Puisqu'on y est, remettons-en une louche!
AUX ELECTEURS DE GAUCHE TENTES PAR LE VOTE BAYROU
Il y a une proximité difficilement contestable de leurs programmes(Sarkozy et Bayrou /NDLR) et un tronc commun ultralibéral. Ce n’est pas pour rien que ces deux là étaient d’ardents défenseurs du Oui au projet de constitution européenne. La mise à nu de cette proximité reste à faire. Elle est masquée par tous ceux qui rêvent de faire de Bayrou l’opposant idéal, celui dont les milieux d’affaire n’ont absolument rien à craindre.
Mais cette clarification des programmes, nécessaire, n’est pas suffisante. Les électeurs de gauche ou les nouveaux inscrits qui envisagent le vote Bayrou n’ont certes pas tous conscience du danger de son programme car il en a bien un, contrairement à ce que disent Royal ou Strauss-Kahn. Mais pour certains, le problème n’est plus là. Déçus par la gauche, notamment par la candidate susceptible de la représenter au second tour, ou convaincus par les sondages de sa défaite programmée face à Sarkozy, ils pensent pouvoir instrumentaliser le vote Bayrou à bon compte, sans danger, juste au nom du « tout sauf Sarko ».
C’est une triple erreur. Premièrement le programme Bayrou n’est pas aussi inoffensif qu’il en a l’air. Deuxièmement il lui faudra trouver une majorité parlementaire. Soit il la trouvera à droite et nous aurons le programme commun UMP-UDF.
Sortie par la fenêtre, la politique de Sarkozy reviendra par la grande porte. Soit il tentera de débaucher une partie du PS mais ce sera toujours pour mener une politique libérale et fermer la porte cette fois à toute politique alternative réellement de gauche. Bayrou au pouvoir, c’est la mise en oeuvre d’une politique de droite assurée quelles que soient ses alliances. Enfin troisièmement, compte tenu des pouvoirs exorbitants dont dispose le président de la République, c’est donner à un homme seul une carte blanche bien dangereuse. A l’aune du pouvoir, les hommes providentiels font rarement de grands démocrates.
Alors que faire le 22 avril au premier tour de l’élection présidentielle ?
Baisser les bras et ouvrir le chemin du pouvoir à Sarkozy ? Choisir Bayrou pour s’en mordre les doigts plus tard ? Voter Royal sans y croire avec la peur au ventre que cette gauche mollassonne n’aille de nouveau dans le mur ? Tous ces calculs mènent à l’impasse. Une autre possibilité demeure pour tous ceux qui ne veulent pas mettre le 22 avril un mouchoir sur les exigences de changement. Faire mentir les sondages et muscler la gauche en faisant monter le vote Buffet, dont le programme, beaucoup le reconnaissent, est à la hauteur. « Vous rêvez » nous serine-t-on. Mais qui a une meilleure idée ?