Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CHANTS REVOLUTIONNAIRES

Archives

15 avril 2014 2 15 /04 /avril /2014 11:46

                                                                             CGT-copie-1.jpg

                                                                    communique

 

 

Salariés du CORSSAD.

Pour de meilleures conditions de travail et l’augmentation des salaires mobilisons nous nombreux

jeudi 24 avril à 14H devant le siège 10 ave E Sari Bastia.

Mettons fin au règne de ces dirigeants

qui se remplissent les poches sur notre dos.

 

Les salariés du CORSSAD subissent depuis trop longtemps une gestion du personnel scandaleuse. Lors des élections des représentants des salariés le 12 novembre dernier, nos dirigeants se sont livrés à des fraudes manifestes pour empêcher que la lumière soit faite sur leur gestion douteuse. La police financière a été saisie et une perquisition a été opérée au siège du CORSSAD.

Les articles de presse ont révélé que le couple de dirigeants percevait plus de 30 000 euros mensuels soit 4 fois plus que le maximum autorisé, alors que les centaines de salariés de l’entreprise vivent le plus souvent avec moins de 1000 euros par mois.

 

Dans le même temps les lois sociales élémentaires ne sont pas appliquées.

·        Le maintien du salaire en cas de maladie prévu par la convention collective  (CC) n’est pas respecté.

·         Les aides ménagères sont même contraintes de payer de leur poche les gants de travail et les blouses. Pourtant la CC spipule clairement que l’employeur doit procurer ces équipements.

·         les indemnités de déplacement sont minorées. Les titres de transport qui doivent être pris en charge à 50% ne le sont pas.

·        Le temps de trajet entre 2 bénéficiaires doit être comptabilisé en temps de travail .

·        Les jours de congé de fractionnement prévus par la loi ne sont plus attribués.

·        La prime de transport n’est pas versée en cas de maladie contrairement à la pratique dans les autres structures et administrations.

·        Les garanties contractuelles de rémunération ne sont pas respectées et les heures supplémentaires rémunérées à +25% non plus.

·        Le budget du comité d’entreprise n’est ni conforme ni transparent et cela au détriment des salariés.

 

Nos dirigeants plutôt que de faire amende honorable et de corriger cette situation, continuent dans leur pratique scandaleuse mensongère et menaçante.

Mettons fin à ce scandale mobilisons nous nombreux afin de chasser ces dirigeants et retrouver enfin des conditions de travail correctes pour le bien des salariés et des bénéficiaires.

Le droit de manifester et de débrayer est un droit constitutionnel. Aucune sanction ne peut vous frapper.

Partager cet article
Repost0
14 avril 2014 1 14 /04 /avril /2014 08:11

 

 

                                                                           CERVEAU

Hollande-Valls ou l’accélération de la politique du Medef
Dimanche 13 avril 2014

En fait, la Bérézina des municipales n’a entraîné l’exécutif que dans l’accélération de la politique dictée par le Medef tant il est persuadé de la doctrine de Margaret Thatcher : « Il n’y a pas d’alternative au néolibéralisme » . Après les simagrées ridicules de l’aile gauche du PS, le retrait politicien  d’EELV, il ne restait plus au Premier ministre que de faire un discours schizophrène dont l’ambiguïté était palpable dès le début de sa présentation. Appliquant à la lettre, la règle du Cardinal de Retz devenu vertu théologale chez les néolibéraux de droite comme de gauche : « On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment », nous avons eu affaire dès la  première phrase de la déclaration du Premier ministre à un sommet inégalé de l’ambiguïté : « Trop de souffrances, pas assez d’espérance, telle est la situation de la France ». 

Car bien évidemment, l’utilisation d’un des mots les plus ambigus de la langue française n’est pas un hasard. Bien sûr, tout le monde pourra,suite à ce discours, dire: « il faut plus d’espérance ». Donc, selon le Larousse « plus de sentiment de confiance en l’avenir », « plus d’espoir ». Mais selon l’église catholique, « L’Espérance avec la Foi et la Charité est une vertu théologale dont l’objet principal est le salut, la béatitude éternelle, la participation à la gloire de Dieu. »1
Comme la suite du discours du Premier ministre ne tranchait pas entre ces deux définitions, chacun interprétera à sa guise  ce sommet de l’ambiguïté ! La suite est claire et nette comme le nez au milieu de la figure:

Feux d’artifice en ce qui concerne les cadeaux au patronat : taux normal de la fiscalité des entre prises abaissé à 28 % d’ici 2020, suppression de la contribution de solidarité des entreprises sous trois ans, baisse des recettes de la Sécurité sociale et donc de ses prestations - baisses des cotisations patronales familiales de 1,8 % en 2016 se rajoutant à celle effectuée par son prédécesseur, diminution des cotisations salariales pour ceux qui gagnent le SMIC, et quelques autres pour atteindre 10 milliards en moins pour l’Assurance-maladie d’ici la fin du quinquennat se rajoutant à celle effectuée par son prédécesseur, 11 milliards de baisses pour les autres prestations, 19 milliards de baisse du budget de l’État, 10 milliards pour les collectivités locales…
Hollande et Valls vont devenir les Margaret Thatcher tricolores…

Quant à ce que Valls appelle la transition énergétique, cela n’a rigoureusement rien à voir avec une transition énergétique à la hauteur des enjeux. C’est tout juste une petite inflexion  pour essayer de contenter de façon politicienne EELV. D’une façon générale, il n’y a pas de transition énergétique sans fixer le but final et l’agenda de cette transition.
Supprimer la centrale nucléaire de Fessenheim sans dire ce que l’on fait de la filière nucléaire sur longue période est un déni d’information tant on sait que cette filière a des ombres portées de plusieurs décennies au moins. Même réaction avec l’annonce de la diminution des énergies carbone sans définir le but de long terme. Par ailleurs est-ce une bonne politique que  de prôner les énergies renouvelables sans engager une réindustrialisation en France des matériels nécessaires au développement de ces énergies ? Car sinon, pas d’indépendance énergétique et accroissement du déficit commercial de la France. Ou encore peut-on dire en même temps que l’on souhaite le principe « pollueur-payeur » et en même temps ne rien faire pour favoriser les services publics de transports et le ferroutage pour donner le choix aux acteurs ? Car sinon, on va retomber dans l’hérésie de la taxation carbone de ceux qui ne peuvent pas faire autrement.
Autre sujet d’inquiétude: quelle est l’axe de la recherche énergétique française tant sur le plan de la recherche fondamentale (RF) que dans la recherche développement (R&D) ? Réponse : Le flou ? Rien ?
Rien de précis sur le plan d’urgence sur l’efficacité énergétique et donc sur les économies d’énergie (notamment du bâti existant et futur) ? C’est pourtant la priorité de toute vraie transition énergétique ! Et plus généralement, rien sur la réindustrialisation de la France, sans laquelle aucune relance de l’activité n’est possible sur le long terme.

Sur l’école, il est prévu la poursuite du décret Peillon sans réécriture. Ce legs empoisonné de l’ancien ministre de l’éducation nationale aurait pourtant dû figurer parmi les explications de la déroute aux municipales, par les tracas, ingérables pour les communes, les personnels et les familles, et les inégalités qu’il a entraînés. Le décret Peillon représente les prémisses d’une privatisation massive de l’école par le périscolaire, d’un remplacement progressif des enseignants par des animateurs peu formés, du développement de la garderie scolaire en lieu et place de l’enseignement, et d’une fatigue accrue des élèves pendant leur cursus. Il faut être aussi aveuglé que la direction de la FCPE pour y voir un nirvana.

Sur les institutions, décision de l’exécutif d’appuyer sur l’accélérateur anti-républicain de l’Acte III de la décentralisation en balayant les inflexions souhaitées par Lebranchu sur les départements. Volonté de supprimer la délégation générale pour empêcher, comme la droite le souhaite, les collectivités locales de s’autosaisir sur des sujets d’intérêt public général en dehors des domaines prévus par la loi.

Et face à cette déclaration de guerre du néolibéralisme contre les intérêts de la classe populaire ouvrière et employée et des couches moyennes intermédiaires, où est la priorisation d’une grande compagne d’éducation populaire de la gauche de gauche pour combattre cette idéologie dominante comme préconisé dans la dernière chronique d’Évariste pour ne pas reproduire les méthodes usées du militantisme d’hier ? N’est-il pas nécessaire d’engager ici et là, à partir des structures locales politiques, syndicales, associatives et mutualistes cette campagne d’éducation populaire sans attendre les consignes et les décisions du sommet ?
La priorité est de répondre aux attentes du peuple. L’unité retrouvée du Front de gauche à l’occasion des européennes est un facteur d’espoir pour la construction d’un rapport de force pour ouvrir une alternative. La marche du 12 avril contre l’austérité qui a rassemblé à Paris plusieurs dizaines de milliers de personnes (voir dans ce numéro) a montré combien il  était urgent de se rencontrer, de débattre, de s’engager. Et  d’agir.

  1. « Cette vertu qui dispose le chrétien à mettre sa confiance dans les promesses du Christ, à prendre appui non sur ses forces, mais sur le secours de la grâce du Saint Esprit, le conduit par le fait même, à résister au mal et à l’épreuve et à garder confiance en l’avenir. L’Espérance s’exprime et se nourrit dans la prière. Elle se différencie de l’espoir en lui donnant sous le regard de la foi, une perspective d’éternité. » []

Par

Partager cet article
Repost0
13 avril 2014 7 13 /04 /avril /2014 12:34

                                                                               MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

610px-Flag and map of Algeria.svgDéclaration des communistes algériens sur les élections présidentielles du 17 avril

 

 

Déclaration du Parti algérien pour la démocratie et le socialisme (PADS) reprise par http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/

 

Election présidentielle du 17 avril prochain:

 

Le combat des travailleurs et des masses populaires doit continuer sous toutes les formes:

- pour casser le verrouillage de la vie politique par le régime bourgeois en place

-pour un changement radical dans la voie du progrès et du socialisme

 

Cette élection ne règlera aucun des graves problèmes économiques, sociaux et politiques dans lesquels se débattent les masses populaires et le pays.

 

Ces problèmes sont l'expression des inégalités et des antagonismes engendrés par le régime capitaliste imposé depuis trente ans par les classes possédantes et affairistes dominantes et par leurs idéologues, parmi lesquels les courants obscurantistes qui ont manipulé la religion pour tromper le peuple. Sous l'ère politique de Bouteflika, ils se sont aggravés de façon spectaculaire: accaparement de la plus grande partie du revenu national par une minorité de riches et de barons du régime, corruption à une échelle massive, refus d'utiliser l'argent du pétrole pour relancer l'industrialisation et diktat d'une poignée de très gros importateurs, appauvrissement et chômage massif, emplois mal payés et sans avenir pour les jeunes, problèmes insolubles de logement pour les travailleurs, étouffement de la liberté d'organisation, de réunion et d'expression derrière une démocratie de façade faite sur mesure pour les classes possédantes, passivité du régime face aux ingérences impérialistes dans la région, etc.

 

Contrairement donc à ce qu'affirment mensongèrement les opposants dits "libéraux" à Bouteflika et à l'équipe qui dirige le pays, les blocages actuels ne sont pas liés au fait qu'un chef d'Etat invalide puisse continuer à présider le pays au mépris des aspirations démocratiques du peuple et des règles de fonctionnement les plus élémentaires de tout Etat.

 

Les couches laborieuses n'ont rien à attendre du régime, tant que l'Etat actuel demeure une machine au service de la bourgeoisie et de l'impérialisme. Avec Bouteflika ou avec n'importe quel autre défenseur du capitalisme, candidat ou non à cette élection présidentielle, l'exploitation de la classe ouvrière va se renforcer et la situation sociale des masses populaires va empirer. Les riches s'enrichiront encore plus et les pauvres seront encore plus pauvres, la dépendance du pays ne fera que s'aggraver.

 

Le pays continuera à s'enfoncer dans l'impasse tant que les travailleurs et les masses laborieuses n'auront pas réussi à instaurer un régime révolutionnaire en rupture radicale avec le capitalisme.

 

Les disputes publiques qui ont éclaté ces derniers mois entre des dignitaires du régime n'ont pas pour motif l'amélioration de la situation matérielle des travailleurs et de la petite paysannerie, la relance du développement, la réflexion sur les moyens de mobiliser démocratiquement les masses et en satisfaisant leurs revendications politiques et économiques pour faire face aux ingérences impérialistes.

 

La crise au sommet de l'Etat, les attaques menées contre l'équipe dirigeante par l'opposition ultra-libérale des Benbitour, Benflis, Djaballah, Sadi et compagnie, ont pour cause la bataille pour le partage et le repartage des richesses du pays entre les membres d'une minorité qui s'est enrichie grâce à la libéralisation du commerce extérieur, aux privatisations, au pillage des ressources du pays, à l'exploitation des travailleurs des villes et des campagnes, au détournement des revenus pétroliers, de l'argent des banques publiques.

 

Les bandes qui se battent entre elles dans les coulisses du régime, ou celles qui lui mènent la guerre dans l'opposition libérale, sont toutes d'accord pour maintenir le système capitaliste qui a mené le pays dans cette impasse et se mettre au service de l'impérialisme et de ses multinationales. Chacune d'entre elles s'adresse aux puissances impérialistes pour leur demander de les aider à renforcer ses positions dans l'Etat ou à s'en emparer afin assouvir plus complètement la soif d'enrichissement des couches sociales privilégiées. Les puissances impérialistes attisent leurs rivalités et font monter les enchères pour obtenir du régime ou de l'opposition "libérale" qu'ils s'engagent à accélérer l'application des "réformes" exigées par l' "économie de marché", c'est-à-dire à leur donner les gisements de pétrole et de gaz, à leur remettre les secteurs stratégiques et juteux de l'économie - Sonelgaz, télécommunications, distribution de l'eau, banques publiques, santé, etc. - à leur reconnaître la liberté totale de circulation des capitaux et d'exportation des profits, à diminuer ou même faire disparaître les impôts sur leurs profits, à augmenter le prix du gaz et de l'électricité, à supprimer toutes les barrières douanières, à leur permettre de prendre possession des terres, à rayer toutes les lois sociales qui protègent encore plus ou moins le travailleur et qui fixent le salaire minimum, les primes et les indemnités, etc. L'impérialisme veut des bases militaires et ne relâche pas ses pressions pour que l'armée algérienne devienne le gendarme de ses intérêts en Afrique.

 

C'est cela le vrai contenu des "réformes" sur lequel le régime et l'opposition ultra-libérale sont d'accord sans le reconnaître publiquement. Défenseurs du régime et opposition ultra-libérale se sont tous entendus pour que ces questions ne soient pas débattues devant le peuple à l'occasion de l'élection présidentielle. Ils ont détourné l'attention des citoyens sur des chicanes au sujet du 4ème mandat de Bouteflika, de sa capacité ou non à continuer à diriger le pays.

 

Le régime a tout fait depuis des années pour étouffer la voix des forces révolutionnaires qui défendent les intérêts des travailleurs et se battent pour une alternative socialiste. Il a tout fait pour les marginaliser, à l'aide de ses lois et règlements antidémocratique sur les partis, les associations, de l'interdiction des réunions publiques et des marches dans la rue. L'opposition ultra-libérale est par contre largement médiatisée par la presse privée bourgeoise et même publique. Elle est relayée à tout moment pour dénigrer les idées de progrès et vanter les bienfaits imaginaires d'un capitalisme qui, dans la pratique, a ravagé le pays.

 

En fait, ce qui distingue ces bandes rivales sur ces questions, en plus de la revendication des opposants à partager avec l'équipe dirigeante le monopole de la décision politique, c'est uniquement la question du rythme d'exécution des injonctions impérialistes. La plupart des dirigeants du régime veulent aller graduellement mais plus sûrement dans ce sens, escomptant qu'ils pourront de cette manière émietter la réaction populaire et la vaincre plus facilement en maniant avec ruse la carotte et le bâton, la distribution de petites miettes au peuple et la répression de ses éléments les plus combatifs. Les Benbitour, Benflis et compagnie, ainsi que des éditorialistes de la presse pro-impérialiste, veulent que les choses aillent plus vite parce qu'ils tablent sur le soutien des puissances impérialistes et sur leur capacité grâce à cela à mater la réaction du peuple sous le couvert d'un "Etat de droit" et d'une pseudo-légitimité que leur donneraient les urnes dans des élections soi-disant "démocratiques".

 

Le régime actuel est appuyé par toutes les couches sociales aisées, urbaines et paysannes, qui ont trouvé leur compte dans la libéralisation des importations et le développement des activités parasitaires dans le commerce, les services, l'immobilier et la spéculation sur les fruits et légumes, dans l'exploitation forcenée de la classe ouvrière. "La stabilité", grâce à la candidature de Bouteflika à un 4 ème mandat et malgré son invalidité, telle est la seule préoccupation de ces classes et couches sociales. L'essentiel pour elles est que leurs privilèges soient préservés même au mépris des formes démocratiques les plus élémentaires, et qu'une bonne entente soit assurée avec les pays impérialistes.

 

Cette candidature est le résultat des compromis que les différents clans du régime ont réalisé entre eux et avec les puissances impérialistes, USA et France. Pour le moment ces puissances collaborent avec lui étant donné qu'il favorise leurs intérêts stratégiques. La visite de John Kerry, à quelques jours seulement de cette élection s'inscrit dans les marchandages pour obtenir de nouvelles concessions du régime. Il n'en sortira rien de bon pour les travailleurs et les masses populaires.

 

Que faire le 17 avril prochain, avant et après?

 

Les cercles qui ont avalisé cette candidature vont mettre en route, comme d'habitude, leur appareil de fraude, d'intimidation, de promesses clientélistes et de corruption pour sa réélection.

 

Le verrouillage de la vie politique derrière la démocratie de façade provoque l'indifférence ou l'indignation de l'immense majorité de la population pour ces élections.

 

Le régime a tout fait pour que son plan réussisse même si la grande masse des électeurs va s'abstenir de voter en l'absence d'un parti révolutionnaire influent et de forces populaires capables de diriger leurs luttes pour une alternative démocratique et patriotique révolutionnaire. Mais cette fois-ci l'acuité de la crise politique va rendre encore plus précaires les résultats de ses manoeuvres.

 

Les travailleurs ne peuvent soutenir aucun des candidats en lice. Louisa Hanoune prétend depuis des années défendre leurs intérêts et leurs aspirations. En réalité elle s'est toujours employée à les tromper en leur faisant croire que Bouteflika est de leur côté mais que son entourage sabote sa politique. Personne ne peut oublier qu'elle a été une avocate acharnée des mouvements obscurantistes au moment où ils assassinaient les démocrates, les progressistes et les syndicalistes. Ses positions ont toujours bénéficié de l'appui des médias publics et privés.

 

Benflis a fait partie avant et après 1989, et y compris pendant un temps sous Bouteflika, de l'appareil d'Etat qui a appliqué les réformes anti-populaires et anti-nationales. Il s'est démasqué récemment par ses salutations à John Kerry et par sa lettre au patronat, dans laquelle il fait des promesses ultra-libérales sur la flexibilisation du travail et les baisses d'impôts. Les trois autres candidats, Belaïd, Rebaïne et Touati, sont des personnages fabriqués par la machine du régime pour contribuer au succès de la comédie.

 

Le régime souhaite un fort taux de participation pour donner un semblant de légitimité à son opération mais il le craint en même temps dans la mesure où des résultats non prévus dans ses plans pourraient compliquer ses manipulations.

 

L'opposition ultra-libérale et les courants obscurantistes ont appelé au boycott pour renforcer leurs arguments en faveur d'une intervention extérieure ou de l'armée en vue d'une prétendue "transition démocratique" dont ils cachent le contenu économique et social pour ne pas dévoiler publiquement leurs véritables objectifs.

 

L'Union Européenne a deux fers au feu. Elle a signifié au gouvernement son refus d'envoyer des observateurs à cette élection. Cela veut dire dans sa logique interventionniste impérialiste, qu'elle confirme son droit à s'ingérer dans les affaires du pays en fonction du rapport des forces qui se précisera après le 17 avril.

 

Dans ce contexte complexe, le moins mauvais des choix à faire est de voter nul pour à la fois dénoncer la manoeuvre du régime, contribuer à faire reculer les attentismes et transformer en action, même limitée, l'indignation spontanée des masses, se démarquer des partisans de l'intervention extérieure et d'une action interne de l'armée dont on ne sait rien sur ses auteurs éventuels et leurs objectifs.

 

Voter nul ne signifie nullement cautionner le régime.

 

Ce vote consiste pour l'électeur à glisser dans l'enveloppe un billet sur lequel il aura écrit des slogans qui expriment son indignation contre le régime bourgeois. En voici quelques exemples non limitatifs : "A bas le régime capitaliste despotique de Bouteflika et son opposition, tous à la solde de l'impérialisme ! Non à l'appauvrissement des travailleurs et des jeunes! L'argent du pétrole pour le développement! Pour un régime démocratique révolutionnaire du peuple! Vive le socialisme!" ou encore : "Mon vote  rejette tous les candidats. Il  signifie mon opposition au verrouillage politique qui empêche  la candidature d'un représentant des couches populaires exprimant mon aspiration à une rupture avec le capitalisme et pour un pouvoir populaire anti-impérialiste qui se battra pour le socialisme." etc. Ce sera le véritable vote des masses populaires.

 

Aujourd'hui, il faut faire l'effort pour exploiter cette marge politique et exprimer consciemment l'existence d'une opinion qui rejette le diktat et les calculs des forces anti-populaires et inféodées à l'impérialisme, que ce soit le régime en place ou les courants dits d'opposition qui le combattent.

 

Demain c'est mener des actions organisées de niveau plus élevé, grèves politiques générales, manifestations, etc., La lutte continue quels que soient les résultats de la mascarade électorale.

 

Poursuivons le combat pour des changements politiques, économiques et sociaux radicaux, pour l'avènement d'un régime démocratique populaire qui s'attaque aux positions de la bourgeoisie et des multinationale, contrôle les grands moyens de production, met fin aux inégalités sociales et à l'exploitation, satisfait les revendications et les besoins sociaux des travailleurs, de la petite paysannerie, des couches qui vivent de leur travail, en un mot un régime qui ouvre la voie à la révolution socialiste !

Partager cet article
Repost0
13 avril 2014 7 13 /04 /avril /2014 08:02

                                                                         cerveau animé

Contribution à l’édition future des œuvres complètes d’Alain Finkielkraut
Par Alain Ruscio| 12 avril 2014
Contribution à l'édition future des œuvres complètes d'Alain (...)
 

L’historien Alain Ruscio revient sur la carrière très médiatique du philosophe présumé, irréconciliable avec la France d’aujourd’hui. Une carrière jalonnée d’éclats qui font de lui le digne héritier de certains de ses devanciers de l’Académie française.

Texte repris en partie de Alain Ruscio, Y a bon les Colonies ? La France sarkozyste face à l’histoire coloniale, à l’identité nationale et à l’immigration, Éd. Le Temps des Cerises, 2011.

Je ne croyais pas que cela fût possible (toujours commencer par un imparfait du subjonctif, quand il s’agit de l’Académie française). J’étais naïf : cette France rance, ce pays qui marine dans l’affront national, est désormais capable de tout. Alain Finkielkraut va donc venir s’asseoir dans un des fauteuils qui recueillit les postérieurs du monarchiste Charles Maurras, condamné à la libération à la dégradation nationale, de Philippe Pétain, de Louis Bertrand, qui naguère voulait « former un seul bloc » des Européens d’Algérie et « les lancer contre l’ennemi commun, le musulman qu’on a eu la sottise de laisser vivre, alors qu’il fallait l’exterminer sans pitié » [1], du maréchal Juin, ennemi intransigeant de l’indépendance du Maroc, de Michel Debré, qui resta "Algérie française" au-delà du raisonnable (gaulliste)… Tiens, en lisant la liste des "ex", on apprend que Finkielkraut va occuper le fauteuil 21, détenu naguère par le duc d’Aumale, qui s’illustra par la prise de la smala d’Abd el Kader, où il y avait d’ailleurs plus de femmes et d’enfants que de farouches guerriers. La boucle (coloniale) est bouclée.

Alain Finkielkraut est philosophe, nous disent les notices biographiques. Pourtant, force est de constater que ses œuvres de recherche pointue n’ont guère marqué, sauf erreur de ma part, le monde intellectuel de notre temps. « Misère de la philosophie », comme l’écrivait jadis un grand auteur qui, lui, ne siégea dans aucune Académie, mais qui marqua la pensée humaine.

« Les droits de l’homme et les droits des tribus ».

Donc, Finkielkraut est philosophe. Passons. Mais il est aussi, surtout, homme d’écrans. Au pluriel. Comment échapper à son visage, ravagé par le mal-être, par les tourments de celui qui annonce l’arrivée imminente des hordes ? Pis : qui fait front alors que lesdites hordes « sont entrées dans Paris ». Depuis maintenant trois décennies, il tire la couverture médiatique à lui. Inlassablement, même si la concurrence est rude. Il s’est souvent aventuré sur le terrain du commentaire du présent immédiat. Et il n’a jamais varié dans sa dénonciation du « fanatisme islamique », principal danger qui à ses yeux menace le monde.

Lors de l’affaire dite "des foulards islamiques", en 1989, il fut un des premiers à relier le phénomène à l’apparition du communautarisme : « Nous ne savons plus faire la différence entre les droits de l’homme et les droits des tribus ». Oui, il a écrit « tribus », comme naguère une pléiade de missionnaires ou d’explorateurs fourriers des conquêtes coloniales. « À qui profite cette confusion ? poursuit-il. Au Front national, bien sûr, à ceux qui, affirmant comme leurs adversaires que l’Autre c’est l’Autre, et que nous c’est nous, en concluent avec plus de logique que l’Autre n’a rien à faire chez nous » [2]. Il fut d’ailleurs, avec Régis Debray, Elisabeth Badinter et Elisabeth de Fontenay, l’initiateur d’un appel célèbre, "Profs, ne capitulons pas" [3]. Un mois plus tard eut lieu, à la Mutualité, à Paris, un meeting "pour la défense de la laïcité". Alain Finkielkraut y compara l’affaire en cours à celle de la défense du capitaine Dreyfus : « Jamais l’expression “ennemi intime“ n’a été aussi justifiée qu’aujourd’hui » [4]. « Ennemi » ! Le philosophe ne travaillait pas – ne travaille pas – ses concepts dans la nuance.

« Projet colonial »

Finkielkraut vécut douloureusement la tragédie du 11 septembre 2001. Il fut de ceux qui réfutèrent toute tentative d’explication autre que celle de la haine irraisonnée de l’Occident, fruit d’une folie religieuse : « Les commanditaires des pieux carnages du 11 septembre et leurs admirateurs n’ont aucunement le souci de remédier à la misère du monde ou de sauvegarder la planète : le réchauffement climatique est le cadet de leurs soucis. Ils haïssent l’Occident non pour ce qu’il a de haïssable ou de navrant, mais pour ce qu’il a d’aimable et même pour ce qu’il a de meilleur : la civilisation des hommes par les femmes et le lien avec Israël. C’est le destin claquemuré qu’ils font subir aux femmes, le mépris où ils les tiennent et le désert masculin de leur vie qui rend fous les fous de Dieu : fous de violence, fous de hargne et de ressentiment contre le commerce européen des sexes, contre l’égalité, contre la séduction, contre la conversation galante ; fous, enfin, du désir frénétique de quitter la terre pour jouir de l’éternité dans les jardins du Paradis où les attendent et les appellent des jeunes filles “parées de leurs plus beaux atours“ » [5].

Avec les années, le philosophe se radicalisa encore. Une interview accordée au quotidien israélien Haaretz, reprise les jours suivants par la presse française, fit beaucoup de bruit [6]. Il y dénonçait pêle-mêle la repentance, rampante ou revendiquée, de beaucoup de ses concitoyens : « On change l’enseignement de l’histoire coloniale et de l’esclavage. Désormais, on enseigne qu’ils furent uniquement négatifs, et non que le projet colonial entendait éduquer et amener la culture aux sauvages » (« sauvages » : voir l’usage complémentaire du mot « tribus », cité supra).

« Noirs ou arabes, avec une identité musulmane »

Au cours de la même interview, il s’exprima naturellement sur la "crise des banlieues", qui battait alors son plein : « On voudrait réduire les émeutes des banlieues à leur dimension sociale, y voir une révolte de jeunes contre la discrimination et le chômage. Le problème est que la plupart sont noirs ou arabes, avec une identité musulmane (…). Il est clair que nous avons affaire à une révolte à caractère ethnico-religieux ». Puis : « Le problème est qu’il faut qu’ils se considèrent eux-mêmes comme Français. Si les immigrants disent : “les Français“ quand ils parlent des blancs, alors on est perdus. Si leur identité se trouve ailleurs et ils sont en France par intérêt alors on est perdus (…). C’est effectivement un grand problème : nous vivons dans une société post nationale dans laquelle pour tout le monde l’État n’est qu’une question d’intérêt, une grande compagnie d’assurance, il s’agit là d’une évolution très grave. Mais s’ils ont une carte d’identité française, ils sont Français et, s’ils n’en ont pas, ils ont le droit de s’en aller. Ils disent : “Je ne suis pas Français, je vis en France, et en plus ma situation économique est difficile“. Personne ne les retient de force ici, et c’est précisément là que se trouve le début du mensonge. Parce que s’ils étaient victimes de l’exclusion et de la pauvreté, ils iraient ailleurs. Mais ils savent très bien que partout ailleurs, et en particulier dans les pays d’où ils viennent, leur situation serait encore plus difficile pour tout ce qui concerne leurs droits et leurs chances ».

Est-il possible qu’un intellectuel, qui connaît le pouvoir des mots, ne se soit pas rendu compte de l’énormité de ces propos ? Car Finkielkraut parle comme un hobereau s’apprêtant à chasser des manants qui auraient dégradé ses biens : « ici » (= en France = chez moi), ils doivent bien se comporter, sinon on va les renvoyer « dans les pays d’où ils viennent » (= en Afrique = chez eux).

« Français de souche »

De moins en moins heureux, il stigmatisa également… l’équipe de France de football : « On nous dit que l’équipe de France est admirée parce qu’elle est black-blanc-beur (…). En fait, aujourd’hui, elle est black-black-black, ce qui fait ricaner toute l’Europe ». Lorsque cette interview fut connue en France, elle fit grand bruit. L’auteur s’en prit au journaliste qui l’avait interviewé, expliquant par exemple que l’usage du mot « sauvages » était ironique, mais que la transcription écrite avait fait disparaître les guillemets, puis aux traducteurs, contestant la version du Monde. Face à la réprobation générale, il présenta néanmoins des excuses [7]. Mais il ne varia pas sur le fond.

Aux journalistes du Monde, Sylvie Kauffmann et Sylvain Cypel, qui lui proposent par exemple de s’expliquer sur l’expression « jeunes de banlieue », il répond : « Disons les choses clairement : des Français de souche ont aussi participé aux émeutes, mais le gros était constitué de jeunes d’origine africaine et nord-africaine. Toute généralisation est abusive. Le racisme, c’est la généralisation. Mais maintenant, l’antiracisme risque de devenir une prophétie autoréalisatrice » [8]. Oui, ce monsieur, cet académicien désormais, a bien employé la honteuse expression gobinienne (du nom du comte de Gobineau, grand ancêtre du racisme à la française) de « Français de souche ».

« Exécration de la France »

Pour revenir à sa réfutation de toute tentative d’explication de la crise par des causes sociales : « Il n’y a pas de lien de cause à effet entre l’aggravation des inégalités, la tristesse des banlieues, le chômage, la pauvreté, la précarité... et des actes pareils » [9]. Bis repetita dans Le Figaro : « Si ces territoires étaient laissés à l’abandon, il n’y aurait ni autobus, ni crèches, ni écoles, ni gymnases à brûler ». Il y dénonce également la perte de repères, particulièrement marquée par une langue nouvelle, le « parler banlieue » : « La langue française doit reconquérir le parler banlieue, ce sabir simpliste, hargneux, pathétiquement hostile à la beauté et à la nuance » [10]. On l’a déjà souligné : Finkielkraut connaît les mots qu’il emploie, c’est même quasiment son métier. Aussi ce surgissement dans sa bouche de « sabir », précisément le nom qu’avaient donné les conquérants, au temps des colonies, au mauvais français des indigènes d’Algérie, est-il particulièrement mal venu.

Mais, heureusement, pour lui, il n’y a pas de racisme en France ou, s’il existe, il n’est pas du côté des "Français de souche" : « L’exécration de la France est à l’ordre du jour dans un nombre non négligeable des nouvelles populations françaises. Il faut vivre à l’abri du réel pour considérer que cette francophobie militante est la réponse à un prétendu racisme » [11].

Interrogé sur les propos recueillis par Haaretz, Daniel Lindenberg, dénonciateur depuis longtemps des "nouveaux réactionnaires" [12] – parmi lesquels il classait à un rang honorable Finkielkraut – estima que le philosophe avait franchi un pas supplémentaire, qu’il s’érigeait désormais en porte-parole de la communauté des Français-qui-se-croient-de-souche : « Le curseur s’est déplacé à droite partout (…). Maintenant, en France, on a Dieudonné d’un côté et Finkielkraut de l’autre. Ces gens sont en train de dresser les communautés les unes contre les autres. Pis : ils sont en train de les créer » [13].

Honneur aux douze académiciens qui ont refusé ce nouveau déshonneur.

Notes

[1] La Cina, Paris, Ollendorf, 1901.

[2] Le Monde, 25 octobre 1989.

[3] Le Nouvel Observateur, 2 novembre 1989.

[4] Mutualité, 28 novembre 1989, Le Monde, 30 novembre.

[5] Le Monde, 8 octobre 2001.

[6] Haaretz, 18 novembre 2005, repris par Le Monde, 24 novembre.

[7] Europe n° 1, 25 novembre 2005.

[8] Le Monde, 27 novembre 2005.

[9] Radio de la Communauté juive (RCJ), 6 novembre 2005 ; cité par Henri Maler, Site Internet ACRIMED, 23 novembre.

[10] 15 novembre 2005.

[11] Le Nouvel Observateur, 17 décembre 2009 (face-à-face avec Alain Badiou).

[12] Le rappel à l’Ordre. Enquête sur les nouveaux réactionnaires, Paris, Ed. du Seuil, Coll. La République des idées, 2002.

[13] Le Nouvel Observateur, 1er décembre 2005.

Partager cet article
Repost0
11 avril 2014 5 11 /04 /avril /2014 13:32

                                                                        MARE NOSTRUM-copie-1

 

 

Ziad Medoukh nommé Ambassadeur de Paix

Ziad Medoukh, directeur du département de français de l’université Al-Aqsa de Gaza en Palestine et coordinateur du Centre de la paix a été nommé Ambassadeur de paix par le Cercle Universel des Ambassadeurs de la Paix, créé en 2004 en France et en Suisse.
Lors de la célébration de son dixième anniversaire, en mars 2014, le Cercle a décidé de nommer le professeur palestinien de Gaza Ambassadeur de la paix.
Le Cercle Universel des Ambassadeurs de la Paix, qui regroupe 100 personnalités du monde a pour but de « Créer UN LIEN UNIVERSEL DE PAIX » entre acteurs, artisans, organisations et familles internationales de paix.
Les Ambassadeurs de la Paix sont élus pour leurs actes, leur esprit, leurs paroles, et deviennent dans leur vie quotidienne, des exemples vivants de paix, de fraternité, d'humanisme, exemples vivants de paix où qu'ils soient, tant dans leur quotidien familial, professionnel, associatif que sur le plan régional, national et mondial. Ils sont les torches vivantes de l'Esprit de Paix Universel et Éternel
Cette nomination est une reconnaissance du travail sérieux effectué par Ziad Medoukh, qui enseigne le français à des jeunes palestiniens dans un cadre d’échange et d’ouverture, malgré les conditions difficiles rencontrées dans la bande de Gaza. Il propose aussi des activités et des ateliers variés au Centre de la paix qu’il a créé en 2006 au sein de son université.
Connu pour ses articles et écrits qui témoignent de la volonté remarquable de la population civile de Gaza sous blocus, connu aussi pour ses poèmes de paix et d’espoir, Ziad Medoukh, est le premier citoyen palestinien à obtenir ce titre.

Partager cet article
Repost0
11 avril 2014 5 11 /04 /avril /2014 13:27

                                                         les-grands-.jpg                 

 

 

67 personnes détiennent autant de richesses que la moitié du globe

source :Le Monde.fr avec AFP | 09.04.2014 (journal de "référence"_sic)

 

 

 

« Les inégalités extrêmes se sont aggravées », selon l'ONG Oxfam.

 

 

Les 67 personnes les plus fortunées dans le monde possèdent autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population mondiale, selon un rapport de l'ONG Oxfam. « Les inégalités extrêmes se sont aggravées », a résumé,  mercredi 9 avril, l'ONG, rappelant que ce chiffre était de 85 en 2013.

Selon Oxfam, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, qui tiennent leur assemblée générale cette semaine à Washington, doivent passer de la rhétorique aux actes pour tenter de réduire ce fossé.

« L'AUSTÉRITÉ AGGRAVE LES INÉGALITÉS »

Le FMI a récemment publié deux rapports soulignant les méfaits des inégalités sur l'économie. La Banque mondiale s'est, elle, fixé l'objectif de doper les revenus des 40 % plus pauvres partout sur le globe.

Mais, selon Oxfam, ces deux institutions doivent désormais « changer » leurs recommandations et leur politique de prêts à leurs Etats membres en plaidant pour davantage d'investissements dans la santé et l'éducation. Gardien de l'orthodoxie budgétaire, le FMI défend traditionnellement les coupes dans les dépenses publiques et la réduction des déficits.

« L'austérité aggrave les inégalités, et le FMI et la Banque mondiale le savent bien », assure Oxfam, qui appelle également le Fonds à admettre que les stratégies d'évitement fiscal des multinationales sont un des « moteurs » des inégalités.

En mars, l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) avait exprimé ses inquiétudes face aux risques accrus de pauvreté qui menacent ses 34 Etats membres. Les ménages y sont « frappés par des la faimpertes d'emploi, de revenu et de richesses sans précédent », avait souligné l'OCDE dans son Panorama de la société 2014, un recueil d'indicateurs sociaux.

Partager cet article
Repost0
11 avril 2014 5 11 /04 /avril /2014 13:22

 

Aujourd'hui, le 11 Avril, des activistes du groupe néonazi "Pravy sektor" et d'autres organisations des sécurité de EuroMaidan ont attaqué le siège du Parti communiste (KPU) à Rivne (Ouest) - article et traduction Nico Maury
Ukraine : Nouvelle attaque fasciste contre le Parti communiste (KPU)
Des dizaines d'intrus ont fait irruption dans le bureau du Parti communiste, ils ont détruits les symboles du parti, ont pris les documents et les ont brûlés en criant "Gloire à la nation ! Mort aux ennemis !", "pendons les communistes". Ils ont saisi les bustes et portraits des dirigeants communistes.

Ils ont fait irruption dans le bureau du Premier secrétaire régional de Rivne, Alexander Voznyuk, et ont exigé l'arrêter des activités du parti et des organisations locales du parti communiste et de remettre les bâtiments "à la collectivité territoriale." Présent sur la scène du crime, les forces de polices ne sont pas intervenues.

Le Premier secrétaire du comité régional du Parti communiste Alexander Voznyuk considère les actions de «Pravy sektor» comme du terrorisme et a souligné que les bâtiments du KPU sont la propriété des communistes.

Le Premier secrétaire du Parti communiste d'Ukraine, et Président du groupe parlementaire, Petro Simonenko, a déjà lancé un appel au ministre de l'Intérieur, Arsen Avakov, à prendre des mesures pour restaurer la sécurité des organisations du Parti communiste à Rivne, protéger les droits et libertés constitutionnels des citoyens de l'Ukraine.

La capture et le pillage du Comité régional de Rivne confirme qu'un régime nationaliste-fasciste c'est imposé en Ukraine, qui effectue une politique dans les pires traditions de ses prédécesseurs idéologiques du XXe siècle.

Le Parti communiste rappelle que l'obscurantisme et la criminalité n'ont jamais été des facteurs de démocratie et de progrès, il encourage les citoyens de l'Ukraine a arrêter les bandits, a stopper l'anarchie et s'unir dans la lutte contre le fascisme!

Ukraine : Nouvelle attaque fasciste contre le Parti communiste (KPU)
Nicolas Maury
Partager cet article
Repost0
11 avril 2014 5 11 /04 /avril /2014 13:17

 

 

8 avril 2014

Gros sur la patate

Jean ORTIZ

Il y a longtemps que je n’ai pas déblogué ! C’est que la vie roule tellement vite que descendre du train s’avère difficile, voire périlleux. Avec la constitution du Front de gauche, j’avais cru enfin apercevoir de la lumière au bout du tunnel : c’était un train fou qui venait en face...

Nous sommes des milliers à en avoir tellement gros sur la patate que le cours des pommes-de-terre est aussi bas que la côte de François Hollande.

Nous en avons gros sur la patate d’être obligés de nous retenir, par peur de desservir la "cause", alors que çà et là quelques carriéristes parlent et agissent en notre nom, donnent une image frelatée de notre idéal, alors que tant et tant de communistes d’hier et d’aujourd’hui ont mené et mènent la lutte des classes avec altruisme et désintéressement. A ceux-là, qui sont entrés au parti mais chez qui le parti n’est pas entré, comme aimait à le répéter mon guérillero de père, il faut leur crier : "Notre idéal est trop beau pour vous l’abandonner !".

Nous en avons gros sur la patate de manquer de lisibilité, à l’heure des grandes échéances, alors que nous restons le parti de la transformation sociale.

Nous en avons gros sur la patate de laisser la radicalité (par définition : aller à la racine des maux) à d’autres.

Nous en avons gros sur la patate de ne plus nommer l’horizon, comme si avec l’Est nous avions aussi perdu le nord.

Nous en avons gros sur la patate de céder devant la criminalisation des mots, d’avoir peur de parler de "socialisme", ou de perspectives socialistes, ou d’horizon socialiste, ou de socialisme du XXIe siècle, d’éco-socialisme, etc.

Nous en avons gros sur la patate de voir notre parti dériver parfois vers des stratégies "à la carte", comme au restaurant.

Nous en avons gros sur la patate de la timidité de notre engagement internationaliste.

Nous en avons gros sur la patate d’être de fait, souvent, même si nous nous en défendons, socialo-dépendants.

Nous en avons gros sur la patate d’être en permanence court-circuité, écarté, lorsque tel ou tel considère qu’on peut lui faire de l’ombre.

Nous en avons gros sur la patate d’entendre et d’écouter un peu partout des communistes en perte de repères, en souffrance.

Mais nous avons chaud au cœur lorsque, au cours de nos débats, de nos conférences, le "peuple communiste" nous témoigne son affection.

Jean Ortiz

                                          

                                  source: site PCF Bassin d'Arcachon
Partager cet article
Repost0
11 avril 2014 5 11 /04 /avril /2014 13:12

Alors que François Hollande achève une visite d’Etat au Mexique, son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius effectue ce samedi un voyage officiel à Cuba de douze heures, le premier d’un chef de la diplomatie française depuis trente ans. Cette ouverture conjointe à l’Amérique latine après tant d’années d’effacement mérite d’être accueillie avec intérêt et espoir, l’image de la France dans cette partie du monde étant considérablement écornée. Et si on peut se permettre un conseil, pendant qu’il séjourne dans la région, Laurent Fabius devrait faire un crochet par la Paz pour se rappeler au bon souvenir du président bolivien, Evo Morales, dont l’avion avait été interdit de survol de la France au mois de juillet 2013.

La visite à Cuba de Laurent Fabius répond d’abord à des intérêts économiques : il va inaugurer Ubifrance, la structure chargée de l’appui aux entreprises à l’étranger. Une soixantaine d’entreprises françaises sont installées là-bas parmi lesquelles Pernod Ricard, Accor, Bouygues, Total… D’autres sont annoncées dans les prochains mois. Alors que la Grande Ile procède à des réformes économiques d’envergure et que des ouvertures encore timides sont enregistrées aux Etats-Unis et dans plusieurs pays européens, Paris veut sa part du gâteau.

Ce bref séjour ministériel est aussi politique. Cuba préside la Communauté des Etats Latinos américains et caribéens, bénéficie d’un grand prestige régional, participe aux multiples nouvelles structures d’intégration. Bref, la Havane est devenu une place incontournable et le président Obama en personne a laissé entendre qu’un « changement dans les relations avec Cuba était nécessaire ».

Le voyage de Laurent Fabius pourrait être totalement couronné de succès à quatre conditions. Qu’il évite de se mêler des affaires internes cubaines au moment où l’on apprend par l’agence nord-américaine Associated Press que des officines US financent clandestinement la « dissidence » et des réseaux dits sociaux ; qu’il demande officiellement la levée du blocus imposé à Cuba depuis plus d’un demi siècle ; qu’il agisse pour la libération des patriotes cubains injustement emprisonnés et pourquoi pas favoriser leur échange avec l’agent de la CIA Gross détenu à Cuba ; qu’il aide Cuba à retrouver son intégrité territorial en engageant les Etats-Unis à lui restituer Guantanamo.

Même en douze heures de visite, si la volonté politique existe, tout est possible. Une chance à saisir.

 

                                                                  JOSE FORT

Partager cet article
Repost0
11 avril 2014 5 11 /04 /avril /2014 12:40

 

Clio

 

Clio, la muse de l'Histoire

 

 

140410_dimitrov.jpgIl y a 80 ans, le procès de l’incendie du Reichstag et la libération de Dimitrov


Il y a 80 ans, fin février 1934, les nazis finissaient par libérer le dirigeant communiste international Georges Dimitrov et ses camarades bulgares.


Ils les avaient arrêtés et accusés de l’incendie du Reichstag qu’ils avaient eux-mêmes déclenché en janvier 1933 pour parachever leur prise du pouvoir. Ils avaient mis en scène un procès politique, un procès spectacle, destiné à frapper l’opinion publique internationale. Mais à la fin, ils n’ont pu faire autrement que d’acquitter les communistes.


Dans la gueule du loup, Dimitrov produit une défense extraordinaire, utilise tous les restes de légalité, le caractère public du procès. Il démonte l’accusation point par point. Il parvient à l’emporter en renversant le procès politique anticommuniste, en démasquant Goering et Goebbels, en détaillant l’action politique de l’organisation communiste que les fascistes et les capitalistes considèrent, avec raison, comme leur ennemi le plus irréductible.  

Nous reproduisons ci-dessous le dernier plaidoyer de Dimitrov devant le tribunal, le 16 décembre 1933 (d’après le sténogramme du procès).

 

Article repris par http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net (depuis l'original : http://vivelepcf.fr/)

 


Dimitrov. – En vertu du paragraphe 258 du code de procédure criminelle, j’ai le droit de parler comme défenseur et comme accusé.


Le président. – Vous avez le droit de parler le dernier. Cela vous est accordé maintenant.


Dimitrov. – En vertu de ce code, j’ai le droit de discuter avec le ministère public et, ensuite, de faire une dernière déclaration.


Messieurs les juges, messieurs les accusateurs, messieurs les défenseurs, déjà, au début du procès, il y a trois mois de cela, j’ai adressé, en tant que prévenu, une lettre au président du tribunal. J’y exprimais mon regret de ce que mes interventions aient abouti à des conflits avec les juges. Mais je protestais résolument contre l’interprétation de ma conduite comme un abus prémédité de mon droit de poser des questions et de faire des déclarations aux fins de propagande. On conçoit qu’étant accusé bien qu’innocent, je cherche à me défendre contre de fausses accusations par tous les moyens dont je dispose.


Je reconnais, écrivais-je, que certaines questions n’ont pas été posées par moi de façon aussi juste du point de vue de l’opportunité et de la formulation que je l’aurais voulu. Mais cela ne s’explique que par mon ignorance du droit allemand. En outre, je suis pour la première fois de ma vie impliqué dans un pareil procès judiciaire. Si j’avais eu un défenseur de mon choix, j’aurais certainement pu éviter des incidents aussi fâcheux pour ma propre défense. J’avais nommé plusieurs avocats, Detchev, Moro-Giafferi, Campinchi, Torrès, Grigorov, Léo Gallagher (Amérique) et le docteur Lehmann (de Sarrebrück). Mais le tribunal d’Empire a repoussé sous divers prétextes, toutes mes propositions, les unes après les autres. Ce n’est pas que je nourrisse une méfiance personnelle à l’égard de M. le docteur Teichert, ni comme homme, ni comme avocat. Mais, dans l’état actuel des choses en Allemagne, je ne puis nourrir la confiance nécessaire envers Teichert dans son rôle de défenseur officiel. C’est pourquoi je m’efforce de me défendre moi-même, et il est évident qu’il m’arrive de commettre des irrégularités au point de vue juridique.


Dans l’intérêt de ma défense devant le tribunal, et aussi, comme je le crois, dans celui de la marche normale du procès, je m’adresse encore une fois – la dernière – à la Cour suprême, pour lui demander d’autoriser l’avocat Marcel Willard, à qui ma sœur a donné aujourd’hui pleins pouvoirs, à prendre part à ma défense. Si cette dernière proposition devait être, elle aussi, repoussée, il ne me resterait qu’à me défendre moi-même du mieux que je pourrai.


Cette proposition ayant été rejetée, j’ai décidé d’assumer moi-même ma défense. N’ayant besoin ni du miel, ni du venin de l’éloquence du défenseur qui m’a été imposé, je me suis défendu seul au long de ces débats.

Il est tout à fait clair que je ne me sens lié en aucune façon par la plaidoirie du docteur Teichert. Ce qui compte seul pour ma défense, c’est ce que j’ai déclaré jusqu’ici moi-même devant le tribunal, et ce que je vais déclarer tout de suite. Je ne voudrais pas offenser mon camarade de parti, Torgler – à mon avis, son défenseur l’a déjà bien assez malmené – mais je dois le dire explicitement : je préfère être condamné à mort, innocent, par le tribunal allemand qu’obtenir mon acquittement par une défense comme celle du docteur Sack au profit de Torgler.


Le président (interrompant Dimitrov). - Il ne vous appartient pas de faire des critiques de cette nature.


Dimitrov. – J’admets que je parle un langage rude et vif, mais ma lutte et ma vie l’ont été également.


Cependant, mon langage est sincère et franc. Je cherche à appeler les choses par leur nom. Je ne suis pas un avocat qui a l’obligation de défendre ici son client.


Je me défends moi-même comme un communiste accusé.


Je défends mon honneur politique, mon honneur de révolutionnaire.


Je défends mes idées, mes convictions communistes.


Je défends le sens et le contenu de ma vie.


Aussi bien chaque parole prononcée par moi devant le tribunal, c’est, pour ainsi dire, le sang de mon sang et la chair de ma chair. Chaque parole est l’expression de ma plus profonde indignation contre l’accusation injuste, contre le fait qu’un pareil crime anticommuniste soit attribué aux communistes.


On m’a souvent reproché de ne pas prendre au sérieux la Cour suprême allemande. C’est absolument injustifié.


Il est vrai que pour moi, communiste, la loi suprême est le programme de l’Internationale communiste, la Cour suprême la Commission de contrôle de l’Internationale communiste.


Mais pour moi, comme accusé, le tribunal suprême est une instance qu’il convient de considérer avec le maximum de sérieux, non seulement parce qu’il est composé de juges d’une haute qualification juridique, mais encore parce que ce tribunal est l’organisme juridique le plus important de l’Etat allemand, de l’ordre social régnant, instance qui peut en définitive condamner à la peine capitale. Je puis, la conscience tranquille, déclarer que, devant le tribunal et, par conséquent, aussi devant l’opinion publique, je n’ai dit que la vérité sur toutes choses. En ce qui concerne mon Parti, qui est réduit à l’illégalité, j’ai refusé d’apporter aucun témoignage quel qu’il soit. J’ai toujours parlé avec sérieux, avec ma conviction la plus profonde.


Le président. – Je ne tolérerai pas qu’ici, dans cette salle, vous vous adonniez à la propagande communiste. Vous l’avez fait tout le temps. Si vous continuez dans ce sens, je vous retirerai la parole.


Dimitrov. – Je dois protester résolument contre l’affirmation que j’ai poursuivi des fins de propagande. On peut estimer que ma défense devant le tribunal a eu une certaine action de propagande. J’admets aussi que ma conduite devant le tribunal puisse servir d’exemple à tout accusé communiste, mais ce n’était pas là le but de ma défense. Mon but consistait à réfuter l’accusation visant à faire croire que Dimitrov, Torgler, Popov et Tanev, le Parti communiste allemand et l’Internationale communiste ont un rapport quelconque avec l’incendie.


Je sais que personne en Bulgarie ne croit à notre prétendue complicité dans l’incendie du Reichstag. Je sais qu’à l’étranger, en général, il est peu probable qu’il se trouve des gens pour le croire. Mais en Allemagne les conditions sont différentes : ici on peut ajouter foi à ces étranges affirmations. C’est pourquoi j’ai voulu prouver que le Parti communiste n’a eu et n’a rien de commun avec la participation à ce crime.


Si l’on parle de propagande, bien des interventions, ici, ont revêtu ce caractère. Les discours de Goebbels et de Goering ont également exercé une propagande indirecte en faveur du communisme, mais personne ne peut les rendre responsables de ce que leurs interventions ont eu un tel effet de propagande (mouvement et rires dans la salle).


Non seulement la presse m’a diffamé de toutes les manières, – ce qui m’est totalement indifférent, – mais à travers moi on a qualifié le peuple bulgare de « sauvage » et de « barbare » ; on m’a qualifié d’ « individu balkanique suspect », de « sauvage Bulgare », et je ne saurais passer cela sous silence.


Il est vrai que le fascisme bulgare est sauvage et barbare. Mais la classe ouvrière et la paysannerie de Bulgarie, les intellectuels du peuple bulgare ne sont ni des barbares ni des sauvages. Le niveau des conditions matérielles dans les Balkans est certainement moins élevé que dans les autres pays d’Europe; mais, au point de vue intellectuel et politique, il est faux de dire que nos masses populaires sont à un niveau inférieur à celui des masses des autres pays européens. Notre lutte politique, nos aspirations politiques en Bulgarie ne sont pas inférieures à celles des autres pays. Un peuple qui pendant cinq cents ans a vécu sous le joug étranger sans perdre sa langue et sa nationalité, un peuple d’ouvriers et de paysans qui a lutté et continue à lutter contre le fascisme bulgare, n’est ni barbare, ni sauvage. Les barbares et les sauvages en Bulgarie, ce sont uniquement les fascistes.


Mais je vous le demande, monsieur le président, dans quel pays les fascistes ne sont-ils ni des barbares, ni des sauvages ?


Le président (interrompant Dimitrov). - Ne faites-vous pas allusion à la situation en Allemagne ?


Dimitrov (avec un sourire ironique). - Evidemment non, monsieur le Président…


A l’époque où l’empereur d’Allemagne Charles-Quint disait qu’il ne parlait l’allemand qu’à son cheval, et où les nobles allemands et les hommes instruits n’écrivaient que le latin et avaient honte de la langue maternelle, dans la « barbare » Bulgarie, Cyrille et Méthode avaient créé et diffusé l’ancienne écriture bulgare.


Le peuple bulgare a lutté de toutes ses forces et de toute sa ténacité contre le joug étranger. Aussi bien je proteste contre les attaques dont le peuple bulgare est l’objet. Je n’ai pas à rougir d’être un Bulgare, je suis fier d’être un fils de la classe ouvrière bulgare.


Avant d’en venir à la question essentielle, je dois marquer ceci : le docteur Teichert nous a reproché de nous être nous-mêmes placés dans la situation d’inculpés de l’incendie du Reichstag. A cela je dois répondre que, depuis le 9 mars, jour de notre arrestation, jusqu’au début de ce procès, il s’est écoulé bien du temps ; pendant cette période on aurait pu éclaircir tous les points éveillant des soupçons. Au cours de l’instruction, j’ai parlé à des fonctionnaires de la commission d’enquête sur l’incendie du Reichstag; ces fonctionnaires m’ont déclaré que nous, les Bulgares, ne sommes pas coupables de complicité dans ce crime. On ne devait que nous imputer d’avoir vécu avec de faux passeports, sous des noms d’emprunts, sans nous être faits enregistrer, etc.


Le président. – Ce dont vous parlez maintenant n’a pas été débattu au procès; par conséquent, vous n’avez pas le droit d’en parler ici.


Dimitrov. – Monsieur le Président, on aurait dû pendant ce temps vérifier toutes les données pour nous éviter en temps opportun cette accusation. L’acte d’accusation porte que « Dimitrov, Popov et Tanev affirment être des émigrés bulgares. Cependant, on doit tenir pour prouvé qu’ils séjournaient en Allemagne aux fins d’action politique illégale ». Ils sont, est-il dit dans l’acte d’accusation, « envoyés par Moscou en Allemagne chargés de préparer une insurrection armée ».


A la page 83 de l’acte d’accusation, il est dit : « Bien que Dimitrov ait déclaré avoir été absent de Berlin du 25 au 28 février, cela ne change rien, cela ne le dégage pas, lui, Dimitrov, de l’accusation de participation à l’incendie du Reichstag. » Cela ressort, – est-il dit plus loin dans l’acte d’accusation, – non seulement des dépositions de Hellmer, d’autres faits témoignent également que…


Le président. – Vous ne devez pas lire ici tout l’acte d’accusation, nous le connaissons parfaitement.


Dimitrov. – Je dois dire que les trois quarts de tout ce qu’ont dit au procès le procureur et les défenseurs, est depuis longtemps connu de tout le monde et cependant ils l’ont répété ici (mouvement et rires dans la salle). Hellmer a témoigné que Dimitrov et Van der Lübbe se trouvaient au restaurant Bayernhof. Plus loin je lis dans l’acte d’accusation :


Si Dimitrov n’a pas été pris sur le lieu du crime, il n’en a pas moins participé à la préparation de l’incendie du Reichstag. Il s’était rendu à Munich pour se ménager un alibi. Les brochures trouvées chez Dimitrov montrent qu’il participait au mouvement communiste d’Allemagne.


Telle est la base de cette accusation hâtive, qui s’est avérée une fausse-couche.


Le président (interrompant Dimitrov). - Vous ne devez pas employer de ces expressions irrespectueuses en parlant de l’accusation.


Dimitrov. – Je tâcherai de trouver d’autres expressions.


Le président. – Mais pas aussi inadmissibles.


Dimitrov. – Je reviendrai aux méthodes d’accusation et à l’accusation, à un autre point de vue.


Le caractère de ce procès avait été déterminé par cette thèse que l’incendie du Reichstag est l’œuvre du Parti communiste d’Allemagne, de l’Internationale communiste. Cet acte anticommuniste – l’incendie du Reichstag – a été attribué aux communistes, comme devant proclamer le signal de l’insurrection communiste, le signal du renversement de la Constitution allemande actuelle. A l’aide de cette thèse on a conféré à tout le procès un caractère anticommuniste. L’accusation porte :


L’accusation s’en tient au point de vue que cet attentat criminel devait servir d’appel, de signal aux ennemis de l’Etat, qui voulaient déclencher ensuite l’attaque générale contre l’Etat allemand pour l’anéantir sur l’ordre de la IIIe Internationale et ériger à sa place la dictature du prolétariat, un Etat soviétique.


Messieurs les juges ! Ce n’est pas la première fois que semblable attentat est attribué aux communistes. Je ne peux citer ici tous les exemples de ce genre. Je rappelle l’attentat sur le chemin de fer ici, en Allemagne, près de Juterborg, attentat commis par un aventurier anormal, un provocateur. A ce moment, non seulement en Allemagne mais aussi dans les autres pays, on a, des semaines durant, accrédité le bruit que c’était là l’œuvre du Parti communiste allemand, que c’était un acte de terrorisme des communistes. Plus tard on apprit que cela avait été fait par le fou, l’aventurier Matuchka. Celui-ci a été arrêté et condamné.


Et voici un autre exemple, l’assassinat du président de la République française par Gorgoulov. Là aussi, on écrivit dans tous les pays qu’on y voyait la main des communistes. Gorgoulov était représenté comme un communiste, un agent soviétique. Qu’elle était la vérité ? Cet attentat s’est trouvé être organisé par les gardes blancs, et Gorgoulov s’est avéré un provocateur qui voulait obtenir la rupture des relations entre l’Union soviétique et la France.


Je rappellerai aussi la tentative de faire sauter la cathédrale de Sofia. Cet attentat n’avait pas été organisé par le Parti communiste bulgare, mais ce dernier n’en a pas moins été l’objet de poursuites. Deux mille ouvriers, paysans et intellectuels furent sauvagement assassinés par les bandes fascistes sous le prétexte que les communistes avaient fait sauter la cathédrale. Cette provocation, l’explosion à la cathédrale de Sofia, avait été organisée par la police bulgare. Déjà en 1920, le chef de la police de Sofia, Proutkine, avait organisé pendant la grève des cheminots des attentats à l’aide de bombes, comme moyen de provocation contre les ouvriers bulgares.


Le président (interrompant Dimitrov). - Cela n’a rien à voir avec ce procès.


Dimitrov. – Le fonctionnaire de police Heller a parlé ici de la propagande communiste des incendies, etc. Je lui ai demandé s’il ne connaissait pas des cas où des incendies, allumés par des entrepreneurs pour toucher le montant de l’assurance, avaient été ensuite imputés aux communistes. Le Völkischer Beobachter du 5 octobre a écrit que la police de Stettin…


Le président. – Cet article n’a pas été présenté au procès. (Dimitrov tente de continuer.)


Le président. – Je vous interdis d’en parler ici, du moment que ce fait n’a pas été mentionné au procès.

Dimitrov. – Toute une série d’incendies…


Le président interrompt de nouveau Dimitrov.


Dimitrov. – On en a parlé à l’instruction, parce que toute une série d’incendies ont été imputés aux communistes. Par la suite, il s’est avéré que les propriétaires des immeubles les avaient allumés « pour donner du travail ! ». Je voudrais également traiter un instant de la question des faux documents. Il existe un grand nombre de faux qui ont été utilisés contre la classe ouvrière. Ces exemples sont nombreux. Je rappellerai par exemple la fameuse lettre de Zinoviev. Cette lettre n’avait jamais été écrite par Zinoviev. On l’avait fabriquée. Et ce faux fut utilisé par les conservateurs anglais contre la classe ouvrière. Je rappellerai une série de faux qui ont joué un rôle dans la politique allemande.


Le président. – Cela sort du cadre de ces débats.


Dimitrov. – On a affirmé ici que l’incendie du Reichstag devait servir de signal à une insurrection armée. Et on a cherché à fonder cette affirmation comme suit :


Goering a déclaré ici, au procès, que le Parti communiste allemand, au moment où Hitler a accédé au pouvoir, était obligé d’exciter l’effervescence des masses et d’entreprendre une action violente quelconque. Il a dit : « Les communistes étaient obligés de faire quelque chose – alors ou jamais ! » Il a affirmé que le Parti communiste avait depuis de longues années déjà appelé à la lutte contre le national-socialisme et que pour le Parti communiste allemand, au moment où les nationaux-socialistes accédaient au pouvoir, il ne restait rien d’autre à faire que de déclencher l’action – maintenant ou jamais. Le procureur général a essayé ici de formuler la même thèse de façon plus claire et plus ingénieuse.


Le président. – Je ne permettrai pas que vous offensiez le procureur général.


Dimitrov. – Ce que Goering a affirmé en qualité d’accusateur suprême, le procureur général l’a développé ici. Le procureur général, le docteur Werner, a dit :


Le Parti communiste se trouvait dans cette situation qu’il devait ou céder sans livrer combat ou accepter le combat, même si les préparatifs n’avaient pas été achevés. C’était la seule chance qui restait au Parti communiste dans les conditions données. Ou bien renoncer sans coup férir à son but, ou bien se décider à un acte risqué, jouer son va-tout, ce qui aurait pu modifier la situation en sa faveur. L’affaire pouvait avorter, mais alors la situation n’aurait pas été plus mauvaise que si le Parti communiste avait reculé sans se battre.


La thèse, formulée ainsi et attribuée au Parti communiste, n’est pas une thèse communiste. Cette supposition montre que les ennemis du Parti communiste allemand le connaissent mal. Qui veut bien combattre son adversaire, doit bien le connaître. Interdire le Parti, dissoudre les organisations de masse, perdre la légalité, ce sont là évidemment des coups sérieux portés au mouvement révolutionnaire. Mais cela ne signifie pas encore, il s’en faut de beaucoup, que de ce fait tout soit perdu.


En février 1933 le Parti communiste était menacé d’interdiction. La presse communiste était interdite, l’interdiction du Parti communiste était imminente. Le Parti communiste allemand s’y attendait. On en parlait dans les tracts, dans les journaux. Le Parti communiste allemand savait bien que les Partis communistes sont interdits dans nombre de pays, mais qu’ils n’en continuent pas moins à travailler et à combattre. Les Partis communistes sont interdits en Pologne, en Bulgarie, en Italie et dans certains autres pays.


Je veux en parler, fort de l’expérience du Parti communiste bulgare. Ce dernier avait été interdit à la suite de l’insurrection de 1923, mais il continuait de travailler et, bien que cela lui ait coûté de nombreuses victimes, il est devenu plus fort qu’avant 1923. Cela tout homme doué d’esprit critique comprend l’importance de ce phénomène.


Le Parti communiste allemand même illégal peut, la situation s’y prêtant, accomplir la révolution. L’expérience du Parti communiste russe le prouve. Le Parti communiste russe était illégal, il subissait de sanglantes persécutions, mais la classe ouvrière, le Parti communiste en tête, a conquis le pouvoir. Les dirigeants du Parti communiste allemand ne pouvaient tenir ce raisonnement : devant l’interdiction de leur Parti tout était perdu et : l’alternative se posait : ou bien l’insurrection, ou bien la fin. La direction du Parti communiste ne pouvait avoir une idée aussi stupide. Le Parti communiste savait pertinemment que le travail illégal coûterait de lourds sacrifices et exigerait de l’abnégation et du courage, mais il savait aussi que ses forces révolutionnaires se consolideraient et qu’il serait capable de réaliser les tâches qui lui incombent. Aussi la supposition que le Parti communiste allemand ait voulu dans cette période, jouer son va-tout, doit être absolument exclue. Par bonheur, les communistes n’ont pas la vue aussi courte que leurs adversaires, et ils ne perdent pas la tête dans les situations difficiles.


Il convient d’ajouter à cela que le Parti communiste allemand et les autres Partis communistes sont des sections de l’Internationale communiste. Qu’est-ce que l’Internationale communiste ? Je me permettrai de citer un passage de ses statuts. Je cite ici le premier paragraphe :


L’Internationale communiste, Association internationale des travailleurs, est l’organisation des Partis communistes des différents pays en un Parti communiste unique mondial. Guide et organisateur du mouvement révolutionnaire mondial du prolétariat, champion des principes et des buts du communisme, l’Internationale communiste lutte pour la conquête de la majorité de la classe ouvrière et des grandes couches de paysans pauvres, pour les principes et les buts du communisme, pour l’instauration de la dictature mondiale du prolétariat, pour la création d’une Fédération mondiale des Républiques socialistes soviétique, pour l’abolition complète des classes et la réalisation du socialisme, première étape de la société communiste. (Programme de l’Internationale communiste, suivi des Statuts de l’I.C., p. 79. (N.R.).)


Dans ce parti mondial de l’Internationale communiste, comptant des millions de travailleurs, le Parti communiste de l’Union soviétique est le plus fort Parti. Il est le Parti dirigeant de l’Union soviétique, le plus grand Etat du monde. L’Internationale communiste, ce Parti communiste mondial, analyse la situation politique de concert avec la direction des Partis communistes de tous les pays.


L’Internationale communiste devant laquelle toutes les sections sont directement responsables, n’est pas une organisation de conspirateurs, mais un parti mondial. Un tel Parti mondial ne joue pas aux soulèvements et à la révolution. Un tel Parti mondial ne peut dire officiellement à des millions de membres une chose, et en même temps faire secrètement le contraire. Un tel Parti, mon excellent docteur Sack, ignore la comptabilité en partie double !


Docteur Sack. – Parfait, continuez votre propagande communiste !


Dimitrov. – Un tel Parti, quand il s’adresse aux millions de prolétaires, quand il prend ses décisions sur la tactique et les tâches immédiates, le fait sérieusement, avec la pleine conscience de sa responsabilité. Je citerai ici la décision de la XIIe assemblée plénière du Comité exécutif de l’Internationale communiste. Comme ces décisions ont été mentionnées au procès, j’ai le droit d’en donner lecture.


Conformément à ces décisions, la tâche essentielle du Parti communiste allemand consistait à mobiliser les millions de travailleurs pour la défense de leurs intérêts vitaux, contre leur pillage féroce par le capital monopoliste, contre le fascisme, contre les décrets-lois, contre le nationalisme et le chauvinisme, en luttant pour l’internationalisme prolétarien, en développant les grèves économiques et politiques, les manifestations et en amenant les masses à la grève politique générale ; gagner les masses principales de la social-démocratie, liquider résolument les faiblesses du mouvement syndical. Le principal mot d’ordre que le Parti communiste allemand doit opposer à celui de la dictature fasciste (« le troisième Reich »), de même qu’au mot d’ordre du Parti social-démocrate (« la deuxième République »), doit être : la République ouvrière et paysanne, c’est-à-dire de l’Allemagne socialiste, soviétique, assurant aussi la possibilité du rattachement volontaire des peuples d’Autriche et des autres régions allemandes. (Thèses, décisions, résolutions de la XIIe assemblée plénière du Comité exécutif de l’Internationale communiste. Bureau d’Editions, Paris, 1933, p. 15 (N.R.).)


Travail de masse, lutte de masse, résistance de masse, front unique, point d’aventures ! Voilà les bases de la tactique communiste.


On a trouvé chez moi, un appel du Comité exécutif de l’Internationale communiste. J’estime que l’on peut également le citer. Deux points sont particulièrement importants dans cet appel. Ainsi, on y parle des démonstrations qui se déroulent dans différents pays en liaison avec les événements d’Allemagne. On y parle des tâches du Parti communiste dans sa lutte contre la terreur national-socialiste, ainsi que pour la défense des organisations et de la presse de la classe ouvrière. Il est dit, entre autres, dans cet appel :


Le principal obstacle dans la voie de la réalisation du front unique de lutte des ouvriers communistes et social-démocrates, a été et reste la politique de collaboration avec la bourgeoisie, suivie par les partis social-démocrates, qui actuellement ont amené et exposé le prolétariat international aux coups de l’ennemi de classe. Cette politique de collaboration avec la bourgeoisie, connue sous le nom de politique dite du « moindre mal », a, en fait, amené en Allemagne le triomphe de la réaction fasciste.


L’Internationale communiste et les Partis communistes de tous les pays ont plus d’une fois affirmé leur volonté de lutter en commun avec les ouvriers social-démocrates contre l’offensive du Capital, la réaction politique et la menace de guerre. Les Partis communistes ont été les organisateurs de la lutte commune des ouvriers communistes, social-démocrates qui brisaient systématiquement le front unique des masses ouvrières. Déjà le 20 juillet de l’année dernière le Parti communiste allemand, après l’effondrement du gouvernement social-démocrate prussien Von Papen, adressait au parti social-démocrate et à la Centrale syndicale d’Allemagne, la proposition d’organiser une grève commune contre le fascisme. Mais le parti social-démocrate et la Centrale syndicale d’Allemagne, avec l’approbation de toute la IIe Internationale, qualifièrent cette proposition d’organiser la grève commune, de provocation. Le Parti communiste allemand renouvela sa proposition d’action commune au moment où Hitler accédait au pouvoir, invitant le Comité central du parti social-démocrate et la direction de la Centrale syndicale allemande à organiser en commun la résistance au fascisme. Mais cette fois encore, sa proposition fut repoussée.


Bien plus, lorsqu’en novembre de l’an dernier les travailleurs des transports berlinois se mirent unanimement en grève contre la réduction des salaires, la social-démocratie torpilla le front unique de lutte. La pratique du mouvement ouvrier international est pleine d’exemples analogues.


Cependant l’appel du Bureau de l’Internationale ouvrière socialiste du 19 février de cette année, contient la déclaration des partis social-démocrates, affiliés à cette Internationale, affirmant leur volonté d’établir le front unique avec les communistes pour la lutte contre la réaction fasciste en Allemagne. Cette déclaration est en contradiction flagrante avec tous les actes de l’Internationale socialiste et des partis social-démocrates, jusqu’à ce jour. Toute la politique et l’activité de l’Internationale socialiste jusqu’à présent donnent à l’Internationale ouvrière et aux partis communistes le droit de ne pas croire à la sincérité de la déclaration du Bureau de l’Internationale ouvrière socialiste, lequel fait cette proposition au moment où, dans toute une série de pays, en Allemagne avant tout, la classe ouvrière elle-même prend déjà l’organisation du front unique de lutte dans ses propres mains.


Néanmoins, en présence du fascisme qui attaque la classe ouvrière d’Allemagne et dénoue toutes les forces de la réaction mondiale, le Comité exécutif de l’Internationale communiste appelle tous les Partis communistes à faire encore une tentative pour établir le front unique avec les masses ouvrières social-démocrates par l’intermédiaire des partis social-démocrates. Le Comité exécutif de l’Internationale communiste fait cette tentative dans la ferme conviction que le front unique de la classe ouvrière contre la bourgeoisie repousserait l’offensive du Capital et du fascisme et accélérerait grandement la fin inévitable de toute l’exploitation capitaliste.


Etant donné les conditions particulières de chaque pays et la diversité des tâches concrètes de lutte qui se posent devant la classe ouvrière dans chacun d’eux, l’accord entre les Partis communistes et les partis social-démocrates en vue d’actions déterminées contre la bourgeoisie, peut être réalisé avec le plus de succès dans le cadre de chaque pays. Aussi le Comité exécutif de l’Internationale communiste recommande-t-il aux partis social-démocrates adhérants à l’Internationale socialiste, l’action commune contre le fascisme et l’offensive du Capital. Ces pourparlers doivent avoir pour base les conditions élémentaires de la lutte commune contre l’offensive du Capital et du fascisme. Sans un programme concret d’action contre la bourgeoisie, tout accord entre les partis serait dirigé contre les intérêts de la classe ouvrière…


Devant l’ensemble de la classe ouvrière internationale, le Comité exécutif de l’Internationale communiste formule ces propositions et appelle tous les Partis communistes, le Parti communiste d’Allemagne en premier lieu, sans attendre le résultat des pourparlers et des accords sur la lutte commune avec la social-démocratie, à procéder immédiatement à l’organisation de comités de lutte communs, tant avec les ouvriers social-démocrates qu’avec les ouvriers de toutes les autres tendances. Les communistes ont démontré par leur lutte de longues années qu’ils ont été et seront toujours aux premiers rangs de la lutte pour le front unique non en paroles mais en fait, dans les actions de classe contre la bourgeoisie.


Le Comité exécutif de l’Internationale communiste est fermement convaincu que les ouvriers social-démocrates et sans-parti, indépendamment de l’attitude que les chefs de la social-démocratie observent à l’égard de la création du front unique, surmonteront tous les obstacles et réaliseront, en commun avec les communistes, le front unique non en paroles mais en fait. Maintenant surtout que le fascisme allemand a organisé, en vue d’écraser le mouvement ouvrier d’Allemagne, une provocation inouïe (l’incendie du Reichstag, faux relatif à l’insurrection, etc.), chaque ouvrier doit comprendre son devoir de classe dans la lutte contre l’offensive du Capital et de la réaction fasciste.


Cet appel ne dit rien d’une lutte immédiate pour la prise du pouvoir. Cette tâche n’a été posée ni par le Parti communiste allemand, ni par l’Internationale communiste. Il est naturellement vrai que l’appel de l’Internationale communiste n’écarte pas la possibilité d’une insurrection armée. Le tribunal en a faussement conclu que dès l’instant où le Parti communiste se propose comme but une insurrection armée, c’est donc que cette insurrection était préparée en fait et devait immédiatement éclater. Cela est illogique, inexact, pour ne pas dire plus. Oui, bien entendu, lutter pour la dictature du prolétariat est la tâche des Partis communistes du monde entier. C’est notre principe, c’est notre but. Mais c’est là un programme précis, pour la réalisation duquel sont nécessaires non seulement les forces de la classe ouvrière, mais encore des autres couches de travailleurs.


Que le Parti communiste allemand ait été pour la révolution prolétarienne, tout le monde le sait. Mais ce n’est point là la question qui doit être résolue à ce procès. La question est de savoir si réellement une insurrection armée avait été fixée au 27 février pour la prise du pouvoir, en liaison avec l’incendie du Reichstag.


Qu’est-il résulté de l’instruction judiciaire, messieurs les juges ? La légende visant à faire croire que l’incendie du Reichstag était l’œuvre des communistes, s’est effondrée complètement. Je ne vais pas citer les témoignages apportés, ainsi que l’ont fait les autres défenseurs. Mais cette question peut être considérée comme entièrement élucidée pour tout homme au jugement normal. L’incendie du Reichstag ne se trouve en aucune liaison avec l’activité du Parti communiste, non seulement avec une insurrection, mais avec une démonstration, une grève ou tout autre action de ce genre. Ceci a été parfaitement prouvé par l’instruction. L’incendie du Reichstag – je ne parle pas des affirmations de malfaiteurs et d’anormaux, – n’a été compris par personne comme le signal de l’insurrection. Personne n’a remarqué, en liaison avec l’incendie du Reichstag, aucun acte, action ou tentative d’insurrection. Personne n’avait alors rien entendu à ce sujet. Tous les racontars sur ce point se rattachent à une période beaucoup plus récente. La classe ouvrière se trouvait alors en état de défensive contre l’attaque du fascisme. Le Parti communiste allemand s’efforçait d’organiser la résistance des masses, leur défensive. Mais il a été démontré que l’incendie du Reichstag a fourni le prétexte, a été le prélude d’une campagne destructrice largement conçue contre la classe ouvrière et son avant-garde, le Parti communiste. Il a été irréfutablement prouvé que les représentants responsables du gouvernement n’avaient même pas songé les 27 et 28 février que l’insurrection communiste était imminente.


J’ai posé à ce sujet nombre de questions aux témoins cités ici. J’ai interrogé tout d’abord Heller, le fameux Karwahne (rire dans la salle), Frey, le comte Heldorf, les fonctionnaires de police. Malgré les différentes variantes, tous m’ont répondu qu’ils n’avaient pas entendu dire qu’une insurrection communiste dût éclater. Cela signifie que les milieux dirigeants n’avaient pris absolument aucune mesure contre la possibilité d’une telle insurrection.


Le président. – Pourtant, le tribunal a reçu communication du chef du département occidental de la police sur ce point.


Dimitrov. – Le chef du département occidental de la police, dans sa communication, rapporte que Goering l’avait mandé auprès de lui et lui avait donné des instructions verbales sur la lutte contre les réunions communistes, grèves, démonstrations, campagne électorale, etc. Mais, même cette communication ne dit pas que des mesures avaient été prises contre l’insurrection communiste imminente. Hier, l’avocat Seifert a également parlé de cela. Il a fait cette conclusion que personne dans les milieux dirigeants ne s’attendait à une insurrection à ce moment. Seifert se référait à Goebbels, indiquant que ce dernier n’avait pas tout d’abord ajouté foi à la nouvelle de l’incendie du Reichstag. En a-t-il été ainsi ? C’est là une autre question.


A cet égard, une preuve est également fournie par le décret-loi du gouvernement allemand, en date du 28 février 1933. Ce décret fut promulgué aussitôt après l’incendie. Lisez-le. Que dit-il ? Il y est dit que tels ou tels articles de la constitution sont supprimés, à savoir les articles concernant la liberté d’organisation, la liberté de la presse, l’inviolabilité de la personne, l’inviolabilité du domicile, etc. C’est là le fond du décret-loi, de son deuxième paragraphe. L’offensive contre la classe ouvrière…


Le président. – Pas contre les ouvriers, mais contre les communistes…


Dimitrov. – Je dois dire qu’en vertu de ce décret-loi on arrêta non seulement des communistes, mais aussi des ouvriers social-démocrates et chrétiens, on interdit leurs organisations. Je voudrais souligner que ce décret-loi était dirigé non seulement contre le Parti communiste allemand, – quoique, bien entendu, avant tout, contre ce dernier, – mais aussi contre les autres partis et groupes d’opposition. Cette loi était nécessaire pour instaurer le régime d’exception, elle est directement, organiquement, liée à l’incendie du Reichstag.


Le président. – Si vous continuez à attaquer le gouvernement allemand, je vous retirerai la parole,


Dimitrov. – Dans ce procès, une question n’a pas du tout été éclaircie.


Le président. – En parlant vous devez vous adresser aux juges, et non à la salle, autrement votre discours peut être considéré comme de la propagande.


Dimitrov. – Une question n’a pas été éclaircie, ni par le ministère public, ni par la défense. Je ne m’étonne pas qu’ils n’aient pas jugé cela indispensable. Ils redoutent beaucoup cette question. C’est la question de savoir quelle était la situation politique en Allemagne en février 1933. Je dois m’arrêter sur ce point. Fin février, la situation politique était telle qu’à l’intérieur du camp du front national la lutte se livrait…


Le président. – Vous vous engagez sur un terrain, que je vous ai déjà interdit plus d’une fois.


Dimitrov. – Je tiens à rappeler la proposition que j’ai faite au tribunal, de citer des témoins tels que Schleicher, Brüning, Papen, Hugenberg, vice-président du Casque d’Acier, Duesterberg, etc.


Le président. – Mais la Cour a refusé de faire comparaître ces témoins. Aussi ne devez-vous pas vous y arrêter.


Dimitrov. – Je le sais et, de plus, j’en connais la raison.


Le président. – Il m’est désagréable de vous interrompre sans cesse pendant votre dernière intervention, mais vous devez vous conformer à mes injonctions.


Dimitrov. – Cette lutte intérieure dans le camp national se poursuivait en liaison avec la lutte menée dans les coulisses entre les dirigeants de l’économie allemande. La lutte se poursuivait entre les milieux de Thyssen et Krupp (industrie de guerre), qui ont financé des années durant le mouvement national-socialiste, et leurs concurrents qui devaient être refoulés au second plan.


Thyssen et Krupp voulaient établir dans le pays une dictature politique, une domination absolue, sous leur direction personnelle ; à cet effet, il fallait écraser le prolétariat révolutionnaire. Le Parti communiste s’efforçait, dans cette période, de créer le front unique pour rassembler toutes les forces en vue de résister aux tentatives des nationaux-socialistes pour anéantir le mouvement ouvrier. Une partie des ouvriers social-démocrates sentaient la nécessité du front unique de la classe ouvrière. Ils s’en rendaient compte. Des milliers d’ouvriers social-démocrates rejoignirent les rangs du Parti communiste allemand. Mais, en février et mars, la tâche consistant à établir le front unique ne signifiait nullement l’insurrection ni sa préparation, mais seulement la mobilisation de la classe ouvrière contre la campagne spoliatrice des capitalistes et contre la violence des nationaux-socialistes.


Le président (interrompant Dimitrov). - Vous avez toujours souligné que vous vous intéressez uniquement à la situation politique en Bulgarie ; or vos développements de tout à l’heure prouvent que vous avez manifesté un très grand intérêt pour les questions politiques d’Allemagne.


Dimitrov. – Monsieur le Président, vous m’adressez un reproche. A cela je ne puis que vous répondre ceci : comme révolutionnaire bulgare je m’intéresse au mouvement révolutionnaire de tous les pays. Je m’intéresse, par exemple, aux questions politiques sud-américaines, et je les connais peut-être aussi bien que les questions allemandes, bien que n’ayant jamais été en Amérique. Au reste, cela ne veut point dire que si en Amérique du Sud, le siège de quelque Parlement vient à brûler, ce sera de ma faute. Je m’intéresse à la politique allemande, mais je ne me mêle pas des affaires politiques de l’Allemagne.


Au cours de ces débats, j’ai appris bien des choses et, grâce à mon sens politique, j’ai vu clair dans bien des détails. La situation politique de cette période comportait deux facteurs essentiels : le premier, c’est l’effort des nationaux-socialistes pour accéder au pouvoir ; le deuxième – à l’opposé du premier – c’est l’activité du Parti communiste visant à créer le front unique des ouvriers contre le fascisme. A mon avis, cela s’est révélé également pendant ces débats.


Les nationaux-socialistes avaient besoin d’une manœuvre de diversion, pour détourner l’attention des difficultés qui existaient à l’intérieur du camp national et briser le front unique des ouvriers. Le « gouvernement national » avait besoin d’un prétexte valable pour lancer son décret-loi du 28 février qui supprimait la liberté de la presse, l’inviolabilité de la personne, et inaugurait un système de répression policière, de camps de concentration et autres mesures de lutte contre les communistes.


Le président (interrompant Dimitrov). - Vous voilà arrivé à l’extrême limite, vous faites des allusions !


Dimitrov. – Je veux simplement éclairer la situation politique en Allemagne à la veille de l’incendie du Reichstag, comme je la comprends.


Le président. – Il n’y a pas place ici pour des allusions à l’adresse du gouvernement et pour des affirmations depuis longtemps réfutées.


Dimitrov. – La classe ouvrière devait se défendre de toutes ses forces, et c’est pour cela que le Parti communiste a tenté d’organiser le front unique, en dépit de la résistance de Wels et de Breitscheid, qui maintenant, à l’étranger, poussent des clameurs hystériques.


Le président. – Vous devez passer à votre défense, si vous le voulez; autrement vous n’aurez pas assez de temps pour le faire.


Dimitrov. – J’ai déjà déclaré que sur un point je suis d’accord avec l’acte d’accusation. Maintenant, il faut confirmer cet accord. C’est en ce qui concerne la question de savoir si Van der Lübbe a organisé l’incendie seul ou s’il avait des complices. Le représentant de l’accusation Parisius a déclaré ici que, de la réponse à la question de savoir si Van der Lübbe avait ou non des complices, dépendait le sort des accusés. Je réponds à cela : non, mille fois non : cette conclusion du procureur est illogique. J’estime que Van der Lübbe n’a réellement pas été seul à incendier le Reichstag. L’expertise et les données ressortant de ces débats m’amènent à conclure que l’incendie dans la salle des séances du Reichstag était d’un autre genre que celui allumé dans le restaurant du rez-de-chaussée, etc. Le feu a été mis à la salle des séances par d’autres gens et par un autre procédé. L’incendie allumé par Van der Lübbe et l’incendie dans la salle des séances coïncident seulement pour le temps; pour le reste ils sont foncièrement différents. Le plus probable, c’est que Van der Lübbe a été l’instrument inconscient de ces gens, instrument dont on a abusé. Il ne dit pas toute la vérité ici. Maintenant encore il persiste dans son mutisme. Bien qu’il ait eu des complices, ce fait ne décide pas du sort des autres accusés. Van der Lübbe n’a pas été seul, c’est vrai, mais ceux qui étaient avec lui n’étaient ni Torgler, ni Popov, ni Tanev, ni Dimitrov.


N’est-il pas probable que, le 26 février, Van der Lübbe a rencontré à Hoenigsdorf une personne à qui il a communiqué ses tentatives de mettre le feu à l’Hôtel de ville et au palais ? Que cet homme lui a dit que tous ces incendies ne sont que des jeux d’enfants, qu’une affaire sérieuse, ce serait l’incendie du Reichstag pendant les élections ? Et n’est-il pas probable que c’est ainsi que de l’union secrète entre la démence politique et la provocation politique a surgi l’incendie du Reichstag ? L’allié du côté de la démence politique est au banc des prévenus. Quant aux alliés du côté de la provocation politique, ils sont en liberté. Tandis que le naïf Van der Lübbe faisait ses tentatives malhabiles pour mettre le feu au restaurant, dans le corridor et au rez-de-chaussée, des inconnus se servant de ce liquide inflammable secret dont a parlé le docteur Schatz, ne perpétraient-ils pas l’incendie de la salle des séances ? (Van der Liibbe se met à rire. Tout son corps est secoué d’un rire silencieux. L’attention de toute la salle, des juges et des prévenus se porte à ce moment sur Lùbbe.)


Dimitrov (montrant Lübbe). - Les complices inconnus ont veillé à tous les préparatifs de l’incendie. Ce Méphistophélès a su disparaître sans laisser de traces. Et voilà qu’ici se trouve l’instrument stupide, le pitoyable Faust, tandis que Méphistophélès a disparu. Le plus probable, c’est qu’un pont a été jeté à Hoenigsdorf entre Van der Lübbe et les représentants de la provocation politique, les agents des ennemis de la classe ouvrière.


Le procureur général Werner a déclaré ici que Van der Lübbe était un communiste ; il a dit ensuite que si même il n’était pas communiste, il a accompli son œuvre dans l’intérêt du Parti communiste et en liaison avec ce dernier. C’est là une affirmation fausse.


Qui est Van der Lübbe ? Un communiste ? Pas du tout ! Un anarchiste ? Non. C’est un ouvrier déclassé, c’est une épave rebelle de la société, une créature dont on a abusé, qu’on a utilisée contre la classe ouvrière. Non il n’est pas communiste. Il n’est pas anarchiste. Pas un seul communiste au monde, pas un seul anarchiste ne se comporterait devant le tribunal comme le fait Van der Lübbe. Les anarchistes commettent souvent des actes insensés, mais toujours devant les juges, ils revendiquent leurs responsabilités et expliquent leurs buts. Si un communiste avait fait quelque chose d’analogue, il ne se tairait pas devant le tribunal, alors que quatre innocents sont au banc des accusés à ses côtés. Non, Van der Lübbe n’est pas un communiste, ni un anarchiste, il est l’instrument dont a abusé le fascisme.


Avec cet homme, avec ce misérable instrument dont on a abusé, que l’on a utilisé au préjudice du communisme, il ne peut y avoir rien de commun, il ne peut y avoir aucune relation entre lui et le président de la fraction communiste du Reichstag, entre lui et les communistes bulgares.


Je dois rappeler ici que le 28 février au matin, Goering a publié un communiqué sur l’incendie. Ce communiqué annonçait que Torgler et Koenen s’étaient enfuis des locaux du Reichstag à 10 heures du soir. Cette nouvelle fut radiodiffusée dans tout le pays. Le communiqué disait que l’incendie avait été allumé par les communistes. Toutefois, on n’a pas fait d’enquête sur les agissements de Van der Lübbe à Hoenigsdorf. L’homme qui passa la nuit avec Van der Lübbe au poste de police, n’a pas été retrouvé…


Le président (interrompant Dimitrov). - Quand avez-vous l’intention de finir vos discours ?


Dimitrov. – Je veux parler encore une demi-heure. Je dois exposer ma façon de voir sur cette question…


Le président. – On ne peut tout de même pas parler sans fin.


Dimitrov. – Pendant les trois mois que dura le procès, monsieur le Président, vous m’avez, un nombre incalculable de fois, contraint au silence, en me promettant qu’à la fin du procès je pourrais parler en détail pour me défendre. Cette fin du procès est arrivée. Mais contrairement à votre promesse vous limitez de nouveau mon droit de parole. La question de ce qui s’est passé à Hoenigsdorf est extrêmement importante. Waschinski, qui avait passé la nuit avec Van der Lübbe, n’a pas été retrouvé. Ma proposition de le découvrir a été reconnue inutile. L’affirmation que Van der Lübbe s’est trouvé à Hoenigsdorf avec des communistes est un mensonge monté par le témoin national-socialiste, le coiffeur Grave. Si Van der Lübbe avait été à Hoenigsdorf avec des communistes, la chose aurait été depuis longtemps élucidée, monsieur le Président. Mais personne ne s’est préoccupé de découvrir Waschinski.


Le jeune homme, qui s’était présenté au commissariat de la porte de Brandebourg pour apporter la première nouvelle de l’incendie du Reichstag, n’a pas été recherché ; il reste jusqu’à présent inconnu. L’instruction a sur une fausse voie. Le docteur Albrecht, député national-socialiste, qui avait quitté le Reichstag immédiatement après l’incendie, n’a pas été interrogé. On n’a pas cherché les incendiaires là où ils étaient, mais là où ils n’étaient pas. On les recherchait dans les rangs du Parti communiste, et on avait tort. Cela a permis aux vrais incendiaires de disparaître. On a donc décidé : du moment qu’on n’a pas pris et qu’on n’a pas osé prendre les vrais fauteurs de l’incendie, il faut en prendre d’autres, des « ersatz-incendiaires » pour ainsi dire, du Reichstag…


Le président. – Je vous interdis de dire cela, et je vous donne encore dix minutes.


Dimitrov. – J’ai le droit d’apporter et de motiver des propositions concernant le verdict. Le procureur général a traité toutes les dépositions des communistes comme indignes de foi. Je n’adopterai pas une position contraire. Je n’affirmerai pas, par exemple, que tous les témoins nationaux-socialistes sont des menteurs. Je pense que parmi les millions de nationaux-socialistes il se trouve aussi d’honnêtes gens…


Le président. – Je vous interdis de pareilles remarques malveillantes.


Dimitrov. – N’est-il pas significatif que tous les principaux témoins à charge sont des députés nationaux-socialistes, des journalistes et des partisans du national-socialisme ? Le député national-socialiste Karwahne n’a-t-il pas dit avoir vu Torgler en compagnie de Van der Lübbe au Reichstag ? Le député national-socialiste Frey a déclaré avoir vu Popov avec Torgler au Reichstag. Le garçon de restaurant national-socialiste Hellmer a témoigné qu’il avait vu Van der Lübbe avec Dimitrov. Le journaliste national-socialiste Weberstedt aurait vu Tanev avec Van der Lübbe. Est-ce un effet du hasard ? Le docteur Dröscher, qui est intervenu ici en qualité de témoin, et qui est en même temps collaborateur au Völkischer Beobachter, Zimmermann…


Le président (interrompant Dimitrov). - Cela n’est pas démontré.


Dimitrov. – … a affirmé que Dimitrov est l’organisateur de l’explosion à la cathédrale de Sofia, ce qui a été démenti, et qu’il m’aurait vu avec Torgler au Reichstag. Je déclare, avec une certitude à cent pour cent, que Dröscher et Zimmermann, ce n’est qu’une et même personne…


Le président. – Je le nie, cela n’est pas prouvé.


Dimitrov. – Le fonctionnaire de police Heller a cité ici un poème communiste pris dans un livre édité en 1925, pour démontrer que les communistes ont mis le feu au Reichstag en 1933.


Je me permettrai également de citer des vers du plus grand poète d’Allemagne, Goethe :


Apprends à être plus intelligent.

L’aiguille de la grande balance

Du bonheur reste rarement en repos ;

Tu dois ou t’élever

Ou descendre ;

Tu dois dominer et gagner,

Ou bien servir et perdre.

Souffrir ou triompher,

Etre l’enclume ou le marteau.


Oui, quiconque ne veut pas être l’enclume, doit être le marteau ! Cette vérité, la classe ouvrière allemande dans son ensemble, ne l’a comprise ni en 1918, ni en 1923, ni le 20 juillet 1932, ni en janvier 1933. La faute en est aux chefs social-démocrates, aux Wels, Severing, Braun, Leipart, Grasseman.


Aujourd’hui, bien entendu, les ouvriers alle­mands pourront la comprendre !


On a beaucoup parlé ici du droit allemand et de la légalité, et je tiens à dire mon opinion à ce sujet égale­ment. Le jugement d’un tribunal se ressent toujours, incontestablement, des combinaisons politiques du moment actuel et des tendances politiques dominantes.


Le ministre de la justice Kerl est sans aucun doute pour le tribunal, une autorité compétente. Il a exprimé son opinion dans une interview publiée dans la presse.


La prévention du droit libéral formel, déclare-t-il, consiste à affirmer que la justice doit avoir le culte de l’objectivité. Maintenant nous en sommes arrivés à la source d’é

loignement entre le peuple et la justice et la faute de cet éloignement retombe toujours en fin de compte sur la justice. Qu’est-ce que l’objectivité au moment où le peuple lutte pour son existence ? Le soldat combattant, l’armée combattante connaissent-ils l’objectivité ? Le soldat et l’armée ne savent qu’une chose, ne savent qu’une considération, ne connaissent qu’une seule question : Comment dois-je sauver la liberté et l’honneur ? Comment sauver la nation ?


Ainsi, il va de soi que la justice d’un peuple qui combat dans une lutte à mort, ne peut avoir le culte d’une objectivité morte. Les dispositions du tribunal, du ministère public, des avocats doivent être dictées exclusivement par cette seule considération, à savoir : qu’est-ce qui importe pour la vie de la nation ? Qu’est-ce qui sauvera le peuple ?


Ce n’est pas l’objectivité invertébrée qui signifie le marasme et, par là même, la pétrification, l’éloignement vis-à-vis du peuple, non, tous les actes, toutes les mesures prises par la collectivité dans son ensemble et par chaque individu doivent être subordonnés aux besoins immédiats du peuple, de la nation.

Ainsi, le droit est une notion relative…


Le président. – Cela n’a pas de rapport avec le sujet. Vous devez faire vos propositions.


Dimitrov. – Le procureur général a proposé d’acquitter les prévenus bulgares, à défaut de preuves de culpabilité.


Le procureur général a proposé d’acquitter les Bulgares accusés, faute de preuves. Mais cela ne saurait nullement me satisfaire. La question est loin d’être aussi simple.


Cela n’écarterait pas complètement les soupçons. Au cours du procès, il a été démontré péremptoirement que nous n’avons rien de commun avec l’incendie du Reichstag et que, par conséquent, il n’y avait pas la moindre base pour justifier des soupçons contre nous. Nous, Bulgares, aussi bien que Torgler, devons être acquittés, non pas faute de preuves, mais parce que nous, communistes, n’avons rien et ne pouvions rien avoir de commun avec un acte anticommuniste.


Je propose donc de rendre le jugement que voici :


1. La Cour suprême reconnaît notre innocence dans l’affaire, et l’accusation injustifiée ; ceci est vrai pour nous : – pour moi, Torgler, Popov, Tanev.

2. Déclare que Van der Lübbe a été instrument utilisé au détriment et au préjudice de la classe ouvrière.

3. Qu’il convient de mettre en jugement les personnes coupables d’avoir porté de fausses accusations contre nous.

4. Et de nous dédommager aux dépens de ces coupables pour le temps perdu, la santé compromise et les souffrances endurées.


Le président. – Ce que vous nommez vos propositions, le tribunal les aura en vue au cours de la délibération sur le verdict à prendre.


Dimitrov. – Le temps viendra où ces comptes seront réglés avec intérêts. La pleine lumière sur la question de l’incendie du Reichstag et les véritables incendiaires c’est, évidemment, le tribunal du peuple de la future dictature du prolétariat qui s’en chargera.


Au XVIIe siècle, le fondateur de la physique scientifique Galileo Galilée, a comparu devant le sévère tribunal de l’Inquisition qui devait le condamner, comme hérétique, à la mort, il s’est écrié avec une profonde conviction et résolution :


« Et pourtant la terre tourne ! » Et ce principe scientifique est devenu plus tard le patrimoine de toute l’humanité.


(Le président interrompt brutalement Dimitrov, se lève, rassemble ses papiers, et s’apprête à sortir.)


Dimitrov (continuant) : Nous, communistes, pouvons aujourd’hui, proclamer avec non moins de résolution que le vieux Galilée :


« Et pourtant elle tourne ! » La roue de l’histoire tourne, avance, vers une Europe soviétique, vers l’Union mondiale des Républiques soviétiques. Et cette roue, poussée par le prolétariat sous la direction de l’Internationale communiste, on ne parviendra à l’arrêter ni par des mesures d’extermination, ni par des condamnations aux travaux forcés, ni par des exécutions. Elle tourne et continuera à tourner jusqu’à la victoire définitive du communisme !


(Les policiers empoignent Dimitrov et le forcent à se rasseoir sur le banc des accusés. Le président et le tribunal s’éloignent pour délibérer sur la question de savoir si Dimitrov peut continuer son discours. Après délibération, la Cour revient et annonce que la parole est définitivement retirée à Dimitrov.)

Partager cet article
Repost0