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CHANTS REVOLUTIONNAIRES

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2 juin 2010 3 02 /06 /juin /2010 08:05

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Le terminal de Rafah est le seul point de passage vers et hors de la bande de Gaza non contrôlé par Israël.

Le président égyptien, Hosni Moubarak, a ordonné mardi l'ouverture du terminal de Rafah, seul point de passage de la bande de Gaza non contrôlé par Israël, pour l'acheminement de l'aide humanitaire et le passage des malades.

M. Moubarak "a donné des instructions pour ouvrir le terminal de Rafah afin de faire entrer les aides humanitaires et médicales nécessaires pour la bande de Gaza et accueillir les cas humanitaires, les blessés et les malades qui doivent passer par l'Egypte", a indiqué l'agence de presse MENA. Cette décision a été appliquée en début d'après-midi. Aucune durée n'est précisée, alors que d'ordinaire les ouvertures de ce point de passage entre l'Egypte et la bande de Gaza sont limitées à quelques jours par mois.

 

Le Hamas, qui a pris de force en juin 2007 le pouvoir à Gaza après en avoir chassé les forces fidèles au président Mahmoud Abbas, exhorte les pays arabes et musulmans à faire pression sur l'Egypte pour qu'elle ouvre définitivement le terminal de Rafah et cesse de prendre pour cible les tunnels de contrebande entre le territoire égyptien et l'enclave palestinienne.

Cette décision survient au lendemain de l'opération meurtrière menée par les forces israéliennes au large de Gaza contre une flottille internationale qui entendait forcer le blocus israélien de cette enclave palestinienne pour y acheminer de l'aide humanitaire

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2 juin 2010 3 02 /06 /juin /2010 07:56

                                 Soviet---Hammer-02.gif

Congrès extraordinaire du PCF, 18, 19 et 20 juin 2010      

 

A ce jour (31 mai 2010), 545 communistes de 49 fédérations ont signé le texte alternatif:

 

"Face au capital, aujourd'hui plus que jamais, notre peuple a besoin du PCF"

 

CONTINUONS!

 

 

               Texte à consulter sur le site http://pcf-paris15.over-blog.com/

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1 juin 2010 2 01 /06 /juin /2010 12:16

                    SIGLE PCF- 2

QUEL AVENIR POUR NOS RETRAITES?

                                                          drapeau rouge agité

 

       Débat public animé par Patrick Vinciguerra

                                                     

 

                      Six intervenants:

   représentants syndicaux, patronaux et élus

 

                 Vendredi 4 Juin à 17H 30

                     Salle des Congrès

                  Théâtre Municipal de Bastia

                                        RETRAITE3 PCF

 

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31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 09:52
Françafrique
 

logohuma-copie-1Afrique-France, la diplomatie du business

Trente-huit chefs d’État et de gouvernement se réunissent lundi à Nice, pour le premier sommet Afrique-France présidé par Nicolas Sarkozy. L’occasion, pour le chef de l’État, d’afficher un soutien ostentatoire au secteur privé, présenté comme le principal « vecteur de développement » du continent africain.

Quand le business tient lieu de diplomatie, de politique de coopération, d’aide au développement. Voilà le fil rouge du 25e sommet Afrique-France, qui s’ouvre lundi à Nice, avec une omniprésence affichée et décomplexée du secteur privé. Parallèlement aux travaux officiels, consacrés à la place de l’Afrique dans la gouvernance mondiale, à la sécurité, au climat et au développement, patrons du CAC 40, dirigeants de PME français et chefs d’entreprise africains plancheront sur des « recommandations » présentées aux chefs d’État et de gouvernement par la présidente du Medef, Laurence Parisot, en conclusion du sommet. L’initiative, se flatte l’Élysée, relève de l’« ouverture à la société civile ». « Á Nice, ce sont les acteurs économiques qui seront mis à l’honneur », se félicite Nicolas Sarkozy dans un entretien à l’hebdomadaire les Afriques, en évoquant la venue de syndicats. En fait, seules la CFDT et la CFTC répondront à l’invitation reçue quelques jours seulement avant le sommet. Côté africain, l’Élysée était incapable, vendredi, de citer quelles organisations syndicales seront présentes. La « société civile » se résumera donc, en réalité, aux patrons. Concurrencées par l’arrivée massive sur le continent africain de nouveaux acteurs, en particulier asiatiques, alléchées par une croissance économique qui devrait atteindre 4,5 % en 2010 et 5,2 % en 2011, selon les prévisions de la Banque africaine de développement (BAD), les entreprises françaises cherchent à se repositionner, mais aussi à s’enraciner au-delà du pré carré traditionnel. Elles espèrent, pour cela, gommer l’image désastreuse d’une Françafrique opaque et pillarde, où diplomatie parallèle et pratiques néocoloniales servent les intérêts privés, au mépris de la démocratie, des droits humains, du développement et du respect de l’environnement. D’où leur projet de Charte de l’entrepreneur en Afrique, basée « sur le volontariat » et censée consacrer leur « responsabilité sociale et environnementale ». Mais les intitulés même des tables rondes animées par le patronat en présence de membres du gouvernement français suffisent à dissiper toute illusion : « faciliter le dialogue public-privé pour améliorer le climat des affaires » ; « construire et renforcer la compétitivité des entreprises africaines » ; « comment faciliter l’accès des entreprises aux financements ? » Sur le fond, et contre l’évidence, l’appui aux entreprises est présenté comme un facteur mécanique de développement pour le continent africain. Une tendance lourde : « L’aide publique au développement, qui est moins mobilisée par le soutien aux finances publiques, peut davantage s’orienter vers [.] vers le soutien au secteur privé », insistait, dans le rapport annuel 2009 de l’Agence française de développement (AFD), son directeur général, Jean-Michel Severino, remplacé depuis par le très sarkozyste Dov Zerah. Les entreprises, nouveaux vecteurs des politiques de développement ?

Cette orientation ne convainc guère ceux qui militent, un demi-siècle après les indépendances, pour une nouvelle relation, émancipée de la tutelle économique néocoloniale, axée sur le progrès social et humain. « Nicolas Sarkozy a menti sur la rupture avec la Françafrique comme sur tout le reste. Il se conduit comme un attaché commercial des grandes entreprises françaises, au mépris des intérêts des peuples », tranche Michelle Decaster, secrétaire générale de l’Association française d’amitié de solidarité avec les peuples d’Afrique (Afaspa). Samedi, à Aubervilliers, où se tenait un Forum citoyen Afrique-France en prélude aux mobilisations de Nice en marge du sommet, le ton était tout aussi acerbe. « La majorité des dirigeants présents à Nice sont illégitimes, ils se maintiennent au pouvoir par la force et la corruption, a rappelé Olivier Thimonier, secrétaire général de l’association Survie. Qu’ils discutent de démocratie et de bonne gouvernance relève de la farce. Ils sont, avec la complicité des sociétés étrangères, les principaux pilleurs de leurs propres pays. »

Rosa Moussaoui

La suite de notre dossier dans l’Humanité de lundi

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31 mai 2010 1 31 /05 /mai /2010 09:25

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   Gaza : La flotille de la liberté attaquée par l'armée israelienne

                                    

  Lundi 31 mai 2010, à 4h30, des commandos israéliens largués par hélicoptères se sont emparés du bateau turc et ont immédiatement ouvert le feu sur les civils non armés.

         Bilan (selon la télévision israélienne) :

                  au moins   9morts ...Quant aux blessés...

                                                                                        

                                                          

 

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 15:54

 

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Dictionnaire amoureux de la Palestine, par Elias Sambar


Elias Sambar était, mardi 27 avril, à Strasbourg, pour présenter, à la librairie Kléber, son dernier ouvrage, le Dictionnaire amoureux de la Palestine.

Si l’éditeur avait été vraiment au plus près de l’auteur et du sujet, il aurait dû écrire Balestine. l’un des articles de ce dictionnaire, édité deux fois, à la lettre B et à la lettre P, cherche à savoir, avec humour, pourquoi les Balestiniens sont les seuls arabophones qui ne parviennent pas à brononcer le P, certes inexistant en arabe, mais que les Libanais broches de la Balestine brononcent cebendant.

C’est l’une des entrées de ce dictionnaire qui en comporte un grand nombre sur près de 500 pages. On y trouve de l’histoire, de la géographie, de la politique, du cinéma, de la littérature, des recettes de cuisine,etc.

On y rencontre la famille de l’auteur, mais aussi Jean Genêt, Jean-Luc Godard, Arafat, Jésus Christ, dont Arafat disait qu’il était un de ses sujets, Elias-le Prophète, Mahmoud Darwich, Gilles Deleuze et quelques autres.

La volonté de l’auteur, ambassadeur de Balestine à l’UNESCO, a été, et lors de la présentation, il a insisté là-dessus, de démythifier un pays dont le monde entier se fait une image fausse, faite, soit de victimisation, soit d’héroïsme au quotidien. Ou le martyr, ou l’enfant lanceur de pierre contre l’occupant.

Or, selon Elias Sambar, la réalité est tout autre, et, beaucoup plus simplement, les Palestiniens sont des gens comme les autres et leur pays aussi, loin de toute l’imagerie (juive, musulmane, chrétienne, romaine, templière, ottomane, britannique),  convoquée en nos esprits par les médias qui ne parlent que rarement de la vie quotidienne normale de ses habitants.

Pour illustrer son propos, Elias Sambar a ainsi raconté cette histoire de deux femmes palestiniennes assises sur des bancs de pierre dans le Saint-Sépulcre, pour reprendre leur souffle, tout en sueur d’avoir gravi quelques marches. Et ce banc n’est rien d’autre que le tombeau de Godefroy de Bouillon et du premier roi franc de Jérusalem (p.246)!

Sambar y rend compte de son amitié avec Jérome Lindon, éditeur de la revue d’Études palestiniennes, et Gilles Deleuze, à propos duquel il démythifie aussi en se moquant de ceux qui croient que, lorsqu’on fréquente un philosophe, la conversation devrait ne porter que sur des concepts pointus. Pas du tout! On parle de choses et d’autres, on rit et c’est ça l’amitié.

Bien entendu, on trouvera aussi dans ce livre, des analyses sur les colonies israéliennes, sur la complexité des papiers d’identité des Palestiniens,sur les deux Intifadas, sur Arafat, sur le paysage de la terre natale (olivier, vigne, cyprès) dont il n’a aucun souvenir, en ayant été chassé, avec sa famille en avril 1948, alors qu’il n’avait pas 2 ans.

On a beaucoup aimé l’entrée « Vide, expulsion et noyade« .Il y montre la proximité du phénomène atypique colonial propre à la conquète de l’Ouest américain et de la Palestine. Dans ces deux cas, il ne s’agit pas d’exploiter le peuple indigène,mais de l’effacer. Mais curieusement, l’Israélien est hanté par le fantôme du Palestinien chassé.

Israël est ainsi une « machine à fabriquer de l’absence palestininenne ». Mais ça ne marche pas.Les Palestiniens, chassés ou partis de chez eux, ont emporté leur terre avec eux dans leur âme. Elias Sambar a raconté cette histoire de deux enfants qui sont dans un champ de blé et qui s’obstinent à repondre à celui qui leur demande d’où ils sont: « d’ici »!

Et d’insister, mais d’où, ici, car le champ de blé à pertede vue est celui d’un moshav, une exploitation agricole israélienne, sur laquelle, autrefois, travaillaient encore des ouvriers agricoles palestiniens. Mais l’enfant n’en démord pas Il est d’ici. Et Elias Sambar de conclure en expliquant que sur cet ici ,avant 1948, se trouvait l’un des quatre cents villages arabes palestiniens totalement effacés du territoire. Mais pour ces enfants, nés bien après, ce village existe encore!  Qui mieux que des juifs, israéliens ou pas, ajouterait-on volontiers, s’étonnerait de ce Zakhor (souviens-toi)!

Elias Sambar a aussi répondu à quelques questions sur l’actualité.

A un sympathisant de la cause palestinienne, suggérant que l’Autorité palestinienne trahissait le peuple, et que cela expliquait la montée du fondamentalisme musulman, il répondit qu’ expliquer n’est pas justifier, et que le président Mahmoud Abbas n’était pas un agent de la poltique américano-sioniste.

A propos de l’idée de démission de l’Autorité palestinienne, qui rnettrait ainsi l’État d’Israëll, responsable, juridiquement de la vie des Palestiniens occupés ou annexés, il rétorqua que cette bonne idée, intellectuellement, avait le défaut de laisser tomber le soutien actuel de cette Autorité à des centaines de milliers de palestiniens, dont les ressources dépendent des emplois payés par l’Autorité. De plus, il y a actuellement création d’emplois en Cisjordanie et croissance économique.

A propos du socialisme et de la Palestine, il rappela que le combat de son pays était une lutte de libération nationale, et fit sourire en évoquant les organisations marxisantes qui selon lui étaient les chouchous des Palestiniens les plus riches qui voulaient ainsi parvenir à détenir le pouvoir politique en Palestine, pouvoir détenu depuis le début par des classes sociales petites-bourgeoises.

On a eu un moment de plaisir lorsqu’Elias Sambar rappela, en présence, dans la salle, d’une amie de « la Paix maintenant« ,la même qui était intervenue à l’ENA, pour regretter l’absence d’un représentant de l’Ambassade d’Israël, que les colonies avaient triplé sous les travaillistes, la prétendue gauche israélienne, celle qui vient de lancer JCall…Elle quitta d’ailleurs la salle peu après…

 

Il faut lire ce dictionnaire amoureux!

 

http://la-feuille-de-chou.fr/?p=9154

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 15:09

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J'offre ici à la réflexion et à la discussion quelques thèses sur la situation européenne inspirées par les événements du dernier mois, et arrêtées à la date du 21 mai 2010.

 

1. La crise ne fait que commencer

En quelques semaines, on aura donc vu la révélation de la dissimulation de la dette grecque avec l’aide de Goldmann et Sachs, l’annonce par le gouvernement Papandreou de la possibilité d’un défaut de paiement de nouveaux intérêts de sa dette, brutalement multipliés, l’imposition à la Grèce d’un plan d’austérité sauvage en contrepartie du prêt européen, puis la « baisse de notation » de l’Espagne et du Portugal, la menace d’éclatement de l’euro, la création du fonds de secours européen de 750 milliards (à la demande, notamment, des Etats-Unis), la décision contraire à ses statuts par la BCE de racheter des obligations souveraines, et l’adoption des politiques de rigueur dans une dizaine de pays. Ce n’est qu’un début, car ces nouveaux épisodes d’une crise ouverte il y a deux ans par l’effondrement du crédit immobilier américain en préfigurent d’autres. Ils démontrent que le risque de krach persiste ou même s’accroît, alimenté par l’existence d’une masse énorme de titres « pourris », accumulée au cours de la décennie précédente par la consommation à crédit et par la titrisation des assurances et la conversion des credit default swaps en produits financiers, objets de spéculation à court terme. Le « mistigri » des créances douteuses court toujours, et les Etats courent derrière lui. La spéculation se porte désormais sur les monnaies et les dettes publiques. Or l’euro constitue aujourd’hui le maillon faible de cette chaîne, et avec lui l’Europe. Les conséquences en seront dévastatrices.

 

2. Les Grecs ont raison de se révolter

Premier effet de la crise et du« remède » qui lui a été appliqué : la colère de la population grecque. Ont-ils donc tort de refuser leurs« responsabilités » ? Ont-ils raison de dénoncer une« punition collective » ? Indépendamment des provocations criminelles qui l'ont entachée, cette colère est justifiée pour trois raisons au moins. L'imposition de l'austérité s'est accompagnée d'une stigmatisation délirante du peuple grec, tenu pour coupable de la corruption et des mensonges de sa classe politique dont (comme ailleurs) profitent largement les plus riches (en particulier sous forme d'évasion fiscale). Elle est passée, une fois de plus (une fois de trop ?), par le renversement des engagements électoraux du gouvernement, hors de tout débat démocratique. Enfin, elle a vu l'Europe appliquer en son propre sein, non des procédures de solidarité, mais les règles léonines du FMI, qui visent à protéger les créances des banques, mais annoncent une récession sans fin prévisible du pays. Les économistes s'accordent à pronostiquer sur ces bases un « défaut » assuré du Trésor grec, une contagion de la crise, et une explosion du taux de chômage, surtout si les mêmes règles s'appliquent à d'autres pays virtuellement en faillite au gré des« notations » du marché, comme le réclament bruyamment les partisansde « l'orthodoxie ».

 

3. La politique qui ne dit pas son nom

Dans le « sauvetage » de la monnaie commune, dont les Grecs auront été les premières victimes (mais ne seront pas les dernières), les modalités prévalant à ce jour (imposées notamment par l'Allemagne) mettent en avant, prioritairement, la généralisation de la « rigueur » budgétaire (inscrite dans les traités fondateurs, mais jamais véritablement appliquée), etsecondairement la nécessité d'une « régulation » - très modérée – de la spéculation etde la liberté des hedge funds (déjà évoquée après la crise des subprimes et les faillites bancaires de 2008). Les économistes néo-keynésiens ajoutent à ces exigences celle d'une avancée vers le « gouvernement économique » européen (notamment l'unification des politiques fiscales), voire des plans d'investissements élaborés en commun : faute de quoi le maintien d'une monnaie unique s'avérera impossible.

Ce sont là, à l'évidence, des propositions intégralement politiques (et non pas techniques). Elles s'inscrivent dans desalternatives à débattre par les citoyens, car leurs conséquences seront irréversibles pour la collectivité. Or le débat est biaisé par la dissimulation de trois données essentielles :

- la défense d'une monnaie et son utilisation conjoncturelle (soutien, dévalorisation) entraînent soit un assujettissement des politiques économiques et sociales à la toute-puissance des marchés financiers (avec leurs « notations » autoréalisatrices et leurs « verdicts » prétendument sans appel), soi tun accroissement de la capacité des Etats (et plus généralement de la puissance publique) à limiter leur instabilité et à privilégier les intérêts à long terme sur les profits spéculatifs. C'est l'un ou c'est l'autre.

- sous couvert d'une harmonisation relative des institutions et d'une garantie de certains droits fondamentaux, la construction européenne dans sa forme actuelle, avec les forces qui l'orientent, n'a cessé de favoriser la divergence des économies nationales, qu'elle devait théoriquement rapprocher au sein d'une zone de prospérité partagée : certaines dominent les autres, soit en termes de parts de marché, soit en termes de concentration bancaire, soit en les transformant en sous-traitants. Les intérêts des nations, sinon des peuples, deviennent contradictoires.

- le troisième pilier d'une politique keynésienne génératrice de confiance, en plus de la monnaie et de la fiscalité, à savoir la politique sociale, la recherche du plein emploi et l'élargissement de la demande par la consommation populaire, est systématiquement passé sous silence, même par les réformateurs. Sans doute à dessein.

 

4. A quoi tend la mondialisation ?

A quoi bon, au demeurant, réfléchir et débattre de l'avenir de l'Europe ou de sa monnaie (dont plusieurs grands pays se tiennent à l'écart : la Grande Bretagne, la Pologne, la Suède), si on ne prend pas en compte les tendances réelles de la mondialisation ? La crise financière, si sa gestion politique demeure hors d'atteinte des peuples et des gouvernements concernés, va leur apporter une formidable accélération. De quoi s'agit-il ? D'abord, du passage d'une forme de concurrence à une autre : des capitalismes productifs aux territoires nationaux dont chacun, à coup d'exemptions fiscales et d'abaissement de la valeur du travail, tente d'attirer plus de capitaux flottants que son voisin. Il est bien évident que l'avenir politique, social et culturel del'Europe, et de chaque pays en particulier, dépend de la question de savoir si elle constitue un mécanisme de solidarité et de défense collective de ses populations contre le « risque systémique », ou bien au contraire (avec l'appui de certains Etats, momentanément dominants, et de leurs opinions publiques) un cadre juridique pour intensifier la concurrence entre ses membres et entre leurs citoyens. Mais il s'agit aussi, plus généralement, de la façon dont la mondialisation est en train de bouleverser la division du travail et la répartition des emplois dans le monde : dans cette restructuration qui intervertit le Nord et le Sud, l'Ouest et l'Est, un nouvel accroissement des inégalités et des exclusions en Europe, le laminage des classes moyennes, la diminution des emplois qualifiés et des activités productives « non protégées », celle des droits sociaux comme des industries culturelles et des services publics universels, sont pour ainsi dire déjà programmés. Les résistances à l'intégration politique sous couvert de défense de la souveraineté nationale ne peuvent qu'en aggraver les conséquences pour la plupart des nations et précipiter le retour (déjà bien avancé) des antagonismes ethniques que l'Europe prétendait dépasser définitivement en son sein. Mais inversement, il est clair qu'il n'y aura pas d'intégration européenne « par en haut », en vertu d'une injonction bureaucratique, sans progrès démocratique dans chaque pays et dans tout le continent.

 

5. Nationalisme, populisme, démocratie : où le danger ? où le recours ?

Est-ce donc la fin de l'Union européenne, cette construction dont l'histoire avait commencé il y a 50 ans sur la base d'une vieille utopie, et dont les promesses n'auront pas été tenues ? N'ayons pas peur de le dire : oui, inéluctablement, à plus ou moins brève échéance et non sans quelques violentes secousses prévisibles, l'Europe est morte comme projet politique, à moinsqu'elle ne réussisse à se refonder sur de nouvelles bases. Son éclatement livrerait plus encore les peuples qui la composent aujourd'hui aux aléas de la mondialisation, comme chiens crevés au fil de l'eau. Sa refondation ne garantit rien, mais lui donne quelques chances d'exercer une force géopolitique, pour son bénéfice et celui des autres, à condition d'oser affronter les immenses défis d'un fédéralisme de type nouveau. Ils ont nom puissance publique communautaire (distincte à la fois d'un Etat et d'une simple « gouvernance » des politiciens et des experts),égalité entre les nations (à l'encontre des nationalismes réactifs, celui du « fort » aussi bien que celui du « faible ») etrenouveau de la démocratie dans l'espace européen (à l'encontre de la « dé-démocratisation » actuelle, favorisée par le néolibéralisme et par « l'étatisme sans Etat » des administrations européennes, colonisées par la caste bureaucratique, qui sont aussi pour une bonne part à la source de la corruption publique).

Depuis longtemps, on aurait du admettre cette évidence : il n'y aura pas d'avancée vers le fédéralisme qu'on nous réclame aujourd'hui et qui est en effet souhaitable, sans une avancée de la démocratieau-delà de ses formes existantes, et notamment une intensification de l'intervention populaire dans les institutions supranationales. Est-ce à dire que, pour renverser le cours de l'histoire, secouer les habitudes d'une construction à bout de souffle, il faille maintenant quelque chose comme unpopulisme européen, un mouvement convergent des masses ou une insurrection pacifique, où s'exprime à la fois la colère des victimes de la crise contre ceux qui en profitent (voire l'entretiennent), et l'exigence d'un contrôle « par en bas » des tractations entre finance, marchés, et politique des Etats ? Oui sans doute, car il n'y a pas d'autre nom pour la politisation du peuple, mais à la condition – si l'on veut conjurer d'autres catastrophes – que de sérieux contrôles constitutionnels soient institués, et que des forces politiques renaissent à l'échelon européen, qui fassent prévaloir au sein de ce populisme « post-national » une culture, un imaginaire et des idéaux démocratiques intransigeants. Il y a un risque, mais il est moindre que celui du libre cours laissé aux divers nationalismes.

 

6. La Gauche en Europe ? quelle « gauche » ?

De telles forces constituent ce que traditionnellement, sur ce continent, on appelait la Gauche. Or elle aussi est en état de faillite politique : nationalement, internationalement. Dans l'espace qui compte désormais, traversant les frontières, elle a perdu toute capacité de représentation de luttes sociales ou d'organisation de mouvements d'émancipation, elle s'est majoritairement ralliée aux dogmes et aux raisonnements du néo-libéralisme. En conséquence elle s'est désintégrée idéologiquement. Ceux qui l'incarnent nominalement ne sont plus que les spectateurs et, faute d'audience populaire, les commentateurs impuissants d'une crise à laquelle ils ne proposent aucune réponse propre collective : rien après le choc financier de 2008, rien après l'application à la Grèce des recettesdu FMI (pourtant vigoureusement dénoncées en d'autres lieux et d'autres temps), rien pour « sauver l'euro » autrementque sur le do sdes travailleurs et des consommateurs, rien pour relancer le débat sur la possibilité et les objectifs d'une Europe solidaire...

Que se passera-t-il, dans ces conditions, lorsqu'on entrera dans les nouvelles phases de la crise, encore àvenir ? Lorsque les politiques nationales de plus en plus sécuritaires se videront de leur contenu (ou de leur alibi) social ? Des mouvements de protestation, sans doute, mais isolés, éventuellement déviés vers la violence ou récupérés par la xénophobie et le racisme déjà galopants, au bout du compte producteurs de plus d'impuissance et de plus de désespoir. Et pourtant la droite capitaliste et nationaliste, si elle ne reste pas inactive, est potentiellement divisée entre des stratégies contradictoires : on l'a vu à propos des déficits publics et des plans de relance, on le verra plus encore lorsque l'existence des institutions européennes sera en jeu (comme le préfigure peut-être l'évolution britannique). Il y aurait là une occasion à saisir, un coin à enfoncer. Esquisser et débattre de ce que pourrait être, de ce que devrait être une politique anticrise à l'échelle de l'Europe, démocratiquement définie, marchant sur ses deux jambes (le gouvernement économique, la politique sociale), capable d'éliminer la corruption et de réduire les inégalités qui l'entretiennent, de restructurer les dettes et de promouvoir les objectifs communs qui justifient les transferts entre nations solidaires les unes des autres, telle est en tout cas la fonction des intellectuels progressistes européens, qu'ils se veuillent révolutionnaires ou réformistes. Et rien ne peut les excuser de s'y dérober.

 


Source : http://www.mediapart.fr/club/blog/etienne-balibar/240510/europe-crise-et-fin

Article original publié le 24 mai 2010

Sur l’auteur

Tlaxcala est le réseau international de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur et la source.

URL de cet article sur Tlaxcala :
http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=10672&lg=fr

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 15:04

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Victoire historique des communistes indiens au Parlement des zones tribales de l'État du Tripura: 63% des voix, 100% des sièges!

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 14:55

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«Je vois avec joie et espoir que le Mouvement des Jeunes Communistes de France, à son Congrès de 2010, a renoué avec des positions révolutionnaires en adoptant comme objectif de rupture avec le capitalisme, le socialisme, "l’échelle" qui permet de monter vers le communisme ! Quelle audace simple et admirable ! »

 

Gravement coupables sont ceux qui...

 

Lucien Sève, membre éminent de la mouvance des « Archaïsant »[1], réagit avec violence à cette audace de la jeunesse communiste dans sa lettre de démission du Parti Communiste Français (PCF) intitulée « Que faire maintenant ? Dix thèses non conformes d’un communiste sans carte ! »[2]

Il s’écrie :

«Et voici que le Mouvement des jeunes communistes adopte un texte d’orientation (l’Humanité du 19 avril) qui fixe pour objectif la construction d’un « socialisme du XXIe siècle » comme « phase transitoire » vers « une société d’émancipation individuelle et collective » (ce que ne serait donc pas le « socialisme » ?) qu’on évite de nommer communisme… Gravement coupables sont ceux qui ont mis dans la tête des jeunes communistes d’aujourd’hui cette idée historiquement indéfendable (« jamais nulle part « le socialisme» n’a été ni d’ailleurs ne pouvait être une transition au communisme, pour des raisons flagrantes que je n’ai pas la place de réexposer ici ») et stratégiquement nocive.»

En réalité, ces jeunes communistes sont sûrement capables de penser par eux-mêmes et il est bien triste que Lucien Sève ait perdu confiance en la jeunesse communiste. Et si ces jeunes communistes s’inspirent de Lénine, et d’autres partis communistes (que ce soit de Cuba, du Viêt-Nam, de la Chine, de la Russie, de l’Afrique du Sud, de la Grèce, ou d’ailleurs), au lieu de s’inspirer de la faction française des "Archaïsants", ou de partis euro-communistes, post-communistes, alter-communistes, c’est tant mieux, me semble-t-il !

Notons à ce sujet que Lucien Sève, dans sa lettre déjà citée, nous confie que

«Lorsqu’on a des doutes fondés sur les choix et pratiques de la direction et des contre-propositions dérangeantes à faire valoir, on est rarement écouté, jamais entendu, mais de maintes manières – chose que je n’avais pas perçue avant d’en être venu là – combattu comme un ennemi de l’intérieur.»

Je ne crois pas que les doutes de Lucien Sève soient fondés, mais j’ai beaucoup de respect pour lui, et je ne le vois pas du tout comme un "ennemi de l’intérieur". Par contre, je vois le Lucien Sève d’aujourd’hui comme un dangereux adversaire politique contre qui il faut franchement et vigoureusement polémiquer.

La galerie des deux Sève et consorts !

Il y a au moins deux Sève ! Le premier, en date et en importance, est l’auteur, entre autres du remarquable manuel « Une introduction à la philosophie marxiste »[3], qui a initié beaucoup de communistes au marxisme. On ne peut oublier non plus les brillantes polémiques de Lucien Sève, avec Roger Garaudy et Louis Althusser. Il me semble qu’il faut aussi souligner le courage, l’abnégation, et l’honnêteté de Lucien Sève, qui ne brigue ni l’argent, ni le pouvoir au cours de sa longue vie de militant.

Toutefois, tout cela ne lui donne pas un argument d’autorité qui cautionnerait ses positions politiques et philosophiques actuelles en 2010. Il me semble qu’il faut faire abstraction de ses mérites passés, et même présents, pour juger sur pièces sa lettre de démission du Parti. Je parle beaucoup de Lucien Sève que je trouve « emblématique » de la mouvance des « Archaïsants », mais le même raisonnement peut s’appliquer à d’autres « Archaïsants » de moins de valeur.

Comme me le disait récemment un jeune et brillant philosophe communiste :

«Lucien Sève est certainement l’un de ceux qui a la connaissance la plus érudite de Marx en France. Ses recherches récentes sur la dialectique témoignent du fait qu’aujourd’hui encore, il peut être dans le flou politique tout en restant un chercheur de grande tenue. Il donne donc la preuve, s’il en était besoin, qu’il n’y a pas forcément adéquation entre la recherche marxiste et la pertinence en politique, à moins de tomber dans une conception scientiste du marxisme un scientisme qui aurait réponse à tout.

C’est pourquoi, il faut séparer le Sève chercheur du Sève politique. On peut être un savant remarquable, mais être – c’est le cas de Sève – complètement coupé de la pratique et des luttes en cours.

C’est le pacte faustien qu’il a dû accepter dès les années 60. Etre l’intellectuel admiré du parti, mais ne plus avoir d’influence réelle sur son fonctionnement.»

Les « Archaïsants » sont-ils des traumatisés du double « culte de la personnalité » du « divin » Staline et du Staline « démoniaque » ?
Déni, dénégation ou refus conscient de voir la réalité?

Nous trouvons dans la lettre de Lucien Sève diverses affirmations qui étonnent et que je cite à la queue leu leu, dans leur ordre d’apparition dans la lettre :

1) « Pour se donner quelque chance de faire vivre un « communisme du XXIe siècle », il y a un préalable impératif : tâcher de comprendre pourquoi celui du XXe siècle est entré à peu près partout en agonie. »

2) « La crise mortelle des pays socialistes aurait dû obliger à une profonde interrogation critique sur l’idée même de « socialisme pour la France »

3) « ... que commence à apparaître ce qui dans l’idée de socialisme donne à comprendre que sous ses deux formes – social-autocrate et social-démocrate – il ait été disqualifié par l’histoire du siècle dernier »

4) « ...confiscation étatique baptisée socialisme »

« Crise mortelle du socialisme, à peu près partout en agonie » nous affirme Lucien Sève !!!

Pour Lucien Sève, Cuba et le Viêt-Nam n’existent donc pas ! Les Etats de l’Inde où des partis communistes sont au pouvoir, n’existent pas ! Le Parti Communiste d’Afrique du Sud qui partage le pouvoir n’existe pas ! Le socialisme à la chinoise, dirigé par un Parti communiste qui compte plus de membres que la France n’a d’habitants n’existe pas non plus !

Ces pays ne correspondent peut-être pas à l’idée du socialisme ou du communisme que se font les « Archaïsants » (et beaucoup d’autres malheureusement, voir Pierre Kulemann Un "nouvel" internationalisme aux contours très incertains ! [4] ), mais tout de même ! Cet aveuglement mériterait une cure !

Des psychanalystes pourraient longuement débattre pour déterminer s’il s’agit d’un déni, d’une dénégation, ou d’un refus conscient de regarder la réalité en face, mais je vois mal un historien sérieux (Je ne mets pas « l’historien » Roger Martelli dans la catégorie des historiens sérieux) soutenir la thèse de l’agonie du socialisme. Il est d’ailleurs curieux de constater qu’en France, tout le monde parle de la Chine dans les journaux, à la télévision, dans des colloques, sauf les « Archaïsants » communistes !

En fait, c’est surtout l’Union Soviétique qui est visée quand on parle de l’agonie du socialisme. Au risque de perdre les lecteurs à cause de la longueur de ce texte, j’aimerais me référer à un extrait du livre de Roger Keeran et Thomas Kenny intitulé « Socialism Betrayed » qui devrait paraître en traduction française aux Editions Delga en hiver 2011 :

«Le socialisme soviétique avait beaucoup de problème, et ne constituait pas le seul mode de socialisme concevable.

Néanmoins, il constituait l’essence du socialisme tel que défini par Marx, une société qui avait renversé la propriété bourgeoise, le « libre marché », et l’Etat capitaliste, et l’avait remplacé par la propriété collective, la planification centralisée et l’Etat ouvrier. Qui plus est, il avait créé un niveau sans précédent d’égalité, de sécurité, de santé publique, de logement, d’éducation, d’emploi, et de culture pour tous ses citoyens, en particulier pour les travailleurs et les travailleuses des usines et des campagnes.

Une brève revue des réalisations de l’Union Soviétique met en évidence ce qui a été perdu. L’Union Soviétique n’a pas seulement éliminé les classes exploiteuses de l’ordre ancien, mais elle a aussi mis fin à l’inflation, au chômage, à la discrimination raciale et nationale, à la pauvreté écrasante, et aux inégalités flagrantes de richesse, de revenus, d’éducation, et d’opportunités. En cinquante ans, le pays est passé d’une production industrielle qui n’était que de 12% de celle des Etats-Unis à une production industrielle de 80% et a une production agricole de 85% de celles des États-Unis. Bien que la consommation soviétique par habitant soit plus basse qu’aux États-Unis, aucune société n’avait jamais augmenté son niveau de vie et de consommation aussi rapidement en une période de temps si courte. L’emploi était garanti. L’éducation était gratuite pour tous et toutes, à partir de la maternelle, en passant par l’école secondaire, (école secondaire générale, technique et professionnelle), jusqu’à l’université, et les écoles du soir. En plus de l’absence de frais de scolarité, les étudiants du postsecondaire recevaient des bourses d’entretien. Les soins de santé étaient gratuits pour tous et il y avait environ deux fois plus de médecins par personne qu’aux Etats-Unis. Les travailleurs et les travailleuses qui étaient blessés ou tombaient malades avaient leur emploi et leur salaires garantis.

Vers le milieu des années 70, les travailleurs et les travailleuses avaient en moyenne un mois de vacances. Les centres de repos, les centres de vacances, et les camps de vacances pour les enfants étaient soit gratuits, soit subventionnés. Les syndicats avaient un droit de veto sur les licenciements et le droit de démettre la direction. L’État fixait tous les prix et subventionnait le coût des aliments de base et du logement. Les loyers constituaient seulement de 2 % à 3 % du budget familial ; l’eau et les services d’utilité publique seulement 4% à 5%. La ségrégation des logements sur la base du revenu n’existait pas. Bien que certains quartiers aient été réservés aux fonctionnaires de haut niveau, en général les directeurs d’usine, les infirmières et infirmiers, les professeurs et les concierges vivaient côte à côte. Le gouvernement incluait la croissance culturelle et intellectuelle dans ses efforts d’amélioration du niveau de la vie. Les subventions de l’État maintenaient le prix des livres, des périodiques et des événements culturels à un minimum. Si bien que les travailleurs et les travailleuses possédaient souvent leur propre bibliothèque, et qu’une famille moyenne souscrivait à quatre périodiques.

L’UNESCO a rapporté que les citoyens soviétiques lisaient plus de livres et voyaient plus de films qu’aucun autre peuple au monde. Chaque année, le nombre de personnes visitant des musées égalait presque la moitié de la population toute entière, et la fréquentation des théâtres, concerts, et autres événements culturels surpassait la population totale. Le gouvernement s’efforçait d’augmenter le niveau d’alphabétisation et le niveau de vie des zones les moins avancées et encourageait l’expression culturelle de plus d’une centaine de nationalités qui constituaient l’Union Soviétique. En Kirghizie, par exemple, seulement une personne sur 500 pouvait lire et écrire en 1917, mais 50 ans plus tard presque tout le monde pouvait le faire.

En 1983, le sociologue étatsunien Albert Szymanski a analysé diverses études occidentales portant sur la répartition du revenu et sur le niveau de vie soviétique. Il a constaté que les personnes les mieux payées en Union Soviétique étaient les artistes, écrivains, professeurs, administrateurs, et universitaires de renom qui gagnaient jusqu’à de 1 200 à 1 500 roubles par mois. Les responsables gouvernementaux importants gagnaient environ 600 roubles par mois ; les directeurs d’entreprises de 190 à 400 roubles par mois ; et les travailleurs environ 150 roubles par mois. Par conséquent, les revenus les plus élevés ne s’élevaient qu’à environ 10 fois le salaire moyen des travailleurs ; alors qu’aux Etats-Unis, les dirigeants d’entreprises les mieux payés gagnaient jusqu’à 115 fois le salaire des travailleurs. Les privilèges qui étaient associés à de hautes responsabilités, tels que des magasins spéciaux et des voitures de fonction, demeuraient faibles et limités et n’affectaient pas une tendance continue pendant 40 ans vers un plus grand égalitarisme. (La tendance contraire s’est manifestée aux États-Unis, où vers la fin des années 1990, les dirigeants des grandes sociétés gagnaient jusqu’à 480 fois le salaire d’un travailleur moyen.) Bien que la tendance à l’égalisation des salaires et des revenus ait créé des problèmes (ils seront examinés plus loin), l’égalisation en général des conditions de vie dans l’Union Soviétique représentait un fait sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Cette égalisation était accentuée par une politique des prix qui fixaient le coût des produits de luxe au-dessus de leur valeur et les produits de première nécessité en dessous de leur valeur. A cela s’ajoutait la croissance constante du « salaire social », soit un nombre croissant de bénéfices sociaux gratuits ou subventionnés. En plus de ceux déjà mentionnés, les avantages sociaux incluaient des congés de maternité payée, des crèches bons marchés, et des retraites généreuses. Szymanski a conclu que « la structure sociale soviétique n’égalait peut-être pas l’idéal communiste ou socialiste, mais elle était qualitativement différente, et plus égalitaire que celle des pays capitalistes occidentaux. Le socialisme représentait une différence radicale au bénéfice de la classe ouvrière.

Dans le contexte mondial, la disparition de l’Union Soviétique a constitué aussi une perte incalculable. Cela a représenté la disparition d’un contrepoids au colonialisme et à l’impérialisme. Cela a représenté l’éclipse d’un modèle montrant comment les nations nouvellement libérées pouvaient harmoniser différentes composantes ethniques et se développer sans hypothéquer leur avenir au bénéfice des États-Unis ou de l’Europe occidentale. En 1991, le principal pays non capitaliste du monde, le soutien le plus important des mouvements de libération nationale et des gouvernements socialistes comme Cuba, était tombé. Aucun discours ne peut effacer ce fait, ni le recul que cela a représenté pour les luttes des peuples et pour le socialisme.

C’est bien d’apprécier ce qui s’est perdu avec l’effondrement de l’Union Soviétique, mais c’est encore mieux de s’efforcer de le comprendre. L’importance de l’impact que cet événement aura dépend en partie de la façon dont ses causes seront comprises.

Dans la grande célébration anti-communiste du début des années 1990, la droite triomphante a martelé diverses idées dans la conscience de millions de personnes : le socialisme soviétique comme système d’économie planifiée n’a pas fonctionné et ne pouvait pas apporter l’abondance, parce que c’était un accident, une expérience menée dans la violence et maintenue par la coercition, une aberration condamnée par sa méfiance envers la nature humaine et son incompatibilité avec la démocratie. L’Union Soviétique a pris fin parce qu’une société dirigée par la classe ouvrière est une illusion délirante ; il ne peut exister de système post-capitaliste.

Certaines personnes de gauche, typiquement les sociaux-démocrates, ont tiré des conclusions qui étaient semblables, mais moins extrêmes, que les gens de droite. Elles ont cru que le socialisme soviétique était affligé de vices fondamentaux et irréparables. Ces vices seraient systémiques, enracinés dans un manque de démocratie et une centralisation excessive de l’économie.

Les sociaux-démocrates n’ont pas conclu que le socialisme dans l’avenir était condamné, mais ils ont conclu que l’effondrement soviétique privait le marxisme-léninisme de beaucoup de son autorité et qu’un socialisme futur devait se bâtir sur une base complètement différente de la forme soviétique. Selon eux, les réformes de Gorbatchev n’étaient pas fausses, mais venaient trop tard. Manifestement, si de telles affirmations se révélaient justes, l’avenir de la théorie marxiste-léniniste, le socialisme, et la lutte anticapitaliste devraient être très différents de ce que les marxistes prévoyaient avant 1985. Si la théorie marxiste-léniniste n’avait pas aidé les dirigeants soviétiques à prévenir la débâcle, la théorie marxiste était principalement fausse et devait être abandonnée. Les efforts passés de construction du socialisme ne contenaient pas de leçons pour l’avenir. Ceux qui s’opposent au capitalisme mondial devaient réaliser que l’histoire n’était pas de leur côté et se contenter de réformes limitées et modestes au mieux. C’était clairement les leçons que la droite triomphante voulait que tout le monde retire.

Nos recherches sont motivées par l’énormité des implications de l’effondrement. Nous sommes sceptiques vis-à-vis de la droite triomphante, mais nous sommes prêts à nous soumettre aux faits où qu’ils nous mènent.

Nous n’oublions pas que, dans le passé, les partisans du socialisme ont dû analyser de grandes défaites de la classe ouvrière. Dans La Guerre civile en France, Karl Marx a analysé la défaite de la Commune de Paris en 1871. Vingt ans plus tard, Frédéric Engels a enrichi cette analyse dans une introduction à l’étude de Marx portant sur la Commune. Vladimir Lénine et sa génération ont dû expliquer l’échec de la Révolution russe de 1907 et le fait que les révolutions en Europe de l’Ouest ne se sont pas matérialisées en 1918-1922. Plus tard, des marxistes comme Edward Boorstein, ont dû analyser l’échec de la Révolution chilienne de 1973. De telles analyses ont montré que la sympathie pour ceux qui ont perdu n’empêchait pas de confronter les questions difficiles portant sur les raisons de la défaite. [5] »

Tout cela est bien, me direz-vous, mais comme le disent les « Archaïsants », on ne fait pas le « bonheur des peuples » contre leur volonté ! Là aussi, les « Archaïsants » ont faux ! Là aussi, les « Archaïsant » refusent de voir la réalité telle qu’elle est. Les Soviétiques n’ont peut-être pas su défendre leur socialisme, mais ils le regrettent aujourd’hui !

En effet, il s’agit d’un sondage gigantesque ! 29 033 personnes dans 27 pays ont été sondées pour la BBC World Service par l’Institut international de sondage GlobeScan en collaboration avec le « Program on International Policy Attitudes » (PIPA) de l’Université du Maryland aux USA du 19 juin au 13 octobre 2009. C’est un document d’une extraordinaire richesse que je vous invite à consulter.[6]

Voici donc ce que répondent les peuples, y compris les Russes, à cette « démocratisation » vantée par Gorbatchev, Gratchev et, semble-t-il, par les « Archaïsants » du PCF : 61 % des Russes et 54 % des Ukrainiens regrettent la fin de l’Union soviétique. Malgré la propagande antisoviétique universelle, 12 pays sur les 27 pays sondés regrettent aussi la fin de l’Union soviétique !

Nous pourrions ajouter que le Parti Communiste de la Fédération de Russie (KPRF), le deuxième parti politique en importance de Russie, nous dit :

«Soyons réalistes, demandons l’impossible : retour au socialisme et restauration de l’URSS ! [Et ajoute] Même dans des circonstances de fraudes électorales massives, le Parti Communiste reçoit systématiquement entre 15 et 20% lors des différentes scrutins. Nous savons, toutefois, que notre potentiel de soutien va bien au-delà. [7]»

Vous me direz que 15 à 20 %, ce n’est pas la majorité absolue, ni relative, puisque c’est le Parti de Poutine qui a la majorité actuellement en Russie. C’est cependant beaucoup plus que notre PCF qui se rapproche plus électoralement, politiquement et idéologiquement de Gorbatchev et Gratchev que des communistes russes !

Notons que le peuple de l’ex-RDA, de l’Allemagne de l’Est, comme on l’appelle souvent, regrette la Chute du mur de Berlin que nos « Archaïsants », et malheureusement aussi les courants majoritaires de la direction du Parti communiste français (PCF)[8] présentent comme une victoire de la démocratie.

En 1999, la revue étasunienne « USA Today » écrivait :

« Quand le mur de Berlin s’est écroulé, les Allemands de l’Est ont imaginé une vie de liberté où les biens de consommation étaient abondants et où les épreuves allaient disparaître. Dix ans plus tard, chose remarquable, 51 % d’entre eux disent qu’ils étaient plus heureux sous le communisme »[9]. Ce n’est pas une grosse majorité, mais tout de même c’est « remarquable » comme le dit « USA Today ». En dehors des pays développés de l’Ouest, c’est différent. Selon le sondage de la BBC déjà cité, 69 % des Egyptiens par exemple, déplorent la fin de l’Union Soviétique.

Le traumatisme du « Rapport Khrouchtchev»

Lucien Sève est né en 1926 et a été élu au Comité central du PCF en 1961. Il a donc vécu la période du culte de la personnalité au cours de laquelle on vénérait de façon aveugle non seulement Staline, mais le Parti communiste de l’Union Soviétique, l’URSS, le Mouvement communiste international, le PCF etc. Cette vénération impliquait que l’on refuse de voir, consciemment ou non, les crimes commis sous Staline et les faiblesses des pays socialistes.

On dirait que, suite aux révélations du 20e Congrès du PCUS, en 1956, et en particulier du rapport Khrouchtchev (qui commence seulement en 2010 à être soumis à une étude historique sérieuse par les historiens russes et étrangers), ce culte, par un effet miroir s’est changé en son contraire, et on a brulé ce qu’on adorait.

C’est ce que Domenico Losurdo (un des grands penseurs communiste de notre époque), nomme « l’autophobie communiste »[10]. Pour Losurdo :

«Parmi les divers problèmes qui affectent le mouvement communiste, celui de l’autophobie n’est certainement pas le moindre. Laissons de côté les ex-dirigeants et les ex-représentants du Parti Communiste Italien (PCI), qui déclarent parfois avoir adhéré à ce parti dans un lointain passé sans jamais avoir été communistes. »

Losurdo poursuit en affirmant que :

«Mais malheureusement, l’autophobie se manifeste aussi dans les rangs de ceux qui, tout en continuant à se déclarer communistes, se montrent obsédés par le souci de réaffirmer qu’ils n’ont absolument rien à voir avec un passé qu’ils considèrent, eux comme leurs adversaires politiques, comme tout simplement synonyme d’abjection. Au narcissisme hautain des vainqueurs, qui transfigurent leur propre histoire, correspond l’autoflagellation des vaincus. »

Losurdo ne se limite pas à une constatation, il propose également ce qu’il voit comme une solution :

«Il va de soi que la lutte contre la plaie de l’autophobie s’avérera d’autant plus efficace que le bilan du grand et fascinant moment historique commencé avec la Révolution d’Octobre sera radicalement critique et sans préjugés. Car, malgré leurs assonances, l’autocritique et l’autophobie sont deux attitudes antithétiques. Dans sa rigueur, et même dans son radicalisme, l’autocritique exprime la conscience de la nécessité de faire ses comptes jusqu’au bout avec sa propre histoire. L’autophobie est une fuite lâche devant cette histoire et devant la réalité de la lutte idéologique et culturelle toujours brûlante. Si l’autocritique est le présupposé de la reconstruction de l’identité communiste, l’autophobie est synonyme de capitulation et de renonciation à une identité autonome. »

Cette autophobie communiste me semble être une des principales caractéristiques des « Archaïsants », et elle a de lourdes conséquences quand elle atteint la direction d’un parti communiste comme on a pu le voir en Italie et en Espagne, avec le Parti de la Gauche européenne et avec certains courants majoritaires de la direction actuelle du PCF.

Les avenues Jean-Jaurès et « l’évolution révolutionnaire »

Presque toutes les villes en France, ont leur avenue Jean Jaurès, et les divers partis et mouvements de la gauche française aussi. Le quotidien l’Humanité n’est plus depuis longtemps l’organe du Parti communiste français, mais est maintenant le journal « fondé par Jean Jaurès ».

Qu’est ce que cela implique?

André Tosel nous dit dans son article paru dans l’Humanité « L’Inhumaine humanité de la guerre » [11] que Jean Jaurès avec sa notion d’ « évolution révolutionnaire» anticipe Lénine.

Le PCF, notre Parti, et l’Humanité, notre journal, me paraissent, en effet, devenir de plus en plus Jaurésien, comme le nouveau Parti de Gauche de Mélenchon, d’ailleurs.

Lénine disait, à propos des phrases de Jean Jaurès, qui, au Congrès socialiste de Copenhague de 1910, préférait la formule « démocratisation et socialisation des moyens d’échange et de production » à la formule d’August Bébel[12] « expropriation intégrale de la classe capitaliste » :

« Voilà une des phrases nébuleuses, mal définies, que peuvent tout à fait admettre les idéologues des petits patrons et les théoriciens du réformisme bourgeois, une de ces phrases dans lesquelles Jaurès est passé maître et dont il est si friand »[13]

Notons au passage que ce débat sur cette formulation est toujours d’actualité !

Ce commentaire de Lénine sur l’ambiguïté de beaucoup de formulations jaurésiennes s’applique bien à cette notion « d’évolution révolutionnaire »

Dans un beau texte intitulé justement « Evolution révolutionnaire », Jean Jaurès écrit :

«Et la révolution de 1789 fut l’œuvre d’une majorité immense et consciente. De même, et plus certainement encore, ce n’est pas par l’effort ou la surprise d’une minorité audacieuse, c’est par la volonté claire et concordante de l’immense majorité des citoyens, que s’accomplira la révolution socialiste. Qui compterait sur la faveur des événements ou les hasards de la force, et renoncerait à amener à nos idées l’immense majorité des citoyens, renoncerait par là même à transformer l’ordre social. [14]»

Ces lignes de Jaurès sont belles, mais, dirait peut-être Lénine, elles sont nébuleuses et mal définies. Elles sont surtout historiquement inexactes. Avec de phrases comme cela, il n’y a plus de distinction claire entre un parti socialiste et un parti communiste ; il n’y a plus qu’une gauche jaurésienne, comme Die Linke en Allemagne, comme le Front de gauche en France, comme le Parti de la gauche européenne en Europe ! Et les classes populaires s’abstiennent en masse de voter !

Or curieusement, cette notion floue d’évolution révolutionnaire rallie les « Archaïsants » encore au PCF et ceux qui, comme Lucien Sève, viennent de le quitter. On comprend mieux pourquoi leur départ n’a guère créé de polémique de la part de la direction du PCF, ou dans l’Humanité (à part un beau texte, « Quand le destin hésite, le pays a besoin de partis politiques debout et clairs » par Henri Malberg, membre de la direction fédérale du PCF à Paris paru dans… Tribune Libre de l’Huma ![15]).

Je viens justement de lire dans l’Humanité d’aujourd’hui, 29 mai 2010, Patrick Le Hyaric[16] qui écrit :

«Je défends pour ma part depuis longtemps cette notion d’ « évolution révolutionnaire » que Jaurès reprit à Marx et Engels. L’idée d’un processus de transformation. Il y a toujours une combinaison à trouver entre réforme et révolution, entre réformisme et réforme de nature révolutionnaire. J’ai beaucoup plus confiance à cet égard dans le chemin de la démocratie citoyenne que Jaurès voulait pousser jusqu’au bout, que dans un grand soir qui n’a d’ailleurs jamais marché : on ne peut pas faire le bonheur des gens sans eux.[17]»

Je ne reprendrais pas ce qu’on a vu plus haut à propose de ceux qui qualifient, souvent avec un sourire complice et supérieur, les révolutions socialistes passées et présentes de « grand soir qui n’a d’ailleurs jamais marché ». Ce qui m’a un peu troublé, c’est qu’on attribue à Marx et Engels la conception jaurésienne de « l’évolution révolutionnaire ». En effet, si on remet cette notion dans son contexte chez Marx et Engels, on trouve ceci dans l’Adresse du Comité Central à la Ligue des communistes (K. Marx- F. Engels 1850).

«Si les ouvriers allemands ne peuvent s’emparer du pouvoir et faire triompher leurs intérêts de classe sans accomplir en entier une évolution révolutionnaire assez longue, ils ont cette fois du moins la certitude que le premier acte de ce drame révolutionnaire imminent coïncide avec la victoire directe de leur propre classe en France et s’en trouve accéléré.

Mais ils contribueront eux-mêmes à leur victoire définitive bien plus par le fait qu’ils prendront conscience de leurs intérêts de classe, se poseront dès que possible en parti indépendant et ne se laisseront pas un instant détourner—par les phrases hypocrites des petits bourgeois démocratiques—de l’organisation autonome du parti du prolétariat. Leur cri de guerre doit être : La révolution en permanence ! Londres, mars 1850.[18]»

On voit clairement que l’évolution révolutionnaire dont il est question chez Marx et Engels est « la révolution en permanence » et « l’organisation autonome du parti du prolétariat », ce qui n’a rien à voir avec Jean Jaurès, ni avec les « Archaïsants » ! Comment un journaliste chevronné comme Patrick Le Hyaric a-t-il pu faire un pareil contresens !!!

Le rejet des révolutions socialistes

Voici ce que dit Lucien Sève dans sa lettre :

«En 1976, à son 22e Congrès, le PCF décidait d’« abandonner la dictature du prolétariat » comme voie d’accès au « socialisme pour la France ». Décision double sous son allure simple : d’une part était ainsi confirmé, sans débat, que l’objectif du parti était « le socialisme », censé conduire au communisme – transition à laquelle la longue histoire de l’URSS ou de tout autre pays socialiste n’a pas même apporté un début de vérification historique, ce qui devrait troubler tout marxiste –, et d’autre part, novation majeure quoique tardive, était rejetée la voie de la conquête révolutionnaire-violente du pouvoir : le passage au socialisme, insistait-on, ne peut se faire sans grandes luttes, mais chaque avancée devra être démocratiquement acquise par un vote majoritaire.»

Cette « novation majeure quoique tardive » est tout simplement le rejet de la révolution socialiste. Pourtant, Lucien Sève et autre « Archaïsants » ont bien vécu et vu que les Front populaires, en France ou en Espagne, ont dû se battre contre le fascisme ; que le programme du Comité national de la Résistance en France est issu de la lutte armée contre le capitalisme fasciste nazi et pétainiste ; que la Guerre d’Indochine était menée contre une révolution socialiste ; que la Guerre d’Algérie était menée contre un mouvement de libération nationale potentiellement socialisant ; que De Gaulle en 1968 était prêt à lancer les forces armées contre Mai 68.

On n’en finirait pas de montrer comment la « révolution par les urnes » dont parlent Jean-Luc Mélenchon et son Parti de gauche et les courants actuellement majoritaires de la direction du Parti communiste français, est, quoi qu’ils en disent, nécessairement et intimement mêlée dans les faits à la violence du pouvoir capitaliste et par voie de conséquence à la contre violence démocratique du pouvoir des travailleurs et des travailleuses.

Une fois au pouvoir, le socialisme doit pouvoir enfin « dicter » sa volonté, par la persuasion de préférence comme le souhaitent Lénine et Gramsci, mais aussi par le maintien de l’ordre si nécessaire, aux résistances capitalistes nationales et internationales.

Notons au passage qu’il est délicat de se prévaloir de la pensée de Jean Jaurès qui était en pleine évolution quand un assassinat a mis fin à ses jours en 1914. Comment aurait-il compris la révolution d’Octobre 1917?

Le rejet du Parti de la révolution socialiste

Lucien Sève rejette la révolution socialiste et par conséquent il rejette aussi le parti révolutionnaire. Voyons ce qu’il écrit :

«L’actuel mode d’organisation et de vie du parti est l’héritier très affadi mais bien reconnaissable du modèle conçu par Lénine et révisé par la IIIe Internationale. Modèle des plus robustes qui assurait la cohérence entre visée stratégique et pratique organisationnelle en des pays encore peu avancés dans la voie capitaliste. Le but étant la conquête révolutionnaire-violente du pouvoir pour engager par en haut la construction du socialisme, le Parti devait être l’instrument de la guerre de classe, un état-major indiscuté y dirigeant des militants disciplinés. »

Lucien Sève ajoute :

«Dans le système hérité de la IIIe Internationale, l’organisation de base – appellation caractéristique d’un parti vertical – est la cellule. Sa force est d’être locale (tel quartier, telle entreprise) : elle assure, si du moins elle est vivante, un enracinement populaire à l’action communiste ; sa faiblesse rédhibitoire est d’être généraliste : ayant à porter toute la politique du parti, elle ne peut sauf cas d’espèce atteindre à la haute expérience et compétence sur rien. Ce qui n’est aucunement fortuit : elle a été conçue non pas du tout pour élaborer mais pour appliquer la ligne conçue et décidée en haut. La cellule est ce qui rive le PCF à une politique de sommet, jadis tournée vers la révolution par en haut, aujourd’hui vers l’obsession des élections nationales, image même de ce qui ne fonctionne plus et dont la plupart ne veulent plus. »

Comme nous l’avons vu, ce n’est pas le Parti, ni la révolution socialiste que les jeunes rejettent, mais l’affadissement du Parti, son détricotage et la remise de la révolution socialiste à la semaine des quatre jeudi quand ce n’est pas aux oubliettes !

Si, dans ces deux citations, on ôte les jugements de valeur subjectifs, il nous reste qu’un « parti communiste » (cette notion de « forme parti » ne veut pas dire grand chose) veut prendre le pouvoir pour instaurer le socialisme et que la « cellule » est tournée vers la révolution, donc, logiquement, quand on rejette la révolution socialiste, on doit forcément rejeter, comme le fait Lucien Sève, son outil, le Parti communiste avec ses cellules.

La valse des étiquettes et le programme politique des « Archaïsants »

Lucien Sève nous dit « J’entreprends ici de dire pour où je pars et où je compte me retrouver demain avec ceux et celles qui pour de bon sont communistes ». Tout son texte, et beaucoup de ses travaux récents portent sur la récusation du socialisme comme première étape du communisme. Contentons-nous ici de voir quel est son programme, indépendamment des étiquettes de socialisme ou communisme qui y sont accolées.

1) Essor de l’économie sociale

2) Critique des médias

3) Bioéthique

4) Commerce équitable

5) Solidarité courtes (pas clair !)

6) Féminisme

7) Ecologie

8) Droit des salariés dans la gestion

9) Contenu des informations télévisées.

Tout cela est bon bien entendu, mais ces objectifs peuvent être abordés de façon réformiste visant à une civilisation aujourdhui moins possible qu’avant de notre système capitaliste, ou dans une perspective de renversement du système économique actuel !

En fait, ce qui est plus éclairant est ce qui ne fait pas partie de ce programme.

Pierre Martin avait déjà fait cette réflexion à propos d’une autre lettre de Lucien Sève datant de 2007, mais son commentaire demeure valable pour la lettre de 2010 :

«Le philosophe communiste Lucien Sève à fait paraître ces jours derniers une contribution intéressante en vue de « l’assemblée extraordinaire » du P.C.F qui se tiendra fin 2007 et dont les effets devraient se faire sentir sur le congrès de 2008. En effet comment ne pas voir l’immense révolution corpernicienne, que les fulgurances de pensées de notre cher Lucien, font faire au concept de révolution et de mise en œuvre du communisme. Ecrire un article de 11 pages en évitant soigneusement d’aborder la question de la propriété privée des moyens de production et de sa disparition, la question de la conquête du pouvoir d’Etat et de sa disparition, la question de la fin de l’exploitation et du salariat, et leurs disparitions, toutes ces mauvaises questions qui ont depuis toujours obscurcies la claire question du communisme telle que nous l’envisage notre grand philosophe, pensez donc ! [19] »

Cette absence de contenu révolutionnaire notée déjà en 2007 par Pierre Martin n’est pas un hasard. En effet, un programme révolutionnaire aurait nécessairement un air de famille avec les programmes politiques des pays socialistes contre lesquels les « Archaïsants » s’acharnent.

La mise en œuvre du programme politique des « Archaïsants » : « la montagne accouche d’une souris. »

Voici la « structure horizontale » proposée pour la mise en œuvre du programme politique de Lucien Sève :

La nouvelle stratégie ici esquissée exige tout autre chose : la formation tous azimuts de collectifs thématiques d’initiative, enracinés dans un territoire géographique ou sociologique à l’échelle d’une section, constitués par choix militant volontaire, se consacrant dans la durée à une bataille transformatrice à la fois importante et précise, et entièrement maîtres de leur activité – orientation, contenus, études, objectifs, modalités. Le ruineux clivage entre base et sommet est ici dépassé : les collectifs thématiques d’initiative sont à la fois base et sommet, ils exécutent ce qu’ils élaborent et décident eux mêmes, tirent leçon de leurs succès et échecs et deviennent plus performants en apprenant.

Voilà qui décrit bien la situation actuelle en France et d’ailleurs dans bien d’autres pays, y compris aux Etats-Unis, en Chine, à Cuba, etc. Un riche foisonnement de groupes, d’organisations, de réseaux, de forums sociaux, de colloques, d’initiatives culturelles. On voit mal comment et pourquoi ce foisonnement mouvementiste s’opposerait à l’existence de partis communistes révolutionnaires au pouvoir ou dans l’opposition !

Je prends comme exemple le psychiatre communiste Hervé Hubert qui donne actuellement à Paris un séminaire mensuel sur Staline et organise en même temps un groupe d’études sur les transsexuels. Il va se rendre en juin à Cuba pour un colloque sur la dépsychiatrisation des transsexuels, évènement patronné entre autres par le Parti Communiste Cubain. Où est le problème ?

L’opposition entre un mouvement social qui tend à être réformiste par nature et un parti révolutionnaire est une tension créatrice. C’est toute l’histoire du mouvement ouvrier. C’est de cette tension créatrice que peut naitre cette hégémonie pour le socialisme dont parle Gramsci. Pourquoi diable, avec toute leur expérience, les « Archaïsants », avec Lucien Sève en bonne place, pratiquent-ils l’art du déni à ce point. « La violence est l’accoucheuse de l’Histoire » compte parmi les plus célèbres proclamations de Marx, que ce soit la violence du capitalisme, ou la légitime défense des travailleurs et des travailleuses contre le capitalisme, dans les urnes, dans la rue, etc.

En opposant, comme le font les « Archaïsants », la démocratie, y compris la « démocratie capitaliste » à la violence associée à la révolution et au socialisme et à l’absence de démocratie, on aboutit à un contresens. La montagne archaïsante, même si elle est belle, comme dirait Jean Ferrat, accouche avec Lucien Sève, non pas de l’histoire, mais d’une souris.

« Tous ensemble, tous ensemble », unité d’action sur « un programme d’abord minimum et progressivement de transition vers le socialisme »

En conclusion, Lucien Sève et autres « Archaïsants » nous dit « qu’une structure fort modeste telle que Communistes Unitaires[20] peut être bien utile pour engager ce qui doit l’être ». On peut juger sur pièces en se rendant sur leur site ! En gros, c’est le centre névralgique de la mouvance des « Archaïsants » en France, qui coordonne leurs activités dans et hors le PCF, le Parti de la Gauche Européenne, Espaces Marx, en réseau avec d’autres pôles archaïsants en Europe et ailleurs dans le monde, etc.

A cette mouvance s’oppose ceux qui veulent un Parti communiste et qui ont eux aussi leur site et leur mouvance dans et hors du PCF.

Ce site[21] se veut un outil de travail pour contribuer à l’organisation et au renforcement du PCF. Pour cela, il se veut un lieu d’information et de réflexion ouvert notamment à tous ceux qui, communistes adhérents ou de conviction, anciens adhérents, s’interrogent sur les raisons de l’affaiblissement du Parti communiste, refusent la dérive d’abandon de son identité révolutionnaire et s’opposent à la voie de sa disparition.

Ce site, en complément d’autres lieux de débats existant déjà sur le Net, cherche à contribuer à la convergence des efforts de reconstruction du PCF, avec un comité de rédaction public représentatif de différents groupes ou organisations. Il publie les interventions intégrales de tous ses membres au Conseil national du PCF, et cela sans aucune exclusive. Pour cette mouvance, c’est de la confrontation loyale des idées et des expériences militantes que grandira le PCF de demain.

Sans vouloir prétendre à aucune exclusive ni globalité, ce site s’efforcera de mettre en résonance ce qui lui sera fourni par les communistes bien au delà des élus au CN. Il sera notamment l’outil partagé du travail de reconstruction des supports de formation nécessaires à l’organisation du PCF. Il se met en place en cherchant un fonctionnement transparent animé par le comité de rédaction et favorisant la participation du plus grand nombre possibles d’auteurs. [22]

« L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes » Marx

Lucien Sève nous demande si oui ou non on est d’accord avec la thèse de Marx : «L’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes » ?

La réponse est évidemment

OUI !

Mais pour y parvenir, il faut, me semble-t-il, faire le contraire de ce qu’il recommande. Il faut qu’il y ait une certaine unité d’action sur un programme minimum entre des « Archaïsant » de plus en plus réformistes et anticommunistes, sous une enveloppe « moderniste », (« Old wine in new bottles » dit le proverbe ; soit on sert le même vin « archaïsant » dans une nouvelle bouteille), et un Parti Communiste Français révolutionnaire, uni, discipliné, déterminé, ancré chez les travailleurs et les travailleuses de France dans toute sa diversité des genres et des couleurs. C’est ainsi que pourra se bâtir une révolution socialiste avec le soutien du peuple français.

Avec l’approfondissement de la crise générale du capitalisme, qui a commencé en Octobre 1917, et qui s’intensifie avec les crises économiques actuelles du capitalisme impérialiste et financier, ce programme minimum devient, par la force des choses, de plus en plus un programme de transition vers le socialisme. Le capitalisme est de moins en moins réformable, comme le montre l’agitation de ses dirigeants.

La jeunesse du communisme défie les « Archaïsants » du Parti Communiste Français ; elle est l’avenir ; ils sont déjà dépassés ! Mais ils peuvent travailler ensemble, malgré leurs différences et leurs différends. Comme le disait Etienne Fajon[23], « l’union est un combat »[24].

Un combat pour quoi faire, me direz-vous ?

En termes simples de tous les jours, un combat pour que le peuple de France puisse s’épanouir dans le cadre d’un socialisme communiste moderne qui s’appuierait sur les acquis passé et présents du socialisme communiste tout en conservant ce qu’on aime de la société actuelle.

C’est tout un combat, en effet ; c’est tout un programme ; ce n’est pas une utopie ; c’est un rêve réalisable !


[1] « Archaïsants », néologisme se référant à la mouvance politique qui, en France et ailleurs, se compose de divers groupes et personnes, parfois nommés de façon péjorative "liquidationistes", hostiles, à des degrés divers, vis-à-vis des pays socialistes et des partis communistes . Les Archaïsants veulent en général ramener l’organisation du mouvement communiste à une étape antérieure à Lénine, soit en conservant « la forme parti » sous une forme anarchisante, soit en la déconstruisant. Les Archaïsants se qualifient souvent eux-mêmes de « rénovateurs », ou de « refondateurs ». Ils oeuvrent à l’intérieur du PCF et de ses organisation, ou à l’extérieur du PCF dans l’organisation « Communistes Unitaires » par exemple. Beaucoup d’entre eux de ceux ont quitté le PCF au fil des ans, ou tout récemment comme Lucien Sève, Roger Martelli et quelques autres. On ltrouve aussi des Archaïsants à la direction de Partis communistes euro-communistes, post-communistes, alter-communistes.

[2] Que faire maintenant ? Dix thèses non conformes d’un communiste sans carte ! http://communistesdemontrouge.fr/spip.php?article445

[3] Lucien Sève, Une introduction à la philosophie marxiste, suivie d’un Vocabulaire philosophique, Éditions sociales, Paris, 1ère, 2ème et 3ème éditions : 1980

[4] http://lutterpourunmondemeilleur.blogspot.com/2008/11/un-nouvel-internationalisme-aux.html

[5] Roger Keeran,Thomas Kenny,Socialism Betrayed, Behind the collapse of the Soviet Union, 1917-1991", International Publishers,New-York, 2004,pp. 5 et 6

[6] http://www.globescan.com/news_archives/bbc2009_berlin_wall/

[7] http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/article-11eme-rencontre-des-pc-9-kprf-russie-soyons-realistes-demandons-l-impossible-retour-au-socialisme-et-restauration-de-l-urss—41823384.html

[8] Pierre Kulemann, Les courants majoritaires de la direction du Parti communiste français (PCF) au pied du mur... de Berlin !

Décryptons ensemble les "décrypteurs" ! http://lutterpourunmondemeilleur.blogspot.com/2009/12/les-courants-majoritaires-de-la.html

[9] USA Today, 11 octobre 1999, p.1 (Le pourcentage a augmenté depuis avec la crise des subprime).

[10] Roger Keeran,Thomas Kenny,Socialism Betrayed, Behind the collapse of the Soviet Union, 1917-1991", International Publishers,New-York, 2004,pp. 5 et 6

[11] http://www.humanite.fr/Andre-Tosel-L-inhumaine-humanite-de-la-guerreeagir

[12] http://fr.wikipedia.org/wiki/August_Bebel

[13] Lénine, « La question de la coopération », Oeuvres Complètes, volume 16 (septembre

1009-décembre 1010), p.294

[14]http://fr.wikisource.org/wiki/%C3%89tudes_socialistes/%C3%89volution_r%C3%A9volutionnaire

[15] http://www.humanite.fr/2010-05-25_Idees-Tribune-libre-Histoire_Quand-le-destin-hesite-le-pays-a-besoin-de

[16] http://fr.wikipedia.org/wiki/Patrick_Le_Hyaric

[17] Patrick Le Hyaric, « Le chemin de la démocratie que Jaurès voulait pousser jusqu’au bout », L’Humanité, samedi 29 mai, p. 10

[18] Diffusé sous forme de tract en 1850, Publié par F. Engels à titre de supplément du livre : K. Marx, " Enthüllungen über den Kommunisten-Prozeb zu Köln ", Hottingen-Zurich 1885, Conforme au texte du livre, Traduit de l’allemand http://marxists.catbull.com/francais/marx/works/1850/03/18500300.htm

[19] http://www.utopies.org/spip/spip.php?article136

[20] http://www.communistesunitaires.net/

[21] http://www.lepcf.fr/

[22] http://www.lepcf.fr/

[23] Instituteur de formation, il entre au Parti communiste français, dont il gravit rapidement les échelons : il est membre du Comité central (1932-1990), du Bureau politique (1945-1979) et du Secrétariat (1954-1956 et 1970-1976). Il est également, avec Georges Cogniot, le représentant du PCF au Kominform à sa création. http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89tienne_Fajon

Par ailleurs, il devient directeur-adjoint (1948-1958), puis directeur (1958-1974) de L’Humanité.

[24] L’Union est un combat, Éditions Sociales, 1975.

 

 

http://bellaciao.org/fr/spip.php?article102734



De : Pierre Kulemann

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30 mai 2010 7 30 /05 /mai /2010 14:49

lisbonne1300 000 manifestants dans les rues de Lisbonne contre le plan d'austérité


La plus grande manifestation de ces dernières années organisée par le syndicat CGTP-IN, lié organiquement au PCP



Article AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/



300 000 manifestants dans les seules rues de Lisbonne ont répondu, ce samedi 29 mai, à l'appel de la CGTP-IN. « L'une des plus grandes grèves, si ce n'est la plus grande de ces dernières années », a déclaré dans la manifestation Arménio Carlos, dirigeant de la CGTP-IN. Le communiqué du PCP évoque même la « plus grande manifestation de ces dernières décennies ».



300 000 voix pour dire « Non au plan d'austérité » défendu par l'Union sacrée PS-Droite



Les grévistes protestaient contre l'adoption récente d'un plan d'austérité par le gouvernement socialiste de José Socrates, et soutenu par les partis de droite. Ce plan prévoit:

  • des coupes importantes dans l'éducation, la santé et l'administration;

  • la diminution des allocations sociales (en particulier les allocations-chômage) et le renforcement des restrictions à leur accès;

  • la hausse de la TVA et de l'impôt sur le revenu même pour les tranches inférieures;

  • le gel des salaires dans la fonction publique et le non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux;

  • le recul de l'âge de départ à la retraite à 65 ans;

  • et enfin la privatisation de parts importantes du secteur nationalisé déjà ouverts ou non au capital: la Poste, les Aéroports, la GALP (Gaz), l'EDN (Électricité), Air Portugal et les Fret et lignes de banlieue des Chemins de Fer Portugais.



serv pubC'est contre ce plan de guerre que se sont mobilisés salariés du public et du privé, travailleurs venus en autobus des quatre coins du Portugal, sous les mots d'ordre du syndicat et du Parti. Sur les banderoles, on pouvait lire: « Non au plan d'austérité », « PEC, augmentation du chômage, ça suffit! », « Non à la privatisation de la Poste », « Oui au service public, non à leur libéralisation », , « On lutte pour défendre nos droits et pour de meilleurs salaires! ».

 

 

Le PCP: « Il est possible de mettre en échec les politiques de droite... La lutte continue! »



Le Parti Communiste a salué dans un communiqué cette « claire démonstration de force, d'unité et détermination de la classe ouvrière et de tous les travailleurs, qui a pu compter sur la solidarité et l'engagement militant du PCP. »



lisbonne2Cette « impressionnante journée de lutte » marque une nouvelle étape dans la mobilisation et a « renforcé la conviction qu'il est possible de mettre en échec la politique de désastre national, d'abdication des intérêts du pays, d'aggravation de l'exploitation que le PS, le PSD et le CDS veulent imposer aux travailleurs et au Peuple ».



Pour le PCP, ce qui a été exprimé dans de cette manifestation, c'est « une exigence claire de rupture avec les politiques de droite, de changement dans la vie nationale ».



« C'est une journée historique qui restera gravée dans l'histoire de la lutte du peuple portugais, une affirmation patriotique et de classe, un signe de confiance et d'espoir qui se projettera dans le futur. La lutte continue! »



Syndicalisme de classe et syndicalisme de collaboration, communistes contre socialistes: la vraie gauche face aux serviteurs du capital



metroC'est le message qu'ont voulu envoyer les dirigeants du CGTP-IN après la manifestation, la lutte continue et cette journée n'est qu'une première étape dans l'intensification de la lutte contre le plan d'austérité imposé par le gouvernement national. Le syndicat communiste n'exclut pas d'appeler à la grève générale dans les premiers jours et a déjà prévu de mobiliser pour les 17 et 19 juin prochains à Lisbonne, Porto et Evora.



Dans le même temps, le syndicat minoritaire socialiste de l'UGT a choisi la voie de la collaboration de classe, refusant de participer au mouvement, appelant au « dialogue social » et refusant de participer à ce qu'ils appellent l'« instabilité sociale »



Plus que jamais, la lutte continue et la ligne de démarcation au sein de ce qu'on appelle « la gauche » entre les forces de classe et les forces du capital est manifeste au Portugal.



Et la présence d'un Parti communiste de classe et de masse, un Parti resté sur ses fondamentaux théoriques, un Parti de lutte présent sur les lieux de travail et dans les quartiers, se révèle toujours plus comme un élément indispensable pour impulser, organiser et faire triompher les luttes des travailleurs contre les politiques du capital.



A partir des dépêches de l'AFP et de Reuters ainsi que du communiqué du PC Portugais

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