Retraites et régimes spéciaux :la vérité sur les chiffres
Le gouvernement assène toutes les contre-vérités possibles pour couper cheminots et agents de la RATP du reste des salariés. Quelques repères pour se remettre les idées en place.
Qui paye les droits spécifiques des régimes spéciaux ?
Ces avantages supplémentaires, ou droits spécifiques, des assurés des régimes spéciaux sont : 37,5 annuités de cotisation exigées pour une retraite à taux plein ; un droit au départ à 50 ans (pour les conducteurs à la SNCF et la RATP), ou 55 ans ou 60 ans ; indexation des pensions sur les salaires. En clair, ce sont les cheminots, et non les contribuables, qui se paient leurs avantages par un taux de cotisation plus élevé.
DÉCOTE : COMMENT ÇA MARCHE
Instituée en 1983, la décote est un mécanisme visant à inciter à lallongement de la durée de travail. Le principe : le salarié qui natteint pas le nombre dannuités exigées pour une retraite à taux plein voit sappliquer un coefficient de réduction de sa pension (1,25 % par trimestre manquant, 5 % par an). La décote, cependant, ne sapplique plus si le salarié part à un âge dit « pivot » ou « plancher », qui est, dans le privé, de soixante-cinq ans, âge auquel, donc, le taux plein est de toute façon garanti.
Exemple : un salarié totalisant 150 trimestres de cotisation qui part à soixante ans subit une décote de 10 (trimestres) X (1,25 %) = 12,5 %.
Le mensonge de Fillon
Ces crédits ne financent en aucun cas les droits spécifiques à retraite des salariés concernés, mais servent à compenser les déséquilibres démographiques des régimes. Si ce nétait pas lÉtat, et si ces agents étaient affiliés au régime général de la Sécu, il reviendrait à celui-
ci den assumer la charge. Dans le cas de la SNCF, cette contribution déquilibre est versée en application dun règlement européen de 1969 visant à harmoniser les conditions de concurrence entre les différents modes de transport. Les entreprises ferroviaires ayant, au
lendemain de la guerre, beaucoup embauché, elles se retrouvaient avec une charge financière de retraite particulièrement lourde. LEurope en a donc tenu compte pour mettre ces entreprises sur un pied dégalité avec celles du transport routier, en instaurant cette
contribution de l’État. Lorsque le premier ministre s’offusque de ce que « coûteraient » les retraites « avantageuses » des cheminots aux contribuables, il
ment, donc, et atteint un sommet dhypocrisie : il « oublie » que cest son gouvernement, en la personne de son ministre du Travail, Xavier Bertrand, qui a signé, le 29 juin dernier, un décret prévoyant en toutes lettres ce financement par lÉtat du régime spécial de la SNCF.
Pourquoi ce qui ne posait aucun problème le 29 juin devient-il matière à « scandale » aujourd’hui ? M. Fillon s’arrange avec la vérité pour mieux discréditer la retraite
des cheminots et faire le sale boulot de normalisation, d’égalisation par le bas, que lui a demandé Nicolas Sarkozy.
La réforme Bertrand, un rasoir à trois lames :
1°coup : allongement de la durée de cotisations à 40 a .au lieu de 37,5.
2°coup application d’une décote 1,25% de minoration de la pension pat trimestre de cotisation manquant ;
3°coup :indexation des pensions sur les prix au lieu des salaires
Les deux premières mesures font perdre entre 25 % et 30 % de pension aux assurés des
régimes spéciaux, sils nallongent pas leur carrière.
Seuls les agents qui accepteraient (et seraient en mesure de le faire) de la prolonger de
2,5 ans ne perdraient rien. En clair, dans le meilleur des cas, avec cette réforme, les assurés des régimes spéciaux devront travailler 2,5 ans de plus pour gagner autant. La 3e mesure fait reculer le pouvoir dachat des pensions de 20 %, en quinze ans, sur celui des salariés
actifs.
Ce qui attend tous les salariés est à l’opposé de ce qu’ils souhaiteraient
L’allongement de la durée de cotisation, assorti du mécanisme de la décote, a pour conséquence directe une baisse du niveau de la pension.
L’écrasante majorité des salariés veulent partir en retraite avant soixante ans. (sondage CSA juin 2006).
moins de 50 ans : 3% des salariés
entre 50 et 55 ans : 38% des salariés
entre 56 et 60 ans : 38% des salariés
entre 61 et 65 ans : 12% des salariés
plus de 65 ans : 3%
...
Apres Compensation, qui profite le plus de la solidarité en milliards d’E.?
La compensation est un système de solidarité qui amène les différents régimes de retraite, en fonction de leur rapport démographique, à être contributeurs ou bénéficiaires. Parmi les
régimes spéciaux dentreprise, ceux qui reçoivent le plus (mineurs, qui ne comptent presque
plus dactifs, marins, cheminots) perçoivent, au total, beaucoup moins que les régimes de non-salariés (1,5 milliard deuros contre près de 8 milliards deuros).
Régime des exploitants agricoles :4,233
Régime des salariés agricoles : 2,228
Régime des salariés indépendants : 1, 380
Caisse des mines : 1,072
Régime de la SNCF : 0,291
Régime des marins : 0,255
LES VRAIS PRIVILEGIES
Les revenus exonérés de cotisations sociales (maladie, retraite, etc…) :
Stock-options : perte de revenus pour la Sécu : ………3 milliards d’euros
Participation, interessement, épargne entreprise :
perte pour la Sécu :……………………………………5,2 milliards d’euros
Exonérations de cotisations patronales
sur les salaires :………………………………………..25 milliard d’euros
LES RETRAITES CHAPEAUX DES PDG :
Antoine Zacharias (ex PDG de Vinci) : 2,2 millions d’Euros + 173 millions de stock-options
Daniel Bertrand, (ex-PDG de Carrefour) 1,2 millions d’euros
Des mauvaises langues (U cursinu rossu)affirmentque dans des manifs audacieuses, accompagnées de la duchesse de Machin-Chose et du Marquis de Carabas, ils dénonceraient les privilèges exorbitants des cheminots et leur train de vie somptuaire...
A partir de L’HUMANITÉ . LUNDI 19 NOVEMBRE 2007