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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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5 janvier 2014 7 05 /01 /janvier /2014 13:11
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4 janvier 2014 6 04 /01 /janvier /2014 18:38

 

Capture d’écran 2012-05-16 à 22.07.09 

 

Les jeunes communistes vous souhaitent une excellente année 2014 pleine de bonheur et de réussite. Que chacune et chacun d’entre vous puissent réaliser ses projets. Les jeunes communistes tenteront partout de vous y aider. Pour cela, il est toujours aussi nécessaire de changer de société.

L’année 2013 a montré les difficultés toujours plus grandes pour les jeunes à se construire un avenir. Dans un spectacle permanent et nauséabond, les plus en souffrance n’ont eu de cesse d’être divisés, stigmatisés, vilipendés pendant que les plus riches continuaient de s’engraisser. En France, le gouvernement n’est pas sorti des carcans de l’austérité malgré son inefficacité, malgré son injustice chronique. Il prépare même de nouvelles régressions avec la hausse de la TVA, la loi sur les métropoles qui va concentrer les pouvoirs aux mains des élus des grandes villes.

Une nouvelle année s’ouvre avec d’immenses défis pour changer la donne. 2013 a montré les potentiels de mobilisation à travers le globe. Les jeunes communistes se feront entendre pour réaliser l’aspiration de changement que veut porter notre génération. Lors de la conférence sociale de la jeunesse fin janvier, nous ferons entendre des solutions ambitieuses pour permettre aux jeunes de construire leur avenir. Pendant les élections municipales, nous porterons notre charte revendicative afin de faire entendre des réponses concrètes et immédiates au service des jeunes dans leurs territoires. Nous bataillerons également à l’occasion des échéances européennes pour refonder l’Europe au service des peuples. En cette année mondiale de solidarité avec la Palestine, nous lutterons pour la reconnaissance  par la France d’un Etat palestinien viable et souverain.

Nous serons des relais agissant du rassemblement pour apporter des solutions à tous ces jeunes dans la précarité qui voient leurs diplômes et leur parcours brisés, à tous ces jeunes insultés et méprisés par un racisme de plus en plus décomplexé.

En 2014, prenez des résolutions à la hauteur du changement dont nous avons besoin. Les jeunes communistes prendront des résolutions pleines de justice, de partage et d’espoir ! Nous prendrons des résolutions hautement révolutionnaires!


M.J.C.F.

 

Capture d’écran 2012-11-22 à 18.38.58Le site des Jeunes Communistes:link

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4 janvier 2014 6 04 /01 /janvier /2014 18:11

                                                                       logo-posterpalestina.jpg

 

 

 

palestine-onu.jpg2014 « année de solidarité avec le peuple palestinien » pour l'ONU : Israël de plus en isolé, luttons en France contre ses complices !

 

Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

2014 sera l' « année de la solidarité avec le peuple palestinien », l'Assemblée générale du 28 novembre a tranché, c'est officiel depuis le 2 janvier 2014. C'est un point d'appui qui ne nous exonère pas de mener une campagne en France contre la complicité de notre impérialisme.

 

Israël est plus que jamais isolé, dans sa politique colonialiste. Avec 110 voix pour le vote de cette résolution sur la « solidarité avec la Palestine » contre seulement 7 affirmant leur soutien à Israël, et 56 abstentions, la Palestine comme Cuba, n'est pas seule.

 

Parmi les soutiens d’Israël, les États-Unis, ses vassaux australiens et canadiens et quelques îles fantomatiques du Pacifique. Parmi les hypocrites, ceux qui s'abstiennent, on retrouve la quasi-totalité des États européens, dont la France.

 

L'Assemblée générale a en réalité adopté six résolutions, condamnant toutes la politique d’Israël, appelant au respect des résolutions précédentes votées aux Nations unies :

 

retrait des troupes israéliennes du Golan syrien, soutien aux agences onusiennes pour les droits du peuple palestinien, condamnation de la politique de colonisation israélienne en territoire occupé, dénonciation de l'occupation de Jérusalem-est, et enfin vote de la « résolution de solidarité ».

 

Ces résolutions, comme cette année 2014 de « solidarité internationale avec le peuple palestinien », sont un point d'appui pour la lutte à mener en France contre l'hypocrisie du gouvernement socialiste, contre la politique de notre impérialisme sur le terrain.

 

Dénoncer l'hypocrisie française, la collaboration de l'impérialisme français : une bonne résolution pour 2014 !

 

Double discours. François Hollande est prêt à sécher une larme sur le sort des Palestiniens, à s'abstenir pudiquement à l'ONU … mais de confier au Parlement israélien en novembre dernier : « que la France a toujours été du côté d’Israël ». Hollande ne dit la vérité qu'à l'extérieur !

 

Le spectacle de la visite de novembre 2013 en Israel, c'était un acte d'allégeance du socialiste Hollande, il y avait même fait l'apologie de la « démocratie israélienne », synonyme selon lui de « démocratie, pluralisme, droits ».

 

La démocratie israélienne, c'est comme la démocratie sud-africaine avant 1994, apartheid, racisme d'Etat, colonisation ! Hollande est allé déposer une gerbe sur la tombe de Mandela. Doit-on lui rappeler que Mandela considérait qu’Israël menait une « politique d'apartheid » en Palestine ?

 

Dénonçons ces hypocrites, ces Valls, Fabius, Delanoë, Hollande, premiers thuriféraires de la politique sioniste !

 

Ce n'est pas nouveau, la SFIO (ancêtre du PS) a été un soutien de première date de l’État sioniste, c'est sous gouvernement socialiste que la France va offrir à Israël les bases de son programme nucléaire.

 

Depuis 1994, des accords de coopération militaire ont été signés dans la discrétion avec Israël. Sous Sarkozy, la coopération fut même plus concrète, en 2009 était actée la « réalisation d'exercices conjoints entre France et Israël ».

 

En 2011, la France a acheté pour 500 millions d'euros de drones israéliens. Le premier poste d'exportation israélien, ce sont les armements : 7,2 milliards de $ l'an dernier. A Israël, c'est les armes, à Cuba, le premier poste, c'est la santé. Rien à ajouter.

 

Dénoncer l'hypocrisie européenne, l'UE premier partenaire d’Israël !

 

Hypocrisie européenne aussi. En juillet 2012, l'Union européenne signait un accord de coopération dans 60 programmes concrets, sur 15 domaines d'action.

 

L'accord prévoyait une collaboration dans des secteurs stratégiques et hautement politiques : coopération policière (Europol), judiciaire (Eurojust), spatial (ESA), militaire enfin euphémisée derrière la collaboration dans les domaines de la « sécurité maritime et aérienne ».

 

Rappelons juste que l'UE est le premier partenaire commercial d’Israël (1/3 de ses importations, 30 % de ses exportations), 11 des 20 principaux fournisseurs d'armes à Israël sont de l'UE.

 

On a même retrouvé des inscriptions « Made in France » sur les missiles Hellfire qui s’abattirent sur Gaza en 2009 !

 

Amplifions le mouvement pour le désinvestissement, le boycott, les sanctions !

 

La plus grande hypocrisie, la plus grande collaboration, c'est la politique d'investissements économiques français en Israël.

 

C'est la banque franco-belge Dexia, renflouée à hauteur de 6,5 milliards d'euros par nos impôts (ce que va reporter à l’État la TVA anti-sociale de Hollande !), Dexia qui collabore à une dizaine de projets de colonisation.

 

C'est aussi Véolia, Alstom, Bouygues, Orange, tous impliqués dans les projets de colonisation israéliens : construction du réseau électrique dans les colonies, finalement et construction des complexes immobiliers, réalisation du tramway d'apartheid de Jérusalem.

 

Disons stop, notre argent ne doit pas aller à des projets de colonisation, nous pouvons imposer le désinvestissement, nous pouvons faire avancer le mouvement pour le boycott des produits venant des territoires occupés !

 

La lutte contre le sionisme doit s'accompagner du combat contre l'anti-sémitisme !

 

Refusons la perfide opération de décrédibilisation de l'anti-sionisme assimilée à l'anti-sémitisme – à coups de bras tendus masquées en « quenelles » et de condamnation tartuffe d'Hollande depuis Riyad –, notre condamnation du sionisme s'alimente de la condamnation de toute forme de racisme et d'anti-sémitisme !

 

Elle rappelle même que sionistes et anti-sémites ont souvent collaboré de façon fructueuse.

 

C'est l'Allemagne nazie entre 1933 et 1939 avec le projet coordonné avec les associations sionistes de déportation des Juifs en Palestine, ce fut le cas de l'Afrique du sud d'apartheid gouvernée par les anti-sémites philo-nazis du Parti national, premiers alliés de l’Etat d’Israël en 1948 !

 

Dénonçons la politique de l'Etat sioniste, combattons la complicité de notre Etat et de ses grandes entreprises.Refusons avec la plus grande fermeté le colonialisme au XXI ème siècle, refusons sans la moindre ambiguité toute forme de racisme et d'anti-sémitisme.

 

« L'anti-sémitisme est le socialisme des imbéciles », disait le dirigeant socialiste allemand du XIX ème siècle August Bebel. Une phrase toujours aussi juste que nous faisons nôtre !

 

 

Solidarité avec les militants de la paix et de la cause palestinienne, en particulier ceux en Israël qui refusent de combattre dans l'armée d'occupation, veulent une paix juste, luttent auprès des communistes et des pacifistes, Arabes et Juifs main dans la main !


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4 janvier 2014 6 04 /01 /janvier /2014 17:34

 

 

                                                                           MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

 

Photo de Idir Ameur.
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4 janvier 2014 6 04 /01 /janvier /2014 12:15

   La femme au foyer, luminescence de l’idéal bourgeois     

 

   

La modernisation des idées de(Saint-)Paul  deTarse, par ailleurs  fondateur du christanisme, au Québec (années 60).

  Note pour les  islamophobes: le Québec est globalement catholique.

 

Extraits d'un manuel scolaire d’économie familiale domestique publiée en 1960 au Québec :

«  - Faites en sorte que le souper soit prêt

- Soyez prête : Prenez quinze minutes pour vous reposer afin d’être détendue lorsqu’il rentre. Retouchez votre maquillage, mettez un ruban dans vos cheveux et soyez fraîche et avenante.

- Rangez le désordre : Faites un dernier tour des principales pièces de la maison juste avant que votre mari ne rentre. Veiller à son confort vous procurera une immense satisfaction personnelle.

- Écoutez-le : Il se peut que vous ayez une douzaine de choses importantes à lui dire. Laissez-le parler d’abord, souvenez-vous que ses sujets de conversation sont plus importants que les vôtres. Ne vous plaignez pas s’il est en retard à la maison pour le souper ou même s’il reste dehors toute la nuit. Souvenez-vous qu’il est le maître du foyer et qu’en tant que tel, il exercera toujours sa volonté avec justice et honnêteté.

- Lorsqu’il a fini de souper, débarrassez la table et faites rapidement la vaisselle

- L’hygiène féminine : Assurez-vous d’être à votre meilleur avantage en allant vous coucher. Essayez d’avoir une apparence qui soit avenante sans être aguicheuse. En toute chose, soyez guidée par les désirs de votre mari et ne faites en aucune façon pression sur lui pour provoquer ou stimuler une relation intime. »

 

 

                                 (Saint-) Paul de Tarse:    citations

    "Femmes, soyez soumises à vos maris comme au Seigneur"(Ep 5,22)

                                                       et encore:

" Comme cela a eu lieu dans toutes les Eglises des saints, que vos femmes se taisent dans les assemblées, car elles n'ont pas mission de parler ; mais qu'elles soient soumises, comme le dit aussi la Loi. Si elles veulent s'instruire sur quelque point, qu'elles interrogent leurs maris à la maison; car il est malséant à une femme de parler dans une assemblée. » (1 Co 14, 34-35) 

 

                                        et toujours                        

 

  •   Si la femme ne porte pas de voile, qu'elle se fasse tondre! Mais si c'est une honte pour une femme d'être tondue ou rasée, qu'elle porte un voile !(1 Co 11 : 2-16.)

 

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3 janvier 2014 5 03 /01 /janvier /2014 17:57

                                                                          lvres en ligne 1027

  source:PCF bassin d'Arcachon

En ce début d’année quelques lectures subversives pour entrevoir le Monde tel qu’il est : 

-          « Crimes sans châtiment » de Jean-Loup Izambert. Editions 20 cœurs (22€). « De la guerre économique à la guerre totale. A leur pays déjà surendetté et en déclin, les chefs d’état français ajoutent les guerres. Dans cette enquête sans compromis sur les coulisses des guerres contre la Lybie et la République Arabe Syrienne riche en révélations surprenantes, en documents inédits et en témoignage accablants. » Voir Notes 

-          « Le socialisme trahi, les causes de la chute de l’Union Soviétique » Roger Keeran et Thomas Kenny. Editions Delga (22€) « L’effondrement de l’Union Soviétique a montré très clairement non pas que le socialisme fondé sur un parti d’avant-garde, sur la propriété étatique et collective, ainsi que sur un plan centralisé, était condamné à l’échec, mais, au contraire, que tenter d’améliorer une société socialiste existante en suivant une « troisième voie » social réformiste était catastrophique. La « troisième voie » a mené directement à un capitalisme russe des magnats et des voleurs, et à la soumission à l’impérialisme. L’histoire de la perestroïka, de 1985 à 1991, loin de renforcer la cause du social-réformisme, aura contribué à le discréditer davantage. » Voir Notes 

-          « La stratégie du choc : la montée d'un capitalisme du désastre » Naomi Klein. Editions Actes Sud.  « Cet ouvrage explique comment et pourquoi, depuis le début des années soixante-dix, les classes dirigeantes mondiales mènent une véritable guerre - il n’y a pas d’autre mot - contre les peuples en utilisant une stratégie du désastre. Elles tirent profit des catastrophes naturelles (vagues géantes, tremblements de terre, ouragans) ou provoquent des catastrophes humaines (conflits militaires, exploitation artificielle du « terrorisme ») pour renforcer leur pouvoir aux dépens du domaine public et de la société civile, et imposer, par la violence et la sidération, le modèle d’une société capitaliste toujours plus réactionnaire. » Voir Notes


Attention ces lectures ont des effets collatéraux redoutables. Elles ont pour conséquences de mettre en lumière l’alignement de faits du secteur international du PCF sur tous les poncifs de la « Sainte Alliance ». En quelque sorte un positionnement « embedded » au capital, à l’impérialisme et sa déclinaison locale l’Europe de la « concurrence libre et non faussé ». 

Impérialisme mot qui a totalement disparu du vocabulaire des « dirigeants » du PCF, il est même devenu un gros mot

 Sainte Alliance : OTAN, Etats-Unis, Grande-Bretagne, France et Israël

Embedded : Incorporé


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3 janvier 2014 5 03 /01 /janvier /2014 17:27

                                                                              CERVEAU

 

L'antisémitisme, nain politique et piège symbolique  ou comment désarmorcer la lutte de classe

Nouvelle publication, en contexte d'un nouvel accès d'hooliganisme antisémite sur les réseaux sociaux, démasqué ici, 30 décembre 2013.

Notons qu'en ce qui concerne l'interdiction proposée des spectacles de Dieudonné, je n'y verrai aucun inconvénient de principe, mais je ne vois pas pourquoi Manuel Vall la prononcerait, à part pour lui faire de la publicité, en sachant à quel point l'antisémitisme est utile au pouvoir actuel, dans sa configuration européenne. On peut en dire de même pour les publications d'Alain Soral. Quant à la peur du "précédent", si le pouvoir cherchait vraiment à s'en prendre aux libertés publiques, il n'en aurait pas besoin.

 

Texte légèrement remanié par rapport à la version publiée sur RC en septembre 2011 sous le titre "réflexions sur l'antisémitisme actuel (2011)". lien à l'article ici (même texte, suivi de plusieurs commentaires, dont ceux de Danielle Bleitrach).


Réflexions générées sans doute par la lecture de la brochure stimulante de Badiou et Hazan « l’antisémitisme partout »,

Paris 2011, éditions La Fabrique.  

 

I


1)      Il est juste de rappeler, avant d'aborder la question de l'antisémitisme actuel pour déterminer sa fonction politique et pour évaluer son degré de nocivité, que les juifs ont été opprimés longtemps, en tant qu’individus et en tant que nation, et ont subi un génocide entre 1941 et 1945 des mains des nazis et de l’armée allemande qui a tué un tiers de leur peuple, soit environ six millions de personnes sans distinction de classe, de sexe, ni d'âge. Le but des nazis en cas de victoire était l'extermination de tous les juifs dans le monde.

 

2)      Précisément depuis 1945 la situation des juifs a changé. Le peuple juif n’est plus un peuple opprimé, bien que le traumatisme de l’extermination persiste chez les survivants, leurs descendants, et se renouvelle dans les nouvelles générations juives par la victimisation secondaire opérée par leur éducation.

 

3)      Depuis plus de 60 ans l’oppression séculaire des juifs a disparu. Cette émancipation réelle observable dans le monde est  principalement due aux sacrifices et à la victoire écrasante de l’Armée Rouge, de Stalingrad à Berlin, entre 1942 et 1945. C’est elle qui a anéanti l’hitlérisme, son armée et ses idées. On comptait d’ailleurs dans ses rangs des centaines de milliers de combattants juifs.


 II

 

4)      Mais la majorité des juifs d’aujourd’hui pense peut être que sa sécurité acquise de peuple dispersé dans le monde est due à l’action d’Israël qui la protège à distance. Il faut espérer que ce n’est pas le cas, car la continuité d’un État juif en Palestine, même nanti de l’arme nucléaire, n’est pas du tout garantie à long terme. Il suffit de regarder une carte : il semble un ghetto minuscule, à l’échelle de la planète, et on imagine mal comment il pourra survivre longtemps s’il reste comme un corps étranger implanté par la volonté de l’Occident au Moyen Orient.

 

5)      Israël n’a pas de légitimité comme représentant du peuple juif. Il est le résultat d’un projet porté par l’idéologie sioniste qui voulait réaliser un État national juif en Palestine, après émigration de tous les juifs dans ce pays dont leurs ancêtres culturels et peut-être biologiques, les Hébreux, avaient été chassés par l’Empire Romain aux premier et deuxième siècles de notre ère. Ce projet minoritaire de donner un territoire à une nation qui en était dépourvue, et qui était menacée par la montée du racisme antisémite n'était pas en soi condamnable, ce qui l'était, c'était d'en spolier un autre peuple pour atteindre ce but.

 

6)      Car c'était aussi un projet colonial de spoliation des peuples indigènes, qui ressortait de la politique et de l’idéologie colonialiste occidentale des années 1860 à 1914 : le projet d’édifier un foyer national juif en Palestine fut élaboré dans le déni des droits des habitants arabes, les Palestiniens, soumis à ce moment là à la domination ottomane, puis britannique après 1918.

 

7)      Le sionisme est resté minoritaire dans le peuple juif jusqu’à la fondation de l’État israélien en 1948, qui s’est faite au prix de l'exil forcé des Palestiniens, et a pu devenir dominant dans la diaspora à cause de l’anéantissement par le génocide nazi et l’exil du principal noyau démographique et culturel juif qui se trouvait dans la zone des juifs de langue yiddish, en Europe de l’Est, qui était resté indifférent ou hostile au sionisme, et dont une large fraction avait soutenu la révolution bolchevique.

 

8)      Loin de fournir une quelconque protection au peuple juif, Israël a dressé contre lui tout le monde arabe, musulman, et le Tiers Monde en général. S’iI protège les juifs, c’est contre les ennemis qu’il leur a lui même créés. Face aux nazis, en fait de résistance, les précurseurs sionistes de l’État israélien s’étaient bornés à négocier en vain avec eux un transfert des juifs allemands en Palestine.


 III

 

9)      L’antisémitisme aujourd’hui n’a pas disparu mais il n’a plus sa bonne conscience et la valeur d’opinion dominante qui était la sienne avant la seconde guerre mondiale, où les médias des « démocraties libérales » et l’establishment américain (Ford, Disney, Joseph Kennedy, Hearst) étaient majoritairement antisémites.

 

10)   L’antisémitisme est devenu aujourd’hui une pulsion morbide et clandestine ou une idéologie pour marginaux et non une force politique. Il ne peut être dangereux que dans des situations relevant de la délinquance et/ou du dérèglement mental, comme dans l’affaire du meurtre crapuleux d’Ilan Halimi, et celle du meurtre d'enfants commis à Toulouse par un apprenti djihadiste. Il s'est choisi, avec la "quenelle", un signe de ralliement à son image.

 

11)   Au-delà de ces cas pathologiques, de nombreuses accusations d’antisémitisme circulent dans les médias, parfois du registre de la malveillance pure (ainsi la campagne contre Jean Luc Godard). Elles sont intentées, qu’elles soient fondées sur la réalité ou non, pour discréditer les adversaires d’Israël, qui se recrutent en général dans le mouvement national palestinien et dans ses réseaux d’aide, marqués à l’extrême gauche.

 

12)   Le mouvement sioniste et les forces politiques qui dominent en Israël s’en félicitent, car ils ont tout intérêt à faire croire à une recrudescence de l’antisémitisme, voire quand elle se manifeste vraiment à la stimuler par des provocations massives, comme l’opération contre Gaza dite « plomb durci » en janvier 2009.

 

13)   Ainsi ce courant nationaliste anti-arabe hérité de l’ère coloniale peut travailler à ressouder les liens entre Israël et la diaspora, à le transformer en soutien inconditionnel, renforcer l’émigration juive en Israël, et même à donner à l’impérialisme occidental une apparence de contenu humaniste antiraciste en exhibant les dérapages antisémites de la propagande adverse.

 

14)   Les antisémites fascistes ou intégristes, principalement aujourd'hui les intégristes musulmans, et parfois aussi gauchistes (le négationnisme des chambres à gaz est un produit d’extrême gauche à l’origine) ont intérêt à feindre un grand engagement pour la cause des Palestiniens, mais leur principal but est la réalisation pulsionnelle leur aliénation raciste. Ils sont les complices objectifs des précédents.

 

IV

 

15)   Depuis une vingtaine d’année (précisément depuis la chute de l’URSS) on assiste à une réécriture de l’histoire comme un combat sommaire du bien démocratique libéral contre le mal « totalitaire », catégorie confusionniste où nazisme et communisme sont amalgamés en dépit de la réalité historique, et les juifs sont les otages de cette réécriture.  

 

16)   Dans ce détournement, Auschwitz et les camps d’extermination nazis sont présentés en dehors du contexte historique réel et de toute explication rationnelle, de manière mystique, comme une forme de « mal radical ».  Ainsi la responsabilité écrasante dans l’instauration des régimes fascistes, endossée par les dirigeants politiques, militaires et économiques du capitalisme européen entre-deux-guerres et le rôle dans la dérive fasciste de la banalité idéologique anticommuniste de l’époque est cachée aux nouvelles générations, et la mémoire de la Shoah, boursouflée d’émotion surjouée par des hypocrites, est cyniquement récupérée pour servir à la diabolisation du « totalitarisme » donc du communisme amalgamé au nazisme. On en arrive à la dénaturation complète de la vérité historique, où la force politique communiste qui est celle qui a combattu le plus résolument le nazisme est calomniée et diabolisée. Pour Le Pen, Auschwitz n'était qu'un "détail" de l'histoire de la Seconde Guerre Mondiale, pour l'histoire scolaire en Occident, c'est devenu un détail de l'histoire du totalitarisme.

 

17)   La Shoah a d’abord été récupérée par l’histoire nationale israélienne, ce qui se comprend aisément, mais au prix d’une distorsion de la réalité historique. Les victimes de la Shoah furent les juifs qui ne voulaient justement pas émigrer en Palestine, et à qui on a bien souvent refusé l’entrée aux États-Unis ou en France. Cette récupération sert à créer en Israël une mentalité de citadelle assiégée, et à produire les conditions psychologiques pour que les jeunes israéliens ne puissent refuser de participer à des guerres d’agression répétées, toujours lancées au nom de la sécurité du peuple juif.

 

18)    la Shoah est utilisée sans scrupule maintenant pour le récit scolaire occidental de la fin de l’histoire, qui aboutirait au meilleur des mondes, démocratique et libéral, l’espoir des propagandistes du millénaire libéral étant que les ennemis du capitalisme seront assez bêtes pour se discréditer en tombant dans le piège grossier du négationnisme, comme l’ultra-gauche « conseilliste » et « bordiguiste » y a donné tête baissée dès les années 1960, avec quelques autres, anarchistes, ou trotskistes. Bien entendu il s’en trouvera encore d’autres, et on leur fera la plus grande publicité possible. Chez les communistes il ne s’est guère trouvé que Garaudy, après son exclusion, pour se déshonorer de cette manière.

 

19)   Toute dénégation ou minimisation de la Shoah sous prétexte de lutte anti-israélienne est odieuse et stupide. Toute exploitation qui en est faite pour justifier la politique israélienne l’est tout autant. La Shoah n'a pas "d'ayant-droits". Il n’y a pas de continuité entre l’histoire de la Shoah et celle d’Israël. Israël n’est pas un dédommagement accordé aux juifs pour compenser la « solution finale ».  Si c’était le cas, il aurait été créé dans un territoire allemand, en Prusse par exemple. En toute justice, les Palestiniens n’ont pas à payer pour des crimes européens. Et les néo-nazis qui se servent d'eux pour exprimer leur pulsion de mort sont à mettre au nombre de leurs ennemis.

 

V

 

20)   Israël se prétend représentant de tous les juifs et «  État juif ». La critique d’Israël  dérape souvent en critique des juifs en général du fait de cette revendication exorbitante.  

 

21)   Des institutions pseudo représentatives (comme en France le CRIF) font pression moralement sur les juifs de la diaspora pour les obliger à s’aligner sur le sionisme. Cela crée une confusion délibérée, qui rend difficile de limiter à la responsabilité des seuls Israéliens les actions d’Israël, et cela d’autant plus que la jeunesse juive apolitique française, ignorante de l’histoire et manipulée par les médias comme le reste de sa génération, s’érige souvent en supporter bruyant des colons et de l’armée d’occupation. Cette confusion entre juifs et Israéliens est bien entendu voulue par les autorités israéliennes.

 

22)   Le philosémitisme actuel en Occident n’est que l’antisémitisme bourgeois des années 1930, mais inversé.  Selon  Hazan et Badiou « un philosémite est un antisémite qui aime les juifs ». Ainsi, des journalistes d’un hebdo français autrefois prestigieux accusaient l’an dernier d’antisémitisme tous ceux qui critiquaient « les riches », puisque tout pro-sionistes qu’ils étaient, ils adhéraient au cliché antisémite selon lequel tous les juifs sont riches.

 

23)    Et le philosémite s’il aime les juifs les préfère loin de chez lui, à condition qu’ils forment une colonie militaire en avant poste impérialiste au Moyen Orient, qui surveille la route du pétrole. La durée de vie maximale de l’amour pour l’État juif proche oriental, dans le cœur de l’Occident capitaliste, est donc celle des réserves du Golfe : un demi-siècle.  

 

24)   Israël peut survivre dans les prochaines générations s'il rompt avec le sionisme et trouve un accord juste avec les Palestiniens et ses voisins arabes, qui impliquera son insertion dans la région et donc beaucoup de concessions (deux États souverains, partage de Jérusalem, droit au retour des Palestiniens, etc.). Le meilleur plan de paix cependant comporterait la refondation d’un état unique Palestinien pour les Arabes et les Juifs, avec les frontières du mandat palestinien, laïc et régit par le droit du sol.

 

25)   Certains sionistes particulièrement naïfs, juifs ou non d'ailleurs, croient au mythe antisémite de la toute puissance des juifs. Ils croient, et font croire, qu’Israël peut faire pression sur les États-Unis et les médias ne se privent pas de reproduire cette aberration.  Il ne manque pas d'articles des médias "mainstream" qui tentent de mettre en scène une Amérique alignée sur Israël, bon gré mal gré, contre ses propres intérêts. Les antisémites d’en face le croient aussi, et il faut les voir espérer avec candeur le retournement américain. La vérité est bien sûr tout le contraire : Israël est un satellite des États-Unis, et loin d’être le plus important. Le pouvoir du « lobby juif » américain est infiniment plus limité que celui du complexe militaro-industriel, que ceux des différentes églises protestantes, ou que celui des armes à feu. Dans l’alliance réactionnaire entre juifs sionistes de New York et fondamentalistes apocalyptiques du Middle West qui influence le Congrès des États-Unis, les maîtres du jeu sont ces « ploucs » dangereux qui pensent sérieusement que le retour des juifs en Palestine est un « signe » précurseur du retour du Christ.

 

26)   Sur la question palestinienne, la solution démocratique qui doit prévaloir ne peut qu’être retardée par les manifestations d’antisémitisme. Ce qui empêche la majorité des juifs d’Israël ou de la diaspora de soutenir l’idée d’un accord de paix concret avec leurs adversaires arabes est la crainte pour la sécurité future du peuple juif et l’antisémitisme bruyant et odieux mais fondamentalement inoffensif de quelques marginaux montés en épingle ranime cette crainte, à la grande joie des partisans de la guerre éternelle au pouvoir en Israël.

 

27)    Bien sûr nul ne peut dire avec certitude si dans l’avenir lointain les juifs ou n’importe quel autre peuple vivront toujours en sécurité, mais ce qui est certain c’est que cette sécurité ne viendra pas d’Israël.  Israël et sa politique de fuite en avant représente le principal danger actuel pour le peuple juif.

 

VI

 

28)   Il ne faut pas confondre avec les résidus de l’antisémitisme occidental  la haine anti-judaïque qui s’est développée dans le monde arabe et musulman depuis 1948. Toute condamnable qu’elle soit, elle est plus du registre de la xénophobie de guerre qui se développe en pays vaincu et humilié dans son orgueil national que du racisme proprement dit. Elle est comparable à la haine anti allemande dans la France d’après 1870. Elle enveloppe tous les juifs parce qu’Israël  prétend être « l’État juif ».  Elle s’éteindra rapidement avec la disparition des conditions historiques qui l’ont créée.


29)   L’antisémitisme agressif et meurtrier de la première moitié du vingtième siècle européen s’attaquait à des communautés juives qui demandaient avant tout le « droit à l’indifférence », soucieuses qu’elles étaient d’intégration dans leurs pays respectifs. Aujourd’hui le débat sur la résurgence de l’antisémitisme se produit dans un contexte tout autre, où s'exacerbent de pseudos-identités en grande partie artificielles, où l'on s'adonne avec volupté au narcissisme communautariste, qui affecte aussi bien les juifs, que les autres groupes minoritaires des sociétés occidentales (LGTB, musulmans, noirs, etc.). Dans ce contexte dérapages verbaux et incidents racistes sont fréquents de part et d’autre. Mais ils sont de l’ordre de la posture, ils reflètent un pervers « vivre ensemble en ghetto » directement importé des États-Unis et ils n’impliquent aucun projet politique précis, si ce n'est le maintien du monde tel qu'il est. Les "différences" entre ces pseudo-communautés sont toutes absorbées dans l'identité du consommateur aliéné prêt à tout piétiner pour une paire de basquettes de marque.

 

30)   L’antisémitisme résiduel en Occident est une forme de hooliganisme, ni plus ni moins. Comme toujours dans ce cas, il exprime le désir égaré du « rebelle sans cause » parfaitement impuissant qu’adore le cinéma capitaliste, ce désir imature de se faire remarquer en contredisant systématiquement le message moralisateur des institutions, quel qu’en soit le contenu, qu’il s’agisse de respecter le drapeau national, d’être poli avec les dames , de cesser de fumer ou de communier dans le devoir de mémoire.

 

31)   L’antisémitisme au XXIème siècle est une survivance de peu d’importance politique réelle, mais c’est un piège symbolique efficace pour discréditer les causes anti-impérialistes. Pour le désamorcer il faut condamner résolument et sans phrases toutes ses manifestations réelles, et condamner l’indécente instrumentalisation des accusations d’antisémitisme. Ce qui implique de faire l’effort de se mettre à la place des intéressés, les juifs, les arabes, et les autres. Et de peser soigneusement ses termes en gardant à l'esprit la possibilité permanente de détournements malveillants. Il est affligeant de constater le nombre de militants d'extrême gauche, parfois très intelligents, qui sont incapables de cette forme élémentaire d’empathie.

 

 

Gilles Questiaux,

membre du comité exécutif de la section du XXème arrondissement de Paris du PCF,

31 août 2011

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3 janvier 2014 5 03 /01 /janvier /2014 17:13

                                                                    MARE NOSTRUM-copie-1                                                          

 

combat communiste

« Libérez Marwan Baghouti et tous les prisonniers politiques palestiniens »

Le PCF salue la libération de 26 prisonniers palestiniens. C'est une victoire pour les militants de la paix, du droit et de la justice au Proche-Orient. Le PCF se réjouit qu'ils puissent enfin recouvrer la liberté et retrouver leurs familles et leur peuple.

Nul n'est cependant dupe. À deux jours de la visite du secrétaire d'État américain, John Kerry, Israël, qui a bombardé Gaza du 24 au 26 décembre en toute impunité, libère les prisonniers au compte-goutte comme s'il s'agissait d'un signe de bonne volonté alors qu'il doit s'agir d'un préalable à tout accord de paix.

Israël maintient encore illégalement en détention près de 5 000 prisonniers politiques palestiniens dont Marwan Barghouti, député de l'Assemblée législative palestinienne et dirigeant du Fatah. Le véritable geste de paix serait de libérer tous les prisonniers politiques palestiniens immédiatement et sans condition.

S'il s'avérait que ces libérations devaient masquer la décision de nouvelles constructions coloniales en Cisjordanie et à Jérusalem-Est, le premier ministre israélien et son gouvernement feraient, une fois de plus, preuve de duplicité. Rien de bon pour Israël comme pour la Palestine ne peut venir d'une telle fuite en avant dans la politique coloniale.

À la veille du début de l'année mondiale de solidarité avec la Palestine pour la paix, la justice et le droit, le PCF appelle les forces démocratiques et de progrès à se mobiliser partout dans le monde pour les droits du peuple palestinien et la co-existence pacifique de deux États, israélien et palestinien.

Un premier pas sur le chemin pour y parvenir est connu : libérez Marwan Barghouti et tous les prisonniers politiques palestiniens, maintenant !

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3 janvier 2014 5 03 /01 /janvier /2014 17:01

                                                                          cerveau animé

 

 

Lundi 30 décembre 2013

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Paris : Akram Belkaïd (In Le Quotidien d’Oran du 14 décembre 2006)

C’est un sentiment que de nombreux Occidentaux ne comprennent pas toujours ou bien estiment-ils qu’il est exagéré, voire qu’il est feint. Mais le fait est que, pour moi comme pour des millions d’Arabes, le sort des Palestiniens est une peine à vivre. Je ne prétends pas que seuls les Arabes ou les musulmans se sentent concernés par le drame de ce peuple. Néanmoins, cette douleur que j’éprouve de manière régulière, cette empathie naturelle qu’irrigue vraisemblablement mon appartenance à un peuple longtemps dominé, sans oublier, disons-le aussi, une réelle mauvaise conscience liée à un fort sentiment d’impuissance, sont autant de raisons qui rendent ce lien à la Palestine si particulier. Bien sûr, je n’oublie pas que les dirigeants arabes ont souvent trahi les Palestiniens et qu’ils se sont servis de leur détresse pour asseoir et préserver leur propre pouvoir. Pour autant, cela ne doit pas faire oublier que la question palestinienne est un ciment qui transcende les frontières, du Maroc à l’Indonésie.

Mais, si l’on n’est pas vigilant, toute cause, même la plus noble, peut facilement être pervertie. C’est ce qui vient d’arriver avec cette honteuse et inadmissible « conférence » sur l’Holocauste qui vient d’avoir lieu à Téhéran. En accueillant toute cette brochette de fripouilles négationnistes et révisionnistes, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a fait du mal aux Palestiniens et à leur combat pour recouvrer la dignité qui sied à tout être humain. Plus grave encore, il a conforté l’idée, déjà très répandue dans le monde entier, que, finalement, les pays musulmans sont le lieu de résurgence de la judéophobie.

En France, il n’est pas simple, quand on est arabe ou simplement maghrébin, de défendre les Palestiniens. Il est délicat de dire sa colère et son indignation vis-à-vis de ce que leur inflige Israël comme traitements inhumains. C’est un débat où l’on marche sur les oeufs et qui empoisonne les relations avec ceux et celles qui soutiennent l’Etat hébreu de manière inconditionnelle. En fait, l’accusation d’antisémitisme n’est jamais loin et, parfois, on est même exclu d’emblée des discussions et réflexions sur ce sujet du fait de ses origines sud-méditerranéennes et de sa foi musulmane. Mais cette mise à l’écart - qui ne dit jamais vraiment son nom -, tout comme les agissements israéliens, ne sauraient justifier que l’on prenne le chemin du marigot négationniste et que l’on nie la Shoah. Rien ne peut justifier que l’on qualifie de mythe l’extermination volontaire et organisée de plus de six millions de Juifs.

Il y a, pour qui prétend être solidaire des Palestiniens, des amitiés et des soutiens dont on doit se passer et qu’il faut éviter comme la peste. N’en déplaise à ceux qui sont toujours dans l’attente d’un zaïm qui réveillera le monde arabo-musulman, j’estime que Mahmoud Ahmadinejad n’est certainement pas celui qu’il faut suivre. Cet homme, adepte d’un courant messianique qui entend accélérer l’arrivée du « Mountadhar » sur terre, prépare le malheur de son propre peuple et il n’est en rien le sauveur annoncé des Palestiniens.

Oui, les nazis ont déporté et gazé les Juifs sans distinction de sexe ou d’âge. Le dire, l’écrire, ce n’est pas trahir les Palestiniens. Cela n’a rien à voir. C’est implement reconnaître une vérité historique, une infamie incomparable même si d’autres génocides ont suivi comme au Rwanda et, malheureusement aussi - il faudra y revenir - au Darfour. A ceux qui seraient choqués par ce que je viens d’écrire, je conseille de s’en remettre à la lecture. Lire... Non pas des insanités que l’on trouve ici et là sur tel ou tel complot juif mondial mais des ouvrages d’historiens tel celui de Raul Hilberg (« la destruction des Juifs d’Europe »). Il y a aussi la littérature, qui peut tout à condition de l’entendre : « Si c’est un homme » de Primo Levi ou encore « Histoire d’une vie » d’Aharon Appelfeld. Lire ces romans, ce n’est pas tout comprendre, c’est juste appréhender, capter quelques monceaux de ce que fut cette tragédie imprescriptible.

C’est à dessein que je n’ai pas cité des auteurs et des intellectuels équivoques qui sont avant tout des partisans d’Israël et dont la bonne foi s’arrête au seuil des droits des Palestiniens à disposer de leur terre. Ces gens-là nient la part d’humanité des Palestiniens et ne sont plus que des militants qui diabolisent tous ceux qui ne partagent pas leurs idées, à commencer par les intellectuels arabes. Croiser le fer avec eux - au sens du débat pacifique - est pourtant une nécessité parce que c’est l’opinion publique mondiale qu’il faut convaincre. C’est elle qui finira, tôt ou tard, par sauver les Palestiniens. Mais cela ne veut certainement pas dire qu’il faille s’acoquiner avec des salopards qui nient, minimisent ou même banalisent la Shoah et qui profitent de la rancoeur arabe à l’encontre d’Israël pour diffuser leur délire.

Il y a des amis qui n’en sont pas. En France, l’extrême droite, qui tape sur les épaules des Arabes du Proche-Orient et qui - preuve de l’incroyable confusion qui règne dans la classe politique française - cherche à séduire les Beurs, n’est pas l’amie des Palestiniens. C’est sa détestation profonde des Juifs, son négationnisme masqué mais réel, qui la pousse vers nous. Il faut en avoir conscience. Mais il n’y a pas que l’extrême droite. Au bout de quelques années dans ce pays, j’ai vite compris qu’il suffisait d’un rien, un coup de coude, un clin d’oeil, pour que les vannes lâchent et que se déversent les flots antisémites. Je peux porter un keffieh le jour de l’enterrement d’Arafat, je peux écrire une chronique rageuse sur les bombardements israéliens au Liban mais je refuse d’être complice de cette engeance raciste qui s’est précipitée à Téhéran, à l’image de David Duke, l’ancien chef du Ku Klux Klan !

Je le répète, il y a des mains tendues auxquelles il ne faut pas répondre à moins de souiller ses propres convictions. Ni Dieudonné - qui a serré celle de Le Pen - ni l’écrivain Marc-Edouard Nabe - pour qui un Beur qui n’a pas recours à la violence est un « collabeur » - ni encore l’essayiste Alain Soral (qui vient de rejoindre le Front national) ne sont les amis des Palestiniens ou des Libanais. Ils peuvent critiquer Israël et les Juifs autant qu’ils le souhaitent : ils n’ont pas à faire partie de notre famille.

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3 janvier 2014 5 03 /01 /janvier /2014 16:48

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Deux ou trois choses que je rapporte de 36 h à Gaza (décembre 2013)
jeudi 2 janvier 2014 par Pierre Stambul

Gaza au cœur, avons nous écrit. Entrer à Gaza c’est possible mais il y a une procédure un peu compliquée. Depuis quelque temps, les périodes d’ouverture de la frontière de Rafah sont rares et brèves. On peut avoir de la chance, mais on peut aussi être bloqué très longtemps au Caire, ce qui est arrivé à Pierre Stambul. Il nous rapporte cependant de ce court séjour des éléments utiles pour tout le mouvement de solidarité.

Entrer à Gaza c’est possible mais il y a une procédure un peu compliquée. Depuis quelque temps, les périodes d’ouverture de la frontière de Rafah sont rares et brèves. On peut avoir de la chance, mais on peut aussi être bloqué très longtemps au Caire, ce qui m’est arrivé.

Dès qu’on a atteint le canal de Suez, les check-points se succèdent avec parfois des moments très désagréables. La route est souvent coupée et il faut partir sur des petits chemins dans les champs ou les villages.

À la douane égyptienne, prévoir 4 à 7 heures d’attente (alors qu’à l’aéroport du Caire où on est présumé touriste, on passe en 5 minutes). C’est la bureaucratie primitive à l’état pur avec des formalités faites à la main et des ordinateurs en panne. Les Internationaux ne sont pas mieux traités que les Palestinien-ne-s. C’est Gaza qui est puni et humilié. On est aussi rançonné avec des dépenses absurdes (prévoir une trentaine d’euros à chaque passage). Côté palestinien, c’est beaucoup plus simple.

Unadikum

Ce sont en quelque sorte des brigades internationales pour la Palestine. Le principal animateur de l’association, Manu Pineda, est un Espagnol de Malaga dont le militantisme pour la Palestine remonte à la première Intifada. Il était alors dans le camp de Jabaliya.

Unadikum a un appartement tout près du port de Gaza qui peut loger 6 ou 7 personnes. L’association a établi un réseau de relations avec de nombreux Palestiniens. Ils ont des voitures et des chauffeurs mais ces derniers sont beaucoup plus que cela. Ce sont des gens formidables dont les tranches de vie sont très représentatives de celles des Gazaouis. Quasiment tous les jours, il y a des rencontres et des soirées communes. Le Palestinien qui m’a guidé et accompagné pendant mon séjour m’a fait partager sa vision, ses opinions, sa façon de vivre, ses espoirs et ses désespoirs.

Unadikum a une action continue de protection des paysans qui travaillent tout près de la « barrière de sécurité » (pour reprendre le vocabulaire de l’occupant) et des pêcheurs qui sont agressés jusque sur la plage malgré une autorisation théorique d’aller jusqu’à 6 Km. Les camarades d’Unadikum qui sont entré-e-s avec moi à Gaza transportaient plusieurs valises de médicaments.

Unadikum suit l’actualité sur Gaza heure par heure et intervient dès qu’il se passe quelque chose. C’est ainsi que nous sommes allé-e-s le 24 décembre à l’hôpital voir le corps d’Hala, une fillette de trois ans, tuée par le tir d’un tank israélien à 700 m de distance sur une maison habitée par 25 personnes. Nous avons vu aussi les autres membres de la famille blessé-e-s. La famille nous a demandé de filmer et de témoigner.

Unadikum connaît tout le monde à Gaza : les partis, les syndicats, les associations, les ONG. C’est grâce à eux que j’ai pu avoir plusieurs rencontres. Si j’avais eu le temps initialement prévu sur place, j’aurais rencontré le Hamas.

Manu Pineda m’a fait une forte impression. Il était à Athènes pour la flottille. Il considère qu’il ne faut surtout pas opposer la démarche d’Unadikum, le BDS, la flottille ou d’autres formes de solidarité. Au contraire, tout est complémentaire et doit s’ajouter. Il déplore les divisions inutiles dans le mouvement de solidarité. Je partage totalement ce point de vue.

L’Égypte et Gaza

Deux éléments ne font pas de doute :

Il y a eu un réel mouvement populaire massif qui a abouti à un soulèvement contre les Frères Musulmans. Ceux-ci s’étaient fortement discrédités par un exercice du pouvoir plus que partisan et par une incapacité à affronter les problèmes (notamment sociaux) de l’Égypte. Morsi avait cru naïvement qu’en remplaçant le chef de l’armée ou quelques juges, il aurait les mains libres. Les Frères Musulmans n’ont pas seulement perdu le pouvoir, ils ont été défaits dans la société civile en perdant par exemple une majorité qu’ils détenaient depuis des décennies chez les étudiants et les médecins face à des listes indépendantes.

Si le mouvement Tamarod (= rébellion) a été spontané, une partie importante de ses animateurs s’est ralliée très vite à l’idée d’un coup d’État militaire. Par exemple, le dirigeant des syndicats indépendants est devenu ministre du travail du nouveau régime. L’armée qui semblait s’être résignée à un partage du pouvoir avec les Frères a sauté sur l’occasion. On a clairement affaire à une contre-révolution réactionnaire. Quelques révolutionnaires, animateurs de la première révolution, restent des opposants. Certains sont en prison. Quelques-uns dénoncent la répression meurtrière contre les Frères. Tous contestent les lois liberticides. Désormais, le premier parti en Égypte est le parti salafiste Al Nour soutenu par l’Arabie Saoudite et probablement créé et aidé par l’armée.

Quel rapport avec Gaza ? Le premier chef d’inculpation contre Morsi (pour lequel il risque la peine de mort) serait sa participation (sous l’ère Moubarak) à un « complot » avec le Hamas, le Hezbollah, les Gardiens de la Révolution iraniens, Al Qaïda … n’en jetez plus, la cour est pleine. La justice égyptienne s’apprête à inculper par contumace des dizaines de membres du Hamas et du Hezbollah. Le deuxième chef d’inculpation reproche à Morsi d’avoir eu en tant que chef d’État des rapports avec le Hamas (! !).

Les nouveaux dirigeants égyptiens s’apprêtent à faire légitimer l’éviction des Frères Musulmans par un référendum. Ils ont promulgué un décret qui criminalise le fait d’appeler à voter non ou à boycotter le scrutin !

Ce qui a fait basculer l’opinion en leur faveur, c’est « l’insécurité ». On peut quand même avoir des doutes. J’ai pu assister à une intense campagne de presse visant à assimiler les Frères Musulmans à une organisation terroriste. Le lendemain, un attentat à la voiture piégé provoquait la mort de 15 personnes à Mansourah dans le delta. Aussitôt, la décision était prise de qualifier officiellement la confrérie de terroriste. Dans ce genre d’affaire, on ne sait plus qui tue qui et qui manipule qui.

De même, il paraît que le Sinaï est truffé de terroristes d’Al Qaïda aidés par le Hamas. On peut avoir des doutes. Le nord du Sinaï est totalement plat, n’offre aucune cachette et la présence de l’armée y est imposante. Curieusement la partie montagneuse du Sinaï qui jouxte les stations touristiques de la Mer Rouge n’a pas de terroristes. Bizarre. Cette « menace » est la justification du quasi-blocage de la frontière de Rafah. Pourtant , le dernier numéro de 2013 de l’hebdomadaire Al Ahram (en français) publie un superbe dossier de trois pages sur la Palestine. Citons les articles : « Des négociations à vau l’eau » où il est expliqué que Kerry veut faire capituler les Palestiniens. « Il faut une action palestinienne pour faire avorter ce complot », article qui critique les pays du Golfe. « La Palestine, victime collatérale du printemps arabe ». « Le lourd bilan des colonies », article qui rappelle qu’entre 2012 et 2013, la colonisation a augmenté de 70%. « Première année mitigée de la Palestine à l’ONU », article qui confirme que l’Autorité Palestinienne s’est engagée à ne pas saisir le Tribunal Pénal International contre Israël. Et enfin « au bord de la faillite », article qui rappelle que les caisses de l’Autorité Palestinienne sont vides et que les recettes des douanes (contrôlées par Israël) représentent les 2/3 de son budget.

Il y a juste un manque dans ce dossier : le rôle-clé de l’Égypte dans le blocus de Gaza et le fait que ce pays, comme Israël, punit collectivement toute la population de Gaza.

Gaza, impressions rapides

Par rapport au film Gazastrophe tourné immédiatement après l’opération « Plomb durci », on voit beaucoup moins de gravats et visiblement, malgré la pénurie de ciment, il y a eu beaucoup de reconstructions. La route Salah al-Din qui traverse la bande de Gaza du nord au sud est en réparation, mais on peut circuler sans problème.

Je n’ai pas eu le temps d’aller dans les camps de réfugiés, ni de voir l’aéroport détruit ou les réservoirs d’eaux usées. Environ 70% de la population de Gaza a le statut de réfugié. En ce sens, la ville de Gaza est un peu différente avec des quartiers de ville historique et un assez joli front de mer (hôtels, bars, port).

Unanimement, les Gazaouis disent : « nous sommes des gens normaux, nous ne sommes pas des terroristes, nous voulons pouvoir vivre comme tout le monde ».

On en est loin. D’abord, ils sont en cage. La frontière d’Erez est fermée, sauf rares exceptions. Celle de Karni où passent les camions ferme au moindre « incident ». Celle de Rafah n’ouvre qu’épisodiquement.

La question de l’eau (voir plus loin) est centrale. L’eau du robinet qui vient de l’aquifère peut servir pour l’agriculture ou le lavage, mais elle est saumâtre et totalement impropre à la consommation. Il faut payer (cher) pour avoir de l’eau potable.

L’électricité, c’est en moyenne 6 heures par jour. La lampe de poche est indispensable. Malgré les groupes électrogènes, on n’est que partiellement éclairé et tous les jours, des gens sont bloqués dans les ascenseurs.

L’essence est rare. En Égypte, elle est subventionnée et ne coûte que 12 centimes d’euro le litre. Quand cette essence arrivait à Gaza, on trouvait de l’essence à 80 centimes. Aujourd’hui, il n’y a plus que l’essence israélienne à 1,60 euro. Pour les Gazaouis, c’est hors de prix alors parfois, les charrettes remplacent les voitures.

Le chômage et la pauvreté sont généralisés. L’économie a été détruite ou étranglée, notamment l’agriculture et la pêche (voir plus loin).

Les hôpitaux manquent de médicaments, d’hygiène et de médecins bien formés. Beaucoup de malades partent à l’étranger pour se faire soigner.

Un effort énorme est porté sur l’éducation. Il y a très peu d’illettrisme (alors que l’Égypte compte 30% d’illettrés). Beaucoup d’étudiants partent à l’étranger pour terminer leurs études. On rencontre beaucoup de diplômés forcés de survivre avec des petits boulots.

Les Palestiniens avec qui j’ai parlé sont essentiellement des jeunes diplômés proches d’Unadikum. Tous ont un grand regret : « La Palestine n’a ni unité, ni leadership ». Ils sont très critiques sur les deux gouvernements palestiniens : « ils ne se préoccupent que de leurs propres intérêts ».

J’ai même entendu un discours rare : « mon employeur à Tel-Aviv était un Israélien d’origine libyenne qui me respectait et me disait : ici, c’est ton pays. On peut vivre ensemble avec des gens comme lui et je regrette cette période ».

Un dernier mot sur la question religieuse à Gaza. Noël est un jour férié par respect de la minorité chrétienne qui est très appréciée. Avec un parti islamiste au pouvoir, on pourrait imaginer que les signes religieux soient envahissants. En fait, non. Il y a moins de barbes islamiques ou de hidjebs qu’en Égypte.

Tous mes interlocuteurs savaient que j’étais juif. Cela a entraîné des réactions de sympathie. Une seule fois d’étonnement.

L’Union des femmes palestiniennes (PWU : Palestinian women’s union)

Cette association a été créée en 1964 à l’époque de l’occupation égyptienne. Elle est dirigée par Leila Klaibo. Elle abrite une crèche, un jardin d’enfant et une école maternelle. Les enfants m’ont chanté des comptines en arabe et en anglais. L’association vient en aide aux familles pauvres et aux orphelins. Elle ne reçoit pas de subventions, juste parfois des donations (une salle d’ordinateurs). Elle vit des maigres tarifs d’inscription des familles. J’ai remis 600 euros destinés à trois enfants parrainés par un grand militant marseillais.

Une idée me vient : de nombreuses collectivités locales françaises détournent la tête quand on leur parle de Gaza (donc des « terroristes »). PWU m’a remis un document en anglais qui explique leurs objectifs et leurs activités. Avec un tel document, il me semble possible de demander à des municipalités ou des régions d’entrer en relation solidaire avec le PWU.

Le PCHR (Centre palestinien des droits de l’homme) : Eyad Al Alam (avocat, directeur des affaires légales)

Les objectifs du PCHR sont la défense des droits économiques, l’aide aux victimes, le développement des droits démocratiques, l’aide légale et la confrontation avec l’occupant. Le PCHR a parfois des problèmes aussi avec l’Autorité Palestinienne. Il enquête et se documente sur tout ce fait l’occupant, sur les attaques.

Le PCHR a travaillé avec les enquêteurs du rapport Goldstone. Il a fourni aux enquêteurs tous les documents que celui-ci a utilisés.

Chaque semaine, le PCHR publie un rapport. Parfois, il enquête aussi sur des violences interpalestiniennes. Comme ONG, il reçoit des subventions d’Oxfam ou d’Amnesty. Il refuse toute subvention des États-Unis.

Il publie des rapports sur la situation des pêcheurs privés de travail, sur le manque de médicaments et l’absence de transferts médicaux, sur la pauvreté des hôpitaux qui n’ont que les bâtiments.

Il travaille avec les comités de soutien aux prisonniers (il y a 500 prisonniers politiques originaires de Gaza) et avec les comités contre la torture en lien avec les avocats. Depuis la libération de Shalit, les familles peuvent visiter les prisonniers mais l’accord est régulièrement violé.

« Rien ne changera avec Abou Mazen ».

« Il est clair que l’Égypte est contre nous. Certains prétendent attaquer le Hamas mais ce sont tous les Palestiniens qui en subissent les conséquences ».

Eyad estime que la Palestine est très faible et il espère des changements en Israël.

« Notre rêve, c’est un seul État, notre référence c’est Mandela, nos dirigeants sont stupides ».

« À l’époque de l’occupation, je n’étais pas en cage, je pouvais aller à Tel-Aviv. Aujourd’hui, on manque d’électricité et de nourriture ».

« On a deux parlements, deux gouvernements, deux lois. Pourquoi n’y a-t-il pas réunification ? Je me fous des relations Fatah-Hamas. On voudrait des élections mais Israël contrôle tout et ne laissera pas faire ».

« Le gouvernement de Gaza a eu l’aide de Morsi et, maintenant que les Frères Musulmans sont qualifiés de terroristes, on en paie les conséquences ».

« Les deux gouvernements palestiniens n’ont plus de légitimité ni de cadre légal pour exercer le pouvoir ».

« Je rêve à nos droits de mener une vie normale et d’être traités comme des êtres humains. Les Palestiniens sont traités comme des animaux. On n’a même pas le droit de choisir nos dirigeants ».

Le PCHR (Centre palestinien des droits de l’homme) : Khalil Shaheen (droits économiques et sociaux)

« C’est la pire situation aujourd’hui pour les droits de l’homme. Nos droits fondamentaux sont niés. Nous n’avons pas d’unité géographique avec la Cisjordanie et nous sommes totalement dépendants de la politique israélienne ».

« Ce qui est à l’œuvre, c’est la division de la Palestine, le nettoyage ethnique à Jérusalem et l’apartheid ».

« Face à cela, il y conspiration du silence, complicité et impunité. Il faut des sanctions. Ceux qui ont commis des crimes de guerre et des crimes contre l’humanité doivent être jugés ».

« L’Europe a payé notre port et notre aéroport. Elle n’a rien dit quand ils ont été détruits ».

« Les droits de l’homme s’appliquent partout, sinon c’est la discrimination. Nous devons nous appuyer sur le droit, ce qui implique le droit de résister à l’oppression ».

« Ceux qui ont ordonné à leur armée de tirer sur des civils ont violé la convention de Genève. Pourquoi la justice internationale protège-t-elle les criminels de guerre israéliens ? »

« Richard Falk a été accusé d’antisémitisme quand il a parlé de génocide. Avant lui, John Dugard a été traîné dans la boue. Falk et Dugard sont pourtant juifs ».

Khalil explique qu’à Gaza la situation est catastrophique depuis la destruction des tunnels et qu’on a affaire à une punition collective avec le blocus. Ce blocus coûte aux Gazaouis le double de ce que la communauté internationale leur donne. Il y a 45% de chômeurs (sans aucun travail) à Gaza. Parmi eux, 35000 chômeurs diplômés car le secteur public ne peut rien leur offrir.

C’est le secteur de la pêche qui est le plus sinistré : bateau confisqué à 700 m de la côte, 2 pêcheurs tués à 300 m du rivage. En 2012, il y avait 4200 pêcheurs et 219 bateaux pour une pêche misérable qui atteint à peine le niveau d’il y a 50 ans.

Les gens sont poussés à la misère. Beaucoup de jeunes veulent partir.

« Sur l’unité palestinienne, Fatah et Hamas ont un peu avancé, mais c’est mission impossible. Il manque la volonté politique et des leaders charismatiques. Les civils paient pour cette division, c’est une honte. Notre nationalisme doit se battre exclusivement contre l’occupant et pour nos droits ».

Sur le débat un État/deux États, Khalil signale que Noam Chomsky qui est venu à Gaza dit le contraire de la position d’Edward Saïd : pour lui, la reconnaissance internationale implique deux États.

« Comme Palestinien, j’ai été victimisé et maltraité. La Naqba est en moi. Je suis né ici, c’est mon pays. Un Russe obtient la nationalité et moi, je n’ai rien. La loi vient du pouvoir, pas de la morale. Avec la globalisation, j’ai espoir que les barrières disparaîtront. Pourquoi la communauté internationale accepte-t-elle cette punition collective ? »

Khalil rappelle qu’Amira Hass a vécu 3 ans dans le camp de Jabaliya et deux ans à Rafah. Il explique que les drones ont déjà tué 650 personnes. Ce sont des crimes de guerre, une juridiction internationale devra les juger.

En novembre, les parents de Rachel Corrie sont venus à Gaza. Une semaine après leur départ, l’offensive israélienne a commencé.

Le Front Populaire de Libération de la Palestine (FPLP, Rabah Mohanna, membre du bureau politique)

Au mur, il y a le portrait de Georges Habache, fondateur du FPLP et de Abou Ali Moustapha, ancien secrétaire général, assassiné par les Israéliens en 2001.

« Le sionisme est une partie du capitalisme international et du système mondial impérialiste. Les sionistes sont venus ici pour expulser et remplacer les Palestiniens ».

« On est dans la pire des situations. Les Arabes sont utilisés et dirigés par les Américains, pas pour une vraie démocratie. La coopération avec les Américains est néfaste pour les Arabes. Les révolutions arabes n’ont pas été mûres pour un changement radical. Cela influe sur la Palestine, nous faisons partie de ce monde ».

« En Syrie, cela a commencé par un vrai mouvement populaire et cela a été utilisé après par des groupes liés à l’Arabie Saoudite. L’aide américaine a divisé la Syrie ».

Rabah liste cinq questions centrales :

Rompre les négociations avec Israël.

La division palestinienne est insupportable avec une responsabilité partagée. Ils ne pensent qu’à leur intérêt.

L’opposition des deux gouvernements est très préjudiciable.

Il faut mettre fin au siège de Gaza et à la colonisation.

La situation économique et sociale à Gaza est gravissime.

Rabah explique que la question religieuse est secondaire. Ce qui est central, c’est l’occupation israélienne, le harcèlement, l’oppression. De nombreux militants du FPLP sont en prison, dont le secrétaire général Ahmed Saadat. De nombreux militants ont été tués. Rabah rappelle les paroles de Rehavam Zeevi exécuté par le FPLP en 2001 : « on doit écraser les Palestiniens sous nos chaussures comme des insectes ».

Il explique l’action sociale du FPLP : « on se concentre sur les jardins d’enfants, les projets, les instituts, les hôpitaux (comme à Jabaliya), les ONG, l’aide aux agriculteurs et aux pêcheurs ».

Le FPLP a une conférence nationale tous les 6 ans. La dernière vient d’avoir lieu. Les 2/3 de la direction ont été changés. Il y a désormais 20% de femmes (ce qui n’est pas évident dans la société palestinienne) et 35% de jeunes dans la direction.

« Nous sommes en importance le troisième parti palestinien. Nous voulons unifier un troisième pôle avec le parti communiste et le parti de Mustapha Barghouti ».

Rabah réaffirme la position de son parti pour un seul État démocratique en Palestine : « peu importe que les gens soient chrétiens, musulmans, juifs ou autres. Deux États, cela a échoué ».

Il rappelle que le projet sioniste, c’est le transfert : « ils veulent le réaliser par l’agression, la guerre, la pression et des conditions de vie indignes. On résistera ».

L’UAWC (syndicat des comités de travailleurs agricoles), Mohamed al-Bakri, secrétaire général

La bande de Gaza, c’est 360 Km2 et 1750000 habitants. C’est une terre agricole et celle-ci disparaît. Elle est passée de 120000 dunums (1/3 de la superficie) en 2006 à 73000 aujourd’hui. Il y a un très gros problème de sécurité alimentaire. Le problème est plus politique que militaire : on ne sait pas quand Gaza sera libre.

Les accords d’Oslo avaient dit que les pêcheurs pourraient pêcher jusqu’à 20 milles des côtes. En fait, Israël interdit la pêche au-delà de 2 milles et il y a très peu de poisson sur la côte. Les forces d’occupation tirent sur les bateaux et arrêtent les pêcheurs. On fait des programmes pour qu’ils aient des filets et de nouveaux bateaux mais il faut une solution politique.

Même problème pour les paysans. Il y a de la bonne terre là où il y avait les colonies. 34% de la terre cultivable se situe le long de la barrière. Les Israéliens interdisent de cultiver parfois jusqu’à plus d’un Km. Ils tirent régulièrement sur les paysans. On en est à 150 morts en 7 ans sans compter les nombreux animaux abattus.

Tous les 100 m, les Israéliens ont creusé des puits pour capter l’aquifère venant de Cisjordanie. Il faudrait 180 000 000 m3 d’eau pour l’agriculture à Gaza. Avec les puits, l’aquifère n’en produit que 110 000 000. Résultat, la nappe phréatique se remplit d’eau de mer et est saumâtre. Il y a bien une station de dessalement, mais elle fonctionne au ralenti avec la pénurie d’électricité.

La situation à Gaza est chaotique : pas de travail, une Palestine divisée, pas d’essence. À l’hôpital qui soigne les cancers, il n’y a que trois médecins et peu de médicaments. Les patients qui sont soignés en Israël doivent payer très cher.

Gaza produit des fraises. Israël interdit leur exportation en Cisjordanie. Pour les exporter en Hollande, c’est compliqué et aléatoire. On passe par une compagnie dirigée par des Palestiniens d’Israël. Lors des dernières inondations, 3000 serres ont été inondées. Il faut impérativement les remplacer. Israël ne le veut pas et les paysans perdent leurs produits. Du coup, la population est obligée d’acheter des fruits israéliens. Avec l’occupation, aucun développement n’est possible. Il faut faire pression pour que nos produits qui sont bon marché puissent être exportés.

UAWC soutient les paysans pour qu’ils restent sur leurs terres. Ils sont 120000 à Gaza avec un travail essentiellement familial sans ouvrier agricole. Ce sont de très petits propriétaires (En moyenne 5 dunums soit 1/2 hectare). Gaza est autosuffisant pour les légumes et les poulets, mais il faut importer les œufs, la viande rouge (Israël) et le poisson (Égypte, par les tunnels).

« On est contre les tunnels. Le droit international confère à Israël la responsabilité de Gaza. Les tunnels nous soulagent, mais Israël en déduit qu’on peut prolonger le blocus ».

« Sans solution politique, on continuera à manquer d’eau, de terre, de médecins, d’éducation et ça va exploser ».

Mohamed me remet 3 CD en anglais sur son syndicat, les pêcheurs et les paysans.

UAWC est membre de Via Campesina. Le syndicat aide les paysans à s’organiser eux-mêmes. Il est en relation avec ISM (International Solidarity movement) et avec Solidaires.

Mohamed explique que, face au BDS, les Israéliens font des faux certificats affirmant que leurs produits viennent de Tel-Aviv.

Israël a essayé de saboter un programme d’UAWC avec des Australiens en disant qu’UAWC, c’est le FPLP. La manœuvre a échoué. Mais trois dirigeants d’UAWC ont été arrêtés puis libérés.

« Le droit international permet de cultiver et de pêcher. Israël viole ce droit en disant que c’est contraire à sa sécurité ».

UAWC reçoit des subventions de l’Union Européenne, d’Espagne, de France, d’Oxfam, d’un fond arabe et du mouvement de solidarité.

UAWC a un programme de développement (des tracteurs bon marché). Pendant les inondations, l’association a pu fournir du matériel d’étanchéité.

UAWC a 29 comités locaux à Gaza et 52 en Cisjordanie.

La discussion se termine sur la situation politique : « l’Union Européenne a payé des millions de dollars pour la démocratie. Qui a profité du printemps arabe ? Les États-Unis, l’Arabie Saoudite ! Où est la démocratie ? En Syrie, Bachar est un salaud mais où est l’alternative ? Al Qaïda a des tanks, pas le peuple. Et ici, le Hamas a été très stupide en intervenant dans les affaires égyptiennes. Ils ont donné un prétexte pour cette punition collective.

Ziad Medoukh, responsable du département de français a l’université al-Aqsa de Gaza

Ziad revient d’un séjour en France. Il est passé par Amman, Jéricho et Erez et a eu beaucoup de mal à rentrer (« humiliation totale »). Il a entrepris d’envoyer régulièrement des informations sur Gaza au mouvement de solidarité français.

Sur l’Égypte, il rappelle qu’il y a de nombreux liens familiaux entre ce pays et Gaza qui concernent 50000 familles et que c’est le seul pays voisin. Il reconnaît que l’ouverture de la frontière de Rafah est arbitraire mais comprend les raisons sécuritaires du gouvernement égyptien et estime que le blocus est 100% israélien. « Si Gaza perd l’Égypte, c’est perdu ». Sur ce point, je ne suis pas convaincu.

Il y a des relations tendues entre le gouvernement égyptien et celui de Gaza mais pas de rupture. « Les barbus de Gaza sont dans une situation difficile. Il n’y a pas eu de manifestation contre l’Égypte à Gaza, tout le monde en a besoin ».

Ziad estime que l’armée égyptienne est coincée et ne peut pas ouvrir la frontière mais que tous nos efforts doivent cibler Israël.

« Il n’y aura pas de troisième Intifada à cause de la division palestinienne. Depuis la mort d’Arafat, il n’y a plus de leadership. La direction à prendre vient de l’extérieur de la société palestinienne et non de l’intérieur. Les deux gouvernements profitent de l’occupation pour garder le pouvoir. Ces deux gouvernements ont perdu la légitimité. Les deux sont en échec. Mais ils savent que la population ne va pas se révolter contre eux. Des deux côtés, des opposants politiques sont arrêtés et emprisonnés ».

« Les jeunes préfèrent prendre une balle israélienne plutôt qu’une balle palestinienne. Tout est bloqué. La médiation égyptienne pour la réunification palestinienne s’est arrêtée. Il y a un nouveau Premier ministre honnête à Ramallah mais rien ne change ».

La discussion vient sur le boycott. La notion est peu développée en Palestine parce que les marchés sont captifs. Il y a peu de produits israéliens, pas de produits des colonies mais les Palestiniens n’ont aucune marge de manœuvre. « Toutes les formes de solidarité sont les bienvenues. Mais la priorité, c’est de lever un blocus qui dure depuis 7 ans. S’il n’y a pas un mouvement comparable à ce qui s’est fait en Afrique du Sud, ça ne marchera pas ».

Ziad parle de la société civile palestinienne. « Elle a un double rôle fondamental : la résistance contre le blocus et l’occupation, la résistance contre la division palestinienne. Les ONG créées dans les années 80-90 continuent d’encadrer la population ».

Sur l’éducation, le taux de scolarisation est de 93% et il y a très peu d’illettrés. Étudier, c’est résister, c’est un signe d’espoir. Il y a 5 grandes universités à Gaza et 100000 étudiant-e-s. Mais beaucoup ne trouvent pas de travail après leurs études ou font des petits boulots.

45% de la population est sous le seuil de pauvreté. Les 2/3 de la population sont au chômage partiel ou total. Il y a une adaptation à la pénurie.

Les 2/3 de la population de Gaza sont des réfugié-e-s enregistré-e-s à l’UNRWA. Celle-ci a un rôle important en ce qui concerne l’aide alimentaire, l’éducation, les centres médicaux …

Dans le cadre du blocus, Israël se permet tout : interdire à des diplomates d’entrer à Gaza, tirer sur des travailleurs de l’UNRWA …

Conclusion :

Cibler notre travail dans le mouvement de solidarité contre le blocus de Gaza est fondamental. Nous le ferons.

Pierre Stambul, co-Président de l’UJFP, 30 décembre 2013
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