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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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18 mars 2007 7 18 /03 /mars /2007 14:04

                                                    A propos du 19 mars

     Guerres d'Afghanistan et d'Irak, guerre en préparation contre l'Iran, valident la phrase de Jaurès : « le capitalisme porte en lui la guerre, comme la nuée porte l'orage ».

A celles et ceux qui pourraient croire que le cliquetis des armes est loin de la France, il faut rappeler qu' un  candidat à l'élection présidentielle[Nicolas  Sarközy de Nagy-Bocza de son vrai nom_ NDLR]met à son programme la construction d'un porte-avions supplémentaire. Pourtant, nul ne peut prétendre que nous en avons besoin pour assurer la protection du sanctuaire national. C'est donc que ce nouvel armement à une autre visée. Laquelle, sinon l'intimidation – voire l'agression – d'autres peuples ? Quand on se souvient que l'actuel président de la République à fait passer l'arme nucléaire de défensive à offensive (c'est-à-dire que la France pourrait frapper la première, préventivement), on mesure le danger de la situation actuelle. Danger pour les Français, qui deviennent du même coup une cible pour le terrorisme que d'aucuns prétendent combattre, danger pour la paix mondiale, pour des relations fraternelles entre peuples qui souffrent d'un même mal : le capitalisme.

C'est sur ce fond qu'arrive le 19 mars, date anniversaire du cessez-le-feu en Algérie. Ici et là, il en est pour proposer de confondre, dans une seule et même date, la commémoration des guerres de 14-18, de 39-45 et d'Algérie. Or, au-delà de la pensée pour toutes celles et ceux, morts ou vivants, que cette guerre (qui ne disait pas son nom) a marqué pour toujours, la commémoration de la guerre d'Algérie, comme celles des autres guerres, est d'abord un enjeu de classe.

Se souvenir est indispensable, si l'on ne veut pas avoir à revivre les tragédies d'hier. A celles et ceux qui pourraient en douter, la tentative officielle de redonner au colonialisme français des lettres de noblesse, s'articulant avec le changement de doctrine nucléaire et la construction d'un second porte-avions, viennent rappeler la nécessité de veiller.

Qu'ils soient de droite ou de gauche, pour les tenants du capitalisme, verser une larme sur les victimes ne pose pas problème, tant que n'est pas posée la question : à qui rapportent ces guerres ? Ils sont prêts à tous les discours sur les "horreurs de la guerre", tant qu'ils permettent de faire oublier les causes des tueries qui ont ensanglanté – et ensanglantent encore – la planète.

Alors qu'à droite et à gauche, de l'inventeur de la CSG aux pourfendeurs des 35 h du Medef, il ne manque pas de bonnes âmes pour chercher à nous persuader que la France n'a pas d'argent pour assumer Sécurité sociale et retraites, voilà qu'elle en trouve pour investir dans un second porte-avions, moyen d'oppression des peuples ! Si ce n'est pas là un choix de classe, qu'est-ce ?

Celles et ceux qui nous croient à l'abri des aventures militaires, au prétexte que "la France est une démocratie", devraient s'interroger. Quand, à droite et à gauche, la plupart des dirigeants politiques veulent faire nous faire revoter pour que nous avalisions, enfin, une Constitution européenne que nous avons rejetée le 29 mai 2005, quand, les mêmes, au plan européen, sanctionnent les Palestiniens coupables d'avoir voté pour le Hamas, notre démocratie est-elle si éloignée de celle d'un Bush qui, malgré le vote des États-uniens, décide de renforcer son armada en Irak ?

Commémorer, le 19 mars, le cessez-le-feu en Algérie, n'est donc pas une affaire d'anciens combattants. C'est une question d'actualité, posée à tous, et pas seulement autour des monuments aux morts.

J-F A.
ancien combattant d'Algérie.
par eldiablo

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18 mars 2007 7 18 /03 /mars /2007 14:01

  19 mars 1962                    HISTOIRE :
               "d'Alger à Buenos Aires, l'école Française de l'impérialisme"


       A l'heure du départ en retraite de Jacques Chirac, les éloges se multiplient vantant son" humanisme", sa "vision pacifiste" du rôle de la France dans le monde opposé au militarisme états-uniens. Pourtant, l'histoire coloniale du monde nous révèle une France qui a été l'experte de la manipulation idéologique, de la répression sauvage, de la torture et des disparitions de militants...

           C'est ce que nous décrit le livre de Marie-Dominique Robin "Escadrons de la mort, l'école française". Elle détaille l'histoire de ces généraux Français qui feront pendant la bataille d'Alger, la démonstration de l'efficacité de leur nouvelle stratégie de "guerre subversive" où tous les moyens sont bons pour détruire un ennemi disséminé dans la population et largement soutenu par elle.
C’est le lieutenant-colonel Roger Trinquier qui sera à l’origine de la théorie " antisubversive ". Membre des GCMA (groupement commandos mixtes aéroportés) en Indochine, Trinquier écrit le fameux ouvrage la Guerre moderne dans lequel, il théorise la répression en zone urbaine : quadrillage, fichage, rafles, enlèvements, torture. En 1957, Aussaresses met en application ces principes pendant la bataille d’Alger. Le terme " escadron de la mort " vient de naître. La base de cette doctrine est " le renseignement ". " C’est l’un des enseignements que nous ont transmis les Français de leur expérience en Algérie ", affirme le général Ramon Diaz Bessone, responsable des camps de concentration du nord-est de l’Argentine pendant la dictature. En 1957, 60 militaires argentins en stage à l’École de guerre à Paris viendront faire leurs premières armes " antisubversives " en Algérie. Parmi eux, on trouve le colonel Lopez Aufranc qui, en 1961, dirige le cours de lutte interaméricain antimarxiste à la conférence des armées américaines (CEA) devant 39 officiers représentant 13 pays d’Amérique du Sud. Les théories de Trinquier sont alors traduites en Anglais et en espagnol.
Alors qu’Aussaresses devient l’attaché militaire français sous la dictature brésilienne entre 1973 et 1975 (après avoir été instructeur aux États-Unis à Frot Bragg), un ancien d’Indochine et d’Algérie, le colonel Robert Servant, est envoyé en 1974 à Buenos Aires par le premier ministre de Pompidou, Pierre Messmer. Il s’installe au quartier général de l’armée de terre, alors dirigé par le futur dictateur Videla, jusqu’en octobre 1976. Ainsi, les théories françaises seront appliquées à Buenos Aires lors du coup d’État de Videla, en mars 1976 où les quartiers sont quadrillés, les individus fichés, enlevés et torturés comme pendant la bataille d’Alger.

Ces militaires qui ont joué un rôle important pour relancer les guerres coloniales française au sortir de la résistance, alors que tout indiquait déja le besoin de changements profonds des rapports Nord-Sud. Leurs expériences est considérée par tous les militaires du monde comme exemplaires et instructives... A tel point qu'on dit que l'armée US aurait demandé conseil à l'armée Française avant la guerre d'Irak !

D'Alger a Buenos Aires, les impérialismes se révèlent toujours plus brutaux, inhumains, capables du pire. Les dénonciations des crimes de l'armée US en Irak ou à Guantanamo doivent aider à montrer que c'est la logique d'un système, partout dans le monde, qui est à l'oeuvre derrière les bras des bourreaux, que ce système n'est pas celui des autres, mais qu'il est la nature même du système capitaliste, de la loi de la "concurrence libre et non faussée" qui transforme la société et le monde en terrain des guerres économiques qui sont toujours aussi des guerres militaires.

Pour les communistes, cette histoire de l'école française de l'impérialisme peut servir de leçon... révolutionnaire. On ne pourra pas changer de société en France, sans changer de rapport entre la France et le monde, sans rompre avec les institutions existantes qui organisent la domination impérialiste et construire des relations de coopérations dégagées des rapports de domination et des pressions militaires !

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18 mars 2007 7 18 /03 /mars /2007 13:56

 APPEL                                                             

A notre peuple, aux femmes et aux hommes qui souffrent de la politique
de la droite, à celles et ceux qui sont épris de justice sociale et de
liberté, je veux dire aujourd’hui solennellement qu’il y a danger.

Depuis cinq ans, la droite n’a cessé d’attaquer les salariés, les
jeunes, les retraités. Depuis cinq ans, elle a rendu nos vies plus
précaires, plus dures, plus violentes.

Et pourtant, la droite menace d’être reconduite au pouvoir. La gauche ne
parvient pas à incarner l’espoir d’un changement en grand dans la vie de
nos concitoyens.

Aujourd’hui, il faut avoir la lucidité de voir la gravité du danger. La
candidate qui semble susceptible de représenter toute la gauche au
second tour ne propose pas à notre peuple un projet qui change vraiment
la vie. Elle ne permet donc pas que la gauche, dans sa diversité, se
rassemble face à la droite. Elle désoriente profondément le peuple de
gauche.

Des femmes et des hommes de gauche en viennent même à se dire que le
vote pour F. Bayrou pourrait être le « vote utile » pour battre la
droite ! Comme si voter à droite avait jamais permis de battre la droite...

devant ce danger, je veux appeler au sursaut. Il est temps, il est
encore temps que, dans sa diversité, la gauche porte des propositions
capables de la faire gagner, gouverner et réussir en répondant aux
attentes et aux inquiétudes de notre peuple. Il faut répondre à
l’urgence sociale qui se traduit pas tant de difficultés, de projets
avortés, de vies brisées. On ne peut pas attendre pour augmenter
fortement les salaires, les retraites et les minima sociaux ; pour
éradiquer le fléau du chômage ; pour donner un avenir aux jeunes ; pour
mettre des centaines de milliers de logements sociaux de qualité en
construction ; pour garantir les missions de l’école ou des hôpitaux ;
pour engager un grand plan de défense et d’extension des services
publics ; pour restaurer la protection sociale.

La gauche dispose pourtant de tous les moyens pour réussir.

L’argent ? Il y en a beaucoup, si on veut s’en donner les moyens. 100
milliards de profits pour les entreprises du CAC 40, 65 milliards de
cadeaux aux entreprises, 40 milliards de fraude aux impôts, 40 autres de
« niches » fiscales, 10 milliards de baisse d’impôts des plus riches
depuis 2002. A côté de ça, le SMIC à 1500 euros tout de suite «
coûterait », dans un premier temps, à peine 10 milliards d’euros et il
relancerait une croissance exsangue faute de pouvoir d’achat !

Pour réussir, mobilisons cet argent vers des activités socialement
utiles, au lieu de le laisser filer dans les poches des actionnaires,
pour des investissements financiers et des délocalisations.

Pour réussir, donnons enfin aux citoyens et aux salariés les droits et
les pouvoirs nouveaux leur permettant d’intervenir directement dans les
choix qui les concernent ! Comment pourrons nous arrêter ces
délocalisations sans donner aux salariés les moyens de contrer ces
actionnaires qui jouent chaque jour la finance contre l’emploi ? Pour
réussir, il faut retirer immédiatement la signature de la France du
Traité constitutionnel européen ; envoyer dès l’été prochain un grand
signal aux autres peuples pour leur proposer de rompre en Europe avec
les logiques ultra-libérales de la « concurrence libre et non faussée »
; mettre à profit la présidence française du Conseil européen en 2008
afin de proposer de nouveaux traités ; mettre tout le poids de la France
afin que l’Europe contribue à un ordre du monde plus juste et plus
démocratique, orienté vers la paix et le co-développement.

Aux hommes et aux femmes de notre pays, je veux donc dire qu’un
véritable changement est possible et qu’il n’y a aucune fatalité à
continuer à vivre comme l’on vous fait vivre aujourd’hui.

Cet espoir, toute la gauche peut l’incarner. Je suis pour ma part prête
à relever le gant et à porter le flambeau de la gauche, d’une gauche de
courage et de responsabilité, une gauche fidèle à ses valeurs et à ses
combats.

La droite n’a pas gagné. Qui, aujourd’hui, a vraiment tranché ce qu’il
votera le 22 avril, sinon toutes celles et ceux qui veulent forcer la
main des électeurs au nom d’un soi-disant « vote utile » ?

Le vote utile, c’est d’abord le vote utile à vous-mêmes, à votre
famille, à vos proches. Le vote utile, c’est le vote qui répond à vos
attentes, le vote qui porte votre espoir d’un véritable changement en
France !

Le vote utile à gauche, c’est le vote qui sort de la spirale des échecs
et des renoncements pour mettre en avant les valeurs de justice sociale,
d’égalité, de solidarité !

Si vous aussi vous voulez cela, dites-le. Dites qu’il est temps
maintenant de voter pour vous. Dites-le autour de vous. Nous sommes en
réalité des millions à penser, à espérer cela. Faisons ensemble une
chaîne humaine qui prenne corps et bouscule les scénarios ficelés
d’avance, comme le non avait bousculé le oui à la constitution libérale
en 2005. c’est toute cette dynamique nécessaire à la victoire et la
réussite de la gauche que je veux porter dans cette élection.

Alors l’espoir renaîtra dans notre peuple. Le 22 avril, la gauche aura
retrouvé ses couleurs et ses forces. L’importance du vote pour le projet
que je porte constituera un môle garantissant l’avenir. Et s’ouvrira
devant nous le chemin de la victoire pour gouverner et réussir ensemble.

Marie-George Buffet

--
http://www.mariegeorge2007.org

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18 mars 2007 7 18 /03 /mars /2007 13:36
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16 mars 2007 5 16 /03 /mars /2007 14:19
" C'est notre regard qui enferme souvent les autres dans leurs plus étroites appartenances, et c'est notre regard aussi qui peut les libérer.
Les médias reflètent ce que disent les gens, les gens reflètent ce que disent les médias. Ne va-t-on jamais se lasser de cet abrutissant jeu de miroirs ?"
                                          Amin Maalouf , écrivain
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16 mars 2007 5 16 /03 /mars /2007 14:17

Reporters Sans Frontières :

une ONG de défense de la liberté de la
presse au service de l'empire.

http://www.republique-des-lettres.fr/1456-reporters-sans-
frontieres.php

Avec une ténacité "impartiale et absolue", Robert Ménard, directeur
de Reporters Sans Frontières, s'est auto-persuadé qu'il défend la
cause de la liberté d'expression dans le monde. Ses rapports annuels
rendent compte des violations de la presse à Cuba, en Chine et au
Venezuela; en Irak, au Venezuela et à Cuba; au Mexique, à Cuba et au
Venezuela; à Cuba, en Colombie et au Venezuela; et au Venezuela et à
Cuba aussi. Pourtant, il y a quelques jours, l'obsession de Ménard
pour le "pluralisme véritable de l'information" lui a joué un mauvais
tour. Il a suffit que le conseiller aux affaires latino-américaines
lui fasse part que le gouvernement de La Havane s'était libéré de
Marx pour qu'il exulte:
- On a gagné !

Connaissant son caractère irréfléchi et précipité, Régis Bourgeat
tente de le contenir:
- Robert !

Mais le patron de RSF est déjà en train de rédiger sur son ordinateur
portable un rapport semblable à celui qui avait suivi la chute de
Saddam Hussein en Irak, modifiant juste le nom du pays: "Après tant
d'années de propagande officielle, écrit-il, s'ouvre une ère de
liberté nouvelle, pleine d'espoir et d'incertitudes pour les
journalistes cubains."

- Robert... Eh, Robert !
- Quoi bordel...!
- Calme-toi... Ce n'est pas le Marx auquel tu penses mais Gary, Gary
Marx, le correspondant du Chicago Tribune à Cuba.

Robert Ménard devient livide. Déconcerté, il regarde le trophée du 4e
Prix Antonio Asensio de Journalisme reçu en 2006 des mains mêmes du
roi Juan Carlos de Bourbon. Régis parvient à entendre faiblement:
- Tu es renvoyé.

Qui est Reporters Sans Frontières ? Dans le volumineux document sur
Cuba présenté en 2004 par Colin Powell au Congrès des Etats-Unis, RSF
est la seule organisation non-gouvernementale (ONG) que l'ancien
Secrétaire d'Etat de George W. Bush cite comme modèle pour traiter
les médias des pays de l'axe du Mal. Et dans la cause universelle
pour le Bien, les rapports de RSF ont installé un précédent
juridique: si, dans les pays du Mal, une personne dispose d'un
téléphone portable, d'un fax ou d'un ordinateur connecté à internet
et se met à transmettre des messages en faveur du Bien, cette
personne peut être accréditée sous le label "dissident", voire
même "journaliste indépendant".

L'idéal est que le "dissident" qui travaille dans les pays du Mal
soit convoqué par les autorités. Ensuite, Reporters Sans Frontières
peut passer à l'action et transformer n'importe quelle affaire de
droit commun en "violation de la liberté de la presse". C'est ce qui
s'est passé par exemple pour le journaliste Gustavo Azocar, accusé en
2000 d'escroquerie et de détournement de fonds publics au préjudice
de la Loterie de Tachira (Venezuela). Pourtant, quand Tayseer Aouni,
correspondant de la chaîne de télévision Al Jazeera, est lui arrêté
en Espagne le 8 septembre 2003 pour "suspicion de liens avec Al
Qaïda", Robert Ménard déclare que les journalistes ne sont pas au-
dessus des lois et que le correspondant détenu par le juge Baltasar
Garzon a été arrêté pour ce qu'il a fait, non pour ses reportages.
Comme le juge n'a pu présenter aucune preuve pour entériner la
culpabilité d'Aouni, on suppose que le correspondant d'Al Jazeera
faisait la même chose que le caméraman espagnol José Couso et le
reporter Taras Protsyuk (agence Reuters), assassinés par un obus tiré
d'un tank américain. Le même tank qui, le 8 octobre 2003, détruisit
le 15ème étage de l'hôtel Palestine à Bagdad où logeait toute la
presse internationale. "Oh, la, la", dit Robert Ménard.

Le jour même où Couso et Prtsyuk sont morts pour l'oeuvre du Bien,
les forces aériennes des Etats-Unis ont bombardé les bâtiments des
chaînes de télé arabes Al Jazeera et Abu Dhabi TV, tuant le
journaliste Tarek Ayub. Mais Ménard n'était pas là pour ces
broutilles car il mettait le point final au communiqué de RSF
affirmant que "le renversement de la dictature de Saddam Hussein a
mis fin, etc, etc..." RSF a exonéré ce jour-là de toute
responsabilité les forces armées états-uniennes, préférant faire la
une de son site web sur "l'absence de liberté d'expression à Cuba".
Le directeur de Reporters Sans Frontières se réjouit aussi de
l'impact des missiles de l'Organisation du Traité de l'Atlantique
Nord (OTAN) tirés sur Belgrade pendant la guerre en ex-Yougoslavie ou
des disparus sous le commandement de la colonelle Kimberley Olson
(Force Aérienne des Etats-Unis) en Asie Centrale. Dans les rapports
de RSF ne figurent curieusement ni le bombardement du bâtiment de la
radio-télévision de Serbie (1999), ni le nombre de journalistes morts
pendant l'invasion d'Irak (2003). La colonelle Olson a elle été
accusée d'activité mercenaire par un tribunal militaire, en avril
2006, après avoir utilisé sa position de commandant en second du
général Jay Garner (premier administrateur américain d'Irak et plus
tard "entrepreneur" pour l'armée états-unienne) pour rafler 3
millions de dollars de contrats avec une entreprise de sécurité.
Après cela, pourquoi les rapports de RSF sont-ils vus à Washington et
dans l'Union Européenne comme des paradigmes d'objectivité et
d'indépendance ? En réalité, ne travaillent-ils pas tous pour la même
cause et les mêmes patrons ?

Reporters Sans Frontières n'a jamais dit un mot sur la concentration
économique dans les médias aux Etats-Unis, pays où, selon l'ONG, "il
existe une réelle liberté de la presse". Tout comme les mercenaires
de carrière, les "journalistes indépendants" de Ménard ont converti
RSF en une entreprise qui offre des "indices de liberté de la presse"
selon la demande du client. Son "éthique" ne semble pas beaucoup
différer de celle soutenue par Robert B. McKeon, président de la
célèbre entreprise de mercenaires Dyncorp, qui soutient "la
privatisation et la reconfiguration des gouvernements partout dans le
monde".

En avril 2000, sans aucune preuve, RSF implique le président
constitutionnel d'Haïti, Jean-Bertrand Aristide, dans la mort des
journalistes Jean Dominique et Brognol Lindor. Le 29 février 2004,
quand Aristide est renversé par l'invasion conjointe de Washington et
de Paris, Ménard parle de "liberté de la presse récupérée [et]
d'espoir qu'il faut maintenir", tout en gardant ensuite le silence
sur la disparition du journaliste Jean Abdias, correspondant de la
station de radio WKAT de Miami, assassiné en janvier 2005 par des
agents de la police gouvernementale.

Quel idéal de liberté défend Reporters Sans Frontières quand elle
reçoit des fonds de magnats plus que très interessés par la société
de l'information ? Parmi les entreprises qui vendent au public les
rapports de RSF figurent entre autres la multinationale Publicis,
première agence de publicité en France et en Europe et n° 3 aux Etats-
Unis avec son associée new-yorkaise Saatchi et la française Vivendi.
Des enquêtes ont révèlé que par le biais de sa filiale états-unienne
Starcom Media West, Publicis est l'agence publicitaire chargée de la
nouvelle image de l'Armée des Etats-Unis en Europe et dans le monde.
Parmi les contributeurs de RSF, figurent des groupes comme la
Fondation Internationale pour la Liberté et la Fondation pour
l'Analyse et les Etudes Sociales, présidée par José Maria Aznar,
ainsi que des organisations comme la Fondation Nationale Cubaine
Américaine, le Comité pour un Cuba Libre, Hewlett Packard, la
Fondation de France, la Fondation Hachette, la Fondation Real
Network, les Editions Atlas, la Société Espagnole de Radiodiffusion
(SER), l'Open Society Institute ou encore Serge Dassault, François
Pinault et Jean-Luc Lagardère, notoires fabricants d'armes.

Copyright © José Steinsleger / La République des Lettres
jeudi 15 mars 2007

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16 mars 2007 5 16 /03 /mars /2007 14:11

 LU DANS LA PRESSE

Soudais Michel, Politis du 15 mars 2007


La campagne s'emballe et perd ses repères. Candidat de droite assumé, Nicolas Sarkozy multiplie les appels du pied en direction de l'électorat lepéniste. Mais, dans la même émission où il invoque comme une priorité la création d'un «ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale», le président de l'UMP n'exclut pas que l'Etat puisse entrer temporairement dans le capital des entreprises en difficulté et se prononce «pour la création d'un cinquième risque» au sein de la Sécurité sociale, qui couvrirait la dépendance des personnes âgées. Ces deux propositions avaient été mises en avant, l'une par Dominique Strauss-Kahn, l'autre par Laurent Fabius, lors de la campagne interne socialiste. En digne héritier de Jacques Chirac, le candidat-ministre s'emploie ainsi à brouiller les repères, à coup de promesses pompées à l'extrême droite et à gauche. La confusion n'est pas seulement entretenue par le candidat de la droite et du Medef. Les instituts de sondages s'y emploient avec un succès jamais atteint. Dès la mi-février, l'Ifop a réalisé et publié un sondage testant la candidature de François Bayrou au second tour. Rien pourtant ne laissait supposer, à cette date, que le président de l'UDF puisse y parvenir. Qu'importe! Un tel sondage «a un effet politique et médiatique incontestable», reconnaît cyniquement Jérôme Sainte-Marie, de l'Institut BVA, qui ne s'est pas privé d'en commander aussi. Crédibilisé par ce «coup de pouce» qui le donne gagnant aussi bien face à Ségolène Royal que face à Nicolas Sarkozy, bien qu'avec des électorals d'orientations contraires, la candidature du gentleman-farmer au tracteur enregistre depuis une forte croissance des intentions de vote en sa faveur. Il ferait désormais quasiment jeu égal avec sa rivale socialiste. L'axiome suivant lequel les sondages mesurent moins l'opinion publique qu'ils ne la façonnent se vérifie de jour en jour. Le passé politique, les votes, déclarations et prises de position de François Bayrou n'ont plus aucune importance. Et les rappeler paraît vain. Son image ne lui appartient même plus. Par la grâce des sondeurs, le Béarnais apparaît aux yeux d'un nombre croissant d'électeurs comme le candidat «antisystème». Celui qui peut chambouler le duel imposé, faire imploser l'UMP et casser le PS. Si le parti de Nicolas Sarkozy semble assez bien résister, il n'est qu'à voir les réactions suscitées parmi les socialistes pour mesurer combien l'objectif est en passe de réussir. Car, de ce côte-là, la dispersion des réactions fait moins songer à une contre-offensive qu'à une débandade. Même en faisant abstraction des sympathisants qui, au nom du «vote utile» contre Sarkozy, prôné par la rue de Solferino, jugent plus efficace d'apporter leur voix au leader centriste, sans parler des militants saisis par les vertiges du vote révolutionnaire - il en est, le site Respublica a publié les réflexions de quelques-uns -, l'écart est tel entre Laurent Fabius, qui préconise de «s'opposer frontalement» à François Bayrou, et Dominique Strauss-Kahn, qui l'invite à «rejoindre le pacte présidentiel de Ségolène Royal», que le PS risque le claquage. Quand le premier exclut de gouverner avec François Bayrou «parce que nous refusons la confusion» et «parce que changement par rapport à la politique actuelle de la droite ne peut être apporté que par la gauche», le second rêve d'un tel attelage. Non content d'évoquer l'«estime» et le «respect» qu'il a pour le président de l'UDF, le député de Sarcelles l'a invité, sur France 2 à aller «jusqu'au bout» de «sa rupture avec Nicolas Sarkozy et avec Jacques Chirac»: «Ce fera, assure-t-il, une belle majorité pour battre Sarkozy et pour changer la France: c'est mon combat!» Attention «casse-cou», avertit Marie-George Buffet: «Si on donne acte à Bayrou que la gauche ne veut pas changer, si on donne acte au camp libéral qu'une gauche peut faire alliance avec lui, on dit alors aux électeurs qu'ils n'ont plus qu'à voter Bayrou.» Il eût été souhaitable que ce rappel à l'ordre vienne de la candidate socialiste. Mais Ségolène Royal, officiellement sereine, s'emploie déjà à dresser la liste des fautifs à qui elle pourrait imputer son échec. En cause, les éléphants du PS, accusés d'avoir tardé à la soutenir et instillé ainsi un doute sur sa compétence: «Ce n'est pas le problème de les voir, le problème, c'est ce qu'ils n'ont pas dit à'une évoque.» Un discours de perdante.

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16 mars 2007 5 16 /03 /mars /2007 14:03
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15 mars 2007 4 15 /03 /mars /2007 14:24
« Dans une société fondée sur le pouvoir de l'argent, tandis que quelques poignées de riches ne savent être que des parasites, il ne peut y avoir de "liberté", réelle et véritable. » Lenine
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15 mars 2007 4 15 /03 /mars /2007 14:18

Les censeurs tatillons et castrés incapables d'éjaculer une autre semence que celle d'un poison sur le talon des peuples pauvres qui luttent pour leur souveraineté confisquée par des adversaires du dehors ou du dedans

Un dossier commencé en janvier, affiné à Cuba en février et terminé hier après lecture du livre de Bové à la médiathèque de Toulouse. On peut faire suivre si l'on est convaincu.

Maxime VIVAS, écrivain
_______________________________________________


Quand Bové savate le Tiers monde.

Joseph (de son vrai prénom ) Bové est-il homme à utiliser les médias pour savater un pays pauvre (menacé de mort par l'Empire) si cela sert sa carrière ? La réponse est oui.
Hésite-t-il à mentir pour justifier l'agression ? La réponse est trois fois non.

Démonstration :

José Bové s'est rendu à Cuba du 3 au 7 septembre 2001 pour participer au Forum mondial sur la souveraineté alimentaire, avec 400 participants du monde entier à l'appel de Via Campesina, invité par l'ANAP (Associacion Nacional de Agricultores Pequenos de Cuba).
Le 25 Septembre 2003, lors de l'émission « 100 minutes pour convaincre », sur France 2, interrogé sur Cuba par Bernard Kouchner, José Bové esquive en répondant (de mémoire) : « J'ai été expulsé de Cuba par Castro pour avoir dit des choses qui lui déplaisaient».
Cette expulsion, José Bové lui-même l'ignorait une seconde avant de l'inventer pour la télé.
Le 3 mars 2007 à 14 heures, dans l'émission « chez F.O.G. » sur France 5, Bové s'entend reprocher son « utopie communiste », par Jean-Pierre Jouyet, énarque, ancien directeur de cabinet de Jospin. Réponse textuelle de Joseph : « Je suis un des rares à avoir pu me rendre à Cuba pour critiquer Fidel Castro ; ça m'a été reproché, et j'en ai été chassé ».

On savait par la presse, qui en a rendu compte abondamment à chaque occasion, que Bové avait fait l'objet de tracasseries au Brésil, en Israël, aux USA, à Hong-Kong, au Québec, etc. On n'a jamais rien lu sur son expulsion de Cuba. Bizarre, quand on sait la vigilance médiatique contre l'île des Caraïbes !

Le compte-rendu final du Forum était signé de Pierre W. Johnson de l'Alliance pour un monde responsable, pluriel et solidaire qui, loin de noter le moindre incident, se félicitait du choix du pays hôte : « Cuba, un pays dont l'action dans le domaine de la souveraineté alimentaire, de la nutrition et de la santé apparaît comme exemplaire dans le contexte actuel. »
En cherchant dans les très nombreuses biographies (et hagiographies) de Bové sur Internet et sur son blog même, en lisant les livres et les innombrables articles qu'il a publiés depuis, on ne trouve pas davantage trace de cette expulsion.
Du côté des « expulseurs » cubains, on persiste, après le Forum, à parler de Bové avec bienveillance, ainsi que me le prouve Jean-Guy Allard, journaliste canadien en poste à La Havane qui me communique un article du quotidien cubain « Granma international » :

Le 17 Décembre 2001, soit deux mois après « l'expulsion », ce journal électronique publie, sous la plume d'Angèle Savino, journaliste indépendante, un long article flatteur intitulé « José Bové : le nouveau messie de l'anti-néolibéralisme ? » (http://www.granma.cu/frances/diciembre3/51bove-f.html)

Fils d'une famille « de brillants chercheurs agronomes, José Bové est acquis très jeune au pacifisme et à l'antimilitarisme. » C'est un « fervent militant hostile à la guerre du Vietnam ».

La journaliste retrace « l'itinéraire d'un homme et d'une lutte » : « José Bové, le « porte-parole d'une agriculture anti-mondialiste [.] pourfendeur invétéré de la "sale bouffe", [.] transformé en Hérault d'une lutte globale contre la marchandisation de la société [.] Il pose les principes d'une agriculture cohérente, respectueuse des consommateurs et des paysans, soucieuse du présent comme de l'avenir. »
Après avoir loué son « action efficace au cours des manifestations de Seattle », elle conclut en décrivant le Bové que nous avons aimé : « Le nouveau messie de la lutte anti-mondialiste compte parmi les condamnés les plus soutenus de la planète. Il s'agit de liberté syndicale, d'un homme jugé pour s'être opposé à une politique, en l'occurrence la mondialisation néo-libérale, qui heurte de plus en plus les consciences, [qui] continue de lutter pour ses convictions, au risque de compliquer ses aléas judiciaires ».
Le 24 février 2003, le même journal publie sous la plume de Michel Porcheron, ancien journaliste de l'AFP, un long article empathique qui rappelait les ennuis judiciaires de José Bové en France et son cri au dernier Sommet de la Terre à Johannesburg : « Notre maison brûle !». L'article, citant Libération du 21 novembre 2002, se terminait ainsi : « Comme l'a fait remarquer justement un écologiste, pourquoi alors « ne pas aider un José Bové qui veut jouer les pompiers » ? (www.granma.cu/frances/febrero03/lu24/bove.html )

De tels articles dans la presse cubaine cadrent-ils avec une expulsion de Bové quelques mois plus tôt ?

Première hypothèse : l'expulsion bovéienne ressemble à un phénomène incohérent et virtuel dont la vie éphémère se mesure en secondes, celles qu'il faut pour s'en prévaloir.
Premier constat : elle est circonscrite en des endroits précis : les studios de télévision hors desquels elle n'existe ni pour l'expulsé, ni pour les expulseurs.

Il y a quelques jours, j'étais à La Havane et j'ai rencontré Marie-Dominique Bertuccioli, une journaliste française qui avait couvert le forum pour Radio Havane Cuba. Des cris d'indignation lui sortent des tripes et du coeur quand je lui rapporte les propos de Bové. Son témoignage est le suivant : pendant la visite de Bové, du 3 au 7 septembre 2001, aucune déclaration anti-cubaine de Bové (au contraire, comme on va le voir), aucun départ anticipé ou forcé.

Amnésique, la journaliste ? Pas plus que l'affabulateur.

En effet, quelques mois après son retour en France, en février 2002, il publie chez Fayard un livre (« Paysan du monde ») contenant des attaques violentes contre Cuba sous forme d'un ramassis de beaufitudes de touriste en bermuda renseigné par RSF. Il y ironise sur « Le mythe alibi de l'île assiégée par les vilains impérialistes ». Il y invente une « augmentation de la mortalité infantile ». Méprisant, il s'inquiète de la « santé mentale de la population » en raison de « l'omniprésence des portraits du Che ». En fait, la mortalité infantile est la plus faible de l'Amérique latine (et de loin), ce sont les bustes de José Marti, poète, indépendantiste tué par les Espagnols, premier héros national cubain, « apôtre de la patrie » qu'on voit partout. Le Che est moins présent que dans les allées de la fête de l'Huma ou que la binette de Bové à la télé. Enfin, Bové prophétise l'avenir du gouvernement : « il va tomber » (Quand, Joseph, quand ?).
Mais nulle part il n'évoque la prétendue expulsion. Et pour cause : il ne l'a pas encore inventée.
Pourtant, son livre est une charge où il se donne le beau rôle, se pose en savant dont les propositions font ouvrir aux Cubains incultes et sous-informés « des yeux grands comme des soucoupes ». Son discours érudit sur la question foncière « a terriblement ringardisé le discours de propagande des cubains qui, bien sûr, se vantent de posséder une agriculture florissante grâce au génie révolutionnaire et anti-impérialiste de leur líder maximo ». Bové a-t-il vraiment entendu UN Cubain appeler Fidel Castro « líder maximo » ? Rappelons encore une fois que cette expression est une invention de la CIA, inusitée à Cuba. A-t-il entendu UN seul officiel cubain dire que l'agriculture est florissante ? On pourrait produire cent textes qui le démentent.
Mais la pire divagation hargneuse est dans un chapitre intitulé « Un épilogue épineux » où il nous entraîne dans un film à la James Bond dont il est le héros.
Nous sommes le 7 septembre, juste avant la clôture du Forum. « Les camarades de l'Union des coopératives souhaitent me voir. [Ils] veulent des explications sur une de mes déclarations à la presse. Je me demande bien laquelle, car je n'ai pas accordé d'interview depuis mon arrivée. » (On verra plus loin que c'est un nouveau mensonge. Il élude ainsi une interview dont il ne souhaite pas que le lecteur connaisse la teneur. Et pour cause !). Bref, il est trimballé dans une salle à part et les camarades cubains, qui n'aiment pas trop le double langage, le titillent sur une conférence de presse qu'il a donnée en France le 11 juillet, à propos du Forum et dont le texte vient de leur parvenir d'Argentine. Il y expliquait un peu comment Cuba devrait fonctionner selon lui et autres petites choses mégalo-désagréables qu'il s'est bien gardé de répéter pendant le Forum. Echaudés, les coopérateurs lui demandent à l'issue de cet « entretien cordial » (Ah ! pas de torture ?) le texte de son intervention de clôture du Forum. Ces choses-là se font, ici et là. Bové refuse. Nul n'insiste ni ne le retient. Puis il nous conte encore quelques petites tracasseries invérifiables et nous entraîne à la séance finale. Avec une audace folle, il entame son discours « bille en tête », « sans salut au líder maximo, ni Vive Cuba. » (Vive Cuba, remarquez, c'est plutôt pour la fin).

Et voici maintenant, chaque mot étant copié dans le livre de Bové, comment il veut faire trembler le lecteur alors qu'il s'est déballonné devant Fidel Castro jusqu'à le combler d'aise :
« L'essentiel de mon discours tient en peu de mots : le XXè siècle a vu naître tous les totalitarismes ; ils se sont écroulés car ils étaient fondés sur le mensonge et les contrevérités. Il en reste un malgré tout - là, je m'interromps quelques secondes et je sens deux mille auditeurs retenir leur souffle -, le néolibéralisme ! On respire à nouveau dans la salle. ».
Plus tard, Fidel Castro parle, mais sans lui répondre (muflerie ?)
Puis, le Forum étant clos, Bové écrit qu'il « quitte l'île » (suivent des considérations bobo-bucoliques sur ce pays qui serait si beau sans dictature).
Nous lisons bien, il part de sa propre volonté, après le Forum où il a dit ce qu'il a voulu, devant Fidel Castro, sans soumettre son texte. Ni muselé, ni expulsé. Il « quitte l'île ».
A ces informations, pourtant suffisantes pour convaincre le lecteur honnête et/ou cartésien, ajoutons, en prime, la preuve par la presse.
Pendant le Forum, le 4 septembre 2001, José Bové, contrairement à ce qu'il affirme dans son livre, a accordé une interview à RADIO HAVANE CUBA qui l'a diffusée sous le titre : « José Bové confirme l'appui du mouvement des citoyens à Cuba »
Voici le texte dans son intégralité. On y remarquera que, loin de matraquer Cuba comme il l'a fait après avoir retraversé l'Atlantique, loin de « critiquer Castro », il se montre flatteur et solidaire. Et l'on comprend pourquoi, dans son livre, Bové préfère en priver le lecteur.

« José Bové, leader des paysans français, qui participe au Forum Mondial sur la souveraineté alimentaire, a souligné dans des déclarations exclusives au service français de Radio Havane Cuba les points suivants :

José Bové: "Je crois que ce n'est pas un hasard si aujourd'hui ce débat se poursuit ici à La Havane puisque La Havane vit dans une situation de crise depuis plus de quarante ans, que Cuba est dans une situation d'embargo causé par les Etats-Unis et que cet embargo a des conséquences tout à fait dramatiques en termes d'alimentation et en termes de santé publique.

"Donc, le fait que ce débat ait lieu ici a une portée symbolique très forte parce qu'il montre que le mouvement international des citoyens aujourd'hui reconnaît et défend le peuple cubain face à cette situation.

"En même temps, le fait que ce sommet se réunisse ici a une importance au niveau des institutions internationales puisque la première réunion qui s'est tenue en 1947 pour définir le droit international du commerce en y intégrant le travail et le droit du travail a eu pour siège La Havane et que les Etats-Unis à l'époque, dix ans avant la Révolution cubaine, avaient déjà dénoncé cette réunion internationale de La Havane et décidé d'en faire une autre à San Francisco et de créer le GATT.

"Donc, aujourd'hui, La Havane a un double sens qui est à la fois la défense des peuples qui sont victimes des impérialismes et en même temps le rappel historique que le droit international doit défendre les plus faibles face aux plus forts. »
(stopusa.be/scripts/index.php?section=CJ&langue=1&spes=tout&debut=0).

Bref, en juillet 2001 à Paris, Bové attaque Cuba.

En septembre 2001, à Cuba, Bové défend le peuple cubain victime des impérialismes. Il rappelle le droit du faible étranglé par l'embargo dramatique. Pour lui, le choix de La Havane pour le Forum a une très forte portée, doublement symbolique. Il fait un discours où il prétend que le dernier totalitarisme est le néolibéralisme. Comment Fidel Castro pouvait-il s'en agacer ?

En février 2002, loin de l'île, il la caricature dans un livre.

En septembre 2003, dans une émission télévisée de grande écoute, pour ne pas avoir à formuler sur Cuba un avis d'altermondialiste, il dit que Castro l'a expulsé. Il castre son altermondialisme pour rejoindre les néo-conservateurs incapables d'éjaculer une autre semence que celle du venin dans le dos des peuples pauvres qui luttent pour leur souveraineté.

En mars 2007, il récidive alors même que personne ne lui parle de Cuba, grisé par l'acceptation généralisée du mensonge, supputant le bénéfice qu'il peut électoralement en tirer, pariant sur l'ignorance des téléspectateurs, confiant dans la complicité des journalistes et de ses interlocuteurs.
José Bové a menti parce que ses mensonges pouvaient le servir dans sa marche vers l'Elysée, quel que soit le tort qu'ils occasionnaient à un pays du Tiers monde en lutte pour sa survie depuis 48 ans, au premier rang (et longtemps seul) face à l'Empire.
Il a donc bâti, pour la télévision, une mésaventure glorieuse qui, puisqu'elle ne s'est jamais produite, a échappé à la presse, à ses hagiographes, à son blog et jusqu'à lui-même quand il écrivait son livre avant de monter sur les plateaux de télévision.
L'impunité de son premier mensonge l'a convaincu que la récidive serait aisée : les médias ne diffuseraient jamais un démenti. Bien vu !
Mais il a commis l'erreur de mésestimer le rôle des cybermédias épris de vérité, des cybermilitants et d'un lectorat qui répercute les informations avérées.

La montée des forces capables de briser l'unipolarité du monde se fait au Sud (et pas en Europe, hélas !), dans des pays convaincus, par la résistance de Cuba, que tout pays peut rester debout, hasta la victoria siempre, face au géant belliqueux, qu'il est possible de vivre hors des diktats de l'Empire, du FMI, de la Banque mondiale. Le verrou cubain a rendu l'espoir à l'Amérique latine. Les USA perdent du terrain au Venezuela, en Bolivie, au Nicaragua, en Equateur, au Brésil, en Argentine, au Chili.

Aucun dirigeant d'un de ces pays, et quelles que soient les hétérogénéités politiques, ne cracherait sur Cuba comme l'a fait Bové.
Dans aucun de ces pays, Bové ne s'aviserait de tenir un meeting public pour lire des passages de son livre sur Cuba.
Dans aucune ruelle de La Havane il ne s'amuserait à révéler aux habitants que le Che leur apporte la folie.
Devant aucun journaliste français curieux et insistant il ne pourrait persister dans la fable de l'expulsion.
Devant aucun de ses « camarades » de l'Union des Coopératives cubaines, de Via Campesina, de l'Associacion Nacional de Agricultores Pequenos de Cuba qui ont participé au Forum avec lui il n'oserait répéter son mensonge.

Si Bové n'était qu'un menteur de plus dans l'échiquier politique, on se désolerait à peine. Il n'est pas digne de pleurer en public sur ses illusions perdues. Mais ces mensonges-là, l'anticubanisme primaire de son livre, montrent que, le nez dans son épi de maïs transgénique, il a fait l'économie d'une analyse globale de la mondialisation, des logiques anti-néolibérales, des alternatives naissantes, des contextes particuliers expliquant l'organisation de chaque pays, des solidarités nécessaires, des victoires engrangées par d'autres, souvent en rangs serrés autour de Cuba (jamais contre !) pour réduire l'Empire et, par là, sauver la planète.
Ceux que cet enjeu vital intéresse n'ont que faire d'un leader autoproclamé, qui se trompe parce qu'il a passé trop de temps à se médiatiser, et qui les trompe parce qu'il veut que son vedettariat booste sa carrière politique, priorité des priorités.
Le mérite historique du Bové présidentiable aura été d'infliger une leçon cuisante à ceux qui se rangent derrière un sauveur suprême, un homme providentiel, une icône fabriquée par les médias, un électron libre. Libre, puisque affranchi des règles de la vérité due à ses électeurs et de la loyauté envers les peuples en lutte.
J'ai abandonné à La Havane mon tee-shirt : « Le monde n'est pas une marchandise. Moi non plus ». Naguère, j'avais cru diffuser un slogan. J'étais l'homme sandwich d'un affabulateur myope gâté par l'ambition.

Maxime Vivas



Dernier livre paru (en phase avec cette polémique) : « Les Etats-Unis de mal empire. Ces leçons de résistance qui nous viennent du sud » avec Danielle Bleitrach et Viktor Dedaj. Aden éditions.

PS 1. En 2001, Bové s'est rendu au Brésil et à Cuba. Dans « Paysan du monde », il écrit qu'il a fait l'objet d'une décision d'expulsion (non exécutée et largement commentée par les médias.) DU BRESIL.

PS. 2. Lu dans l'Humanité du 27 septembre 2003 : José Bové : " Pas de carrière politique "

Le porte-parole de la Confédération paysanne, José Bové, a réaffirmé jeudi soir que son « objectif n'est pas de faire une carrière politique », tout en reconnaissant que son action s'inscrivait dans un débat politique. Interrogé sur une éventuelle candidature à l'élection présidentielle de 2007, lors de l'émission 100 minutes pour convaincre, sur France 2, José Bové a assuré : " Ça n'a aucun intérêt si je ne suis pas élu au premier tour. "
Même au second, ça sera dur, Joseph, surtout en écoeurant des gens comme moi qui, lors de ton procès à Millau après le démontage du MacDo en 1999, puis devant ta prison de Villeneuve-Lés-Maguelonne étaient venus physiquement te soutenir. Je t'ai envoyé un livre en prison, j'ai eu l'occasion de bavarder aimablement avec toi en présence d'un journaliste du Patriote Côte d'Azur au festival du livre de Mouans-Sartoux.
Je n'ai jamais écrit un mot sur la bataille des candidatures pour les présidentielles, ni exprimé le moindre avis. C'est dire que si j'interviens aujourd'hui, c'est uniquement parce que la coïncidence de mon voyage à Cuba avec ta récidive menteuse ne me laisse que ce choix, dicté par ma conscience et par ma vision politique du combat altermondialiste, laquelle ne survalorise pas la péripétie franco-française du 22 avril 2007.

PS. 3. Il est désolant que, parmi les journalistes écoutant par deux fois Bové parler d'un événement qui leur avait échappé à tous, aucun n'ait vérifié et démenti, au nom de la vérité qui nous est due et hors de laquelle les médias sont aspirés par les bonimenteurs dans le siphon de leur discrédit.

PS. 4. Les revues Silence (N° 341 du 12 décembre 2006) et Décroissance (N° 33 de septembre 2006), le quotidien Le Monde (du 26 juin 2006) nous apprennent que José Bové est conseillé par le publicitaire Denis Pingaud de la multinationale Euro-RSCG C&O qui compte pour clients : Carrefour, Citroën, Peugeot, Danone Group, Canal +, l'Oréal, Airbus, LVMH, Kraft foods Group.
Quitte-les José, ils te détruisent ! Déchire ton image télévisuelle et livresque. Redeviens celui qui nous a fait rêver et que décrit si bien. Granma.

PS. 5. Bien entendu, en commentaires hostiles à ce texte, nous aurons ceux qui vont se déchaîner contre Cuba (hors du sujet : les mensonges de Bové), ceux qui vont hurler à l'attaque contre un candidat altermondialiste, et enfin les attaques contre l'auteur.


CUBA SOLIDARITY PROJECT
http://vdedaj.club.fr/spip/
"Lorsque les Etats-Unis sont venus chercher Cuba,
nous n'avons rien dit, nous n'étions pas Cubains."

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