Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CHANTS REVOLUTIONNAIRES

Archives

8 août 2011 1 08 /08 /août /2011 13:02

                                                                   MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

 

Syrie : Slogans éculés et aube nouvelle

dimanche 7 août 2011 -   


Il n’y a pas moyen d’expliquer linéairement les divers événements qui ont saisi la société syrienne les derniers mois.

 

(JPG)
Manifestation à Talbiseh, vendredi dernier. Sans leadership clair et sans l’appui de la bourgeoisie urbaine, les opposants au président Bachar al-Assad ont encore des faiblesses, mais le régime vacille malgré tout - Photo : AP

Le 23 mars, les forces syriennes de sécurité ont tué jusqu’à 20 manifestants pacifiques et en ont blessé beaucoup plus. Depuis, la violence a atteint un tel niveau de brutalité et de sauvagerie qu’elle ne peut être comparée qu’au tristement célèbre massacre commis par le régime dans la ville de Hama en 1982

A en croire la conseillère du président, Buthaina Shaaban, une des politiciennes les plus éloquentes du monde arabe, une campagne de réforme systématique est en cours d’exécution en Syrie. Elle laisse aussi entendre que si certaines exigences des manifestants sont légitimes, la crise a été en grande partie fabriquée à l’étranger et est maintenant mise en oeuvre dans le pays par des bandes armées qui veulent semer le chaos. Selon les autorités,le seul but des manifestants est de saper le leadership de la Syrie dans la région et dans l’ensemble du monde arabe.

Effectivement, la Syrie a défendu, du moins en paroles, la cause de la résistance arabe. Elle a accueilli les factions de la résistance palestinienne qui refusaient de suivre la ligne USA-Israël. Bien que ces factions n’utilisent pas Damas comme base de résistance violente contre Israël, elles y disposent d’ une plate-forme relativement libre à partir de laquelle elles peuvent communiquer leurs idées. Israël, qui cherche à détruire toutes les formes de résistance palestinienne, enrage devant cette tribune.

La Syrie a également soutenu le Hezbollah, groupe de la résistance libanaise, qui a réussi à sortir Israël du Liban en 2000 et a fait échouer les efforts israéliens visant à gagner du terrain politique et militaire au Liban en 2006. Cette narration démontre aussi comment sa logique survit à l’aide de preuves palpables des tentatives menées au grand jour ou clandestinement pour saper son leadership du front appelé réjectionniste. Ce front, qui a refusé de céder devant l’hégémonie USA-israélienne dans la région, s’est déjà considérablement rétréci après l’invasion de l’Irak, la défaite de la Libye devant les diktats occidentaux et la mise à l’écart du Soudan.

Qui plus est, le gouvernement israélien a été vraiment déçu quand les USA n’ont pas visé la Syrie pendant sa frénésie de changement de régime qui a suivi l’invasion de l’Irak en 2003. Après tout, les fidèles amis néoconservateurs d’Israël - Richard Perle, Douglas Feith et David Wurmser-avaient inclus la « prise en mains de la Syrie » comme objectif culminant dans leur document de politique de 1996.

Intitulé « Rupture nette : nouvelle stratégie pour sécuriser le Royaume », le document avait pour but d’aider Benjamin Netanyahu à se débarasser de ses ennemis régionaux. Le document disait : « Etant donné la nature du régime de Damas, il est normal et moral qu’Israël abandonne le slogan "paix globale" et agisse pour contenir la Syrie, en attirant l’attention sur son programme d’armes de destruction massive et en rejetant les négociations de "Paix contre la terre" concernant les Hauteurs du Golan. »

La Syrie est également tombée dans la ligne de mire USA-israélienne à plus d’une occasion. La frappe aérienne israélienne appelée "Opération Verger" avait reçu le feu vert des USA. Sa cible était un prétendu réacteur nucléaire dans la région de Deir ez-Zor et une attaque aérienne étasunienne contre un village syrien en octobre 2008 dans laquelle des civils syriens ont été blessés ou tués.

Bien que selon la version syrienne officielle ces événements devraient justifier à eux seuls la dure répression de l’armée contre ceux qui manifestent en faveur de la démocratie, ce raisonnement est invalidé par la longue histoire d’hypocrisie, de double langage, de brutalité et d’une volonté réelle, bien que discrète, d’accommoder les pressions et les diktats occidentaux.

L’occupation par Israël du plateau du Golan syrien en juin 1967 n’a pas simplement touché la dynamique du pouvoir régional, elle a également créé une nouvelle atmosphère politique à Damas.

Ce fut Hafez Al-Assad , père de l’actuel président Bachar, qui tira profit du changement d’atmosphère pour renverser le président Nur Al-Din Al-Atasi. La nouvelle narration a triomphé ; elle ne visait pas simplement à reprendre à Israël les territoires syriens et les autres territoires arabes occupés, mais elle faisait aussi du régime Baathiste d’al-Assad le dirigeant du nouveau front arabe. Bien que la guerre de 1973 n’ait pas réussi à libérer le Golan de ses envahisseurs, et qu’il ait abouti à un « accord de désengagement » avec Israël en mai 1974, le langage officiel est resté plus enflammé et révolutionnaire que jamais.

Bizarrement, pendant près de quatre décennies, l’implication de la Syrie dans le conflit est restée largement théorique et la résistance a été uniquement le fait de petits groupes libanais et palestiniens. Il semble que la Syrie voulait être impliquée dans la région uniquement dans la mesure où elle restait un acteur visible, mais pas au point d’être confrontée à des répercussions violentes.

Ce fut de la part de Hafez un coup de maître qu’il forgea pendant trois décennies et que Bachar a appliqué ingénieusement pendant près de 11 ans. Essentiellement toutefois, la Syrie restait asservie au contexte de la famille au pouvoir, à la règle du parti unique et au classement sectaire remontant à l’occupation coloniale française en 1922.

Il est vrai que la Syrie a été et restera une cible pour les pressions occidentales. Mais il faut se rendre compte que ces pressions sont dictées par des politiques concernant uniquement Israël et qu’elles ne se préoccupent pas d’une dictature aux mains d’une famille qui assassine ouvertement des civils innocents de sang-froid.

En fait, il y a beaucoup de similitudes dans le comportement de l’armée syrienne et de l’armée israélienne. Le nombre de victimes de la rébellion en Syrie serait de 1600 morts et de 2000 blessés (Al-Jazeera, 27 juillet) et de près de 3000 disparus (CNN, 28 juillet).

Malheureusement, cette violence n’est pas récente et on ne peut pas dire qu’elle soit due à la crainte d’une conspiration internationale visant à saper le régime du Baath. Le soulèvement de Hama 1982, dont on évalue le nombre de victimes à entre 10.000 et 40.000, a été écrasé avec autant de violence si pas davantage.

Le régime syrien confond délibérément les narrations régionales avec la narration nationale et continue à exploiter un discours vieux de plusieurs dizaines d’années pour expliquer la manière inhumaine dont il traite les Syriens. Les civils continuent à subir la colère d’une seule famille soutenue par un seul parti politique.

Mais il n’y a qu’une manière de lire l’avenir de la Syrie. Le peuple syrien mérite une aube nouvelle de liberté, d’égalité, de justice sociale à l’abri de slogans creux, d’élites égoïstes et de criminels corrompus. Le peuple syrien mérite beaucoup mieux.

(JPG)

Ramzy Baroud (http://www.ramzybaroud.net) est un journaliste international et le directeur du site PalestineChronicle.com. Son dernier livre, Mon père était un combattant de la liberté : L’histoire vraie de Gaza (Pluto Press, London), peut être acheté sur Amazon.com.

Du même auteur :

-  Les médias arabes ne peuvent pas passer sous silence ce que les Africains subissent en Libye - 29 juillet 2011
-  Comment l’Autorité de Ramallah brade l’unité palestinienne - 20 juillet 2011
-  Yémen : une mobilisation exemplaire et qui ne faiblit pas - 14 juillet 2011
-  Le succès de son économie ne suffit pas à expliquer la réussite de la Turquie - 2 juillet 2011
-  « L’ouverture » de la frontière à Gaza : juste des mots ? - 19 juin 2011
-  D’une frappe de missile à une aire de jeu : la volonté de Gaza - 11 juin 2011
-  Retour à Nuseirat - 4 juin 2011
-  Bienvenue à Gaza ! - 29 mai 2011
-  L’unité palestinienne et le nouveau Moyen-Orient - 7 mai 2011
-  La leçon d’humanité de Vittorio - 20 avril 2011
-  Guerre contre la mémoire palestinienne : Israël résout son dilemme démocratique - 12 avril 2011
-  Palestine et société civile : une force montante - 19 mars 2011
-  « Shock and Awe » pour les néocons : les Arabes se soulèvent ! - 13 mars 2011

 

 

2 août 2011 - Cet article peut être consulté ici :
http://www.ramzybaroud.net/articles...
Traduction : Anne-Marie Goossens

                                                site:  Info-Palestine.net
Partager cet article
Repost0
8 août 2011 1 08 /08 /août /2011 12:51

 

                                                                                   ASSEMBLEE-CORSE.jpg

 

 

 

 

 

 

Question orale de Michel Stefani

Paradis fiscaux

La crise bancaire et financière n’en finit plus de dérouler ses effets dévastateurs sur l’économie mondiale. Depuis les « subprime » en 2008, nous avons vu des pays sombrer complètement et le parfum du jasmin s’étendre en Europe. En peu de temps après l’Islande et l’Irlande, la Grèce, le Portugal, l’Espagne et maintenant l’Italie sont pris dans la tourmente.

L’Europe capitaliste se lézarde alors que les Etats Unis ont une dette colossale de plus de 14 000 milliards de dollars. G20, G8, FMI, OMC, BCE, Agences de notation, les sigles et le vocabulaire ne varient pas, le principe qui consiste à « socialiser les pertes et privatiser les profits » non plus. « La main invisible des marchés » agit …

La colère populaire est d’autant plus compréhensible, justifiée, qu’il nous a été promis une «régulation» et une « moralisation » du système. En réalité, ce qui nous est imposé, c’est le pacte Euro plus assorti de l’obligation faite aux Etats membres d’inscrire dans leur constitution le respect des critères de convergence et la résorption des déficits publics.

Comme toujours, derrière cette définition, on trouve la dépense sociale utile et le droit à la retraite et à la santé, le droit aux transports publics et à l’énergie, le droit à l’éducation et à la culture… Pendant ce temps, on s’occupe toujours beaucoup des banques abondamment renflouées par l’argent public. Cela revient à faire payer deux fois les mêmes alors que ces

 

4

opérateurs de marchés financiers s’attaquent aux dettes souveraines donc aux Etat qui ont volé à leur secours.

Le Ministre Barnier nous explique volontiers que « le temps de la démocratie n’est pas celui des marchés financiers » et qu’ « il faut être patients ». Des mesures ont été prises nous dit-on pour surveiller les 8 600 banques européennes et comme les banques françaises ont brillamment passé les stress test, nous n’avons après tout pas trop de souci à nous faire même si la dette de la France la fragilise tant soit peu dans cet univers de rapaces financiers.

Le remède miracle aujourd’hui serait le fédéralisme impulsé par le très libéral M. Baroso et la nomination d’un ministre européen des finances proche du non moins libéral M. Trichet qui à la tête de la BCE mène une politique favorable à la frénésie spéculative et à la cupidité des opérateurs financiers. Après quoi les banques françaises, très impliquées en Grèce, pourront tranquillement continuer à spéculer et exiger des dirigeants de ce pays qu’ils écrasent leurs peuples d’austérité.

Alors me direz-vous où voulez vous en venir ? Eh bien là où notre collectivité peut, à l’échelle qui est la sienne, jouer un rôle et transformer les voeux pieux en actes concrets.

En ce sens, et c’est là ma question, seriez vous prêt Monsieur le président à prendre des mesures exigeantes de transparence qui participeront, à notre niveau, à la lutte de « moralisation » et à écarter systématiquement les entreprises ne garantissant pas la « traçabilité » des subventions versées par la CTC afin que cet argent public n’aille pas abonder les fonds très spéculatifs et opaques des paradis fiscaux ou inversement que les organismes prêteurs de la CTC ne lui imposent des produits financiers qui en proviennent ?

Dans ce cas il vous faudrait proposer une délibération le permettant comme plusieurs régions l’ont déjà fait.

Réponse de M. Giacobbi

:

Monsieur le Conseiller à l’Assemblée de Corse,

Vous connaissez l’intérêt que je porte à l’économie, et tout particulièrement au domaine bancaire et à celui de la finance internationale. Vous évoquez la crise profonde que traverse l’ensemble des pays développés et j’avoue partager vos inquiétudes. Pour ma part, j’ai eu l’occasion de m’exprimer à différentes reprises sur les difficultés auxquelles les principaux dirigeants de la planète étaient désormais confrontés et s’agissant de la crise, j’ai indiqué, et les faits m’ont donné raison, qu’elle est la plus grave que nous avons connu depuis celle de 1929. J’ai souligné qu’elle s’inscrivait dans le temps et qu’elle n’était pas un phénomène résultant de simples turbulences des marchés. Songeons que les Etats- Unis, première puissance économique mondiale, est au bord de la faillite et se trouvera en situation de défaut de paiement si le plafond de la dette n’est pas relevé d’ici le 2 août. L’Europe évolue également dans un contexte

 

5

particulièrement délicat et il est inutile que je m’étende plus avant, chacun d’entre vous étant averti de la gravité d’une crise dont les économistes le plus chevronnées peinent à entrevoir l’issue.

Néanmoins et comme vous le dites avec beaucoup de pertinence, elle écrase avant tout les populations, accélère leur paupérisation et fragilise les plus démunis. Face à cela, d’aucuns spéculent et s’enrichissent.

Alors de quelle marge de manoeuvre dispose donc la collectivité pour lutter, à son échelle, contre la fraude et l’opacité que vous dénoncez? Les agences et offices, et notamment l’ADEC qui est la plus concernée, veillent à ce que les fonds et les aides attribués n’aillent pas nourrir des sociétés implantés dans ce que vous dénoncez, à juste titre, comme des paradis fiscaux.

Mais, il convient, je vous le concède, de redoubler de vigilance et, dans cet esprit, je charge donc mon collègue Jean ZUCCARELLI de conduire une réflexion en ce sens et de proposer dans des délais très rapprochés une délibération susceptible de renforcer les contrôles et d’éviter d’éventuelles dérives préjudiciables à l’économie insulaire et aux habitants de l’île.

Je vous remercie.

***

 

Partager cet article
Repost0
8 août 2011 1 08 /08 /août /2011 12:45

                                                                     ASSEMBLEE-CORSE.jpg

 

 

 

 

Allocution d’ouverture du Président Dominique BUCCHINI

      

Mes chers collègues,

En préalable, je voudrais vous faire part du récent décès d’un agent de notre Collectivité, Madame Marie-Antoinette CASANOVA, et je renouvellerai en votre nom à tous nos sincères condoléances à sa famille.

Dans le même esprit, notre entière sympathie ira à nos collègues Jean-Guy TALAMONI, ainsi que Jean-Christophe ANGELINI, qui ont eux aussi été frappés par le deuil.

J’en viens à l’ordre du jour de cette séance, qui s’avère vous l’aurez constaté d’une particulière densité.

 

Je vous rappellerai, d’abord, un point de droit :

L’Assemblée siège actuellement en-dehors de ses deux périodes annuelles de session ordinaire : le code général des collectivités locales limite par conséquent la durée des réunions à quarante huit heures ; et au cas où nous n’aurions pas achevé nos travaux vendredi soir, une séance supplémentaire a donc été convoquée pour samedi.

Nous aurons à traiter, ensuite, plusieurs dossiers sensibles :

- les obligations de service public applicables au renouvellement des liaisons aériennes entre la Corse et le continent ;

- la prolongation de la concession actuelle du réseau ferroviaire, le temps de s’accorder sur un nouveau régime qui garantisse la pérennité de l’exploitation, tout en satisfaisant les intérêts des personnels comme des usagers ;

- la « feuille de route » proposée par l’Exécutif dans les domaines de la Culture et du Patrimoine ;

- la « feuille de route », également proposée par l’Exécutif, concernant la langue corse.

J’y ajoute la venue, vendredi à midi, du Ministre de la Santé Xavier BERTRAND, pour signer la convention d’objectif et de moyens en faveur de l’apprentissage sur les quatre prochaines années. Et je pourrai compléter avec notamment le projet de décret relatif à l’Etablissement Public Foncier.

Certains d’entre vous se plaignaient voici quelques mois de la minceur de l’ordre du jour, et d’autres plus récemment craignaient que notre hémicycle se transforme en succursale du « café du commerce ». Je crois qu’ils peuvent être aujourd’hui rassurés !

Le 26 juin, l’Assemblée engageait une politique ambitieuse en faveur du Foncier et du Logement, et un cadre de propositions de nature à stabiliser, enfin, le régime spécifique des droits de succession en Corse. Nous pouvons aujourd’hui étendre cette dynamique dans des domaines à forte valeur symbolique tels que la Culture, le Patrimoine et la Langue : non pas en demandant à chacun de renier ses convictions, ni de suivre à marche forcée, mais en parvenant à faire de ces sujets des vecteurs de convergences, qui réunissent nos concitoyens après les avoir parfois divisés.

Sur des dossiers tels que le chemin de fer ou les transports extérieurs, nous montrerons à l’opinion que nous pouvons aborder les difficultés et leur apporter des solutions concrètes.

Mes chers collègues, la crise économique et sociale perdure, et l’on exige beaucoup actuellement de nos concitoyens. Sachons ici leur redonner confiance et espoir, en faisant vivre un débat politique constructif, en renforçant une dynamique volontariste porteuse de solutions nouvelles, et en exerçant pleinement nos responsabilités. Au-delà de nos divergences légitimes, c’est ce que la population est en droit, me semble-t-il, d’attendre de notre action collective.

Un dernier mot, enfin, sur les conséquences à en tirer au niveau de l’organisation comme des moyens :

Comme on le voit, l’ordre du jour de nos séances publiques a tendance à s’alourdir au fur et à mesure des réformes et des transferts de compétence qu’elles induisent. Cette mandature, compte tenu de sa durée réduite, le vérifie sans doute davantage que les précédentes.

Il nous appartient de traduire cette inflation dans l’organisation interne du travail entre l’Assemblée, le Conseil Exécutif et le Conseil Economique, Social et Culturel qui vient d’être renouvelé. A cet égard, j’adresse nos chaleureuses félicitations à son Président, notre ami Henri 2

FRANCESCHI, en partageant son voeu de définir des relations de travail plus fécondes avec l’organe consultatif de la CTC.

La semaine dernière, j’ai réuni la commission permanente pour examiner les modifications qu’il conviendrait d’apporter, dans cet esprit, à notre règlement intérieur. Plusieurs thèmes on été abordés et après une nouvelle réunion, à la rentrée, j’espère que nous serons en mesure de vous soumettre nos propositions pour le mois de septembre.

Mes chers collègues, je ne saurai conclure sans évoquer la tragédie que vient de subir la Norvège.

Personne n’a été insensible au drame humain qui s’est joué dans ce pays réputé pour ses traditions démocratiques. Chacun pourra réfléchir aux effets que par ces temps de crise économique, l’intolérance, la haine de l’autre et la recherche de boucs-émissaires peuvent générer dans des esprits fragiles.

Mais aujourd’hui, je m’en tiendrais à vous proposer, en accord avec le Président du Conseil Exécutif, d’adresser via ses autorités un message de soutien au peuple norvégien.

***

Intervention d’Etienne Bastelica

Rapport 155 – Apprentissage

Monsieur le Président, mes chers collègues,

Ce nouveau contrat d’objectifs et de moyens concernant l’apprentissage pour la période 2011/2015 s’appuie sur une analyse des résultats du contrat précédent 2005/2010 qui montre des signes positifs.

L’augmentation de plus 52% du nombre de jeunes en apprentissage et le fait que 80% d’entre eux trouvent un emploi à l’issue de leur formation en fait incontestablement partie. De même, la diversité de l’offre de formation et des métiers accessibles, la baisse conséquente de l’absentéisme, ainsi que l’accroissement du niveau des diplômes obtenus prouvent que ce type de formation constitue une réelle solution.

Pour autant, cela ne peut masquer la réalité. Le taux de déscolarisation est bien supérieur à celui du continent et la proportion de jeunes sortants du système scolaire sans diplôme l’est également. A cela, s’ajoute l’aggravation du chômage qui les affecte particulièrement… Cette précarité et l’absence d’avenir, plus marqué encore par le marasme économique, renforce leurs inquiétudes.

Dans ces conditions, l’apprentissage est incontestablement une voie prometteuse, d’épanouissement et d’entrée réussie dans la vie active. Mais à l’évidence, il n’est pas la solution miracle. L’apprentissage reste trop souvent le choix de substitution après l’échec de la formation générale, une direction plus imposée que choisie. Dans ce cas, il faut veiller à ce qu’il ne devienne pas le cache-misère d’une Education Nationale à la peine.

Par ailleurs, la formation professionnelle et l’apprentissage sont des compétences pleines et entières de la Collectivité Territoriale de Corse, même si l’Etat participe financièrement. Il ne faut pas, austérité faisant loi, que l’Etat en profite pour se dédouaner de sa responsabilité dans le délabrement de l’école en pointant la réussite de l’apprentissage.

Nous l’avions déjà souligné lors du vote du précédent contrat voici six ans avec d’autant plus de force que pointait l’apprentissage à 14 ans, mettant en cause le principe fondamental de scolarisation des enfants jusqu’à l’âge de 16 ans.

On sait que le gouvernement et le MEDEF veulent adapter les enseignements afin de répondre aux exigences des entreprises en inversant les priorités entre épanouissement de l’homme et productivité. A ce moment-là, on ne forme plus des citoyens mais de la main d’oeuvre. Le gouvernement cherche, au nom de la RGPP aussi à diminuer les coûts en supprimant des postes d’enseignants et en fermant des classes. Cela n’est pas sans incidence en ce domaine où la CTC ne peut pallier ce désengagement. 3

S’agissant de ce nouveau contrat les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous nous inquiétons de voir réapparaître un contrat de préapprentissage, dénommé « parcours d’initiation aux métiers », dès l’âge de 15 ans. Nous y voyons une remise en cause d’un des progrès les plus importants, obtenu au début du siècle précédent contre le travail des enfants et l’analphabétisme. Ce type de mesure, sous couvert d’offrir rapidement un métier et un emploi, peut devenir un cheval de Troie contre ce droit acquis élémentaire.

Pour un apprentissage réussi le jeune concerné ne doit pas se sentir exploité dans un esprit de main d’oeuvre bon marchée mais valorisé par la perspective de promotion de déroulement de carrière ambitieux et reconnu par un salaire correct.

Les conclusions de l’étude sur les ruptures de contrats d’apprentissage montrent qu’elles interviennent surtout dans les métiers du bâtiment, de l’hôtellerie et la restauration en des raisons des conditions de travail.

Nous savons que ce sont des secteurs qui proposent nombre d’emploi dans l’île mais ce sont aussi des secteurs reconnus pour la pénibilité du travail et parfois les excès en terme d’horaires et le non respect du droit du travail. De fait les jeunes - très jeunes ! – abandonnent, dans des proportions non négligeables, ce type de formation.

Pour conclure, ce nouveau contrat propose des moyens matériels et humains, rationnels et concertés, prenant en compte les difficultés sociales et offrant de véritables perspectives pour nos jeunes. Cela dit, restons attentifs au fait que l’apprentissage doit rester une chance et non un palliatif à une Education Nationale elle-même étranglée.

Le Ministre nous dit ce matin que « pour améliorer la situation de l’emploi en Corse, il croit dur comme fer à l’apprentissage et aux contrats aidés ». Nous n’allons ouvrir le débat là-dessus. Pour autant nous restons convaincus que la CTC devra avec l’Etat, réfléchir à un développement du secteur secondaire pour créer de l’emploi stable en Corse.

***

Interventions de Michel Stefani

Obligations de service public – aérien – rapport 144

Nous délibérerons aujourd'hui afin d'adopter les obligations de service public (OSP) concernant la desserte aérienne de la Corse pour quatre ans à compter du 1er avril 2012. Inutile d’insister sur l’importance de cet acte politique essentiel qui découle des compétences de la CTC. Il est fréquent, dès lors que le mécontentement surgit, tant sur la desserte qu’à propos des capacités ou des tarifs de l’oublier.

Pour un territoire insulaire ou le lien avec le continent est vital aussi bien pour les déplacements individuels que pour le transport de marchandises, cette responsabilité majeur ne peut être assumée correctement qu’avec des moyens financiers correspondants. Or nous constatons que le gel de la dotation de continuité territoriale associé à une politique d’élargissement permanent de la desserte à la concurrence dans un contexte marqué par l’augmentation des coûts de combustibles rend cet exercice, déjà complexe au départ pour des raisons physiques et matérielles, plus compliqué encore pour des raisons financières.

Cela oblige à la plus grande vigilance. Le développement économique ne peut se comprendre sans la dimension sociale respectueuse des hommes et de leur environnement et les coûts incontournables que cela implique. Cependant les déficits constatés au delà des compensations financières nécessaires nous alertent sur la difficulté et le danger à terme d’une catastrophe économique et sociale sans précédent.

Le rapport le confirme en montrant que l’année 2009, la première de la DSP qui s’achève, s’est soldée par un déficit de 13,8 M€ sur Paris et de 0,8 M€ sur le bord à bord après compensation financière. L’audit du cabinet assistant à maîtrise d’ouvrage, souligne que les recettes inférieures de 12 % aux prévisions (11,7 M€), le coupon moyen inférieur de plus de 10 € et le recul de fréquentation de 3,4 % des lignes sont pour une grande part à l’origine de ce déficit. 4

Sur une recette prévisionnelle à 95.9 le réalisé est de 84.29, l’écart s’expliquant par l’effet conjugué de la baisse du coupon moyen (77.6 € contre 87.1) et du nombre de passagers (- 3.4%). Les deux sont pour une grande part à l’origine du déficit inattendu.

50 000 passagers de moins avec un coupon moyen de 77,6 € cela fait bien 3,8 M€ 4,3 M€ de pertes sèches avec un coupon à 87, 1 €. Pour autant le cabinet précise que le coût des charges à été maintenu par les délégataires « à un niveau conforme aux prévisions malgré des capacités offertes supérieures aux OSP contractuelles ». Nous sommes loin de la mauvaise volonté dont il est parfois et abusivement question. Pour ceux qui s’interrogent d’ailleurs il faut savoir qu’après demain pour ce week end particulièrement chargé 105 vols seront assurés par Air France avec deux 747.

En même temps, l’année 2009 correspond à l’entrée d’Easyjet sur la desserte de la Corse et à la vérification de ce que nous avions annoncé alors. L’aiguisement de la concurrence ne peut se faire qu’au détriment du service public et des opérateurs historiques Air France CCM aujourd’hui Air Corsica.

C’était également le moment où après la visite de Nicolas Sarkozy en octobre 2007 il y avait un élan très favorable à la déréglementation. C’était le temps du « bienvenue aux low cost » nous étions les seuls à nous y opposer précisément parce que ce modèle économique ultralibérale est prédateur du service public qu’il écrème à sa convenance. C’est d’autant plus vrai sur la desserte de la Corse, selon tous les modes de transport, que les volumes passagers restent stables.

L’expérience le montre Easyjet s’est positionnée en février 2009 sur la ligne Bastia/Paris, selon Mr Bachetta, de manière durable et quotidienne. Dans les faits cela s’est traduit dès le mois d’octobre 2010 par la suppression de 5 rotations par semaine. Il en sera de même sur la ligne Ajaccio/Paris où Easyjet s’est positionnée en juillet 2009.

Donc, 2009 est une mauvaise année et contrairement à ce que prévoit le cahier des charges nous ne disposons pas des rapports mensuels et annuels d’exécution de la DSP pour connaître la situation financière de l’exercice suivant et de l’exercice en cours. Le rapport de la CRC nous alertait pourtant sur cette carence dommageable puisqu’elle constitue un obstacle à la bonne administration de la continuité territoriale par les élus qui en ont la charge. Il est évident que la connaissance des résultats de 2010 et ceux de 2011 même partiellement est une aide à la décision.

Chacun comprend bien que dans le cas où ce déficit de 14 M€ s’est perpétué les deux années suivantes, peut être en s’aggravant, cette délibération ne pourra avoir le prolongement qui devrait être le sein, sauf si les opérateurs attendus ont une réserve financière qui le leur permette. Nous savons que ce n’est pas le cas. Deux solutions s’offrent à eux l’appel d’offres infructueux ou la révision à la baisse des OSP dans le cadre des négociations utiles. Sans aller à Canossa nous pensons qu’il faut éviter l’appel d’offres infructueux. En ce sens nous pensons qu’il faut redéfinir les principes de bases du projet d’OSP. Les amendements que nous avons déposés y contribueront dans la mesure bien sûr où ils seraient retenus.

Bien sûr il ne nous a pas échappé que vous proposez d’augmenter la surcharge bagages de 10 kilos pour les étudiants que la DSP passera de 3 à 4 ans l’intermodalité permettra aux usagers qui le souhaitent de se déplacer en changeant de mode se transport sans être pénalisés par une augmentation des tarifs… il y a comme cela quelques retouches qui, si elles étaient replacées dans une vision d’ensemble beaucoup moins concurrentielle, trouveraient pleinement leur sens.

En premier lieu nous pensons, compte tenu, de cette expérience depuis 2009 qu’il faut intégrer Roissy Charles de Gaulle à la DSP comme la réglementation européenne le permet, ne pas distinguer Corse du Sud et Haute Corse pour réduire le plus possible les risques de dumping, favoriser la réponse par groupements fonctionnels sur la desserte de Paris et la desserte de Bord à Bord incluant Marseille et Nice.

Nous savons que l’extension de la DSP sur Charles de Gaulle comme d’ailleurs la redéfinition de l’aéroport de Marignane comme plateforme ouverte à l’international seront facteurs de débouchés nouveaux et de renforcement du partenariat Air France Air Corsica.

Contrairement à ce qui est proposé réduire l’offre de base sur Paris Ajaccio-Bastia de 110 places pour un module de 140 ne correspond ni à la réalité ni aux besoins à la réalité parce que 5

aujourd’hui c’est 1050 places offertes et d’autre part parce que cela oblige à faire la desserte en A 319 au lieu de l’A320 dont on sait qu’il est le mieux adapté au transport de fret notamment celui de la Poste pour lequel Air Corsica est candidate. Cet appareil facilite la manutention et de ce fait coûte moins cher sur ce poste.

Dans le même esprit nous pensons qu’il faut harmoniser sur Calvi et Figari maintenir toute l’année le module de 140 places. Une saison avec un 100 places puis la suivante avec un 140 places risque d’avoir l’effet inverse à l’économie supposée.

Notre amendement consiste donc à rétablir le module de 140 places sur Calvi et remonter les capacités de base sur Bastia et Ajaccio à 950 places offertes et en reprenant le principe de mutualisation nous proposons, non pas de le limiter par département, mais de l’étendre aux quatre aéroports et de mettre en commun l’ensemble des capacités supplémentaires.

Ainsi, sous le contrôle de l’OTC en concertation avec les délégataires et les gestionnaires des aéroports une plus grande souplesse de gestion serait possible donnant plus d’efficience à la desserte avec des capacités modulables en fonctions des besoins recensés sur chaque aéroport.

S’agissant de la grille tarifaire nous savons, les résultats 2009 le confirme que la plus grande liberté, consentie en 2008 pour compensée la diminution de près de 6 M€ de la compensation financière n’a pas eu les effets escomptés. On peut même constater que l’agressivité commerciale d’Easyjet, souvent trompeuse, a pu se déployer avec plus de facilité.

Cette politique tarifaire, dissuasive pour les plus modestes, s’est traduite en 2009 par des augmentations de tarifs sans précédent. Le plein tarif de Paris vers la Corse augmentera donc de 80 € (21.5 %) et sera porté à 432 € hors taxe en été. De Marseille vers la Corse il augmentera de 12 € et sera porté l'été à 232 € hors taxe alors que de Nice il augmentera de 10 € et sera porté l'été à 232 € hors taxe.

Pour le tarif résident il augmentera de 10 € sur Paris et de 2 € sur le bord à bord. Quand aux tarifs dits typologiques ou promotionnels ils augmenteront de 20 € sur Paris pour un prix de billet pouvant atteindre l'été 204 € hors taxe, sur Marseille ils augmenteront de 6 € pour un prix de billet porté l'été à 116 € hors taxe et enfin sur Nice de 6 € pour un prix de billet porté l'été 110 € hors taxe.

Nos compatriotes qui vivent sur le continent protestent à juste raison face à ces augmentations. Or, la meilleure façon de combattre cette injustice est, comme nous le proposons un contingentement élargissant l'accès aux tarifs les plus avantageux. Je l’ai dit dans ce cadre l’avenir de la DSP sur la Corse est compromis surtout si comme le propose le rapport hors tarif résident, qui est maintenu sur Paris mais qui augmente sur le bord à bord de 4 €, les délégataires auront une liberté totale. On ne peut pas faire du service public aérien avec les méthodes low cost. C’est pourquoi nous proposons un amendement pour encadrer la politique tarifaire.

En conclusion il me semble nécessaire d’insister sur le contexte nouveau qui marque nos travaux et l’absence pour la première fois de marge de manoeuvres sur l’enveloppe de continuité territoriale puisque celle-ci est gelée et qu’elle enregistre une déficit. Incontestablement il faut prendre une double initiative en direction du gouvernement pour obtenir la réindexation de l’enveloppe et d’autre part sur l’Union européenne pour pouvoir sortir la desserte de la Corse, au regard de sa spécificité, des contraintes de la concurrence. C’est l’intérêt du service public des usagers et des salariés comme il est d’intérêt général de voir le partenariat Air France Air Corsica renfoncé. La situation tendue qui ressort à présent, après moins de dix ans de mise en oeuvre d’une politique libérale d’ouverture à la concurrence, y invite avec urgence.

 

Partager cet article
Repost0
8 août 2011 1 08 /08 /août /2011 12:39

                                                                      ASSEMBLEE-CORSE.jpg

 

 

 

 

 

 

 Motion déposée par Dominique Bucchini

Documentaire « Fuciliati in prima ligna »

CONSIDERANT que les fusillés pour l’exemple de la guerre 1914-1918 sont des victimes de la justice militaire, qu’ils furent injustement condamnés par des tribunaux militaires, dont les travaux entre autres du Général André Bach, Directeur du Service historique de la Défense, ont mis en exergue qu’il s’agissait d’une justice d’exception, ayant généré des sentences totalement arbitraires,

CONSIDERANT que le documentaire « Fucilati in prima ligna » de Jackie Poggioli, journaliste à France 3 Corse ViaStella, constitue un matériau de référence pour comprendre au travers du sort réservé à six soldats corses, l’arbitraire subi par des centaines de fusillés pour l’exemple,

CONSIDERANT que ce documentaire démontre que les soldats corses, pour la plupart peu francophones et illettrés, ont été particulièrement vulnérables face aux tribunaux militaires,

CONSIDERANT qu’il permet également de mesurer au travers de témoignages, la douleur et l’injuste indignité que supportent encore aujourd’hui les familles de ces soldats exécutés,

CONSIDERANT que cette douleur et cette injustice sont également vécues par les centaines de familles françaises dont les ascendants ont été victimes du même arbitraire et fusillés pour l’exemple,

CONSIDERANT que la réhabilitation, en France, de quelques soldats, dont Joseph Gabrielli de Pietraserena et Joseph Tomasini d’Aullène, notamment grâce à l’action de la Ligue des Droits de l’Homme et d’associations d’anciens combattants jusqu’aux années 1930, ne suffit pas à apaiser les mémoires, celles des familles concernées et celle de la République, en Corse comme sur l’ensemble du territoire français,

CONSIDERANT qu’à la veille du centenaire du début de la Grande Guerre, il est temps de faire oeuvre de justice et de rétablir l’histoire conformément à la réalité des faits,

L’ASSEMBLEE DE CORSE

SALUE ceux qui oeuvrent en Corse pour la justice et la vérité, notamment la section de Corse de la Ligue des Droits de l’Homme et l’association « Sylvestre Marchetti » qui porte le nom d’un fusillé pour l’exemple non réhabilité, et dont l’action a permis le retour de la dépouille dans son village natal, Tagliu Isulacciu, le 28 novembre 2011.

REND hommage aux habitants de Sarcus, dans la Somme, qui pendant 95 ans, ont entretenu dans le cimetière de cette commune, les tombes de Sylvestre Marchetti et de son compagnon d’infortune, Julien Lançon, également fusillé pour l’exemple.

DEMANDE que soit adoptée une loi qui permette la mise en place d'une commission permanente chargée d'établir certains faits concernant le sort de tous les soldats fusillés pour l'exemple non réhabilités. Cette commission serait composée d'historiens, de juristes, de représentants d'associations et du Service historique de la Défense. Elle examinerait des cas soumis par les familles, des associations ou des chercheurs. A l’issue de ces travaux, les noms de tous les réhabilités seraient inscrits, après accord des familles concernées, sur les monuments aux morts. L'inscription « mort pour la France » serait transcrite dans les registres d'état civil.

DEMANDE que cette commission prenne en compte les faits rapportés par le documentaire « Fucilati in prima ligna ».et que les soldats corses fusillés pour l’exemple, César-Antoine Bozzi-Colonna, François Guidicelli, Virgu Luigi et Sylvestre Marchetti, soient réhabilités.

ESTIME également que le nom de Virgu Luigi d’A Casabianca, pourrait être inscrit dès à présent sur le monument aux morts de son village natal, au vu des faits établis par Jackie Poggioli dans son documentaire.

SOUHAITE que les autres soldats victimes de l'arbitraire des tribunaux militaires pendant la Grande Guerre, des milliers déportés vers les bagnes, emprisonnés dans des forteresses militaires, soumis aux travaux forcés puissent bénéficier d'une procédure de réhabilitation sur la base de faits établis les concernant.

VEUT rappeler, pour sa part, la mémoire des victimes d’une exécution collective sommaire le 21 août 1914 : 39 soldats du 173ème régiment d’infanterie, engagés sur le front dans des conditions qui accusaient le haut commandement. En l’état actuel des connaissances historiques, l’Assemblée de Corse constate qu’il n’existe pas de trace d’un procédé de cet ordre dans un régiment métropolitain. Ce fait a été rapporté indirectement par le Commandant Jacquand dans un document révélé par Jackie Poggioli, qui relate également les comportements discriminatoires subis par les survivants du 173ème RI au lendemain du déclenchement de la bataille de Dieuze le 20 août 1914.

PROPOSE au Recteur de l'Académie de Corse et au Président de l’Université de Corse que le film « Fucilati in prima ligna » soit diffusé et débattu dans les lycées corses et à l’Université de Corse. Cette action pédagogique pourrait être programmée dans le cadre des cérémonies officielles du 11 novembre 2011.

Motion adoptée à l’unanimité.

***

Motion déposée par Michel Stefani

Crise sanitaire – bactérie E coli entéro-hémorragique (ECEH)

CONSIDERANT que l’apparition de la bactérie E. Coli entéro-hémorragique (Eceh) a mis en évidence les dérives d’une agriculture mondialisée et d’une recherche pharmaceutique et biologique désarmée face à ce type de crise sanitaire,

CONSIDERANT que sa propagation rapide et son caractère résistant confirment l’importance de travailler à de réelles pistes alternatives tant dans le secteur agricole et de la distribution que dans celui de la recherche pharmaceutique et biologique,

CONSIDERANT que ce type d’agriculture mondialisée soumise aux exigences des marchés et des spéculateurs produit fatalement, outre les famines, ces dérives meurtrières,

L’ASSEMBLEE DE CORSE

SOUHAITE que les ministres de l’agriculture et de la santé engagent une étude selon les quatre axes suivants :

relocaliser les productions agricoles et de les labelliser socialement et écologiquement pour que chacun mange à sa faim des produits de qualité ;

développer le principe du circuit court qui valorise la production de qualité et de proximité à des prix qui garantissent le revenu des agriculteurs et préservent le pouvoir d’achat des ménages ;

dégager la recherche, la production et la distribution de l’emprise financière qui nuit à la santé publique, au développement durable et à l’indépendance sanitaire ;

créer un véritable service public de la recherche et du médicament pour que celui-ci devienne un bien commun universel.

 

Motion adoptée à l’unanimité.

 

Partager cet article
Repost0
7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 16:23

                Des problèmes de connexions, fréquents dans le Cap Corse, nous ont fait "manquer" l'information du décès de notre camarade Léo Figuères.

                          [u Cursinu Rossu]

 

 

Décès de Léo Figuères

 

Vivelepcf – 1er août 2011

 

Nous apprenons à l’instant de nos camarades de Malakoff le décès brutal de Léopold Figuères à l’âge de 93 ans.

Notre tristesse est énorme. Notre pensée va tout de suite à toute sa famille, à ses camarades les plus proches.

Nous pensions pouvoir compter encore sur l’expérience, la capacité d’analyse, la détermination communiste, intactes jusqu’aux derniers instants, de notre éminent camarade.

Son dernier livre publié en 2010, «  Capitalisme, socialisme(s), commun110801_Figueres.jpg isme », sert aujourd’hui de document de référence pour la formation de communistes, notamment de jeunes communistes. De ces jeunes, ceux qui ont imposé au dernier congrès du MJCF le rétablissement de l’objectif du socialisme comme phase transitoire du changement de société, ne pouv aient que se retrouver avec Léo.

Le rôle de militant communiste ouvrier, de dirigeant, d’organisateur du PCF et de la JC de Léo Figuères est inestimable dès les années 1930, dans ses Pyrénées-Orientales d’origine, puis dans le Var et en Région Parisienne, au plan national ensuite. Il est témoin, acteur, animateur de toute la vie du Parti.

Il a été membre du Comité central de 1945 à 1976.

Ses activités dans la Résistance, ensuite dans le soutien à la lutte anticoloniale au Viêt-Nam, au nom du Parti (« Je reviens du Viêt-Nam libre »), lui valurent des années d’illégalité, qui valent bien les médailles d’autres.

Il fut député des Pyrénées-Orientales à la Libération. Comme élu, il sera surtout de 1965 à 1996 le maire communiste de Malakoff dont l’œuvre et la personnalité sont appréciées aujourd’hui encore de façon impressionnante par ses concitoyens. Il n’y avait qu’à le voir dans la Fête de la ville en juin 2011.

Grand dirigeant du Parti, Léo a été aussi un important théoricien.

Il a été directeur des Cahiers du communisme, auteur de très nombreux articles. Il a écrit de nombreux ouvrages dont « ce trotskysme, cet anti-léninisme » dont il nous avait suggéré qu’il avait une version actualisée « sous le coude ». 

Dès les années 80, il met en garde la haute direction du Parti contre les choix opportunistes qui n’allaient cesser de s’accuser. Ses archives personnelles remises, comme celles du Parti, aux archives départementales de Seine-Saint-Denis, en témoignent, comme documents de l’histoire présente.

Contre toutes les attaques de l’anticommunisme déchaîné, du révisionnisme généralisé de gauche et de droite, après 1989/1991, Léo Figuères aura été de ces quelques dirigeants historiques du PCF qui n’ont rien laissé passer, qui ont poursuivi le combat pour la classe ouvrière, les masses laborieuses des nouvelles générations, pour le Parti dont elles ont besoin en France pour gagner leur émancipation : le PCF.

Elles lui sont déjà reconnaissantes. Elles le seront encore davantage demain.

110801_Figueres2.jpg

Par PCF - Section Paris 15ème
Partager cet article
Repost0
7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 16:19

Michel STEFANI MICHEL

A la veille de leur départ en vacances les élu(e)s de l’Assemblée de Corse étaient appelés à délibérer sur plusieurs dossiers importants notamment deux concernant le transport aérien et le Chemin de fer de la Corse (CFC).

Les domaines sont différents mais la configuration comparable dans un cas il est indispensable qu’Air France, dans le cadre du partenariat avec Air Corsica, puisse continuer à desservir la Corse dans l’autre la présence de la SNCF doit être confirmée pour ne pas connaître la fermeture des CFC.

 

On peut naturellement s’interroger sur les raisons qui ont conduit à ce que la desserte aérienne sur Paris soit déficitaire de 14 M € après versement de la compensation financière due aux opérateurs en l’occurrence Air France et Air Corsica et de la même façon pourquoi la SNCF demande 50 M € la où les services de la Collectivité territoriale en prévoit 30.

 

Les enjeux sont essentiels dans les deux cas et cette connaissance nécessaire pour orienter la décision des élus comme pour gérer le budget de la CTC et l’enveloppe de continuité territoriale cette ligne au budget de la nation affectée au financement de la desserte de service public de la Corse sous l’autorité de l’Office des transports (OTC).

 

La compensation financière versée aux compagnies aériennes est prélevée sur cette enveloppe alors que le financement de la gestion, déléguée, des CFC est assuré par le budget de la CTC. Or ni l’enveloppe de continuité territoriale gelée depuis deux ans donc en recul, ni le budget de la CTC ne permettent dans le contexte de crise et d’austérité gouvernementale d’imaginer une amélioration sensible sans une révision de cette politique.

 

C’est une exigence précisément au regard de la responsabilité de l’Etat à l’égard de la Corse. Il est en effet le garant du niveau d’implication des entreprises nationales en Corse. En ce sens il ne peut se désintéresser de cette situation et contribuer à ce que la SNCF et Air France restent pleinement en Corse.

 

Inutile de cacher que pour la desserte aérienne il est impératif que la CTC redéfinisse une politique qui prenne ses distances avec la logique libérale d’aiguisement de la concurrence. C’est elle qui a prévalue en 2008 avec plus de liberté commerciale sur les tarifs et à l’arrivée une baisse de fréquentation des lignes de service public au bénéfice des low costs appelés à écrémer les lignes les plus profitables à leur convenance. 

 

50 000 passagers de moins avec un coupon moyen à 80 € c’est une perte recettes de 4 M €. Inversement c’est une aubaine pour les low costs qui oublient par ailleurs d’honorer leurs obligations fiscales à l’égard de la Corse et sociales à l’égard des travailleurs.  

Et comme l’expérience montre que le marché de la Corse reste stable cette politique est encore plus mortifère pour le service public et les opérateurs historiques Air France et Air Corsica récemment recapitalisée à hauteur de 12 M € par la CTC qui en est l’actionnaire majoritaire.

 

S’agissant des CFC on mesure, avec l’incertitude qui entoure la mise en service de tous les autorails de nouvelles générations, la difficulté à surmonter un obstacle inattendu, donc la marge de manœuvre financière, alors que la modernisation doit se poursuivre avec le système de cadencement des trains sur les voies offrant une gestion plus efficiente du réseau et des trafics avec une plus grande sécurité pour les usager.  

Cependant l’amélioration des recettes, aujourd’hui réduites par la défaillance des trains AMG, ne suffira pas pour garantir ces investissements évalués à plus de 20 M€ et donner aux cheminots le statut qu’ils réclament à juste titre. Parler de développement durable pour la Corse c’est forcément parler chemin de fer sans lequel un aménagement respectueux de l’environnement ne peut s’envisager véritablement.  

Dessertes urbaines et suburbaines de Bastia et Ajaccio ouverture de la ligne de plaine orientale pour mettre Porto Vecchio et Calvi à une heure trente et une heure quinze de Bastia, transporter des passagers et des marchandises sur ces axes à fort potentiel de développement c’est à cela qu’il faut penser en l’inscrivant au PADDUC dans le cadre de l’intermodalité des transports souhaitée.  

Pour cela il faut des moyens, c’est vrai, mais des moyens il y en a pour peu que l’argent public abondamment distribué aux banques ne leur serve plus à alimenter la frénésie spéculative des opérateurs agissant sur les marchés financiers.  

La crise financière et son impact montrent la supériorité de l’intervention publique sur le privé et le besoin crucial d’une grande politique publique ancrée à gauche. Seule la puissance publique, en se dégageant des contraintes de la rentabilité à court terme du capital, peut mettre en œuvre et soutenir sur la longue durée des programmes majeurs en réponse aux besoins humains sociaux et environnementaux.

Dans la phase électorale qui s’annonce de la présidentielle et des législatives ce sont ces questions et enjeux qu’il faut placer au centre du débat parce qu’ils se rattachent directement à ceux de l’emploi à statut, des salaires décents et du service public à la population.

 

Partager cet article
Repost0
7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 16:15

Etienne BASTELLICA - Assemblée de Corse

E_Bast.JPG

Session des 28,29 et 30 juin 2011

Etablissement Public Foncier

Nous nous apprêtons aujourd’hui à franchir une étape importante de l’action que nous avons décidé ensemble de mener dans le cadre de la politique définie à travers les Assises du Foncier. Nous sommes d’autant plus satisfaits de cette concrétisation que dans un premier temps nous avions porté seuls, à l’initiative de Dominique Bucchini dans la précédente mandature, ce projet. Nous étions convaincus en effet de la nécessité de disposer d’un EPF, en tant qu’outil indispensable à la maîtrise du foncier dans ses usages vitaux que sont l’agriculture, le développement économique et l’habitat. Au-delà de la question générale de l’habitat, la prise en charge toute particulière de la question du logement social constitue de fait une priorité incontournable. En effet, la pénurie de ce type de logement en Corse, situation inconnue dans les autres secteurs de l’habitat avec la même acuité, est plus que préoccupante, elle est inacceptable et ce, alors même que l’on constate dans certains endroits, une surabondance de logements vacants souvent destinés à la location estivale. La promotion actuelle d’ailleurs nous interpelle quand nous voyons, au bénéfice de la défiscalisation liée à la loi Scellier, pousser un peu partout, des immeubles dont les logements sont inaccessibles à ceux qui en ont le plus besoin sauf au prix d’un endettement risqué. L’EPF et l’ensemble des mesures que nous avons adoptées sur proposition de Maria Guidicelli doivent permettre ainsi de réduire de manière significative ces effets spéculatifs en renforçant par la maîtrise publique la régulation du marché. Dès lors, avec le GIRTEC, la SAFER et le Conservatoire du littoral, avec la future Agence de l’urbanisme, l’EPF contribuera à l’aménagement du territoire de façon globale et cohérente en conciliant les problématiques de l’agriculture, de l’habitat, du développement économique et de la protection de l’environnement. Par ailleurs, l’implication de l’Exécutif et des élus dans la réflexion sur la forme que devait prendre l’EPF a permis de l’adapter au mieux, en octroyant à notre collectivité et aux collectivités locales une large capacité d’action et de décision. Tel qu’il nous est proposé désormais avec une structure financière établie, il permettra d’impulser cette démarche à un niveau acceptable même si la répartition des financements entre les collectivités locales reste encore à préciser. La concertation avec les représentants de ces collectivités le confirme comme nous est confirmé qu’il disposera rapidement de ses ressources propres. En même temps les pistes ouvertes par la réflexion sur la fiscalité démontrent qu’il est possible, sans augmenter la fiscalité des ménages en difficulté, de les élargir et donc de conduire au mieux son action dans le cadre de la politique que nous avons largement validée à l’issue des Assises. L’expertise des services afin d’obtenir des simulations précises nous éclairera bientôt sur cet engagement de la politique nouvelle qui sera conduite dans les principes effectifs de la justice fiscale pour rétablir la justice sociale au moins dans ce domaine. D’autre part, la nouvelle composition du Conseil d’Administration répond mieux me semble-t-il à la double exigence de représentativité des élus, des acteurs et de la société civile, d’une part et de concertation citoyenne, d’autre part. Naturellement nous partageons l’idée que cette implication forte des collectivités locales se traduise par une transformation rapide en Etablissement Public Territorial, dans l’esprit même de la loi de janvier 2002. Cela dit, dans tous les cas de figure, l’EPF requiert l’engagement de l’Etat dont la participation ne devra pas descendre sous les 50% de son financement. Au-delà de l’aspect financier, il a été envisagé la mise à disposition de terrains et de bâtiments appartenant à l’Etat afin d’accélérer le démarrage de l’action de l’EPF. Dans ces conditions, la création de cet EPF, indispensable à la maîtrise du foncier, posera les fondements d’une véritable politique de l’habitat et du logement faisant défaut jusqu’à ce jour. Elle est déjà une réponse concrète et conforme aux engagements pris, afin de répondre par des mesures claires, sinon à l’urgence sociale dans toutes ses dimensions, en tout cas à l’une d’entre elles qui vient en tête des préoccupations des Corses avec l’emploi et le pouvoir d’achat.

Partager cet article
Repost0
7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 16:06

Viviane BIANCARELLI - Assemblée de Corse

V_Biancarelli_-_Copie.JPGSession des 28 et 29 juillet

Langue corse

Voici six ans déjà que l’Assemblée de Corse adoptait, à l’unanimité, les orientations stratégiques en faveur de la langue Corse présentées par Antoine GIORGI, suivies par le Plan de Développement de l’Enseignement (inclus dans le PRDF) en 2006 et le Plan stratégique d’aménagement et de développement linguistique, volet sociétal de la politique, approuvé également à l’unanimité le 26 juillet 2007. La « feuille de route » que vous nous proposez, Monsieur Ghionga se situe en prolongement de cette stratégie à laquelle vous souhaitez « imprimer un nouvel élan », autour de deux priorités : la structuration de l’action par la dotation en moyens humains et financiers et l’ouverture de nouvelles perspectives en matière de statut, de pédagogie et de formation des enseignants. S’agissant des moyens, la volonté de l’Exécutif s’est déjà concrétisée, aussi bien par la structuration de la Direction dédiée que par les inscriptions budgétaires. Les perspectives nouvelles, ambitieuses et clairement énoncées, s’organisent autour de cinq axes : évaluation des pratiques et prospective, équipement et normalisation de la langue, enseignement et formation, diffusion de la langue, promotion et communication. Certaines mesures nécessiteront une concertation approfondie avec l’État, les enseignants, l’ensemble des intervenants concernés : il en va ainsi du repositionnement de la langue corse dans le système éducatif. Elles peuvent aussi appeler des propositions d’adaptation législative et réglementaire et sans doute, en particulier pour le statut d’ « officialité », une révision constitutionnelle. L’introduction de trois heures hebdomadaires dans les filières non bilingues de la maternelle à la 5ème, concrétisant l’idée d’intégrer le Corse dans le « socle commun de connaissances » nécessiterait, par exemple, de lever les obstacles juridiques actuels, la loi du 17 janvier 2002 stipulant que l’enseignement de la langue corse « ne saurait revêtir un caractère obligatoire ni pour les élèves, ni pour les enseignants ». Aujourd’hui, de manière générale, des limites juridiques strictes (article 2 de la Constitution et loi dite « TOUBON ») s’appliquent à l’enseignement des langues régionales, qui ne peut qu’être facultatif. Ce cadre juridique s’oppose également à la méthode de l’immersion au sein des établissements publics. Et ce, indépendamment de ce que nous en pensons.

Ainsi, même si des progrès incontestables ont été enregistrés dans le processus de reconnaissance des langues régionales de France, une grande difficulté demeure dans l’étendue de la place et des moyens à accorder à ces langues dans le service public de l’enseignement. Il en va de même pour la question de la co-officialité puisque la langue française a une place exclusive dans la sphère publique en France, les particuliers, dans leurs relations avec les administrations et les services publics, étant tenus de parler exclusivement en français et ne pouvant se prévaloir de l’usage d’une langue régionale. La reconnaissance des langues régionales par la Constitution ne va pas jusqu’à leur conférer une place réelle dans la sphère publique. Il est clair qu’une évolution dans ce domaine nécessitera la modification de la constitution afin d’adopter une loi donnant un statut aux langues de France. Cela ne signifie nullement que nous devrions attendre et lier notre proposition de co-officialité pour la Corse à l’élaboration d’une solution générale ; au contraire, la CTC, en vertu de son statut particulier, peut avancer résolument sur ce chemin, et il n’est pas exclu que ses initiatives contribuent à débloquer la situation d’ensemble. Chacun le sait bien, l’intérêt que la famille politique à laquelle j’appartiens porte à la question de la langue Corse n’est pas récent. Je ne ferai qu’évoquer, au niveau national, les propositions de loi hardies déposées par les groupes communistes à l’Assemblée Nationale et au Conseil de la République (Sénat) dès 1948, en prolongement de toute une tradition du mouvement ouvrier qui, exprimée notamment par JAURES, met l’accent sur les langues minoritaires. Depuis le début des années quatre-vingts, forts de la conviction que la langue corse est constitutive du lien social, vecteur de la culture insulaire, mémoire du peuple et ressource du développement, nous défendons « une politique d’incitation au bilinguisme assumé » -privilégiant le désir à la contrainte- et se traduisant par des mesures pédagogiques, sociétales et institutionnelles afin de conforter et accroître le bilinguisme dans notre société. Nous considérons comme un droit collectif la reconnaissance publique de la langue constitutive de notre histoire, et comme un droit individuel de pouvoir la perpétuer. Il me plait de citer notre camarade Paul BUNGELMI qui, déclarait devant cette assemblée en 1983 : « nous ne considérons pas en termes d’opposition la langue française et la langue corse, étant profondément attachés à l’une et à l’autre, mais aujourd’hui se pose le problème de la défense de la langue corse menacée de disparition. Nous sommes dans ce combat avec conviction, avec passion (…) Nous inscrivons notre action dans le cadre d’une conception nationale et populaire de la défense du français et des autres langues de France. C'est-à-dire, en ce qui nous concerne, la défense de la langue corse, en tenant compte du fait que si nous sommes des dizaines de millions à défendre le français, nous sommes seulement des dizaines de milliers à défendre la langue corse. Ce qui suppose de notre part un effort particulier et soutenu pour la défense de la langue régionale ». Dans cet esprit, nous basant en particulier sur les travaux du Professeur Jean-Baptiste MARCELLESI -dont le rôle fut considérable dans l’émergence de la sociolinguistique- nous revendiquons la co-officialité du corse et du français, cadre juridique d’une politique de bilinguisme adapté au développement de l’usage du Corse dans l’espace public (services administratifs, organes délibérants, justice…).En un mot, le statut de co-officialité doit favoriser l’accomplissement du bilinguisme. Bien qu’ouverte à toute explication en la matière, je ne suis pas convaincue que l’emploi du terme « officialité » soit préférable à celui de « co-officialité », qui marque bien la volonté de ne pas opposer les deux langues mais, au contraire, de créer une situation d’égalité dans le cadre d’un bilinguisme national/régional, à l’opposé d’une relation compétitive et même conflictuelle entre les deux langues. Ces distinctions pourraient paraître futiles, voire byzantines, si les mots n’étaient les vecteurs de représentations de l’avenir, en l’occurrence de l’idée que l’on se fait de l’avenir du bilinguisme en Corse. Mais nous pourrons sans doute évoquer ces aspects dans les travaux du comité de rédaction que vous entendez mettre en place afin de faire des propositions statutaires avant la fin de l’année 2012. Quoiqu’il en soit, pour la co-officialité comme pour l’insertion de la langue dans le système d’enseignement Il faudra, après avoir arrêté le principe et le périmètre, définir les modalités de la mise en pratique en s’attachant à travailler en étroite concertation avec les services de l’État concernés, en particulier avec l’Éducation Nationale, avec les enseignants et leurs organisations syndicales, les parents d’élèves, l’ensemble des acteurs appelés à intervenir dans la pratique. La réussite dépendra en grande partie des moyens mobilisés concrètement par les différents services concernés, de leur capacité d’organisation, de la formation des personnels ; elle dépendra aussi de l’adhésion la plus large possible de la population. La langue doit, en effet, réunir et non diviser, fédérer et non accroître les fractures dans la société, libérer enfin et non discriminer. Je me permets de citer le Président BUCCHINI qui écrivait il y a quelques mois dans une tribune publiée par « l’Humanité » : « Nous ne parviendrons à réaliser une grande politique pour le bilinguisme et la co-officialité que dans la recherche prudente – mais non timorée – d’un consensus politique et social »

Monsieur le Conseiller Exécutif, la « feuille de route » que vous nous présentez aujourd’hui marque indubitablement une étape décisive dans le processus engagé pour le développement de l’usage de la langue corse, il faut le souligner.

Je ne doute pas qu’animés les uns et les autres des plus sincères intentions, nous parvenions à dégager les convergences nécessaires à la réussite de cette grande œuvre commune que constitue le développement de la langue corse. Je vous remercie

 

Michel STEFANI - Après le vote de l’Assemblée de Corse à propos du cadre statutaire de la langue corse.

Groupe des élu(e)s communistes et citoyens du Front de gauche M_Stefani.jpg 30 juillet 2011

Déclaration de Michel Stefani

Pour la bonne compréhension des choses après l’adoption par l’Assemblée de Corse d’une délibération portant sur la définition du cadre statutaire dont la langue corse comme toutes les langues de France devrait bénéficier.

Dans cet esprit, au nom du Groupe communiste et citoyen du Front de gauche, j’ai défendu un amendement à la motion de Corsica Libera. Cet amendement a alors été adopté à une très large majorité, 34 sur 51. Cela en fait la délibération de l’Assemblée de Corse en ces termes : « l’Assemblée de Corse demande solennellement que soient mis en œuvre les moyens juridiques nécessaires pour définir un cadre statutaire à la langue corse fondée sur le principe de co-officialité ».

C’est pour nous depuis longtemps, si nous remontons aux travaux de JB Marcellesi dans les années 80, l’affirmation d’un bilinguisme assumé et respectueux de notre diversité comme de notre histoire, la volonté de poser dans la sérénité les conditions d’un débat fécond pour préserver et promouvoir la langue corse sans pour autant diviser celles et ceux qui ont choisi de vivre en Corse quelle que soit leur origine.

Nous pensons particulièrement aux travailleurs et au respect des règles qui limite les risques de discrimination dans l’emploi et le déroulement de carrière établies avec le code du travail, le statut de la fonction publique, les statuts des agents des entreprises nationales.

Enfin il s’agit pour nous d’engager l’Etat afin garantisse le financement et les moyens matériels et humains que cette politique nouvelle que nous défendons nécessitera.

Pour en savoir plus sur JB MARCELLESI : http://www.canal-u.tv/producteurs/u...

 

Groupe C&CFG - Rapport 155 – Apprentissage

Malevitch_Carr__rouge.JPG

Session des 28, 29 et 30 juillet

Ce nouveau contrat d’objectifs et de moyens concernant l’apprentissage pour la période 2011/2015 s’appuie sur une analyse des résultats du contrat précédent 2005/2010 qui montre des signes positifs. L’augmentation de plus 52% du nombre de jeunes en apprentissage et le fait que 80% d’entre eux trouvent un emploi à l’issue de leur formation en fait incontestablement partie. De même, la diversité de l’offre de formation et des métiers accessibles, la baisse conséquente de l’absentéisme, ainsi que l’accroissement du niveau des diplômes obtenus prouvent que ce type de formation constitue une réelle solution. Pour autant, cela ne peut masquer la réalité. Le taux de déscolarisation est bien supérieur à celui du continent et la proportion de jeunes sortants du système scolaire sans diplôme l’est également. A cela, s’ajoute l’aggravation du chômage qui les affecte particulièrement… Cette précarité et l’absence d’avenir, plus marqué encore par le marasme économique, renforce leurs inquiétudes. Dans ces conditions, l’apprentissage est incontestablement une voie prometteuse, d’épanouissement et d’entrée réussie dans la vie active. Mais à l’évidence, il n’est pas la solution miracle. L’apprentissage reste trop souvent le choix de substitution après l’échec de la formation générale, une direction plus imposée que choisie. Dans ce cas, il faut veiller à ce qu’il ne devienne pas le cache-misère d’une Education Nationale à la peine. Par ailleurs, la formation professionnelle et l’apprentissage sont des compétences pleines et entières de la Collectivité Territoriale de Corse, même si l’Etat participe financièrement. Il ne faut pas, austérité faisant loi, que l’Etat en profite pour se dédouaner de sa responsabilité dans le délabrement de l’école en pointant la réussite de l’apprentissage. Nous l’avions déjà souligné lors du vote du précédent contrat voici six ans avec d’autant plus de force que pointait l’apprentissage à 14 ans, mettant en cause le principe fondamental de scolarisation des enfants jusqu’à l’âge de 16 ans. On sait que le gouvernement et le MEDEF veulent adapter les enseignements afin de répondre aux exigences des entreprises en inversant les priorités entre épanouissement de l’homme et productivité. A ce moment-là, on ne forme plus des citoyens mais de la main d’œuvre. Le gouvernement cherche, au nom de la RGPP aussi à diminuer les coûts en supprimant des postes d’enseignants et en fermant des classes. Cela n’est pas sans incidence en ce domaine où la CTC ne peut pallier ce désengagement. S’agissant de ce nouveau contrat les mêmes causes produisant les mêmes effets, nous nous inquiétons de voir réapparaître un contrat de préapprentissage, dénommé « parcours d’initiation aux métiers », dès l’âge de 15 ans. Nous y voyons une remise en cause d’un des progrès les plus importants, obtenu au début du siècle précédent contre le travail des enfants et l’analphabétisme. Ce type de mesure, sous couvert d’offrir rapidement un métier et un emploi, peut devenir un cheval de Troie contre ce droit acquis élémentaire. Pour un apprentissage réussi le jeune concerné ne doit pas se sentir exploité dans un esprit de main d’œuvre bon marchée mais valorisé par la perspective de promotion de déroulement de carrière ambitieux et reconnu par un salaire correct. Les conclusions de l’étude sur les ruptures de contrats d’apprentissage montrent qu’elles interviennent surtout dans les métiers du bâtiment, de l’hôtellerie et la restauration en des raisons des conditions de travail. Nous savons que ce sont des secteurs qui proposent nombre d’emploi dans l’île mais ce sont aussi des secteurs reconnus pour la pénibilité du travail et parfois les excès en terme d’horaires et le non respect du droit du travail. De fait les jeunes - très jeunes ! – abandonnent, dans des proportions non négligeables, ce type de formation. Pour conclure, ce nouveau contrat propose des moyens matériels et humains, rationnels et concertés, prenant en compte les difficultés sociales et offrant de véritables perspectives pour nos jeunes. Cela dit, restons attentifs au fait que l’apprentissage doit rester une chance et non un palliatif à une Education Nationale elle-même étranglée. Le Ministre nous dit ce matin que « pour améliorer la situation de l’emploi en Corse, il croit dur comme fer à l’apprentissage et aux contrats aidés ». Nous n’allons ouvrir le débat là-dessus. Pour autant nous restons convaincus que la CTC devra avec l’Etat, réfléchir à un développement du secteur secondaire pour créer de l’emploi stable en Corse.

 

Groupe C&CFG - INTERVENTION SUR L’AGENDA 21 REGIONAL

Malevitch : Garçon avec un sac à dos - Malevich

SESSION DU 28 JUILLET 2011

La déclinaison en Corse des principes de l’Agenda 21 s’impose tant au niveau des enjeux que des défis posés à l’échelle de la planète précisément en ce début de 21ème siècle où plus que jamais la production humaine soumise aux règles du marché capitaliste menace son existence. L’heure est donc à la lutte contre le changement climatique, pour la protection de l’atmosphère, la préservation de la biodiversité, des milieux et des ressources, l’épanouissement de tous les êtres humains. Pour autant, cette lutte est, à nos yeux, indissociable de l’action en faveur de la cohésion sociale, de la solidarité entre territoires et entre générations, d’une dynamique de coopération et non de concurrence débridée, privilégiant des modes de production et de consommation responsables. S’inscrire dans une démarche Agenda 21 c’est, pour toute collectivité, affirmer le choix d’intégrer de manière continue les finalités du développement durable dans son fonctionnement propre et dans ses politiques sectorielles. Dans cet esprit, chaque collectivité est appelé à préciser ses objectifs de développement durable et les moyens pour les atteindre. Je constate pour ma part, qu’en rupture avec la précédente mandature, notre majorité s’est engagée de manière ambitieuse et volontaire dans l’élaboration d’un nombre important de démarches stratégiques qui engagent le devenir de la Corse. A titre indicatif, on peut citer le Schéma Régional Climat Air Energie, le PIEDMA, le plan nautique, le plan Transport et mobilité durable, le Schéma d’aménagement de la Corse, le Schéma Directeur du Développement Economique, l’Agenda 21… Il me paraît important de tirer la sonnette d’alarme et de vous dire combien il ne faudrait pas que le mieux devienne l’ennemi du bien. L’ensemble de ces procédures ou schémas ne doivent être considérés par les élus que nous sommes qu’en tant que déclinaison technique d’un projet politique. C’est ce projet politique, dont l’objectif sera de définir ce que nous voulons que soit la Corse pour les 30 ans qui viennent, qu’il nous faut construire et qui constitue la base, le socle fondamental de toutes les actions que nous allons réaliser. Il me semble à ce propos que notre Assemblée faisant ainsi preuve d’une maturité politique, largement saluée, a voté à l’unanimité, la mise en place de cette réflexion politique, lors de son vote du 17.12.2010 concernant le contenu que nous souhaitions donner à notre nouveau PADDUC. Je me permets d’insister sur ce point et souhaite que mon propos soit bien compris. Il ne s’agit pas de créer de hiérarchie entre des démarches différentes, complémentaires et souhaitables mais simplement de se souvenir qu’il ne peut y avoir qu’une origine commune à l’ensemble de celles–ci, le projet de développement durable. Il nous faut donc travailler sur ce projet de développement, c‘est-à-dire la représentation globalisante du futur souhaité et partagée le plus largement possible par les forces vives et citoyennes présentes sur tout le territoire. Ceci nous permettra d’établir une cohérence entre les outils de planification, les plans d’action et les politiques sectorielles, de simplifier la complexité générée par le grand nombre de processus existants, leur manque de liaison et de complémentarité, ainsi que l’intervention trop cloisonnée des différents partenaires. Cette vision stratégique de la Corse sera retranscrite dans le PADDUC, après le débat d’orientation politique au sein de l’Assemblée. Car comme l’indique la loi, « La Collectivité Territoriale de Corse élabore le plan d’aménagement et de développement durable de la Corse. Ce plan, assorti d’une cartographie, …, définit une stratégie de développement durable du territoire en fixant les objectifs du développement économique, social, culturel et touristique de l’île ainsi que ceux de la préservation de son environnement de façon à garantir l’équilibre territorial».

C’est à ce niveau que l’intitulé du rapport « Une stratégie de développement durable pour la Corse – l’Agenda 21 de la CTC », me paraît poser problème parce qu’elle s’affiche en parallèle et non en complémentarité à l’élaboration du PADDUC. Or, l’Agenda 21 à vocation à décliner les orientations et préconisations du PADDUC, il doit constituer la phase opérationnelle du PADDUC. De même, et sans remettre en cause la nécessité de mettre en place un A21 régional, il conviendrait de ne pas créer de confusion dans les outils et la méthodologie. La mobilisation des personnes à l’interne et à l’externe ne risque-t-elle pas de compartimenter les démarches, diluer leur cohérence d’ensemble et ainsi favoriser une perte de lisibilité pour l’extérieur ? L’A21 va faire appel, pour le diagnostic du territoire, à un prestataire extérieur, alors que le PADDUC sera piloté en interne. Puisque les deux démarches doivent s’appuyer sur un exercice de définition d’une vision de l’avenir de la collectivité, ne doit-on pas s’interroger sur l’utilité d’entreprendre deux fois un tel exercice ? Le rapport proposé prédéfinit dès aujourd’hui la réalisation de 4 actions. Le plan d’actions n’est-il pas à définir, une fois le diagnostic réalisé, soit une fois avoir repéré et spatialisé les richesses et faiblesses de tous ordres au regard du développement durable (cohésion sociale, paysages, ressources environnementales, nuisances, ressources humaines, potentiels économiques, démographiques…). Je voudrais ajouter par ailleurs, que nous avons également obligation de rendre notre action politique compréhensible de nos citoyens. J’estime pour ma part que la période que nous traversons s’intéresse malheureusement trop souvent à la multiplication de processus technocratiques de plus en plus complexe et abscons. J’ai la conviction que l’action publique doit être simple et de bon sens. Toute complexité outrancière n’a souvent comme objectif que de rendre l’action opaque et d’interdire le contrôle citoyen qui est la base de la démocratie moderne. Le défi consiste maintenant à s’assurer de l’intégration de ces instruments et de ces processus. Une chose est certaine, ce n’est pas en multipliant les documents de planification que l’on parviendra à une meilleure définition des grands axes du développement équilibré du territoire. L’important est qu'ils soient l’expression de projets de développement ou d’aménagement du territoire et qu’ils soient à la fois partagés, transversaux quant aux enjeux considérés, et conçus comme des stratégies d’amélioration des territoires en réponse aux finalités du développement durable.

Partager cet article
Repost0
7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 15:40

                                                               

 

 

On ne peut prétendre qu’il soit urgent de s’attaquer à la fracture sociale, pour la réduire, et ignorer la réalité économique, la diversité sociale et culturelle, l’histoire du territoire sur lequel elle se développe.

La place accordée aux langues dans la société est un enjeu essentiel de cette réflexion et de l’action qui en découle. Une double dimension apparaît, touchant à la sphère publique et à l'individu, lui-même au cœur de celle-ci, en tant que citoyen. La langue, instrument de communication avec les autres est en même temps, dans une certaine mesure, le révélateur de son identité souvent complexe.

Ce paradoxe souligne le caractère aberrant de la logique marchande qui pousse à la standardisation linguistique et culturelle quand la prise en compte de la diversité est constitutive de richesse intellectuelle, collective et personnelle. D’où l'affirmation : "langues communes oui langue unique non", tant le plurilinguisme est un avantage pour l'épanouissement de l'individu.

Par contre, le sentiment de perte d'appartenance sociale et la frustration de ceux qui n'ont pas accès à la formation, à l'information et aux échanges, se conjuguent et trouvent dans la politique gouvernementale actuelle, politique de division et de stigmatisation de communautés entières, un exutoire dangereux proche des thématiques Vichyssoises.

La précarité, l’isolement individuel conduisent au rejet et au repli face à un système qui broie les hommes, leur statut social, leurs origines. Le passé et les valeurs "ancestrales" deviennent, parfois à tort, de nouvelles références pour des rapports sociaux, dans certains cas non laïcs, fondés sur une conception ethnique voire communautariste.

Aujourd'hui le bilinguisme doit s'inscrire dans un projet sociétal dont la caractéristique essentielle serait l'ouverture face à ces risques terribles. Par cette affirmation, d’un bilinguisme assumé et respectueux de notre diversité comme de notre histoire, il s’agit de poser dans la sérénité les conditions d’un débat fécond pour préserver et promouvoir la langue corse sans pour autant diviser celles et ceux qui ont choisi de vivre en Corse quelle que soit leur origine.

Nous pensons particulièrement aux travailleurs et au respect des règles qui, pour limiter les risques de discrimination dans l’emploi et le déroulement de carrière, sont établies avec le code du travail, le statut de la fonction publique, les statuts des agents des entreprises nationales, les conventions collectives. En conséquence, nous rejetons l'idée de la sélection à l'embauche par la maîtrise de la langue pour "corsiser" l'emploi.

Dans le prolongement de la proposition de loi 2321 des députés communistes déposée en 1984, nous nous sommes appuyés sur les travaux de notre compatriote, sociolinguiste mondialement reconnu, Jean Baptiste Marcellesi, pour proposer en 1985, la co-officialité et sauver le corse en préservant le bilinguisme franco corse.

La brochure, publiée à l'appui de cette proposition, était intitulée "Pour une politique démocratique de la langue" précisément parce que depuis l'édit de Viller Cotterets les langues de France ont peu à peu été occultées par une politique d'uniformisation au bénéfice du français. Ainsi valorisé, l’identique est devenu facteur de dépossessions à plus forte raison quand la volonté politique signifie : "même langue et mêmes façons de penser" sur fonds de rentabilité et de productivité capitalistes.

De fait la langue minorée est aussi celle du peuple. La République une et indivisible, l'unité de la Nation ont souvent été les arguments développés pour justifier une politique fondée avant tout sur des enjeux économiques et des données démographiques. Or, dans les deux cas, nous voyons que les exigences capitalistes d'un monde sans entrave pour la spéculation financière menacent des Etats entier non la diversité linguistique.

La société française est transformée pour l'adapter à ces règles de la mondialisation capitaliste imposées à l'homme, au mépris de son propre avenir et de son environnement, en vantant les mérites d'un individualisme forcené pour mieux détruire les principes de solidarité donc du vivre mieux ensemble.

Il est significatif d'entendre à l'Assemblée Nationale le ministre Besson clore la discussion ouverte en 2008 avec la réforme de la constitution, sur la question de langues régionales par un refus de mettre à l'ordre du jour l'adoption d'une loi offrant un cadre juridique plus complet et fiable que la loi Deixonne de 1951. On se souvient également du refus de Jacques Chirac de ratifier la Charte des langues régionales, pourtant signée par la France en 1999, au motif que le Conseil constitutionnel jugeait plusieurs clauses contraires à la Constitution.

Sur le plan des principes, le Conseil a estimé que la Charte conférait des droits spécifiques et "imprescriptibles" à des "groupes" de locuteurs, à l’intérieur de "territoires", ce qui portait atteinte aux principes constitutionnels d’indivisibilité de la République, d’égalité devant la loi et d’unicité du peuple français.

Dire qu'un peuple existe parce que sa langue existe est aussi faux que d'affirmer le contraire. Devant l'Assemblée de Corse Paul Bungelmi insistait en 1983 sur la nécessité de "prendre en compte le fonds commun à l'identité corse et la diversité et surtout admettre le caractère évolutif de l'homme en qui le nouveau et la tradition se mélangent dans un mouvement qui fait que l'identité culturelle se crée toujours au présent."

La France, précisément parce qu'elle est celle des Lumières, se doit à la fois de préserver son exception culturelle et en ce sens de consacrer les moyens, humains techniques et financiers, nécessaires à une réelle promotion des langues et cultures régionales.

Pour cela il faut stopper la politique de suppression massive de postes dans l'Education Nationale. Il faut également, engager la modification de la Constitution et l'adoption d'une loi indispensable pour donner aux langues de France un statut et aux cultures régionales un cadre permettant à long terme une véritable promotion et un plein épanouissement.

Enfin, il faut évaluer ce que leur revitalisation peut apporter aux rapports sociaux et à l'essor culturel du pays et définir au mieux l'engagement de l'Etat. À défaut, leur avenir resterait incertain et à terme la part du patrimoine national qu'elles constituent serait définitivement perdue.

Définie dans un cadre national de responsabilité publique, cette politique serait d'autant plus efficace qu'elle afficherait une ambition décentralisatrice forte donnant aux régions la capacité d'adapter les objectifs communs aux particularités de chacune d'elle.

L'enjeu, c'est effectivement, à nos yeux, de fonder, dans la reconnaissance et la connaissance de l’autre, une société généreuse, solidaire conjuguant la citoyenneté, l'épanouissement de la personne et la dignité humaine. Force est de reconnaître que nous en sommes pas là. La politique gouvernementale y est pour beaucoup.

Michel Stefani

 

 

Partager cet article
Repost0
7 août 2011 7 07 /08 /août /2011 15:37

PETAIN-LE-PEN--2.jpgLa dérive national-capitaliste en Europe Emrah KAYNAK

arton14308-79018.jpg Les partis d’extrême droite gagnent, avec la complicité des partis traditionnels, en respectabilité. Sous couvert de populisme, un processus de normalisation de l’extrême droite est engagé. Y a-t-il une différence de nature ou une simple différence d’ordre tactique entre les partis d’extrême droite et les partis populistes ?

 

 

Le terme de populisme qui s’est imposé dans le discours politique contemporain se caractérise par son approximation sémantique. Il est employé dans des circonstances complètement opposées.

 

Il faut bien faire le départ. D’une part, cette qualification peut être utilisée par l’establishment pour manifester son mépris envers les classes défavorisées qui menacent l’équilibre politique usuel et discréditer leurs dirigeants. Hugo Chavez est qualifié très souvent de leader populiste. L’assise du mouvement bolivarien est de fait populaire : Chavez représente l’intérêt des masses populaires au préjudice des élites oligarchiques qui œuvrent contre les intérêts nationaux.

 

D’autre part, on utilise le terme de populisme pour désigner les mouvements d’extrême droite qui essaiment un peu partout en Europe (UDC en Suisse, FN et UMP à travers la structure de la Droite populaire en France, N-VA en Flandre, DF au Danemark, SD en Suède, Ligue du Nord en Italie, PVV au Pays-Bas,… ) sans revendiquer un lien explicite avec le nazisme ou le fascisme. Le populisme en ce sens se réfère à la culture démagogique de ces partis qui capitalisent sur le désarroi de la petite et moyenne bourgeoisie ainsi que du prolétariat face à la dégradation de leur condition de vie. Cette qualification lénifiante joue un rôle de légitimation démocratique. L’identité d’un mouvement politique s’apprécie à la lecture de ses objectifs réels et non de ses intentions affichées. Le changement d’appellation ou le grimage rhétorique de l’extrême droite ne change rien à son essence profonde. Le réajustement tactique du FN sous la présidence de Marine Le Pen ne le rend que plus redoutable.

 

Là où les partis d’extrême droite classique étaient tenus à distance, les partis dits populistes accèdent aux médias et aux instances gouvernementales. Leurs idéologues -éditorialistes, chroniqueurs, « experts »- se déchaînent à l’envi dans la presse et la télévision pour fustiger les chômeurs, les jeunes, les grévistes, les Noirs, les Arabes si ce n’est pour magnifier les guerres impérialistes.

 

Malgré leurs diatribes contre le système, ces partis en sont les chiens de garde. Ces mouvements présentent tous, sans nier leurs spécificités (régionaliste, intégriste religieux, islamophobe,…), un programme idéologiquement réactionnaire et socio-économiquement ultralibéral fondé sur l’autorité et l’identité. Ils sont devenus le fer de lance de la politique néolibérale en matière de prestations sociales et de dépenses publiques. Ils préconisent une dérégulation intégrale du marché accompagnée de mesures coercitives vis-à-vis du prolétariat et plus particulièrement des populations immigrées.

 

Ce type de populisme est un avatar du fascisme au sens générique du terme. Cela ne signifie pas que point par point les caractéristiques du national-capitalisme contemporain coïncident avec le fascisme historique mais ils prospèrent, dans des contextes de crise économique, sociale et politique, en impulsant des instincts primaires sur base de craintes et de ressentiments diffus : repli identitaire, sentiment d’insécurité, explication schématique de la situation socio-économique, exaltation de la volonté,… Ironie de l’histoire, Israël représente une source d’inspiration pour l’extrême droite européenne en tant que bastion contre la déferlante islamiste et idéal d’homogénéité ethnico-religieux.

 

La société est segmentée de la sorte entre un groupe qui représente le bien et un autre (une région, un groupe social, une minorité, des immigrés) qui personnifie le mal. Principalement, l’ Autre est l’immigré extra-européen mais cela peut être aussi le Wallon ou le ressortissant du Mezzogiorno. En période de crise a fortiori, les maux de la société sont imputés aux immigrés en tant que facteur de désordre, accapareur d’emplois, charge pour la collectivité,… Ce procédé a l’insigne avantage de substituer la conscience nationale à la conscience de classe, de créer des dissensions interclasses ou régionales, de stimuler des oppositions apparentes en lieu et place des oppositions fondamentales.

 

La percée de l’extrême droite se manifeste, outre leurs succès électoraux, par la droitisation des partis libéraux et conservateurs qui s’enlisent dans la gangue raciste et démagogique. En imposant ses propres thèmes, l’extrême droite a déjà fait main basse sur le débat public. Même si les partis traditionnels paraissent parfois offusqués par les outrances discursives de l’extrême droite, ils ne manquent pas de mettre à profit les circonstances pour radicaliser leur ligne politique et mener une offensive rétrograde et antisociale.

 

On ne lutte pas contre les idées de l’extrême droite en véhiculant leurs revendications mais en dévoilant leur duplicité et en démontrant le simplisme et la fausseté de leurs thèses.

 

Emrah Kaynak

 

 

URL de cet article 14308

http://www.legrandsoir.info/la-derive-national-capitaliste-en-europe.html

Partager cet article
Repost0