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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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30 octobre 2007 2 30 /10 /octobre /2007 10:48



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Cette affaire de l’enlèvement d’enfants tchadiens nous est présentée comme le résultat de l’amateurisme d’un espèce d’exalté et de son ONG que le pouvoir au plus haut niveau, celui de Sarkozy condamne. Hollande lui proteste contre la complaisance de la France à l’égard du Tchad, on croit rêver… Bien extraordinaire cette affaire de “pieds-nickelés” qui provoque l’intervention du président de la République française et qui remet même en question l’unité des Européens derrière la France ? 

La plupart de ceux qui connaissent Eric Breteau, le responsable de l’ONG,  le décrivent comme un illuminé, à la limite inquiétant, et pensent qu’il n’était pas à la tête d’un réseau pédophile ou d’adoption lucrative d’enfants mais qu’il voulait lancer (avec ou sans le soutien de la France complètement impliquée dans le Darfour et tentant d’y entraîner les Européens avec l’assentiment enthousiaste des Etats-Unis) une opération publicitaire pour favoriser l’intervention militaire au Darfour . Mais regardons y de près avant de répéter hypocritement avec Rama Yade que l’humanitaire ça ne s’improvise pas !

 le résumé de l’affaire

Les autorités tchadiennes ont décidé d’inculper les neuf Français de l’ONG l’Arche de Zoé pour enlèvement et escroquerie. Les sept Espagnols de l’équipage de l’avion qui devait transporter les enfants du Tchad vers la France, ainsi que deux Tchadiens, sont soupçonnés de complicité. Aucune charge n’a encore été retenue contre le 17è Européen, un pilote belge. “On nous a dit que nous devrions faire confiance au gouvernement tchadien. Petit à petit la situation va s’éclaircir, et nous espérons que très bientôt nos collègues seront chez eux avec leur familles en Espagne” explique Antonio Cajal de la compagnie aérienne.

Le père de l’un des copilotes n’est en revanche pas aussi optimiste : “On ne comprend pas vraiment ce qui se passe. On essaye, mais quand on voit notre fils à la télé dans ces conditions… c’est horrible”.

Tous les inculpés vont être transférés d’Abeché vers la capitale N’Djamena, une décision prise pour des raisons de sécurité.
Ils ont été arrêtés alors qu’ils s’apprêtaient à évacuer par avion 103 enfants présentés comme des “orphelins du Darfour”. Les autorités tchadiennes les accusent de “trafic d’enfants” et les menacent de “sanctions sévères”.

Barbouzes ou illuminés ?

Parce que posons nous la question est-il plus innocent d’aller voler des 10.000 enfants, 1000 pour la France, le reste pour les Etats-Unis, et de les transformer en blessés affamés, d’en appeler à l’émotion pour favoriser une intervention militaire que personne dans la région ne sollicite que de trafiquer des enfants pour des réseaux pédophiles ou pour des adoptions lucratives ? On songe irresistiblement à l’opération des bébés arrachés à  la couveuse au Koweit, cette histoire parfaitement inventée mais qui avait retourné l’opinion publique  lors de la première guerre du Golfe. Parce que la grande différence entre l’ONG qui trafique pour l’argent et celle qui cherche à provoquer et à légitimer la guerre c’est d’abord l’ampleur des dégâts, ensuite les soutiens officiels qu’elle obtient en sous main.

Il faudrait bien à cette occasion procéder à une analyse des ONG, ces organisations “non gouvernementales” qui ont fleuri dans le sillage des plans d’ajustement structurels. tandis que le FMI , la Banque Mondiale obligeaient les Etats à privatiser à tour de bras, à détruire leur système de santé, leur éducation, le système financiers qui réduisait a quia les peuples, les privait de leurs ressources, était accompagné de “dames patronesses” qui souvent retiraient beaucoup d’argent, beaucoup de subventions de leurs actions de “charité” sur un tiers-monde de plus en plus exsangue… Ces ONG sont de véritables machines à ponctionner le fric et elles prolifèrent sur le malheur médiatiquement exhibé, sur la photogénie du drame… Les enfants de Zoe sont né du Tsunami et de la vague de charité.

Oui mais voilà cette ONG là ne se contentait pas  de charité, elle est passé un cran au-dessus : provoquer l’émotion publique autour du Darfour… Ses dirigeants français loin d’être la bande d’illuminés que décrit Rama Yade, sont-ils des barbouzes qui ont entraîné dans leur expédition quelques complice ou innocentes victimes espagnoles ?…  L’objectif était-il de populariser la guerre au Darfour grâce à quelques bambins pleurant…Quitte à voler des enfants figurants, seule l’image compte, du style celle de Bernard Kouchner avec son sac de riz… Il faut sauver les enfants affamés du Darfour…

Quelle est la part réelle des responsabilités d’un gouvernement français qui, derrière Kouchner et Sarkozy, cherche à provoquer l’intervention au Darfour ?

 «Il était plus motivé par le Darfour que par l’adoption», assure Mahor Chiche, de l’ONG Sauver le Darfour, qui avait cosigné le communiqué de l’Arche de Zoé du 28 avril dernier, annonçant son intention de transférer 10 000 enfants du Darfour vers l’Europe et les Etats-Unis, dont 1 000 en France. «Il voulait faire un coup sur le Darfour», assure un autre humanitaire, qui ajoute, perfide: «Il a pris au pied de la lettre les incantations de Bernard Kouchner sur le génocide en cours au Darfour et sur les nécessaires corridors humanitaires, à l’époque où il n’était pas encore ministre.» C’était le 20 mars dernier, lorsque Kouchner participait au meeting pour le Darfour à la Mutualité, dit Libération dans son article du mardi 30 octobre (question sur un fiasco).

C’est d’ailleurs cela et le fait que le ministre Bernard Kouchner et la secrétaire d’Etat Rama Yade  savaient tout, puisque les responsables de l’Arche de Zoé avaient exposé leur projet aux cabinets de Rama Yade et de Bernard Kouchner, à plusieurs reprises. Ce qui  jette quelques doutes sur le rôle de l’Etat qui aujourd’hui dénonce au plus haut niveau l’ONG pour mieux se dégager de l’imbroglio .

La responsabilité de l’Etat Français

Le gouvernement proteste, l’ONG a été mise en garde :  à trois reprises, le 25 mai, le 14 juin, et le 3 août, le Quai d’Orsay aurait  exprimé ses réserves sur l’opération, surtout concernant son volet adoption, mais sans la condamner explicitement. Me Gilbert Collard, avocat de l’ONG, en lequel ma confiance n’est pas sans faille, assure: «La position de l’Arche de Zoé est très claire: il n’y a eu aucune interdiction émanant du Quai d’Orsay.»  Mais il est peu probable qu’il mente sur ce point, il veut probablement obtenir du donnant donnant pour son client en n’éclairant qu’une partie du dossier. Il se contente d’affirmer que le quai d’orsay n’a mis en garde que contre l’adoption et que L’ONG  a obéi en  supprimant les références à l’adoption comme le lui demandait le Quai d’Orsay. Il a même conseillé aux familles qui pouvaient donner jusqu’à 8000 euros: parlez d’accueil temporaire!

Toujours au titre des interrogations, comment une ONG critiquée par le gouvernement a-t-elle pu bénéficier des transports de l’armée française y compris en avion? La réponse est que Breteau avait pris un autre nom de ONG Children Rescue.  Tardivement ou pas du tout mis au courant de l’opération par Paris, le gouvernement tchadien ne décolère pas et cherche à savoir si, malgré ses dénégations, l’État français n’y aurait pas glissé sa patte, avant de se dégager de toute responsabilité. Une suspicion étayée par la présence militaire du dispositif Épervier excluant qu’une opération, humanitaire ou autre, ait pu se monter sans que les Français soient au courant. Les renseignements militaires et la DGSE suivaient de toute évidence les préparatifs des membres de Children Rescue.  Comme le note toujours le journal Libération, un des rares qui hier rompait avec la thèse officielle : . « A deux reprises, les 21 août et 19 septembre, l’armée française a transporté par avion les membres de Children Rescue ainsi que 2 tonnes de matériel. Or la demande de transport doit obligatoirement être faite à l’ambassade, qui dispose des listings de passagers. Personne n’a tiqué sur le nom de Breteau. Plus grave encore, pendant la semaine précédant cette opération d’«évacuation sanitaire» d’une ampleur inédite, l’information circulait au grand jour parmi la communauté expatriée de N’Djamena et plusieurs employés de l’ambassade étaient au courant. Sans réaction. Les membres de l’association ne cachaient d’ailleurs pas leur anxiété: soit on se couvre de gloire, soit on se crame, expliquaient-ils en substance.
Quant aux Tchadiens, notamment le ministère de la Sécurité publique, chargé de délivrer les autorisations et les permis de circuler aux ONG, ils n’avaient jamais entendu parler de l’Arche de Zoé. Une note détaillée a-t-elle été transmise aux autorités tchadiennes ? Rama Yade promettait dimanche un listing détaillé des démarches entreprises. On l’attend toujours…
Côté tchadien aussi, il y a des zones d’ombres. Le préfet d’Adré, à la frontière du Soudan, ne pouvait pas ignorer les activités de l’ONG, notamment ses virées dans les villages alentours à la recherche d’orphelins (lire ci-contre). Adré, base avancée de l’ONG, ne dispose d’aucun camp de réfugiés: il n’y avait donc pas grand monde à traiter sur place. Des Tchadiens ont aidé à «recruter» les enfants et à rédiger les actes d’état civil, abusant peut-être de la bonne foi de l’ONG. Et puis, Children Rescue avait obtenu une autorisation d’atterrissage pour un avion gros porteur, en vue d’une «évacuation sanitaire». Il semble bien, en revanche que le pouvoir central tchadien n’était pas au courant. »

Notez qu’il y a un côté feu Bob Ménard assez consciemment assumé chez ces “humanitaires”, ils disent comme les Affreux qui agissaient en sous main pour la France:  soit on se couvre de gloire, soit on se crame… ^Si vous êtes pris la France ne vous connaît pas!!! L’ennui est que sont pris dans la tourmente quelques journalistes innocents et peut-être quelques espagnols et un pilote belge, ce qui donne une dimension internationale à l’affaire.

Le tchad joue sa partie

Ce qui est clair donc dans cette affaire est la manière caricaturale dont la France, son armée installée à demeure au Tchad ont, malgré les protestations d’innocence du Président de la République et du gouvernement français, cru pouvoir agir y compris derrière une “bande d’illuminés” qui semblent plutôt être des barbouzez amateurs. Car ce qui caractérise l’ONG l’arche de Zoé est le non respect du principe de précautions revendiqué par toutes les organisations humanitaires sérieuses ” ne jamais mêler l’humanitaire et le militaire”. j’ajouterai en suivant l’exemple des Cubains, orfèvre dans le secours aux populations frappées par des catastrophes, respecter le pays dans lequel on intervient, les autorités autant que les moeurs sans parler des populations.

C’est pourquoi on croit rêver quand la seule réaction de François Hollande est de dénoncer la complaisance de la France à l’égard du président tchadien.
Celui-ci Idriss Déby  utilise peut-être la situation mais il se sait en position de force, il est chez lui. Grâce à  cette affaire où le ridicule le dispute à l’odieux, il peut faire la démonstration que l’on viole son territoire, la souveraineté de son pays et en appeler à l’opinion internationale,  alors que d’habitude la France y poursuit de fait sa tutelle néo-coloniale dans l’indifférence générale.  Dans un mois doit commencer le déploiement de l’Eufor, une force européenne de 3 000 hommes (dont 1 500 Français) censée sécuriser l’Est du Tchad et le Nord-Est de la centrafrique, deux zones affectées par le conflit au Darfour, qui a chassé quelque 250000 Soudanais au Tchad. Idriss Déby, en guerre contre des rebelles tchadiens armés par le Soudan, a lui-même armé des rebelles soudanais et manipulé plusieurs groupes ethniques pour assurer sa sécurité.  Si l’on ajoute à cela que Idriss Deby a traditionnellement pour protecteur le libyen, Mouammar al-Kadhafi, qui ne veut pas d’armées occidentales campant dans ce qu’il considère comme son arrière-cour. Le fait que Khadafi est à peu près le seul chef d’Etat avec lequel Sarkozy ait réussi à nouer des relations positives, on comprend mieux la manière dont Sarkozy tente de se dépêtrer d’une situation dans laquelle son ministre des Affaires étrangères ne paraît pas tout à fait innocent. C’est une litote…

Il était entendu que la mise en place de l’Eufor devait être conditionnée par l’accueil des réfugiés et des déplacés qu’elle est censée protéger. Or la calamiteuse opération de L’Arche de Zoé a suscité une forte réprobation dans les camps et, plus généralement, dans la population. En soufflant sur les braises, le président tchadien contredit à dessein ses « assurances » quant au déploiement de l’Eufor. Les Européens sont plus que refroidis par les conditions de l’arrivée de l’Eufor.

Sarkozy a choisi sa tactique : taper à bras raccourci sur l’ONG et son inquiétant dirigeant… Quitte à négocier en sous main son silence, une transaction assez comparable avec celle qui se mène avec le Tchad.

La situation est compliquée  et on le voit il y a plus de question que de réponse dans cette expédition caractéristique de l’impérialisme humanitaire , mais si cette ridicule expédition pouvait empêcher que la France se retrouve impliqué dans un conflit inextricable et qui de surcroît risque de déboucher sur le massacre de populations entières et de vrais orphelins blessés, ce sera une bonne chose, parce que je suis convaincue et je l’ai dit à propos de la Birmanie, que la première chose dont il faut protéger les populations autochtones est ce terrible impérialisme humanitaire qui porte en fait la justification de tous les meurtres et du chaos.  Malheureusement la charité, le devoir d’ingérence ne sont le plus souvent que le masque de l’impérialisme le plus classique.

Danielle Bleitrach

 

 

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