Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CHANTS REVOLUTIONNAIRES

Archives

5 juillet 2009 7 05 /07 /juillet /2009 12:13

                                                              

Communistes: Que faire?

de Fosco Giannini, de la direction de Rifondazione Comunista, directeur de la revue et du courant L'Ernesto    sur le numéro de Rinascita della Sinistra du 18 juin 2009

  Fosco Giannini, dirigeant du courant marxiste de l'Ernesto au sein de Rifondazione Comunista, réaffirme ici son analyse du vote du 7 juin (cf en détail son interview: ). Les 3,4% obtenus par la liste communiste unitaire PdCI-PRC sont bien sûr un échec car ils ne permettent pas d'atteindre le seuil des 4% nécessaires pour gagner des élus. Echec imputable pour Giannini à une alliance objective entre grands médias, Parti Démocrate, liquidateurs et même une partie de l'appareil du PRC visant à tuer dans l'oeuf toute reconstruction d'un véritable Parti Communiste Italien. Toutefois, Giannini n'élude pas les raisons plus structurelles de cet échec, une faiblesse organisationnelle et un vide idéologique, conséquence désastreuse de la stratégie euro-communiste et de 20 ans d'un mouvement perpétuel de mutation-liquidation, de Occhetto à Bertinotti.

Dans cet article, il s'attache à la question « Que faire? », soit les lignes d'action, après les élections européennes, pour permettre la reconstruction d'un Parti Communiste en Italie. Partant du principe qu'il y a la place en Italie – sachant que la liste communiste a fait mieux seule que toute la Gauche Arc-en-ciel (Verts et Socialistes inclus) réunie – et en Europe – avec la crise de la social-démocratie, modèles de type Izquierda Unida y compris – pour un Parti Communiste renouant avec ses fondamentaux, Giannini donne deux pistes pour une action immédiate vers cet objectif. Premièrement, construire l'unité communiste dans les luttes. Deuxièmement, ouvrir un espace de réflexion théorique permettant une reconstruction ultérieure d'un PCI sur des bases idéologiques saines.    AC

  Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

  Gardez la tête haute! Ne vous découragez pas camarades! Le projet de construction d'un parti communiste en Italie, fruit d'un processus d'unité des communistes, ne peut pas être remis en cause pour 0,6% aux élections européennes. Si nous disons cela, ce n'est pas par idéalisme mais sur la base d'une analyse concrète de la situation concrète. Premièrement: certes, le résultat des élections n'est pas positif puisqu'il ne nous permet pas d'obtenir des parlementaires européens et nous enlève donc aussi d'importantes ressources matérielles, décisives, aujourd'hui plus que jamais, pour que les communistes puissent suivre leur propre voie. Toutefois, c'est la réalité des faits qui nous enseigne que le résultat n'est pas dramatique et qui nous permet d'avancer: nous sommes allés aux élections avec encore tout le poids de la défaite historique de l'Arcobaleno sur nos épaules, qui a eu des effets dévastateurs sur l'état d'esprit de notre peuple, le poussant vers l'absention ou vers un autre vote; nous sommes allés aux élections à la suite de la scission pro-Parti Démocrate, lourde de conséquence, de Vendola qui, aidé par d'Alema et par les médias bourgeois, nous a enlevé 3% des voix; nous y sommes allés malgré le silence total des médias sur la Liste communiste, signe de plus montrant à quel point le système dans son ensemble est contre la reconstruction d'un Parti communiste en Italie; nous y sommes allés malgré toutes les hésitations d'un partie importante du PRC, qui a retardé de beaucoup le lancement de la Liste communiste et n'a certainement pas contribué à mobiliser autour d'elle la ferveur populaire nécessaire; nous y sommes allés malgré la combine Chiesa-Ferrando et malgré « les dirigeants communistes » qui ont travaillé contre la Liste en orientant des voix vers Di Pietro.

Malgré tout cela, les deux partis communistes réunis dans la Liste ont obtenu seuls plus de voix (en termes absolus et en pourcentage) que les nombreuses forces réunies dans l'Arcobaleno.Et il faut apporter une réflexion, décisive: si les deux partis communistes n'avaient pas fait le choix de la Liste unique, ce butin de 3,4% aurait été divisé en deux, portant tant le PRC que le PdCI près du seuil d'extinction. Et cela doit être pris comme une métaphore: divisés, désormais, on meurt.

Deuxième question: les élections européennes nous disent justement que la recomposition d'un parti communiste en Italie n'est ni une idée fixe d'anciens combattants ni une contrainte de répétition. Les forces communistes en question et les forces de la gauche anti-capitaliste au sein de l'Union Européenne, en effet, ne font pas que se maintenir, mais elles progressent et se renforcent, tout en s'insérant dans un contexte mondial qui voit, contairement à la situation de l'UE, le développement impérieux des forces révolutionnaires, de la transformation sociale et de l'anti-impérialisme (Amérique Latine, une grande partie de l'Afrique et l'Asie de la gigantesque triade Russie-Chine-Inde).

C'est seulement en Italie (et dans l'Espagne d'une Izquierda Unida en déroute et désormais mourante) que les communistes sont en peine et cela nous ensegine que la crise n'est pas – donc – celle du mouvement communiste et anticapitaliste européen, mais est toute italienne, celle des héritiers malheureux de l'eurocommunisme et de la triade désastreuse Occhetto-D'Alema-Bertinotti.

D'autre part, c'est la même crise profonde de la social-démocratie européenne qui indique que la seule voie, contre la toute-puissance sociale et culturelle du capital, est celle du retour de la lutte et de la reproposition d'un horizon anti-capitaliste: c'est en fait le temps des communistes et des forces de la gauche d'alternative.

Toutefois, une fois dressé le tableau dans lequel nous agissons, nous devons être clairs sur la question « Que faire »? Nous devons immédialement, en partant de ce point de vue, détourner les yeux du débat entre les différents groupes dirigeants et retrouver le principe de réalité en les tournant plutôt vers l'état d'esprit des militants communistes, du PRC et du PdCI. Ils ne sont évidemment pas dans des conditions psychologiques excellentes et nous devons savoir aussi que toute la diaspora communiste (des centaines de milliers de militants et électeurs potentiels) tient, avec ses certitudes et ses idéaux, sur une corde suspendue dans le vide et peut encore avancer et réinvestir le terrain des luttes ou se précipter dans le vide de la passivité. Ce que je veux dire – et cela est clair pour les communistes qui en vivent l'expérience au sein de leur parti (que ce soit au PRC ou au PdCI) – c'est qu'aucune idée « molle » ne pourra plus permettre de réorganiser et de remotiver ce qui reste du mouvement communiste italien. Il faut, tout de suite, une idée-force. Et une telle idée n'est certainement pas celle d'une Fédération des communistes et de la gauche (ou une de ses variantes organisationnelles), c'est-à-dire une sorte d'Izquierda Unida italienne.Une proposition de ce type serait vécue par les militants communistes comme une énième idée sans envergure, un nouveau cheval de Troie de type Bertinottien destiné à éluder et à effacer la question communiste en Italie (qui a besoin, pour être résolue, d'une pleine autonomie: théorique, de projet, organisationnelle, politique et économique). La seule idée qui puisse aspirer à devenir cette idée-force est celle de la réorganisation des communistes et d'un nouveau parti unifié plus fort (un parti qui devra être ensuite le point de repère pour l'unité d'action de la gauche anticapitaliste dans son ensemble). Seule cette idée – dans l'état actuel des choses, face à la frustration, la confusion, également idéologique, et à la lassitude des militants communistes de ce pays – pourra avoir l'effet mobilisateur d'une idée-force.

Que faire pour mettre sur pied ce projet? Il faut, par exemple, que la Coordination nationale de la Liste communiste qui s'est constituée donne dans l'immédiat des indications de travail destinées à faire en sorte que dans les prochains jours, dans toutes les villes d'Italie, les communistes du PRC et du PdCI – aux côtés des communistes faisant partie d'autres organisations et ceux sans carte et affiliés à aucune organisation – se réunissent pour décider d'initiatives unitaires de lutte (appelant à la mobilisation les autres éléments de la gauche d'alternative) contre le gouvernement Berlusconi. Et que sur le terrain des luttes se construisent tant l'unité des communistes et de la gauche anti-capitaliste que les bases matérielles pour le processus de construction (pas dans des temps éloignés, car le temps joue en faveur d'un affaiblissement et d'une dispersion des communistes divisés) du Parti Communiste. Et puisque nous sommes proches de l'été, proposer que dans chaque ville et village où c'est possible les communistes unis organisent les Fêtes communistes, ouvertes à la gauche. Voilà quel est le niveau de mobilisation sociale nécessaire au projet d'unité. Il y a toutefois un autre niveau d'engagement et qui nécessite, au vu de ce qui est en jeu, la pleine mobilisation des forces: celui de de la rercherche et du débat politique et théorique sur la question de la construction d'un nouveau Parti communiste à la hauteur de notre temps et de la lutte de classes, et qui tire des leçons des erreurs commises tant par le PRC que par le PdCI. Par rapport à cela, j'avance une proposition d'action: que la Coordination nationale de la Liste travaille à mettre sur pied un groupe de travail formé d'intellectuels et de cadres ouvriers (du PRC, du PdCI, de l'extérieur) avec comme tâche d'élaborer en profondeur des plates-formes sur des questions centrales du projet communiste: la crise du capital et le rôle des communistes; la forme-parti; le rapport avec la social-démocratie (traité aussi en termes théoriques et d'après une analyse précise et non d'après des mots d'ordre opposés du type: « jamais avec le PD » ou « toujours avec le PD »); la question – centrale – du syndicat de classe etc. De telles plates-formes devraient ensuite être discutées localement (sans l'angoisse du vote lors des Congrés, mais de manière franche, libérée et ensuite passionnée) par les assemblées de communistes unis, afin d'impliquer les camarades dans une recherche commune et vaste ayant le double objectif d'enclencher un processus pédagogique et unitaire à travers le débat et la recherche ouverte et celui d'unir les personnes en chair et en os au sein d'un procesus unitaire aussi sur le plan de la construction de relations entre les camarades: vers le Parti.

 Site de Rinascita della Sinistra (journal du PdCI): http://www.larinascita.org/

Traduit depuis l'italien d'après le site de l'Ernesto: http://www.lernesto.it

                                                          
Partager cet article
Repost0

commentaires