Vendredi 13 août 2010 5 13 /08 /2010 21:41
[Où l'on verra si l'intégrisme chrétien ne vaut pas l'intégrisme musulman ou tout autre intégrisme religieux !(U cursinu Rossu)]
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/a-trop-melanger-les-genres-79491
Les américains auront vraiment tout raté en Afghanistan. Un épisode tragique le démontre une nouvelle fois : on vient de retrouver huit médecins d’une ONG (IAM-NOOR), cinq hommes, cinq américains (dont Tom Little, vieil habitué de la région, , qui a traversé les guerres précédentes) et trois femmes (dont une allemande et une anglaise), exécutés un par un "par des talibans" alors qu’ils avaient été extraits de leur véhicules, au Badakhshan, au nord-est de l’Afghanistan. Un assistant afghan a échappé au massacre "en récitant des versets du Coran" devant les talibans, précisent les médias. S’en suivent obligatoirement des commentaires immediats des médias sur la "sauvagerie" de ces mêmes talibans, et quelques remarques seulement sur les points étranges de l’attaque ou des déclarations successives et contradictoires des revendications de la tuerie. L’épisode démontre en fait tragiquement qu’on pouvait hélas s’y attendre un jour où l’autre, le Pentagone ayant un peu trop mélangé les genres, rendant les ONG désormais suspectes de connivence avec les troupes d’invasion et condamnant de la sorte ses représentants. Retour sur ce cheminement aberrant, cette confusion terrible qui rend aujourd’hui fort délicate toute aide humanitaire, sinon impossible.
L’armée américaine, on l’a vu, s’est affichée ouvertement en croisade religieuse, ce que le général Petraeus, lui-même en bon croyant, à laisser ouvertement faire, en prenant fait et cause pour un ouvrage critiqué sorti en 2008, "Under Orders : A Spiritual Handbook for Military Personnel," de l’aumônier William McCoy. Ses propos comme quoi il aurait voulu voir cet ouvrage "dans chaque paquetage" passaient difficilement. Je vous avais conté cette lente montée de la religion au sein de l’armée ici-même, il y a deux ans déjà. La conversion de l’armée montrée au grand jour avait abouti à des épisodes étonnants, comme celui en août 2007 de l’inculpation et de la condamnation de sept militaires de haut rang dont quatre généraux, parmi eux le Maj. Gen. Jack J. Catton Jr, accusés de prosélytisme outrancier auprès de leurs soldats. L’affaire tournait autour de "Christian Embassy", une association très bien implantée à Washington, dont le site internet affichait fièrement "je travaille pour le Pentagone," et son émanation "Campus Crusade for Christ" !! En 2006, le Gen. Jack J. Catton Jr avait clairement annoncé la couleur dans le mail envoyé au candidat républicain pour le Congrès, Bentley Rayburn,un général en retraite de l’Air Force. "Nous avons certainement besoin de chrétiens intégres ayant eu une expérience militaire au sein du Congrès. Et il joignait un message de Rayburn, qui, se référant aux débats du Congrès sur la religion à l’Académie de la Force aérienne écrivait : "Pour ceux d’entre nous qui sont chrétiens, il y a tout ceux dans la pièce d’à-côté, qui reconnaissent que nous avons besoin de plus d’influence chrétienne au Congrès. " A l’époque, Catton Jr était toujours en activité sur la base de Langley. Catton avait sollicité plus de 200 responsables militaires pour la campagne de Rayburn, et même envoyé un mail similaire à Boeing, alors que son rôle au sein de l’Air Combat Command était de se charger des commandes militaires, dont certaines à Boeing ! C’était à la fois du prosélytisme et à la fois de la concussion déguisée !
En juin 2009, les ravages de l’évangélisme chrétien vus par Mikey Weinstein au sein de l’armée US faisait un nouveau bond en avant avec la découverte en Irak de la distribution de bibles en arabe par un chapelain de 83 ans, Jim Ammerman, des bibles offertes avec comme dédicace de "tuer des gens pour Jésus" et de laisser entendre fortement qu’Obama "serait un musulman déguisé"... scandale immédiat au Pentagone et fureur à la Maison Blanche ! Des actes faisant suite à l’article ravageur de Jeff Sharlet d’Harper’s Bazaar intitulé "Jésus a tué Mohammed : la croisade pour une armée chrétienne" : à eux deux, la coupe débordait en effet. L’article y révélait d’étranges comportements au sein des militaires américains, notamment dans la brigade du 109th National Guard." En 2004, lors d’un raid un dimanche de Pâques sur les insurgés irakiens des Forces spéciales, les officiers, inspirés par une projection la veille du film de Mel Gibson « La Passion du Christ, avait écrit les mots : « Jésus a tué Mohammed » en arabe sur leurs chars Bradley et avait incité ses hommes à le crier en anglais et en Arabe pour apostropher les soldats irakiens recrutés avant de se lancer sur un attaque pour réprimer l’insurrection". On n’était pas loin du responsable fêlé du film de Coppola, le "fameux" Colonel Bill Kilgore, et de ses hélicoptères déversant par haut-parleurs la chevauchée des Walkyries et de sa séquence culte sur "l’odeur de napalm au petit matin" ! (La sentence citée est affichée en bas de ce texte en arabe). Que peut entraîner ce genre de comportement provocateur, sinon du ressentiment ? Qu’a fait l’armée pour réprimer ce genre d’excès ? Pas grand chose semble-t-il...
Une sorte de secte jouant l’ennemi intérieur au sein de l’armée s’est donc insidieusement installée, dûment décrite par un lieutenant colonel convaincu : "dans un discours prononcé par le lieutenant-colonel Greg Metzgar devant les membres de la Christian Fellowship - un groupe de 15 000 membres actifs à 80% dans les bases militaires - ce dernier soulignait : "les soldats chrétiens doivent toujours se considérer comme derrière les lignes ennemies, même dans leurs rangs, car chaque membre non enregistré par l’armée est un agent potentiel de "terrorisme spirituel". Etrange inversion des valeurs "terroristes" ! Le retour de "l’ennemi de l’intérieur ! Celui habilement dénoncé dans "With God On Our Side", la chanson hautement prémonitoire de Bob Dylan, devenue mythique avec Joan Baez (*) ! Une attitude perpétuée en 2010, au point que le gouvernement afghan avait dû faire une mise au point récemment encore : "en mai, le gouvernement afghan avait suspendu les opérations des ONG américaine Church World Service et norvégienne Norwegian Church Aid après la diffusion par une petite chaîne de télévision afghane d’images d’hommes récitant des prières chrétiennes en langue farsi et se faisant baptiser" précise France 24. Un danger évident pour l’armée, donc, que ces individus menant leur propre croisade religieuse en sous-main, ou que ses ONG venues évangéliser avant même d’aider. Une sorte de "True Religion", à toutes les sauces en quelque sorte ! Un danger surtout de déstabilisation idéologique, pour l’armée, le même rencontré à l’autre bout de l’océan par... Tsahal. L’humanitaire peut en effet se faire manipuler en effet. Un danger potentiel qui peut en cacher un autre encore plus grave...
Une croisade religieuse, en effet, qui peut amener à une autre, visiblement. Tel le recrutement de "suprémacists", autrement des soldats US ayant ouvertement affiché dans leur pays des idées néo-nazies.La coalition étant touchée aussi par le syndrome (mais nous y reviendrons bientôt avec d’autres exemples dont celui-ci, vu chez les troupes tchèques). Sans oublier l’imbécilité soldatesque menée à son paroxysme, attisée par ce racisme. L’humiliation journalière à faire subir aux enfants rencontrés lors de patrouilles, le lot commun de deux conflits ; visible hélas dans un nombre incalculable de vidéos. En 2008, on s’apercevait des dégâts avec les résultats d’une enquête sur le comportement inquiétants de certains soldats. "Le rapport du FBI donne les détails de plus d’une douzaine conclusions d’enquêtes et d’affaires pénales impliquant des anciens combattants en Irak et en Afghanistan ainsi que personnel en service actif qui se livraient à des activités extrémistes au cours des dernières années. Par exemple, en Septembre 2006, le chef du Celtic Chevaliers, une faction dissidente du centre du Hammerskins du Texas, une organisation nationale de skinheads racistes, avait prévu d’obtenir des armes à feu et d’es explosifs à partir d’un soldat de l’armée en service actif à Fort Hood, Texas. Ce soldat, qui a servi en Irak en 2006 et 2007, était un membre de l’Alliance nationale, un groupe néo-nazi". Voilà qui était bien inquiétant.
Le journaliste Matt Kennard qui révélait les actions discutables prouvait facilement les liens entre des militaires US en action en Irak ou en Afghanistan et des groupes néo-nazis avec lesquels ils correspondaient à distance. Des engagés ayant une idée derrière la tête, visiblement, inquiétante pour la sécurité intérieure des Etats-Unis : "un des membres de Blood & Honour prétendant être en service actif soldat prenant part à des opérations de combat en Irak s’est identifié à Kennard comme étant Jacob Berg. Il n’a pas divulgué son grade ou la division de son service. « Il ya effectivement beaucoup plus de« skinheads »,« nazis », de "blancs suprémacistes" maintenant chez les militaires qu’il n’y en a eu auparavant pendant longtemps », écrit Berg dans un échange d’e-mail avec Kennard." Les racistes américains sont effectivement entrés dans l’armée en quantité maintenant parce que si n’étions pas là, ceux qui sont déjà en place auront pitié des "noirs des sables" quand il s’agira d’en tuer. Oui, j’ai tué des femmes, oui, j’ai tué des enfants, et oui, j’ai tué des personnes âgées. Mais la principale raison pour laquelle je suis tellement fier d’avoir tué c’est parce qu’avec le meurtre d’un "brun" de nombreux blancs vivront pour voir une nouvelle aube. " Propos révoltants. Chez eux, l’élection d’un Obama n’a strictement rien entamé de leurs convictions racistes... hélas !
Ces propos calamiteux impliquent le problème du retour au pays de pareils zouaves note le journaliste : "le prestige que confère le mouvement extrémiste aux membres présentant une expérience militaire leur accorde la possibilité d’influencer au-delà de leur nombre. La plupart des groupes extrémistes ont certains membres militaires d’expérience, et ceux ayant une expérience militaire occupent souvent des postes d’autorité au sein des groupes auxquels ils appartiennent". La faille d’avoir recruté ce genre d’individu en raison de la baisse du nombre de volontaires risque de coûter fort cher aux USA. Revenus difficilement à la vie civile une fois libérés, ils vont aussitôt enfler les statistiques inquiétantes des agressions et des meurtres commis par les anciens GI de retour d’Irak ou d’Afghanistan. Le mot qui revient le plus est bien traumatisme. Quant à ceux encore en activité... on les retrouve, hélas... sur les réseaux sociaux !
Dans cette vision assez apocalyptique de l’armée d’invasion et d’occupation des deux pays, on peut comprendre l’exaspération créée chez certains. Pour ce qui est des ONG, c’est bien la confusion des genres qui est responsable des problèmes actuels : l’exemple de l’ONG italienne, acceptée même par les talibans, mais que l’on souhaiterait voir partir, avec des moyens dont je vous ai déjà parlé (à savoir de tenter de la mouiller dans un trafic d’armes !), ou celle des plus étranges ONG liées directement à des activités d’espionnage ne penche pas en la faveur d’un apaisement, loin de là. J’ai déjà écrit ici les ravages d’USAID, qui a toujours servi de paravent à la CIA et cela ne prêche pas davantage dans ce sens. Les huit médecins sont les victimes avant tout de ce système biaisé, ou une organisation gouvernementale et ses épiphénomènes, par son comportement et ses liens douteux avec le pouvoir américain qui ont "plombé" toutes les autres organisations non gouvernementales, à partir de là toutes suspectes de connivence avec les militaires. USAID, bien implanté dans la région, car à l’origine d’un circuit de bus entre Kaboul et Fayzabad, capitale de la province incriminée... ainsi que de la route qui y mène...
De même pour la bien trop impliquée "Development Alternatives Inc" ou DAI, dirigée par Jim Boomgard. Un organisme partie prenante d’une obscure "LGCD" ou "Afghanistan Local Governance and Community Development", dont le rôle principal consiste à "promouvoir la démocratie" comme on a pu le faire dans d’autres pays récemment (notamment en Moldavie), en mélangeant les urnes avec l’aide humanitaire. La politisation évidente de ce genre d’ONG, qui se mêle ouvertement des élections dans le pays, quitte même à "booster" certains résultats est bien une tare fondamentale, qui renforce l’idée de l’ingérence politique des ONG. Résultat, les talibans, pas plus aveugles que d’autres, dénoncent à leur façon cette ingérence en s’en prenant en aux bureaux de Kudunz de la DAI. Le 2 juillet dernier avait été donné le premier coup de semonce avec l’attaque du bureau US de l’agence, en plein Kunduz. Les journalistes avaient pourtant prévenu : c’est bien l’absence de programmes civils qui était reproché : des militaires du génie bâtisseurs, c’est bien, mais ça renforce l’idée d’une occupation et non d’un développement du pays ! L’attaque suicide avait ravagé le bâtiment de la DAI, choisi parmi les bâtiments plutôt luxueux, réquisitionnés par l’armée : un endroit où beaucoup d’erreurs de tact avaient donc été commises. L’attaque avait eu lieu le jour même de l’arrivée de Petraeus à Kaboul : visiblement, il y avait un message à décrypter de cette violente action. On ne semble pas l’avoir fait.
Les talibans, qui ont à leur tour très certainement fait une bavure de taille, avaient donc lancé des alarmes non entendues et ont hésité à donner des explications véritables, en profitant plutôt pour asséner les griefs qu’ils reprochent depuis des années aux troupes d’occupation et leurs excès, que je viens de vous décrire. Dans une revendication confuse, ils ont tout d’abord parlé "d’évangélisation", de "bibles à bord des voitures", pour se raviser après et parler de "cartographie d’espionnage" à l’aide de téléphones GPRS. Leurs hésitations buttent sur un autre étrange fait. Les enquêteurs US ont aussi déjà évoqué la possibilité de pillards incontrôlés, qui auraient dépouillé leurs victimes avant de les abattre. Mais ces explications se heurtent à une chose flagrante : les trois 4x4, valant plusieurs milliers de dollars pièce (quoique criblés d’impacts paraît-il mais en Afghanistan ça se répare très vite !) ont été retrouvés abandonnés tels quels près des corps. C’est assez inexplicable, en cas de simple vol. Non, à ce jour, nous ne saurons pas les raisons exactes de la mort de ces huit humanitaires : mais nous pourront déjà conclure que ce n’est pas vraiment une surprise, tant les conditions créées depuis des mois pour éliminer les ONG des deux pays en guerre est patente.
Que les talibans s’en méfient est une chose que je viens de vous expliquer. Mais que le pouvoir US le fait également est aussi à noter : McCrystal avait été nommé car sa "spécialité" était l’assassinat ciblé, réalisés par ces forces spéciales. Une bonne partie d’entre elles sont des sous-traitants privés depuis longtemps, du type DynCorp ou Xe, successeur de Blackwater : des gens qui ont, on le sait, la gâchette facile, et ne portent pas l’uniforme obligatoirement. Une bavure dans ce camp est donc tout aussi possible : le secteur où les médecins circulaient étant le nord-est, fort dangereux car étant le lieu d’actions des drones et de ces fameuses troupes spéciales : les huit médecins auraient-ils vus quelque chose qu’ils n’auraient pas dû voir, auraient-ils été victimes d’une équipe d’assassins pas nécessairement du camp taliban, ou des effets secondaires de l’usage à cet endroit de drones ? Rien ne permet de l’affirmer davantage que la piste talibane, à vrai dire. Les explications du seul survivant semblant un peu trop téléphonées pour admettre une seule solution. En octobre 2009, un envoyé de l’ONU, Philip Alston, dénonçait clairement les bombardements effectués par les Predators dans cette région. L’homme parlait "d’éxécutions arbitraires" pour décrire ces actions : de quoi suggérer un fort ressentiment dans la population.
Pour certains observateurs, c’est ce ressentiment, justement, très fort dans la région, qui a condamné les médecins de l’ONG, jugés tous "américains" et donc assimilés aux lanceurs de drones assassins. Les talibans, surpris eux-même par l’attentat, on comme d’habitude cherché à récupérer l’affaire à leur profit en sortant des explications qui n’en n’étaient pas, dépassés par une bande incontrôlée de pillards, semble-t-il, ou par une action dont il ne maîtrisaient aucun élément. Une revendication confuse, signée Hizb-i-Islami Gulbuddin. A noter cependant que le responsable, Tom Little, comme le rappelle Eric Mathieu dans le Libé du 9 août avait déjà été prié de déguerpir en 2001 par les talibans pour "prosélytisme chrétien". S’en étaient-ils souvenus ? IAM était présente depuis 1966 en Afghanistan, sans pour autant afficher ouvertement sa préférence religieuse, selon ses responsables ! A être restés aussi longtemps, on est tout décidés à les croire. Car Gulbuddin Hekmatyar est avant tout un opportuniste, qui avait déjà revendiqué la mort des 10 soldats français en septembre 2008, sans qu’il n’y ait pour autant participé. Il est l’homme avec lequel tout le monde est obligé, néanmoins, de discuter : si Karzaï réintégre les talibans, un poste d’importance l’attend. Sa revendication peut difficilement être prise au sérieux. Hekmatyar est un vieil ami de la CIA, qui l’a puissamment armé au temps des soviétiques. "Historiquement, les liens entre le Hezb e-Islami de Hekmatyar et l’ISI sont connus : dans les années 1980 le groupe fondamentaliste d’Heykmatyar était utilisé par la CIA, au même titre que l’ISI dans la lutte contre les Soviétiques. Après leur départ, Hekmatyar s’est allié à d’autres chefs de guerre dans une haine commune des talibans".
La région est hyper-dangereuse, c’est pourquoi la présence de deux véhicules non annoncés à pu tourner au facilement au drame. Le New-York Times est là aussi pour rappeler le contenu des fichiers Wikileaks et les bavures possibles : "Les unités de commando secret comme la Task Force 373 - un groupe classé de l’Armée de terre coopérant avec les troupes spéciales de la marine - travaillent sur un schéma "capturer ou tuer" à partir d’une liste d’environ 70 hauts commandants des insurgés. Ces missions, qui ont été renforcées sous l’administration Obama, ont revendiqué des succès notables, mais ont parfois mal tourné, tuant des civils afghans et entretenant le ressentiment". La Task Force servant aussi à ramasser les morceaux de drone pour qu’ils ne tombent pas entre des mains étrangères, celle des talibans, qui les pistent .... en 4x4, sachant leur valeur auprès d’autres pays désireux de tout savoir sur eux ! Parfois, le drone devenu hors de contrôle est en effet abattu par un de ses propres collègues, un autre drone ! Sur les 65 perdus en avril 2009, 36 étaient dus à une erreur humaine ! Dans un tel environnement hostile, on imagine mal la présence de voitures d’ONG en effet, à moins de prendre des risques importants en toute connaissance de cause : dans ce cas, on se munit d’une escorte. Or ce n’a pas été le cas. "Sans gardes du corps" à cet endroit, cela pourrait être considéré comme frisant l’irresponsabilité, les militaires sont les premiers à le dire. La foi ne sauve pas de tout, visiblement. Ils ont fait une mauvaise rencontre, nos médecins, autour de Faizabad, pour sûr, mais laquelle exactement ? Dans un endroit où les américains avaient perdu huit soldats, leur "Forward Operating Base" la plus éloignée ayant été attaquée par une centaine de talibans, et où ils avaient fermés des points de contrôle, devenus trop dangereux, avec une logistique intenable et trop coûteuse. Face à des adversaires qui se renforçaient. Des militaires coincés dans des positions isolées devenues intenables (ici la vision de caméra de casque d’un soldat). Un coin, en bref, où personne d’autre qu’eux-mêmes ne pouvait assurer leur sécurité. Les américains, censés ne plus être présents à cet endroit préparaient-ils quelque chose contre l’ISI au même endroit ?
En définitive, cette exclusion progressive du théâtre de certains combats des véritables ONG, des deux côtés, est due en majeure partie à un mélange trop évident des genres, entretenus par les USA et leurs alliés de la coalition, qui ont transformé des ONG en allié direct des militaires ou ont transformé leurs soldats en aide humanitaire. Ils recueillent ainsi les fruits amers de leurs propres abus. Une confusion des genres extrêmement nocive et dangereuse, comme certains ne cessent de le crier depuis des années maintenant (dès 2002 des voix s’élevaient (**) pour arrêter cet amalgame à problèmes). A trop mélanger les genres... on récolte l’horreur.
(*) traduite et adaptée en 1965 par Hughes Aufray (extrait de l’album : Chante Dylan).
Mon nom ne veut rien dire
Mon âge encore moins
Je suis pour tout dire
Un bon citoyen
J’admets sans réplique
Ce qu’on m’a enseigné
Je sais qu’en Amérique
Dieu est à nos côtés
Je l’ai lu dans l’histoire
Les Américains
Se couvrirent de gloire
Contre les Indiens
Ils les massacrèrent
Le coeur bien en paix
La conscience claire
Et Dieu à leurs côtés
Après la seconde guerre
On nous a appris
Les Allemands de naguère
Deviennent nos amis
De toute une race humaine
S’ils ont fait un bûcher
C’est de l’histoire ancienne
Dieu est à leurs côtés
Nous avons les bombes
Les plus perfectionnées
Que saute le monde
S’il faut le faire sauter
Un levier qu’on bascule
Un bouton à pousser
N’ayons pas de scrupules
Dieu est à nos côtés
Il y a un mystère
Qui revient toujours
Jésus notre frère
Fut trahi un jour
C’est tout un problème
A vous de décider
Si Judas lui-même
Avait Dieu à ses côtés
Maintenant j’abandonne
Je suis trop fatigué
Ma tête résonne
Je cherche la paix
Que Dieu nous la donne
Cette paix méritée
Que Dieu nous la donne
S’il est à nos côtés
(**) "Pour minimiser les risques aux travailleurs humanitaires de brouiller les distinctions, il est essentiel que la transparence soit maintenue dans toute ingérence militaire dans les opérations civiles. Les soldats (et les agents de renseignement) ne doivent en aucun cas annoncer être des "travailleurs humanitaires en Afghanistan". En outre, tous les militaires impliqués dans la conduite d’opérations civiles doit être en uniforme et clairement identifiables en tant que soldats, à tout moment. Les humanitaires refuseront de la façon la plus vive à des soldats armés de s’habiller en civil afin de s’engager dans les programmes civils d’assistance".
Par valenton rouge