Mare Nostrum: Souha Bechara, une combattante communiste

                                                                                           

  Le sourire de Souha Bechara, reflet d'un Liban combattant

 Journal "LE MONDE" | 23.07.09 |

 Wajdi Mouawad en a fait un mythe : la "femme qui chante" de sa pièce Incendies. Belle et rebelle. Dans la vraie vie, elle s'appelle Souha Bechara. Libanaise, belle et combattante, elle a été emprisonnée plusieurs années à Khiam, l'un des deux camps de détention ouverts par Israël et sa milice supplétive, l'Armée du Liban sud, dans la zone occupée du pays.[Souha Bechara, l’article ne le précise pas-mais pourquoi ?- est membre du Parti Communiste Libanais]Avec cinq autres anciens détenus, Souha Bechara et son sourire fracassant apparaissent dans Khiam 2000-2007, deux films au cordeau réalisés par Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, présentés dans l'exposition passionnante installée dans l'église des Célestins par le Festival d'Avignon : "Tels des oasis dans le désert". Le couple de cinéastes et de plasticiens libanais - ce sont eux qui ont emmené Catherine Deneuve au Liban sud, avec leur film Je veux voir - a filmé les anciens détenus à sept ans de distance. Loin du mythe, de tout pathos, de toute héroïsation, leur travail à la fois simple, remarquablement sensible et rigoureux extrait des morceaux de cette histoire occultée : les sévices subis, mais aussi l'étonnante résistance de ces combattants, qui ont survécu en créant de petits objets - colliers ou chapelets en noyaux d'olive, fleurs en tricot... - dans un système de débrouille à peine imaginable. Ce n'est pas la seule pépite de l'exposition de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, qui donne à penser et à méditer, notamment dans le dialogue qu'elle tisse entre cette ruine sublime, l'église des Célestins, et les ruines d'un Liban, pays-métaphore où le réel semble se perdre dans les sables des constructions imaginaires. ________________________________________

 "Tels des oasis dans le désert", installation de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige. Eglise des Célestins, Avignon. De 12 heures à 19 heures, jusqu'au 29 juillet. Prix : 3 €.