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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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4 juillet 2014 5 04 /07 /juillet /2014 09:48

 

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Il y a trois semaines je suis allé en Israël, en Palestine et… dans le Golan. Voici un article sur ma rencontre avec Salman à Majda Shams publié dans « l’Humanité Dimanche ».

« Dépêchons-nous, ils vont fermer la route à 16 H.» Salman, bonnet sur la tête, solide gaillard, l’oeil pétillant, Druze et Syrien d’origine est connu de tous ou presque à Majda Shams, la dernière ville avant le mont Hermon sur le plateau du Golan. Ce territoire syrien annexé par Israël comptait 139 villages avant les guerres. Depuis, 130.000 arabes ont été expulsés. Il reste 5 villages dont Majda Shams. Salman a fait 5 ans de prison pour avoir contesté l’occupation. Il est un des « oubliés du Golan » dont on ne parle jamais ou presque.

En route pour le mont Hermon, avant la fermeture par l’armée israélienne. Dans la voiture, court rappel historique par notre guide. Le plateau du Golan est syrien. Il a été conquis par Israël en 1967 au cours de la guerre contre l'Egypte, la Jordanie et la Syrie, la guerre dite des « Six Jours ». Il a fait l’objet de violents combats six ans plus tard, en 1973. La zone occupée par Israël et la Syrie sont séparées par une zone démilitarisée surveillée par les Nations unies depuis 1974. Le Golan a été annexé par Israël en 1981, une annexion non reconnue au niveau international. « Les gouvernants israéliens répètent qu’ils sont ici chez eux. Peu leur importent les résolutions de l’ONU », soupire Salman. Avec plusieurs de ses amis, il a brûlé sur la place du village les papiers d’identité israéliens que la puissance coloniale voulait lui imposer. Il l’a payé cher.

Pourquoi l’occupation du Golan par Israël alors que cette région est dépourvue de toute signification particulière dans la religion juive contrairement à la Cisjordanie palestinienne ? Selon Salman, « le plateau qui surplombe le lac de Tibériade et l'est de la Galilée, a longtemps présenté un intérêt militaire. Cet argument a perdu de sa force avec le perfectionnement des moyens militaires israéliens. La véritable raison est ailleurs : le Golan est un château d'eau stratégique d'où proviennent une partie des affluents du Jourdain et de Tibériade. Il s’agit du principal réservoir d'eau douce israélien. Dans un monde civilisé nous aurions dû trouver des accords internationaux pour une juste répartition de l’eau. Les gouvernants israéliens ont choisi la force, l’égoïsme, la domination.»

Nous arrêtons la voiture et notre ami montre du doigt un point d’eau en contre bas de la route où s’abreuvent des animaux. « Le berger de ces chèvres est Libanais », indique-t-il. « Avant la guerre, les Syriens venaient ici avec leurs bêtes. Entre les bergers libanais et syriens, les accords étaient verbaux, marqués par la confiance et le respect. Désormais, les bergers syriens doivent rester de l’autre côté. Là bas, derrière le mirador. »

Retour à Majda Shams. 20 000 colons israéliens sont installés à proximité de la ville. 22.000 Syriens y vivent toujours. Dans les faubourgs de la cité, derrière le mur, on distingue une bourgade près d’un poste militaire syrien. Depuis des années, les familles se voient à la jumelle et communiquent par mégaphone. Sur la place centrale, un meeting de soutien à Bassar el Assad se prépare. « Si vous voulez y assister, allez-y, mais sans moi », lance Salman opposant à la colonisation israélienne, refusant de cautionner « le dictateur de Damas ».

La visite des vergers s’impose. Des cerises et des pommes à profusion d’une qualité à s’empiffrer sans retenue. La soirée s’annonce avec un barbecue préparé par Salman et ses amis druzes aux allures de rugbyman. En face, la nuit est tombée sur la Syrie chère à nos hôtes. On trinque à l’arac alors qu’une patrouille militaire israélienne passe à proximité. « Ici », dit Salman, « nous sommes entre nous, chez nous. En bas, dans le village c’est l’apartheid, le ghetto comme avant en Afrique du Sud. »

José Fort

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