte a été celle d’un « non de gauche », strictement focalisé sur les orientations sociales de l’Europe, alors qu’un non communiste devait, comme en 1954 contre la CED être fondé sur la revendication de ne pas toucher au pouvoir de chaque peuple sur ses affaires et sur le choix entre une Europe de concertation entre des Peuples libres et une Europe d’asservissement supranational. Il n’est pas excessif de constater qu’en cette circonstance le Parti a déserté son combat.

Plus généralement, la caractéristique actuelle est que la politique du pouvoir nourrit les mécontentements, mais qu’aucune force politique ne s’offre, comme le ferait un Parti Communiste digne de ce nom, à les faire passer ensemble des protestations catégorielles à un combat commun pour un changement de logique.

Et le gâchis est considérable, car il est évident 1) qu’il y a, notamment dans la jeunesse, une demande considérable,

et 2) que seraient comblés ceux qui retrouveraient des repérages pleurés ou découvriraient alors des horizons insoupçonnés.

Tous sont orphelins de ces enthousiasmes et de ces perspectives qu’on leur a déniés et demandeurs de pugnacité.

Il n’y a rien de passéiste ou de nostalgique à en retrouver la dynamique dans les conditions nouvelles, plus difficiles sous certains aspects, mais plus faciles sous d’autres, de la société d’aujourd’hui.

A l’approche d’un congrès où son existence est posée, les communistes ne doivent pas oublier que leur Parti n’est pas leur propriété mais celle de leur peuple, et par son internationalisme celui de tous les autres peuples, qu’il n’est pas un but en soi mais un moyen historiquement indispensable, et qu’ils n’ont pas le droit d’en disposer à leur guise, que sa vitalisation n’est pas un droit mais un devoir. Le Parti Communiste Français peut de nouveau constituer une force en procédant a la correction de ses fautes et en retrouvant dans son passé, sa culture et sa forme, sa pugnacité, ses couleurs et sa fierté, sans préjudice d’une créativité féconde pour construire le futur.

 

Partager cet article
Repost0

commentaires