Il faut aider le peuple grec.
L’Editorial de l’Humanité
Tous grecs !
Par Patrick Le Hyaric
Dans chaque tragédie, il y a un prologue. On peut craindre que la grave situation que connaît la Grèce ne soit l’inquiétant prologue d’une tragédie pour toute l’Union européenne. Celle-ci est organisée depuis le jour où ceux qui se sont érigés comme les seuls détenteurs de l’idée européenne ont forcé la Grèce à adopter l’euro en lui permettant de camoufler l’ampleur de sa dette publique. Et aujourd’hui, des agences de notation privées, liées aux requins de la finance, émettent sur la Grèce des notes d’insolvabilité pour faire monter les enchères des taux d’intérêt des emprunts que ce pays est désormais contraint de contracter. Ces derniers ont dépassé les 8 %, quand l’Allemagne en dispose à 2,5 %. Qui profite de ce climat alarmiste ? Seules les grandes banques et compagnies d’assurances privées. Elles accumulent chaque jour avec de tels taux des profits colossaux qu’elles font payer au peuple grec en abaissement de salaires, en réduction de dépenses publiques utiles, en augmentation de différents impôts, en recul de l’âge de la retraite, en privatisations. Mais aucune décision n’est prise pour abolir les cadeaux fiscaux et sociaux aux grandes entreprises et aux classes les plus fortunées ; pour imposer les revenus du capital et de la rente ou encore pour réduire les dépenses d’armement.
La Banque centrale européenne qui a massivement prêté de l’argent aux banques privées n’est pas autorisée, en vertu de l’article 123 du traité de Lisbonne, à en faire autant pour les pays. C’est le comble ! C’est exactement le contraire des possibilités offertes à la Réserve fédérale américaine. Les mêmes banques, y compris grecques, qui ont reçu des milliards d’euros de fonds publics au titre de leur plan de sauvetage, spéculent aujourd’hui avec gourmandise sur la dette publique en toute impunité. Et pendant ce temps, MM Barroso ou Van Rompuy, Mme Merkel ou M. Sarkozy amusent la galerie, palabrent sans fin, laissant la Grèce et demain l’Espagne, le Portugal, l’Italie, l’Irlande et toute l’Europe, dériver dans le marasme et la faillite pour leurs populations.
Tout être sensé ne peut être que révolté par cette situation. Le débat qui a eu lieu au moment du référendum sur le traité de Maastricht puis sur le projet de constitution européenne, trouve ici une résonance particulière. En effet, quelques mois seulement après la mise en place du traité de Lisbonne, on voit les méfaits d’une stratégie qui a conduit à créer, à marche forcée, une monnaie unique et une Banque centrale européenne indépendante des États, mais très dépendante des marchés financiers. L’accélération du climat de panique créé depuis hier matin ne vise qu’à camoufler cet échec lamentable ; à laisser les mains libres aux spéculateurs et surtout à préparer des mesures de super-austérité, de casse des systèmes sociaux et de retraite dans tous les pays de l’Union européenne. Maintenant ça suffit ! Avant qu’il ne soit trop tard, il faut que des voix s’élèvent contre cette Europe capitaliste et ses dirigeants qui nous mènent dans le mur.
Peuples européens, donnons-nous la main pour que la Communauté européenne porte vraiment et d’urgence secours à la Grèce. Rassemblons-nous pour changer les traités, exiger une autre répartition des richesses, l’augmentation des salaires, un autre crédit public, la sécurisation du travail, de la sécurité sociale et des retraites, pour réduire les dépenses d’armement.
Peuples d’Europe, unissons-nous pour renverser les tables de la loi de l’argent roi et pour construire l’Europe sociale, solidaire et écologique. C’est le sens de l’initiative que prend l’Humanité d’une grande campagne de solidarité avec le peuple grec et pour transformer l’Europe.