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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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23 octobre 2012 2 23 /10 /octobre /2012 12:19
Dominique Bucchini: «On n'est pas un vrai Corse lorsqu'on porte un calibre»
   

Publié le lundi 22 octobre 2012 à 07h11  -  « On n'est pas un vrai Corse lorsqu'on porte - 18799676.jpg

Le président de l’assemblée de Corse et de la commission violence fait face à la terrible actualité locale. Dominique Bucchini souhaite que l’on s’attaque aux racines du mal pour lutter contre la criminalité
 

100 assassinats depuis 2006. La Corse est la zone la plus criminogène d'Europe. Que peut faire le président de l'assemblée de Corse pour éradiquer cette violence ?

C'est beaucoup trop. Le président de l'assemblée de Corse peut sensibiliser les pouvoirs publics et l'opinion pour trouver les voies et les moyens de sortir progressivement de cette spirale infernale. On ne peut pas développer la Corse de manière harmonieuse avec autant de crimes crapuleux, avec autant d'exactions, avec autant de malheurs.

Certains prétendent que la commission violence est un gadget. Que leur répondez-vous ?

Ils se trompent. Dans le statut particulier, il est écrit que l'assemblée de Corse s'occupe des affaires de la Corse. Est-ce que la violence est une affaire de la Corse ? Oui. Comme l'assemblée de Corse est le lieu de réceptacle de tout ce qui se passe ici, il est normal qu'elle s'empare de cette question. Que fait le président de la commission violence ? Il respecte ses engagements. Nous avons entendu un certain nombre de personnalités durant un an, nous avons retranscrit ces auditions en y ajoutant des préconisations. On ne règle pas le problème de la violence en un an. Nous avons obtenu un consensus sur une délibération qui dégage des idées fortes : contre la spéculation immobilière, contre l'argent sale dans l'économie et la nécessité de se pencher sur une situation sociale difficile qui permet à des jeunes de tomber dans la délinquance. On est là, dans les racines du mal.

Le gouvernement propose une politique pénale spécifique. Pensez-vous que ces mesures permettront de mettre un terme aux réseaux affairistes ?

Si l'on réorganise les services de police et de justice, pourquoi pas ! J'attends de voir les mesures concrètes. C'est sûrement une bonne chose puisqu'on a pris la mesure de la gravité de la situation. Il est temps d'intervenir en Corse car la situation est beaucoup plus grave qu'à Marseille. J'en ai parlé à François Hollande. Outre la problématique de la réorganisation des services, je pense qu'il faut s'attaquer aux racines du mal. Il faut travailler en amont pour animer un sursaut collectif dont la Corse a besoin.

Certaines régions italiennes ont mis en place une politique de confiscation des biens à des fins sociales. L'initiative vous conviendrait-elle ?

Le Premier ministre a dit qu'en matière fiscale les efforts allaient être accentués. Il faut voir comment les choses se passent et les quantifier. C'est au gouvernement à prendre les initiatives. Les compétences régaliennes incombent à l'État.

On ne parle plus du pôle financier de Bastia. L'aspect fiscal est pourtant une arme redoutable ?

Je pense qu'il est nécessaire et même indispensable de le réactiver. On ne peut pas continuer à vivre dans l'attente de nouveaux crimes.

Le gouvernement reprend des propositions de Paul Giacobbi. Avez-vous été sollicité en matière de lutte contre la criminalité ?

Le gouvernement n'a jamais téléphoné à la présidence de l'assemblée de Corse et je le regrette profondément.

Êtes-vous convié au comité interministériel sur la Corse ?

Je n'ai été convié à aucune concertation. C'est dommageable. Le gouvernement dispose cependant de la délibération proposée par la commission violence et adoptée par l'assemblée de Corse.

L'exécutif réclame le rétablissement d'un préfet de police en Corse. Cela signifie qu'un coordinateur des forces de sécurité n'est pas suffisant ?

Si demain le préfet de police va coordonner, cela signifie qu'il y avait un manque de coordination. C'est dommageable, d'autant plus qu'un coordinateur est en place… Maintenant si la coordination va permettre de résoudre ces drames, tant mieux. Est-ce que c'est réellement une réorganisation ou une accentuation des services de coopération de l'État qui va tout régler ? Je l'espère, mais je pense que si l'on ne s'attelle pas aux racines du mal-être en Corse, on risque d'avoir du « bis repetita ».

Outre le mythe de l'argent facile, il y a aussi une culture de la voyoucratie. Comment combattre ce phénomène ?

Il faut le combattre par l'échange, le dialogue, la pédagogie. On n'est pas un vrai Corse lorsqu'on porte un calibre. On est un véritable citoyen corse lorsqu'on n'a pas d'arme. Je vais d'ailleurs proposer à la prochaine commission violence, le 13 novembre, de nous déplacer dans les lycées pour démystifier cette culture de la violence. Je commencerai par les lycées de Sartène et de Ghisonaccia. Cela participe au sursaut collectif. Notre mission est aussi de convaincre les jeunes. Si on ne le fait pas, on tue le futur.

Le barreau d'Ajaccio refuse que la Jirs se saisisse de l'assassinat d'Antoine Sollacaro. Cette défiance vous surprend ?

Je ne veux pas intervenir dans les affaires de la justice. Ce n'est pas mon rôle. Cela montre cependant qu'il y a des problèmes. Il faut apprendre à entendre tout le monde avant de juger.

 

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