"Nous avons besoin d'inventer des termes démocratie démocratique, l'apprentissage des mouvements" Considérant qu'aujourd'hui nous vivons un processus continu de nos sociétés, Etienne Balibar parle en Grèce de la crise de la démocratie, du concept de la citoyenneté, de l'immigration, de l'importance de la lutte des classes et de la différence des sexes, de l'état de l'Union européenne et de l'hégémonie allemande.
A l'ASSEMBLE NATIONALE, QUESTION DE J.-J.CANDELIER, député communiste.
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source: Liban Résistance
De Jeremy Salt
Global Research, décembre 26, 2012
Url de l'article:
http://www.mondialisation.ca/la-syrie-saignee-a-blanc-dans-un-grand-tour-de-passe-passe/5316944
Ankara – Selon le dictionnaire, le mot “politicide” peut être utilisé pour décrire la destruction d'un gouvernement ou d’un groupe socio-politique spécifique, comme les Palestiniens, dans un sens plus large que “génocide” (perpétré pour des motifs ethniques, raciaux ou culturels, ndt). On peut l’appliquer à un état, un système et un pays. Saddam Hussein a tenté de commettre un politicide en effaçant le Koweït de la carte. Dans les années 1930, les fascistes ont commis un politicide en détruisant le gouvernement espagnol. Territorialement le pays na pas changé. Il a simplement été vidé de son contenu idéologique et transformé en autre chose.
La destruction de gouvernements, leaders ou valeurs qui contrecarrent les intérêts de gouvernements puissants est monnaie courante. Depuis la seconde guerre mondiale, les assassins ont souvent été des gouvernements démocratiques de style libéral. Il n’y a aucun endroit du monde qui a échappé à leur attention. Rien que dans les 11 dernières années, l’Irak et la Libye ont été, au Moyen-Orient, les victimes d’un politicide. Leurs gouvernements, leur système de valeurs et leurs leaders avaient peut-être grand besoin de changer, mais le changement n’est pas venu de leur peuple mais de gouvernements étrangers. Maintenant c’est la Syrie qui retient leur attention. Comme en Irak et en Libye, la justification brandie pour les massacres en Syrie des 20 derniers mois est “le dictateur” et “le régime”. Mais en fait ce qu’ils veulent c’est le pays lui-même. Comme Saddam et Kadhafi, le “dictateur” sert de diversion au magicien pour que les spectateurs ne voient pas ce qu’il est réellement en train de faire.
Comme les gangs armés ne parviennent pas à renverser le gouvernement de Damas, il semble que la menace d’une intervention militaire se précise. Les Etats-Unis, l’Allemagne et la Hollande ont fourni à la Turquie six batteries de missiles Patriotes qui doivent être installés à la frontière avec la Syrie. Environ 2000 soldats étrangers vont être envoyés en Turquie pour opérer et protéger les batteries de missiles et assister un nombre inconnu de soldats turcs. Les Patriotes seront situés dans trois provinces du sud-est qui sont majoritairement sunnites, les provinces de Gaziantep, Adana et Kahramanmaras. Pour de raisons de sécurité, elles ne seront pas placées dans la province de Hatay, où plus de la moitié de la population est Alevi (Alawi), et profondément opposée à l’intervention de la Turquie en Syrie ni dans celle de Diyarbakir qui est majoritairement Kurde et hostile au gouvernement pour dautres raisons.
Le jour qui a suivi la fourniture par l’OTAN de missiles Patriotes à la Turquie, la Russie a répondu en envoyant des missiles Iskander à l’armée syrienne. Ces armes hypersoniques volent à plus de 2 km seconde et les experts en armement affirment qu’elles sont plus performantes que les Patriotes. Pour donner de la consistance au spectre de la Turquie menacée par la Syrie, les portes parole de l’OTAN prétendent que l’armée syrienne utilise déjà des missiles Scud et se prépare à utiliser des armes chimiques mais ces deux affirmations ne sont que de la propagande guerrière. Anders Fogh Rasmussen, le Secrétaire Général de lOTAN condamne l’utilisation de missiles Scud – sans apporter la moindre preuve qu’ils aient été tirés – mais pas les attentats à la bombe, bien réels ceux-là, perpétrés au coeur des villes par les groupes armés que lui et les membres de son organisation soutiennent.
La Turquie prétend que les Patriots sont uniquement défensifs, mais on peut se demander quelle attaque au juste elle craint : Une attaque gratuite de la Syrie tout à fait improbable ou une attaque de l’OTAN à partir du sol turc ? Bien que la cible évidente semble être la Syrie, le commentateur Abdel Bari Atwan pense que les missiles ont été mis en place en vue dune attaque contre l’Iran. Si les Etats-Unis décidaient de se servir de la base aérienne d’Incirlik dans la province d’Adana où se trouvent des milliers de soldats pour attaquer l’Iran, la Turquie serait exposée à des frappes de représailles. C’est pourquoi elle a besoin non seulement des Patriots mais aussi des radars anti-missiles installés dans la province de Malatya plus tôt dans l’année, et qui sont aussi considérés par la Russie comme une dangereuse extension du bouclier de défense anti-missile européen de l’OTAN.
Même si c’était Israël qui attaquait, l’Iran considérerait que les Etats-Unis sont partie prenante et il rétorquerait en attaquant les bases Etasuno/OTAN de Turquie et du Golfe. L’Iran pense que l’installation des Patriots en Turquie fait partie des préparatifs de guerre de l’OTAN dans la région, avec comme cible lui-même et la Syrie. Le fait de savoir si les Etats-Unis et/ou d’Israël finiront pas attaquer ou non l’Iran qu’ils menacent depuis des années, continue, bien sûr, à faire l’objet d’intenses spéculations.
Si la cible est la Syrie, l’OTAN interviendra probablement derrière l’écran d’une « zone d’exclusion aérienne », qui s’étendra sans doute jusqu’à Alep pour pouvoir placer toute la ville sous le contrôle des groupes armés et en faire la « capitale » des territoires « libérés ». Sans l’accord du Conseil de Sécurité de l’ONU, la mise en place unilatérale d’une « zone d’exclusion aérienne » n’aurait pas le moindre semblant de légalité. Dans une telle situation, abattre un avion syrien dans l’espace aérien syrien serait un acte de guerre. Les conséquences seraient si graves qu’ on a du mal à imaginer l’OTAN s’avancer sur ce terrain là sans l’accord tacite de la Chine et de la Russie.
Ils ne semblent pas prêts de le donner. L’enjeu est d’importance pour la Russie et si ses positions sur la Syrie ont évolué, ce serait plutôt dans le sens d’un durcissement. Malgré les interprétations aussi mensongères que malveillantes de tout ce qui sort de Moscou par les médias occidentales, la Russie n’est pas revenue sur ses engagements. Elle a dit tout au long que son principal souci était l’intégrité de la Syrie et non le sort de tel ou tel gouvernement. Elle ne s’est jamais engagée à maintenir le « régime d’Assad » en tant que tel. Depuis le début, elle souligne que le droit de choisir revient au peuple syrien et pas aux groupes armés ni à leur sponsors étrangers.
La Russie a affirmé tout au long, qu’elle ne laisserait pas l’OTAN faire de la Syrie une seconde Libye. La semaine prochaine, des unités russes de la mer Noire, la Baltique et la mer du Nord se rassembleront pour des manoeuvres militaires au large des côtes syriennes. Les navires de guerre étasuniens sont aussi présents à l’est de la mer Méditerranée, ce qui laisse présager l’éventualité dune confrontation maritime dans le style de Cuba dont la Syrie serait l’enjeu si l’OTAN intervenait.
On peut se demander si l’OTAN a vraiment l’intention d’intervenir en Syrie ou si l’installation des missiles en Turquie fait partie d’une guerre psychologique à base de propagande.
Donner des missiles à la Turquie est une chose. Attaquer la Syrie est une autre paire de manches. On ne peut pas entièrement rejeter cette possibilité mais on voit mal comment les membres de l’OTAN pourraient le faire, à moins qu’ils ne parviennent à neutraliser la Russie et la Chine, ce qui changerait la donne. Et pourtant, sans intervention directe, les groupes armés ne semblent pas capables de renverser le gouvernement syrien.
On dirait que l’OTAN se retrouve dans un impasse mais seulement si l’on assume que le renversement du régime syrien est vraiment le but premier de l’intervention en Syrie. Pour Hasan Nasrallah, le but des Etats-Unis et de ses alliés est de sortir la Syrie de « l’équation régionale ». Cela peut se faire en renversant le gouvernement mais on peut aussi y arriver en semant le chaos en Syrie. C’est ainsi que l’Irak et la Libye ont été sortis de « l’équation régionale ». Dans les deux cas, le « dictateur » a été utilisé comme prétexte à l’intervention. En Irak les Etasuniens ont choisi de laisser Saddam en place parce qu’on pouvait compter sur lui pour maintenir l’Irak à genoux. C’est seulement quand les sanctions ont perdu de leur impact et que l’Irak menaçait de se reconstruire que la décision a été prise de le renverser. Bachar est utilisé de la même manière, mais cela ne signifie pas que les Etats-Unis et leurs alliés veulent le remplacer par les groupes armés. Ils poursuivent leur propres objectifs en s’adaptant à la réalité du terrain.
Dans le journal Al Akhbar, le vice-président syrien, Faruq al Shara’a, a proposé récemment une solution politique pour sortir de l’impasse. Il faut dire ici que si les soi-disant « amis de la Syrie » se souciaient le moins du monde du peuple syrien, ils auraient depuis longtemps trouvé une solution politique au lieu de bloquer, saboter et rejeter à priori toute tentative de négociation. la lecture de l’article ne permet pas de penser que Monsieur Shara’a ait le moindre espoir que les sponsors des groupes armés acceptent une solution politique. De fait, si l’on convient avec Hasan Nasrallah que le principal objectif des Etats-Unis et de leurs alliés est de sortir la Syrie de « l’équation régionale », alors les 20 mois de destruction auxquels on vient d’assister prennent tout leur sens. Le moment viendra peut-être où ces gouvernements s’intéresseront à une solution politique mais pour le moment la Syrie peut continuer de perdre son sang.
Pour que ces gouvernements se trouvent finalement obligés de venir à la table des négociations, il faudrait, par exemple, que les groupes armés parviennent à remplir leur contrat, c’est à dire à renverser le gouvernement de Damas. Si les gangs armés étaient sur le point de prendre la relève, leurs sponsors occidentaux pourraient changer de tactique en interrompant leur approvisionnement en argent et en armes (par des pressions sur l’Arabie Saoudite et le Qatar) et en réclamant une intervention et des négociations immédiates qui leur permettraient de mettre en place leur protégés « modérés » Mu’iz al Khatib et le Conseil de Doha.
Ou à l’opposé, il faudrait que l’armée syrienne réussisse à mettre en déroute les gangs armés. Cela pourrait aussi susciter un intérêt soudain pour une solution négociée qui permettrait de contrôler le processus de transition politique. Il y a un sérieux problème qui inquiète de plus en plus les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux, c’est le « retour de bâton ». La plupart de ces groupes armés détestent « l’Occident » autant que le gouvernement de Damas. Les Etats-Unis et leurs alliés occidentaux qui n’ont pas oublié ce qui s’est passé en Afghanistan, ne veulent que la Syrie se transforme en une nouvelle base takfiri agissant contre les intérêts des Occidentaux et de leurs alliés dans la région. Bien sûr, rien n’est certain, mais une Syrie très affaiblie avec Bachar toujours en place – comme l’Irak de Saddam après 1991 – pendant un processus de transition pourrait leur sembler préférable. En filigrane de tous ces développements, il y a toujours la possibilité que la Syrie n’implose et que les acteurs étrangers qui ont tout fait pour l’amener au point de non retour, en perdent le contrôle.
La dégradation de la Syrie donne un avantage incontestable aux Etats-Unis et à Israël. Inutile d’ajouter que ce qui est bon pour les Etats-Unis et Israël est toujours mauvais pour les Palestiniens. La Syrie a été l’ennemi viscéral d’Israël depuis le début. Depuis sa création, Israël a comme stratégie de faire éclater les états arabes sur des lignes sectaires et rien ne pourrait mieux lui convenir que l’explosion de l’état syrien en petites enclaves ethno-religieuses querelleuses. Quoi qu’Israël fasse au Moyen-Orient, la Palestine est le centre de gravité de sa stratégie.
Le problème central des Etats-Unis et de leurs alliés est la gestion de ce qui va suivre en Syrie. A moment donné le chaos cessera de servir leurs intérêts. Dans l’abstrait, un état islamique ne leur pose aucun problème. L’Arabie saoudite, le Qatar, le Barhein sont gouvernés selon la loi islamique et sont des piliers des intérêts occidentaux au Moyen-Orient. Le gouvernement des Frères Musulmans d’Egypte a montré qu’il n’avait nulle intention de malmener le navire occidental. Le Conseil de Doha est majoritairement Frère Musulman. Cependant, bien qu’il soit présenté par ses sponsors comme le prochain gouvernement syrien, le Conseil de Doha a peu d’espoir de s’installer dans les bureaux du gouvernement de Damas, du moins dans ce qu’il en reste. Après avoir utilisé les gangs armés comme fer de lance, leurs soutiens étrangers, en tous cas les Etats-Unis, l’Angleterre, et la France sinon l’Arabie Saoudite et le Qatar, n’ont aucune envie de les laisser prendre le pouvoir pour les voir se disputer le butin. Lakhdar Brahimi a souligné que la Syrie pourrait finir comme la Somalie. Une autre possibilité est un gouvernement de style Taliban au coeur du Moyen-Orient. Mais aucune de ces alternatives ne garantirait avec certitude les intérêts des Etats-Unis et de leurs alliés occidentaux.
La ligne rouge que les Etats-Unis et leurs alliés européens ont tracée entre les groupes armés « extrémistes » et « modérés » est artificielle. Quand Obama a mis Jabhat an Nusra sur la liste des organisations terroristes affiliées à Al Qaida, le chef du Conseil de Doha, Mu’iz al Khatib, a demandé qu’elle en soit enlevée parce que son rôle dans la lutte armée était crucial. Ses atrocités ne le dérangeaient pas. Si égorger des prisonniers est une acte terroriste alors Jabhat al Nusra est sans nul doute une organisation terroriste mais d’autres groupes font exactement la même chose, y compris l’Armée Libre Syrienne. Les gangs armés les plus importants ont rejeté l’autorité du Conseil de Doha et exprimé leur solidarité avec Jabhat al Nusra. Certains s’affairent déjà à poser les fondations d’un état islamique sans concession. On brandit partout le drapeau noir d’Al Qaida. Mais des « modérés », on nen voit nulle part.
Il y a plus d’un an, la Syrie a été délibérément plongée dans une longue guerre contre des gangs armés. Depuis, la situation a métastasé bien au-delà de l’équation gouvernement autoritaire contre mouvement de protestation légitime, ou de l’équation crimes du « régime » contre crimes des gangs armés. Dans cette guerre par procuration impulsée par des gouvernements étrangers, le bien être de la population syrienne ne pèse pas lourd. Si le peuple syrien avait la moindre importance aux yeux de ces gouvernements étrangers, ils se conduiraient différemment.
Ceux qui ont soutenu activement ou tacitement la lutte armée au nom d’une transition politique démocratique ne peuvent espérer rien de plus qu’une victoire à la Pyrrhus. La Syrie ne jouera plus aucun rôle sur la scène arabe, elle est en train d’être ruinée et détruite sous nos yeux par l’Occident et sa tactique : diviser pour régner, qui lui réussit si bien depuis 200 ans.
Jeremy Salt
Traduction : Dominique Muselet
Version française publiée par Le Grand Soir
Jeremy Salt professeur adjoint d’histoire et politique du Moyen-Orient de l’université Bilkent d’Ankara, en Turquie.
Copyright © 2012 Global Research
Contrairement à ce que prône le patronat, ce ne sont ni le coût du travail ni la rigidité du marché du travail qui plombent la compétitivité des entreprises.
Ce sont les salariés par leur travail qui créent les richesses. L’enjeu porte donc sur la répartition des richesses entre le capital et le travail :
Ce qui va aux salariés : le salaire, y compris les cotisations sociales (part salarié et employeur)
Le reste étant réparti entre les impôts des entreprises, les investissements et les dividendes aux actionnaires.
Part des salaires dans la Valeur ajoutée | Part des dividendes dans la valeur ajoutée |
1983->1989 : -10% | 1985->2011 : de 5% à 25% |
Aujourd’hui, la part des salaires dans les richesses créées est plus faible qu’à la sortie de la guerre.
Alors que la rentabilité financière des entreprises est en hausse, le chômage explose et le pouvoir d’achat baisse freinant ainsi la relance économique.
Diviser par deux les dividendes libérerait 120 milliards d’euros pour les investissements productifs, créerait de l’emploi, permettrait de financer la protection sociale et de diminuer le déficit de l’état.
publié sur :
http://www.cgt.fr/Et-si-on-parlait-cout-du-capital.html
voir sur ce site la vidéo, didactique et instructive
source: Vendémiaire
L’Institut Montaigne, qui ne vit que grâce aux fonds privés de l’oligarchie, propose de réaliser 60 Mds d’euros d’économies nouvelles sur la dépense publique pour l’ensemble des administrations publiques, dont près d’un tiers concerne l’assurance maladie et les personnels hospitaliers.
Dans un document d’environ 140 pages intitulé Redonner sens et efficacité à la dépense publique, l’Institut propose 15 mesures pour réduire encore la dépense publique.
Concernant les fonctionnaires, il propose rien de moins que le maintien de la règle du non-remplacement d’un fonctionnaire aux fins de réduire leur nombre de 300.000 sur la période 2013-17. Et il parle de « rendement » de la suppression d’emplois, soit 1,7 Mds d’euros pour l’hôpital avec 62.500 suppressions d’emplois !
En plus de cela, il préconise le gel du point d’indice (proposition 6), la diminution des remboursements d’arrêts maladie, l’allongement du délai de carence et l’augmentation de la durée hebdomadaire de travail de 2h 30 « sans contrepartie salariale » (proposition 5) !
Toujours dans la même veine, il suggère de reprendre la proposition du bouclier sanitaire (proposition 9) de Raoul Briet et de Bertrand Fragonard en 2007 en durcissant encore son caractère austéritaire. Non seulement, il reprend l’idée de 2007 d’un remboursement total des soins uniquement au-delà d’un forfait annuel (que l’on fera augmenter ensuite par simple décret pour augmenter le caractère austéritaire du bouclier) et donc de diminuer fortement ce remboursement en deçà de ce forfait. En outre, ces nouveaux prêtres du néolibéralisme veulent y inclure les dépenses hospitalières et « simplifier » (diminution des aides et augmentation du reste à charge).
Puis 4,4 Mds d’euros en moins pour l’assurance-chômage (proposition 10), 9,4 Mds en moins dans les aides au logement (proposition 11), 7 Mds en moins pour la politique familiale avec durcissement des conditions de ressources pour 7 Mds (proposition12), suppression progressive des aides à l’aménagement du territoire pour 40 Mds,15,5 Mds de moins pour le remboursement assurance-maladie hors hôpitaux (sur 85 Mds).
La communication « bisounours » du gouvernement tente de nous endormir avant la trêve de fin d’année tout en préparant pire qu’hier. Même si l’Institut Montaigne n’engage pas le gouvernement, nos informations indiquent que toutes ses propositions sont à l’étude par le gouvernement et entrent en cohérence avec la lettre du Premier ministre au Haut Conseil du financement de la protection sociale et les “fuites” concernant la nouvelle saignée des retraites prévue en 2013.
Voilà pourquoi les organisations sociales du mouvement social et la gauche de gauche devront être à la hauteur des enjeux. Pour l’instant, il y a loin de la coupe aux lèvres !
Article de Domenico Moro, membre du Comité fédéral du Parti des communistes italiens (PdCI) de Rome traduit par AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Au cours du dernier mois, un débat s'est ouvert parmi les communistes en Italie sur la politique d'alliances en perspective des prochaines élections législatives. La question est : doit-on rejoindre le centre-gauche, voire s'allier avec le PD, ou construire des alliances politiques alternatives en dehors du centre-gauche. En fait, la seconde politique représente une rupture avec une ligne qui fut défendue, non sans quelques variations, pendant ces deux dernières décennies par Refondation communisteet par le PdCI. Pour étayer telle ou telle position, on fait référence à la théorie politique marxiste, dont les fondements ont été exprimés par Lénine et développés par une poignée de théoriciens, parmi lesquels Gramsci. Il va de soi que, comme pour tout classique, on court le risque de citer de façon inappropriée tel ou tel passage. Cependant, un usage inapproprié de Lénine est particulièrement difficile si nous le lisons un peu plus attentivement. Par exemple, « Le gauchisme, maladie infantile du communisme » est parfois cité pour défendre la nécessité des compromis. A ce sujet, toutefois, la position de Lénine est pour le moins complexe : « L'homme politique doit savoir discerner les cas concrets où les compromis sont inadmissibles et diriger contre ces compromis concrets tout le tranchant de sa critique (…) Il y a compromis et compromis. Il faut savoir analyser la situation et les conditions concrètes de chaque compromis ou de chaque variété de compromis. »Dans un cas, dit Lénine, on a le compromis de la social-démocratie en 1914, qui a voté les crédits de guerre, dans l'autre, le traité de paix que les bolcheviques ont signé avec les allemands à Brest-Litovsk en 1918. Le premier fut une capitulation des socialistes allemands et français devant leur impérialisme, le second fut la manière que trouvèrent les communistes russes pour sauver le jeune et fragile État soviétique. Nous aussi, quoi que cela soit de façon plus modeste, nous devrions partir de l' « analyse pondérée et rigoureusement objective de toutes les forces en présence » et « reconnaître ouvertement une erreur, en découvrir les causes, analyser les situations qui en sont à l'origine, étudier attentivement les moyens pour la corriger : voilà l'indice de sérieux d'un parti ». Mon impression est que, dans le débat en cours, on tend à se concentrer sur les réponses immédiates, les alliances et la tactique électorale en général, sans avoir défini quelle stratégie générale nous devons adopter et sans avoir analyser la situation concrète et la nature des forces politiques en jeu.
2 – Analyse des gouvernements de centre-gauche :
Les communistes, qui sont de façon gramscienne « philosophes de la praxis », doivent toujours faire un bilan de leur expérience et comprendre, sur cette base, comment ils doivent modifier, et dans quelle direction, leur pratique. Analysons alors notre histoire depuis vingt ans, basée sur l'alliance stratégique avec le centre-gauche, et qui comprend la participation à deux gouvernements dirigés par Prodi. Quels éléments positifs retenir de notre participation aux deux gouvernements ? Voyons cela. Le premier gouvernement Prodi a augmenté la TVA de 19 à 20%, rabaissé les tranches de l'impôt sur le revenu et sa progressivité, portant la tranche maximale d'impôt sur le revenu pour les plus riches de 51 à 45%. Surtout, il a lancé le processus de privatisation du marché du travail italien avec la loi Treu (1997). Cette loi, selon l'OSCE, a eu un impact beaucoup plus important en termes de déréglementation du marché du travail que la loi Biagi, adoptée par le gouvernement Berlsuconi en 2003. Les privatisations réalisées par le gouvernement Prodi ont été bien plus nombreuses que celles réalisées par le gouvernement Berlusconi, en commençant par la « mère » de toutes les privatisations, celle des Télécoms (1997). Passons à Prodi II. Dans ce gouvernement, le ministre de l’Économie Padoa-Schioppa (artisan de l'euro et membre du Conseil d'administration de la Fiat par la suite), s'était fait le paladin de l'augmentation des impôts et de la discipline budgétaire. En fait, ce sont les tranches d'impôt sur le revenu pour les revenus les plus bas qui ont été augmentés, tandis que les impôts sur les entreprises, l'IRES et l'IRAP, ont été rabaissés. Cela s'insérait dans la problématique, tant médiatisée, de la réduction du « coût du travail » qui s'est réalisée totalement dans les intérêts des entreprises. Sur le plan de la politique extérieure, l'Italie a augmenté le nombre de ses soldats et de son matériel de guerre présents en Afghanistan, où furent menées de véritables opérations militaires, en dépit des démentis réitérés du gouvernement. Quel fut notre impact sur l'action de ce gouvernement ? Quasi nul. Tous les points les plus importants de notre programme électoral, à commencer par l’abolition de la loi Biagi, furent sacrifiés pour sauver la coalition gouvernementale. Ceux qui ont voté contre la guerre en Afghanistan furent traités de traître vendu à l'ennemi (Berlusconi, pas les Talibans). Chaque fois que l'on a essayé de relever la tête, on nous demandait de nous taire avec le même chantage moral : « Vous voulez prendre la responsabilité de faire tomber le gouvernement et d'ouvrir la voie à Berlusconi ? ».A partir du moment où les travailleurs italiens et en particulier nos électeurs analysaient les faits concrets, nous avons été punis (PRC, PdCI et Verts), perdant 3 millions de voix et chutant de 12 à 3%. Que cette débâcle soit due au refus – pas le nôtre, celui de Veltroni – de faire alliance, que cela ait été la conséquence du « vote utile » est démenti par de nombreuses enquêtes sur la volatilité des électeurs, qui démontrent que nos électeurs ont surtout fait le choix de s'abstenir. Une petite minorité s'est dirigée vers l'Italie des valeurs ou vers le PD. Sur cette question, je conseille la lecture de mon article « Le vote de classe en Italie ». En fait, nous commençons à perdre des voix (en absolu et en pourcentage) à partir des municipales de 2007, c'est-à-dire pendant le gouvernement Prodi II et avant l'Arc-en-Ciel de 2008. Toutefois, le PRC et le PdCI ont ignoré tous les signaux de détresse de notre électorat et ont continué à se discréditer en participant au gouvernement, jusqu'à ce que Mastella [NdT : ancien ministre centriste de Prodi qui a quitté le centre-gauche pour rejoindre le camp de Berlusconi en 2008]lâche ses partenaires. Toutefois, en politique, rien n'est figé, tout évolue. Voyons, donc, si aujourd’hui, le PD est en mesure d'exprimer une rupture avec le passé.
3 – La contradiction est-elle entre les « experts » et la « politique » ?
On nous dit aujourd’hui que le choix serait entre les « experts » et la « politique ». Soutenir le PD et Bersani représenterait une façon de remettre sur le devant de la scène la politique. On oublie, toutefois, d'observer qu'en Italie un régime parlementaire est encore en vigueur, sur la base duquel le gouvernement Monti a du obtenir la confiance du Parlement. Et surtout on omet de faire remarquer qu'il existe une majorité politique et parlementaire qui a soutenu le gouvernement et en a voté les décrets. Le PD qui, par la sens des responsabilités (envers qui?) a renoncé aux élections qu'elle aurait gagné haut la main, a été un pilier essentiel de cette majorité. On ne peut pas nier que le PD a voté toutes les mesures du gouvernement, les pires de ces dernières décennies : du recul de l'âge de départ à la retraite désormais au plus haut en Europe, à la réforme Fornero du marché du travail, l'abolition de l'article 18 (sur l'interdiction des licenciements arbitraires), l'augmentation des impôts régressifs comme l'IVA et la ré-introduction de l'IMU, l'impôt municipal sur la résidence principale. Toujours à propos de la contradiction entre experts et politique, il faudrait faire remarquer, outre le fait que la réforme Fornero reprend certains propositions du PD (par exemple l'apprentissage qui diminue le salaire d'entrée sur le marché du travail), que la Loi de stabilité n'a été aucunement améliorée lors de son passage en Commission bilan, où un des rapporteurs était Baretta du PD, et à la Chambre des députés à Montecitorio. Elle a même été renforcée, vu que au lieu du transfert de ressources qui aurait dû revenir aux plus pauvres par la réduction de l'impôt sur le revenu, on a eu une augmentation des ressources pour les entreprises, en actant, par un prétendu « salaire de compétitivité », la mort de la convention collective, la diminution des salaires et la subordination de l'organisation du travail aux exigences du profit. En outre, lorsque fut proposée l'augmentation de 3% de la tranche de l'impôt sur le revenu pour les revenus au-delà de 150 000 euros, afin de trouver des ressources pour les pré-retraités, c'est Bersani qui a exprimé son opposition. Particulièrement agaçant par ailleurs l'amendement du PD en faveur du maintien des 223 millions d'euros pour les écoles privées, face aux coupes importantes dans l'école publique. La question la plus importante, toutefois, c'est que le PD a approuvé la plus décisive de toutes les mesures : le pacte budgétaire et l'introduction dans la Constitution de l'équilibre budgétaire. Et ce n'est pas pieds et poings liés, vu que le PDS, les DS puis le PD ont toujours adopté des positions dans la droite ligne du mainstreameuropéiste. Le même Fassina, représentant de la gauche « social-démocrate » du PD, a dit qu'il s'agit d'un fait positif car nous permet d'avoir « plus d'Europe ». Nous avons vu ce que veut dire plus d'Europe : subordination des politiques sociales et du travail à la stabilité de l'euro et à l'équilibre budgétaire. Bersani peut bien dire à qui veut l'entendre qu'il désire « remettre le travail au centre » et que « le prochain gouvernement ne sera pas installé par les banquiers ». Ses mots n'ont guère de crédibilité face à la réalité des faits, c'est-à-dire des mesures qu'il a voté sur le travail et face à l'adoption d'un carcan budgéraire qui ne laisse aucune marge de manœuvre pour une politique vraiment social-démocrate. Sans compter sur un petit détail, la propension du PD à nouer une alliance avec une force comme l'UDC, déjà expérimentée en Sicile, et la déclaration de Bersani, juste après les primaires : « Je continuerai à soutenir la politique de rigueur et de crédibilité que Monti a porté ». La question est donc la suivante : si la formule du centre-gauche est un échec depuis des années, comment pourrions-nous penser qu'elle puisse aboutir à quelque chose aujourd’hui, avec le carcan rigide imposé par l'Europe, avec un gouvernement entêté à suivre un chemin déjà tracé, et avec des forces bien diminuées de notre côté depuis 2006 ?
4 – Peser et non pas faire acte de témoignage. D'accord, mais comment ?
Justement, on nous dit que les communistes doivent chercher à peser et ne pas se réduire à faire acte de témoignage. Peser ne signifie pas, toutefois, participer à des alliances où les rapports de force n'existent pas pour peser. Le risque de se réduire à un pur acte de témoignage, c'est justement répéter une ligne qui s'est révélée erronée, sans impact concret et qui nous éloigne des masses, érodant le peu de soutien qu'il nous reste. On nous dit qu'on ne fait pas des alliances « in abstracto ». Comme je l'ai écrit il y a quelques mois, je suis d'accord : en politique il faut éviter les opinions pré-conçues. Mais dans ce cas concret où est le programme de centre-gauche qui, par exemple, rétablisse l'article 18 ou l'âge de la retraite ? Ce qui est important, c'est que nous ne sommes plus dans la même phase historique. Nous sommes non seulement pris dans la pire crise du capital depuis la fin de la Seconde guerre mondiale, qui durera probablement au moins une quinzaine d'années, mais aussi dans la plus grande réorganisation de la production et des rapports de travail. Par exemple, la précarité et le chômage, phénomène lié à l'abstention, ne sont plus un élément conjoncturel, mais des caractéristiques structurelles et jouant un rôle dans l'accumulation de capital. La faillite du centre-gauche et de notre stratégie, pensée autour de lui, est due justement à l'incompréhension de ce qui se passait et de l'état d'esprit des masses. Les moyens de communication, fortement contrôlés par les grands groupes monopolistiques, ont eu beau jeu de détourner la colère populaire contre la « caste » des politiques, des partis, tandis que le problème se trouvait dans les rapports de production. Nous ne devons pas tomber dans la même erreur, mais juste de façon inversée, pensant que la contradiction se trouve entre anti-politique et politique ou entre « technocratie » et « politique ». La politique in abstracto ne peut pas résoudre la situation, car la véritable contradiction se trouve entre une politique, quelle que soit la forme sous laquelle elle se manifeste, qui exprime les besoins du capital et une politique qui exprime les besoins du travail salarié. Si la politique et les partis sont discrédités, ce n'est pas seulement à cause des coûts de la politique ou de la corruption, mais surtout parce qu'ils sont perçus comme incapable de freiner l'effondrement social. Et si on dit des partis qu'ils sont « tous pourris », c'est justement parce qu'on ne fait plus vraiment la différence entre politiques de centre-gauche et de centre-droit, toutes restant comprises dans le grand courant dominant. Une alliance d'une partie de la Fédération de gauche avec le PD aurait des effets pernicieux pour la relance de la gauche en Italie et pour la reconstruction d'un parti communiste. En premier lieu, parce qu'elle diviserait, au-delà de la Fédération, également les communistes, creusant une barrière entre eux, et ensuite parce que la reconstruction d'un parti communiste de masse passe par un travail visant à tisser de nouveau un rapport de confiance avec les secteurs de classe les plus avancés qui s'est rompu. Surtout, cela passe par un mouvement de reconquête des abstentionnistes, vers où est partie une fraction importante de notre électorat. En définitive, la réaffirmation d'un projet politique passe par la reconstruction de rapport de forces, dans l'accumulation de forces. C'est seulement si les communistes et la gauche ne se font pas aspirer par le centre-gauche que nous réussirons et pourrons essayer d'occuper un espace politique qui ne fera que s'agrandir. Un espace qui, la politique ayant horreur du vide, risque d'être définitivement occupé par une large gamme de forces politiques qui, bien que ce soit de façon très diverse, expriment des positions d'extrême-droite si ce n'est néo-fasciste. Ce que nous avons dit n'est pas en contradiction avec le retour des communistes au Parlement, mais en est plutôt la condition nécessaire. Les conditions politiques existent, et le terrain social, pour réaliser un système d'alliances alternatives au PD, qui cherchent à dépasser le barrage électoral. Et surtout qui permettent de reconstruire un ancrage social en recul et qui garantissent l'autonomie politique nécessaire pour affronter, dans et hors du Parlement, une saison de luttes qui s'annonce longue, complexe et très dure.