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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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12 avril 2008 6 12 /04 /avril /2008 14:52

                               


Marwan Barghouti écrit à Shalom Arshav : "Les Palestiniens sont prêts à un compromis historique"

Yediot Aharonot, 8 avril 2008

http://www.ynet.co.il/articles/0,73...

Traduction : Gérard Eizenberg pour La Paix Maintenant

Le haut responsable du Fatah Marwan Barghouti, emprisonné en Israël, a adressé une lettre à Shalom Arshav (La Paix Maintenant), qui marque aujourd’hui son 30e anniversaire. Dans cette lettre, il appelle Israël à signer un traité de paix avec Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne. "Offrons à vos enfants et aux nôtres une vie sans la menace de guerres et de massacres." Cette lettre sera lue ce soir par Qaddoura Farès à l’occasion de la manifestation qu’organise Shalom Arshav à Tel-Aviv pour marquer ses 30 ans.

"Je vous écris depuis le sombre petit cachot où je suis emprisonné par les forces d’occupation, avec 11.000 autres prisonniers, dont des femmes et des enfants. Certains n’ont fait l’objet d’aucun jugement, d’autres sont emprisonnés depuis plusieurs dizaines d’années", écrit Marwan Barghouti, ancien commandant des "Tanzim" aux militants de Shalom Arshav.

"Mû par la douleur et les souffrances endurées par le peuple palestinien durant 40 années d’occupation militaire, je vous adresse mon salut et mes encouragements. La création de votre mouvement, il y a 30 ans, nous a donné l’espoir qu’il existe en Israël un groupe qui s’oppose à l’occupation, à la colonisation et à l’oppression du peuple palestinien. Qu’il existe un groupe qui appelle à la paix entre les peuples et qui soutient le droit des Palestiniens à créer un Etat indépendant dans les frontières de 67 avec Jérusalem Est pour capitale."

Dans sa lettre, Marwan Barghouti évoque le "document des prisonniers" [1] et affirme : "Nous, dirigeants des différents groupes du peuple palestinien, avons pris l’initiative d’un plan de paix unique en son genre dans l’histoire du mouvement palestinien, initiative connue sous l’appellation « document des prisonniers ». A côté de la signature du Fatah figurent celles de membres du Hamas, du Jihad islamique et de toutes les composantes de l’OLP. Ce document affirme clairement que l’objectif du mouvement palestinien consiste en la fin de l’occupation des territoires conquis en 1967, la création d’un Etat palestinien avec Jérusalem Est pour capitale, et une solution au problème des réfugiés conforme au droit international."

L’ancien dirigeant du Fatah précise encore que le document donne mandat au président de l’Autorité palestinienne pour mener les négociations avec l’Etat d’Israël en vue d’un accord définitif. "Cet accord sera soumis à un référendum. Pour la première fois, il montre la voie d’une négociation où la position palestinienne est unie."

"Moi, et avec moi la majorité écrasante du peuple palestinien, sommes prêts à un compromis historique fondé sur les décisions internationales, qui garantira deux Etats, un Etat d’Israël et un Etat palestinien, vivant côte à côte dans la paix et la sécurité. Nous sommes prêts à un compromis historique qui assurera à vos enfants comme aux nôtres une vie sans menace de guerres et de massacres. C’est la raison pour laquelle il faut parvenir le plus rapidement possible à un cessez-le-feu réciproque."

"Le peuple palestinien est avide de liberté, d’indépendance et de paix. C’est pourquoi il est vital de stopper immédiatement et totalement la colonisation et les expropriations, de rouvrir les institutions palestiniennes à Jérusalem, de démanteler les barrages routiers qui ont fait des territoires palestiniens un enfer et ont détruit l’économie palestinienne, d’arrêter la politique des assassinats et des arrestations, de lever le siège de Gaza, de rouvrir les passages frontaliers, d’instituer une période d’accalmie complète et de libérer les milliers de prisonniers."

[1] Voir "Des dirigeants du Fatah et du Hamas emprisonnés en Israël s’accordent sur une solution à deux Etats"

 

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12 avril 2008 6 12 /04 /avril /2008 14:29

 « Ne croyez pas une chose parce que beaucoup en parlent, ne croyez pas sur la foi des temps passés, ne croyez à rien sur la seule autorité de vos prêtres et de vos maîtres. Après examen, croyez ce que vous-même aurez expérimenté et reconnu raisonnable, qui sera conforme à votre bien et à celui des autres », le Bouddha_ 6ème siècle AC.

Une autre opinion sur les événements du Tibet et le matraquage médiatique. Celle de J.-L. Mélanchon, socialiste souvent à rebours du social-libéralisme affiché par le PS.

Je ne suis pas d’accord avec le boycott des jeux de pekin et la propagande anti chinoise

Par Jean-Luc Mélenchon

Je ne suis pas communiste chinois. Je ne le serai jamais. Mais je ne suis pas d’accord avec les manifestations en faveur du boycott des jeux olympiques. Je ne suis pas d’accord avec l’opération de Robert Ménard contre les jeux olympiques de Pékin. Je ne suis pas d’accord avec la réécriture de l’histoire de la Chine à laquelle toute cette opération donne lieu. Je ne partage pas du tout l’enthousiasme béat pour le Dalaï lama ni pour le régime qu’il incarne. Pour moi, le boycott des jeux est une agression injustifiée et insultante contre le peuple chinois. Si l’on voulait mettre en cause le régime de Pékin il fallait le faire au moment du choix de Pékin pour les jeux. Il ne fallait pas permettre à la Chine d’être candidate. Il fallait le dire en Chine. Ce qui se fait est une insulte gratuite et injustifiée contre les millions de chinois qui ont voulu et préparent activement les jeux. Pour moi il flotte un relent nauséabond de racisme sur cette marmitte !

UN PRETEXTE

Si un boycott devait être organisé, dans une logique agressive conséquente, ce n’est pas celui du sport qui est un moment d’ouverture et de fraternisation. Pourquoi pas plutôt celui des affaires et de la finance ? Naturellement aucun des activistes mondains actuels ne le propose ni n’entreprend quoi que ce soit dans ce sens. Si l’on devait vraiment se facher avec le gouvernement chinois, pourquoi le minimum de ce qui se fait dans les relations normales entre les nations ne se fait-il pas à cette occasion ? Le président de la République chinoise (combien de protestataires se soucient de savoir comment il s’appelle ?) a-t-il été approché ? Lui a -t-on demandé quelque chose ? Quoi ? Qu’a-t-il répondu ? Le premier ministre (combien se sont préoccupés de connaitre son nom ?) a-t-il été interpellé ? L’ambassadeur de Chine en France a-t-il été reçu et a-t-on eu un échange avec lui ? Qui s’en soucie ? Avec une morgue ressemblant à du racisme, on proteste contre un gouvernement dont on ne cite pas le nom des dirigeants, et dont on fait comme s’il n’existait pas. Pourquoi sinon parce qu’on pense par devers soi qu’il n’en est pas vraiment un. La superbe occidentale nie jusqu’au nom des gouvernants qui dirigent un peuple de un milliard quatre cent millions de personnes que l’on croit assez veules pour être maîtrisé par une simple police politique ! D’une façon générale je ressens, en voyant tout cela, l’écho du mépris des colons qui ont imposé en leur temps les armes à la main l’obligation pour les chinois de faire le commerce de l’opium ! Si la volonté est d’affronter le régime politique de Pékin, aucun des moyens employés n’est de nature à modifier quoi que ce soit d’autre que l’opinion occidentale déjà totalement formatée sur le sujet.

Donc les évènements du Tibet sont un prétexte. Un prétexte entièrement construit à l’usage d’un public conditionné par la répétition d’images qui visent à créé de l’évidence davantage que de la réflexion. Exemple : seule l’enquête « d’arrêt sur image » rapporte que les « évènements du Tibet » ont commencé par un pogrom de commerçants chinois par des « tibétains ». Dans quel pays au monde de tels évènements restent-ils sans suite répressive ? La vie d’un commerçant chinois a-t-elle moins de valeur que celle du manifestant « tibétain » qui l’assassine à coups de bâton dans la rue ? Bien de l’amitié pour les tibétains n’est qu’une variante nauséabonde du racisme contre les chinois. Elle se nourrit de tous les fantasmes que l’ignorance favorise. Que la répression ait été lourde est peut-être avéré. Comment l’apprécier ? Les seuls chiffres rabachés sont ceux du « gouvernement tibétain en exil ». Pourtant le gouvernement chinois, si j’ai bien entendu, annonce lui-même un nombre de blessés et de morts qui permet de comprendre qu’il y a eu une situation grave et sérieuse que les autorités admettent. Dans n’importe quelles circonstances ont essaierait de comparer les informations. On essaierait de comprendre l’enchainement des faits. Sinon autant dire que le gouvernement français de l’époque a ordonné de pousser deux jeunes dans un transformateur électrique à Clichy Sous Bois au motif qu’il avait alors une politique de main dure face aux banlieues. Personne n’oserait avancer une bêtise aussi infâme. Dans les émeutes urbaines américaines la répression a aussi la main lourde. Tout cela n’excuse rien. Mais cela permet de mettre des évènements en relation de comparaison.

UN PERSONNAGE SUSPECT

J’exprime les plus nettes réserves à propos de l’action politique de monsieur Robert Ménard, principal organisateur des manifestations anti chinoises. A présent, à propos du Tibet et des jeux olympiques, on ne voit que Robert Ménard. Il parle, parait il, au nom de « Reporters sans frontière ». Cette association est réduite à la personne de Robert Ménard. Bien des anciens membres du conseil d’administration pourraient en dire long au sujet des conceptions démocratiques de monsieur Ménard dans sa propre association. Quand je me suis trouvé sur le plateau de radio à France Culture où l’on m’interrogeait sur le sujet du Tibet et des jeux olympiques, messieurs Marc Kravetz et Alexandre Adler sont restés silencieux quand j’en suis venu au rôle de monsieur Ménard. Ils ne peuvent être soupçonnés de chercher à me complaire… Hors micro, les deux exprimaient des réserves marquées sur les méthodes du personnage de Robert Ménard. Maxime Vivas a établi une analyse documentée extrêmement inquiétante sur ce personnage et ses sources de financements. Quoiqu’il en soit, il semble qu’il remplace aussi dorénavant les syndicats de journalistes, l’association internationale des droits de l’homme, Amnesty et ainsi de suite. Parfois même il remplace le Dalaï lama. Robert Menard milite pour le boycott des jeux ce que ne fait pas le Dalaï lama. Celui-ci dit au contraire que le peuple chinois mérite les jeux. Robert Ménard est un défenseur des droits de l’homme à géométrie variable. A-t-il mené une seule action, même ultra symbolique, quand les Etats unis d’Amérique ont légalisé la torture ? A-t-il mené une seule action pour que les détenus de Guantanamo soient assistés d’avocat ? Robert Menard a un comportement qui soulève des questions sérieuses au sujet des motivations de son action.

LE REGIME THEOCRATIQUE EST INDEFENDABLE

A propos du Tibet. Le Tibet est chinois depuis le quatorzième siècle. Lhassa était sous autorité chinoise puis mandchoue avant que Besançon ou Dôle soient sous l’autorité des rois de France. Parler « d’invasion » en 1959 pour qualifier un évènement à l’intérieur de la révolution chinoise est aberrant. Dit-on que la France a « envahi » la Vendée quand les armées de notre République y sont entrées contre les insurgés royalistes du cru ? Le Dalaï Lama et les autres seigneurs tibétains ont accepté tout ce que la Chine communiste leur proposait et offrait, comme par exemple le poste de vice président de l’assemblée populaire que « sa sainteté » a occupé sans rechigner. Cela jusqu’au jour de 1956 où le régime communiste a décidé d’abolir le servage au Tibet et régions limitrophes. Dans une négation des traditions, que j’approuve entièrement, les communistes ont abrogé les codes qui classaient la population en trois catégories et neuf classes dont le prix de la vie était précisé, codes qui donnaient aux propriétaires de serfs et d’esclaves le droit de vie, de mort et de tortures sur eux. On n’évoque pas le satut des femmes sous ce régime là. Mais il est possible de se renseigner si l’on a le coeur bien accroché. L’autorité communiste a mis fin aux luttes violentes entre chefs locaux du prétendue paradis de la non violence ainsi qu’aux divers châtiments sanglants que les moines infligeaient à ceux qui contrevenaient aux règles religieuses dont ils étaient les gardiens. La version tibétaine de la Charria a pris fin avec les communistes. La révolte de 1959 fut préparée, armée, entretenue et financée par les USA dans le cadre de la guerre froide. Voila ce qu’il en est des traditions charmantes du régime du Dalaï Lama avant les communistes et de l’horrible « invasion » qui y a mis fin. Depuis, la scolarisation des enfants du Tibet concerne 81% d’entre eux là où il n’y en avait que 2% au temps bénis des traditions. Et l’espérance de vie dans l’enfer chinois contemporain prolonge la vie des esclaves de cette vallée de larmes de 35, 5 à 67 ans. En foi de quoi l’anéantissement des tibétain se manifeste par le doublement de la population tibétaine depuis 1959 faisant passer celle-ci de un million à deux millions et demi. Pour tout cela, la situation mérite mieux, davantage de circonspection, plus de respect pour les chinois que les clichés ridicules que colportent des gens qui ne voudraient ni pour eux, ni pour leur compagne ni pour leurs enfants d’un régime aussi lamentable que celui du roi des moines bouddhistes du Tibet. A l’heure actuelle je n’éprouve aucune sympathie pour « le gouvernement en exil du Tibet » dont sa sainteté est le décideur ultime sur pratiquement toutes les questions, où siège un nombre de membres de sa famille qu’il est tout à fait inhabituel de trouver dans un gouvernement, même en exil, sans parler de leur présence aux postes clefs de la finance et des affaires de cet exil. Je respecte le droit de sa sainteté de croire ce qu’elle veut et à ses partisans de même. Mais je m’accorde le droit d’être en désaccord total avec l’idée de leur régime théocratique. Je suis également hostile à l’embrigadement d’enfants dans les monastères. Je suis opposé à l’existence du servage. Je suis laïque partout et pour tous et donc totalement opposé à l’autorité politique des religieux, même de ceux que l’album "Tintin au Tibet" a rendu attendrissants et qui ne l’ont pourtant jamais été. Je désapprouve aussi les prises de position du "roi des moines" contre l’avortement et les homosexuels. Même non violentes et entourées de sourires assez séducteurs, ses déclarations sur ces deux sujets sont à mes yeux aussi archaïques que son projet politique théocratique. Je n’ai jamais soutenu l’Ayatollah Khomeiny, même quand j’étais contre le Shah d’Iran. Je ne soutiens pas davantage ni n’encourage le Dalaï Lama, ni dans sa religion qui ne me concerne pas, ni dans ses prétentions politiques que je désapprouve ni dans ses tentatives cecessionistes que je condamne. Je demande: pourquoi pour exercer sa religion et la diriger le Dalaï Lama aurait-il besoin d’un Etat ? Un Etat qui pour être constitué demanderait d’amputer la Chine du quart de sa surface! Son magistère moral et religieux actuel souffre-t-il de n’être assis sur aucune royauté ?

FAUTEUR DE GUERRE

En ce qui concerne le droit international et la géopolitique, le dossier du Tibet tel que présenté par ses partisans est un facteur de violences, de guerres et de déstabilisation aussi considérable que celui des Balkans. Quel genre de Tibet est défendu ? Le "grand Tibet" incluant des régions comme le Yunnan et le Sichuan, sur les territoires des anciens seigneurs de la terre où sont organisés des troubles en même temps qu’à Lhassa ? Bien sur, aucun de ceux qui s’agitent en ce moment ne se préoccupe de savoir de quoi il retourne à ce propos. Rien n’indique mieux le paternalisme néo colonial ni le racisme sous jacent à l’enthousiasme pro tibétain que l’indifférence à ces questions qui mettent en cause la vie de millions de personnes et des siècles d’histoire et de culture chinoise. J’ai lu que les athlètes français porteraient un maillot avec une déclaration un peu passe partout qui est présentée comme une protestation politique . Je sais très bien que l’inscription "pour un monde meilleur" ne mange pas plus de pain là bas qu’ici. Mais elle sera certainement vécue par les chinois du commun comme un acte injurieux si son motif pro dalai lama est connu. Peut-être est-il cependant aussi un peu hors limite des règles du sport international. Souvenons nous que la ligue européenne de natation a exclu des championnats d’europe de natation le nageur serbe Milorad Cavic parce qu’il portait lors des remises de médailles un tee-shirt sur lequel était écrit: "le Kosovo est serbe". Cela fera-t-il jurisprudence? Les champions français qui porteront un slogan annoncé comme politique seront-ils interdits de jeux ? Bien sûr que non ! Puisque le but c’est justement que le Tibet soit au chinois ce que le Kosovo a été aux serbes. Mais comme cela n’a rien de comparable, à part la volonté de dépeçage de l’ennemi et la mise en scène médiatique, il est fort probable que cela finisse à la confusion des agresseurs. Je le souhaite. Je suis un ami de la Chine. Et je sais que l’intéret de mon pays et ses valeurs ne sont pas du côté où l’on voudrait les entrainer.

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11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 15:52

            Deux articles, écrits à des dates differentes et qui ont pour sujet la sincérité de Reporters Sans Frontières.   Mais pour s'informer davantage, il est nécessaire de lire le dernier livre  de Maxime Vivas: « La face cachée de Reporters sans frontières. De la CIA aux Faucons du Pentagone » Editions Aden.
                                     
                                                                      ( U Cursinu Rossu)  

Quand Reporters Sans Frontières couvre la CIA

 

Lors des procès de La Havane, en 2003, Nestor Baguer a publiquement mis en cause Robert Ménard, qu’il a accusé de collusion avec les services secrets états-uniens. Dans la même période, Reporters sans frontières (RSF), dont M. Ménard est le directeur exécutif, a mené campagne contre le gouvernement cubain, qu’il accuse d’emprisonner les journalistes dissidents. Depuis lors, la polémique n’a cessé de s’envenimer jusqu’à ce que la journaliste états-unienne Diana Barahona, du Northern California Media Guild, franchisse un pas de plus en accusant Reporters sans frontières d’être financé par la NED/CIA et d’écrire ses rapports sous l’influence de l’administration Bush.

Nous avons relayé cette controverse sur notre site espagnol, Red Voltaire, et nous regrettons de l’avoir fait sans nuances. En effet, l’enquête de notre correspondant canadien, Jean-Guy Allard, et les vérifications de notre bureau français montrent que le financement direct de RSF par la NED/CIA est anecdotique et récent, de sorte qu’il n’a pas pu avoir d’influence sur son activité. Nous présentons donc nos excuses à Reporters sans frontières. Nous regrettons d’autant plus cette erreur qu’elle masque des faits fort surprenants.

Initialement conçue pour envoyer des reporters témoigner de l’action d’ONG humanitaires, Reporters sans frontières a évolué pour devenir une organisation internationale de soutien aux journalistes réprimés. L’association a été reconnue d’utilité publique par décret du Premier ministre Alain Juppé, le 19 septembre 1995. Ce statut lui a donné un accès plus facile aux financements publics qui représentent, dans les derniers comptes publiés [1] 778 000 euros. Ils proviennent des services du Premier ministre français, du ministère français des Affaires étrangères, de l’Agence intergouvernementale de la francophonie, de la Commission européenne, de l’OSCE et de l’UNESCO. RSF peut aussi compter sur le mécénat privé (FNAC, CFAO, Hewlett Packard, Fondation Hachette, Fondation EDF etc.) pour environ 285 000 euros. Toutefois, l’essentiel du budget provient de la générosité du public, notamment lors de la vente de l’album annuel pour la liberté de la presse et d’opérations spéciales, soit 2 125 000 euros sur un budget total de 3 474 122 euros.

Or, l’activité concrète de Reporters sans frontières est très éloignée de ce que les donateurs croient financer. Le fonds d’assistance aux journalistes opprimés, c’est-à-dire le paiement des honoraires des avocats des journalistes emprisonnés, le soutien matériel à leurs familles, le développement des Maisons des journalistes, tout cela qui représente le cœur de l’activité officielle de l’association et la raison de la générosité du public ne reçoit que... 7 % du budget général ! Vous avez bien lu : pour 1 euro donné pour les journalistes opprimés, seuls 7 centimes arrivent à destination.

Où passe donc le reste ?

La véritable activité de Reporters sans frontières est de conduire des campagnes politiques contre des cibles déterminées. Elles seraient légitimes si, comme la Fondation Soros [2], elle n’instrumentalisaient pas la liberté de la presse au point de l’évoquer pour justifier des violations graves du droit international. À titre d’exemple, RSF s’est félicité de l’enlèvement du président constitutionnel d’Haïti par les Forces spéciales états-uniennes appuyées par une logistique française [3], au motif que Jean-Bertrand Aristide aurait été un « prédateur de la liberté de la presse » ; un qualificatif étayé par une vision tronquée des évènements qui visait à faire passer le président haïtien pour le commanditaire de meurtres de journalistes. Force est d’observer que, ce faisant, Reporters sans frontières soutenait médiatiquement une opération dans laquelle le gouvernement français s’était fourvoyée, alors que ce même gouvernement français subventionnait l’association.

Le caractère idéologique des campagnes de Reporters sans frontières tourne parfois au ridicule. Ainsi, l’association s’est-elle indignée du projet de loi vénézuélien visant à soumettre les médias au droit général, mais elle ne s’est pas préoccupée du rôle du magnat de l’audiovisuel Gustavo Cisneros et de ses chaînes de télévision dans la tentative de coup d’État militaire pour renverser le président constitutionnel Hugo Chavez [4].

C’est en définitive à propos de Cuba que la polémique s’est cristalisée, tant il est vrai que RSF a fait de la dénonciation du régime castriste l’axe principal de ses campagnes. Selon l’association, les 21 journalistes emprisonnés dans l’île auraient été accusés abusivement d’espionnage au profit des États-Unis et seraient en réalité victimes de la répression gouvernementale. Pour lutter contre ce gouvernement, RSF a organisé diverses manifestations, dont une qui a mal tourné, le 14 avril 2003 devant l’ambassade de Cuba à Paris. Dans son enthousiasme, l’association a également troublé la session de la Commission des droits de l’homme, au siège de l’ONU à Genève. Ses militants avaient pris à partie la présidence libyenne de la Commission et molesté des diplomates. En conséquence, Reporters sans frontières a été suspendu pour un an de son statut d’observateur au Conseil économique et social (Ecosoc) de l’ONU. Robert Ménard n’a pas manqué de stigmatiser les dérives de cette commission, selon lui aux mains des spécialistes des violations des droits de l’homme. Pourtant, les sanctions à l’encontre de RSF ont été votées par des États parfaitement démocratiques comme l’Afrique du Sud, le Brésil ou le Bénin.

Interrogé par téléphone, Robert Ménard récuse les allégations selon lesquelles RSF aurait été acheté par l’argent de la NED/CIA [5] pour mener campagne contre Cuba. Il explique que l’association a demandé une subvention à l’Agence états-unienne pour venir en aide aux journalistes opprimés en Afrique et qu’elle a en définitive reçu seulement 40 000 dollars à la mi-janvier 2005. Dont acte.

Poursuivant la discussion, M. Ménard récuse également les accusations de notre collaborateur Jean-Guy Allard, par ailleurs journalistes à l’agence nationale Granma Internacional. Dans son ouvrage, Le Dossier Robert Ménard. Pourquoi Reporters sans frontières s’acharne sur Cuba, celui-ci relate les liens personnels étroits que le directeur exécutif de l’association entretient avec les milieux d’extrême droite anticastriste à Miami, notamment avec Nancy Pérez Crespo. Haussant la voix, il nous accuse de projeter des présupposés idéologiques sur les choses, alors que lui et son association s’astreindraient à la plus grande neutralité. Puis, il nous accuse d’accorder du crédit à de la « propagande communiste » (sic).

Vérification faite, Robert Ménard fréquente bien l’extrême droite de Miami et RSF est bien financé par le lobby anticastriste pour mener campagne contre Cuba. En 2002, Reporters sans frontières a signé un contrat, dont les termes ne sont pas connus, avec le Center for a Free Cuba, à l’issue duquel il a reçu une première subvention de 24 970 euros. Celle-ci a été augmentée à 59 201 euros pour 2003. Le montant 2004 n’est pas connu.

Le Center for a Free Cuba est une organisation créée pour renverser la révolution cubaine et restaurer le régime de Battista [6]. Elle est présidée par le patron des Rhums Bacardi, dirigée par l’ancien terroriste Frank Calzon, et articulée à une officine de la CIA, la Freedom House [7].

Le contrat signé avec le Center for a Free Cuba a été négocié en 2001 avec le responsable de l’époque de cette organisation : Otto Reich, le champion de la contre-révolution dans toute l’Amérique latine [8]. Le même Otto Reich, devenu secrétaire d’État adjoint pour l’hémisphère occidental, fut l’organisateur du coup d’État manqué contre le président élu Hugo Chavez ; puis, devenu émissaire spécial du président Bush, il supervisa l’opération d’enlèvement du président Jean-Bertrand Aristide.

RSF, c’est 7 % de soutien aux journalistes opprimés et 93 % de propagande impériale états-unienne.

 

 

Quand Robert Ménard, de Reporters sans frontières, suit les pas de Washington et légitime la torture

par LAMRANI Salim

4 septembre 2007


Robert Ménard, le secrétaire général de l’organisation parisienne Reporters sans frontières (RSF) depuis 1985, est un personnage extrêmement médiatique qui prétend défendre la « liberté de la presse » et qui se drape dans un discours humaniste plutôt apprécié de l’opinion publique. Grâce à la collusion des médias, Ménard est devenu un homme incontournable dans le monde de la presse.

Pourtant, ses actions sont loin de faire l’unanimité. Le manque flagrant d’impartialité dont fait preuve RSF a souvent été stigmatisé. L’organisation française, financée par les conglomérats économiques et financiers ainsi que par les Etats-Unis, comme l’a publiquement reconnu son secrétaire général, a mené des campagnes médiatiques curieusement similaires à l’agenda politique de la Maison-blanche. Ainsi, RSF, sous prétexte de défendre la liberté de la presse, s’en est pris respectivement à Cuba (1), a soutenu le coup d’Etat contre le président vénézuelien Hugo Chávez en avril 2002 (2), a implicitement approuvé l’invasion sanglante de l’Irak en 2003 (3), et a légitimé le coup d’Etat contre le président Jean-Bertrand Aristide à Haïti (4). Désormais, RSF mène une campagne médiatique spectaculaire contre la Chine et les jeux olympiques de Pékin de 2008 (5).

La proximité idéologique entre RSF et l’administration Bush est évidente à tel point que l’on se demande quels sont réellement les véritables objectifs de Robert Ménard. Les scandales de Guantanamo, d’Abu-Ghraïb et des prisons secrètes tenues par la CIA à travers le monde ont démontré que les troupes étasuniennes n’hésitaient pas à utiliser la torture pour arriver à leurs fins. Ces méthodes inhumaines et injustifiables ont été unanimement condamnées par l’ensemble de la communauté internationale.

En octobre 2006, le Congrès étasunien a franchi le pas et a approuvé un projet de loi légalisant la torture, en flagrante violation des principes même de la démocratie. La majorité républicaine ainsi que plusieurs élus démocrates de la Chambre des représentants et du Sénat ont autorisé l’utilisation des preuves obtenues sous la torture contre le « combattant ennemi illégal ». Le texte intitulé « loi des commissions militaires, 2006 » reconnaît l’existence de tribunaux secrets pour juger tout ressortissant étranger soupçonné de porter atteinte aux intérêts des Etats-Unis. L’accusé ne pourra pas prétendre au choix de son avocat, ni connaître les charges qui pèsent contre lui. De plus, les preuves présentées contre lui pourront rester secrètes. Bien évidemment, il pourra également être détenu sans pouvoir réclamer d’être présenté devant un juge, et ce indéfiniment. Il ne pourra pas contester la légalité de sa détention, ni les tortures dont il aura été victime (6).

La loi confère également au président étasunien « l’autorité [pour] interpréter la signification et l’application des conventions de Genève » prohibant la torture. Ces dernières ne pourront pas être invoquées « comme source de droit devant aucun tribunal des Etats-Unis ». La section V de la législation stipule que « personne ne pourra invoquer les conventions de Genève ni aucun de leurs protocoles dans une quelconque action d’habeas corpus ou tout autre acte civil ou toute poursuite judiciaire dans lesquels les États-Unis, un fonctionnaire en activité ou non, un employé, un membre des forces armées ou tout autre agent des États-Unis est partie en tant que source de droit ». En outre, « aucun tribunal, aucun juge n’aura le pouvoir d’entendre ou de prendre en considération une demande en assignation d’habeas corpus introduite par un ressortissant étranger (ou en son nom) qui est ou qui a été détenu par les États-Unis et qui a été considéré comme étant correctement détenu comme combattant ennemi ou en instance de cette qualification (7) ».

Non seulement cette loi liberticide, d’essence totalitaire, représente une menace pour n’importe quel citoyen du monde ne bénéficiant pas de la nationalité étasunienne, mais elle octroie une impunité totale aux responsables des traitements cruels, inhumains et dégradants. L’Union européenne et la France en particulier ont maintenu un silence scandaleux au sujet de cette législation. Que ce serait-il passé si la Chine, Cuba, l’Iran, la Russie ou le Venezuela avaient adopté une loi similaire ? Qui peut encore parler, en référence aux Etats-Unis, de modèle de démocratie ?

Lors de l’émission de radio « Contre-expertise » présenté par Xavier de la Porte sur France Culture le 16 août 2007 de 12h45 à 13h30, Robert Ménard, l’autoproclamé défenseur des droits de l’homme et des journalistes, a suivi les pas de son mécène et a légitimé l’utilisation de la torture, tenant des propos extrêmement préoccupants. Evoquant l’assassinat du journaliste étasunien Daniel Pearl, il a souligné qu’il était légitime de torturer des suspects pour sauver la vie d’innocents, reprenant l’argumentation des plus effroyables dictatures et bien sûr de l’administration Bush (8).

Ménard va même plus loin puisqu’il légitime même la torture contre les membres des familles des preneurs d’otages, c’est-à-dire contre des innocents. « Si c’était ma fille que l’on prenait en otage, il n’y aurait aucune limite, je vous le dis, je vous le dis, il n’y aurait aucune limite pour la torture ». Voici un extrait des propos tenus par le secrétaire général de RSF :

« La police pakistanaise va prendre les familles, vous entendez bien, les familles des preneurs d’otages en otage et vont torturer ces familles de preneurs d’otages pour obtenir les renseignements. Ils vont obtenir des renseignements. Ils arriveront trop tard pour sauver Daniel. Vous savez comment il a été égorgé et dans quelles conditions….

Où on arrête ? Est-ce que on accepte cette logique qui consiste à... puisqu’on pourrait le faire dans un certain nombre de cas "vous le prenez en otage, on le prend en otage ; vous les malmenez, on les malmène ; vous torturez, on torture…"

Qu’est ce qui justifie… Est-ce que pour libérer quelqu’un, on peut aller jusque là ? C’est une vraie question.

Et ça c’est la vie réelle, c’est ça, ce que dit à l’instant François : on n’est plus dans les idées, c’est plus des combats, c’est plus des principes. Moi je sais plus quoi penser. Parce que ça, ça arrive à Marianne Pearl, je ne dis pas, je ne dirai pas qu’ils ont eu tort de le faire parce que elle, elle a pensé que c’était bien de le faire, qu’il fallait faire ça, qu’il fallait sauver son mari ; elle était enceinte… pour le petit qui allait naître, tout était permis.

Et il fallait absolument le sauver et s’il fallait s’en prendre à un certain nombre de gens, on s’en prenait à un certain nombre de gens ; s’en prendre physiquement, vous avez compris, en les menaçant et en en torturant, quitte à en tuer un certain nombre.

Je sais plus, je suis perdu, parce qu’à un moment donné je ne sais plus où il faut arrêter, où il faut mettre le curseur. Qu’est-ce qui est acceptable et qu’est ce qui n’est pas acceptable ? Et en même temps, pour les familles de ceux qui ont été pris en otage, parce que ce sont souvent nos premiers interlocuteurs, à Reporters Sans Frontières ; légitimement, moi, si c’était ma fille que l’on prenait en otage, il n’y aurait aucune limite, je vous le dis, je vous le dis, il n’y aurait aucune limite pour la torture (9) ».

Comment peut-on prétendre défendre les droits de l’homme dès lors que l’on justifie une pratique aussi abominable et inhumaine que la torture ? Que reste-t-il de la crédibilité de Robert Ménard et de Reporters sans frontières – les deux étant tellement liés qu’il est de fait impossible de les dissocier – lorsqu’ils légitiment l’injustifiable ? Le secrétaire général de RSF a montré son vrai visage. Il ne défend pas la liberté de la presse mais les pratiques odieuses de la CIA. Mais est-ce bien surprenant sachant qu’il est financé par la National Endowment for Democracy (10) qui n’est rien d’autre que l’officine écran de l’agence selon le New York Times (11) ?

Notes

Salim Lamrani est enseignant, écrivain et journaliste français, spécialiste des relations entre Cuba et les Etats-Unis. Il a notamment publié Washington contre Cuba (Pantin : Le Temps des Cerises, 2005), Cuba face à l’Empire (Genève : Timeli, 2006) et Fidel Castro, Cuba et les Etats-Unis (Pantin : Le Temps des Cerises, 2006).

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11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 15:36
Lettre à Nicolas Sarkozy

Par Jean-Claude Lefort
Député honoraire

Paris, le 25 mars 2008

Monsieur Nicolas Sarkozy
Président de la République
Palais de l’Elysée
55, rue du faubourg Saint-Honoré
75008 Paris

Monsieur le Président de la République,

Je m’adresse à vous de manière très solennelle au sujet de la situation que vit l’un de nos compatriotes, le jeune Salah Hamouri, pour lequel vous avez déjà été saisi sans pour autant vous engager personnellement ni vous prononcer sur son cas.

Salah Hamouri est un jeune franco-palestinien de 23 ans qui habite en territoire palestinien occupé, au Nord de Jérusalem-Est. Sa mère est française, née Denise Guidoux. Son père, M. Hamouri, connaît la situation de tous palestiniens qui résident à Jérusalem-Est : il dispose d’une carte d’identité, dite de Jérusalem, mais sa nationalité n’est pas reconnue – il n’est donc légalement ni palestinien, ni israélien. Il est de fait « sans nationalité ».

Salah Hamouri, bien que franco-palestinien, est donc légalement français.

Ce jeune homme, étudiant en sociologie, a été arrêté il y a trois ans, le 13 mars 2005 exactement, à l’occasion d’un contrôle d’identité à l’un des nombreux « chekpoint » existants entre Jérusalem-Est et Ramallah.

Arrêté sans en connaître le motif – c’est ainsi que vivent journellement, sous occupation militaire, tous les palestiniens victimes d’humiliations et d’arbitraires inouïs –, il a été conduit en prison puis ensuite traduit devant le tribunal militaire israélien d’Ofer.

Le motif, notifié ultérieurement de ces décisions, est le suivant : être passé en voiture, trois mois plus tôt, devant le domicile d’un rabbin particulièrement extrémiste, M. Yossef Ovadia, qui est aussi le chef du parti Shass qui soutient le gouvernement de Monsieur Olmert. Ce fait est combiné avec l’accusation qu’il serait membre du FPLP.

Cela a conduit la « justice » militaire à estimer que cette affiliation (supposée) au FPLP était, à elle seule, la preuve accablante qu’il avait nécessairement des intentions « négatives » à l’encontre du rabbin. Pourtant celui-ci n’a été l’objet d’aucun acte attentatoire à sa personne ou à sa vie, à fortiori de la part de Salah.

Après une période de 45 jours d’interrogatoires « spéciaux », en isolement total, Salah Hamouri a, depuis 3 ans, comparu à 25 reprises devant le tribunal militaire qui cherche à établir non pas qu’il est l’auteur d’un délit quelconque (il n’y en a pas eu) mais qu’il est bien membre du FPLP et qu’à ce seul titre il avait donc obligatoirement des « intentions » négatives vis-à-vis de ce rabbin.

Toutes les audiences (25) ont été reportées faute de témoins pouvant accréditer cette appartenance politique attribuée à Salah. Les témoins annoncés n’étant pourtant pas insaisissables : ils étaient tous des prisonniers. Il ne s’en est pas trouvé un seul, en trois ans, pour venir ou être amené à la barre pour confirmer cette « accusation ».

Or samedi 22 mars dernier, j’étais informé que le Procureur du tribunal militaire proposait à la famille, par le biais de l’avocate de Salah, ce qu’il faut bien appeler un « marché » qui a été verbalement ainsi formulé : « 7 ans de prison. C’est à prendre ou à laisser et si vous laissez ce sera pire ».

Monsieur le Président de la République, au nom de la France et de la défense des droits de l’homme, vous ne pouvez pas accepter le sort totalement injuste ainsi infligé à l’un de nos compatriotes.

Vous vous êtes prononcé pour la libération du caporal Shalit, un jeune franco-israélien, dont vous avez reçu les parents. Vous avez aussi plaidé la grâce pour les responsables de l’Arche de Zoé. Pourquoi Salah Hamouri devrait-il, lui, ne pas être secouru alors qu’il n’a commis strictement aucun acte délictueux ?

Salah Hamouri est en vérité deux fois « otage ». Il est l’otage de l’occupation israélienne et de ses conséquences. Et il est l’otage de la politique intérieure israélienne en ce que son long emprisonnement permettrait de donner des gages au parti Shass afin de renforcer son soutien, actuellement fluctuant, à la politique de l’actuel gouvernement israélien.

La France ne peut pas accepter que l’un des ses enfants soit otage pour quelque « raison » que ce soit, fût-ce une raison d’Etat qui n’est, selon Madame Rama Yade, qu’un « certain état de la raison ».

Or force est de constater que, bien qu’alertés à diverses reprises sur cette situation inadmissible, les membres de votre gouvernement en charge plus directement de ce « type » de questions n’ont à aucun moment demandé, et exigé encore moins, la libération de Salah Hamouri.

Relativement aux deux autres cas évoqués on ne peut admettre ce « deux poids, deux mesures ».

Que l’Etat d’Israël soit un Etat ami de notre pays ne peut conduire la France à couvrir tous ses faits et gestes.

En l’occurrence il s’agit, ni plus ni moins, du respect des droits de l’Homme, respect et défense dont vous avez estimé qu’ils devaient dominer la politique étrangère de la France.

Dans ce cadre vous avez même déclaré être déterminé à aller « chercher partout dans le monde » tout citoyen français victime de l’arbitraire.

C’est pourquoi, Monsieur le Président de la République, toutes les autres voies utilisées vers les membres de votre gouvernement concernés s’étant révélées infructueuses, voir désinvoltes ( ce que je peux prouver mais ce n’est pas l’urgence aujourd’hui), je me tourne vers vous.

Vous êtes en effet désormais le dernier recours pour toutes celles et tous ceux qui, à commencer par la famille de Salah Hamouri, n’ont eu de cesse d’agir pour que la justice prévale également pour Salah Hamouri et pour que sa libération soit exigée et obtenue. Il a déjà fait trois ans de prison pour rien.

La prochaine audience où le jeune Salah est convoqué se tiendra dans la deuxième quinzaine du mois d’avril. Cela risque d’être la dernière avec l’annonce de la sentence : 7 ans de prison. Sept ans alors qu’il n’a rien fait et qu’un délit d’intention supposé est la seule « charge » qui pèse sur lui.

Vous avez des enfants, Monsieur le Président. Imaginez un instant ce que vous pourriez ressentir si l’un d’entre ceux-ci devait connaître pareille injustice et si la France le laissait « tomber ».

C’est pourquoi je vous demande, solennellement, d’intervenir auprès de qui de droit pour que Salah Hamouri recouvre la liberté et son droit de vivre sa jeunesse comme tout un chacun. Infliger injustement et arbitrairement 7 ans de prison à un jeune de 23 ans qui n’a rien fait, c’est de facto condamner sa liberté et sa jeunesse à une peine de mort.

La France ne peut être complice de tout cela. La France des Droits de l’Homme ne peut accepter l’inacceptable.

Dans l’attente de votre diligente intervention pour la libération de Salah,

Je vous pire de croire, Monsieur le Président de la République, en l’assurance de mes respectueuses salutations.

Jean-Claude Lefort
Député honoraire

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11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 15:32

Le Canard Enchaîné du 9 avril 2008 a révélé en page 3 que le Fonds de Réserve des Retraites (FRR) créé en 1999 par le Gouvernement Jospin, et géré par la Caisse des Dépôts et Consignations (CDC), venait de perdre 3.1 milliards d’euros suite à un placement boursier fort contestable et risqué.

Une note, dont un extrait est publié dans l’hebdomadaire, en date du 27 mars 2008, est pessimiste pour l’avenir et explique que "les risques portés par le FRR sont encore très concentrés sur les marchés actions, le rendant très vulnérable à un retournement" . En d’autres termes, les placements réalisés avec l’argent de ce Fonds ne sont pas sécurisés, et les pertes pourraient s’alourdir si la Bourse continuait à chuter et la crise à s’amplifier.

Contrairement à certaines interprétations journalistiques ou rumeurs,cette information n’a pas été réellement démentie par le FRR, qui s’est contenté de préciser que globalement, la performance annuelle du placement est bonne (6.3 % par an depuis 2003 selon le communiqué du FRR), et que le FRR n’a pas investi dans des "produits de titrisation" (c’est à dire, n’a pas investis sur des produits financiers directement liés aux subprimes).

Nous, salariés, chômeurs, retraités, nous rappelons au gestionnaire de ce fonds, ainsi qu’à l’Etat français que son devoir est avant tout d’assurer la pérennité et la viabilité de cette institution, de protéger ses contribuables, les salariés qui travaillent et cotisent en France, et non d’enrichir les banques ou les actionnaires privilégiés, ni les caïds des marchés boursiers.

Personne ne comprend que l’on puisse jouer ainsi avec les économies durement réalisées, dans un but de solidarité, sur des vies et des vies de travail, parfois pénibles et mal rémunérées, alors même que les salaires n’augmentent pas et que les régimes de retraites viennent d’être profondément modifiés, en défaveur des salariés !

Alors même que certains (200 personnes ? 500 personnes ? 1000 maximum ?) ont bénéficié récemment de 15 milliards de cadeaux fiscaux !

Pour celles et ceux d’entre nous qui sont syndiqués, nous exigeons également que les organisations syndicales de salariés représentées au FRR remplissent strictement leur mission de protection de nos intérêts, passés, présents et à venir, et ne s’improvisent pas "analystes financiers" ni "traders à la petite semaine".

Nous exigeons donc que la CDC et l’Etat trouvent immédiatement une solution à leurs frais (et pas à ceux du contribuable) pour dégager la somme actuellement présente au FRR et la placer dans des structures et des institutions sécurisées, sans penser à la rentabilité financière de cette somme d’argent, sans penser à l’utiliser comme une "simple ressource financière".

Nous exigeons aussi par la même occasion, que l’Etat tienne sa promesse d’abonder ce Fonds avec les recettes provenant des privatisations. Le Fonds devrait peser presque 300 milliards d’euros si le plan prévu avait été respecté annuellement depuis sa création, or, il ne comptabilise aujourd’hui que 30 milliards d’euros !

Enfin, nous interdisons formellement à l’Etat de toucher à ce Fonds de Réserve des Retraites avant 2020 et lui rappelons qu’il ne saurait servir à autre chose qu’à financer nos pensions.

Cet argent est NOTRE argent.

Nous l’avons cotisé, il a été prélevé sur notre travail et il doit servir à nos retraites !

ARRETEZ DE JOUER AVEC NOS VIES !
PAS TOUCHE A NOS RETRAITES !

Nb : Cette pétition sera adressée aux personnes concernées et notamment au Gouvernement, à la CDC et aux syndicats.

SIGNER LA PÉTITION :
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article=64550#sp64550

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11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 15:30

Silvio mon amour (vaff...) - Vidéo
Italie, législatives des 13 et 14 avril prochains...

En exclusivité mondiale et intergalactique sur Bellaciao, le collectif vous présente la première vidéo réalisée (des nuiiiiiitttss de labbbeeeuuurrr) par Sirieix, le Collectif Bellaciao, 3x0, Le Scarabée et cie enregistré et mixé @Farra Vox :
"Silvio mon amour"
(Sarko bling-bling remix’08)
A voir et écouter ici :
http://bellaciao.org/fr/spip.php?article64055

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11 avril 2008 5 11 /04 /avril /2008 15:26

LA NAKBA
60 ans de dépossession et de nettoyage ethnique

Fin 1947 : La résolution 181 des Nations unies adopte la partition de la Palestine mandataire en deux Etats : l´un doit être presque exclusivement peuplé d´Arabes ; dans l´autre, les Juifs, 1/3 de la population, seraient sur 56 % du territoire palestinien, alors qu´ils possédaient à peine 7% des terres.

Fin 1948 : Israël occupe 78 % de la Palestine : 530 villages palestiniens rasés, 805 067 Palestiniens devenus réfugiés dans des camps de réfugiés hors de ses frontières. L´Etat d´Israël se bâtit alors sur les terres des réfugiés Palestiniens. La Nakba est la conséquence d´une entreprise délibérée d´expulsion, de dépossession, celle du « nettoyage ethnique » de la Palestine.

2008 : La Nakba est toujours d´actualité : 5 millions de réfugiés, 11 mille prisonniers palestiniens; la politique du vol de la terre palestinienne se poursuit : colonisation, dépossession, et épuration ethnique est partout une réalité, à Jérusalem en particulier.
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10 avril 2008 4 10 /04 /avril /2008 16:14

                                                                                        

                            Le gouvernement va aider l’école privée en banlieue                              

   

                                                        

 

Le ministère de l’Education nationale va créer, puis alimenter, un fonds spécifique pour les établissements privés qui ouvrent des classes en banlieue difficile. Ce nouveau dispositif, dont Mediapart dévoile des détails, fait bondir les militants laïques à l’heure où les professeurs du public essuient d’importantes restrictions budgétaires.

Le ministère de l’Education nationale s’apprête à dégager des budgets inhabituels pour favoriser l’essor de l’enseignement catholique dans les quartiers défavorisés, bousculant ainsi les règles traditionnelles de financement de l’école privée, dictées par le principe de laïcité. Un véritable Fonds d’intervention spécifique, dont Mediapart dévoile les détails, sera bientôt mis en place rue de Grenelle, pour subventionner la création d’une cinquantaine de classes dans les cités dès septembre 2008, dans le cadre du plan "Espoir banlieues" annoncé par Nicolas Sarkozy, le 8 février.

« Cette décision, prise en catimini, risque de déclencher un conflit majeur avec les professeurs du public, prévient Daniel Robin, responsable des questions de laïcité au Snes-FSU, principal syndicat du secondaire. Nous n’accepterons pas que l’Etat supprime des postes en masse dans les ZEP [zones d’éducation prioritaire] et finance parallèlement l’arrivée d’établissements catholiques ! Nous venons de faire grève, je le rappelle, contre la liquidation de 11.200 postes à la rentrée prochaine ! La dernière fois qu’un gouvernement a prétendu favoriser le privé, un million de Français sont descendus dans la rue... ».

Critiquée pour sa concentration dans les centres-villes et sa mixité sociale défaillante (deux fois moins d’enfants boursiers que dans le public), le secteur privé sous contrat affichait depuis longtemps sa volonté de participer davantage à la lutte contre les inégalités, mais réclamait en contrepartie un coup de pouce budgétaire, des subsides supplémentaires. « Il faut nous faciliter la tâche », avait soufflé le nouveau "patron" de l’enseignement catholique, Eric de Labarre, lors de sa conférence de presse de rentrée 2007. C’est aujourd’hui chose faite.

Si le nombre d’établissements aidés par le « Fonds » reste limité, voire symbolique en 2008, la création de ce dispositif spécifique révèle la volonté présidentielle de faire bouger les lignes, et la détermination de l’école privée à « rénover » – plutôt redéfinir – ses relations avec les pouvoirs publics. « Nous sommes décomplexés », revendique aujourd’hui Fernand Girard, chargé du dossier auprès d’Eric de Labarre. « Nous aussi ! », répond sans ambages un conseiller de Xavier Darcos, ministre de l’Education nationale...

Des modalités nouvelles de financement

Les deux parties viennent donc de trouver un terrain d’entente, sur les contours du Fonds et les modalités de son financement. Sans surprise, les pouvoirs publics verseront aux établissements concernés une subvention de fonctionnement proportionnelle au nombre d’enfants inscrits (le "forfait d’externat") – une contribution obligatoire depuis la loi Debré de 1959. Mais l’Etat devrait également prendre en charge une sorte de "forfait d’internat", dans les cas où les élèves seront hébergés en pensionnat. Une petite révolution, puisque cette subvention particulière n’a jamais été prévue dans la réglementation Debré. En 1984, une loi l’avait exceptionnellement accordée à l’enseignement privé agricole, mais jamais les filières générales n’en avaient bénéficié. Comment le ministère compte-il donc s’y prendre, juridiquement, pour faire passer cette hardiesse ? Ne doit-il pas présenter un projet de loi ? « On regarde, ça n’est pas totalement bouclé », répond le conseiller de Xavier Darcos chargé de donner forme au nouveau dispositif avant le début du mois d’avril.

Par ailleurs, le Fonds assumera la rémunération des enseignants qui travaillent dans cette cinquantaine de classes. Une décision en conformité avec la lettre de la loi Debré, mais en contradiction avec une règle non-écrite, datant de 1985, qui précise que le nombre de professeurs alloués au privé dépend de la quantité attribuée au public. C’est la tradition dite du "80-20" : 80% des enseignants pour le public, 20% pour le privé. Quand le nombre de postes diminue dans le premier, il baisse en proportion dans le second. Une arithmétique déclinée inlassablement depuis plus de vingt ans. Or en créant le « Fonds », le gouvernement ébranle ce principe : les postes affectés à ce dispositif dépendraient d’une ligne budgétaire particulière, et viendraient s’ajouter aux 20% traditionnels. Leur nombre est faible, mais tout de même.

Fernand Girard, l’un des responsables de l’enseignement catholique, ne mâche d’ailleurs pas ses mots : « Le "80-20" n’est qu’une règle coutumière, qui ne figure dans aucune loi. Serions-nous au fin fond de l’Afrique ?! Nous sommes prêts à remettre tout ceci à plat. L’école privée ne travaille pas pour le catholicisme, pas pour remplir les églises, mais pour les jeunes de notre pays. » Dans le magazine confessionnel Famille chrétienne, Eric de Labarre déclarait aussi fin septembre : « Nous n’avons pas l’intention de nous laisser enfermer dans une logique de quotas. » Et glissait, en fin juriste : « La loi Debré est moins contraignante qu’on ne l’imagine trop souvent... ».

Sarkozy s’engage dès septembre 2007

La liste des ouvertures de classe soutenues par le Fonds sera donc bientôt fixée. Après que la direction de l’enseignement catholique a lancé en octobre un appel à candidatures, quelque 180 propositions sont remontées des diocèses ou congrégations. Fernand Girard, chargé d’effectuer un premier tri, devait proposer sa sélection ces jours-ci au cabinet du ministre. Parmi les heureux gagnants : sans doute des structures pédagogiques atypiques, dédiées aux élèves décrocheurs, telles que les Orphelins apprentis d’Auteuil ou les Ecoles de production de la région lyonnaise. Plusieurs établissements franciliens de centre-ville devraient par ailleurs inaugurer des annexes en ZEP, tandis que des collèges déjà implantés en banlieue baptiseront des classes supplémentaires. « Tout est ouvert », assure-t-on au cabinet de Xavier Darcos, « à condition que l’accent soit mis sur la mixité sociale. Ce n’est pas un cadeau que nous faisons au privé, plutôt un effort que nous lui demandons, dans le cadre de sa participation au service public d’éducation. » Fernand Girard, emballé, espère pousser l’avantage et précise qu’il demandera l’an prochain au ministère de revoir son plafond de 50 classes...

Mais comment ce projet a-t-il pu s’imposer ? Dès 2006, au cours d’une convention UMP consacrée à l’éducation, Emmanuelle Mignon, alors directrice des études du parti, confiait en coulisses : « Il faut trouver un moyen pour que les familles de banlieue puissent bénéficier des savoir-faire des établissements catholiques et d’un vrai choix entre école privée ou publique. » En 2007, Nicolas Sarkozy reprenait l’idée dans son programme présidentiel sans donner de détails, puis la déclinait, une fois élu, dans sa lettre de mission à Xavier Darcos, en deux lignes : « Vous ne dissuaderez pas les établissements privés de s’installer dans des quartiers en difficulté, au contraire »... Le président de la République a finalement reçu les dirigeants de l’école catholique le 7 septembre, pour en discuter : « En ressortant de l’Elysée, on s’est dit : "Cette fois, ça y est ! Il va nous aider". Simplement, on se savait pas encore quelle forme ça prendrait », confie aujourd’hui Fernand Girard. Manquait surtout une opportunité politique, une fenêtre de tir. Le plan "Espoir Banlieues" l’a justement fournie.

 

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8 avril 2008 2 08 /04 /avril /2008 13:21

 

          Bandera Rossa ne soutient aucunement la répression de la Chine dans sa province du Tibet.  Les appels à l'arrêt de la répression sont aussi les nôtres...

 Nous sommes, même,  totalement réfractaires  à l’idée de considérer la Chine comme un pays « socialiste ».
Un journaliste notait l’autre jour sur Arte que ce pays était même une sorte d’un eldorado pour les capitalistes.

Mais s’il suffisait de s’affubler d’une étiquette pour être ce que l’on dit… Les travaillistes britanniques seraient, alors, de gauche, les démocrates états-uniens contre la peine de mort et les croyants de toute obédience donneraient une partie de leurs biens aux pauvres…liste non exhaustive…


Nous voulons simplement faire remarquer combien cette notion de défense des droits de l’homme est élastique et utilisée par des groupes de pression,  qui investissent par ailleurs chez Coca-Cola, firme bien connue pour sa  pratique de la défense des droits de l'Homme...

 Les chinois pratiqueraient (ils pratiquent certainement) l’éradication de la culture tibétaine_ Mais qu'en est-il de la culture amérindienne aux Etats-Unis, de celle des Australiens de souche( « les « Aborigènes ») etc ...etc…?

 
Par exemple, l’indépendance du Tibet, mais pas celle de la Palestine ? Pourquoi ? Parce que le bouddhisme est tendance chez les bobos et pas l’Islam(ou le christianisme oriental) ? Et ces gens-là savent-ils exactement quelle était la situation sociale des tibétains soumis à leurs prêtres, avant « l’invasion » chinoise ?

Les tibétains tués par les forces de répressions chinoises sont-ils plus défendables que les enfants éradiqués au napalm israélien lors de l’agression contre le Liban ? Les Palestiniens de Gaza méritent-ils moins de considérations que les bonzes de Lhassa ?

Les Sahraouis réprimés depuis des décennies par le Maroc (pays où on va en vacances il faut le reconnaître) ne méritent-ils pas d’être libres eux aussi?…

 La défense des journalistes indépendants du pouvoir politique s’arrête-t-elle à l’entrée du bagne  où le journaliste Mumia Abu Jamal pourrit depuis 27 ans. 

Les 5 patriotes cubains emprisonnés aux Etats-Unis pour avoir recherché un criminel au service de la CIA et responsable du crash d’un avion de ligne, ne méritent-ils pas la considération d’organisations dites  humanitaires ?
 La liste serait longue….

                                                                                                                     


                                                                 

                                                                                                        u cursinu rossu

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8 avril 2008 2 08 /04 /avril /2008 09:06

« L’alignement européen sur Washington »

Salim Lamrani
L’Humanité, 15 mars 2008

1) Bernard Duraud : Dans votre récent ouvrage vous traitez de Cuba et de l'Europe. L' UE prétend jouer les arbitres en distribuant les bons et surtout les mauvais points. Quelles sont les raisons de son acharnement?

Salim Lamrani : Je vais citer les documents officiels de l’UE qui expliquent clairement cet acharnement contre Cuba. Le Conseil de l’Europe affirme être « préoccupé par le fait que le gouvernement cubain soit revenu sur certaines réformes menant à une timide ouverture économique. Le Conseil a déploré que ces restrictions aient encore réduit la latitude laissée aux initiatives privées ». En clair, l’Europe utilise la problématique des droits de l’homme, mais souhaite seulement le retour à un capitalisme d’ entreprise privée et l’implantation d’une économie de marché à Cuba.

2) BD :Peut-on parler d'un alignement sur la politique agressive de Washington ?

SL : C’est exact. L’UE est une puissance économique indéniable mais reste un nain diplomatique, incapable d’adopter une position constructive et indépendante de l’influence étasunienne. La Position commune adoptée en 1996 est une émanation de Washington et elle a été promue par José María Aznar, l’ancien Premier ministre espagnol. Elle s’aligne sur la politique agressive des Etats-Unis à l’égard de Cuba et est vouée à l’échec car La Havane n’est pas sensible au langage de la menace et n’accepte pas d’ ingérence dans ses affaires internes.

3) BD : En analysant les rapports d'Amnesty International vous montrez que les sanctions contre Cuba, sous couvert des droits de l'homme, ne tiennent pas la route. Pourquoi?

SL : Pour justifier sa politique hostile à l’égard de Cuba – la Position commune depuis 1996 et des sanctions politiques et diplomatiques depuis 2003 –, l’UE évoque la question des droits de l’homme. Le seul pays du continent américain victime d’une telle politique est Cuba. Or, selon les rapports d’Amnesty
International, le pays américain qui viole le moins les droits de l’homme est Cuba. Voici le premier paradoxe.

De la même manière, toujours selon AI, la quasi-totalité de l’ Europe présente une situation bien plus désastreuse que celle de Cuba. AI évoque des cas d’assassinat politique au Royaume-Uni, de torture et de traitement inhumain ou dégradant en Belgique et en France, d’utilisation de preuves obtenues sous la torture en Allemagne, de trafic d’êtres humains en Grèce, d’impunité suite à un crime commis par des agents de l’Etat en Espagne, d’enfants privés d’accès à l’éducation en raison de leur origine ethnique en Hongrie, de stérilisation forcée de femmes issues de minorités en République tchèque. Tout cela sur le continent des Lumières et de la Démocratie !

AI n’a jamais rapporté de faits similaires à l’encontre de Cuba même si elle y signale certaines violations. Ainsi, l’UE ne dispose d’aucune autorité morale pour donner des leçons sur les ndroits de l’homme à Cuba.

Par ailleurs, 135 pays membres, soit plus des 2/3 de l’Assemblée générale, ont choisi Cuba en mai 2006 pour intégrer le nouveau Conseil des droits de l’homme des Nations unies. En réalité, les Etats-Unis et l’Europe utilisent la problématique des droits de l ’homme comme prétexte et ont imposé une vision politisée de la réalité cubaine que le reste du monde ne partage aucunement.

4) BD : Comment voyez-vous l’avenir de Cuba ?

SL : Les spéculations autour de l’avenir de Cuba émanent d’un postulat inexact qui consiste à penser que le processus révolutionnaire cubain repose sur les épaules d’un seul homme, Fidel Castro. En réalité, il s’agit d’un processus profondément ancré au sein de la société cubaine, construit par près de quatre
générations de Cubains et qui est irréversible. Parler de transition serait une lourde erreur. Les Cubains n’ont strictement aucune envie de revenir à une économie de marché qui serait synonyme de remise en cause de leurs acquis sociaux et de leur souveraineté.

Entretien réalisé par Bernard Duraud.

Double Morale. Cuba l’Union européenne et les droits de l’homme.
Paris : Editions Estrella, 2008. 123 pages. 10€

Pour commander le livre, veuillez contacter
lamranisalim@yahoo.fr

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